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Chronique : Rendez-vous dans le noir

Un polar ficelé à la façon nippone. Délectable, noir et extrêmement humain à la fois…

De son vrai nom Adachi Hirotaka, Otsuichi est un auteur japonais. Son roman Rendez-vous dans le noir est le seul paru en France. Il est sorti en 2014 aux éditions Picquier. Otsuichi a également participé à la création de nombreux mangas.

L’étrange relation entre une aveugle et un meurtrier se cachant dans sa maison

Un homme vient d’être mortellement poussé sous un train. Un autre part en courant suite à ce terrible événement, et se cache dans une maison toute proche de la gare. Il est recherché pour avoir poussé l’homme décédé brutalement. Il n’a pas le choix, il doit donc se cacher, et quoi de mieux que la maison d’une aveugle pour se faire ?

C’est alors qu’une chose étrange et indicible s’installe : un relationnel muet entre cette femme aveugle et le meurtrier de sang-froid… A quoi cela peut-il mener ? Les non-dits, les silences et l’atmosphère accablante vont se charger de nous le raconter…

Un roman minimaliste qui fonctionne à merveille

Difficile de faire un décor plus réduit : deux personnages qui accaparent quasiment toute la trame de l’histoire et une simple maison comme théâtre.

Et pourtant, on ne s’ennuie pas une seule seconde tant Otsuichi plante parfaitement bien l’ambiance. Sombre mais pas glauque, stressant mais pas flippant, tout y est savamment dosé pour donner une intrigue efficace.

Les chapitres alternent entre le point de vue des deux protagonistes, mais toujours d’un œil extérieur. Les phrases sont courtes, laissant la place au silence et à l’imagination qui font tout l’attrait de ce roman.

Une grande place est faite aux rituels du quotidien, ils sont simples mais extrêmement présents car la moitié du roman au moins est conté du point de vue de Michiru, la jeune femme aveugle. La façon dont sa vision des choses est narrée est extrêmement parlante.

Le moindre changement de place d’un objet pour elle est source d’une angoisse incommensurable. Et peu à peu, on se rend compte des enjeux de taille que doit surmonter son habitant clandestin. Pas un bruit, pas un seul objet à déplacer, il doit se fondre parmi les ombres…

Sous couvert de nous offrir un roman policier, l’auteur nous parle du mal-être qu’on certains dans le monde de l’entreprise. En effet, il est tout aussi cruel (voir plus) au Japon, qu’ailleurs. C’est intéressant de voir comment se créé un bouc-émissaire. Comment de petites piques ou remarques se transforment peu à peu en harcèlement… Et vous risquerez d’être surpris par la conclusion de l’histoire !

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Loin d’être un roman à suspense classique, Rendez-vous dans le noir vous offrira une vision très différente de ce que peut-être un roman noir. L’ambiance y est incroyable, on retient notre souffle avec délectation par moments… C’est un roman qui gagnerait à être connu !

Chronique : Nos jours heureux

Un roman touchant ayant pour thème la peine de mort en Corée du Sud…

Gong Ji-young est une auteure sud-coréenne. En France, seulement deux de ses ouvrages sont parus pour le moment : Nos jours heureux et L’échelle de Jacob, tous deux aux éditions Picquier. Son roman Nos jours heureux a même été traduit en anglais.

Malgré un titre aux intonations positives, Nos jours heureux traite d’un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité car la peine de mort est toujours pratiquée en Corée du Sud… ou du moins toujours pas retirée de sa constitution, car la dernière peine de mort effective date de 1997 (source : peinedemort.org).

Histoire d’une jeunesse désabusée et en mal de sensations…

La jeune Yujeong a une vie plutôt tranquille et somme toute agréable… et pourtant. Rien ne la rend heureuse ni ne la fait vibrer. Tout passe sur elle sans la marquer : le temps, les rencontres… Elle-même se sait superficielle, mais ne fait rien pour lutter contre sa nature morose voir suicidaire… Mais sa tante, religieuse de son état, décide de prendre les choses en main et oblige Yujeong a faire le bien autour d’elle en allant visiter avec elle des condamnés à mort… Au début, la jeune femme fait cela malgré elle, mais peu à peu, elle va s’attacher à l’un de ces fameux condamnés à mort… Que pourra-t-il bien ressortir de ces singuliers rendez-vous ? Quelque chose d’aussi triste que magnifique…

Une magnifique ode littéraire contre la peine de mort

Beau, sublime, touchant, sensible… les adjectifs pour parler de ce roman sont nombreux, et très positifs. En effet, Nos jours heureux fait partie de ces romans à leur de peau qui savent parler aux lecteurs, les toucher, et les faire réfléchir.

Si vous souhaitez découvrir de la belle littérature, ce roman est fait pour vous. Si vous souhaitez découvrir la littérature coréenne avec un roman aisé à lire tout en étant touché, ce roman est pour vous. Si vous recherchez une belle histoire qui sort des sentiers battus, ce roman est également pour vous.

Vous y trouverez de nombreuses scènes dures et cruelles, mais aussi d’autres qui contrebalancent ce sentiment d’inexorabilité. Toutes sont marquantes pour différentes raisons. C’est ici un roman humain et simple que vous découvrirez, qui vous permettra de vous ouvrir à des questions autour de l’homme en général : sommes-nous déterminés par notre vécu et nos rencontres ? Peut-on changer le cours des choses ? Quelqu’un qui a tué est-il quelqu’un qu’il faut tuer ? Comment prouver l’innocence/la culpabilité de quelqu’un ? Comment avoir justice sans la faire soi-même ? Ces nombreuses questions flottent autour de nous au fil des pages… L’auteur ne vous en donnera pas les réponses, car chacun à la sienne, mais elle vous permettra au moins d’ouvrir votre esprit à la réflexion, tout simplement.

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Nos jours heureux est ainsi un très beau et très dur roman. Très actuel dans sa façon de camper son héroïne perdue et dépassée par son parcours de vie (et son passé). Si vous recherchez un roman à part, touchant et efficace, vous êtes au bon endroit. La littérature coréenne a encore frappé, et c’est toujours aussi plaisant de découvrir un nouvel auteur (nouveau à mes yeux en tout cas !).

Actualité éditoriale : Les 10 romans de la rentrée littéraire 2016 qui me tentent le plus

Parmi les 560 romans qui forment la rentrée littéraire de 2016, je vous propose ma sélection toute personnelle des ouvrages qui me tentent le plus ! De par leur univers, leur ambiance et leurs présentations (sans oublier les couvertures), ces livres on su me donner l’envie de les découvrir.

Nous allons ainsi visiter l’Amérique sauvage et brute, rester un long moment à New York, mais aussi nous perdre dans les forêts denses et brumeuses du Québec… Sans oublier de faire un crochet au Japon, dans une famille pas comme les autres, puis nous passerons également au Liban. Et il se peut que sur notre chemin nous croisions de nombreux lapins…

Mazie, sainte patrone des fauchés et des assoiffés

Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg aux éditions Les Escales :

J’adore le catalogue des éditions Les Escales. Leurs ouvrages sont beaux, travaillés, réfléchis, esthétiques. Et avec Maizie, voici le tout nouveau roman de Jami Attenberg (à qui l’on doit déjà La famille Middlestein, véritable petit succès de librairie). Ici, l’auteur se propose de romancer l’histoire de Mazie Phillips, une femme aux convictions et à l’histoire fascinantes. L’idée d’écrire à son sujet lui est venue à la lecture d’un articles dans le New Yorker. Le roman se déroule dans un lieu et une époque magique à mes yeux : le New York des années folles. Autant dire que j’attends énormément de cette nouveauté, pour laquelle j’ai placé la barre très haut. Sortie le 18 août 2016.

Présentation de l’éditeur :

Partez à la rencontre de Mazie Phillips, inoubliable héroïne à la gouaille mordante du New York des années folles.

Personnage haut en couleur, Mazie Phillips tient la billetterie du Venice, cinéma new-yorkais du Bowery, quartier populaire du sud de Manhattan où l’on croise diseuse de bonne aventure, mafieux, ouvriers, etc. Le jazz vit son âge d’or, les idylles et la consommation d’alcool – malgré la Prohibition – vont bon train. Mazie aime la vie, et ne se fait jamais prier pour quitter sa  » cage  » et faire la fête, notamment avec son amant  » le capitaine « .

Avec l’arrivée de la Grande Dépression, les sans-abri affluent dans le quartier et la vie de Mazie bascule. Elle aide sans relâche les plus démunis et décide d’ouvrir les portes du Venice à ceux qui ont tout perdu. Surnommée  » la reine du Bowery « , elle devient alors une personnalité incontournable de New York.

Dans ce roman polyphonique, Jami Attenberg nous fait découvrir Mazie – dont on entend la gouaille à travers les lignes de son journal intime –, mais aussi Sœur Ti, son unique amie, sa sœur Jeanie, l’agent Mack Walters, porté sur la bibine et qui aime flirter avec elle… Le lecteur découvre, fasciné, une personnalité hors du commun et tout un monde bigarré et terriblement attachant.

Yaak Valley, MontanaYaak Valley, Montana de Smith Henderson chez Belfond :

C’est typiquement le genre de roman que l’on peut qualifier de big novel à l’américaine (ou great american novel). C’est type de livre dense, éclatant et que l’on considère comme un futur classique. Yaak Valley, Montana réunit quoi qu’il en soit tous les critères du livre de la rentrée incontournable qui risque de nous faire passer un sacré bon moment de lecture.

Affaire à suivre après lecture, sortie le 18 août prochain !

Présentation de l’éditeur :

Dans le Montana, en 1980. Autour de Pete, assistant social dévoué, gravite tout un monde d’écorchés vifs et d’âmes déséquilibrées. Il y a Beth, son ex infidèle et alcoolique, Rachel, leur fille de treize ans, en fugue dans les bas-fonds de Tacoma, Luke, son frère, recherché par la police.

Et puis il y a Cecil l’adolescent violent et sa mère droguée et hystérique, et ce jeune Benjamin, qui vit dans les bois environnants, avec son père, Jeremiah Pearl, un illuminé persuadé que l’apocalypse est proche, que la civilisation n’est que perversion et que le salut réside dans la survie et l’anarchie. Pearl qui s’est exclu de la société, peut-être par paranoïa, peut-être aussi pour cacher qu’il aurait tué son épouse et leurs cinq enfants.
Au milieu de cette cour des miracles, Pete pourrait être l’ange rédempteur, s’il n’était pas lui-même complètement perdu…

Watership Down Toussaint LouvertureWatership Down de Richard Adams aux éditions Monsieur Toussaint Louverture :

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir ce tout petit éditeur, c’est le moment ou jamais ! En effet, Monsieur Toussaint Louverture n’édite que très peu d’ouvrages par an, mais il y apporte un soin tellement particulier et spécial qu’ils en deviennent de véritables bijoux de papier ! Watership Down, c’est la réédition d’un classique anglophone qui n’a jamais vraiment fonctionné en France. C’est l’un des ouvrages de ce top 10 que j’attends avec le plus d’impatience. Ah, et pour information, ils s’agit de fantasy animalière et les personnages principaux sont ainsi… des lapins !

Pour en savoir plus sur Watership Down, son histoire et ses origines, c’est par ici, sur l’article qui lui est tout particulièrement consacré. Parution le 15 septembre 2016.

Présentation de l’éditeur :

C’est parfois dans les collines verdoyantes et idylliques que se terrent les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante épopée de courage, de loyauté et de survie. Menés par le valeureux Hazel, une poignée de braves choisit de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, ruses, légendes vont aider ces héros face à mille ennemis et les guider jusqu’à leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’arrêtera-t-elle là ?

Aimé par des millions de lecteurs, l’envoûtant roman de Richard Adams fait partie de ces odyssées sombres néanmoins parcourues d’espoir et de poésie. Vous sentirez le sang versé. Vous tremblerez face aux dangers. Vous craindrez la mort. Et plus que tout, vous ressentirez l’irrépressible désir de savoir ce qui va se passer.

Jardin arc-en-ciel (2)Le jardin arc-en-ciel de Ito Ogawa chez Picquier :

J’en avait déjà parlé lors d’un article qui lui était presque entièrement dédié, ce tout nouveau roman d’Ito Ogawa va pour moi signer un renouveau. Il semble être dans le même esprit que l’un de ses précédents romans : Le restaurant de l’amour retrouvé. Attention, cet ouvrage est à surveiller de près, c’est pour moi un futur succès de librairie, j’en suis certaine ! L’ouvrage arrive sur les tables le 1er septembre 2016.

Présentation de l’éditeur :

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus. Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.

Il y a quelque chose de communicatif dans la bienveillance et la sollicitude avec lesquelles la famille accueille tous ceux qui se présentent : des couples homosexuels, des étudiants, des gens seuls, des gens qui souffrent, mais rien de tel qu’un copieux nabe ou des tempuras d’angélique pour faire parler les visiteurs ! Tous repartiront apaisés. Et heureux.

Pas à pas, Ogawa Ito dessine le chemin parfois difficile, face à l’intolérance et aux préjugés, d’une famille pas comme les autres, et ne cesse jamais de nous prouver que l’amour est l’émotion dont les bienfaits sont les plus puissants. On réserverait bien une chambre à la Maison d’hôtes de l’Arc-en-ciel !

Voici venir les rêveursVoici venir les rêveurs de Imbolo Mbue aux éditions Belfond :

C’est l’un des plus gros enjeux de l’éditeur pour la fin d’année, l’ouvrage a été un véritable phénomène lors de la Foire de Francfort où les éditeurs se sont arraché les droits dans de très nombreux pays. Voici venir les rêveurs est présenté comme LE succès annoncé, et j’avoue être tentée très fortement par cette parution et l’aura qui l’entoure avant même sa sortie officielle…

J’aime ce genre de récits où les destins s’entremêlent inexorablement sans qu’on puisse rien y faire sinon contempler, et ce roman semble être de cette trempe… On en reparle très bientôt ! L’ouvrage paraît le 18 août 2016.

Présentation de l’éditeur :

Aux États-Unis et au Cameroun, en 2007. Nous sommes à l’automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d’origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.

Mais rien n’est simple au pays de l’American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l’épée de Damoclès de l’expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l’interminable demande d’asile des Jonga et la menace d’éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes…

Ecoutez nos défaitesÉcoutez nos défaites de Laurent Gaudé chez Actes Sud :

Laurent Gaudé pour moi, c’est l’auteur du roman magistral La mort du roi Tsongor (l’un des rares livres que je relis très régulièrement). Sa prose est simple et unique, il écrit merveilleusement tout en restant accessible à tous… Je l’adore. C’est donc obligatoirement un incontournable de cette rentrée littéraire. Chaque nouveau roman de Laurent Gaudé rencontre à chaque fois un franc succès en librairie… Je ne pense pas que cette nouveauté fasse exception ! Parution le 17 août.

Présentation de l’éditeur :

Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste… Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.

La destinée la mort et moiLa Destinée, la Mort et moi, comment j’ai conjuré le sort de S.G. Brown aux éditions Agullo :

Vous ne connaissez pas encore la maison d’édition Agullo ? C’est tout à fait normal puisqu’il s’agit d’un tout nouvel éditeur ! Leurs couvertures détonnent et sont inratables en librairie, on les reconnaît immédiatement. Mais à peine arrivé, voici qu’il publie un roman de S.G. Browne, un auteur satirique qui avait eu son petit succès avec Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour ou encore Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël. Il est le roi des titres à rallonge, mais ce n’est pas sa seule particularité ! S.G. Browne est un auteur qui adore s’amuser et créer des histoires aussi débridées qu’originales. Et son nouveau roman ne fait pas exception puisque cette fois-ci, son personnage principal est le Sort lui-même ! Bref, ça semble délicieux, et ça sort le 25 août prochain…

« Règle n°1: Pas d’ingérence. mais me voilà, assis dans un centre commercial à Paramus, New Jersey, et je suis frustré. Agacé. Déçu. »
Une comédie noire et irrévérencieuse sur le sort, le destin, et les graves conséquences de l’implication d’un demi-dieu avec une humaine, par l’un des meilleurs satiristes américains.

Au cours des derniers millénaires, Sergio en est venu à détester son travail. incarnant le Sort, il est en charge de l’attribution des heurs et malheurs qui frappent la plupart du genre humain, les 83% qui font toujours tout foirer. Ecoeuré par l’interminable défilé de toxicomanes et de politiciens carriéristes qui lui incombent, il doit en plus subir l’insupportable bonne humeur de Destinée, responsable des Grands Hommes qu’elle guide avec une satisfaction béate vers la consécration d’un prix Nobel ou d’un titre de Meilleur Joueur du Super-Bowl. pour aggraver les choses, il est brouillé avec la Mort à cause d’une querelle vieille de 500 ans, et ses meilleurs amis sont Paresse et Gourmandise. Et le pire de tout ? Il vient de tomber amoureux de sa voisine, Sara Griffen, une jeune mortelle dont le sort dépend de Destinée. Entamer une relation avec elle viole la règle n°1 et au moins une dizaine d’autres, déclenchant d’énormes répercussions cosmiques qui pourraient bien le priver de son immortalité… ou le conduire à un destin pire que la mort…

Les règles d'usageLes règles d’usage de Joyce Maynard chez Philippe Rey :

Attention, ça ne présage que du bon. Joyce Maynard est une auteur que j’ai découvert il y n’y a pas si longtemps grâce à son roman paru en poche Prête à tout. Et les éditions Philippe Rey font partie de mes éditeurs favoris en littérature dite générale. Donc si vous mettez ces deux là ensemble, vous obtenez un roman extrêmement tentant !

Le thème maintenant : nous sommes à New York, le drame du World Trade Center vient d’avoir lieu. C’est l’histoire d’une jeune fille qui tente de se reconstruire, d’une famille qui va faire face, tout cela dans le Brooklyn des années 2000. J’en suis persuadée, ce roman va me plaire… Et les libraires qui l’ont déjà lu le hissent déjà dans leurs coups de cœur de la rentrée 2016. Arrivée en librairie le 1er septembre 2016.

Présentation de l’éditeur :

Wendy, treize ans, vit à Brooklyn. Le 11 septembre 2001, son monde est complètement chamboulé : sa mère part travailler et ne revient pas. L’espoir s’amenuise jour après jour et, à mesure que les affichettes DISPARUE se décollent, fait place à la sidération. Le lecteur suit la lente et terrible prise de conscience de Wendy et de sa famille, ainsi que leurs tentatives pour continuer à vivre. Le chemin de la jeune fille la mène bientôt en Californie chez son père biologique qu’elle connaît à peine – et idéalise. Son beau-père et son petit frère la laissent partir le coeur lourd, mais avec l’espoir que cette expérience lui sera salutaire.

Assaillie par les souvenirs, Wendy est tiraillée entre cette vie inédite et son foyer new-yorkais qui lui manque. Elle délaisse les bancs de son nouveau collège et, chaque matin, part à la découverte de ce qui l’entoure, faisant d’étonnantes rencontres : une adolescente tout juste devenue mère, un libraire clairvoyant et son fils autiste, un jeune à la marge qui recherche son grand frère à travers tout le pays. Wendy lit beaucoup, découvre Le Journal d’Anne Frank et Frankie Addams, apprend à connaître son père, se lie d’amitié avec sa belle-mère éleveuse de cactus, comprend peu à peu le couple que formaient ses parents – et les raisons de leur séparation. Ces semaines californiennes la prépareront-elles à aborder la nouvelle étape de sa vie ? Retournera-t-elle à Brooklyn auprès de ceux qui l’ont vue grandir ? Émouvante histoire de reconstruction, Les règles d’usage évoque avec brio la perte d’un être cher, l’adolescence et la complexité des rapports familiaux. Un roman lumineux.

BondréeBondrée de Andrée A. Michaud chez Rivages :

Il manquait un bon petit polar à cette sélection, vous ne trouvez pas ? Voici donc Bondrée, un roman sombre qui a tous les attributs pour séduire… Reste à savoir ce qu’il a dans le ventre, mais le résumé présage de bonnes choses quant à la lecture. Et puis, l’image de couverture est magnifique et participe énormément à mon envie de découvrir cet ouvrage… Bienvenue dans une contrée reculée du Québec où tout semble être en non-dits et atmosphères pesantes… Parution le 21 septembre 2016.

Présentation de l’éditeur :

À l’été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac des confins du Québec rebaptisé Bondrée par un trappeur mort depuis longtemps. Elle est retrouvée morte. On veut croire à un accident, lorsqu’une deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend que les pièges du trappeur ressurgissent de la terre et qu’un tueur court à travers les bois de Bondrée.

« Le thriller littéraire existe, Andrée Michaud en est la preuve. Créatrice d’ambiance exceptionnelle, elle joue avec la langue, les mots et les consonances dans ce huis clos chaud et humide où une foule de personnages se battent avec leurs démons. » «La Presse», Québec. Bondrée a reçu le Prix du Gouverneur général du Canada et le Prix Arthur Ellis.

Butcher's crossing photoButcher’s crossing de John Williams chez Piranha :

Alors, en ce moment, j’ai envie de grands espaces, de nature à perte de vue, de plaines brutes et de liberté… Butcher’s crossing semble ainsi tout indiqué pour assouvir ce désir. Peut-être connaissez-vous déjà John Williams grâce à son précédent roman, Stoner, qui avait été traduit par Anna Gavalda. Sortie le 23 octobre 2016.

N’hésitez pas à lire l’article complet qui lui a été dédié ici.

Présentation de l’éditeur :

Au cœur de l’Ouest américain, terre de grandeur naturelle et de décadence humaine, une expédition tragique se prépare… Par l’auteur de Stoner.

Dans les années 1870, persuadé que seul un rapprochement avec la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter le confort d’Harvard pour tenter la grande aventure dans l’Ouest sauvage. Parvenu à Butcher’s Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d’amitié avec un chasseur qui lui confie son secret: il est le seul à savoir où se trouve un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des montagnes du Colorado. Will accepte de participer à l’expédition, convaincu de toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d’embûches, est éprouvant et périlleux mais la vallée ressemble effectivement à un paradis plein de promesses.

Chronique : Love & Pop

Love & PopQuand les adolescentes japonaises sont prêtes à tout pour obtenir des produits de luxe…

Love and Pop, c’est avant tout le roman d’un phénomène malheureux et particulier au Japon : Enjo kōsai. Il s’agit de rendez-vous que les jeunes japonaises (lycéennes en général) acceptent avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elles contre rémunération. Cela peut aller du rendez-vous simple à… de la prostitution pure. Le but final de ces entrevues est pour les jeunes filles de se procurer des produits de luxe : Chanel, Vuiton, Prada…

L’auteur de Love and Pop est Ryū Murakami ; il est également réalisateur et scénariste. Ses ouvrages les plus connus sont Bleu presque transparent, Les Bébés de la consigne automatique ou encore Miso Soup.

Une bague si belle qu’on est prête à tout pour l’obtenir…

Le quotidien d’Hiromi est composé de son petit ami, des ses amies et de shopping. Mais le jour où elle découvre dans une bijouterie une magnifique bague en topaze, Hiromi sait qu’il la lui faut. Vite. Dès que possible avant de voir l’envie s’estomper.

Alors que ses amies sont de grandes habituées des rendez-vous arrangés, Hiromi décide d’en accepter quelques-uns afin de se procurer au plus vite la fameuse bague… Mais il semblerait qu’elle soit prête à bien plus que ce que ses amies on l’habitude de faire. Là où elles acceptent des cafés ou des karaokés avec des inconnus, Hiromi semble prête a accepter à peu près n’importe quoi et n’importe où…

Un phénomène de société à l’échelle d’une génération

Le personnage d’Hiromi et de ses amies font partie de ce que l’on appelle communément au Japon la génération perdue (rosu gene). Cette tranche d’âge de la société nippone a été nommée ainsi pour les années 1990-2000 environ et correspond à une réelle perte de repères pour certains futurs adultes : fugues, prostitution…

Ainsi découvrons-nous une sorte de Japon caché aux yeux des occidentaux, mais également inconnu pour les japonais qui ne trempent pas directement dans ces tractations louches avec de jeunes lycéennes. Ryû Murakami, l’auteur, a d’ailleurs rencontré certaines de ces jeunes filles pour être le plus réaliste possible dans son roman. Il a pu écouter des messages laissés par des lycéennes sur des téléphones-club (ou telekura) et a parcouru des love-hôtels pour être au plus près de la réalité.

L’écriture de ce roman peut paraître très déstabilisante au premier abord, Ryû Murakami ayant pris le parti d’en faire un texte très bruyant. Je m’explique, tous les bruits qui entourent ses personnages, que ce soit des publicités, quelques dialogues, des parles de chansons, tout est imbriqué dans le texte. Il n’y a pas de distinction en italique ou de saut de ligne. C’est mis tel quel, et c’est assez déstabilisant au départ. Mais l’ambiance ainsi créée est à nulle autre pareille : nous sommes dans un Tokyo bruyant et fourmillant et lumineux.

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Ainsi, Love and Pop est un récit qui pourra paraître étrange et perturbant pour certains, surtout au début. Mais ce type de narration sert très bien le texte. C’est avec curiosité et crainte que l’on suit le parcours d’Hiromi, cette jeune lycéenne qui souhaite pouvoir s’acheter ce qu’elle veut, quel qu’en soit le prix.

Un portrait en demi-teinte d’un Japon pas aussi parfait que ce que l’on peut croire en occident. Le pays du Soleil Levant a lui aussi ses problèmes de sociétés… et ils sont inquiétants. Une lecture aussi déroutante que fascinante !

Chronique : Bienvenue

BienvenueL’un des meilleurs romans coréens que j’ai lu. Poignant et terrible, triste et empli de persévérance…

Bienvenue est un roman de Kim Yi-seol, une jeune auteure coréenne dont c’est le premier ouvrage à paraître en France. Son métier d’écrivain a pu débuter grâce à l’obtention en 2006 du prix Sinchunmunye pour sa nouvelle nommée Treize ans. En Corée, une voie toute tracée vous est destinée dès lors que vous avez publié une nouvelle et qu’elle est primée, c’est ce qui est ainsi advenu pour Kim Yi-seol.

Même si nous la découvrons pour la première fois en France, Bienvenue est le premier roman de cette auteur, il est paru en 2013 aux éditions Philippe Picquier.

Une vie ingrate, un quotidien de labeur, mais quelques perspectives d’avenir, un jour… peut-être

Bienvenue… dans le quotidien de Yunyeong, une jeune femme à la persévérance sans limites, à la motivation sans failles. Elle est prête à tout pour décrocher une vie meilleure, et si cela passe par le pire, elle est prête.

Elle trime plus de douze heures par jour dans un restaurant nommé Le Jardin des Jujubiers pour un salaire de misère… Mais son but n’est pas de travailler pour toujours dans ce restaurant qui ne sert pas que des plats. Il est nécessaire et impératif que ses serveuses donnent de leur personne… et puis, ça leur permet d’arrondir les fins de mois.

Non, le but de Yunyeong, c’est de permettre à son compagnon de poursuivre ses études en toute quiétude. Si elle s’échine autant à ramener de l’argent à la maison, c’est pour leur avenir. Il lui faut juste réussir son concours, et s’occuper depuis peu de leur fille, pour qui elle est prête à tous les sacrifices. Après, leur avenir sera forcément meilleur…

Une vie emplie de beaucoup de tristesse et de petites joies

Le quotidien de Yunyeong est aussi saisissant que terrible. Elle travaille tant, qu’elle ne voit jamais sa fille et son compagnon pour qui elle s’échine. Mais ça, c’est presque la partie positive de l’histoire… En effet, sa famille semble continuellement la tirer vers le fond, en particulier sa sœur qui lui « emprunte » sans cesse de l’argent… et si il n’y avait que cela…

L’éditeur nous présente ce roman comme la réalité quotidienne de toute une strate sociale de la Corée. La brutalité que subissent continuellement là-bas certaines femmes est très difficile à lire, et pourtant… on se laisse happer par ce roman extrêmement réaliste et terrible.

Le restaurant/maison de passe, les horaires de travail qui vous achèvent de fatigue, les hommes qui se fichent qu’une femme vient d’avorter et veulent juste avoir leur prestation avec la serveuse qu’ils ont choisie. Les brimades, la concurrence entre les serveuses/prostituées, le chemin pour rentrer de ce terrible travail… Voici un petit aperçu du quotidien de la jeune Yunyeong. En lisant ses lignes, on l’admire, on la plaint, on craint pour son avenir…

« Dans le pavillon, les choses s’étaient mal passées avec mon client. J’avais voulu manger un peu de soupe de poulet en lui expliquant que je n’avais pas encore déjeuné. J’avais trop faim pour écarter les cuisses, lui avais-je dit. Ce qui l’avait mit en colère. Il avait exigé d’être remboursé. Il avait au moins cinq ou six ans de moins que moi ».

Malgré la dureté continuelle du récit et ses nombreuses scènes crues et dénuées de morale, il est impossible de détourner le regard. On veut savoir ce qui arrive à Yunyeong, quel sera son avenir qu’elle forge à la sueur de son front, mais également de ses cuisses…

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Ce roman n’est pas à réserver aux âmes sensibles, mais je le trouve nécessaire pour comprendre un peu mieux ce pays si mystérieux qu’est la Corée pour nous, occidentaux. Il est captivant par de nombreux aspects. Yunyeong est pour moi une héroïne qui s’ignore, mais également un magnifique portrait de femme qui lutte, envers et contre tout.

Ce livre est une pépite, il se dévore et on y repense parfois en espérant que ce roman n’est que cela, et non pas un portrait d’une partie de la société coréenne, et pourtant… A lire absolument.

Espérons ainsi que d’autres romans de Kim Yi-seol verrons le jour en France !

Actualité éditoriale : La Dénonciation, l’ouvrage qui a réussit à fuir la Corée du Nord

La dénonciationIl s’appelle Bandi, l’auteur de Corée du Nord qui a réussit à faire passer ses écrits dans celle du Sud. L’histoire de ses manuscrits est incroyable : il a réussit a leur faire traverser la frontière Nord-Coréenne en les dissimulant dans des livres de propagande communiste. Depuis, ses écrits ont été diffusés en Corée du Sud, et maintenant, ce sont les éditions Philippe Picquier qui vont les éditer en France.

L’ouvrage, qui est un recueil de sept nouvelles (La Fuite, La ville des spectres, L’Orme trésor, Si près si loin, Pandémonium, La scène et Champignon rouge), se propose de dresser un portrait à charge de ce pays si mystérieux et implacable qu’est la Corée du Nord. Le nom de Bandi (qui signifie luciole) est bien entendu un pseudonyme, l’auteur risquant sa vie en écrivant sur son pays. D’autant qu’il est toujours dans le Nord, sans possibilité d’en sortir.

L’histoire de Bandi, comme le dit si bien l’éditeur français, ressemble beaucoup à celle de Soljenitsyne en son temps, prix Nobel de littérature en 1970, l’auteur Russe avait été banni de l’URSS à cause de son roman contre le régime.

Les éditions Picquier publient ainsi ce recueil au mois de mars 2016, et rien que l’histoire de l’ouvrage est fascinante, il nous tarde maintenant d’en découvrir le contenu ! Une chose est sûre, cela devrait être passionnant.

Interview de Gu Byeong-mo pour son roman Les petits pains de la pleine lune

Les petits pains de la pleine lune pocheLa bibliothèque de Glow : Pourriez-vous raconter votre parcours aux lecteurs de La Bibliothèque de Glow ?

Gu Byeong-mo : Bonjour. J’ai toujours mené une vie discrète, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, une vie sans aventure qui s’écarte très peu du banal. Ma famille est un peu compliquée et par réaction, j’ai toujours été poursuivie par l’idée de vivre une existence modèle, d’être comme tout le monde, c’était une véritable obsession.

C’est pourquoi, suite à mes études universitaires, je me suis fait embaucher dans une entreprise, me suis mariée, ai eu des enfants, bref, j’ai accepté docilement le cycle de vie classique que suivent la majeure partie des gens. Mais depuis quarante ans, j’ai toujours cette envie d’ailleurs, et finalement, créer un monde nouveau en écrivant des romans est devenu pour moi un moyen de voyager.

La bibliothèque de Glow : Les petits pains de la pleine lune est un beau récit initiatique, comment son univers si dur et particulier vous est-il venu à l’esprit ?

Gu Byeong-mo : Le thème et l’idée de ce roman, je les dois à « la maison en pain d’épices » qui apparait dans le conte Hansel et Gretel des Frères Grimm. Dans cette maison vit une très méchante sorcière. Hansel et Gretel sont des pauvres enfants abandonnés par leurs parents et qui risquent de se faire assassiner par la sorcière. Dans mon enfance, j’ai vécu une menace à peu près semblable à la leur, et j’ai éprouvé la même angoisse de mort, mais en ce qui me concerne, il n’existait pas de magicien pour me protéger. C’est la raison pour laquelle j’ai offert au personnage de mon roman un magicien capable de lui fournir un refuge, même s’il n’est que provisoire.

Les petits pains de la pleine lune (korean version)La bibliothèque de Glow : Une boulangerie magique et un peu sorcière, ça a de quoi faire rêver… et si vous ne deviez acheter qu’une seule pâtisserie de cette boutique que vous avez créé, laquelle serait-ce ?

Gu Byeong-mo : Au premier coup d’œil, c’est un espace de rêve, mais beaucoup des pâtisseries proposées dans cette boutique sont en décalage avec la réalité de la société humaine. Si j’avais un budget suffisant, j’achèterais un exemplaire de chacune des pâtisseries, mais ce serait seulement par curiosité car je n’aurais jamais l’occasion de les utiliser. Les lecteurs qui ont lu ce roman me disent souvent qu’ils auraient surtout besoin d’un « Financier sosie » pour envoyer leur double à leur place au bureau ou à l’école.

La bibliothèque de Glow : Est-ce que les contes de fées vous on aidée à tisser votre récit ?

Gu Byeong-mo : Depuis toujours, je m’intéresse beaucoup aux mythes, aux contes, aux légendes, et dans plusieurs de mes romans suite à celui-ci, je me suis approprié ces contes pour les transformer et les réinterpréter.

La bibliothèque de Glow : Lesquels vous ont ainsi inspirée ?

Gu Byeong-mo : En septembre 2015, je viens de publier un recueil de nouvelles que j’ai écrit en prenant comme concept principal « la réinterprétation des contes ». Certaines nouvelles reprennent des idées des contes d’Andersen comme Les souliers rouges , La petite fille aux allumettes, d’autres s’inspirent des écrits des Frères Grimm comme Le géant aux cheveux d’or, La petite gardeuse d’oies, Le prince grenouille, La sage Élise. Je les ai réinterprétés et reconstruits d’un point de vue moderne. Je pense que tous ces contes doivent vous être familiers, j’aimerais que beaucoup de lecteurs s’intéressent à mon ouvrage et le lisent, et peut-être ainsi paraîtra-t-il un jour en France.

La bibliothèque de Glow : En France, nous vous connaissons uniquement pour deux ouvrages : Fils de l’eau et Les petits pains de la pleine lune. En avez-vous écrit d’autres ? Que racontent-ils ? 

Gu Byeong-mo : Je publie presque un nouveau roman par an. Ils traitent en général avec ironie de l’égoïsme et des maux de la société, j’essaie par le biais du réalisme magique de faire une critique de la dure réalité et de l’injustice de notre société.

Les petits pains de la pleine luneLa bibliothèque de Glow : La Corée est l’invitée d’honneur du prochain Salon du Livre en France, viendrez-vous à l’événement pour rencontrer vos lecteurs français ?

Gu Byeong-mo : Pour qu’un auteur coréen soit présent à un salon du livre international, il faut d’abord qu’il y soit invité. En général, on sélectionne des auteurs déjà connus, prometteurs en Corée dont les nombreux ouvrages ont été traduits et publiés dans les pays européens et anglophones. En ce qui me concerne, je ne suis pas encore un auteur assez réputé pour ça (je crois que je ne mérite pas encore d’être invitée dans un salon du livre international J ). Si vous, lecteurs, me soutenez et réclamez avec force ma présence auprès des Editions Philippe Picquier, cela pourrait faire flancher les éditeurs coréens… !

La bibliothèque de Glow : Autre chose à ajouter ?

Gu Byeong-mo : Je vous remercie d’avoir apprécié mon roman.

Aujourd’hui, en Corée, les petites librairies traditionnelles ferment les unes après les autres, seules quelques grandes librairies gérées par des grandes entreprises et qui vendent aussi en ligne parviennent à survivre. C’est pourquoi je suis profondément émue d’apprendre qu’en France, il existe encore des blogs tenus par des libraires, et que des gens continuent à venir acheter des livres dans des librairies indépendantes.

La bibliothèque de Glow : Un immense merci à Yeong-hee et Mélanie Basnel pour avoir assuré cette traduction. Sans elles, cette interview n’aurait jamais eu lieu. Merci également aux éditions Philippe Picquier et à son attachée de presse d’avoir permis cet échange avec Gu Byeong-mo.