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Chronique album jeunesse : OFF

OffUn album jeunesse sans texte pour sensibiliser les plus jeunes aux dangers du nucléaire…

Paru aux éditions du Seuil Jeunesse en octobre 2014, OFF est un ouvrage jeunesse qui n’entre pas dans les standards du genre. Son sujet est très sérieux puisqu’on y parle du nucléaire et de ses conséquences néfastes pour la santé de notre planète, surtout s’il est mal contrôlé…

Son auteur, Xavier Salomó est né en Espagne, dans la région de Barcelone où il vit encore aujourd’hui. Il a fait des études d’illustration à l’école Massana de Barcelone et a travaillé comme graphiste dans la publicité. Il est l’auteur d’une petite dizaine d’ouvrages pour la jeunesse.

Un océan de gris et de béton… à perte de vue

Voici le paysage familier et pourtant loin d’être naturel de l’héroïne sans voix de cet album. Débauche continuelle d’un mode de vie passé et dépassé : gravats, ruines, vestiges d’immeubles… la jeune fille avance sur le dos d’un cerf majestueux, véritable contraste vivant. Leur présence détonne dans ce lieu où la vie ne semble plus permise, et pourtant…

La jeune fille à la cape rouge et le cerf sont investis d’une mission, celle de rendre la nature à elle-même en éteignant chaque centrale nucléaire qu’ils croiseront sur leur chemin.

Off insideBeau, mélancolique, donnant matière à réflexion

Empli de symboliques, visuellement fort, OFF est un album qui ne laisse pas indifférent. Son auteur dit d’ailleurs de cet ouvrage qu’il s’agit de son projet le plus personnel, mais également risqué, aux vues de son sujet.

La catastrophe de Tchernobyl l’a marqué. Il n’avait que 10 ans, mais Xavier Salomó sentait que quelque danger planait… Et c’est après le drame de Fukushima que le besoin de parler du nucléaire dès le plus jeune âge s’est fait ressentir pour l’auteur.

En voyant ce majestueux cerf qui fait renaître la nature autour de lui, on ne peut s’empêcher de penser à l’œuvre d’Hayao Miyazaki, en particulier dans le film Princesse Mononoké. C’est d’autant plus fort et poignant qu’il n’y a pas de texte. Tout y est juste : des couleurs voulues sombres en passant par cette retenue tout en douceur…

On remarquera de menus petits détails qui méritent une relecture ou une attention particulière : lézard à six pattes, oiseaux-papillons étranges, écureuil-souris caché dans l’ombre… c’est discret mais bien là, et on aime !

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OFF est beau et saisissant d’une beauté simple que l’on appréciera quel que soit l’âge. Il est rare de rencontrer au détour de l’énorme production jeunesse des ouvrages aussi engagés pour un âge aussi jeune, cela doit donc être souligné. A lire dès l’âge de 4-5 ans environ.

Off inside 02

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Le Dernier Jardin – Tome 2 – Fugitive

Le dernier Jardin 02Un dangereux road-trip dans les Etats-Unis dévastés du futur…

Second roman de Lauren DeStefano à paraître en France, Fugitive est également le deuxième tome de sa saga Le Dernier Jardin. L’ouvrage est paru en août 2012 aux éditions Castelmore, le label ado des éditions Bragelonne.

Toujours aussi addictif et violent

Suite directe du premier tome, nous suivons les pas de Rhine, tout juste enfuie de sa prison dorée où elle était censée finir ses jours et enfanter. Elle a pu s’évader in extremis avec Gabriel, un jeune serviteur du domaine dont elle est tombée amoureuse… La fuite était sa seule chance de survie quand on sait la fascination qu’a son beau-père pour ses yeux et qu’il était prêt à la disséquer pour en percer le mystère.

Mais à peine le rêve d’évasion se concrétise-t-il, que déjà de nouveau dangers surviennent. Le monde dont Rhine a été isolée est toujours aussi violent et cruel que jamais, comme vont le prouver les lignes qui suivent.

D’une prison vers une autre….

A peine commençons-nous à respirer pour Rhine et Gabriel que déjà le jeune couple retombe entre les griffes de personnes peu recommandables. Au lieu d’un manoir aseptisé, c’est un cirque glauque où les plaisirs de la chair sont omniprésents. Entre drogues pour oublier leurs conditions d’esclave et autres substances peu recommandables, Rhine se pose encore une fois comme une victime.  Alors saura-t-elle faire les bons choix pour retrouver son frère et la maison de leurs parents décédés ?

Le mot de la fin n’est pas pour tout de suite !

Ce second tome a beau être aussi crispant et hypnotique que le premier, on ressent une légère lassitude à sa lecture car il donne l’impression de tourner un peu en rond.

On retrouve à peu près les mêmes ficelles que dans le premier tome : la notion d’enfermement, de manipulations de la vérité… Seul le décor change en fin de compte. Et le terrible Vaughn (son beau-père malgré sa volonté) est remplacé par la matrone qui aime se faire appeler Madame et prostitue toutes les pauvres filles qui tombent sous sa coupe.

On reste cependant en alerte tout le long du récit, en particulier lors des cinquante dernières pages qui sont riches en révélations aussi bien sur le passé que sur le futur…

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Cette suite est donc satisfaisante même si elle tombe dans quelques pièges faciles. On aurait apprécié découvrir plus largement l’univers dévasté de Rhine qui n’est encore qu’à l’état d’esquisse même si on en comprend les enjeux. Une explication plus creusée des motivations concernant les anti-remède au virus aurait apporté plus de cohérence à ce monde en plein délitement.

Le remède au virus n’est toujours pas trouvé, mais quelques pistes intéressantes s’ouvrent à nous…  On a hâte d’avoir le mot de la fin après plus de trois ans d’attente, le dernier tome s’intitule Rupture.

Dans la même série (cliquez sur l’image pour lire la chronique) :

Le dernier jardin 01

Chronique : Divergent – Tome 1

Divergent 01 tie inUne dystopie originale et efficace qui va vous rendre addict !

Premier tome d’une trilogie écrite par Veronica Roth, Divergent est paru en France à la fin de l’année 2011. En avril 2014, la série revient plus que jamais sur le devant de la scène avec une adaptation cinématographique. En France, le troisième tome paraîtra en mai prochain.

Mais qu’est-ce que Divergent ? Il s’agit d’une dystopie se déroulant dans une version futuriste de Chicago. Depuis quelques années déjà, la mode est à la dystopie, mais plus que cela, ce genre littéraire remet en question de façon constante notre monde actuel ainsi que son futur incertain. Avec Divergent, ça n’est pas un énième ersatz d’Hunger Games auquel vous aurez affaire, mais à une série intelligente qui séduira aussi bien les adolescents que les adultes.

Cinq factions pour un seul choix irréversible

Quand débute le roman, nous suivons Béatrice, au seuil de sa majorité. Elle va devoir choisir sa faction définitive, sans retour en arrière possible. Ce passage à l’âge adulte est commun à tous les adolescents des cinq factions qui composent la ville : les Altruistes, les Audacieux, les Fraternels, les Érudits et les Sincères.

Pour ce faire, chaque adolescent subit un Test qui les aidera à déterminer la faction pour laquelle ils sont le plus à même de s’adapter. Tris est ainsi issue des Altruistes, mais son Test l’aidera à faire un choix définitif : restera-t-elle Altruiste ou le Test lui révèlera-t-il une autre possibilité ?

Divergente : voilà ce que révèle l’issue du test. Béatrice est une personne dont la personnalité ne la détermine pas plus dans une faction que dans une autre… la personne qui lui a fait passer le Test lui fait comprendre qu’elle ne doit jamais évoquer ce mot à qui que ce soit. Pourquoi ? Nous n’en savons pas plus que Béatrice, livrée à elle-même, sans personne à qui se confier sur sa singulière condition… Vient alors la cérémonie du choix de la faction pour elle et son frère…

Divergent 01 blastUne écriture et un contenu sans aucun temps mort

La grande force de Divergent réside dans son savant dosage entre action et révélations en tout genre. Que cela soit sur le système qui fonde la société de ce Chicago du futur ou sur le fonctionnement interne des factions, tout est intéressant. De même que ce grand mur qui protège la ville de l’extérieur… mais de quoi ? Il ne semble ne rien y avoir au-delà…

La Béatrice que nous découvrons au fil du récit se révèle à elle-même : changement d’attitude, de personnalité… l’évolution est douce, mais visible. On se surprend à être happés par des scènes qu’il devient impossible de couper en pleine lecture tant le récit nous tient.

Dès son choix définitif de faction, elle change son prénom en Tris. C’est la seule Altruiste parmi les nouvelles recrue de la faction qu’elle s’est choisie, et très vite elle va se faire des ennemis malgré elle. Cette tension palpable entre les différents groupes à l’intérieur du groupe retranscrit très bien le stress que subit Tris et le peu d’amis qu’elle s’est fait.

On se retrouve dans un monde cruel, compétitif, où seuls les meilleurs (ou les plus vicieux) auront droit à une véritable place dans la faction qu’ils se sont choisis. Pour les perdants, ils finiront sans-faction : à la rue et sans travail fixe ni revenus, personne ne veux tomber au plus bas de l’échelle sociale : la lutte sera donc féroce. Ces moments de compétitions permanente et à différents stades du récit sont les plus accaparants et efficaces.

Un univers cohérent et surtout addictif

Plus nous avançons dans le récit et plus les questions s’accumulent sans nécessairement trouver de réponses. Mais qu’à cela ne tienne, nous sommes maintenant embarqué dans la saga Divergent et il est impossible d’en ressortir. L’écriture, très vivante et cinématographique est effectivement parfaite pour une adaptation sur grand écran. Une fois plongés dans l’intrigue, Veronica Roth sait nous envoyer les images de cet univers post-apocalyptique qu’elle s’est créé.

Enfin, on appréciera également un autre élément de l’histoire : il y a une histoire d’amour bien construite, pas niaise pour un sou.

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La conclusion concernant Divergent est bien simple : ce livre est une tuerie. Efficace, bien construit et nous maintenant constamment sur le fil du rasoir, on en redemande ! Dès 14 ans environ. Pour ceux qui aiment les univers post-apocalyptiques sombres et beaux, n’hésitez pas une seconde.

La bande-annonce de la très bonne adaptation cinématographique de Divergent :

Chronique : Black Eden – Tome 2 – La sphère de Méduse

Black Eden - tome 2Une suite réussie où les temps s’entremêlent

Second tome de la série espagnole Black Eden paru aux éditions Milan dans la collection Macadam, La sphère de Méduse est paru en octobre 2012. La série Black Eden, dont le titre original est La llave del tiempo se compose de huit tomes au total. Nous continuons ainsi à suivre les traces de Martin, Cassandre, Selena et Josh pour des aventures devenant forts intéressantes !

Direction Paris, dans le futur

Finie l’île paradisiaque des débuts, le danger est constant et aux endroits les plus inattendus… Nous voici ainsi partis en direction de la fameuse Tour Saint-Jacques, en plein centre de Paris pour nos quatre héros dont la quête continue… le mystère s’épaissit et au lieu de réponses, c’est une foule d’interrogations qui fond sur nous ! Mais qu’importe, l’histoire de Black Eden est toujours aussi intéressante et prenante par son originalité et son dynamisme.

Passionnant et surprenant de bout en bout

Nous découvrons de très nombreuses nouvelles facettes de notre Terre dans le futur, dont la ville de Méduse. Il s’agit d’une ville qui regroupe les meilleurs scientifiques du monde, le tout dans des conditions optimum. C’est là-bas que va se retrouver le quatuor, qui va vite découvrir qu’il est lié à la ville de bien différentes façons, et dans des temps différents.

Le présent se mélange de façon fascinante (et dangereuse ?) avec le futur, mais il est difficile d’en dire beaucoup plus sans en révéler trop. Tout ce que l’on puisse dire, c’est que les auteurs ne manquent pas d’imagination et de logique pour créer une intrigue à l’efficacité redoutable.

On découvre notamment dans ce tome une technologie fascinante qui vient du futur : une sorte de tapisserie vivante à réalité augmentée qui immerge totalement la personne qui la regarde. Toutes les parties du roman où elle est utilisée sont captivantes. D’autres scènes sont également captivantes, notamment celle où l’une des héroïnes va se surpasser dans son domaine de prédilection : les sciences et l’informatique.

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En conclusion, ce second tome de la série d’anticipation sombre créée par Ana Alonso et Javier Pelegrin est encore une fois captivant. On aimerait dire que l’on a hâte de lire la suite, mais encore faudrait-il qu’elle paraisse en France… les éditions Milan ont décidé d’arrêter le cycle, trop peu de ventes étant au rendez-vous… Dommage, nous étions fans !

Chronique : Dualed – Tome 1

Dualed 01Remportez la victoire, méritez votre place.

Écrit par Elsie Chapman, Dualed est son premier tout premier roman, qui fait partie d’une duologie. D’origine Canadienne (Colombie-Britannique), elle vit maintenant à Tokyo. Le roman est paru le 6 mars 2014 en France et a ainsi lancé la toute nouvelle collection pour ados Lumen. Le second tome, Divided, est à paraître aux États-Unis pour fin mai 2014.

L’histoire nous entraîne dans un futur où une guerre mondiale a éclaté… c’est ainsi qu’est né Kersh, le dernier bastion où l’humanité vit en paix, sous certaines conditions…mortelles.

Un double de soi dans la société, dès la naissance

Dans la ville-bastion de Kersh, chaque personne naît avec un double qui lui ressemble traits pour traits, on le nomme l’Alt. Chaque Alt vit dans des familles différentes, est élevé dans des quartiers différents jusqu’au jour de sont activation par le Conseil.

En effet, un seul des deux peux survivre : c’est au plus fort, au plus rusé ou parfois même au plus mesquin de gagner sa place dans la société en tuant son double. Ainsi, entre l’âge de 10 ans jusqu’à 20 ans, chacun peut être activé et a alors trente jours pour éliminer son double. Si aucun des deux n’y parvient à l’échéance, les deux Alts sont autodétruits par le Conseil : c’est qu’ils ne méritaient pas de vivre, qu’ils étaient trop faibles.

Pour ceux ayant survécu à leur Activation (on les nomme les Accomplis), tout devient possible : avoir un travail qui paye bien, accès à une meilleure nourriture et non pas des ersatz et surtout avoir le droit de se marier et de fonder une famille.

C’est dans ce contexte post-apocalyptique et extrêmement urbain que nous faisons la connaissance de West Grayer, une inactive qui a 15 ans. Son tour n’est pas encore venu, et elle apprend le plus possible le maniement des armes pour être fin prête quand son activation arrivera. West a tout perdu et n’a plus aucun attachement à qui que ce soit : sa famille a été décimée membre après membre. Il ne lui reste que son frère Luc et son meilleur ami, Chord. Mais eux non plus n’ont pas été activés, alors qui sait de quoi l’avenir sera fait ?

De l’action, des sueurs froides et un combo d’adrénaline

Le roman démarre ainsi très rapidement sans nous laisser aucun temps mort. Nous en découvrons plus sur le fonctionnement de la ville de Kersh ainsi que certains de ses secrets (notamment les Chasseurs). Très vite, West Grayer va être activée et devenir… une proie ou une traqueuse de son double ? Elle-même ne le sait pas, mais elle a trente petits jours pour se découvrir et cerner les habitudes de son double ou mourir. Mais elle ne sera pas seule et trouvera une aide (malgré elle) en la personne de Chord, le meilleur ami de son frère…

Peu à peu, toute l’horreur de la ville de Kersh et de son système s’ouvre à nous : chaque activé peut être traqué très facilement par son double si ce dernier effectue des achats (qui se font souvent par scan des yeux) ou autres actes de la vie quotidienne. Ainsi, une préparation et un sang-froid constant sont de rigueur pour survivre dans cette jungle urbaine et fumante que devient Kersh, et où tout est possible : n’importe-où et n’importe quand.

Aucune place à l’ennui : de l’adrénaline en continu

Dualed est un premier tome bourré d’action, de suspense et qui ne nous laisse aucun repos, tout comme ce que vit son héroïne. On appréciera cette tension constante, au fil du rasoir qui nous accapare du début à l’ultime fin.

Évidemment, l’intrigue fait fortement penser à Hunger Games par certains côtés : des éliminations entre adolescents obligatoires sous peine de mort, un gouvernement totalitaire aux objectifs opaques, une ambiance post-apocalyptique où l’on ignore tout de l’extérieur… Mais ces similitudes n’en font pas une copie, mais bien une nouvelle série dystopique au potentiel fort ! Dualed peut aussi être assimilé à du darwinisme poussif où la sélection naturelle est créé de toutes pièces par le mystérieux Conseil de Kersh… mais dans quel but ?

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En conclusion, Dualed est un cocktail détonnant qu’il serait franchement dommage de rater. Si vous aimez les univers post-apocalyptiques, les ruelles sombres et sordides aux bouches d’égouts fumantes où tout peut arriver, et où l’humanité est poussée à ses extrêmes les plus sombres, ce livre est fait pour vous !

Affaire à suivre de près avec la suite, Divided, dont on meurt d’envie de découvrir la conclusion qui porte notamment sur le fameux Conseil et ses étranges décisions…

Chronique : Cœur d’Acier – Tome 1

Coeur d'Acier 01Encore une belle claque littéraire faisant hommage aux comics.

Dernier roman en date de Brandon Sanderson, Coeur d’Acier est le premier tome d’une nouvelle trilogie intitulée The Reckoners en langue originale.

Loin de la fantasy qu’il affectionne tant et dans laquelle il excelle – il nous l’a prouvé avec sa série Fils-des-Brumes ou encore en prenant la relève de Robert Jordan pour son cycle de la Roue du Temps – l’auteur nous entraîne cette fois-ci dans un monde de super-héros… ou plutôt de surhommes aux intentions toutes sauf bonnes. Accrochez-vous, ce nouvel univers est encore une fois aussi efficace que surprenant !

Cœur d’Acier, ou « l’homme » à abattre

Dans Cœur d’Acier, il faut partir d’un postulat très simple : depuis ce que l’on appelle la Calamité, il y a les épiques, des surhommes ayant des pouvoirs inimaginables : invincibles, contrôlant la lumière du jour ou le feu, pouvant se rendre invisibles, avoir un don de prescience… et puis il y a les autres, nous : les gens normaux, telles des fourmis.

A l’heure où débute notre histoire, David est encore un enfant avec ses rêves, ses espoirs, ses héros, dont fait partie le légendaire Cœur d’Acier. Quand sa vie est en passe de basculer, il est dans une banque avec son père lorsqu’un épique du nom de l’Exécuteur débarque et tue froidement la majorité des personnes présentes… jusqu’à l’arrivée de Cœur d’Acier. C’est à ce moment précis que les rêves de David éclatent en mille morceaux : Cœur d’Acier n’est pas là pour les sauver, mais pour montrer à tous sa puissance : aucun épique ne fait la loi à Newcago, car c’est Sa ville.

Le jeune David a ainsi assisté impuissant à la mort de son père par Cœur d’Acier, celui auquel il croyait depuis toujours. C’est ainsi que commence le long cheminement de la vengeance pour David : comment tuer l’épique le plus puissant parmi tous ? Lui qui est à l’épreuve des balles, qui peut voler, transformer tout ce qu’il souhaite en acier et une foule d’autres pouvoirs encore…. Un seul espoir : trouver l’unique faiblesse qui rend un épique aussi normal qu’un humain, mais ça peut-être absolument tout et n’importe quoi…

Coeur d'Acier 01 usUn roman aux scènes épiques et immersives

L’unique but de la vie de Daniel est donc devenu d’éliminer Cœur d’Acier ; et la foule d’hypothèses qu’il échafaude dans ce but est impressionnante. Notre jeune héros dont le seul pouvoir est une obsession sans faille a réuni une masse impressionnante de notes, carnets tournant autour de son idée fixe. Loin d’être un surdoué, David est surtout un acharné, un obsessionnel. Ah, et pour l’anecdote, il est médiocre pour faire la moindre métaphore, comme vous pourrez le constater très rapidement.

L’intrigue se déroule sur un fond post-apocalyptique et fait tout de suite penser à une ambiance dans le plus pur style des comics. Mais à la différence des codes habituels : pas de supers-héros dans ce roman, uniquement des surhommes aux sombres dessins. Confluence, Fortuité, Réfraction, Rougefeuille, Pleins Feux… autant de noms d’épiques aux pouvoirs spécifiques qu’il va vous falloir apprivoiser.

Si vous rêviez de combats fantastiques entre Epiques, vous ne les trouverez pas vraiment (je ne vous en dirais pas plus) : il est plutôt question de plans, pièges, stratégies pour les faire tomber, la force ne fonctionnant jamais contre eux.

Pour l’atmosphère du roman, vous serez là aussi servis : la ville de Newcago ne voit plus la lumière du soleil depuis des années à cause d’un des acolytes de Cœur d’Acier : Maître-Nuit. Nous sommes donc plongés dans une ville des plus sombres, vaste en apparence, mais qui l’est encore plus en profondeur : une cité sous la ville regorgeant de secrets, de clans et autres choses peu recommandables. Une foule de tunnels, rues souterraines, conduits, dont certains inachevés font le bonheur de la pègre d’en bas, mais aussi des mystérieux Redresseurs.

Les Redresseurs sont les rares êtres humains à se rebeller contre la force incommensurable des Épiques… et leur méthodes sont pour le moins efficaces, bien que jamais frontales (ces quelques caractéristiques ne sont d’ailleurs pas sans rappeler par certains côtés Fils-des-Brumes).

 Dernier très bon point pour ce roman : les dialogues savoureux et parfois emplis de non-sens. David n’est pas très loquace, mais ça n’est pas le cas de certains de ses acolytes, notamment Megan ou encore le génial Cody aux faux accents écossais et aux origines troubles.

  •  «  – […] Bonne chose que j’aie apporté mon trèfle à quatre feuilles sur cette opération.
  • Un trèfle à quatre feuilles ? répéta Megan en ricanant.
  • Ben oui. Il vient de not’ patrie.
  • C’est chez les Irlandais, Cody, pas les Ecossais.
  • Je sais, répondit Cody sans se laisser démonter. J’ai dû tuer un Irlandais pour obtenir le mien. »

 Ce premier tome se lit à une vitesse folle : David, dont nous suivons le parcours (écrit à la première personne) est d’un culot incroyable : repoussant les limites du possible en termes d’audace et de cran. Son courage ou plutôt son inconscience vont donner des sueurs froides à de nombreux lecteurs. Encore une fois, les personnages décrits sont d’une efficacité redoutable et on s’y attache inexorablement.

 Lire Cœur d’Acier, c’est comme voir un film à grand spectacle : on imagine sans mal les effets visuels décrits par l’auteur et l’intrigue est d’une efficacité sans failles, captivante. En bref, c’est encore une fois un roman de Brandon Sanderson brillant, à croire que tous les genres littéraires lui réussissent. Un seul conseil, si vous voulez un livre auquel vous serez agrippé jusqu’à la fin et rempli de twists, courrez donc chez votre libraire vous procurer Cœur d’Acier !

Suite prévue aux Etats-Unis en automne 2014 sous le titre Firefight. Une nouvelle se déroulant entre le premier et le second tome est également parue en langue originale sous le titre Mitosis.

Chronique : Les 100 – Tome 1

les 100 01Un roman de science-fiction destiné aux adolescents qui démarre fort… !

Les 100 est le premier roman de l’américaine Kass Morgan. Paru en septembre 2013 aux Etats-Unis, l’ouvrage de science-fiction post-apocalyptique est déjà l’objet d’une adaptation en série télévisuelle dont le premier épisode sera diffusé le 19 mars 2014 sur la chaîne CW.

En ce qui concerne l’ouvrage, c’est dans la collection R qu’il paraîtra le 23 janvier prochain, nous ne savons pas encore combien de tomes comportera la série au total.

La vie dans l’espace se fait au prix de nombreux sacrifices… et de vies

La Terre dans le futur : radioactive, inhabitable à cause de l’homme, ce dernier a dû s’exiler dans l’espace où il survit plus qu’il ne vit vraiment. Mais la vie est plus douce pour certains, tout dépend de quel côté de la barrière vous vous trouvez : en effet, la station spatiale regroupant le dernier espoir de l’humanité a été divisée en trois parties : Walden, Arcadia et Phoenix.

Phoenix est favorisée et connaît peu le rationnement tandis que les des autres parties de la colonie – Walden et Arcadia ne vivent elles qu’au rythme des rares fois où il y a de l’eau et de l’électricité, cette situation créé évidemment de nombreuses tensions…

Les règles qui régissent la colonie sont extrêmement rigides : le moindre impair conduit à la peine de mort directe, ou à l’Isolement pour ceux qui ont moins de 18 ans jusqu’à ce qu’ils soient rejugés. Une façon comme une autre de réguler la population dans un environnement extrêmement restreint…

Le Chancelier de la colonie va cependant changer les règles préétablies en envoyant 100 adolescents condamnés à l’isolement sur la Terre. Objectif : voir si la planète est toujours mortelle pour l’homme, et pour se faire, peu importe que les parias de la société meurent.

C’est dans ce contexte que nous découvrons Clarke, Wells, Bellamy et Glass : quatre adolescents au passé déjà bien sombre et à l’avenir plus qu’incertain. Certains d’entre eux vont tout faire pour fuir cette mission-suicide, tandis que d’autres vont tout tenter pour en faire partie…

Un suspense haletant dans les étoiles… et sur Terre

Les 100 est un roman atypique aux personnages forts et biens campés qui savent provoquer l’attachement. Chaque chapitre est dédié à un des quatre protagonistes en particulier : Clarke, Wells, Bellamy ou Glass. Chacun d’eux a un parcours et des motivations très différents les rendant uniques en leur genre. Certains sont empreints de sentiments nobles, mais d’autres sont prêts à tout pour parvenir à leur fins : lâches, menteur, meurtriers… rien ne les arrête.

Chaque chapitre, centré sur l’un des personnages, est également composé de flash-back, le plus souvent sur des phases déterminantes de leurs vies. Plus nous avançons dans l’intrigue et plus ces révélations s’avèrent cruciales et même terrifiantes (notamment les faits passés de Wells…).

L’intrigue se déroule environ pour moitié sur Terre avec les 100 ; l’autre partie dans la colonie, où les choses n’évoluent pas forcément dans le bon sens. L’humour de la situation pourrait bien faire des 100 des héros bien malgré eux…

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Alors que penser de ce premier tome de façon globale ? Il est efficace : les antihéros que nous suivons tout du long ont ce petit quelque chose qui ne les rend pas « plats ». Nous sommes dans un univers de sf, et Kass Morgan joue de ses codes avec facilité (rationnement, Terre dévastée, règles drastiques pour permettre à l’humanité de survivre, etc.), sans perdre le lecteur dans des faits complexes. En cela, Les 100 est un parfait roman pour faire découvrir le genre à partir de 14 ans.

Tous les ingrédients qui font un bon roman sont ainsi réunis pour nous donner un premier tome efficace et haletant. Peu léger sur le fond, il pousse le lecteur à voir ce que faire de pire l’homme quand il s’agit de sauver sa peau… ou paradoxalement, d’aider son prochain. On attend avec impatience la suite !

Chronique : La peau des rêves – Tome 4 – L’aube des cendres

La peau des reves 04Suite et fin pour le conte de la Petite Sirène revisité à la manière post-apocalyptique

L’aube des cendres et le dernier tome de la série de Charlotte Bousquet : La Peau des Rêves paru chez Galapagos en avril 2013. Nous y poursuivons l’histoire d’Anja, toujours contée par Najma la gypsie prisonnière au parcours très mystérieux…

Laissée pour morte, mais pas vaincue…

Le retour dans le monde des vivants est difficile pour la jeune Anja, abandonnée et laissée pour morte par celui qu’elle pensait aimer : Rain. La jeune femme s’est finalement rendu compte de sa grave erreur de jugement et compte bien la réparer en retrouvant Milan, le frère jumeau de Rain. Milan est certainement le seul à pouvoir encore arrêter Rain et son besoin constant de domination qui  détruit tout sur son passage…

Mais la question est avant tout de savoir si il voudra seulement à nouveau affronter son frère qui a bien faillit le tuer lors de leur dernier affrontement. Anja décide ainsi de tenter le tout pour le tout en partant en quête de Milan, celui dont elle était tombée amoureuse au premier et seul regard qu’elle a échangé avec lui…

De déceptions en découvertes cruelles

Encore une fois, Charlotte Bousquet ne préserve pas son lecteur ni son personnage : brinquebalés, maltraités, frustrés… nous passons par un nombre considérable de sentiments obscurs dans un environnement où la beauté n’a que très peu de place…

Entre décombres et poussières, l’écriture sème une route pernicieuse pour notre héroïne dont la vie même est une épreuve. Mais il est peut-être temps pour Anja de se pardonner sa nature – à laquelle elle ne peut rien – et l’accepter pleinement et même en profiter. C’est donc un double cheminement qui se profile à l’horizon, et dont l’issue reste incertaine jusqu’à l’ultime fin… Alors d’après vous, L’aube des cendres sera-t-il un redit du conte d’Andersen ? A vous de voir…

Quitter cet univers versatile et dangereux n’est pas un soulagement mais bien un déchirement. La Peau des Rêves est une saga qui par son âpreté relève avec force la moindre petite once de beauté, de noblesse. On sait qu’il y aura un cinquième opus sous forme de roman graphique, mais cela n’est encore qu’à l’état de projet.

On a très envie de voir ce que ce futur volet donnera pour peut-être enfin connaître la fin du parcours de Najma, un personnage dont on sait bien peu au final…  Magnifique, horrible, cruelle… cette série est à réserver aux amoureux d’univers à la fois acides et beaux…âmes sensibles, peut-être faudra-t-il toutefois vous abstenir !

Chronique : La peau des rêves – Tome 3 – Les chimères de l’aube

La peau des reves 03De retour dans le monde torturé et lyrique de Charlotte Bousquet sur fond de conte de fées…

La peau des Rêves est une série de romans en quatre tomes parue aux éditions Galapagos. Mais les ouvrages fonctionnent toutefois par paire, bien qu’il y ait un fil conducteur tout le long des quatre tomes. Un cinquième ouvrage est prévu sous forme de roman graphique, mais cela est encore à l’état de projet, rien de plus.

Les chimères de l’aube nous offre une nouvelle histoire de Najma (ou Ximena), la femme prisonnière aux tatouages vivants.

Le mythe de la petite sirène revisité à la manière post-apocalyptique

Nous voici donc dans un Berlin en ruines pour découvrir la vie de la jeune Anja : une sirène à la voix pure. Cette dernière est aussi belle que fragile, mais elle ne supporte pas ce qu’elle est : une mutante, cachant constamment les quelques écailles qui montrent sa différence, pourtant belle. Son seul avantage notable selon elle : sa voix, dont elle use beaucoup au gré des concerts qu’elle donne avec son petit groupe, Tor. C’est d’ailleurs l’une des seules distractions que peuvent s’offrir les mutants avec toutes les horreurs auxquelles ils sont confrontés au quotidien.

Mais la rencontre hasardeuse de Nadja avec un mens (un non mutant) va bouleverser sa vie ainsi que sa façon de voir les choses… et de se voir elle-même. A un tel point qu’elle est prête à renier tout ce qu’elle est pour lui plaire. La lente descente aux enfers commence pour elle…

Une fable contemporaine d’une extrême cruauté

Les personnages féminins de Charlotte Bousquet sont toujours emprunts d’une force cachée sous des apparences frêles. Anja ne fait pax exception à cette règle, même si on voit beaucoup plus ses très nombreuses fragilités (psychologiques et physiques) tout au long de ce premier opus contant sa vie.

Ce roman nous montre la frontière bien mince entre amour aveugle et amour véritable et sain. Anja va en effet se bruler les ailes (ou plutôt les écailles) à la poursuite d’une chimère qui lui causera bien des maux au fil des pages. On assiste à des scènes toutes plus dégradantes les unes que les autres pour elle, mais difficile de dire ce que nous aurions fait à sa place… On se rend vite compte que la relation destructrice dans laquelle elle s’est lancé corps et âme n’est pas de celle dont on revient indemne.

En terme de style, nous retrouvons tout ce qui fait un écrit typique de Charlotte Bousquet. Sa prose est toujours aussi fluide que belle… un vrai régal pour une âme de lecteur.

On lit des extraits de paroles que l’auteur affectionne et ayant une signification spéciale provenant de groupes tels que Lacrimosa, Die Toten Hosen, Silbermond… mais aussi Franz Schubert. A écouter pourquoi pas, au gré de la lecture.

Les chimères de l’aube est une belle et terrible métaphore qui éveille les consciences tout en pouvant choquer parfois. A conseiller à partir de quinze ans, guère avant à cause de certaines scènes vraiment terribles. Mais loin d’être un défaut, cette plume dérangeante nous pousse à voir les choses sous un angle frontal, brut.

Charlotte Bousquet dénonce, illustre, montre les écueils dans lesquels toute personne pourrait tomber par passion (homme ou femme, d’ailleurs) ; le fantastique et le monde déchiré qui en font la toile de fond deviennent alors accessoires… et parfaits.

Chronique : Les sentinelles du futur

Les sentinelles du futurCarina Rozenfeld est une auteur française très prolifique dans le monde de l’imaginaire et du young-adult. Ses derniers romans en date sont Phaenix (deux tomes, collection R chez Robert Laffont) ainsi que la Quête des Livres-Mondes (réédition chez l’Atalante en 2012).

Avec les sentinelles du futur paru en août dernier aux éditions Syros dans la collection Soon, Carina Rozenfeld renoue avec la science-fiction et les voyages temporels !

Notre Terre en 2359

Le tableau de notre planète dans quelques siècles est peu optimiste : la végétation a disparu, de même que la faune. La planète est toxique pour ses habitants, les mers ont tué depuis longtemps les poissons et autres multitudes de forme de vie qui y régnaient. La Terre se meurt à petit feu et devient un poison pour elle-même tant elle a été détériorée.

Mais selon les sentinelles du futur mandatées par l’Académie, l’avenir de l’humanité sera radieux. Comment cela peut-il être envisagé et comment le savent-ils ? Grâce à un passage temporel qui permet aux fameuses Sentinelles de voyager et de visiter le futur dans 300 ans exactement.

 En  2659 la végétation a reprit sa place, les hommes peuvent de nouveau sortir grâce à l’air qui n’est plus pollué, la population y est pérenne, heureuse grâce aux sphères blanches. Que sont les sphères blanches ? Nul ne le sait, les Sentinelles on juste découvert qu’elles sont ce qui a sauvé l’homme de l’extinction et qu’elle apparaîtrons en…2359.

C’est dans cette ambiance fébrile que vit le jeune Elon, élève de l’Académie grâce ses aptitudes exceptionnelles. Quand notre histoire commence, cela fait quelques semaines que les sentinelles ne sont pas revenues faire leur rapport afin d ‘alimenter les cours d’histoire du futur. Mais quand elle reviennent, leur nouvelles vont créer un véritable cataclysme au sein de l’Académie… le futur est à feu et à sang…

Quand le passé tente de sauver le futur

L’histoire des Sentinelles du Futur est un savant mélange de science-fiction à petite dose, de personnages très plausibles et charismatiques ainsi que d’un peu de romance (les garçons n’en seront pas allergiques).

L’idée de voir deux époques et deux personnages se compléter fonctionne très bien. D’autant que l’intrigue démarre vite et que le mystère des sphères blanches est totalement insoluble jusqu’au dernier moment.

Encore une fois, Carina Rozenfeld réussi à nous séduire par sa plume en nous montrant un nouveau pan de ses nombreux imaginaires. Après être avoir fait du fantastique, de la romance, de la fantasy urbaine, son incursion dans la science-fiction jeunesse est réussie.

On adorera ses personnages, qui sont encore une fois réussit, réalistes et qui collent bien à ce que peuvent dire les adolescents. On aimera également les petites bonnes idées qui parsèment le roman et qui ajoutent de la force et du crédible à l’histoire : le Japon à disparu dans ce roman, les Japonais ne vivant qu’entre eux pour préserver leur traditions, leur mœurs et leur lignée… C’est le cas de Micko, l’un des personnages principaux, dont la vie est régie par ces problématiques.

Enfin, sans avoir de réel twist, la conclusion de l’histoire est très bien trouvée. Le mélange des temps futurs et passés se faisant de plus confus tant leur histoire est liée. Un joli petit tour de force qui nous fera apprécier ce roman.

Les sentinelles du futur est un one-shot, et cela est parfait ainsi. Résolument destiné à la jeunesse, c’est un roman qui peut initier à la science-fiction les lecteurs de treize ans environ. Efficace et touchant, ce récit vous donnera même envie d’en lire un autre sur les voyages dans le temps : Le voyageur imprudent de Barjavel étant souvent cité…