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Chronique : Les archives des collines chantantes – Tome 1 – L’impératrice du sel et de la fortune

Une superbe novella de fantasy asiatique qui nous conte l’Histoire et le destin d’un royaume au travers de ses objets. Epuré, stratège et surprenant, ce premier opus séduit en quelques pages à peine…

L’ouvrage avait remporté le Prix Hugo du meilleur roman court en 2021, le voici enfin en France sous le beau et mystérieux titre L’impératrice du Sel et de la Fortune. Son autrice, Nghi Vo, est américaine, il s’agit de son premier ouvrage publié en France.
A l’occasion de la parution de cette nouveauté, L’Atalante a mis les petits plats dans les grands en proposant deux versions différentes de l’ouvrage : une normale, et une autre collector avec couverture reliée, texture peau de pêche et signet en tissu inséré dans la reliure. Un écrin tout à fait à la hauteur du contenu.

Le destin d’une impératrice venue d’ailleurs

Au travers d’un dialogue entre deux personnages que rien ne lie, nous découvrons peu à peu la vie et le destin de l’impératrice du Sel et de la Fortune. Chaque chapitre s’ouvre à nous lors de la présentation d’un objet particulier qui apporte son lot d’histoire et de révélations sur qui était l’impératrice et les sacrifices qu’elle a fait pour son peuple. Mais au fil des chapitres, on sent se profiler autre chose que l’histoire officielle…

Tout en subtilité et en beauté

Voilà longtemps que je n’avais pas lu un texte aussi atypique et beau tout à la fois. C’est le genre d’ouvrage que l’on commence sans réellement savoir où il va nous mener, mais qu’une fois fini, on veut relire encore et encore. Sa mythologie semble simple en apparence, mais il n’en est rien, de même pour les très nombreux enjeux et symboles sous-jacents. Chaque mot est pesé, chaque objet choisi avec soin. Tout n’est pas dit, il vous faudra vous approprier cette lecture et mener de vous-même votre propre investigation… Et encore, il ne s’agit que du premier tome. Je gage que les titres suivants seront au moins aussi captivants et oniriques que ce premier opus !

Et que dire des nombreuses scènes marquantes et touchantes de cet ouvrage ? Elles sont nombreuses, et c’est en cela que je trouve cet ouvrage remarquable. Le texte fait à peine plus de cent pages, et pourtant il a réussit à m’entraîner dans des légendes créées de toutes pièces que j’avais envie d’écouter, de découvrir et même de m’y abreuver. Je voulais percer les mystères de cette impératrice maline et secrète qui n’est pas ce qu’elle semble être.

Impossible d’en dire plus car c’est le genre d’ouvrage qui se découvre réellement par la lecture, avec un univers qui s’infuse lentement. Ce premier tome est ainsi une vraie belle découverte et j’ose espérer que les suites arriverons relativement rapidement ! Au total, ce sont cinq tomes qui sont prévus, avec des couvertures tout aussi magnifiques que ce premier opus, toutes signées Alyssa Winans.

AUTEUR :
GENRE : Fantasy, LGBTQIA+
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Comment se passe ton été ?

Un très bon recueil de nouvelles qui nous viennent tout droit de Corée. Un très bon ouvrage, parfait pour se familiariser avec cette littérature unique et marquante à bien des égards…

Kim Ae-ran est une romancière sud-coréenne, six de ses romans sont déjà parus en France, la majorité étant parue aux éditions Decrescenzo (spécialisées dans la traduction d’ouvrages exclusivement coréens).

Elle a ainsi écrit : Cours papa, cours !, Ma vie dans la supérette, Ma vie palpitante, Coktail sugar et autres nouvelles de Corée

Quatre nouvelles inclassables et marquantes

Des univers très différents avec un point commun : une atmosphère délétère, lourde, unique. Dans ces quatre histoires, vous découvrirez un bel échantillon de la littérature coréenne. Entre pureté et atmosphères de fin du monde, voici de quoi vous faire un bel avis sur cette littérature venue d’ailleurs…

Je vous propose ici de découvrir chaque nouvelle autour d’une mini-chronique dédiée ci-dessous.

Les Goliath aquatiques :

La Corée (mai cela aurait pu être n’importe quel autre pays) ne semble plus exister dans ce terrible paysage de fin du monde : « Le pays tout entier était en travaux avant la catastrophe ». Un fils et sa mère habitent un immeuble délabré qui peu à peu se vide de ses habitants… Ils ne veulent pas partir, l’emprunt qui a permis d’acheter l’appartement vient d’être payé après des années de privation. Mais pourront-ils rester ? Les jours passent et le tableau s’assombrit de plus en plus dans une ambiance de mort et de pourriture.

Cette nouvelle a beau être très sombre, elle est superbe. Très triste, mais percutante. En quelques phrases à peine, c’est tout un paysage, des visages, des émotions qui nous apparaissent. Les goliaths aquatiques est un titre étrange, mais il trouve son explication en fin d’ouvrage. J’ai adoré cette nouvelle, avec ses facettes désespérées et sa conclusion très ouverte. Il y a des scènes absolument mémorables qui en font une histoire très forte.

Comment se passe ton été ? :

Cette nouvelle a beau donner son titre au livre, elle est pour moi l’une des moins marquantes de ce recueil. Tout débute quand une jeune femme est contactée par son seonbae (camarade d’université plus âgé), avec qui elle n’a pas discuté depuis deux ans. Mais en ce jour spécial où elle doit se rendre à l’enterrement d’un ami, elle n’est pas disponible. Elle est cependant d’un naturel très gentil et ne peut refuser face à l’insistance de son seonbae et décide de le voir avant de partir à l’enterrement.

C’est une histoire curieuse que celle-ci. Elle est assez triste car cette jeune femme qui ne sait pas dire non s’embringue dans des situations impossibles pour faire plaisir aux autres. Elle est attachante et innocente, on ne peut pas s’empêcher d’avoir de la compassion pour elle…

Les insectes :

Tout simplement la meilleure nouvelle du recueil ! Terriblement réaliste (et effrayante), on se plonge dans l’histoire de ce couple qui attend un enfant en quelques lignes à peine. On retrouve l’ambiance de délitement et de fin du monde que l’on avait dans Les Goliath aquatiques. Mais cette fois-ci, outre l’isolement, nous avons affaire à des insectes. Pernicieux, mais extrêmement nombreux, ils vont rendre impossible la vie du couple.

On ne voit qu’eux comme personnages, rendant l’atmosphère d’isolement encore plus terrible, glaçante. Peu à peu, on découvre que les insectes prennent de plus en plus de place dans l’appartement, et dans l’esprit de la jeune femme en particulier.

Impossible de vous en dire plus à propos de cette nouvelle, mais elle est absolument géniale pour qui aime les histoires sombres… Et la conclusion en est magistrale, on a vraiment l’image finale en tête, c’est très réussit.

Trente ans :

Encore une histoire étrange me direz-vous, où l’on suit une femme qui a été « recrutée » par une entreprise très peu scrupuleuse qui n’a pas des salariés mais plutôt des esclaves… La construction de cette nouvelle est intéressante car on voit peu à peu le piège se refermer, c’est terrible (mais génial).

Encore une fois, la conclusion est fort bien trouvée, toujours aussi sombre, mais c’est justement cela qui est intéressant…

……

En somme, pour qui ne connaît pas la littérature coréenne et n’a pas envie d’un roman complet, un recueil de nouvelles peut être une parfaite entrée en matière. Par contre, il faut aimer les histoires à l’ambiance délétère (comme c’est souvent le cas dans les œuvre coréennes).  Personnellement, j’adore, d’autant qu’elles sont très réussies.

Chronique : Des hommes sans femmes

Un recueil de nouvelles signé Haruki Murakami… et comme toujours, une franche réussite pour qui aime cet auteur et son univers.

Les éditions Belfond viennent de publier le tout nouvel ouvrage de Haruki Murakami il y a quelques jours à peine. L’auteur japonais est de retour avec non pas un roman, mais un recueil de nouvelles.

Le format de la nouvelle est un bon moyen de découvrir un auteur, surtout quand on sait que Haruki Murakami n’en est pas à son premier coup d’essai. Il avait précédemment écrit Saules aveugles, femme endormie, ou encore Les attaques de la boulangerie (une de mes nouvelles favorites), Sommeil (une de ses nouvelles les plus étranges…) et L’étrange bibliothèque.

Avec Des hommes sans femmes, ce regroupement de textes nous parle d’hommes très différents dont le point commun est de ne pas vivre avec une femme, bien qu’ils les côtoient tous de façon très distinctes.

Des tranches de vies touchantes et pour certaines mémorables

« Ce que je veux aborder avec ce recueil ? En un mot, l’isolement et ses conséquences émotionnelles. Des hommes sans femmes en est l’illustration concrète. C’est le titre qui m’a d’abord saisi – bien sûr, le recueil éponyme d’Hemingway n’y est pas étranger -, et les histoires ont suivi. Chacune de ces histoires est venue en résonance du titre. Pourquoi Des hommes sans femmes ? Je n’en sais rien. D’une façon ou d’une autre, ce titre s’est enraciné dans mon esprit, comme une graine déposée dans un champ par le hasard du vent. »

Cette présentation de l’ouvrage par Haruki Murakami lui-même explique parfaitement ses intentions et les façons dont s’articulent les nouvelles. Tout est dans ces quelques lignes.

Dans ce recueil, ce sont ainsi sept nouvelles très différentes qui vous attendent. Certaines étranges, d’autres d’une tristesse infinies, mais avec un cœur commun : le trou béant laissé par l’absence des femmes.

L’une de celles qui m’a le plus plu est sans conteste Shéhérazade. De cette femme qui raconte certains épisodes de sa vie à son amant, on ne sait que le peu qu’elle nous donne. Elle dit qu’elle fut une lamproie dans une vie antérieure, mais aussi que dans son adolescence, c’était une Voleuse d’amour. Ses différentes histoires ont un pouvoir fascinant sur nous lecteur, et on meurt d’envie d’en savoir plus sur cette femme étrange et son amant, qui semblent réunis par un mystérieux commanditaire. Le fait que le mystère plane de bout en bout dans cette nouvelle nous laisse un sentiment diffus de plaisir et d’insatisfaction mêlée, c’est juste parfait.

L’autre nouvelle qui a su me marquer est celle de ce chirurgien esthétique qui a toujours vécu entouré de nombreuses amantes : Un organe indépendant. Son histoire est belle, triste, et d’une simplicité rare. C’est percutant et d’une mélancolie inouïe, comme seuls les japonais en ont le secret…

….

Chaque histoire courte est ainsi une incursion dans le cœur des hommes, si dépendants et amoureux des femmes (certains l’ignoreront toute leur vie dans certaines de ces histoires). L’écriture de Haruki Murakami réussit encore une fois à nous captiver avec des mots simples et une ambiance si particulière. C’est une réussite, et c’est à découvrir que vous soyez ou non adepte du format de la nouvelle, tout simplement pour (re)découvrir un auteur qui n’a pas fini de fasciner et de plaire par sa sobriété et son talent.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Actualité éditoriale : La rentrée littéraire 2016 des éditions Picquier

En dehors des gros tirages et des livres très attendus de cette rentrée, il y a quelques romans qui méritent que l’on s’y attarde, que l’on se penche dessus avec un intérêt tout particulier. Ils seront beaucoup moins médiatisés, mais tout aussi tentants que d’autres.

Alors, pour découvrir une autre rentée littéraire, les éditions Philippe Picquier me semblent absolument parfaites. Et pour cette rentrée 2016, ils ont deux belles nouveautés très tentantes…

Jardin arc-en-ciel (2)Le jardin arc-en-ciel de Ito Ogawa  – Parution le 2 septembre 2016

Cet ouvrage annonce le grand retour d’Ito Ogawa en France ! Il s’agit de son troisième roman à paraître chez nous. Elle s’était fait connaître grâce à son roman touchant et culinaire : Le restaurant de l’amour retrouvé, qui avait beaucoup marqué les esprits par son côté très universel et plein de simplicité. C’est un roman qui avait su plaire à un public féminin et masculin, et qui fait partie de ces livres extrêmement positifs et bienveillants. Elle a par la suite sorti un autre roman nommé Le ruban, je ne l’ai pas encore lu, mais je dois avouer qu’il ne m’avait pas vraiment tentée.

Avec Le jardin arc-en-ciel, on sent qu’Ito Ogawa va renouer avec les ingrédients qui l’avaient rendue si populaire dans son pays et ailleurs ! D’ailleurs, l’ouvrage est déjà sélectionné pour Le Prix du roman Fnac 2016.

Cette parution s’annonce donc sous les meilleurs auspices, et je suis personnellement convaincue qu’elle va être géniale.

Jardin arc-en-ciel (1)Présentation de l’éditeur :

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus. Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.

Il y a quelque chose de communicatif dans la bienveillance et la sollicitude avec lesquelles la famille accueille tous ceux qui se présentent : des couples homosexuels, des étudiants, des gens seuls, des gens qui souffrent, mais rien de tel qu’un copieux nabe ou des tempuras d’angélique pour faire parler les visiteurs ! Tous repartiront apaisés. Et heureux.

Pas à pas, Ogawa Ito dessine le chemin parfois difficile, face à l’intolérance et aux préjugés, d’une famille pas comme les autres, et ne cesse jamais de nous prouver que l’amour est l’émotion dont les bienfaits sont les plus puissants. On réserverait bien une chambre à la Maison d’hôtes de l’Arc-en-ciel !

Soudain, j'entends la voix de l'eauSoudain, j’ai entendu la voix de l’eau de Hiromi Kawakami – Parution le 6 octobre 2016

Peut-être connaissez-vous déjà Hiromi Kawakami, elle est l’auteur de très nombreux romans aux éditions Picquier : Les années douces, Le temps qui va, le temps qui vient ou encore Les 10 amours de Nishino, c’est elle !

Je n’ai encore jamais rien lu de cette auteur, mais je dois avouer que le résumé de sa nouveauté est extrêmement tentant et me rend curieuse… Affaire à suivre donc…

Présentation de l’éditeur :

Le roman se déroule à Tokyo en 2013. La narratrice Miyako, 55 ans, et son frère Ryo, 54 ans, tous deux célibataires, retournent vivre dans la maison de leur enfance. Très vite, le lecteur découvre l’amour incestueux qui unit les deux personnages, et suit la narratrice dans les va-et-vient d’une pensée qui retrace l’histoire familiale.

Il est question du petit magasin de papier hérité par leur oncle que Myiako et Ryo appelaient « Papa », de Takeji, leur père biologique et apprenti au magasin, de leur mère, fille illégitime d’une maîtresse.

L’auteur tisse ainsi la toile délicate des relations familiales, l’équilibre fragile d’un amour, celui d’une soeur et d’un frère en retrait du monde et dont la tranquille existence est secouée d’événements historiques – l’attentat au gaz  sarin du métro de Tokyo de 1995 auquel échappe de justesse Ryo ou encore le tremblement de terre de 2011 -. Ils décident un jour de vendre la maison familiale.

Le roman d’une styliste qui tisse sous nos yeux la toile ténue de l’existence et n’en révèle le murmure qu’avec pudeur à un lecteur qui retient son souffle. Cet ouvrage a reçu le prix Yomiuri.

Chronique Album Jeunesse : Toile de dragon

Toile de dragonUne belle histoire ayant pour toile de fond l’Art dans sa plus grande pureté

Magnifique album jeunesse paru aux éditions Philippe Picquier en octobre 2014, Toile de dragon est écrit par Muriel Zürcher et dessiné par Qu Lan.

L’histoire est celle d’un jeune garçon passionné par le dessin… à tel point que même quand il n’a pas de papier, il se sert de supports très originaux.

Le nom de Muriel Zürcher vous dit peut-être quelque chose et c’est bien normal : il s’agit de l’auteur de la trilogie Le Tourneur de Page aux éditions Eveil et Découvertes.

L’illustratrice Qu Lan est d’origine chinoise et a déjà quelques ouvrages à son actif. On lui doit Aquarelles de Chine ainsi que l’album jeunesse Le chat bonheur.

Toile de dragon (3)Une passion du dessin hors du commun

Thong-Li est un petit garçon comme les autres à une exception près : il adore le dessin à un tel point qu’il dessine partout. Dans la poussière par exemple, il fait vivre tout un paysage grâce à sa passion qui le pousse à l’exercer partout.

Mais le jour où le jeune garçon reçoit en cadeau un bâton d’encre, une pierre pour l’écraser et un pinceau fin, sa vie va être bouleversée. Lui qui n’a jamais eu de papier va se servir de son coffret de dessin sur l’un des seuls supports qu’il a à disposition chez lui : les toiles d’araignées.

C’est ainsi qu’un jour l’Empereur entend parler de ce fameux garçon dessinant de magnifiques dragons sur les toiles d’araignées et décide de le faire venir à la demeure impériale. Il lui fixe alors un objectif presque impossible : dessiner dans chacune des milles pièces qui composent le palais un dragon par jour sur une toile d’araignée…

Si Thong-Li réussi, il sera couvert de richesses… sinon c’est la mort qui l’attend. L’empereur ne faisant pas dans la demi-mesure.

Toile de dragon (2)Une histoire mélancolique sublimée par des dessins de toute beauté

L’histoire de Toile de Dragon fait penser aux contes de fées, avec leurs héros auxquels ont donne des objectifs impossibles. Ici, le défi de peindre quotidiennement un dragon toujours plus beau que celui de la veille épuise Thong-Li que l’on voit perdre sa joie de peindre au fur et à mesure de l’histoire.

Pour nous narrer ce conte contemporain aux élans asiatiques, les illustrations de Qu Lan sont parfaites et prennent le pas sur l’histoire elle-même. Douces et fines, continuellement teintées de chagrin, on peut les scruter longtemps pour s’imprégner de leur beauté. Je pense en particulier à l’image représentant Thong-Li agenouillé avec déférence devant toute la majesté de l’Empereur, ou encore à l’ultime œuvre du garçon…

 ….

En conclusion, cet album jeunesse d’une beauté triste mérite d’être lu et contemplé. Il laisse une impression douce-amère après la lecture, et donne l’opportunité de réfléchir, d’y repenser… tout en douceur. Un bel ouvrage à ne pas louper que l’on soit parent ou enfant. Les adeptes de l’Asie sous toutes ses formes (livre, roman, documentaire…) y trouveront également leur compte. Dès l’âge de 6 ans environ.

Toile de dragon (1)

Chronique BD : Contes cruels du Japon

Contes cruels du JaponLa culture nippone adaptée en bd avec talent

Recueil de courtes planches reprenant des légendes ancrées dans la culture nippone, Contes cruels du Japon est une très belle bande-dessinée pour découvrir ce pays dont les légendes sont toujours très présentes dans le quotidien de ses habitants.

Publiée aux éditions Delcourt en août dernier, l’adaptation est signée Jean David Morvan, qui a déjà adapté un texte traditionnel d’origine chinoise : Au bord de l’eau, le dessin et la couleur sont quand à eux signés Saito Naoki. Cette première incursion en bande-dessinée dans la culture nippone nous permet d’en apprendre un peu plus sur ses croyances.

Sept légendes cruelles et fascinantes

Les yôkai, créatures de légendes au Japon peuvent se montrer sous de nombreuses formes et possèdent de nombreux pouvoirs : fantômes, démons, créatures, etc… ce que nous propose ici cet ouvrage, c’est de nous en présenter quelques-unes de ces créatures par le biais de légendes complètement omniprésentes dans la culture japonaise.

Contes cruels du Japon planche 01La première légende est celle de Yuki-Onna (ou femme des neiges) qui est en fait une métaphore de l’hiver et du froid qui tuent de nombreux voyageurs. Elle nous conte l’histoire d’un homme piégé sur les routes enneigées qui trouve in-extremis un endroit où s’abriter… mais le refuge est hanté par la légendaire et terrible femme des neiges : la rencontre bouleversera à jamais la vie de notre voyageur. Une belle légende dont la leçon est aussi simple que percutante.

En tout, six légendes du Japon nous sont ici présentées ; parmi les plus mémorables ont peu énoncer celle fantômes d’anciens combattants japonais qui hantent les vivants jusqu’à les posséder ou les rendre fous : c’est ce qui arriva à un jeune joueur de biwa (luth traditionnel japonais).

Une autre légende magnifique est celle du cerisier du 16ème jour qui nous compte l’histoire d’un homme valeureux ayant perdu tout ce qu’il aime au monde, excepté son cerisier… mais ce dernier commence à se mourir…

Le dessin de Saito Naoki est de tout beauté, entre le manga et la bande-dessinée, son trait est beau, net et précis. La grande force des dessins réside surtout dans leur couleurs et les palettes de dégradées utilisées. Au cours d’une des légendes, ont tombe parfois sur une pleine-page dédiée à une seule image, et dont le travail est très recherché, détaillé.

Toujours teintée de mélancolie et de cruauté, à l’image de nos contes européens, les légendes japonaises nous apportent un sentiment de petitesse et de sagesse retrouvée qu’il serait dommage d’ignorer. Un plaisir pour l’âme et pour les yeux qui fait de cet ouvrage un indispensable.

10/10

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

 

Chronique : Tokyo ne dort jamais

tokyo ne dort jamaisUn court roman incisif, percutant, vivant

Après la nuit des Yakuzas chez Flammarion, Anne Calmels poursuit les aventures de Toshi dans la mafia nippone avec le titre Tokyo ne dort jamais. Ce second opus est lui aussi publié chez Flammarion, dans la collection Tribal, destinée à des lecteurs de 13 ans et plus, mais il n’est en aucun cas nécessaire d’avoir lu le premier pour apprécier le texte.

Dans un Japon vif et étouffant

Toshi vient de s’enrôler dans la mafia Japonaise sur les traces de son père chef de gang, mais il doit encore faire ses preuves au sein de l’organisation pour être considéré comme un vrai Yakuza.
Tout commence par une réunion entre gangs, un regard échangé avec une serveuse, un incident, la honte de Toshi face à son inaction…

Le lecteur se retrouve mêlé à de sombres histoires d’immigrés clandestins, de guerres entre gangs japonais (Yakuzas) et chinois (Snakehead), d’intrigues, le tout à un rythme effréné.

Dans ce roman qui démarre au quart de tour dans une ambiance électrique, le lecteur ne peux qu’être immergé dans l’univers japonais, magnifiquement retranscrit par Anne Calmels. L’utilisation des termes du pays : onigiri, tsuka, combini, mama-san...  apporte un vrai plus au roman, on s’y croit.
L’auteure m’a fait retrouver la nostalgie de ce pays où je suis déjà allée. Sa façon de conter les modes de vies, les attitudes de cette population si fascinante, ses croyances : le voyage est plaisant, immersif.

Mais qui est vraiment Toshi ?

L’évolution de la façon d’être de Toshi se remarque de plus en plus au fil des pages, elle est d’ailleurs d’autant plus frappante quand on a lu la nuit des Yakuzas : de victime, il passe à commanditaire.
Plus qu’un simple roman d’aventures et de fricotages bien ficellé et mis en scène comme un petit thriller, Tokyo ne dort jamais est un roman tourné vers la personnalité, l’introspection, le côté bon et la face obscure que chacun cache en soi. Car Toshi ne sait plus vraiment où il en est, il ne se reconnait plus. Est-il un méchant type rempli de bonnes intentions ou est-il un criminel en puissance ?
Ces réflexions en amenant d’autres au lecteur lui-même : qu’est-ce que la définition du mal ? où s’arrête la légitime défense, où commence le crime ?
Tout ces questionnements rendent le roman angoissant, éprouvent le lecteur avide de réponses.

Tokyo ne dort jamais est un bon roman pour découvrir les ruelles sombres de la capitale Nippone que l’on voit d’un autre oeil… qui sait si derrière un petit restaurant de ramen ne se cache pas le quartier général d’une grandes organisation mafieuse…

Ce second tome vous fera donc passer un très agréable moment et vous donnera peut-être envie retourner au pays du soleil levant par le biais d’autres livres ?

Chronique Jeunesse : Contes Japonais – L’homme au miroir

Contes Japonais l'homme au miroirEh bien pour une première lecture des contes nippons, je ne suis pas déçue, et plutôt même ravie ! On rentre dans un univers différent des contes de d’habitude, et ce n’est pas déplaisant. Les traducteurs se sont servis des textes originaux pour ce receuil de contes japonais, et on vraiment essayés d’être les plus fidèles possible à l’histoire dans sa langue d’origine.

Ce livre contient 4 contes : Le pêcheur et la tortue, Histoire de chats, Petit Bonhomme, La princesse affublée d’un bol et L‘homme au miroir.

Les trois premiers contes sont connus de tout les japonnais, ce qui en plus, ajoute à notre culture un petit air d’Asie, ainsi qu’à la culture des enfants. En somme de beaux contes, qui nous font voir une autre face des contes et légendes (à partir de 9 ans).

De plus, les illustrations, typiquement dans un style graphique japonais, sont très jolies et nous font vraiment plonger dans une autre culture. C’est aussi magique qu’exotique… !

Chronique : Balades Indiennes

Balades indiennesCette œuvre est un recueil de nouvelles venant d’Inde et écrit par des auteures d’origine indienne. Ce sont des histoires contemporaines dans l’air du temps, mais avec une culture indienne qui est confrontée à l’occidentalisation de ses codes.

Chitra Banerjee Divakaruni a écrit La maîtresse des épices ou encore le roman Mariage arrangé. Anita Nair a quant à elle écrit entre autres Quand viennent les cyclones, ou Compartiment pour dames. Bulbul Sharma enfin est connue pour ses romans La colère des aubergines ainsi que Mes sacrées tantes. Leurs courts récits sont le reflet d’une société indienne en pleine métamorphose.

Dans Balades indiennes, on  découvre ainsi qu’en Inde, les femmes sont parfois obligées par leurs familles à avorter quand on apprend que leur premier enfant est une fille, ce qui est horrible, mais bien réel. Mais d’autres on eu la chance de pouvoir se cacher, et de partir loin de leur famille et de celle de leur mari. Une par exemple, à la chance d’avoir choisi son mari, de culture indienne tout comme elle, mais la vie n’est pas toujours rose quand même, elle s’en rend compte à ses dépends… Ainsi, chaque histoire nous raconte une partie de la culture Indienne, bien complexe dont on ne peut qu’apercevoir un pan ténu, mais fascinant.

En conclusion, Balades indiennes est un recueil de nouvelles prenantes et de toute beauté qu’il ne faut pas manquer. De plus, le livre se lit vraiment très rapidement pour ceux qui auraient envie d’explorer une autre littérature, c’est un bon début.