Chronique : Cœur d’Acier – Tome 1

Coeur d'Acier 01Encore une belle claque littéraire faisant hommage aux comics.

Dernier roman en date de Brandon Sanderson, Coeur d’Acier est le premier tome d’une nouvelle trilogie intitulée The Reckoners en langue originale.

Loin de la fantasy qu’il affectionne tant et dans laquelle il excelle – il nous l’a prouvé avec sa série Fils-des-Brumes ou encore en prenant la relève de Robert Jordan pour son cycle de la Roue du Temps – l’auteur nous entraîne cette fois-ci dans un monde de super-héros… ou plutôt de surhommes aux intentions toutes sauf bonnes. Accrochez-vous, ce nouvel univers est encore une fois aussi efficace que surprenant !

Cœur d’Acier, ou « l’homme » à abattre

Dans Cœur d’Acier, il faut partir d’un postulat très simple : depuis ce que l’on appelle la Calamité, il y a les épiques, des surhommes ayant des pouvoirs inimaginables : invincibles, contrôlant la lumière du jour ou le feu, pouvant se rendre invisibles, avoir un don de prescience… et puis il y a les autres, nous : les gens normaux, telles des fourmis.

A l’heure où débute notre histoire, David est encore un enfant avec ses rêves, ses espoirs, ses héros, dont fait partie le légendaire Cœur d’Acier. Quand sa vie est en passe de basculer, il est dans une banque avec son père lorsqu’un épique du nom de l’Exécuteur débarque et tue froidement la majorité des personnes présentes… jusqu’à l’arrivée de Cœur d’Acier. C’est à ce moment précis que les rêves de David éclatent en mille morceaux : Cœur d’Acier n’est pas là pour les sauver, mais pour montrer à tous sa puissance : aucun épique ne fait la loi à Newcago, car c’est Sa ville.

Le jeune David a ainsi assisté impuissant à la mort de son père par Cœur d’Acier, celui auquel il croyait depuis toujours. C’est ainsi que commence le long cheminement de la vengeance pour David : comment tuer l’épique le plus puissant parmi tous ? Lui qui est à l’épreuve des balles, qui peut voler, transformer tout ce qu’il souhaite en acier et une foule d’autres pouvoirs encore…. Un seul espoir : trouver l’unique faiblesse qui rend un épique aussi normal qu’un humain, mais ça peut-être absolument tout et n’importe quoi…

Coeur d'Acier 01 usUn roman aux scènes épiques et immersives

L’unique but de la vie de Daniel est donc devenu d’éliminer Cœur d’Acier ; et la foule d’hypothèses qu’il échafaude dans ce but est impressionnante. Notre jeune héros dont le seul pouvoir est une obsession sans faille a réuni une masse impressionnante de notes, carnets tournant autour de son idée fixe. Loin d’être un surdoué, David est surtout un acharné, un obsessionnel. Ah, et pour l’anecdote, il est médiocre pour faire la moindre métaphore, comme vous pourrez le constater très rapidement.

L’intrigue se déroule sur un fond post-apocalyptique et fait tout de suite penser à une ambiance dans le plus pur style des comics. Mais à la différence des codes habituels : pas de supers-héros dans ce roman, uniquement des surhommes aux sombres dessins. Confluence, Fortuité, Réfraction, Rougefeuille, Pleins Feux… autant de noms d’épiques aux pouvoirs spécifiques qu’il va vous falloir apprivoiser.

Si vous rêviez de combats fantastiques entre Epiques, vous ne les trouverez pas vraiment (je ne vous en dirais pas plus) : il est plutôt question de plans, pièges, stratégies pour les faire tomber, la force ne fonctionnant jamais contre eux.

Pour l’atmosphère du roman, vous serez là aussi servis : la ville de Newcago ne voit plus la lumière du soleil depuis des années à cause d’un des acolytes de Cœur d’Acier : Maître-Nuit. Nous sommes donc plongés dans une ville des plus sombres, vaste en apparence, mais qui l’est encore plus en profondeur : une cité sous la ville regorgeant de secrets, de clans et autres choses peu recommandables. Une foule de tunnels, rues souterraines, conduits, dont certains inachevés font le bonheur de la pègre d’en bas, mais aussi des mystérieux Redresseurs.

Les Redresseurs sont les rares êtres humains à se rebeller contre la force incommensurable des Épiques… et leur méthodes sont pour le moins efficaces, bien que jamais frontales (ces quelques caractéristiques ne sont d’ailleurs pas sans rappeler par certains côtés Fils-des-Brumes).

 Dernier très bon point pour ce roman : les dialogues savoureux et parfois emplis de non-sens. David n’est pas très loquace, mais ça n’est pas le cas de certains de ses acolytes, notamment Megan ou encore le génial Cody aux faux accents écossais et aux origines troubles.

  •  «  – […] Bonne chose que j’aie apporté mon trèfle à quatre feuilles sur cette opération.
  • Un trèfle à quatre feuilles ? répéta Megan en ricanant.
  • Ben oui. Il vient de not’ patrie.
  • C’est chez les Irlandais, Cody, pas les Ecossais.
  • Je sais, répondit Cody sans se laisser démonter. J’ai dû tuer un Irlandais pour obtenir le mien. »

 Ce premier tome se lit à une vitesse folle : David, dont nous suivons le parcours (écrit à la première personne) est d’un culot incroyable : repoussant les limites du possible en termes d’audace et de cran. Son courage ou plutôt son inconscience vont donner des sueurs froides à de nombreux lecteurs. Encore une fois, les personnages décrits sont d’une efficacité redoutable et on s’y attache inexorablement.

 Lire Cœur d’Acier, c’est comme voir un film à grand spectacle : on imagine sans mal les effets visuels décrits par l’auteur et l’intrigue est d’une efficacité sans failles, captivante. En bref, c’est encore une fois un roman de Brandon Sanderson brillant, à croire que tous les genres littéraires lui réussissent. Un seul conseil, si vous voulez un livre auquel vous serez agrippé jusqu’à la fin et rempli de twists, courrez donc chez votre libraire vous procurer Cœur d’Acier !

Suite prévue aux Etats-Unis en automne 2014 sous le titre Firefight. Une nouvelle se déroulant entre le premier et le second tome est également parue en langue originale sous le titre Mitosis.

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