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Chronique : Lum’en

Un planet-opera ambitieux et 100% français !

Le nom de Laurent Genefort vous dira peut-être quelque chose, et si ça n’est pas encore le cas, voici une petite présentation de l’auteur.

Avec plus d’une quarantaine de romans à son actif, Laurent Genefort est l’un des plus grands auteurs de science-fiction et de fantasy français. Il a remporté le prestigieux GPI (Grand Prix de l’Imaginaire), le Prix Julia Verlanger et le Prix Rosny Ainé pour Lum’en, paru initialement au Bélial’ avant de sortir chez Le livre de Poche.

Il a notamment écrit : Omale (2 tomes), Hordes (3 tomes), Les chants de Felya, Points Chauds

L’histoire d’une planète à travers les yeux d’une intelligence extraterrestre

Tout commence avec le bannissement d’une entité à l’intelligence supérieure sur une petite planète isolée. Enfouie profondément et loin de tout, elle ne pourra plus étendre son influence néfaste… Mais quand cette fameuse planète est peu à peu colonisée par l’homme des siècles plus tard, un danger se profile…

Un magnifique créateur d’univers

Si il y a bien une chose que l’on ne peut pas retirer à Laurent Genefort, c’est son imagination et la cohérence des univers qu’il créé. En effet, on voit que l’univers de Lum’en, sa création, son histoire sont si poussés que l’on ne peut que s’immerger dans le roman. Tout y est expliqué, de l’arrivée des premiers colons à leur adaptation, en passant par le problème de l’alimentation et du développement de la colonie. Tout est pensé, disséqué, réfléchi.

La construction de l’ouvrage cependant est loin d’être commune, Lum’en est en fait un assemblage de nouvelles se déroulant de façon très espacée dans le temps. Du début de la colonisation de la planète Garance jusqu’à son déclin.

Chaque nouvelle est sans réel lien avec la précédente, mais chacune permet de découvrir une facette totalement différente de la planète et des personnes qui l’habitent ou qui gagnent leur vie grâce à elle…

Les nouvelles traitant des pilas (sortes de poulpes propres à la planète et dont les facultés intellectuelles frôlent l’intelligence même) sont extrêmement intéressantes et ont même un côté hypnotique. Malheureusement, chaque nouvelle est un peu trop courte pour que l’on s’attache à un personnage ou à une époque en particulier. Nous ne faisons que passer sur Lum’en, comme nous le prouve tout du long cet étrange roman.

Vous trouverez ainsi de tout dans ce recueil de six nouvelles : de la politique, un système économique à l’échelle d’une galaxie, des rebelles luttant pour l’indépendance de leur planète, un religieux jouant avec la génétique, des écolos revendiquant l’indépendance des pilas, un mercenaire…

On aurait tant aimé en savoir plus sur cette chose enfouie dans la planète, mais le sujet reste très largement inexploré, laissant le champ (trop ?) libre au lecteur… Dommage, étant donné que c’est le seul élément permanent que l’on suit au fil des nouvelles…

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Lum’en est presque un roman d’introduction, comme si l’auteur souhaitait nous faire découvrir le personnage de la planète avant de le développer dans un futur ouvrage. On découvre un univers extrêmement riche en très peu de pages, et on voyage comme jamais grâce à ce court recueil, mais on reste un peu sur sa faim. Les nouvelles n’ayant pas nécessairement de liens entre elles, on passe à côté d’une histoire qui aurait pu avoir bien plus d’ampleur.

Je pense que c’est un bon ouvrage pour découvrir l’imagination fertile de l’auteur et son univers. Je m’essaierais bien à d’autres de ses romans plus denses, pour voir de quoi il retourne, notamment au Chants de Felya.

Interview d’Olivier Girard pour la collection Une heure-lumière au Bélial’

La collection Une heure-lumière fait partie de mes favorites depuis sa création, il y a à peine un an. De son graphisme à son format, sans oublier son contenu souvent mémorable, tout dans cette série de livres est fait pour séduire.. Rencontre avec son créateur, Olivier Girard, qui a également créé les éditions Le Bélial’.

Le choixLa bibliothèque de Glow : Pourriez-vous présenter la collection Une heure-lumière ?

Olivier Girard : Il s’agit d’un espace éditorial unique en France dédié aux seuls courts romans (ce que les anglo-saxons appellent des novellas) inédits de science-fiction. On y privilégie les textes primés (mais pas que), les textes anglophones (mais pas que), et une SF du vertige pétrie de sense of wonder (mais pas que).

Les textes courts sont au cœur de la politique éditorial du Bélial’ depuis l’origine de la maison, à travers la revue Bifrost, évidemment, mais aussi au sein de nos collections, qui abritent de nombreux recueils et anthologies. Or la novella, que je considère part certains aspects comme le format roi en SF, nous posait un problème — trop longue pour Bifrost (bien qu’on en ait déjà publié, bien sûr), et trop courte pour en faire un livre grand format classique. C’était une vraie frustration que de ne pouvoir proposer aux lecteurs francophones ces textes formidables publiés outre-Atlantique depuis des décennies, des textes qui sont bien souvent et à mon sens, le meilleur de ce que peut offrir la science-fiction.

L'homme qui mit fin à l'histoireBref, l’idée de consacrer un espace éditorial à ces fameux courts romans nous travaillait depuis plus de dix ans. Mais nous hésitions. Le Bélial’ et une petite maison, et créer un espace éditorial résolument inédit représentait un risque financier assez inhibant.

L’anniversaire de nos 20 ans d’existence en 2016 m’a poussé à balayer mes réserves. Je me suis dit : j’en rêve depuis longtemps, si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. Bref, on a lancé la collection en début d’année 2016 avec quatre titres (deux d’auteurs américains, Nancy Kress et Vernor Vinge, un anglais, Paul McAuley, et un français, Thomas Day), dans un petit format élégant (12 cm X 18 cm), avec rabats, pelliculage mat et bandeau pour chacun des titres, sur un papier intérieur Munken Cream de qualité. Restait plus qu’à croiser les doigts.

Le nexus du Docteur ErdmannLa bibliothèque de  Glow : Combien de titres avez-vous programmé pour l’année 2016 ?

Olivier Girard : Six. Deux en janvier 2016 : Dragon, de Thomas Day, et Le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress.

Deux en février 2016 : Le Choix, de Paul J. McAuley, et Cookie Monster, de Vernor Vinge. Deux fin août : L’Homme qui mit fin à l’histoire, de Ken Liu, et Un pont sur la brume, de Kij Johnson.

(ndlr : Cérès et Vesta de Greg Egan en février 2017).

La bibliothèque de Glow :  Quel rythme est prévu par la suite ?

Olivier Girard : On devrait rester sur un rythme de six livres par an environ. Peut-être un peu plus. Peut-être un peu moins. On ne se met pas de pression.

DragonLa bibliothèque de Glow :  Quel est le titre de cette collection qui vous tient le plus à cœur/que vous souhaitez nous présenter ?

Olivier Girard : Impossible de répondre à cette question. Même si je nourris un attachement particulier pour Dragon, de Thomas Day, puisqu’il ne s’agit pas d’une traduction et qu’à ce titre, il est le fruit d’une collaboration entre l’auteur et son éditeur, à savoir moi.

Après, chacun de ces six textes recèle à mon sens d’énormes qualités et synthétise la SF que j’aime, celle qui me procure cet étrange frisson propre au genre, qu’il soit cérébral ou viscéral.

Cérès et VestaLa bibliothèque de Glow : L’illustrateur français Aurélien Police est le responsable de la collection au niveau graphique et visuel, pourquoi ce choix ?

Olivier Girard : Parce qu’Aurélien à du talent, bien sûr. Et que je voulais quelqu’un à même de donner une identité forte à la collection. Il me fallait pour cela un illustrateur doué, naturellement, mais qui soit aussi un graphiste. Aurélien est de ces rares artistes à réunir ces deux qualités.

La bibliothèque de Glow : Autre chose à ajouter concernant cette magnifique collection ?

Olivier Girard : En une heure, la lumière parcourt 1,08 milliard de kilomètres. C’est à la fois peu et vertigineux. Cette contradiction me semble une bonne définition des livres que nous publions dans cette collection : à la fois courts et vertigineux.

Chronique : The Ones – Tome 1

the-onesUne dystopie pour ados aux thèmes éminemment actuels… le tout sur fond de manipulations génétiques !

Premier tome d’une nouvelle saga dystopique, The Ones est paru le 6 octobre 2016  aux éditions Hugo, dans la collection destinée aux adolescents New Way. L’ouvrage est paru il y a à peine quelques mois aux États-Unis. Il s’agit du premier roman de Daniel Sweren-Becker.

Une société malade de ses avancées scientifiques

Il y a de cela une vingtaine d’années, l’État a fait modifier génétiquement 1% des nouveau-nés de la population de façon aléatoire. Ce fragment minuscule de la société est nommé Les Élus. En effet, les  modifications de leur patrimoine génétique les a tous rendus plus beaux, plus intelligents, plus forts… Ils font systématiquement de l’ombre aux gens normaux dans quelque domaine que ce soit : le sport, la bourse, la création d’entreprise, les sciences… Et cette prédominance évidente des Elus sur la population lambda commence à en agacer certains : les Élus prennent trop de place et mettent au chômage les autres… Le mouvement Égalité est né, et il ne compte pas laisser les Elus tranquilles, bien au contraire : harcèlement, injures, coups… cela n’est que le début. The Ones signe ici l’histoire d’une société proche de la notre au seuil de la fracture.

C’est dans ce contexte que nous suivons le couple que forment Cody et James, deux Élus de 17 ans. Comment vont-ils réagir face à la population qui remet en cause leur existence même ?

Un roman d’anticipation aux thèmes malheureusement très actuels…

Exclusion, terrorisme, haine, tolérance, harcèlement… voici autant de thèmes complètement ancrés dans notre actualité. En cela, Daniel Sweren-Becker réussit The Ones. On se projette facilement dans la peau de ces pauvres Élus, dont les libertés diminuent au fil des chapitres…

En ce qui concerne l’intrigue pure, malgré quelques petites surprises qui coupent le fil rouge de l’histoire, on reste dans les sentiers battus. Cependant, le thème de la manipulation génétique de la population est intéressant à lire, on aurait même adoré le voir développé plus amplement !

Par ailleurs, l’auteur ne creuse pas assez la question de la naissance du mouvement Égalité. On comprend que les Elus soient vus d’un mauvais œil par les personnes dites normales, mais l’échelle de cette haine graduelle n’est pas assez décrite. Après tout, ils ne composent que 1% de la population… Ainsi, la situation aurait nécessité un meilleur historique afin d’apporter au lecteur une vision d’ensemble plus réaliste, plus crédible.

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Alors, oui, on passe un bon moment de lecture malgré tout car l’action se déroule à 100 à l’heure. Les chapitres sont courts, efficaces, les personnages bien campés et peu nombreux, aisés à appréhender… Mais les habitués de dystopies auront peut-être un sentiment de déjà lu…

Affaire à suivre toutefois avec la suite de The Ones, pas encore parue aux États-Unis (donc patience !). Les derniers chapitres de ce premier tome ont su malgré tout faire mouche pour donner envie de découvrir la suite… car de nombreuses questions sont encore en suspend !

Chronique : Cookie Monster

cookie-monsterUne nouvelle de sf immersive, où tout s’imbrique parfaitement avec art…

Vernor Vinge est un auteur de science-fiction d’origine américaine. Il est notamment connu pour ses romans Rainbows End ou encore Les enfants du ciel. Il est également célèbre pour son postulat (basé sur la loi de Moore) disant qu’en 2035 au plus tard, l’homme aura créé une machine à l’intelligence supérieure à la sienne. Cette future ère se nomme la post-humanité.

Avec Cookie Monster, les éditions du Bélial se proposent de nous faire découvrir des nouvelles (ou novella, car il s’agit ici d’une « longue » nouvelle d’une centaine de pages) issues des plus grands auteur de l’imaginaire. Au travers de leur collection Une heure lumière, c’est donc tout un pan d’imaginaire qui s’ouvre à nous. Un bien joli nom d’ailleurs pour une collection qui l’est tout autant : illustrations soignées par Aurélien Police, couverture dotée de rabats…

Un avenir lumineux s’ouvre…

Dixie Mae est une jeune femme pleine d’ambitions, et qui surtout voit un bel avenir se profiler… Si elle réussit à faire ses preuves dans la grande et prestigieuse firme informatique qu’est LotsaTech. Très sérieuse dans son travail, rien ne parviendra à la distraire… sauf un étrange mail lui balançant des secrets qu’elle seule est censée connaître. Farce d’un collègue concurrent ? Autre chose ? Dixie Mae ne laissera pas le mystérieux expéditeur s’en tirer facilement. Elle décide ainsi de partir en quête de son harceleur qui ne peux que se trouver au sein de l’entreprise au vu de la source même du message…

Cette enquête en interne qui ne devait durer que le temps d’une petite pause déjeuner risque d’être bien plus longue et éreintante que prévu pour Dixie Mae et les collègues qui décident de l’aider…

Une intrigue habillement menée qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page !

Fans de sf en tout genre, ne passez pas à côté de Cookie Monster (dont le titre étrange est parfaitement justifié). De simple chasse aux indices, on passe à d’autres niveaux de spéculation plus denses, plus incroyables. Pour ne rien dévoiler du plus savoureux de l’histoire, sachez juste que c’est malin… et diaboliquement bien pensé !

Ainsi, on est entre le roman de sf, le jeu de piste, et le roman policier. Ce beau mélange nous donne un rendu final extrêmement réussi. On appréciera également les quelques clin-d’œil culturels croisés dans le récit, je pense notamment à la fameuse « route de briques jaunes » du magicien d’Oz…

Par contre, je pense qu’il faut réserver cette excellente nouvelle aux lecteurs déjà férus de science-fiction car le vocabulaire utilisé ici risque d’en perdre certains voir même de les décourager, ce qui serait dommage, il y a tant à découvrir en sf ! Car nous avons ici affaire à un sous-genre passionnant de la sf : la hard-sf. Elle se caractérise en général par des descriptions scientifiques très précises et cohérentes.

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En somme, cette première incursion dans le monde de Vernor Vinge grâce à cette nouvelle fut une petite révélation. J’ai désormais très envie de découvrir plus avant l’œuvre de cet auteur aux idées simples et efficaces, mais mises en œuvre de façon merveilleusement réfléchie. On comprend pourquoi Cookie Monster a raflé le Prix Hugo de la meilleure nouvelle en 2004 !

Chronique : Le Nexus du Docteur Erdmann

Le nexus du Docteur ErdmannUne science-fiction inattendue qui nous emmène aux confins de la conscience… dans une petite maison de retraite sans prétentions.

Voici une novella signée par la grande Nancy Kress, auteur américaine de science-fiction connue et reconnue pour ses écrits. En France, elle l’est encore trop peu, mais on peut citer certaines de ses œuvres parues chez nous : L’une rêve, l’autre pas (ActuSF), Après la chute (ActuSF) ou encore la présente novella. Les éditions Pocket et J’ai Lu la publiaient par le passé, mais ils ont depuis épuisé tous ses romans. Vous trouverez donc peu de ses ouvrages en France, mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’y intéresser !

D’étranges symptômes à l’échelle d’une maison de retraite entière

Au début, le Docteur Erdmann, grand physicien par le passé, pensait être le seul à sentir cette chose dans son cerveau. Cette présence inexplicable. Mais peu à peu, même les retraités les plus lambda ont eux aussi senti que quelque chose se passait…

Personne dans le corps médical n’arrive à trouver de quoi il s’agit malgré une collecte de témoignages et de nombreux examens. Et pourtant, ça s’approche, c’est presque là…

Prémices d’une apocalypse où les personnes du troisième âge ont un rôle crucial à jouer… mais lequel ?

J’ai découvert Nancy Kress grâce à cette novella, et j’avoue avoir été positivement surprise. Malgré quelques longueurs où l’on se perd un peu, c’est un texte intéressant et original. J’aime la sf qui fait réfléchir et cogiter. Vous savez, lorsqu’on a terminé un livre, mais qu’on y repense en se disant : « Et si… ». C’est justement ce qu’arrive à faire ici Nancy Kress.

Vous aurez beaucoup de questions mais pas autant de réponses, mais ça n’est pas important. Au contraire, garder une part de mystère peut se révéler intéressant… J’avoue que j’aurais voulu avoir une fin un tout petit peu plus développée, certes, mais se fait une raison et ça nous force à y réfléchir, y repenser.

Seul bémol pour moi, Nancy Kress fait beaucoup de digressions que je trouve parfois superflues. Elle aurait pu aller à l’essentiel plus rapidement. Elle a voulu prendre son temps. Installer ses personnages, leurs problématiques, etc. Cela les humanise, les rend plus réels, et l’élément sf de l’ouvrage n’en ressort que plus, alors… pourquoi pas ?

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Quoi qu’il en soit j’ai trouvé l’idée finale franchement bien pensée. Bien trouvée, inattendue, développée avec soin et discrétion pour nous amener à cette conclusion folle et terrifiante. A découvrir pour lire une science-fiction sociale, humaine et très ancrée dans notre réalité.

A réserver toutefois aux lecteurs habitués au genre. Le nexus du Docteur Ermann est le genre d’ouvrage qu’on lit quand on aime la sf. Quand on la découvre, il peut paraître frustrant, ce qui serait dommage.

Chronique BD Jeunesse : Zita la fille de l’espace – Tome 2

Zita la fille de l'espace 2Zita, le retour de l’héroïne de l’espace !

En un seul volume, la petite Zita est devenu un personnage attachant sinon incontournable de la maison d’édition Rue de Sèvres. Ce second tome est la suite directe de ses aventures, qu’il faut absolument lire dans l’ordre pour en apprécier toute la teneur. La série Zita, fille de l’espace est une trilogie signée par l’américain Ben Hakte.

Passionnant, entraînant

Pas de repos quand on est une héroïne au grand cœur qui traverse les galaxies et les systèmes solaires. Cette fois-ci, sa réputation la précède et Zita est demandée PARTOUT. Toutes les planètes se l’arrachent avec chacune son lot de problèmes à résoudre… Mais l’une d’elles en particulier semble au bord de l’extinction si Zita ne fait rien ! Seul problème, la vraie Zita a disparu et a été « échangée » par une fausse, robotique à l’insu de tous… Même ses amis n’ont rien vu…

Zita insideToujours aussi efficace et drôle

Ce second tome des aventures de la petite terrienne fonctionne aussi bien que le premier. On y retrouve tout ce qui fait une très bonne bd pour la jeunesse : de l’action, une bonne dose d’humour, et des dessins vifs aux couleurs chatoyantes…

On retrouve les personnages auxquels on s’était rapidement attachés dans le premier tome. On découvre quelques secrets bien cachés dans le passé de Pipeau… et de Mulot (que je trouve toujours aussi mignon). Tout cela sans oublier le robot un peu vif N°1 (qui ressemble énormément au Pokémon Voltorbe) dont les répliques sont rares mais toujours percutantes. Mais de nouveaux personnages font également leur entrée dans l’intrigue, des bons comme des beaucoup plus dangereux…

Et puis, chose intéressante, la petite Zita ne sera pas une héroïne bien longtemps dans cette histoire car elle est quasiment hors-la-loi tout au long de l’aventure !

Pour cette suite, c’est encore un sans faute ! A conseiller absolument aux enfants qui débutent la lecture et qui ont pris un peu d’assurance : la fin de CP et le CE1 sont les classes idéales pour se lancer dans cette lecture.

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En somme, on ne peut que vous conseiller vivement cette série de bd dont le troisième et dernier tome est d’ores et déjà paru. Il n’y a plus qu’une seule chose à souhaiter, que Ben Hakte régale ses jeunes lecteurs (et moins jeunes) avec de nouvelles aventures…

Chronique : Ender – Préludes

Ender - PréludesUn recueil de cinq nouvelles autour de l’univers d’Ender

Paru en février 2015 dans la collection Nouveaux Millénaires, Ender – Préludes est un recueil de cinq nouvelles qui se déroulent avant ou pendant La Stratégie Ender.

L’auteur, Orson Scott Card est connu pour deux cycles majeurs : un en science-fiction (La Stratégie Ender) et un en fantasy : Les chroniques d’Alvin le Faiseur. Mais on lui doit de très nombreuses autres œuvres avec comme dernières en date : Espoir-du-Cerf, la série Pisteur (toujours en cours), ou encore Père-des-pierres (qui se veux comme une introduction aux Mages de Westil, mais peux se lire indépendamment).

Des histoires dans l’Histoire de la saga Ender

Cinq nouvelles pour approfondir l’univers de la Stratégie Ender, voici ce que nous propose Orson Scott Card. Le recueil contient les nouvelles suivantes : Mazer en prison, Joli garçon, Le tricheur, Un cadeau pour Ender et Une guerre de dons. Elles sont de qualité inégale, mais il y en a tout de même trois qui sortent du lot.

Mazer en prison : Cette nouvelle se situe entre l’entrée d’Ender à l’Ecole de guerre et la seconde bataille contre les doryphores. Le sauveur de l’humanité, Mazer Rackam, a été mis dans un vaisseau se déplaçant à une vitesse très proche de celle de la lumière. Le but ? Que cet homme qui a sauvé la Terre soit toujours vivant et disponible pour la prochaine attaque des doryphores. Si ce n’est pour faire cette nouvelle guerre, ce sera au moins pour former celui qui la mènera…

La nouvelle nous conte les nombreux échanges par ansible qu’on eu Rackam et Graff. Et c’est ainsi que l’on se rend compte que le sort a tenu à très peu de choses… et que Graff est un homme à la psychologie très pénétrante, de même que Rackam. Dialogues et jeu de dupes, ce court récit nous montre des personnages importants du premier tome de la saga sous un jour surprenant et très intéressant !

Joli garçon : Voici l’histoire de l’enfance de Bonito, alias Bonzo que l’on connaît pour son rôle de commandant dans La stratégie Ender ainsi que sa personnalité très dure, sans merci basée sur l’honneur. Ici, nous découvrons un tout jeune Bonito, encore innocent et plein d’amour.

Alors que le petit Bonito aime ses deux parents à la folie, un événement inattendu va bouleverser la vision qu’il avait d’eux. Mais surtout, cette découverte va être décisive dans sa façon d’être dans le futur, notamment pour son choix d’entre à l’école de guerre. Lui qui était empli de si bons sentiments…

Même si elle n’apporte pas beaucoup de données supplémentaires, la nouvelle est sympathique et permet de découvrir un autre Bonzo.

Tricheur : Cette nouvelle est parue pour la première fois dans la revue Solaris en France. Quand entrer dans l’Ecole de guerre devient un enjeu si vital que tous les moyens sont bons pour y entrer… Mais le tricheur n’est pas celui que l’on croit. Cette courte nouvelle d’une trentaine de pages nous montre un petit garçon très doué, mais jamais assez pour son père qui veut tout faire pour que son fils « réussisse ». Le tout se déroule dans une culture très asiatique et pour cause, Tzu est d’origine Chinoise.

Cette courte histoire d’une trentaine de pages n’apporte que très peu de choses en soi, si ce n’est que l’on découvre l’enfance de Han Tzu (surnommé Hot Soup) et comment s’est faite son entrée à L’école de guerre. Il s’agit d’un personnage récurent dans la saga d’Ender.

Les deux nouvelles restantes, Un cadeau pour Ender et Une guerre de dons apportent une réelle dimension au roman La stratégie Ender. On découvre comment la famille Wiggins vit l’absence d’Ender, notamment à la période de Noël. Le personnage de Peter, son frère machiavélique et brutal est toujours aussi retors qu’au début du premier tome.

Une guerre de dons nous montre encore une fois le talent d’Ender à gérer les conflits différemment, à sa façon. Ce n’est pas la meilleure des nouvelles selon moi, mais c’est la plus en lien avec La Stratégie Ender.

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Ender – Préludes est ainsi un recueil de nouvelles sympathique qui apporte des éclairages nouveaux sur certains personnages de la saga. Il faut cependant réserver cet ouvrage aux fans d’Orson Scott Card et de son œuvre, car il risque d’être trop pointu pour un public plus novice.

TRANCHE d´ÂGE :

Actualité éditoriale : Phobos, la nouvelle saga de Victor Dixen arrive dans la collection R en juin 2015

Phobos 1Peut-être connaissez l’auteur français Victor Dixen, Il a écrit de nombreux romans fantastiques à destinations des jeunes adultes. On peux notamment citer sa très bonne série Le cas Jack Spark (Pôle Fiction) ou encore le roman Animale (Gallimard Jeunesse), qui prend sa source dans les contes de fées.

En cette année 2015, Victor Dixen nous réserve une belle surprise avec une toute nouvelle série de sf nommée Phobos et dont le premier tome paraîtra en juin dans la Collection R (Robert Laffont). Pour voir de quoi il retourne, c’est dans le résumé de l’éditeur ci-dessous.

Pour les plus curieux, j’ai pu interviewer Victor Dixen sur l’univers de Phobos. C’est juste ici !

Quoi qu’il en soit, le nom de Victor Dixen en lui-même est déjà un gage de qualité (personnages extrêmement travaillés, écriture percutante), de même que celui de la collection. On ne demande plus qu’à le lire !

Quatrième de couverture :

Dans un futur proche. Le fonds d’investissement privé Atlas a racheté la Nasa avec l’intention affichée de relancer la conquête spatiale grâce au programme de téléréalité le plus ambitieux de tous les temps : le programme Genesis.

Phobos 2Six filles et six garçons âgés de 17 à 20 ans ont ainsi été sélectionnés pour établir la première colonie humaine sur Mars. Ils sont en pleine santé, assoiffés d’aventures, parfaitement entraînés pour la mission qui les attend. Ils effectueront en aller simple les six mois de voyage à destination de Phobos, la lune de Mars. Avec un objectif : trouver le partenaire avec qui enfanter, sous l’oeil inquisiteur des caméras qui filment le vaisseau 24 heures sur 24.

Ainsi commence un show d’une ampleur jamais vue. Six prétendantes. Six prétendants. Six minutes pour se rencontrer. L’éternité pour s’aimer. La nouvelle saga-thriller de Victor Dixen, lauréat du Grand Prix de l’imaginaire en 2010 et 2014.

Phobos 2 définitivePour ceux qui ont déjà pu lire ce premier tome, un peu de patience, même si la suite arrive très rapidement je trouve (et c’est tant mieux). Rendez-vous le 12 novembre 2015 pour le second opus, avec encore une fois une très belle couverture très… aérienne !

L’image ci-dessus (la bleue avec le couple) était l’un des projets de couverture pour le second tome, mais c’est finalement l’image ci-contre qui a eu la préférence de l’éditeur.

Chronique : Les 100 – Tome 2 – 21ème jour

Les 100 02Un second opus trop prévisible…

Paru en octobre 2014 dans la collection R, 21ème Jour est le second tome de la saga de sf young-adult Les 100. Depuis la parution du premier tome en France, la série littéraire s’est vue adaptée en série télé sous le même nom avec déjà une saison complète.

Un retour aux sources violent

Pour rappel, les 100 (qui ne sont plus ce nombre d’ailleurs) ont atterrit sur Terre où ils pensaient finir très rapidement leurs jours. En effet, les résidus radioactifs d’une guerre nucléaire ayant sévi il y a plus d’une centaine d’année semblaient encore présents. Mais depuis leur arrivée sur Terre, les morts sont dues à tout sauf aux émanations nucléaires…

Les jeunes survivants semblant plutôt être confrontés à des survivants natifs de la Terre. Mais comment cela est-il possible, la guerre ayant normalement tout rasé sur son passage ?

Un développement de l’intrigue trop convenu et sans réelles surprises

Dire que cette suite était attendue relève de l’euphémisme. Après un premier tome qui laissait enthousiaste, on s’attendait à au moins aussi bien dans ce second tome. Et pourtant, cette suite surprend beaucoup moins ; autant dans son déroulement que dans ses quelques révélations.

L’auteur a conservé son concept de flash-back pour expliquer le passé des 100 ainsi que celui de ceux qui sont restés dans colonie spatiale.

On retrouve les fortes têtes qui avaient fait la qualité de l’histoire à son commencement mais ils sont cette fois-ci des réactions bien plus (et bien trop) prévisibles. De même, la découverte d’une colonie humaine de survivants 100% terriens dont certains très hostile n’a rien de très étonnant. C’est donc une intrigue cousue de fil blanc que nous déroule ici Kass Morgan. C’est sympathique à lire et ça se lit même très bien, mais l’effet de primeur n’est plus là, et c’est bien dommage.

Ainsi, malgré une disparition mystérieuse (celle d’Octavia dont le frère Bellamy va tout risquer pour la retrouver), l’étrange maladie de certains 100 et les drames qui s’enchaînent sur la colonie spatiale, on se détache de l’histoire trop facilement. Certains couples se créent, mais ils sont aisément repérables bien avant d’être officiels. Et surtout, ils n’éveillent pas de sentiments bienveillants comme c’est parfois le cas quand on s’attache à certains personnages.

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L’auteur continue toutefois à creuser les personnalités les plus sombres de certains de ses personnages et on se prend à espérer découvrir par la suite de plus noirs secrets que ceux que l’on connait déjà. Mais surtout, les derniers chapitres du livre renouent avec le suspense qui avait fait la réussite du premier tome. On se retrouve acculé et dans le besoin impérieux de connaître la suite malgré cet opus assez décevant, il faut le dire. La suite arrive avec le troisième tome intitulé Retour qui paraît le 26 mars 2015, et on espère y retrouver ce qui avait fait la qualité de la série.

Chronique Jeunesse : Des ados parfaits

Des ados parfaitsUn court roman d’anticipation sur le danger d’être trop parfait…

Yves Grevet est professeur et également un auteur français spécialisé dans la littérature fantastique pour la jeunesse et les ados. Il est notamment connu pour sa trilogie Méto, sa série en deux tomes Nox ou encore Seul dans la ville entre 9h et 10h30.

Avec le roman court Des ados parfaits, l’auteur inaugure la nouvelle collection de Syros : les Mini Syros Plus. Plus denses que les Mini Syros, ils sont environ deux fois plus épais mais s’adressent toujours à des lecteurs de 10 ans environ.

La perfection serait-elle un vilain défaut ?

Là où vivent Anatole et Célia, tout est aseptisé, formaté. Tous deux font partie d’un petit groupe d’élèves très sérieux en classe… trop pour certains. Ils ne s’intègrent pas aux blagues que se font les ados entre eux, sont plutôt pince sans rire, sont toujours à l’heure, obéissent aux règles au doigt et à l’œil… Pour certains, c’en est trop. C’est ainsi que différents moyens de pression sont exercés sur eux… mais dans quel but ? Qu’on-t-il fait de répréhensible eux qui n’ont rien à se reprocher ? Pourquoi leurs parents respectifs sont aussi fuyants et aux aguets depuis quelque temps ?

De l’anticipation à petite dose pour entretenir le suspense

Sans aller très loin dans l’intrigue (le format de la nouvelle ne le permet pas), l’idée d’Yves Grevet est aussi simple qu’efficace.

Dans un monde où l’on peut modifier certaines de ses erreurs telles que l’éducation de ses enfants (par des moyens peu orthodoxes), pourquoi se gêner ? Poussez cette idée avec des moyens futuristes et vous obtiendrez une histoire qui donne matière à réfléchir. Préféreriez-vous quelqu’un de parfait et de plat à quelqu’un qui fait des erreurs mais qui est spontané dans sa façon d’être ?

Malgré cette idée de base fort intéressante, il y a peu à se mettre sous la dent. La fin en particulier retombe un peu à plat après l’arrivée crescendo de nombreuses petites révélations et indices… lettres anonymes, exclusion sociale, haine inexpliquée…

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En conclusion, bien que ce titre soit loin d’être aussi percutant que les autres écrits de l’auteur, il faut toutefois se rappeler qu’il s’agit d’une nouvelle. Sympathique, mais pas mémorable, c’est donc le sentiment que l’on retire de cette lecture… Dès 10 ans.