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Chronique : Eternelle Jeunesse

Eternelle JeunesseRecueil de nouvelles publié aux éditions Asgard, Eternelle Jeunesse regroupe une dizaine d’auteurs français de l’imaginaire prometteurs ou confirmés : ils avaient tous le même et unique thème à traiter, l’immortalité.

Cet assemblage de douze nouvelles très diverses nous fait croiser aussi bien de la fantasy que de l’anticipation ou encore du fantastique et de la mythologie.

Des univers riches et multiples

Difficile de parler d’un recueil de nouvelles quand il s’agit d’auteurs différents aux imaginaires qui le sont tout autant. Chaque nouvelle ayant son univers et son intérêt propre, nous ne parleront ici que de quelques-unes.

Parmi les nouvelles marquantes, on peu citer L’illusion noire qui se classe dans la catégorie de l’anticipation. Il y est question de notre société dans un avenir très proche, un homme aurait trouvé le moyen de sauvegarder informatiquement tout nos fais et gestes, notre façon d’être, nous rendant immortel… sur un ordinateur. Cette nouvelle est en fait un dialogue entre la petite-fille du créateur de ce système et la sauvegarde de son grand-père. Intelligente, incisive, et très critique, cette nouvelle critique une société qui commercialise le deuil ou l’absence de deuil. Son auteure, Julie Blanc, n’a que dix-sept ans et déjà beaucoup d’inspiration.

Avec la nouvelle Y a-t-il une vie après le lycée ?, on est confronté au fantastique avec deux adolescents qui se rejouent années après années les meilleures et pires scènes de leur vie. Touchante et terrible à la fois, il est difficile d’en raconter plus sans en raconter trop.

Une autre nouvelle qui laisse une impression durable, c’est celle du Livre du Musicien, où l’on a cette fois affaire de la plus pure fantasy. L’histoire est celle d’un jeune homme qui montre des aptitudes à la magie et qui va devenir l’apprenti d’un très grand magicien… mais ce dernier ne lui apprend quasiment rien, et son élève décide d’acquérir du pourvoir par ses propres moyens… Un très bon récit où l’on sent qu’à partir d’un certain moment tout bascule. Une intrigue qui monte crescendo jusqu’à son apogée, superbe. Son auteur, Julien d’Hem est en passe de finaliser son tout premier roman.

Eternelle jeunesse recèle donc de nouvelles de qualités que nous ne pouvons pas toutes raconter ici, mais parmi les nouvelles marquante on peut aussi citer : Sue 3 de Elodie Meste, ou encore Issu de la glaise de Jean Millemann.

Eternelle Jeunesse est donc un très bon recueil sur une thématique très intéressante, pourvu qu’il y en ait d’autres ! Cet article a été rédigé pour le site ActuSF.

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Chronique : Le landau du rat – Recueil de nouvelles

le landau du ratUn recueil de nouvelles déjantées à lire sous acide

Jacques Barbéri est un auteur français de SF qui a écrit nombres de romans, parmi les plus marquants : L’homme qui parlait aux araignées, Narcose, ou encore Le crépuscule des chimères. Un de ses auteurs de référence est Philip K. Dick.

Avec Le Landau du rat, Jacques Barberi signe un recueil de nouvelles folles, noires, et complètement hors contrôle. Cette anthologie a été réalisée par Richard Comballot, fan de la première heure (dès l’âge de dix-sept ans) et éditeur. Il fut l’un des premiers à « remarquer » l’auteur atypique et prometteur qu’était Barberi, et il lui a déjà consacré plusieurs dossiers dans la revue Bifrost ou encore Galaxies.

Cette intégrale est le deuxième recueil de nouvelles de Barberi publié chez La Volte, le premier était L’homme qui parlait aux araignées.

Des nouvelles à l’ambiance bien particulière

Lire du Barberi, c’est un peu retrouver la nostalgie que peuvent nous apporter les nouvelles de K. Dick ; et pour cause, les deux auteurs ont une chose en commun essentielle : ils se jouent de la réalité et des apparences pour muer le tout en un magma étrange, bizarre et souvent fascinant.

Parmi les nouvelles marquantes, on retiendra certainement Concordance des temps dans un lieu-dit, sorte d’Alice au pays des merveilles encore plus déjanté que l’original où l’on part en incursion dans un univers totalement psychédélique.

La grande oiseau, très belle romance sur fond d’impossible saura aussi marquer durablement les esprits par sa beauté, son atmosphère de nostalgie et d’amour mêlés.

Mais certaines des nouvelles ne relèvent pas du tout de la science-fiction, comme L’éternel retour, qui est une très courte nouvelle basée sur les souvenirs d’enfance, la nostalgie, la famille… magnifique et poignante avec une très belle chute.

Vous l’aurez compris, ce livre a de quoi contenter des goûts divers et variés en matière littéraire.

Une plume marquante et sublime

Rarement un texte a su toucher aussi bien celui qui le lit. Barberi a le don des mots, et il le montre à chaque instant. Que ce soit dans l’horreur ou la magnificence, ses phrases portent et font mouche pour atteindre le lecteur dans son âme, ou du moins dans son amour des belles phrases.

Parmi les nouvelles, vingt-sept au total (dont certaines co-écrites), vous en trouverez certainement une à votre goût.

Mélange subtil de violence, de paranoïa (et autres travers humains) et de poésie, Le Landau du rat séduira les fans de Dick, les fans de SF mais pas seulement : les amoureux de la langue française ne seront pas en reste avec ce beau recueil qui mérite une place dans toute bonne bibliothèque.

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

8/10

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Chronique : Maul

MaulL’homme est-il indispensable à l’avenir de la femme ?

Publié aux éditions du Diable Vauvert en mars dernier, Maul est le premier roman de Tricia Sullivan traduit en France. Son auteure, d’origine américaine, a écrit une petite dizaine de romans SF. Elle a aussi participé à l’écriture d’autres ouvrages, notamment dans la série La Compagnie des Glaces sous le pseudonyme de Valery Leith.

Un mal fatal qui ne touche que les hommes…

Les pestes Y on éradiqué presque totalement les mâles humains de la planète, la société qui en a resurgi est donc presque exclusivement féminine. Avec de nouvelles préoccupations, les femmes sont devenues « les reines » de ce nouveau monde.

Mais avec aussi peu de mâles humains sur Terre, rares sont les élues à pouvoir prétendre à la procréation, qui coûte maintenant extrêmement cher et qui nécessite un rang social très élevé.

C’est dans ce monde cruel et parfois superficiel qu’évoluent deux femmes radicalement différentes : Sun Katz, une adolescente au caractère plus que bien trempé qui voue une adoration totale aux gangs de guerrières qu’elle voit sur le Net, aspirant elle-même à en faire partie ; de l’autre côté, le Docteur Baldino, éminente scientifique qui cherche un moyen de comprendre les pestes Y depuis des années sur un sujet mâle encore vivant : Meniscus.

Jamais amenées à se croiser, ces deux tranches de vies, ainsi que d’autres qui s’ajoutent au fil des pages, vont chacune avoir leur importance sur la vision globale à apporter à cette nouvelle société exclusivement féminine qui n’est pas devenue plus douce pour autant.

Au carrefour des genres…

Comme esquissé par la couverture avec sa bottine à talon aiguille sur fond de câblages, Maul est un roman qui traite à la fois du consumérisme (et du sur-consumérisme), de sexe, de manipulations d’ordre politique et de hautes technologies entre autres choses.

On retrouve cette orientation « porno-chic » dans l’écriture de Tricia Sullivan, très crue dans certaines scènes (trop peut-être ?) ainsi que dans la psychologie de tous ses personnages : le sexe faisait tourner le monde avant les pestes Y et c’est toujours le cas, voire plus, après la quasi-extinction des hommes.

Toujours balloté entre rêve et réalité, attention au lecteur de ne pas se perdre dans les méandres du Maul. Difficile d’en dire plus sur le roman, qui fait partie de ces livres dont il ne faut pas trop parler sous peine d’en dévoiler plus que de raison.

Maul n’est pas un livre que l’on peut qualifier d’abordable, mais si l’on se laisse porter par cette histoire originale, même si parfois très décousue, on peut vite devenir curieux de savoir ce qui va suivre. Personnellement, ça ne pas fonctionné… Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

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Chronique : Idlewild – Tome 1

idlewild 1Un univers déroutant qui ne convainc qu’à moitié…

Idlewild est le premier tome d’une trilogie parue dans la récente collection Nouveaux Millénaires des éditions J’ai Lu, qui réunira ses publications SF grand format. La suite de la série est prévue pour la fin de l’année, puis début 2012 pour le troisième tome. Son auteur, Nick Sagan n’est autre que le fils de Carl Sagan, l’éminent scientifique qui a initié le programme SETI consistant à rechercher de possibles vies extraterrestres et qui était également l’auteur de nombreux ouvrages, dont Contact, qui a inspiré le film éponyme.


Un début d’histoire franchement étrange

Tout commence dans un champ de citrouilles. Un jeune homme y est allongé. Il ne se souvient plus de rien sauf de trois choses : on a essayé de le tuer, que Lazare est mort et qu’il a tué Lazare. À partir de ces faits, le personnage part en quête de son « moi », de ses souvenirs.

Mais le personnage principal n’est pas seul, il vit avec neuf autres adolescents de son âge. Leur présence, que l’on pourrait croire capable d’aider l’amnésique, est tout le contraire. Plus il en apprend, moins les réponses sont évidentes.

Ce début d’histoire est hautement captivant, mais la suite devient beaucoup trop décousue et déconcertante. On passe parfois du coq à l’âne sans grande logique, et même si certains éléments sont expliqués dans la suite des événements, le lecteur est trop balloté d’événements inexpliqués en situations bizarres.

Des mystères qui s’imbriquent dans un univers virtuel…

Difficile d’en dire plus sur l’intrigue sans en révéler trop, mais le livre fourmille de bonnes idées plus ou moins bien exploitées.
Les personnages sont traités avec efficacité et profondeur, mais ça ne suffit pas à rehausser la qualité du roman. Trop d’éléments sont insérés au décor sans justifications. Les amateurs de cyberpunk s’y retrouveront sans peine mais pour les autres, il restera difficile d’appréhender un univers aussi foisonnant et heurté.
Autre élément dérangeant : l’écriture. Trop « jeune », elle donne l’impression de vouloir séduire un lectorat adolescent, sans y réussir. On a donc parfois affaire à de la vulgarité un peu trop facile qui tombe dans les clichés de « l’adolescent rebelle » envoyant tout valser et qui refuse toute forme d’autorité.

Où s’arrête le virtuel ? Où commence le réel ?

Le fond de l’histoire est bel est bien la quête de réponses sur la réalité. Où commence-t-elle dans ce monde si étrange, surréaliste ? En ce sens, le roman fait beaucoup penser aux œuvres de Philip K. Dick qui avaient elles aussi pour fond la frontière entre réalité et virtuel, là où commencent les hallucinations. Car on ne sait pas toujours à quoi Nick Sagan nous confronte : folie ? rêves ? spéculations du personnage ? certitudes ? paranoïa ?
L’intrigue de base est donc bien plus compliquée qu’il n’y paraît. C’est d’ailleurs la force de l’histoire. Le chevauchement des faits et des éléments permettent d’entrevoir toute l’horreur d’une situation obscure mais encore très nébuleuse par bien des aspects.

En somme Idlewild est un roman intriguant, déroutant. Trop peut-être. Il laisse un goût amer en guise de conclusion. Quoi qu’il en soit, le roman, sans être extraordinaire, donne tout de même envie de connaître sa suite, Edenborn, à paraître en novembre. Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

 

Actualité éditoriale : Trois nouveaux super-héros signés Stan Lee sortent aux éditions Emmanuel Proust

The Traveler 01

Il y a bien longtemps que les comics n’avaient pas connu de nouveaux super-héros signés par « The Man », Stan Lee, père de Spiderman, Hulk, Iron Man etc… Il revient en France avec trois nouveaux super-héros aux éditions Emmanuel Proust, chose plutôt inattendue quand on sait que beaucoup de « gros éditeurs » étaient eux aussi en compétition. Chaque album réunit quatre comics américains et comme toujours, le dessin est sublime à l’extrême.

C’est donc trois nouveaux héros qui rejoignent la communauté des Editions Boom ! (éditions Americaine des Comics de Stan Lee). Soldier Zero,The Traveller et Starborn, avec chacun son lot de pouvoirs et de complexes.

The Traveler – Tome 1 (sortie le 16 juin) : The Traveler est un héros plus complexe que les autres personnages Marvel. Son côté sombre est beaucoup plus exploité que chez les autres héros Marvel. Le pouvoir de The Traveler est à la fois génial est horrible : il peux ralentir et accélérer le temps mais aussi voir tout les futurs possibles d’un individu qu’il croise. Cette capacité le tourmentant sur ses actes passés, présents et futurs.

Starborn 01Starborn – Tome 1 (sortie le 16 juin) : Starborn est l’histoire d’un écrivain raté. Mais sa vie va se retrouvée bouleversée quand il se rendra compte que ce qu’il couche sur le papier prend forme dans la réalité. Autant dire que son roman d’invasion sur les extraterrestres va lui donner du fil à retordre…

Soldier Zero – Tome 1 (sortie le 7 juillet) : Soldier Zero était un homme tout ce qu’il y a de plus normal avant l’Accident. Maintenant, il est mi-homme mi-extraterrestre et il lutte autant contre les nuisibles que contre sa nature double : qui est-il vraiment ? lui-même ne le sait pas.

Chronique : La planète interdite

la planete interditeUne ode à la nature dans le plus pur style planet-opera

Laure-Marie Lapouge est journaliste et écrivain, son premier livre paru fin 2010 est un roman historique pour adulte : Moi, Ghisla, sœur de Charlemagne.
La Planète Interdite, qui vient de paraître en mars aux éditions Albin Michel Wiz est son premier roman jeunesse et SF, son titre n’est pas sans rappeler celui de l’ancien film de science-fiction qui raconte lui aussi l’histoire d’une planète hostile aux visiteurs, un joli clin d’œil.

A la conquête de l’univers

L’humanité a colonisé toutes les planètes possibles de tout les systèmes solaires, toutes sauf une : Bérénice. Une planète qui regorge de richesses que l’homme n’attend que d’exploiter, creuser, fouiller, sonder… sauf que Bérénice a été classée comme étant interdite d’accès par des explorateurs il y a plusieurs centaine d’années… pourquoi ? C’est ce que va tenter de découvrir le scientifique Justin Mac Lir.

Parallèlement, Bérénice est une planète bel et bien habitée, par des humains qui plus est, mais ils ignorent tout de la station spatiale qui flotte au-dessus de leur tête et du possible danger qu’elle représente pour eux et leur terre.

Le choc de deux univers hétérogènes

Le monde de Mac Lir reprend tout les codes de la science-fiction traditionnelle : hautes-technologies, voyages interstellaires, conquête de galaxies lointaines, opérations visant à prolonger sa durée de vie…
L’univers de Bérénice et de ses habitants en revanche, est tout le contraire : on se retrouve dans un monde typé fantasy : des territoires découpés en royaumes, des êtres humains normaux en majorité et d’autres aux pouvoirs hors du commun, un monde peuplé de créatures étranges…

La rencontre de ces deux univers disparates ne va pas se faire sans heurts…

Un monde trop foisonnant

Les personnages de Bérénice sont nombreux, presque trop, on aurait apprécié un résumé de ces derniers avec leur noms et leur affiliation à la fin du livre pour savoir qui est qui. Car entre Findchoen, Rahel, Glanis Dilshad et bien d’autres encore, il est difficile pour le lecteur de s’y repérer sans s’emmêler rapidement les pinceaux.
Mais cette faiblesse aurait tout aussi pu devenir une force quand on mesure l’ampleur de l’univers que l’auteure a créé.

Un récit plein d’enseignements

Cette mystérieuse planète où tous les explorateurs qui y ont posé le pied disparaissent sait se rendre intéressante sinon captivante. A l’image du roman Les yeux d’opale qui lui aussi avait pour sujet la confrontation de deux univers dissemblables, la planète interdite a des accents écologistes où il est question de respect envers la nature et ce qu’elle peut nous offrir. On y retrouve l’élément clé de tout planet-opéra : la planète interdite est un personnage a part entière… vous verrez dans quelle mesure.

En somme, la planète interdite est un roman sympathique qui sans être marquant fera passer un bon moment, son intérêt réside surtout dans le côté « initiation » à la science-fiction pour de jeunes lecteurs dès l’âge de 12 ans. Cet article a été rédigé pour le site ActuSF

 

Chronique : Le monde englouti

le monde engloutiL’homme contre la nature : qui survivra ?

J.G. Ballard est un auteur de science-fiction d’origine anglaise, il a écrit plusieurs romans post-apocalyptiques dont le monde englouti, qui fait partie du quatuor apocalyptique avec Sécheresse (publié originellement avec Le Monde Englouti aux Editions Denoël, collection Lunes d’encre), Le vent de Nulle part (renié, car considéré comme un roman purement alimentaire par Ballard lui-même et donc épuisé dans toutes ses diverses éditions) et la forêt de cristal. L’intégrale de ses nouvelles vient d’être réédité il y a peu en trois tomes aux éditions Tristram (le dernier est sorti fin 2010).

Crash ! Reste son roman le plus connu et surtout celui qui l’a rendu célèbre.

Si les océans montaient…

Le postulat : Le soleil a subit pour une raison inconnue plusieurs mutations et déformations, celles-ci ont alors entrainé des explosions solaires ayant des répercussions cataclysmiques pour la Terre (et surtout pour la race humaine). Les pôles ont fondus et la planète devient de moins en moins habitable au fil des mois, la température moyenne dans la journée avoisine les cinquante degrés Celsius.

C’est ainsi que nous découvrons le biologiste Robert Kerans, un des derniers hommes à être resté dans les lagunes pour étudier la flore qui a proliféré, tout envahi depuis la catastrophe. Mais au fil du temps, il ne sait plus s’il reste pour ses résultats scientifiques ou pour autre chose…

Vers une évolution régressive de l’homme ?

La chaleur pesante de l’astre, la lourdeur de l’atmosphère sont retranscrits avec précision. On ressent toute la difficulté de faire le moindre geste pour nos personnages en souffrance permanente. Le personnage principal, Robert Kerans se retrouve face à une remise en question quotidienne de sa condition humaine : chaque nuit supplémentaire le fait plonger dans des rêves étranges, primaires, malsains ils sont communs à tout les êtres humains qui peuplent encore la planète depuis qu’il y a eu les éruptions solaires.

Dans cette ambiance de fin du monde, l’homme le plus normal est fort tenté de retourner aux sources, de n’écouter que ses bas instincts,  son cerveau reptilien qui s’éveille (comme en témoigne le personnage de l’homme en blanc) ; après tout il n’y a plus de loi, plus de règles : la société comme nous l’avons connue ne sont plus, on assiste impuissant à la dégénérescence du genre humain. Plus qu’un changement pour la planète, c’est aussi une nouvelle évolution de l’homme à laquelle on assiste, Ballard nous forçant à l’interrogation : et nous, que ferions-nous ? Que sommes-nous ?

Le monde englouti est un roman post-apocalyptique que l’on se doit de lire si l’on est fan du genre, mais délicat d’accès au non-initiés ; l’ambiance lourde et étouffante pourrait décourager certains lecteurs. Ce roman de J.G. Ballard soulève toutefois des questions qui méritent d’être posées, sur la nature humaine, sur ce qui fait de nous des hommes, et mérite donc qu’on le découvre.

Cette chronique a été rédigée pour le site Actusf.

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Chronique : Les yeux d’Opale

les yeux d'opaleUn livre qui n’a rien à envier aux grands auteurs de science-fiction et de fantasy.

Les Yeux d’Opale c’est d’abord un choc entre deux univers : le monde d’Opale, avec ses royaumes, ses complots, ses créatures merveilleuses ; et le monde d’Onyx peuplés par des humains complètement dépendants des I.A. (Intelligences Artificielles) où le libre-arbitre n’existe plus. Deux mondes que tout oppose en somme ; l’un merveilleux et fantastique, l’autre futuriste, parfait, contrôlé.
Sur la planète Opale, dans le royaume de Kindar, la princesse Héléa prend la relève sur le trône suite au décès simultané de son père et de son frère, mais son autorité est fortement contestée au sein de son propre peuple, car c’est une chimar, une mutante…

Sur le monde d’Onyx, tout est parfait : les robots sont entièrement au service des humains, ils veillent à tout pour leur propre sécurité. Du contrôle du trafic routier à la régulation des naissances, les I.A. sont omniprésentes, mais depuis un certain temps un groupe d’humains s’en inquiète et veut quitter à tout jamais cette planète Angus fait partie de ces derniers.

Ainsi commence le roman foisonnant d’idées de Bénédicte Taffin avec une question : va-t-elle réussir à mêler deux genres très disparates sans créer une cacophonie de personnages ayant des enjeux complètement différents ? La réponse est oui elle y parvient, et même très bien. En tout, il y a plus de quatre-vingt personnages (heureusement listés à la fin du livre avec une courte description), mais « seulement » une vingtaine d’essentiels à l’intrigue.

Parmi les références de l’auteur, on sent l’influence d’Isaac Asimov avec ses I.A. incapables de blesser un être humain mais jamais on ne tombe dans l’imitation. On ne peux également s’empêcher de penser à la romance de Ténébreuse de M.Z. Bradley, dont l’auteure avoue s’être également inspirée, ainsi que La Ballade de Pern d’Anne McCaffrey . Ce qui fait la force de ce roman, c’est qu’elle a su innover dans des genres où beaucoup de choses ont déjà été faites et où il est difficile de ne pas tomber dans la caricature.

Les yeux d’Opale fait se poser des questions sur notre propre monde, par exemple vis-à-vis de notre dépendance aux technologies, ou encore sur la nature humaine quand elle se trouve face à des opportunités pouvant mettre en danger les autres. Un premier roman coup de cœur dont j’attends la suite avec impatience. Chronique réalisée pour le site Actu SF.

Chronique : Genesis

genesis pole fictionL’utopie est-elle possible ?

Qui n’a jamais rêvé d’une société parfaite ? D’un monde sans haine ni violence ? C’est ici ce que nous propose Bernard Becket avec un roman post-apocalyptique décapant. On y découvre une nouvelle forme d’organisation de la société humaine où les hommes et les femmes ne se croisent quasiment jamais, où les enfants sont séparés de leurs parents et où il faut une autorisation de l’état pour en avoir.

C’est dans ce nouveau monde que vit Anaximandre, une jeune fille qui postule à l’Académie. Qu’est-ce que l’Académie ? Qu’y fait-on ? Nous ne le savons d’ailleurs pas vraiment avant d’atteindre la dernière page. Tout ce que l’on sait, c’est qu’Anaximandre doit passer un test oral de plus de 5 heures afin de savoir si elle mérite ou non d’y entrer.

C’est ainsi qu’au fur et à mesure des heures de l’examen on découvre des pans entier de notre histoire future, et certains sont terrifiants, il y aurait eu une guerre atomique, puis des virus se propageant partout à travers le monde… mais Genesis est plus qu’un simple petit roman post-apocalyptique, c’est aussi un essai sur l’intelligence artificielle et toutes les questions que ça implique. Mais sans en ajouter, sachez que rien n’est révélé totalement jusqu’à la dernière heure, puis la dernière page… et même la dernière phrase.

A la fois essai, nouvelle et court roman, Génésis séduira les fans d’anticipation, ceux qui aiment les surprises en cascade, mais aussi les curieux qui se posent des questions sur les sciences et la philosophie.

En ce qui concerne l’âge de lecture, il est difficile d’en donner un à ce livre si particulier ; mais je le conseillerais aux adolescents dès 15-16 ans et aux adultes sans modération.

Chronique : 10 façons d’assassiner notre planète

10 façon assassiner notre planète originalCe livre pour jeune public (environ 11 ans) est on ne peut plus pertinent dans l’état actuel de l’Écologie, et ce au niveau mondial. La démarche est simple : 10 auteurs nous content chacun une catastrophe de type « post-apocalyptique » (l’auteur ne nous raconte pas l’événement apocalyptique en lui-même mais ce qui arrive après, ce qui est d’autant plus marquant et percutant). On passe de la pandémie à la guerre contre les robots intelligents, sans oublier la fameuse et incontournable explosion nucléaire.

Chaque nouvelle est précédée d’un petit en-tête d’une page environ dans lequel l’auteur détaille l’une des facettes de la crise écologique qui nous est contemporaine : il nous explique ainsi pourquoi son récit n’est peut-être pas aussi surréaliste que l’on pourrait le croire… de quoi faire froid dans le dos ! Mais peut-être de quoi réveiller les consciences, et ce quel que soit l’âge. Dans tous les cas, il ne faut pas vous attendre à des happy-end : c’est une vision froide et dure de notre futur qui nous est ici contée…

  • GlaciationLe petit lapin tondu (Danielle Martiginol) : Cette nouvelle est absolument géniale, je crois que c’est la meilleure de celles présentées dans ce recueil.
  • Innondations Aquella (Donald A. Wollheim) : Très bien faite elle aussi, cette nouvelle nous montre ce que pourrait bien devenir notre planète si toute les glaces fondaient, quelle serait la vie après la catastrophe, et comment cacher cet horrible secret : la honte d’avoir ainsi ruiné notre planète…

  • Pollution Les Oiseaux (Thomas Disch) : L’histoire est belle, mais trop poignante pour moi : je l’ai trouvée d’une horrible tristesse. Au moins, elle a le mérite de marquer les esprits…

  • 10 façon d'assassiner notre planeteSurpopulationDans le silence du soir (Lee Hoffman) : La meilleure nouvelle après celle de la glaciation, même si elle reste un peu dure à encaisser. Le problème de la surpopulation n’est pas celui auquel on penserait spontanément, mais il reste un cas relativement intéressant à traiter. Cette nouvelle suscite en effet de nombreuses interrogations, telles que : « Que serait une société qui limite le nombre de naissances ? » en y apportant une réponse claire et précise : « Quelque chose d’horrible en n’en pas douter… » Et pourtant, il nous est possible actuellement de citer l’exemple de quelques pays comme la Chine, où la politique d’État a entrainé une vague massive d’infanticides en supprimant des avantages aux familles possédant plus d’un unique enfant… Des plus horribles, n’est-ce pas ?

  • Guerre AtomiqueLe jour de lève (Robert Bloch) – Cette nouvelle retranscrit avec beaucoup de précision l’horreur que pourrait engendrer une guerre nucléaire. Cependant, malgré le caractère très envisageable d’une telle tragédie, elle reste malheureusement cloitrée à une description : l’intrigue est quasi-inexistante, et l’histoire possède quelques incohérences qu’il est ma foi difficile d’ignorer.

  • Disparition de la faune et de la floreHomo Jardinus (Christophe Lambert) : Drôle et alarmante à la fois : un « petit vieux » d’Angleterre se retrouve surpris un matin par la disparition d’un carré de son gazon ! Histoire à suivre…

  • Maladies, pandémies, manipulations génétiquesDans le regard des miens (Pierre Bordage) : Un thème des plus intéressant, un réel talent d’écriture : ce texte est un mélange réussi de peur, d’horreur et de compassion, réalisé à partir de l’un des aspects les plus graves de la bêtise humaine : notre manie de jouer avec les lois de la nature… Généticiens, gare à vous !!!

  • Guerre avec les machines Que la lumière soit (Horace B. Fyfe) : Sujet récurrent, repris tellement souvent qu’il en est usé, cette nouvelle a beaucoup de mal à accrocher son lecteur. Malgré un réel talent de plume pour la description, l’auteur n’a pas fait de moi sa plus grande fan…

  • Guerre avec les insectesLe Sacrifié (Philip K. Dick) Sortez les insecticides, nous sommes envahis !!! Cette excellente nouvelle à pour thème principal nos invisibles compagnons aux pattes multiples : les insectes. En effet, ces derniers, de par leur nombre, leur capacité d’organisation, leur rapidité de propagation et de reproduction, auraient le potentiel requis pour dominer le Monde et renverser l’espèce humaine. Il ne reste plus qu’à nos chers scientifiques à trouver comment leur injecter l’idée…

  • Les déchets La grande Décharge (Rita Kraus) – Les chiffres sont les suivants : « Chacun d’entre nous produit en moyenne 400 kg de déchets par an. Nos poubelles s’enflent de plus en plus avec des produits au packaging plus élaboré plus coûteux et plus volumineux…en France, ce sont ainsi 865 millions de tonnes de déchets qu’il faut gérer chaque année… » Vous ne rêvez pas, nous avons ici à faire à une nouvelle parlant d’amour ! Un amour si fort qu’il peut briser les barrières. Sauf qu’ici, la barrière est juste constituée de… quelques milliers de tonnes de déchets !