Archives de l’auteur : Laura

Chronique : L’été circulaire

Un roman violent sur la misère absolue dans la France d’aujourd’hui… terrible et marquant.

Marion Brunet est une autrice française, elle écrit principalement pour la jeunesse et les adolescents. Elle s’est fait connaître notamment pour son roman Dans le désordre (Sarbacane, collection Exprim’).

Pour la jeunesse, elle a écrit la chouette série de l’ogre : L’ogre au pull vert moutarde, L’ogre au pull rose griotte et L’ogre à poil(s).

L’été circulaire est son premier roman à destination des adultes, il est paru initialement aux éditions Albin Michel avant de sortir il y a peu chez Le livre de poche.

Une famille sans le sous et avec guère de culture…

Nous sommes dans le sud de la France. Pour Jo et Céline, la première éducation, c’est l’école de la vie. Avec des parents qui laissent peu de place aux sentiments (du moins les positifs), les deux sœurs sont livrées à elles-mêmes. La mère est dure, et assez effacée. Le père boit pas mal, et peut vite devenir violent si il n’obtient pas rapidement ce qu’il veut.

 Leurs filles sortent à tout heure, font à peu près ce qui leur chante… Johanna (ou Jo) a quinze ans et même si elle semble totalement déphasée, elle a malgré tout la tête sur les épaules. Tout le monde la trouve cependant bizarre, effrontée, et elle se fait souvent harceler pour être encore sortie des sentiers battus.

Malgré tout, c’est par Céline que le drame va arriver, quand sa mère découvre qu’elle est enceinte… s’ensuit alors les coups du père pour savoir de qui est l’enfant, face à une Céline obstinée et muette…

Comment en est-on arrivé là ? Et que va devenir cette famille déjà fortement dysfonctionnelle ?

Un roman noir plus qu’un polar

Avant de continuer, je tiens à préciser que malgré la collection dans laquelle est catalogué le roman- à savoir « policier » – il ne s’agit pas du tout d’un polar ou d’un thriller. Nous sommes dans le plus pur style du roman noir. Ici, pas de suspense à couper au couteau, mais une intrigue qui suit la vie de cette famille en détresse à tous points de vue.

Manque d’argent, de culture, on sent qu’il est impossible pour eux de s’élever un tant soit peu de leur condition. Dès qu’il arrive quelque chose de bien à un voisin, on le hait, on le jalouse, et on ne se remet surtout pas en question…

Je ne sais pas comment Marion Brunet a fait pour coller comme cela à ce qui m’a semblé être la réalité, mais elle a réussi un coup de maître. Ecriture efficace, à l’acide, d’une cruauté à la hauteur de ce que la société fait subir à Céline et Jo…  C’est beau et violent à la fois. Si vous aimez les romans ancrés dans la société et ce qu’elle a de plus sombre, L’été circulaire pourrait vous intéresser et vous plaire.

Alors, certes ce n’est pas un polar, mais ça se lit comme tel. On meurt d’envie de savoir ce que vont devenir ces deux gamines larguées par la vie et qui sont constamment livrées à elle-même. Céline en particulier, dans sa naïveté absolue et son manque d’envie pour tout en devient touchante… Mais ma préférée restera Jo, une véritable héroïne que le monde ignore… Mais vous, vous saurez que c’en est une rien qu’en la découvrant… Superbe de noirceur.

Chronique jeunesse : Le génie de la lampe de poche

Si tu rêves depuis toujours d’avoir un génie pour exaucer tes souhaits, celui-ci pourrait bien calmer tes ambitions !

Écrit par Émilie Chazerand (l’autrice du génial roman La fourmi rouge, l’un des meilleurs romans pour ados de tous les temps… oui, je pèse mes mots !), et illustré par Joëlle Dreidemy (qui avait déjà fait les dessins de la Sorcitresse), voici Le génie de la lampe de poche ! Et si vous pensiez avoir une histoire à la façon Aladin, c’est complètement raté (mais génial, vous suivez ?). 

La colo c’est cool ! … Ou pas

Le jeune Vladimir Poulain n’est pas content, on pourrait même dire qu’il est extrêmement déçu. Sa mère a décidé de l’envoyer en colonie de vacances… et ça ne plaît absolument pas à notre jeune (et fringuant) narrateur ! Et encore, si il savait… Le dépliant que sa mère lui a mis sous le nez est totalement mensonger. Plutôt qu’un petit endroit de paradis, c’est un enfer auquel va devoir survivre Vladimir… Entre un moniteur totalement irresponsable et une cuisinière qui prépare des plats immondes, les enfants sont très mal lotis… et ce n’est que le début. A moins, qu’un génie de lampe de poche change la donne ? Pas si sûre… 

Dynamique, pétillant et complètement WTF 

Ils sont rares les romans de la collection Pépix où l’autrice se lâche autant… et franchement, ce n’est pas pour déplaire. Déjà que le ton de base des ouvrages de la collection est souvent drôle et irrévérencieux, ici, on est au summum du genre !

Point de temps mort dans l’histoire, mais il est vrai que le génie tarde à apparaître, et c’est tant mieux. Cela nous oblige à patienter, et surtout, on est presque surpris quand il entre en scène… on l’avait presque oublié !

Alors, qu’est-ce qui est le plus génial dans ce livre génial ? J’hésite. La cantinière qui fait peur à tous les gosses et qui fait des plats immondes ? Ou le mono totalement incompétent qui les mène peu à peu à leur perte ? Ou ce fameux génie un tantinet désagréable et carrément catastrophique qu’il vaut mieux ne rien lui demander ? Mon cœur balance… 

C’est donc un excellent Pépix que voici-là. On passe un excellent moment et je suis persuadée que les enfants également ! A découvrir dès l’âge de 9 ans environ. 

Au fil des librairies : Le bonheur à Montrouge

Il y a quelques mois, une nouvelle librairie est née à Montrouge. Son doux nom est Le bonheur, comme une invitation à être heureux en passant la porte… et à le rester en partant avec leurs ouvrages coup de cœur.

La déco simple mais très esthétique de la boutique est très jolie. On s’y sent un peu comme à la maison je trouve… beau et sans chichis.
La librairie propose également des produits « à côté » de l’univers du livre. De beaux criteriums qui viennent du Japon (ils sont beaux et c’est du costaud), ou encore de magnifique couvre-livre en tissu… J’ai d’ailleurs craqué, j’en ai acheté un !

Alors, si ce n’est pas déjà fait, allez parcourir les allées lumineuses du bonheur !

Mini-chroniques #3 : Le Royaume-Uni à ses heures les plus sombres, une fin d’aventure historique, une dystopie étrange et tout plein de gnomes

Alors, il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un nid de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

L’hiver du mécontentement – Thomas B. Reverdy – Flammarion

Paru lors de la Rentrée Littéraire 2018, L’hiver du mécontentement nous raconte l’ambiance particulière dans laquelle baignait le Royaume-Uni 1978… C’était juste avant l’élection de Margaret Thatcher, le pays risquait de basculer à tout moment dans une révolution. Il y avait de nombreuses grèves, et c’est presque une atmosphère apocalyptique qui transpirait du pays à cette époque…

C’est ainsi que l’on assiste à l’ascension fulgurante de cette femme à l’accent fortement prononcé qui vient des petites gens. Elle va tout faire pour que ce marqueur d’appartenance modeste ne s’entende plus en assistant à des cours de diction avec un professeur particulier de théâtre. C’est dans ce contexte que l’on suit la jeune Candice, qui elle se prépare à jouer dans un Richard III uniquement interprété par des femmes. Les deux personnages de ce roman vont brièvement se croiser, mais jamais interagir…

D’où vient le titre de cet ouvrage ? D’un journaliste du Sun, Larry Lamb, qui nomma ainsi la période de trouble dans laquelle était le Royaume-Uni. C’est lui aussi qui surnomma Margaret Thatcher the Milk-Snatcher – la voleuse de lait – quand celle-ci fit supprimer le verre de lait que l’on donnait aux enfants dans les écoles publiques.

Histoire en pointillés d’une montée au pouvoir fascinante, on en vient presque à regretter les passages avec Candice, tant les anecdotes sur l’élection de La Dame de Fer sont intéressantes.

Image emblématique de la campagne de Margaret Thatcher dont le roman de Thomas B. Reverdy parle très bien.

L’île des damnés – Arthur Slade – MSK

Quatrième et dernier tome de la saga Les agents de M. Socrate, on retrouve avec plaisir les personnages charismatiques et originaux d’Arthur Slade.

Cependant, je ne me sentais pas de faire une chronique complète, donc voici une mini-chronique qui suffira amplement.

Alors que les trois premiers tomes étaient franchement bons, ce dernier opus a selon moi manqué d’envergure. On sent que le dénouement a été accéléré pour boucler le cycle, et c’est fort dommage car cela nous mène à une énième lutte finale entre le bien et le mal dont on se serait bien passé… Un peu trop manichéen et cousu de fil blanc malheureusement. La conclusion n’est pas la hauteur de la série, que je vous conseille toutefois vivement de découvrir !

Entre l’action, le fantastique et le polar, le tout sur fond d’espionnage et de sociétés secrètes en pleine période victorienne, avouez que ça a tout pour plaire !

Les yeux d’Aireine – Dominique Brisson – Syros

Quel roman étrange que celui-ci ! Je n’arrive toujours pas à savoir si j’ai aimé ou non, même après avoir laissé un long moment entre la lecture et la chronique. L’histoire est celle de notre société, même si on ne connait pas exactement l’année, on sent qu’on est dans un futur proche… Et sans en dévoiler plus, sachez qu’Aireine va découvrir un journal qui va bouleverser sa vie et sa vision des gens qui l’entoure. Elle va se méfier de tout le monde, y compris de ses propres parents, de ses professeurs… En fait, tous les adultes sont devenus des ennemis potentiels. Et la seule solution est de ne plus jamais les regarder dans les yeux. Ou alors, il lui faudra fuir…

Dans ce roman aux allures de dystopie sociale, il est difficile de savoir qui prêche le vrai du faux, Dominique Brisson y veille avec talent. J’ai beaucoup aimé la première partie de l’ouvrage, qui nous plonge dans cette aura de mystère au niveau mondial dont nous sommes les seuls à ne pas être au courant semble-t-il…

La seconde partie est également très bien… mais j’ai trouvé que la fin faisait un énorme contresens avec tout ce qu’Aireine prône depuis le tout début de son roman.

Si l’auteure lis un jour ces lignes, je serais curieuse d’en parler avec elle ! Même chose si vous avez lu l’ouvrage, on peut en discuter pour confronter nos interprétations.

Bardad le gnome – Bruno Lonchampt – Sarbacane, collection Pépix

Voici un Pépix que pour une fois je n’ai pas apprécié. Peu drôle – selon moi – peu original, on y retrouve un jeune gnome tombé amoureux d’une elfesse (la sonorité du mot me dérange !) qui va tout faire pour conquérir son cœur… Bon. Rarement j’ai aussi peu aimé un roman de cette collection, mais celui-ci ne m’a plu à aucun moment…

Et comme ce n’est pas la première fois que je m’essaye à un roman de Bruno Lonchampt, et que c’est la seconde fois que je suis déçue… (avec Les évadés du bocal dans la collection Exprim’). Je crois que je vais arrêter d’essayer de lire cet auteur, qui ne correspond pas à mes goûts littéraires… Cela arrive…

Chronique album jeunesse : Les petits sentiers d’Obaasan

Ou comment découvrir les petits plaisirs de la vie par une grand-mère nippone…

Paru en mai 2016 aux éditions Picquer Jeunesse, Les petits sentiers d’Obaasan nous décrit l’art de vivre, les habitudes, d’une grand-mère japonaise. Le texte est signé Delphine Roux (déjà chroniquée ici pour [Kokoro], Bonne nuit, Tsuki-san !, et même interviewée ici), l’illustration très fine est quant à elle réalisée par Pascale Moteki (qui avait fait les dessins de Bonne nuit, Tsuki-san !).

L’histoire d’une grand-mère que l’on aurait tous aimé avoir…

Au travers de quelques mots forts, on nous propose de découvrir Obaasan (grand-mère en japonais). C’est par le point de vue d’une petite fille de huit ans que l’on découvre cette grand-mère affectueusement nommée Obaasan.. Conté de façon douce et enfantine, cet album est un magnifique prétexte pour apprécier les petits plaisirs simples que nous offre le quotidien.

Un bel album pour faire découvrir le Japon aux plus jeunes

Grâce à cette histoire sous forme d’album aux parties très courtes (ou double page tout au plus), on découvre ce qu’est le quotidien au Japon par excellence. La première partie nous conte la rencontre de la petite fille (la narratrice) avec Obaasan, puis on passe au portrait de cette grand-mère attachante. Puis vient la découverte de la machiya (maison en bois typique des centres-villes japonais), puis les douceurs telles que le gâteau thé matcha dont la recette est incorporées à l’histoire même !

Pour ceux qui ont lu le court roman de Delphine Roux intitulé [Kokoro], on reconnaît bien là sa mise en page. Comme dans son roman, elle se sert d’un seul mot de vocabulaire (et sa traduction en japonais qui l’accompagne) pour introduire le thème principal de son chapitre. Et encore une fois, ça fonctionne très bien.

Et même si c’est un peu triste et mélancolique, ma partie préférée reste Le départ (出発). La dernière partie enfin, sur la joie (喜び) est elle aussi très plaisante. On y parle avec une poésie infinie du dernier voyage d’Obaasan « Obaasan est partie à cent deux ans coudre des guirlandes de nuages dans le ciel de Kyoto ». C’est fou comme c’est beau et triste à la fois…

Enfin, les illustrations fines et précises de Pascale Moteki illustrent à merveille cet ouvrage qui fait honneur au Japon. Seul petit bémol, je trouve que les yeux d’Obaasan ont parfois un côté dérangeant. Elle n’a jamais de blanc d’œil ou de pupille, et ça fait un peu peur je trouve… (cf image ci-contre) mais c’est bien là ma seule remarque sur le dessin que je trouve très beau par ailleurs.

En somme, pour tous les parents amoureux du Japon et qui souhaitent transmettre cette passion par tous les moyens, cet album est idéal. A lire aux enfants dès l’âge de 6 ans minimum, puis à savourer sans modération aucune !

Chronique album jeunesse : Déluge chez les fourmis

Un magnifique album pop-up qui vous fera découvrir la journée trépidante d’une fourmi sous la pluie !

Voici le nouveau pop-up signé par l’illustratrice/ingénieure papier elmoDIE ! Après les livres animés remarqués Matelot à l’eau et Par-delà les nuages, voici Déluge chez les fourmis ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les animations de ce livre pop-up sont magnifiques…

Une journée pluvieuse chez les fourmis

La vie de fourmi n’est pas de tout repos ! Entre la recherche de nourriture, son rapatriement à la fourmilière et le contournement des nombreux obstacles, les fourmis n’ont pas un instant à elles…  Et aujourd’hui, c’est pire encore (et dangereux…) car il pleut !

Un album aux animations superbes pour découvrir la vie des fourmis…

Avouons-le tout de suite, cet album est à découvrir pour ses animations plus que pour son histoire (qui est extrêmement brève). Mais les images qui se déploient en volume sous nos yeux valent vraiment le détour ! C’est un des plus jolis pop-up de l’année 2017 en termes de travail et de réalisation dessus (juges plutôt les photos !).

Seul petit bémol, des images plus colorées auraient pu être plus sympathiques pour l’album. Quatre couleurs seulement, ça le rend quelque peu austère avec uniquement du vert, des nuances de gris, du blanc, et du noir. Après, ce choix peu s’expliquer facilement, donc ce n’est pas un jugement, mais un plus un point de vue personnel.

Au travers donc de six pages pop-up et une avec des flaps (volets à soulever), c’est la vie des fourmis qui se révèle fort esthétiquement à nous. Les traits d’elmoDIE sont magnifiques, nets, précis… C’est un véritable régal pour les yeux !

A lire/offrir aux enfants dès l’âge de 5 ans, puis sans limite… Après tout, même les adultes adorent les livres pop-up tant ce sont parfois des oeuvres d’art….

Pour découvrir le travail de l’illustratrice, rendez-vous sur son site : http://www.elmodie.com

Pour découvrir le travail de l’illustratrice, rendez-vous sur son site : http://www.elmodie.com
AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Le jeu du chat et de la souris

Un roman chinois qui nous conte l’histoire d’un jeune homme qui ne se découvre aucun but dans la vie… Tellement désœuvré et seul qu’il décide de tuer.

Premier roman de l’auteur chinois A Yi à paraître en France, Le jeu du chat et de la souris nous propose de découvrir la psychologie d’un tueur avant son passage à l’acte, puis dans sa fuite. L’ouvrage est initialement paru aux éditions Stock, dans la collection La cosmopolite (elle est dédiée à la littérature étrangère), puis il est a été édité en poche chez Points.

Avant d’être auteur, A Yi a été policier, puis il a décidé de tout quitter pour se lancer dans le journalisme et l’écriture.

Un roman social noir dérangeant

Nous voici dans la tête d’un jeune homme dont nous ignorerons le nom jusqu’à la fin. Pourquoi ? Peut-être parce que rien ne le dissocie de ses milliers de semblables. Il est seul, se sent inutile, n’a aucun but dans la vie… C’est ainsi que germe en lui l’idée de tuer quelqu’un. Pour vibrer et se sentir vivant ? Il y a certainement de cela… Mais comment peut-on en arriver à un tel point de solitude pour penser à tuer afin d’être remarqué ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit d’après moi… ce jeune homme ne vit pas et désir avoir enfin une existence aux yeux des autres. Et si pour cela il doit tuer, il le fera.

C’est ainsi qu’il prépare méthodiquement son plan macabre afin de piéger une camarade de classe qu’il apprécie…

Une ambiance inimitable !

Difficile de donner un avis sur ce roman qui se laisse difficilement cerner. A la fois critique des mégalopoles impersonnelles et écrasantes, et satyre de notre société qui perd tout sens, Le jeu du chat et de la souris est un inclassable.

J’ai aimé découvrir ce roman, mais pas totalement. La partie où notre étrange personnage prépare son crime est très intéressante (plus selon moi que la seconde, où il fuit les autorités). On découvre les mécanismes qui l’on mené dans cette situation sans pour autant les comprendre. Mais on se rend compte qu’à aucun moment il n’est déséquilibré… et c’est peut-être cela le plus inquiétant… Plus que comme un polar, il faut prendre cet ouvrage comme un roman noir car le cadre et la narration sont plus importants que le crime en lui-même. 

People are seen on a street in smog during polluted day in Shenyang, Liaoning province, China, December 18, 2016. (Photo by Reuters/Stringer) – Cette photo illustre parfaitement l’ambiance de l’ouvrage pour moi. Entre saleté, densité urbaine et paradoxalement, solitude.

L’ouvrage est donc rythmé, assez captivant, mais j’aurais aimé en apprendre plus sur cette Chine glauque et cachée qui nous est à peine esquissée… En apprendre plus sur cette société aux mœurs si différentes des nôtres et aux problèmes de sociétés auxquels elle fait face.

Même si c’est un roman difficile à proposer, il est intéressant. Peut-être pas assez creusé à mon goût, mais cette première incursion dans la Chine contemporaine était fascinante. A découvrir si vous êtes curieux la société chinoise et de sa culture.

PS : J’ai trouvé intéressante la note de fin de l’auteur qui s’adresse directement à nous, lecteur. C’est un peu étrange, mais je crois avoir perçu un tout petit peu de ce qu’il a voulu dire à propos de son œuvre…

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Chronique : Les nuages de Magellan

Un roman de science-fiction qui nous mène aux confins de l’espace au travers d’une intrigue mêlant piraterie et amitié inattendue 

Estelle Faye est une auteure française qui commence à avoir pas mal d’ouvrages à son actif. Elle s’est fait une spécialité d’écrire dans le domaine de l’imaginaire, que ce soit pour les adultes (Un éclat de givre, La voix des oracles…) ou les adolescents et la jeunesse (L’île au Manoir, Les nuages de Magellan…). Son œuvre est aussi atypique que très variée car elle touche à tous les genres (science-fiction, anticipation, Histoire…), ce que j’aime beaucoup.

Un vent de rébellion souffle sur la galaxie…

Le futur. L’homme a depuis longtemps colonisé d’autres planètes, la Terre elle-même appartenant aux légendes qu’on se raconte quand il se fait tard, au coin du feu ou entre deux verres. Maintenant, les planètes habitées par l’homme sont sous la coupe des Compagnies, de tentaculaires entreprises qui ont remplacé toute forme de gouvernement… 

C’est dans ce monde difficile pour les petites gens que vit la jeune Dan, serveuse (et chanteuse de blues à ses heures perdues) dans un bouiboui qui est son seul paysage depuis des années… La vie n’a pas été facile pour la jeune femme qui a déjà l’impression d’être enfermée dans sa vie. Mais un soir, après qu’une énième révolution ait échoué, elle décide de chanter une chanson en hommage aux rebelles qui sont tombés… Elle ne le sait pas encore, mais sa vie ca changer à tout jamais à cause de cet événement. Et si l’une de ses plus fidèles clientes, Mary Reed, pouvait l’aider à ses sortir de ce mauvais pas ? C’est le début d’un voyage inattendu. 

Un roman d’aventure qui tient ses promesses  

Mêlant aventure et sf avec pas mal de piraterie, la sauce prend assez vite dans ce roman vif, contenant peu de temps morts. Une bonne dose d’humour, des personnages attachants en très peu de lignes, Estelle Faye sait y faire quand il s’agit de créer un nouvel univers et des personnages charismatiques. On est tout de suite embarqués ! 

L’ambiance de ce roman m’a fait d’ailleurs pensé à l’un des mes dessins-animés préféré : La planète au trésor (pour le côté quête à travers l’espace et la piraterie très présente dans les deux œuvres). Bien que la ressemblance s’arrête là, cela m’a vraiment plu de trouver ce mélange peu traité de science-fiction mâtiné de flibusterie. 

Pour les adolescents qui aiment l’action, la sf (avec cyborgs, technologies de pointe et rafistolage) et l’aventure, c’est l’ouvrage parfait. Le duo surprenant que forment Dan et Mary Reed fonctionne très bien, et on se surprend à vouloir en apprendre plus sur Mary… qui est très mystérieuse quant à son passé ! 

Il faut être malgré tout honnête, ce n’est pas un coup de cœur massif, mais je salue le roman, qui m’a fait passer un très agréable moment de lecture. Je m’attendais peut-être à une intrigue plus ambitieuse (en termes d’échelle, mais impossible à faire en un seul tome), mais en dehors de cela rien de négatif à en dire. 

Ainsi, Les nuages de Magellan est un bon roman YA. Il sera idéal pour ceux et celles qui souhaitent lire de la sf aux alentours de 14 ans. Efficace, bien écrit, captivant, que demander de plus ? 

Chronique : Le Prix

L’histoire romancée du Prix Nobel de Chimie de 1944, Otto Hahn, père de la découverte sur la fission nucléaire… mais était-il seul à faire cette avancée majeure ?

Paru lors de la Rentrée d’hiver 2019, Le Prix de Cyril Gely est aux éditions Albin Michel. Ecrit sous forme de dialogue en huis-clos qui dure quelques heures à peine, on découvre l’histoire qui se cache derrière la grande…

A quelques heures de la remise du plus prestigieux des prix…

Otto Hahn est au Grand Hôtel de Stockholm, il attend avec fébrilité d’aller chercher le Prix qui couronnera sa carrière. Celui pour lequel il a fait tous les sacrifices, où il ne comptait pas son temps… Et où la montée d’Hitler au pouvoir a eu une influence majeure sur sa façon de travailler avec sa collaboratrice pendant plus de trente ans, Lise Meitner.

Mais à quelques heures de la remise du Prix, Lise s’invite pour le confronter à la vérité des faits… La lumière va se faire sur le contexte dans lequel Otto Hahn a découvert la fission nucléaire…

Un huis-clos fascinant !

J’ai appris tellement de choses dans ce roman qu’il m’est impossible d’être exhaustive, mais sachez que Le Prix est hautement instructif. On y apprend l’Histoire et son influence sur les avancées scientifiques dans les années 1940 en Allemagne notamment.

On découvre comment Lise Meitner a été totalement occultée de l’Histoire… et après quelques recherches, j’ai découvert que cet effet avait un nom : L’effet Matilda (définition : désigne le déni ou la minimisation récurrente sinon systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins – lien ici).

Évidemment, on en apprend énormément sur la relation fusionnelle – jamais charnelle -qu’avaient Lise Meitner et Otto Hahn et qui laissait très peu de place aux autres… y compris à la femme de se dernier, qui a su rester en retrait à son détriment. Et comment Lise Meitner a dû quitter précipitamment l’Allemagne à cause de ses origines juives, son statut de chercheuse ne la protégeant pas.

Ils ont collaboré pendant trente ans ensemble, mais c’est uniquement Otto Hahn qui a reçu le Nobel de Chimie, pire, il ne l’a jamais citée dans son discours selon le roman de Cyril Gely (je n’ai pas réussit à vérifier si cette partie est romancée ou réelle…).

Et vous voulez une dernière blague ? J’ai découvert que Lise Meitner avait eu le Prix Otto Hahn en 1955… c’est vraiment indécent.

La seule bonne nouvelle, c’est qu’elle a eu un hommage sous la forme de l’élément chimique n°109, nommé en son honneur : le Meitnérium.

En somme, Le Prix est un roman atypique et fascinant. Il nous parle d’une avancée majeure qui a changé nos vies à tous, encore aujourd’hui, et de ses nombreux secrets… C’est un roman à découvrir d’urgence que l’on aime l’Histoire ou non, il transcende les genres et les styles !

Mini-chroniques #2 : Des fées urbaines, une étrange proposition, un terrible thriller psychologique et une autobiographie marrante.

Alors, il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un nid de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

Ambition – Yoann Dubos – Snag

Quel étrange ouvrage que ce roman ! A la fois versé dans le genre de la science-fiction, du meccha et de la fantasy urbaine, vous ne serez pas au bout de vos surprises avec cet univers à nul autre pareil.

Premier roman de Y. Dubos, Ambition imagine une avenir où l’humanité n’a plus seulement la Terre pour vivre, mais de nombreuses autres planètes qu’elle a colonisé au fil des siècles et technologies.

Nous sommes en 2312, et l’homme poussant l’exploration spatiale toujours plus loin, un duo de vaisseaux est envoyé vers Proxima du Centaure pour une mission unique… Sauf que l’un deux va littéralement exploser en vol, se fracassant contre un  mur invisible et insondable que rien ne permet de comprendre.

Cet événement étrange va malheureusement avoir des répercutions inattendues sur la Terre elle-même. En effet, d’étranges créatures sont apparue, et il semble que la collision du vaisseaux à des années lumières de la Terre y soit pour quelque chose…

Ces créatures ressemblent à des humains, mais possèdent des attributs uniques : moustaches de chats, queues de scorpions, pouvoirs hors du commun, longévité folle… L’humanité vient de découvrir que les fées existaient réellement !

C’est ainsi que nous découvrons un univers riche en surprises et en bonnes idées de tous bords. Premier tome d’une série prometteuse, Ambition à le mérite de sortir des sentiers battus.

PS : L’image ci-contre est un des projets de couverture d’Aurélien Police. Il n’a pas été retenu, mais je la trouve superbe !

La Transition – Luke Kennard – Anne Carrière éditions

Que feriez-vous si on vous laissait un choix étrange pour vous sortir d’une situation très délicate ? Après avoir été arrêté pour escroquerie pour avoir vécu au-dessus de leurs moyens durant des années, Karl et sa femme se voient proposer un choix des plus étranges : soit faire de la prison pour escroquerie, soit suivre un programme nommé La Transition ?

Qu’est-ce que la Transition ? Pour ceux qui la proposent, il faut voir cela comme une opportunité que comme une punition. En résumé, Karl et Genneviève voient toutes les poursuites abandonnés si ils acceptent d’être pris sous l’aile d’un couple qui va les remettre sur le droit chemin. Réapprendre à dépenser ce dont on a besoin uniquement, être toujours positif, être dans une démarche proactive… En somme, c’est une formation de savoir-vivre dans notre monde urbain et connecté à l’extrême pour ne plus jamais être endetté… Evidemment, l’opportunité de ne pas finir en prison est trop belle, et le couple accepte. Mais il y a beaucoup de mystère qui entourent le couple qui va les héberger, ainsi que la fameuse Transition. Leur veux-t-on vraiment que de bien ?

Ce roman est assez étrange, mais je l’ai trouvé absolument génial ! Il est une magnifique satyre de notre société et de ses pièges quotidiens. Il est très facile de se mettre dans la peau de Karl et Geneviève, car ils sont faillibles comme nous. A la fois fable actuelle et anticipation sociale qui frise l’étrange, La Transition est une pépite à découvrir. Il fait partie de ces romans aussi mémorables qu’inclassable que l’on prend un plaisir fou à dévorer…

Le malheur du bas – Inès Bayard – Albin Michel

Rarement j’ai lu un roman avec autant de violence dès les premières pages. En ouverture, on découvre une famille autour d’un petit déjeuner. Petit détail ? Ils sont tous morts… Comment en est-on arrivé là ? Qui a bien pu faire cela à cette famille sans histoires ? Et quelle est donc l’histoire qui se cache derrière cette introduction tragique ?

Pour faire court, Le malheur du bas est un roman sur le sujet du viol. Il est terrible, violent, tortueux, et magistral. Il ressemble énormément à Je me suis tue de Mathieu Ménégaux dans sa trame, mais en bien mieux réussit. Là où Je me suis tue m’avais énervée, agacée et où il manquait de crédibilité (jusque dans la scène de viol et la psychologie de son personnage). Le malheur du bas est chirurgical et explique à merveille les terribles mécanismes qui s’enclenchent dans la tête de cette femme qui découvre qu’elle est enceinte. Mais de qui ? De son mari avec qui elle cherche avoir un bébé depuis peu ? ou de son violeur et aussi chef qu’elle côtoie tous les jours ?

Un roman extraordinaire sur un sujet terrible qui se lit comme un thriller. En une journée, je l’ai lu, et je pense régulièrement à la façon dont la narration est bien pensée, magistrale et frise le génie. On veut savoir absolument, quel qu’en soit le prix.

La petite dernière – Susie Morgenstern – Nathan

Roman autobiographique totalement déjanté de l’enfance de Susie Morgenstern, on y passe un merveilleux moment de lecture. C’est drôle, vivant, et personnellement, même si ça ne devait pas être facile tous les jours, j’aurais adoré avoir une famille comme ça !

Entre le roman et le récit, on prend plaisir à (re)découvrir la plume magique de Suzie Morgenstern au travers de son enfance. On en apprend également plus sur l’Amérique des années 50 et le quotidien tel qu’il était à l’époque. Bref, c’est drôle ET instructif !