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Chronique Jeunesse : Magic Charly tomes 1 & 2

La fantasy jeunesse française a de très beaux jours devant elle, Magic Charly en est la preuve !

En seulement deux tomes, la saga Magic Charly a réussit à s’imposer dans les rayons jeunesse saturés par une offre toujours plus grande. Ici, l’originalité est au rendez-vous et surtout une histoire et un univers riche vous attendent. A la croisée des genres entre Terry Pratchett et J.K. Rowling, le tout à la sauce française ! La preuve, si elle était nécessaire, que les auteurs français savent créer leurs propres mondes et sortir des sentiers battus… Charge aux éditeur de fouiller un peu plus dans les manuscrits francophones et de prendre parfois des risques (calculés bien sûr).

Audrey Alwett n’est pas une débutante même si vous ne la connaissez peut-être pas. Elle est autrice depuis de nombreuses années et a déjà écrit un roman Les poisons de Katharz. C’est également elle qui écrit les scénarios de la bd Princesse Sarah. Elle est également la directrice du label Bad Wolf chez ActuSF. Magic Charly est une série fantastique parue chez Gallimard Jeunesse, deux tomes sont disponibles… Et c’est ultra addictif.

Souvenirs à vendre

Vous ne le savez peut-être pas, mais le monde des magiciers existe, et c’est ce que va découvrir de façon assez abrupte Charly. C’est ainsi qu’il apprend que sa grand-mère fait peut-être partie de cette société mystérieuse… mais elle-même ne semble se souvenir de RIEN. Pourquoi les souvenirs de sa grand-mère ont-ils disparus et comment les retrouver ?

C’est ainsi que la porte d’un univers totalement inconnu pour Charly s’ouvre… il va devoir tout y apprendre : ses codes, ses dangers, sa hiérarchie écrasante… et son école pour magiciers !

Passionnant, foisonnant et tout simplement génial

En seulement un seul tome, Audrey Alwett a réussit à rendre accros quantité de lecteurs. Et en deux tomes, elle a réussit à avoir des fans. Maintenant, Magic Charly fait pour moi partie du fonds en littérature jeunesse et fera partie des ouvrages sur lesquels il faudra compter dans la prochaine décennie.

Cette série a tout des grandes sagas fantastiques : des personnages forts, aisément attachants et uniques en leur genre (je pense notamment à la géniale/insupportable Sapotille) ou encore à la mini-serpillère… Un système magique qui a ses propres codes et qui n’est pas calqué sur un quelconque univers déjà-vu/lu. Les magiciers ont un quota de magie à ne pas dépasser, et cela créé toutes sortes de problèmes.

Et surtout, un univers absolument foisonnant et original avec son propre vocabulaire : quiétons (pour ceux qui ne perçoivent pas la magie), citrolles (citrouilles de transport faisant l’objet de courses très prisées par les magiciers), des grimoires volants et indisciplinés, des tartes-chercheuses qui s’écrasent sur la figure d’une personne ciblée au préalable, des chips magiques à ne pas manger en trop grande quantité sous peine de faire des dégâts…

C’est pour cette richesse extraordinaire que je suis tombée en amour de cette saga. Pour cela et aussi pour l’écriture captivante d’Audrey Alwett qui sait en peu de pages nous faire voyager vers un ailleurs ou souffle la magie… Et j’avoue que mon personnage préféré est et restera la petite serpillère aussi discrète que très attachante qui adore qu’on la récompense avec un seau d’eau sale.

Je ne saurais donc que trop vous conseiller de découvrir la saga Magic Charly, les deux tomes déjà parus sont extraordinaires. Vous le savez en lisant mes chroniques, je suis assez difficile et il faut vraiment que ce soit peu commun pour que je m’emballe à ce point. Et chose rare, le second tome est encore plus captivant que le premier ! Et surtout… à quand la suite ? L’attente est presque insupportable ! (mais je suis prête à attendre des années si Audrey Alwett en a besoin pour conserver une telle qualité narrative). C’est fouillé, malin, et captivant. Vous pouvez y aller les yeux fermés… C’est plus de 900 pages de pur bonheur, et c’est peut-être là que réside toute la magie ?

PS : Saluons également les magnifiques couvertures réalisées par Stan Manoukian. Elles sont sublimes et habillent de la plus belle des façon la saga (qu’est-ce qu’ils sont beaux dans la bibliothèque !). Chaque début de chapitre est également illustré très joliment avec un petit détail spécifique à la série…

PS** : Pour vous convaincre de ce gros coup de coeur, j’ai pris une photo des ouvrages dans la librairie où je travaille avec mon petit mot <3

PS*** : Si Gallimard Jeunesse ou l’autrice voient cet article, je recevrais avec un IMMENSE plaisir Audrey Alwett dans la librairie où je travaille (à 30 min de Paris). J’ai vendu plus de 200 exemplaires des deux tomes en cumulés depuis leur parution… C’est dire à quel point je crois en cette saga !

Chronique : Gallant

Une orpheline découvre qu’elle a une famille dans un mystérieux endroit nommé Gallant… Sa mère l’avait pourtant prévenue dans son journal qu’il ne fallait jamais qu’elle s’en approche pour sa sécurité… Mais l’attrait est trop fort, la voici à Gallant.

V.E. Schwab est une autrice américaine que je ne présente plus sur le blog. J’ai lu beaucoup de ses ouvrages (presque tous) et dire que j’attendais l’arrivée de Gallant en France frise l’euphémisme. Je voyais tellement d’avis positifs sur les réseaux sociaux (Instagram pour ne pas le citer) et sur Goodreads que l’attente était énorme. Alors, Gallant vaut-il le halo d’excellence qui brille autour de sa parution ?

Quand on ne possède rien, on n’espère rien

Olivia Prior est une orpheline assez banale si ce n’est qu’elle est muette et qu’elle voit des goules. Mais comme personne ne se préoccupe d’elle et la prend pour plus idiote que la normale, elle n’en a jamais fait mention et se fait la plus dicrète possible. En effet, les nones de Merilance sont dures à la tâche et extrêmement sévères avec leur pensionnaires.
Mais une lueur d’espoir apparaît dans l’existence morne et glauque d’Olivia quand elle apprend qu’une branche de sa famille vient de la retrouver et lui envoie une voiture pour rejoindre le domaine de Gallant.

Sa mère l’avait prévenue il y a des années dans son journal intime (seul objet qu’il lui reste d’elle) que pour sa sécurité, il ne faillait JAMAIS s’approcher de Gallant. Olivia ignorait s’il s’agissait d’une personne ou d’autre chose. Quand elle découvre qu’il s’agit du nom du domaine, cela ne change rien pour elle, bien trop ravie de quitter l’âpreté de la vie à l’orphelinat… Mais ce qu’elle va découvrir n’est-il pas pire ?

Un roman young-adult à l’ambiance gothique réussie, mais est-ce suffisant ?

Vous recherchez une ambiance ? Vous en aurez une très réussie. Des mystères ? Vous en aurez. Une intrigue réussie ? Je suis plus que mitigée… Pour moi, il ne suffit pas de réussir une atmosphère, il faut avant tout que l’histoire me prenne aux tripes. C’est le minimum que j’attendais de Gallant vu la « hype » autour.

Et bien ce fut une lourde déception. Je veux bien entendre que mes attentes étaient trop élevées, mais il faut se rendre compte du battage qu’il y eu autour de Gallant dès sa sortie US. Battage qui continue encore là-bas et qui se perpétue maintenant en France puisqu’il vient tout juste de sortir. Gallant n’est pas un mauvais roman, loin de là, mais c’est plus un roman d’ambiance que d’intrigue. Si vous partez de ce principe, je pense que la déception sera moindre.

Mais alors pourquoi un tel phénomène ? Déjà, il y a le nom de l’autrice, à lui seul il est devenu gage de qualité ce qui fut effectivement le cas pour moi avec ses précédents ouvrages. J’ai bien aimé les Cassidy Blake, et j’ai adoré la trilogie Shades of Magic. D’ailleurs, j’ai trouvé que Gallant alliait les idées de ces deux séries : Olivia voit des goules (pas exactement comme les fantômes que voit Cassidy, mais on est sur le même thème) et surtout il y l’idée d’un monde possédent plusieurs strates (comme les Londres rouge, blanc et noirs de Shades Of Magic). Gallant a pour moi fusionné ces deux séries mais sans en retirer une intrigue digne de ce nom…

L’ouvrage a une originalité, il laisse une place importante à l’illustration ce qui en fait une sorte de livre à énigmes. Mais malheureusement cette curiosité ne suffit pas à contenter un lecteur avide. En effet, c’est plus la mise en forme (et la beauté de l’ouvrage) qui en font un ouvrage intriguant, mais le reste est du déjà lu… Je vous met au défi ne pas deviner très rapidement certaines « révélations » et enjeux.

Alors, si vous cherchiez avec Gallant un roman addictif, passez votre chemin. Si toutefois vous êtes inconditionnel de l’œuvre de Schwab, son atmosphère déliquescente et fanée pourrait peut-être vous plaire. Gallant est plus un ouvrage de style que d’histoire. Les fans de romans à l’ambiance gothique et sombre y trouverons peut-être également leur content. Personnellement j’aime les romans de Schwab et les ambiances à la Shirley Jackson et les manoirs en ruines isolés de tout, mais ça ne m’a pas convaincue…


Alors à vous de vous faire votre propre avis sur la question !

PS : Toutes les photos de cet articles sont issues du magnifique kit de presse envoyé par les éditions Lumen. Faux dépliant pour l’orphelinat de Merilance, courrier de l’oncle Prior, dessins à l’encre, photo ancienne du manoir… Ils font toujours les choses en grand pour chaque parution, et ça, que l’on aime ou non l’ouvrage en question, c’est extrêmement appréciable.

Chronique : L’antidote mortel Tomes 1 & 2

Une duologie de fantasy YA française ambitieuse

Cassandre Lambert est une autrice française, L’antidote mortel est son premier roman. La suite, Le casque maléfique est également sorti en librairie. Ces deux romans nous offrent donc une intrigue complète de fantasy aussi dense qu’originale qui saura plaire aux fans de young-adult et d’imaginaire… Les deux ouvrages sont parus chez Didier Jeunesse en 2021.

A la découverte d’un royaume au sommet de sa gloire… vraiment ?

Nous voici dans le royaume du Grand Nord, plus précisément à Sienne, dans le palais royal, où nous allons faire la connaissance de la princesse Whisper… Mais de princesse, elle n’a que le titre, elle qui sert de pantin et de monnaie d’échange à son père le cruel roi Salomon. Le royaume semble prospère, mais il est en réalité en pleine déliquescence à cause de la gestion douteuse qu’en fait le roi… Et c’est encore pire depuis que la reine, aimée de tous est extrêmement souffrante.

Ailleurs, nous découvrons un jeune homme prénommé Jadis, aux marques de naissances qui effraient tous ceux qui le croisent. Sa tante va lui donner une mission bien étrange, livrer un coffret contenant un antidote pour la reine malade alitée depuis des années. Comment sa tante peut-elle posséder un tel trésor et pourquoi le missionner seul pour cette dangereuse quête ?

Un autre lieu encore, nous y découvrons Eden, une jeune femme qui n’a plus rien à perdre et qui décide de se fixer un dernier objectif avant de mourir. Tuer le roi et sa famille, une vengeance à la hauteur de ce qu’elle a subit…

Trois personnages très différents, trois destins qui n’ont rien en commun en apparence, mais peu à peu, les fils de l’intrigue se tissent et nous donnent un tableau plus complexe qu’il n’y paraît…

Une lecture plaisante à l’univers dense et bien creusé

Pour un premier roman, j’ai été très agréablement surprise par la plume de Cassandre Lambert. L’autrice ouvre quantité de sujets et réussi à tout clôturer et traiter sur l’ensemble des deux tomes, ce qui n’était pas forcément chose aisée.

Les personnages sont nombreux, mais elle réussi à tous leur apporter un petit quelque chose qui les rend si particuliers… et surtout, l’univers est dense. D’un point de vue géographique premièrement : il y a une petite carte en début d’ouvrage, et elle va nous servir tout au long des deux tomes, elle n’est pas là pour faire joli comme dans certains ouvrages… Vous aller voyager dans toutes les contrées mentionnées sur cette petite carte, alors accrochez-vous !

Secondement, ces deux tomes sont également dense en termes géopolitiques. L’autrice a instauré toute une mécanique autour des quatre îles qui tiennent grâce à des arrangements que l’on découvre peu à peu…

Troisièmement, les deux tomes de cette saga sauront renouveler à petits traits doux la fantasy. Rien de très révolutionnaire, mais L’antidote mortel nous fait découvrir un univers fantasy qui a germé sur les cendres de ce que l’on peut imaginer être notre monde… ainsi que sa technologie qui a presque disparu. Il reste des bribes d’objets et de postulats scientifiques, mais ils sont fort mystérieux pour le commun des mortels… Et comme il y a également une forme de magie, on est bien dans une sorte de fantasy post-apo. Cet aspect-ci m’a beaucoup plu.

Mais surtout, ce que j’ai apprécié, c’est de voir comment les trois personnages principaux qui ne se connaissent pas et n’appartiennent pas à la même condition vont faire pour se rencontrer… Et même vivre une aventure commune. De cela, je ne vous dirais rien, mais trouve que l’autrice s’en est fort bien sortie !

Et puis… il y a quelques personnages que vous allez adorer détester, ou tout simplement haïr dès le début. Certains sont quelque peu manichéens ou trop lisses, mais pas au point que ça en soit gênant.

Si vous avez envie d’une belle histoire d’aventure et d’amitié, si vous voulez une dose d’humour légère, un peu de romance et surtout un univers entier à explorer, vous êtes au bon endroit.

L’antidote mortel ne se propose pas de révolutionner le genre mais de nous faire passer un bon moment de lecture, et pour moi c’est une réussite en ce sens. Il y a de belles petites surprises, d’autres choses assez attendues, c’est un peu le jeu du premier roman. Par certains aspects, c’est peut-être un peu trop « scolaire », mais ça n’empêche absolument pas d’apprécier cette duologie.

Seul vrai bémol, mais plutôt du côté éditorial, il y a un vrai problème de relecture avec de nombreuses coquilles et fautes de syntaxe. « contre toute attendre » au lieu de « contre toute attente« , « La petit bosse sur le côté de son jupon n’avait rien de naturelle » au lieu de « naturel » et autres orthographes de ce type. C’est assez dommage quand on prend la peine d’éditer aussi joliment une nouvelle saga…

De même, j’ai relevé une petit incohérence concernant des stalagmites (p.240) qui font leur apparition au-dessus de la tête des personnages. Chose impossible puisque les stalagmites sont au sol, il s’agit donc de stalactites.

Ainsi, malgré quelques petites maladresses, L’antidote mortel est une bonne saga en deux tomes à découvrir. Elle sera parfaite à dévorer dès l’âge de 14 ans. Et je gage que Cassandre Lambert nous réservera de belles surprises une fois que son œuvre et son travail d’autrice aura encore mûri…

Mini-chroniques jeunesse #4 : Du fantastique, de la sf et de l’Histoire… de quoi s’évader !

Ils sont beaux, ils sont frais (ou presque), voici mes dernières lectures dans la catégorie des romans jeunesse ! Au programme, de l’aventure qui nous fera traverser les mondes connus, l’histoire véritable de l’ourse qui a inspiré l’auteur de Winnie l’ourson, ou encore les aventures d’une minuscule souris. Préparez-vous à une sélection avec uniquement des lectures qui m’ont plu (pour une fois).

Wilma la vampire – Chrysostome Gourio – Sarbacane, collection Pépix

Peut-être que le nom de l’auteur vous dit quelque chose ? Si c’est le cas, c’est bien normal car j’ai déjà eu l’occasion de chroniquer l’un de ses roman : Rufus le fantôme ou la grève de la Mort. L’histoire de Wilma la vampire s’inscrit dans le même univers et on va même avoir le plaisir de revoir ce fameux Rufus si attachant !


L’histoire de Wilma est celle d’une jeune vampire qui vient tout juste de déménager, elle habite désormais dans le cimetière où vis Rufus. Avant, elle était dans les forêts denses de Transylvanie, dans les Carpates.

L’aventure va commencer dès lors que l’on apprend le décès terrible de Lemmy, chanteur star du groupe Mordörhead (j’adore le jeu de mots). La petite vampire va tout faire pour tenter de sauver ce qui aurait dû être le concert du siècle.

Ici, pas besoin d’avoir lu les aventures de Rufus pour apprécier pleinement celles de la jeune Wilma ! J’ai trouvé ce deuxième ouvrage de l’auteur encore plus créatif et osé que le premier – dans le bon sens du terme.
En effet, le côté plaisant du roman réside dans l’idée d’intégrer beaucoup de clins-d’oeil et références tout au long du roman. Et elles ne sont pas toutes à destination des enfants, qui ne connaissant pas tous le célèbre groupe de rock dont est inspiré Mordörhead.


Pour ce qui est des références pour les enfants, la plus géniale de toutes restera très certainement celle de la Gurty transformée en cerbère (image ci-dessus) pour l’occasion ! Elle est terrifiante avec ses trois têtes féroces… et ses prouts qui le sont plus encore.
Mais il y a un autre personnage génial qui s’invite également, c’est celui de l’ange gardien de Carambol’Ange issu d’un roman Pépix écrit par Clémentine Beauvais !
Avec des guests pareils, impossible de ne pas sourire… Et si les enfants ne les connaissent pas, ce sera pour eux l’occasion de les découvrir si ils sont intéressés.
Tout cela sans parler des petites mentions discrètes de quantité d’autres romans Pépix : L’ogre au pull vert moutarde ou encore La Sorcitresse sont également mentionnés.

Il y a également toute une partie du roman qui se déroule dans les Enfers, donc c’est l’occasion pour les enfants de découvrir la mythologie d’une façon beaucoup plus fun.

Entre références à la culture pop (dont une à G. Lockhart et son Voyages avec les vampires) et humour décalé très Pépixien, les aventures de Wilma sont un régal… Et encore plus pour qui sait lire entre les lignes !

Winnie et la Grande Guerre – Lindsay Mattick & Josh Greenhut – L’école des Loisirs, collection Neuf

Voici l’histoire incroyable, véridique et documentée d’un ourson venu du Canada qui va traverser l’Atlantique avec des troupes canadienne en direction de l’Europe pour affronter la Grande Guerre. Véritable mascotte de sa troupe, cet ourson a eu une vie incroyable et bien remplie…

Cette histoire, c’est plus que le parcours réel et fascinant d’un ourson, c’est également celle de Harry Colebourn, arrière grand-père de Lindsay Mattick. Elle a réalisé un véritable travail de fourmi et d’historienne pour regrouper toutes les traces du parcours unique de duo que formaient Harry et Winnie.
Vous trouverez même en fin d’ouvrage quelques rares photos glanées, ainsi qu’une statue immortalisant l’amitié incroyable du jeune soldat et de l’ourson que vous pouvez retrouver à Londres et à Winnipeg.

Pour ceux et celles qui aiment l’Histoire et les animaux, Winnie et la Grande Guerre me paraît tout indiqué. Surtout que toute une partie du roman est narrée du point de vue de l’ourson. Démuni et apeuré au début du roman, on va le voir peu à peu prendre confiance et s’épanouir grâce à Harry et sa bienveillance.
Winnie va également être un incroyable atout pour le moral des troupes en partance pour l’Europe. Les conditions sont difficiles et même exécrables, mais la présence de l’ourson va leur mettre à tous du baume au coeur…

Ainsi, cette lecture était très plaisante, et je suis persuadée qu’elle a déjà su trouver son public. L’ouvrage sera parfait pour les lecteurs et lectrices à partir de 9/10 ans, d’autant qu’il y a de très jolies illustrations qui parsème le texte joliment…

Meurtres dans l’espace – Christophe Lambert – Syros, collection Mini Syros PLUS

Parfait court roman pour initier les 9/11 ans au policier ET à la science-fiction, Meurtres dans l’espace est une petite réussite. Intrigue efficace et bien ficellée, huis-clos intersidéral glaçant comme il faut… on est dans l’ambiance en très peu de pages. Et ça tombe bien, puisque l’ouvrage ne fait que 130 pages.

On y fait la connaissance de la jeune Alexia, 13 ans, elle vit dans le Space Beagle II, un vaisseau spatial. Ses parents sont des scientifiques de haut niveau, de même que toutes les personnes vivant à bord.
Le problème, c’est que depuis la mort d’un des membres de l’équipage, la tension est à son comble et que rien ne semble pouvoir la faire retomber… Surtout depuis que l’équipage a fait une terrible découverte à propos des conditions du voyage de retour vers la Terre…

C’est dans ce contexte extrêmement tendu et dangereux qu’Alexia va tenter d’élucider le mystère de cette mission spatiale qui tourne peu à peu au cauchemar. C’est efficace, en peu de pages les lecteurs seront plongés dans l’intrigue, c’est une certitude !

L’ouvrage a beau être court, il ne manque pas de cohérence et toutes les réponses à nos nombreuses questions trouverons leurs réponses, et cela jusqu’à la dernière page.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture, je ne puis que vous la conseiller vivement pour initier les plus jeunes à deux genres littéraires peu exploités pour cet âge là (surtout les 9/10 ans).

Sidonie Souris – Clothilde Delacroix – L’école des Loisirs, collection Moucheron

Si vous ne connaissez pas encore la patte toute mignonne de Clothilde Delacroix, Sidonie Souris est l’occasion pour les tous jeunes lecteurs de la découvrir ! Elle a déjà plusieurs albums jeunesse tout aussi mignons à son actif, dont certains mettent en scène des lapins, des loups, des chats… Elle aime tous les animaux, et ça se voit au travers de son œuvre ! (elle adore aussi les lutins, qu’elle a mis en scène dans un MAGNIFIQUE album jeunesse).
Ici, nous suivons le premier petit tome des aventures de Sidonie, une petite souris qui manque d’inspiration pour écrire et qui va partir à l’aventure pour remplir à nouveau son imagination. Et ça fonctionne !

Ce petit roman est un réussite et plaira aux tous premiers lecteurs de niveau CP. Sidonie n’est d’ailleurs pas en reste car un second volume de ses courtes aventures vient tout juste de sortir en mars 2021 : Sidonie & Petit-Bec. Pas d’ordre de lecture, laissez les jeunes lecteurs découvrir Sidonie dans l’ordre qu’il leur plaît !

Chronique album jeunesse : Le petit robot de bois et la princesse bûche

Un magnifique album jeunesse attendrissant et magique par sa beauté et son originalité… Plongez dans l’univers unique de Tom Gauld !

Voici un véritable événement dans la sphère éditoriale, l’illustrateur de génie Tom Gauld sort son tout premier album pour la jeunesse ! Connu avant tout pour ses courtes planches de bd à l’humour caustique, Tom Gauld est surtout connu Outre-Atlantique. Il a cependant déjà sorti des ouvrages en France, mais cela est resté à une échelle assez confidentielle.
Avec Le petit robot de bois et la princesse bûche, voici venu l’heure de Tom Gauld, il va être connu par des milliers de lecteurs et lectrices ! Pourquoi ? Tout simplement car cet album est une merveille de créativité tant au niveau visuel que narrativement… L’ouvrage arrive le 15 septembre prochain en librairie… préparez-vous !

Un roi et une reine heureux, mais sans enfants

Voici donc l’histoire d’un royaume où un couple royal règne dans la paix, l’harmonie. Mais ils n’ont pas d’enfants. C’est ainsi que le roi va consulter l’inventrice royale tandis que la reine s’adresse à la sorcière de la forêt. Grâce à ces deux femmes, le roi et la reine ont maintenant un petit robot de bois et une princesse issue d’une bûche à laquelle on insuffla la vie. Ils s’aimèrent immédiatement tous les quatre.
Mais alors, quelle est l’histoire ? L’histoire tient au fait que la princesse se transforme en bûche dès qu’elle s’endort. Et qu’il lui faut quelqu’un pour lui lancer les mots magiques qui la réveille chaque matin. Sinon, elle reste à l’état de bûche. Et c’est ainsi que l’histoire commence… le jour où le petit robot oublie de réveiller sa sœur et qu’une servante jette la bûche qui traîne dans le lit de la princesse !

Attention, beaucoup trop mignon !

Cet album est tout simplement un condensé de mignonnitude absolue. De l’histoire au graphisme si caractéristique de Tom Gauld, impossible de ne pas être sous le charme. Ce conte créé de toutes pièces reprend les codes du récit traditionnel tout en étant résolument moderne. La princesse bûche est loin d’être passive et n’attend pas d’être sauvée, le petit robot est un bijou de technologie (en bois), et les héros ne sont pas toujours où on les attend…

En ce qui concerne le dessin, il est absolument typique de ce qu’à toujours fait Tom Gauld : épuré et tout à la fois bourré de détails. Son dessin est reconnaissable entre mille. Il est à l’image de son conte, à la fois moderne et désuet. C’est un véritable bijou. Vous pourrez passer des heures avec vos enfants à farfouiller dans les détails extrêmement nombreux de certaines pages. Rien que sur la couverture, vous retrouvez tous les éléments qui font l’aventure du petit robot et de la princesse. Ils sont savamment disséminés, mais ils sont bien là !

Ainsi, je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir cet album pour quantité de raisons mentionnés ci-dessus. Sa beauté, son originalité, la narration qui sait sortir des sentiers battu… C’est une pépite à découvrir dès l’âge de 4 ans. Et une chose est sûre, ce sera l’un des albums jeunesse à succès de cette fin d’année !

Chronique Jeunesse : L’ickabog

Véritable événement international, L’Ickabog est paru en fanfare à la fin d’année 2020. Il signe le grand retour de J.K. Rowling à la littérature de jeunesse, chose qu’elle n’avait pas faite depuis Harry Potter.
Mais J.K. Rowling n’avait pas lâché sa plume pour autant. Elle a publié des polars et plusieurs romans après les aventures du plus célèbres des sorciers : Une place à prendre, ou encore la série de l’inspecteur Cormoran Strike sous le pseudonyme de Robert Galbraith.

La version française de L’ickabog a été traduite par l’autrice Clémentine Beauvais. Elle a écrit quantité de romans pour la jeunesse et les ados : Les petites reines, Comme des images, Songe à la douceur, Brexit Romance… (pour ne citer qu’eux). Un chapitre paraissait chaque jour sur internet, et cela gratuitement pendant le premier confinement. De quoi se distraire avec bonheur durant ces temps qui furent difficiles.

Autre petite chose très sympathique, les jeunes lecteurs.ices ont pu envoyer leurs plus beaux dessins après lecture de l’Ickabog. Vous en retrouverez une sélection en couleur en fin d’ouvrage (et une illustration en fin d’article). De quoi motiver les artistes en herbe…

Mais alors, que vaut donc l’Ickabog, le nouveau roman jeunesse de Rowling ? Une chose est certaine, il était très attendu !

Un monstre légendaire que personne n’a jamais réussi à apercevoir…

Tout commence quand un roi égoïste qui pense de moins en moins au bien être de son peuple et des gens qui le servent persiste dans ses travers. Et surtout, les choses empirent quand ses conseillers proches décident peu à peu de prendre le pouvoir et les richesses du royaume… Comment ? En créant de toute pièces un monstre qui va faire régner la terreur dans le royaume de Cornucopia.

Mais l’Ickabog est-il vraiment une invention des conseiller du Roi Fred ? Ou existe-t-il réellement ?

Un roman qui reprend les codes du conte traditionnel

On peut apprécier l’Ickabog pour la façon dont il est narré, à la façon d’une légende ou d’un conte de fées. Même s’il s’agit d’un texte contemporain, c’est bien une ode aux anciens textes que Rowling nous offre ici.
Malgré ce point très plaisant, je n’ai pas beaucoup aimé l’Ickabog, que j’ai trouvé bien trop manichéen et surtout très moralisateur (façon gros sabots).

L’histoire en elle-même ne m’a spécialement transportée même si je savais que ce n’étais pas du Harry Potter que j’avais entre les mains, je m’attendais à plus. Quelque chose de plus original peut-être ? Ou tout simplement de moins simpliste ?

J’ai trouvé que l’Ickabog n’était pas représentatif de la finesse à laquelle nous a habituée Rowling. La façon dont c’est écrit me donne l’impression qu’elle n’a pas prit son lectorat assez au sérieux… c’est dommage.

Il y a pour moi quelques longueurs inutiles dans le roman, notamment vers la fin. Je ne vous en dit pas plus sur l’intrigue, mais le cheminement final de cette histoire traîne quelque peu en longueur pour n’apporter que peu de choses…

Bien entendu, il ne s’agit là que de mon ressenti et je sais que beaucoup de lecteurs et lectrices de tous âges ont beaucoup aimé L’Ickabog. Pour moi, cela n’a pas fonctionné du tout. J’ai trouvé cette histoire trop « facile », avec des méchants trop méchants, et un roi benêt bien trop agaçant…


Je reste toutefois très curieuse de découvrir le prochain roman jeunesse de J.K. Rowling qui sortira en fin d’année 2021, toujours chez Gallimard Jeunesse of course : The Christmas Pig.

Chronique : Deux enquêtes de Lilith Tereia

La beauté des îles… l’évasion… et des dangers mortels.

Connaissez-vous le sous-genre littéraire nommé « noir azur » ? Peut-être pas et pour cause, il est nommé ainsi par Patrice Guirao et se veut doté d’une spécificité : l’insularité pacifique. Idée intéressante qui si elle réussit à se développer peut donner quelque chose de plus grand.


Ainsi donc, les deux romans qui constituent les enquêtes de Lilith Tereia font partie de ce sous-genre. Bienvenue à Moorea et ses paysages de cartes-postales où l’horreur trouve également sa place !

Une journaliste qui fouille partout et surtout où elle ne devrait pas…

Des cadavres retrouvés autour d’un mystérieux bûcher ou encore de nombreuses disparitions sur une île vivant en huis-clos, voici ce qui vous attend dans les enquêtes de Lilith.
Elle est journaliste à La Dépêche de Papeete et s’investit à fond dans son travail, quitte prendre tous les risques pour trouver les réponses là où parfois la police piétine.
Elle a les contacts, connaît tout le monde ou presque et est connue comme le loup blanc ce qui l’aide grandement dans ses investigations !

Une ambiance plaisante mais des intrigues qui laissent quelque peu à désirer

J’ai adoré découvrir le concept de polar noir azur, mais j’ai été contrariée de découvrir que ces deux romans n’étaient pas à la hauteur de mes attentes de lectrices.
Tout d’abord, le personnage de Lilith est bien trop stéréotypé : une femme forte, parfois rebelle, très intelligente et immensément belle bien sûr (et tatouée, ce qui n’est pas du goût de tout le monde). Pas de pression pour celles qui ne collent pas à cette image…

De plus, la partie policière m’a également peu emballée. Au début du premier tome, Le bûcher de Moorea, j’étais très enthousiaste à l’idée de découvrir un nouveau genre, un nouvel auteur, etc. Mais j’ai été fortement déçue car Lilith n’est pas la seule à être un stéréotype, et l’intrigue policière ne se tient pas au point de captiver le lecteur…

Et je fais les mêmes reproches au second tome, Les disparus de Pukatapu, tout cela sans parler de la vulgarité gratuite dont sont parsemés les livres. Je trouve que le vocabulaire vulgaire parfois utilisé assouvi plus un fantasme de l’auteur qu’une réelle recherche de style.
Seul côté intéressant, le fait que l’on bascule dans l’étrange à un certain point de l’intrigue, tout particulièrement dans ce second tome dont le final est bien trouvé.

Une chose est toutefois plaisante, c’est l’intégration légère d’un peu de surnaturel et de croyances locales. On en apprend un peu plus quelques légendes et la notion de « mana » que nous appelons en occident « sixième sens ». Cette facette des romans apporte une touche d’originalité fort bienvenue, j’aurais même apprécié en apprendre encore plus sur cette culture dont on ne connaît quasiment rien.

Pour conclure, ces deux tomes ne sont pas mauvais en soi, mais ils ne correspondent absolument pas à ce que je recherche dans un polar qu’il soit noir azur ou non. Je trouve que les deux enquêtes policières qui nous sont ici offertes n’offrent pas assez d’allant ni de suspense pour tenir en haleine. De plus, le personnage de Lilith ne m’a pas séduite car je la trouve trop créée de toutes pièces pour être crédible.
Je m’arrêterais donc là avec les aventures de cette journaliste un peu trop badass, si il y a un troisième tome, ce sera sans moi !

TRANCHE d´ÂGE :

Mini-chroniques jeunesse #3 – Des romans rafraîchissants pour l’été quand on est jeune lecteur et qu’on déteste les huîtres

Le monstre des glaces – David Walliams & Tony Ross – Albin Michel Jeunesse, collection Witty

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de David Walliams, sachez qu’il est présenté comme étant le digne héritier de Roald Dahl. Chacune de ses sorties est un succès de librairie aussi bien en Angleterre qu’en France. Mais je dois avouer que le temps passant, je trouve que ses ouvrages baissent en qualité…
Malheureusement, Le monstre des glaces m’a confortée dans cette idée. Pour moi, David Walliams a perdu son petit grain de folie et de génie qui me faisait sourire dans ses premiers ouvrages.

L’histoire ici est celle d’un mammouth qui est retrouvé parfaitement conservé. Un savant un peu fou décide de le faire revivre pour des raisons plus ou moins avouables… Mais c’était sans compter sur Elsie, une petite orpheline courageuse qui n’a pas froid aux yeux !

La première partie du roman était assez sympathique, mais dès lors que le fameux mammouth est réveillé, l’histoire part dans tous les sens. C’est totalement ubuesque, décousu et pas très drôle…
Et j’ai ce sentiment persistant sur mes dernières lectures de David Walliams, à tel point que je ne pense pas en relire avant longtemps…

Je vous conseille cependant de lire ses premiers ouvrages, ils sont géniaux et méritent le détour. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il est désormais présenté comme l’héritier naturel de Roald Dahl. Présentation à nuancer, donc, mais pas totalement fausse…
Parmi ses meilleures titres (selon moi), lisez Joe Millionaire, Ratburger ou encore Monsieur Kipu. Ils valent le détour !

Les guerriers de glace – Estelle Faye & Nancy Pena – Nathan, collection Premiers Romans

Un super roman fantastique et français à destination des 8/10 ans, ça vous tente ? Bienvenue dans le petit village de Rosheim, où vivent Alduin et Léna, ils sont amis depuis toujours…

Leur vie est tranquille, sans aucune ombre au tableau sauf quand les Guerriers de glace réapparaissent au village pour enlever une jeune fille… Le village se réunit en secret et décide que ce sera Léna qui sera « offert » aux Guerriers pour préserver la paix. C’était sans compter sur la loyauté d’Alduin et le courage de Léna !

J’ai trouvé ce court roman jeunesse absolument parfait : écriture travaillée, univers original… En effet, il renouvelle gentiment le genre avec une histoire qui ne tombe pas dans un déroulement classique. Pour l’âge ciblé, c’est assez rare pour être souligné car nombre de romans usent d’une intrigue lue et relue…

Il faut dire qu’Estelle Faye est familière des histoires qui sortent des sentiers battus, et cela pour tous les âges (elle est surtout connue pour écrire à destination des adultes – Porcelaine aux Moutons Électriques, Un éclat de givre, Folio SF).

Après avoir terminé cet ouvrage, j’ai découvert que Les guerriers de glace est le premier tome d’une trilogie (et un quatrième tome est à paraître au moment où cette chronique est publiée) ! Il n’est pas indispensable de lire la suite pour que les enfants y prennent plaisir, mais si ils aiment… les deux suites ont de grandes chances de leur plaire !

Poules renards vipères – Tome 1 – Albin – Paul Ivoire – Poulpe Fiction

Dans la même tranche d’âge que les Pépix ou encore la collection Witty, Poulpe Fiction a réussi à se tailler une place de choix dans l’univers ultra-compétitif de la littérature jeunesse.

Ce premier tome d’une série qui en compte trois ravira tous les enfants amoureux d’aventure, de révélations et d’animaux ! On y suit trois personnages censés ne JAMAIS se rencontrer… et pour cause, il sont chacun d’une espère différentes dont les royaumes se font la guerre depuis toujours. Albin est un poussin, Célis est un serpent et Zora une renarde. A eux trois et grâce à leur rencontre fortuite, ils vont déjouer un complot terrible à l’échelle de leurs trois royaumes… Mais le chemin sera semé d’embuches et de dangers.

J’ai beaucoup apprécié cette petite lecture, les personnages y sont mignons (tant graphiquement que dans leur personnalité), l’histoire fonctionne à merveille même si c’est légèrement manichéen par moments.
L’idée de montrer aux lecteurs que tout n’est pas si évident et qu’il faut parfois remettre en questions les informations que l’on nous donne est maline. C’est sur ce chemin dangereux et incertain que va se lancer Albin avec ses amis… avec tous les risques que cela comporte.

En somme, c’est une petite réussite qui ravira les 8/10 ans fans d’animaux, c’est certain !

Comment j’ai changé ma soeur en huître (et une huître en ma soeur) – Emilie Chazerand & Joëlle Dreidemy – Sarbacane, collection Pépix

Soyons clairs, j’ai rarement lu un roman jeunesse aussi barré que celui-là. Rien qu’en lisant le titre, on devine que ça va être détonnant… mais franchement pas à ce point. C’est fou, totalement décalé et génial !

On découvre l’histoire d’un jeune homme prénommé Germain. Pour lui, tout va bien… à l’exception d’une ombre au tableau en la personne de sa grande sœur. Agaçante, désagréable, toujours en train d’appuyer là où ça fait mal… bref Judith est la grande sœur par excellence.


Alors quand Germain a l’opportunité d’échanger la personnalité de sa sœur avec celle d’une huître lors d’un dîner, il n’hésite pas une seconde ! Mais il va très vite le regretter… les huitres ont peut-être 2 de QI, mais elles sont dangereuses… méfiez-vous aux prochaines festivités de Noël.

« C’était mou et froid et visqueux mais avec quelques endroits plus solides et presque… caoutchouteux. Ça devait faire tchouin tchouin sous les dents ça, sûr. »

« – Moi, je veux pas être une huître ! Je suis allergique aux huîtres !

Bah, t’as qu’à t’auto-manger, idiot ! a dit une autre huître à l(huître allergique aux huîtres.« 

Voilà. Je pense que ces deux petits extraits sont assez explicites sur le ton de l’ouvrage : fou et génial.

Je ne puis que vous conseiller de découvrir ce roman parfait pour les enfants dès l’âge de 9 ans… que l’on aime ou pas manger des huîtres, c’est un régal !

Actualité éditoriale : A la découverte de la collection Hanté

Dans la famille des romans jeunesse qui font froid dans le dos, je demande la collection Hanté ! Débutée en 2016, cette petite collection de six titres pour le moment (dont le dernier est paru en avril 2021) se propose de faire découvrir des textes français courts et horrifiques aux 11/13 ans. Et ça fonctionne assez bien de mon point de vue.

A peine une centaine de pages, chapitres très courts pour tenir le lecteur en haleine. Des maquettes old-school à la fois graphiques et percutantes, un effet collection qui fonctionne… Casterman réussit à proposer des textes qui saurons plaire aux jeunes lecteurs devenus trop grands pour les Chair de Poule et pas encore assez pour les Stephen King.

La collection Hanté se positionne assez bien dans le paysage éditorial, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu de collection de romans horrifique pour cette âge-ci . Souvent, la production éditoriale se borne à la tranche des 9/11 ans. Ici, Hanté s’adresse à des enfants un peu plus âgés qui trouverons leur content de frissons.

A chaque texte, on change d’auteur, de style, de source d’angoisse… leur point commun outre la peur inoculée à ses lecteurs ? Une chute finale terrible qui remet en question tout ou une partie du roman…

Pour vous en parler plus amplement, j’ai eu l’occasion de lire trois des titres de la collection :

La maison sans sommeil – Benoît Malewicz

Une maison fraîchement investie par une famille et des voix effrayantes qui hantent le jeune Paul.

A peine a-t-il emménagé avec ses parents que la maison semble lui parler, le menacer, lui demander de faire des choses étranges…

Le démarrage est rapide, efficace, et la chute n’est pas trop mal…

Des trois que j’ai lus, c’est cependant celui qui m’a le moins plu, mais il est malgré tout efficace.

L’amie du sous-sol – Rolland Auda

Une amitié intense unit Létho et Alma, à tel point que quand la jeune fille commence à être absente en cours le jeune homme va tout faire pour savoir ce qu’il se passe. Quitte à rater lui-même le collège et ses leçons au conservatoire. 

Ce qu’il va découvrir peu à peu après avoir retrouvé Alma va le hanter. Au début, c’est juste de la curiosité pour un trappe. Mais cette curiosité évolue en autre chose… Et pour le coup, la chute est excellente et fait bien froid dans le dos.

Ce roman horrifique est très réussit.

On ne s’attend pas à ce que Létho va découvrir, et surtout, la façon dont sont construits les chapitres ajoutent au sentiment d’angoisse. Impossible d’en dire plus sur la chronologie, mais c’est bien fait.

Le camping de la mort – Thibault Vermot

Une bande de copains décide de se faire un peu frissonner en partant pour quelques jours dans les bois. L’ouvrage est une référence constante au film Stand by me (cité dans l’ouvrage), tiré lui-même d’une nouvelle de Stephen King nommée Le corps que vous pouvez trouver dans le recueil Différentes Saisons (Le livre de poche). Une nouvelle du grand maître de l’horreur qui pour une fois n’a rien à voir avec du fantastique.

En ce qui concerne Le camping de la mort cependant, il y a des éléments étranges et surnaturels qui peu à peu prennent une place conséquentes. Et si vous aimez les anagrammes il se peut que la fin vous saute aux yeux quelques pages avant la conclusion !

C’est mon préféré de la collection pour le moment, et les références à Stand by me n’y sont pas pour rien. Mais outre cela, l’ambiance, l’idée de ces gamins paumés en pleine forêt, la conclusion… Tout fonctionne à la perfection !

Gros coup de cœur donc pour Le camping de la mort, parfait pour les 11/13 ans.

Chronique : Mindjack – Tome 1 – Esprits libres

Une saga de romans young-adult qui mêle habillement fantastique et futurisme !

Susan Kaye Quinn est une autrice américaine très prolifique. En France, elle est publiée aux éditions MxM Bookmark. Sa série Mindjack est une trilogie, dont les deux premiers tomes sont d’ores et déjà parus chez MxM. La petite particularité de cet éditeur est qu’il s’agit d’ouvrages en impression à la demande. En général, vous devrez les commander en librairie, ils sont ensuite expressément imprimés pour vous chez le fournisseur et arrivent chez votre libraire préféré ! C’est encore une chaine particulière rarement utilisée, mais l’idée se développe chez plusieurs éditeurs (notamment pour des livres épuisés).

Dans un futur où plus personne ne peut garder ses secrets

Dans un avenir glaçant, l’humanité a évolué. Quand on atteint la puberté, on développe des capacités mentales devenues la norme : on entend les pensées de tout le monde et tout le monde entend les nôtre. Sauf les ratés, nommés les Zéros. Eux n’ont pas « évolué », ils ne trouveront jamais de travail gratifiant (ils sont réservés à tous les autres) et resterons à tout jamais des inadaptés. C’est le cas de l’héroïne de Mindjack : Kira. Elle a beau souhaiter de tout son cœur développer les fameuses capacités mentales qui lui permettraient de s’intégrer, rien ne vient. Et pour Kira, c’est de pire en pire : stress, tension, mise à l’écart… elle craint le pire pour son avenir, qui semble fichu avant même d’avoir commencé…

Jusqu’à ce qu’elle découvre que ses capacités mentales commencent finalement à se développer – enfin ! – mais qu’elles ne sont pas exactement comme celles des autres… C’est le début d’une terrible course poursuite pour la jeune fille qui va devoir quitter sa maison et sa famille pour survivre… Elle n’est pas une Zéro, mais une Mindjack. Elle peut « hacker » l’esprit des gens et les manipuler…

Une dystopie plaisante qui sait malmener ses personnages

Si vous avez envie d’une histoire où l’héroïne traverse de nombreuses épreuves, vous êtes au bon endroit. Bien qu’assez classique dans son déroulement, Esprits Libres est un bon roman YA car il contient de nombreuses bonnes idées.

Pour ceux et celles qui ont aimé la saga Divergente, cela peut être une lecture plaisante. On y trouve un mélange de science-fiction, d’anticipation sociale et de thriller qui fonctionne très bien.

Et puis… vous aurez quelques surprises quant au déroulement de l’histoire, la jeune Kira va devoir se battre contre tout le système érigé depuis des décennies autour de la télépathie. Et une personne seule paraît bien faible face à une mécanique aussi écrasante… Mais les pouvoirs hors du commun de Kira pourront être le grain de sable qui changera les choses. Peut-être.

En somme, le premier tome de la saga Mindjack nous permet de passer un bon moment de lecture. Tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne !