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Chronique Jeunesse : Journal d’une sorcière

Un ouvrage de fonds à découvrir absolument ! Entre roman historique et récit d’aventure, découvrez le cheminement risqué d’une jeune fille au 17ème siècle qui tente de s’émanciper alors que tout ce qui est différent est apparenté au diable.

Celia Rees est une autrice anglaise qui a connu un succès incroyable avec son roman Journal d’une sorcière, paru en 2002 en France. Cet ouvrage est d’ailleurs le seul d’elle qui soit encore disponible et commandable en librairie (nous sommes en juillet 2023 lorsque j’écris ces lignes). Elle a par ailleurs écrit d’autres romans historiques : La balade de Sovay, Vies de sorcières ou encore Illyria (tous parus au Seuil Jeunesse).

Fuir à tout prix un destin funeste

La jeune Mary vient de voir sa grand-mère exécutée presque sous ses yeux pour sorcellerie. Bien qu’elle ne soit pas en danger immédiats, il est clair que la vindicte populaire s’en prendra certainement à elle avec le temps… C’est ainsi que Mary, aidée d’amies de sa défunte grand-mère va trouver place à bord d’un bateau en partance pour le Nouveau-Monde. Mais là où l’on pourrait croire que tous les possibles s’ouvrent à Mary en quittant l’Angleterre puritaine, il n’en est rien. Dès qu’elle pose un pied à bord du navire, elle sait qu’elle devra rester méfiante durant toute la traversée… et au-delà.

Un magnifique portrait de jeune fille combative et libre

Malgré un titre très « magique », il n’est pas réellement question de sorcières et de formules étranges. Non, Journal d’une sorcière est un texte qui dénonce la bien-pensance religieuse ainsi que la persécution subie par de nombreuses femmes au 17ème siècle (mais pas seulement). En effet, toute femme qui était un peu trop libre, qui se baladait en forêt, ou encore qui n’avait pas de mari devait forcément folâtrer avec le Diable en personne. C’est ainsi que Mary, en ne se faisant pas les bonnes relations ou en montrant simplement son désaccord par moments risque sa vie. Cela peut sembler totalement disproportionné, mais c’est pourtant vrai, et d’autant plus à l’époque où évolue la jeune fille.

Ce roman est d’une intelligence rare, il décrit avec subtilité les conditions très coercitives dans lesquelles vivent les femmes jugées trop libres. Mais il dénonce également comment les Anglais qui arrivent dans le Nouveau Monde se sont peu à peu approprié les terres des natifs, les indiens. Refoulés de leurs propres terres, mis à la marge et jugés durement puis tués, voilà le destin de ceux qui ont aidés les colons à s’installer.

Tout cela, Celia Rees le décrit à la perfection dans son roman aux allures de journal intime. Le ton n’est jamais accusateur, Mary n’étant pas non plus dans une posture victimaire. La jeune fille tente de trouver sa voie au travers de tous les écueils que l’on dresse sur son chemin. Même si cela n’est jamais dit, c’est le statut de femme libre qui fait peur aux hommes, se servant de la religion comme prétexte pour les ostraciser et/ou les éliminer.

Journal d’une sorcière est si bien fait que l’on croirait réellement tenir entre les mains le témoignage d’une jeune fille tentant de survivre de ce monde pieux. Pour ajouter à la confusion, l’autrice a eu l’idée géniale de mentionner que ce journal a été trouvé, caché dans une couverture en patchwork datant de l’époque coloniale. Et à la fin de l’ouvrage, elle ajoute le doute en enjoignant les lecteurs à la contacter s’ils ont plus d’information sur la narratrice de ces feuillets : Mary Newburn. Il y a même une adresse mél !

Après lecture, je comprends pourquoi Journal d’une sorcière est devenu un livre de fonds en librairie (bien qu’oublié de nos jours). Il a toutes les qualités d’un grand classique : ingénieux, poussant à la réflexion ceux qui le lirons, et documenté, le tout avec une narration captivante !
A découvrir dès l’âge de 13 ans environ. Parfait pour celles et ceux qui aiment les romans historiques plus vrais que nature.

Chronique album jeunesse : Le monstre du bain

Si tu aimes la boue, la saleté et tout ce qui est craspouille ? Le monstre du bain l’aime encore plus !

L’illustrateur Tony Ross est de retour pour un album jeunesse drôle et déjanté sous le signe de… la saleté ! A la narration, nous découvrons Colin Boyd, dont c’est le tout premier album, mais pour une première, on peut déjà dire que c’est une petite réussite.

Il était une fois… un monstre qui buvait l’eau sale du bain

Dans cet album, nous suivons Jackson, un grand fan de tout ce qui est boueux et sale. Dès qu’il y a une flaque de boue, il y fonce, et si il y en a une plus grande encore, il s’y plongera avec plaisir ! Alors, quand Jackson prends son bain, c’est un véritable festin pour le monstre du bain… car son second plat préféré, c’est de boire l’eau bien sale du bain avec sa paille. Mais quel est donc son premier plat préféré ? Vous avez une idée ?

Une histoire d’amitié et de saleté

Cet album a toutes les qualités pour plaire aux jeunes lecteurs ! On y retrouve un petit garçon attachant, et un « monstre » qui l’est tout autant. Mais de monstre, il n’en a que le nom, car l’histoire en elle-même est tout simplement très mignonne. L’eau du bain est un mets que le monstre du bain ADORE, alors le jour où Jackson refuse de se laver, le monstre est aussi affamé que triste…

Mais loin de jouer sur les ressorts de la peur, c’est ici une simple histoire d’amitié qui nous est ici offerte, le tout avec une chute très bien trouvée.

On appréciera toujours autant les illustrations extrêmement reconnaissables de Tony Ross. Son trait vif et unique est tout simplement parfait pour cette histoire !

En tout cas, Le monstre du bain peut également être un bon ouvrage pour amener les enfants à se laver, sait-on jamais ?

Qu’ajouter de plus sur cet album sinon qu’il est drôle, bien pensé et adapté dès l’âge de 4 ans environ ? Il est efficace et parfait.

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique album jeunesse : Le festin des affreux

Un super album pour découvrir enfin ce que mangent les monstres des contes de fées !

Avec, Le Festin des Affreux, voici le grand retour de l’illustrateur Xavier Salomó ! Il avait déjà illustré les magnifiques albums L’histoire perdue (Seuil Jeunesse), OFF (Seuil Jeunesse), ou encore La machine à explorer le temps – Les aventures de Pam et Paul (Sarbacane).

Dans ce bel album paru au Seuil Jeunesse en avril 2017, on découvre les plats dont raffolent les pires monstres des contes de fées et de légendes !

A la narration, on découvre le texte goûtu de Meritxell Martí. Il est à la base docteur en sociologie de l’art et des nouvelles technologies à l’université ouverte de Catalogne. Il travaille très régulièrement avec Xavier Salomó.

Bienvenue à L’Asperge Pourrie…

« Chers convives,

Le restaurant ne pourra être tenu responsable des perturbations digestives et allergies alimentaires que provoqueraient certains plats »

Ainsi débute Le Festin des Affreux ! Vous voulez savoir ce que dévore un ogre ? Ce que savoure un vampire ? Ce que déguste un fantôme ? Tout vous sera présenté lors du festin extraordinaire des monstres les plus emblématiques !

Un album pour la jeunesse génial et original

Dans la production jeunesse actuelle, il est difficile de sortir du lot. Tant par la qualité que par l’originalité de l’histoire, se différencier n’est pas évident, d’autant qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Et pourtant, encore une fois, le duo que forment Xavier Salomó et Meritxell Martí fait des merveilles !

Le Festin des Affreux est tout ce que l’on rêve de lire aux enfants dès l’âge de 4/5 ans environ. Il y a de l’humour, et surtout beaucoup d’imagination.

Alors, que mange un fantôme d’après-vous ? Une soupe noire de chaînes aromatisée au tétanos, de l’amanite empoisonnée sur son lit de toiles d’araignées, un fromage d’Ecosse du XVIIème siècle, et un gâteau hanté façon dame blanche (super bien trouvé le coup de la Dame Blanche, non ?).

Et ça, ce n’est que le repas d’un monstre parmi neuf ! Impossible d’en dire plus, mais le dixième invité est franchement spécial et rebutant, surtout pour les monstres…

La chute de cette histoire est absolument géniale, son écriture est travaillée, recherchée, de même que les illustrations. C’est à découvrir sans réserves aucunes, c’est drôle, et aussi frais qu’un Cup-cake au « Petit Poucet » !

Bref, c’est un nouvel indispensable à ajouter à la bibliothèque des enfants.

Chronique album jeunesse : Maman

Un magnifique album aux dessins simples, subtils et mémorables…

Maman, c’est un très joli album réalisé, pensé et créé par Mayana Itoïz. Découvrez le relationnel qui lie une mère et son enfant, qui imagine sa maman sous de multiples facettes !

Si vous ne connaissez pas encore Mayana Itoïz, vous avez toutefois déjà du admirer son travail puisqu’elle a illustré : Le loup en slip, mais également une dizaine d’autres ouvrages.

Une métamorphose douce et poétique

Une couleur. Une idée. Un enfant imagine sa maman autrement. Tantôt lion, tantôt en indien d’Amazonie, ou léopard !

Une patte graphique sublime, mais une histoire un peu légère

Les dessins de Mayana Itoïz sont comme des bonbons. On ne se lasse pas de les voir, de les regarder à nouveau, d’admirer son trait si direct et doux à la fois. Découvrir ses dessins, c’est un peu comme un coup de foudre visuel…

En ce qui concerne l’histoire en elle-même, j’avoue avoir un peu de mal à être totalement convaincue. En effet, l’histoire de cet enfant qui réinvente sa maman n’apporte en soi pas beaucoup de choses.

Et surtout, question ouverte : pourquoi ne pas avoir féminisé les adjectifs et noms utilisés ? Pourquoi « un indien d’amazonie » et pas « une indienne d’amazonie » ? De même pour le lion, ou le rockeur, ce sont des mots que l’on peut facilement mettre au féminin.

En dehors de cette remarque, Maman est un très bel album qui illustre parfaitement ce qui lie une mère et son enfant. De l’imagination, des rires… L’histoire est un peu légère, mais est très largement compensée par la beauté du trait de Mayana Itoïz !

A lire aux petits dès 3 ans environ.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique album jeunesse : Le rendez-vous

Un album tout choupi pour instaurer en douceur l’heure du coucher avec les petits…

Il est paru il y a quelques mois chez Seuil Jeunesse, voici le tout dernier ouvrage de Julie Colombet : Le rendez-vous !

Peut-être connaissez-vous déjà cette auteure ?

Personnellement, ce n’était pas mon cas, mais elle a déjà réalisés d’autres autres albums pour enfants par le passé : Bestiaire des grands et des petits (Actes Sud Junior) et L’éléphant et le poisson (Lézard Noir) ou encore Mille et un bébés animaux (Seuil Jeunesse).

Un petit lapin qui attend patiemment

Mais que raconte donc l’histoire de cet album où tout tourne autour d’un rendez-vous ? Tout débute avec un petit lapin qui attend, puis qui est rejoint par un écureuil, puis un rouge-gorge… Mais « Chut ! » dit soudain le lapin… On attend ! Mais quoi donc ? Ou plutôt… qui donc ?

Tendre, et parfait pour aller dormir en douceur…

Alors, avez-vous deviné ce qu’attendent tous les animaux de la forêt ? Ce qu’ils doivent attendre en silence ? C’est en fait le marchand de sable ! Et quand il arrive, l’album se pare de jolies petits points orangés vifs. Alors, quoi de mieux que cet album pour instaurer avec douceur et justesse l’heure d’aller dormir ?

Il y a peu de texte, et les illustrations sont très parlantes, on peux ainsi conseiller l’ouvrage dès l’âge de 2 ans et demi ou 3 ans sans problème !

Les dessins de Julie Colombet sont absolument magnifiques. A la fois doux, tendres et très expressifs, ses animaux sont tous très attachants (et supra-mignons).

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Un grand bravo à l’auteure de cet album pour sa créativité et l’ambiance douce de son album. Le rendez-vous réuni tous les ingrédients qui font qu’un album est incontournable. De personnages adorables, une histoire simple mais bien construite… c’est parfait !

 

Chronique : L’effet ricochet

Un roman d’anticipation qui mélange efficacement suspense et manipulation génétique

Il est sorti en février 2017 chez Seuil Jeunesse, voici l’un des derniers romans en date de la géniale Nadia Coste (j’ai perdu mon objectivité en lisant Le Premier chez Scrinéo).

L’effet Ricochet, c’est l’histoire de l’humanité qui a perdu le moyen de procréer naturellement et qui a du trouver une solution pour le moins extrême : le clonage.

Au cœur d’une famille des années 2074

Malou est une adolescente de 16 ans tout à fait normale. Comme tout le monde de nos jours (en 20174), elle est née grâce au clonage. Elle ressemble donc traits pour traits à sa mère, tout comme ses sœurs, dont elles sont également la copie conforme. Donc, tout se passe bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que… Malou se rende compte qu’il y a un petit grain de sable dans l’engrenage si parfait qui compose sa famille. En effet, elles ont toutes eue les mêmes accidents au même âge. Tout commence avec un bras cassé, mais d’autres « accidents » sont à venir. Il semblerait que les blessures et accidents corporels de leur mère se répercutent sur les trois sœurs, au même âge…

Comment expliquer ce phénomène, et surtout comment l’arrêter ? Les trois sœurs sont-elles les seules à subir cette anomalie ?

Une idée brillante mise au service d’une intrigue efficace !

Autant le dire d’emblée, L’effet ricochet est une petite réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 12 ans environ. Il y a tout pour plaire/captiver les lecteurs : de l’action, de la réflexion, de la documentation sur la génétique, les sciences, des personnages forts…

Encore une fois, Nadia Coste sait proposer un roman efficace et malin à ses lecteurs. Elle a toujours une idée de base très forte qu’elle réussit à développer très efficacement. L’effet ricochet ne fait donc pas exception et tient toutes ses promesses.

La seule remarque je pourrais faire serait à propose de la conclusion, que j’ai trouvé légèrement trop rapide. Comme si l’auteure n’avait plus le temps (la place ?) de clore correctement son roman.

En dehors de cela, c’est un sans fautes. C’est une lecture parfaite pour les ados et les préados, ça donne matière à réflexion, c’est intéressant… Et ça ferait même une super idée pour un film sous haute tension je trouve ! (oui, je m’emballe, mais l’idée est si bien trouvée et traitée que ça mérite qu’on s’y penche).

Malou est une ado du futur très crédible, aux sentiments forts, on s’attache très vite à elle et à son étrange destin génétique.

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Si vous recherchez pour vous (ou à offrir) un roman jeunesse et ado qui propose une histoire originale et bien traitée, L’effet ricochet est le roman parfait. C’est à découvrir dès l’âge de 12 ans environ, peut-être même avant pour ceux qui aiment la lecture.

Je vous laisse, je vais maintenant me pencher sur un autre roman de la même auteure (chez le même éditeur) : L’Empire des auras, j’espère qu’il est tout aussi bien !

 

PS : Je dois avouer avoir vraiment eu du mal à apprécier la couverture, que je trouve trop rébarbative. L’idée du visuel dupliqué est très bonne, mais l’illustration, les couleurs choisies ne donne pas quelque chose d’avenant. Quand ont sait à quel point le visuel est important (encore plus en jeunesse), c’est dommage… Mais cela reste mon avis très personnel.

Chronique album jeunesse : Il était une fois… mon imagier des contes

Un imagier graphique et original à avoir absolument dans sa bibliothèque !

 

Le nom de Madalena Matoso vous dit peut-être quelque chose ? Et pour cause, dans le monde de la littérature jeunesse, c’est une auteure et illustratrice très prolifique. On lui doit une foule de petits albums pour les enfants, tous très reconnaissable grâce à son trait coloré et immédiatement reconnaissable. C’est à elle que l’on doit les livres tels que : Mon chagrin éléphant, Mon voisin est un chien, Dessine-moi une montagne

Il était une fois… mon imagier des contes est ainsi son petit dernier, il vient tout juste de paraître en février 2017 aux éditions du Seuil Jeunesse… et c’est un coup de cœur !

Un recueil de contes de fées… sous couvert d’un imagier !

Partez à la découverte du vocabulaire riche des contes de fées : un âne, un bûcheron, une tresse dorée, une sorcière, un voleur, un flacon d’argent, une poule, un chat… Voici les mots que les enfants découvriront au travers des illustrations de Madalena Matoso.

Mais, le véritable point fort de ce bel ouvrage, c’est l’utilisation qui est faite de ces dessins. En effet, l’auteure/illustratrice va plus loin. Après nous avoir proposé une dizaine d’images, correspondant à un conte en particulier, on passe… à l’histoire elle-même ! Et chose encore plus intéressante et stimulante pour les enfants : certains mots sont remplacés par des les images présentées précédemment, en miniature.

Alors, certes, le concept en soi n’est pas nouveau, mais il est si bien mis en œuvre et si joliment illustré que cet album est un petit bijou.

Ainsi, ce sont huit contes au total qui sont proposés dans ce recueil : Boucle d’or et les trois ours, Les trois petits cochon, Le chat botté, Hansel et Gretel ou encore Les fées vous sont ainsi proposés.

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Que dire de plus sinon que c’est un album au graphisme percutant et coloré que l’on ne peut que conseiller ! A découvrir dès l’âge de 4 ans pour que les petits participent activement à la lecture.

Alors, à quand un autre recueil de contes afin de se faire une belle collection dans la bibliothèque ?

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique jeunesse : Pip Bartlett et les créatures magiques

Drôle et déluré, imaginez notre monde si les créatures magiques faisaient partie de notre quotidien ?

Ecrit par Maggie Stiefvater et Jackson Pearce qui sont toutes deux des auteures américaines, voici le premier tome de Pip Bartlett et les créatures magiques ! L’ouvrage est paru au Seuil Jeunesse en fin d’année 2016.

Maggie Stiefvater n’en est pas à son premier roman paru en France, on a déjà pu la découvrir grâce à La prophétie de Glendower (Hachette, collection Black Moon) ou sa saga Frisson. Pour Jackson Pearce, nous avions déjà lu et chroniqué Sisters Red sur le blog (Albin Michel, collection Wiz).

Où l’on apprend que les licornes sont d’une indécrottable suffisance

Pip a don extraordinaire, celui de parler aux créatures magiques ! Mais bien entendu, personne ne la croit et voit en elle une affabulatrice… Mais cela ne l’empêche pas de nouer la conversation dès qu’elle en croise, ce qu’elle va faire avec la journée des métiers de son école. Plusieurs licornes y sont présentées… et c’est là que tout tourne mal.

C’est ainsi que Pip se retrouve pendant les vacances chez sa tante vétérinaire spécialisée dans les créatures magiques de toutes sortes. Pour calmer ses ardeurs à discuter avec les animaux, quoi de mieux que de les lui faire côtoyer pendant deux longs mois ? Et c’est parti pour un monde entièrement semblable au notre, les créatures fabuleuses en plus !

Un petit vent d’air frais qui fait du bien

Cette nouvelle lecture est pour moi une réelle découverte 100% plaisir. Cela faisait un petit moment que je n’avais pas lu un roman jeunesse aussi drôle et rafraîchissant, et ça fait un bien fou ! Partez à la découverte d’une toute nouvelle mythologie où les créatures portent des noms tels que Poilafeu, Griffon nain soyeux, Cornebec ailé commun ou encore Poisson-vitre.

L’intrigue sert parfaitement l’univers, qui s’ouvre à nous au fil des mystères que devra élucider Pip. Le questionnement autour des poilafeus et de leur lieu de nidification (les petits dessous des gens, bien au fond des tiroirs) vous prendra tout le temps du roman, et c’est un régal.

Le roman est parsemé d’illustrations tirées de l’ouvrage de référence par lequel jure Pip : Le guide des créatures fantastiques de Jeffrey Higgleston. Et au fil de l’histoire et de ses découvertes, Pip rajoute de très nombreuses annotations, notamment sur les licornes (que l’on découvre odieuses) et les poilafeus (qui ne sons pas nécessairement nuisibles).

D’ailleurs, les auteures on beau être américaines, c’est un français qui a réalisé les illustrations (couverture et intérieur) : Roland Garrigue. Son dessin est détaillé et un peu déluré, donc totalement dans l’esprit du livre !

Entre le roman d’aventure et le récit fantastique, mais le tout bien ancré dans un quotidien somme toute normal, Pip Bartlett et les créatures magiques est un petit coup de cœur ! Je vous le conseille pour les enfants à partir de 9 ans environ.

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Tout ça pour dire que l’on attend avec impatience la suite. Je suis tombée en amour des petits poilafeus, ils sont tout simplement TROP MIGNONS. Un peu de patience maintenant, mais on attend en trépignant la suite tant l’ambiance de ce premier tome était parfaite ! Pip Bartlett la pipelette et son ami Tomas l’allergique seront de retour…

Chronique album jeunesse : L’histoire perdue

Le grand retour de l’illustrateur talentueux Xavier Salomó !

Nous l’avions découvert lui et son trait si caractéristique avec l’album OFF ; il revient avec un tout nouveau titre : L’histoire perdue, paru au Seuil Jeunesse. Ici, nous retiendrons (outre les dessins magnifiques) une narration extrêmement originale et drôle.

Xavier Salomó est un illustrateur d’origine espagnole, il a étudié à l’école Massana de Bologne et l’histoire de l’art à l’université Autónoma. Meritxell Martí est quant à elle docteur en sociologie de l’art et des nouvelles technologies. Elle enseigne à l’université ouverte de Catalogne et vit à Barcelone.

Une histoire modifiée en temps réel par… le dessinateur

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Eva, et elle a décidé en ce jour particulier de se vêtir de sa jolie robe bleue… Mais l’illustrateur en a décidé autrement et lui fait mettre un T-shirt blanc et un pantacourt kaki. Mais ce n’est que le début des contrariétés pour le narrateur, car l’illustrateur a décidé de n’en faire qu’à sa tête et ne va pas écouter une seule fois ses directives.

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Narrativement singulier… et délicieux !

Alors que l’on s’attend à un contenu relativement classique, on découvre une histoire totalement inattendue ! En effet, le texte et l’image n’ont absolument rien à voir, l’illustrateur ayant décidé de ne pas tenir compte des descriptions et instructions qui lui sont données. Ce paradoxe est tout à fait original et bien trouvé, et cela rend l’histoire unique. Je n’ai jamais lu une telle idée parmi les très nombreux albums jeunesse que j’ai pu découvrir… En cela, bravo aux auteurs pour cette trouvaille !

En ce qui concerne les illustrations de Xavier Salomó, on retrouve son trait si beau et caractéristique. C’est détaillé, coloré, vivant, simple et en même temps fouillé… On ne peut que tomber sous le charme de son dessin. Et puis… les surprises qu’il nous réserve sont nombreuses !

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Ainsi, l’idée narrative est si originale qu’elle prime presque sur l’histoire elle-même. J’ai tellement adoré l’entrée en matière de L’histoire perdue que j’aurais voulu que la narration opposant illustrateur/narrateur continue tout au long de l’histoire. Mais cela aurait peut-être été difficile à mettre en œuvre, d’où un retour à une histoire mise en scène de façon classique pour la conclusion de l’album.

Quoi qu’il en soit, cet album est un véritable coup de cœur ! Il est original, il est beau, d’un format assez grand pour profiter comme il se doit des dessins. A réserver aux enfants dès l’âge de 5 ans, et ce jusqu’à 6 ans car le style n’est pas évident à comprendre pour les plus petits. En tout cas, bravo aux auteurs pour cette réussite originale et inclassable ! A quand une autre histoire mettant joliment en scène la dualité entre l’histoire et le dessin ?

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique album jeunesse : C’est mon croncron !

Un album à la narration délirante et imaginative sur le thème du doudou fétiche dont les enfants on du mal à se séparer… gros coup de cœur à l’horizon !

Paru en en septembre 2015 au Seuil Jeunesse, voici un album fun, original et un peu fou signé Lionel Le Néouanic. Dans la sphère de la littérature jeunesse, son coup de pinceau est immédiatement reconnaissable, et apprécié.

C’est l’histoire d’un petit Trucmuche qui s’appelle Pouik…

…qui vit avec sa mom, son pop et… son croncron ! Et oui, Pouik a un doudou qui ne le quitte jamais, même quand il sort dehors pour faire des rencontres et se créer de nouveaux amis. Mais lorsqu’on lui kidnappe son fameux croncron, c’est peut-être justement l’occasion d’apprendre à vivre sans lui, même si c’est très difficile.

Un album génial qui traite d’un sujet déjà très exploité en littérature enfantine

Des livres sur le thème des doudous et de leur séparation avec leurs petits maîtres, il y en a PLEIN : Le mange-doudous de Julien Béziat, Le doudou de la maîtresse de Julie Clélaurin, les petits héros des enfants aussi en possèdent un Trotro, P’tit Loup… etc.

Mais lire un album sur la séparation avec son doudou aussi bien traité le tout avec entrain, humour et efficacité, c’est tout simplement génial. Avec une histoire de petit extraterrestre qui lui aussi possède un doudou, comme chez nous sur Terre, nous découvrons tour à tour : de l’aventure, du suspense, une séparation difficile avec le doudou (pour cause d’enlèvement !), mais également une amitié naissante…

Le texte est vraiment pensé pour une lecture orale (logique me direz-vous vu l’âge du lectorat), cela se ressent dans la façon dont les phrases sont tournées, et comment les jeux de mots sonnent à l’oreille. Cela peut sembler simple à certains d’écrire un ouvrage pour les enfants, mais pour arriver à ce degré de qualité, c’est un travail phénoménal, même avec si peu de texte.

Le tout est très bien mis en scène et raconté, les dessins sont extrêmement colorés, vifs et plaisants. On est sur un ton dynamique et très positif, et c’est le genre d’histoire parfaite à lire aux enfants dès l’âge de 4 ans minimum. Avant, cela risque d’être un peu compliqué à cause des très nombreux (mais géniaux) mots inventés par l’auteur, bravo à lui !

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Alors, que votre enfant ait un doudou fétiche ou non, qu’il ait du mal à s’en séparer ou non, cette histoire est géniale. Il serait dommage de ne la lire que pour traiter de l’épineux sujet qu’est la séparation d’une peluche fétiche avec son enfant. Il faut la lire pour n’importe quelle raison !

TRANCHE d´ÂGE :