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Mes idées de livres à offrir pour Noël 2017 – Romans adulte

De mon point de vue, cette année 2017 à été un bon cru en termes de littérature dite « blanche » ou généraliste. J’ai fait de très belles découvertes, dont une qui m’a littéralement marquée comme ça ne m’étais pas arrivé depuis longtemps. D’autres vous feront rire, sourire, vous surprendrons, vous blufferons même ! En bref, cette année, j’ai beaucoup de coups de cœur littéraires dans les romans dédiés aux adultes. Que ce soit du roman historique, de l’imaginaire, de l’inclassable… vous trouverez de TOUT pour tout le monde !

L’embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard – Isabelle Duquesnoy – La Martinière 

Si on me demandait de choisir LE livre qui a marqué cette année 2017, pour moi ce serait sans conteste l’Embaumeur. Roman immersif dans la France du XIXème siècle, nous faisons la connaissance du jeune Victor Renard. Quand débute le roman, on apprend qu’il a fait une terrible chose… quelle est-elle ? Ce roman de plus de cinq-cent pages en est la confession. De son enfance à ce qui l’a mené derrière les barreaux, découvrez le parcours unique de Victor Renard.

Ce roman est de toute beauté, une véritable claque ! Le lire a été un régal, un tel plaisir de lecture que j’ai eu du mal à m’en remettre. Je ne voulais pas quitter la plume exceptionnelle d’Isabelle Duquesnoy… Elle a mis dix ans à écrire L’embaumeur, et on comprend pourquoi quand on la lit… C’est exceptionnel de qualité : le choix des mots, les tournures de phrase, sa façon d’être drôle dans le drame même… Sombre, parfois cru, mais toujours superbement écrit. Évidemment, ce roman n’a pas été sans me faire penser au Parfum de Süskind, ne serait-ce que par con titre, c’est aussi ce qui m’a tenté en premier lieu !

En bref, n’hésitez pas une seule seconde à découvrir (et faire découvrir) ce fabuleux roman, c’est une merveille…

Parce que je déteste la Corée – Kang-myoung Chang – Picquier

Énorme coup de cœur dans le monde de la littérature coréenne ! Si vous cherchez un roman frais, drôle, vivant, vibrant… c’est le roman qu’il vous faut ! Découvrez la vie de Kyena, une jeune femme coréenne comme les autres à un détail près : elle déteste son pays. Marre de voir que les dés sont jetés dès la naissance, que les classes sociales ne se mélangent jamais en Corée, que l’on survit plus que l’on ne vit… C’est ainsi qu’elle décide de tout plaquer et de partir… en Australie !

Courageux ? Stupide ? Vous le saurez en lisant ce roman qui fait sourire, mais également réfléchir à notre société au sens large. Une belle histoire, une héroïne géniale, une plume vivante… que demander de plus ?

Valet de Pique – Joyce Carol Oates

Pour les amateurs de romans à suspense et sous tension, ce roman de la grande Joyce Carol Oates sera absolument parfait. Diabolique, magnifique de maîtrise, vous serez subjugués par l’histoire sombre et séduisante de Valet de Pique, c’est une promesse.

L’histoire est celle d’un écrivain à succès qui a une « double vie », ou plutôt une double identité. Il écrit des romans qui se vendent par milliers d’exemplaires sous son vrai nom. Mais, sous un autre nom il écrit tout autre chose…avec une écriture bien plus sombre. Son héros et sa série s’intitulent Valet de Pique : ils sont subversifs, glauques, sombres… et bien loin de l’univers de ses autres écrits bien plus traditionnels et même un peu communs.

Mais le jour où sa fille trouve par hasard sur son bureau un exemplaire du Valet de Pique et qu’elle découvre des scènes de leur vie de famille, tout bascule. Sans compter les accusations de plagiat pour ses romans à succès qui le mènent au tribunal… Et ce n’est que le début d’une descente aux enfers qui va de pire en pire…

Sorcières Associées – Alex Evans – éditions ActuSF

Dans le genre fantasy orientale mâtinée de steampunk, Sorcières Associées est un petit bijou à découvrir d’urgence… et sa magnifique couverture ne gâche rien ! Dans un monde où les morts-vivants sont une manne financière énorme pour les usines (pas de charges sociales, pas de réclamations ni de grèves…), où la magie est omniprésente et où les enquêtes mystiques pullulent et ou vampires et autres monstres sévissent, vous avez tout un univers qui s’ouvre à vous…

Suivez un duo de femmes enquêtrices extrêmement douées dans leur domaine au service d’une mythologie ultra dense ! C’est fascinant, non dénué d’humour et d’une fraicheur bienvenue dans le paysage de l’imaginaire français. Pour découvrir plus amplement Sorcières Associées, je vous laisse découvrir la chronique en dessous pour plus d’explications…

Heurs et malheurs du sous-majordome Minor – Patrick deWitt – Actes Sud

Dans le genre génial ET inclassable, il y a ce roman. Certes, le statut de sous-majordome n’existe pas, mais il illustre parfaitement le côté fou et débridé du roman…

Peu importe l’époque, peu importe l’endroit… ce qui compte, c’est l’atmosphère. Nous sommes dans un magnifique château aux allures gothiques, entouré d’un village à ses pieds et escorté d’une forêt juste derrière. C’est ici que Minor va exercer l’étrange poste de sous-majordome ! Dans ce château, il faut veiller à fermer sa porte à clé la nuit, d’étranges bruits rôdent… c’est là que la partie étrange et inclassable se dévoile peu à peu….

Magnifique roman, magnifique traduction/écriture, c’est un sans faute pour cet ouvrage à offrir sans réserve pour ceux qui souhaite une autre littérature…

Il y a un robot dans le jardin – Deborah Install – Super 8

Dans le genre « je voudrais un roman fell good génial et original », Il y a un robot dans le jardin est PARFAIT. Il est à rattacher très légèrement à la science-fiction, mais uniquement car le robot qui en est le héros – Tang – est d’une intelligence quasi-humaine.

C’est l’histoire d’un couple qui se délite, qui est sur la fin… Ils sont encore jeunes, mariés, mais ne s’aiment plus et surtout, ne se comprennent plus. L’arrivée d’un robot tout rouillé et cassé dans leur jardin va être le déclencheur pour Ben. Peut-être est-il temps de prendre sa vie en main ? Et cela va passer par un tour du monde complètement fou afin de retrouver le créateur de Tang, ce fantastique robot à l’intelligence peu commune (et à l’humour particulier !).

Si vous voulez pour vous ou pour offrir un roman qui détonne, à la fois drôle et extrêmement original, c’est l’ouvrage parfait. Drôle, mignon, et bourré de dialogue absolument épique.

Boudicca – Jean-Laurent del Socorro – éditions ActuSF

Connaissez-vous Boudicca, la reine des Icènes ? Personnellement, c’est tout un pan historique qui m’étais totalement méconnu que j’ai découvert grâce à cette lecture. Au temps où l’Empire Romain écrasait les peuples pour assoir sa domination, les Icènes se situaient dans une partie de ce qui est maintenant la Grande-Bretagne.

Le livre a beau être édité chez ActuSF, Boudicca est bel et bien un roman historique ! Et quel roman… C’est l’histoire d’une femme à la fois maternelle, guerrière, courageuse, qui a porté son peuple et tout sacrifié pour lui… Ce roman est l’histoire complète de Boudicca (bien entendu romancée, parfois), de sa naissance, à sa mort. Si recherchez un magnifique roman historique aux élans épiques et guerriers, c’est le livre qu’il vous faut !

Il ne nous reste que la violence – Eric Lange – La Martinière

Ma grosse claque de cette fin d’année, c’est ce livre ! Je l’ai découvert juste avant de faire cette fameuse liste de Noël.

L’histoire est celle d’un chroniqueur radio (comme l’auteur), son émission un peu underground ne fait pas assez d’audience, et « un tueur » vient d’être recruté au sein de la radio pour faire le ménage et réduire les coûts… Il sait déjà que son émission est menacée, et donc son travail, sa vie, sa situation… C’est alors qu’au détour d’un verre, il retrouve une connaissance du temps où il était reporter de guerre… De fil en aiguille, ils en viennent à parler de l’émission de radio en danger que gère notre narrateur et anti-héros. C’est alors que l’homme lui fait une proposition inimaginable : envoyer à l’hôpital cet homme chargé de faire le ménage pour que lui, ai le temps de développer l’audience de son émission…

Brut, violent, noir, Il ne nous reste que la violence est un roman inattendu, magnifique, et terrible à la fois. Au fil du texte (qui se dévore presque d’une traite tant c’est bien écrit et captivant), on plonge dans la noirceur de l’âme humaine. Et ce que va faire ce chroniqueur radio, on le comprend malgré tout à notre façon… Il a décidé de s’en sortir par la violence, car c’est la seule alternative qu’il a, et il transforme ainsi sa passivité en action brutale.

Ce roman est un coup de poing. C’est à lire/offrir absolument pour le contenu, l’histoire, et l’image de l’âme humaine si parfaitement retranscrite par Eric Lange. Qui sait ce que nous ferions si nous étions acculés ? Désespérés ? Un livre excellent, au final bluffant que je n’ai pas vu venir…. ce qui m’a encore plus époustouflée.

Chronique : Parce que je déteste la Corée

Que faire lorsque le pays d’où nous venons nous semble invivable ? Si il ne nous offrait aucune perspective d’avenir ?

Fraichement paru lors de la fameuse rentrée littéraire 2017, voici le premier roman du coréen Chang Kang-myoung à paraître en France. Ce sont les éditions Philippe Picquier qui nous offrent l’opportunité de découvrir d’une autre façon la culture littéraire coréenne… et ça détonne !

Parce que je déteste la Corée est un roman vibrant, vrai et qui questionne sur la position que peut trouver la nouvelle génération coréenne au sein de son propre pays…

Kyena, 27 ans, et un certain malaise…

Elle est jeune, travaille dans une grande banque, a un petit ami… La vie semble sourire à Kyena. Ou du moins elle n’est pas censée être malheureuse. Et pourtant… le mode de vie Coréen lui pèse de plus en plus pour de nombreuses raisons.

Elle n’aime pas ce travail qu’elle a dans une banque, son petit copain veut s’engager auprès d’elle mais sa belle-famille est loin de l’accueillir à bras ouverts. Et surtout, Kyena ne se voit pas avoir un avenir en Corée. Trop d’exigences, de confrontation entre ses rêves et la réalité… C’est ainsi, qu’elle décide de quitter amoureux, travail et famille pour l’Australie ! C’est un peu fou, mais Kyena ne manque pas de volonté et va tout faire pour que sa vie devienne se dont elle a toujours rêvé, sans pressions d’aucune sorte.

Un roman qui déborde de vie !

Le premier adjectif que je retiens pour qualifier ce roman atypique, c’est vivant. Parce que je déteste la Corée est un roman, certes, mais j’ai réellement cru en cette héroïne ordinaire qui se sentait piégée par les normes de son pays.

Kyena m’a fait rêver grâce à ses rêves de liberté plus grands qu’elle. Elle a beau trimer, se planter lamentablement parfois, faire d’énormes bêtises… elle se relève. Toujours prête à travailler dur pour atteindre ses objectifs. Et à force, qui sait… peut-être y arrivera-t-elle ? (vous n’avez qu’à lire le livre pour le savoir !).

Je l’ai comprise quand elle s’est retrouvée enfermée par une norme à laquelle elle ne voulait pas appartenir. J’ai vécu avec elle se sentiment d’injustice profond qu’elle a ressenti lorsque le fossé des inégalités sociales s’est rappelé à elle…

Chang Kang-myoung a un talent fou : il nous fait vivre non pas à côté, mais avec ses personnages. Quand j’ai lu ce roman, j’ai cru à un vrai témoignage tant c’était vibrant, véritable et touchant (et parfois dramatique).

Je ne peux que vous conseiller de lire ce livre pour mille et une raisons :

  • Il vous fera découvrir le fonctionnement de la Corée avec un œil nouveau
  • Il déborde d’énergie, comme sa narratrice, Kyena
  • Il vous dépaysera car on voyage constamment entre la Corée et l’Australie
  • Il vous donnera de la volonté, de la force, de l’espoir
  • Il vous permettra peut-être de remettre en question votre vie et vos souhaits

…..

Si ces raisons ne vous suffisent pas, je ne sais plus quoi dire pour vous convaincre. Je peux insister en vous disant que c’est mon premier coup de cœur de la rentrée littéraire 2017. Qu’il ma fallut lire beaucoup de romans inintéressants avec de tomber sur cette pépite. Alors, maintenant que j’ai déblayé la surproduction qu’est la rentrée littéraire, qu’attendez-vous pour en savourer l’essence même ?

Chronique : En beauté

Un roman étrange et diffus pour découvrir l’univers de l’auteur coréen Kim Hoon

Bienvenue dans le monde de l’esthétisme et de la beauté au travers du prisme… d’un salon funéraire. Voici le court roman (ou la longue nouvelle) de Kim Hoon parue chez Picquier en novembre 2015.

Kim Hoon est un auteur coréen qui a trois livres parus actuellement en France en comptant En beauté. Les deux autres sont parus chez Gallimard : Le chant du sabre et Le chant des cordes.

Le choc de deux univers

Le directeur commercial d’une grande entreprise de cosmétiques vient de perdre sa femme, alors que ce dernier s’occupe des obsèques, son travail passe le rattrape… Il soit gérer la campagne de communication estivale de son entreprise… Pour ceux qui connaissent un peu la Corée, En beauté ressemble à un portrait à l’acide de la Corée et de sa dureté pour ceux qui y travaillent…

Une lecture qui laisse un peu sur sa faim mais donne à réfléchir…

Pour lire et/ou apprécier En beauté, je pense qu’il faut déjà beaucoup aimer la littérature coréenne et ses thèmes parfois étranges. Un lecteur que ne se serait jamais essayé à la littérature coréenne risquerait d’être quelque peu déstabilisé par ce court roman.

La lecture est pénible dans le sens où rien ne nous est épargné. Nous découvrons avec horreur et dégoût les lentes étapes de la maladie que la femme de ce publicitaire a vécue. On lit aussi avec beaucoup de fascination et de respect tout l’amour que cet homme éprouvait pour sa femme. Il s’occupait d’elle jusque dans ses besoins les plus primaires : manger, aller aux toilettes, la changer… Il aimait sa femme avec une force indéfectible, un courage illimité…

Mais outre sa vie personnelle, cet homme se doit « d’assurer » également sur le plan professionnel. En Corée, le monde du travail est plus que difficile, il est cruel. Les Coréens sont parmi les peuples travaillant le plus à dans le monde, et ce roman le démontre en illustrant cet homme menant de front l’organisation des obsèques de sa femme et son travail. Même dans une situation aussi exceptionnelle que la mort d’un proche, le travail passe avant tout…

……

Pour apprécier pleinement ce roman et comprendre ce qu’il illustre et dénonce, il faut avoir une vision assez globale de la réalité de la vie coréenne, de ses enjeux, de ses difficultés. Je ne les perçois qu’à peine, mais le peu que je sais de ce mode de vie grâce à la lecture de nombreux romans semble compliqué.

Quand on lit, on tente de s’évader, et la littérature coréenne réussit cela à merveille pour moi. Mais avec En beauté, c’est la réalité qui se rappelle à nous. Nos envies d’exotisme et de littérature sont parfois rattrapées par ce genre de roman. Nous qui rêvons d’un ailleurs, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans ces pays d’Asie qui nous fascinent tant et que parfois nous envions…

Chronique : Nos jours heureux

Un roman touchant ayant pour thème la peine de mort en Corée du Sud…

Gong Ji-young est une auteure sud-coréenne. En France, seulement deux de ses ouvrages sont parus pour le moment : Nos jours heureux et L’échelle de Jacob, tous deux aux éditions Picquier. Son roman Nos jours heureux a même été traduit en anglais.

Malgré un titre aux intonations positives, Nos jours heureux traite d’un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité car la peine de mort est toujours pratiquée en Corée du Sud… ou du moins toujours pas retirée de sa constitution, car la dernière peine de mort effective date de 1997 (source : peinedemort.org).

Histoire d’une jeunesse désabusée et en mal de sensations…

La jeune Yujeong a une vie plutôt tranquille et somme toute agréable… et pourtant. Rien ne la rend heureuse ni ne la fait vibrer. Tout passe sur elle sans la marquer : le temps, les rencontres… Elle-même se sait superficielle, mais ne fait rien pour lutter contre sa nature morose voir suicidaire… Mais sa tante, religieuse de son état, décide de prendre les choses en main et oblige Yujeong a faire le bien autour d’elle en allant visiter avec elle des condamnés à mort… Au début, la jeune femme fait cela malgré elle, mais peu à peu, elle va s’attacher à l’un de ces fameux condamnés à mort… Que pourra-t-il bien ressortir de ces singuliers rendez-vous ? Quelque chose d’aussi triste que magnifique…

Une magnifique ode littéraire contre la peine de mort

Beau, sublime, touchant, sensible… les adjectifs pour parler de ce roman sont nombreux, et très positifs. En effet, Nos jours heureux fait partie de ces romans à leur de peau qui savent parler aux lecteurs, les toucher, et les faire réfléchir.

Si vous souhaitez découvrir de la belle littérature, ce roman est fait pour vous. Si vous souhaitez découvrir la littérature coréenne avec un roman aisé à lire tout en étant touché, ce roman est pour vous. Si vous recherchez une belle histoire qui sort des sentiers battus, ce roman est également pour vous.

Vous y trouverez de nombreuses scènes dures et cruelles, mais aussi d’autres qui contrebalancent ce sentiment d’inexorabilité. Toutes sont marquantes pour différentes raisons. C’est ici un roman humain et simple que vous découvrirez, qui vous permettra de vous ouvrir à des questions autour de l’homme en général : sommes-nous déterminés par notre vécu et nos rencontres ? Peut-on changer le cours des choses ? Quelqu’un qui a tué est-il quelqu’un qu’il faut tuer ? Comment prouver l’innocence/la culpabilité de quelqu’un ? Comment avoir justice sans la faire soi-même ? Ces nombreuses questions flottent autour de nous au fil des pages… L’auteur ne vous en donnera pas les réponses, car chacun à la sienne, mais elle vous permettra au moins d’ouvrir votre esprit à la réflexion, tout simplement.

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Nos jours heureux est ainsi un très beau et très dur roman. Très actuel dans sa façon de camper son héroïne perdue et dépassée par son parcours de vie (et son passé). Si vous recherchez un roman à part, touchant et efficace, vous êtes au bon endroit. La littérature coréenne a encore frappé, et c’est toujours aussi plaisant de découvrir un nouvel auteur (nouveau à mes yeux en tout cas !).

Chronique : Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ?

quest-devenu-lhomme-coince-dans-un-ascenceurUn recueil de nouvelles étranges qui nous viennent tout droit de Corée ! Dépaysement littéraire garanti…

Kim Young-ha est l’un des auteurs les plus populaires de Corée, où chacun de ses titres est un succès. Il est même traduit en langue anglaise. En France, il reste encore assez peu connu mais gagnerait à l’être… Son œuvre est fascinante, originale, inclassable. Il est notamment l’auteur d’un de mes plus grands coups de cœur littéraire : Quiz Show.

Il a également écrit : L’empire des lumières, Ma mémoire assassine, ou encore La mort à demi-mots.

Des nouvelles étranges, loufoques, et parfois même frustrantes

Si vous aimez les nouvelles de Dino Buzzati ou de Kafka, le recueil ici proposé par les éditions Picquier pourrait vous séduire… Voici ma petite sélection des deux nouvelles les plus marquantes de ce petit recueil qui en contient quatre au total :

Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur :

Rarement j’aurais lue une nouvelle aussi… frustrante ! Et pourtant je l’ai adorée. Cette journée commence très mal pour le narrateur. Problème de rasoir, d’ascenseur, de bus…

Un homme est coincé dans l’ascenseur, le narrateur descend les escaliers et croise cet homme à qui il promet de prévenir immédiatement les secours. Mais personne ne semble l’écouter quand il sort de son immeuble pour alerter les gens… La loi des séries s’applique avec acharnement dans cette nouvelle d’une trentaine de pages. Attention, la fin pourra en frustrer certains…

Vampire :

Quelle étrange nouvelle que celle-ci ! Elle semble en partie autobiographique en plus d’être fantastique… Ce qui ajoute à la sensation d’étrangeté.

Tout commence avec une lettre envoyée à… Kim Young-Ha lui-même ! Car c’est lui le narrateur de cette curieuse nouvelle.

Une femme lui fait part de ses soupçons quant à la condition étrange de son mari, écrivain de métier, tout comme lui. Au fil des mois et des années de vie commune, la femme est persuadée qu’il lui cache quelque chose et mène son enquête.

J’ai adoré cette nouvelle ! Kim Young-ha possède le don rare de créer des histoires très simples, captivantes et extrêmement fluides. Son phrasé est efficace, les pages s’enchainent sans mal… Vampire est le parfait exemple de son talent. Avec art, il nous transporte dans un ailleurs proche de notre réalité ou peu à peu l’étrange et les questionnements s’installent.

…..

Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ? est donc un bon petit recueil de nouvelles 100% coréennes. Seul bémol, les nouvelles ont beau être très plaisantes à lire, on les oublie au final assez vite, excepté les deux que je vous ai présentées qui restent un peu plus en mémoire…

Quoi qu’il en soit, c’est le type d’ouvrage parfait pour découvrir la littérature coréenne car il est rapide à lire, facile d’accès et pu cher (6,50€).

Enfin, il ne faut pas oublier qu’en Corée, le format de la nouvelle est très courant contrairement à la France où c’est le roman qui prime. Alors, c’est le genre d’ouvrage parfait pour s’imprégner de cette culture.

Interview des éditions Issekinicho

Issekinicho logoIssekinicho, ce mot vous dit quelque chose ? Il s’agit du nom d’une toute petite maison d’édition extrêmement qualitative et unique qui nous vient d’Alsace. Spécialisée dans la photographie et l’Asie, tous les ouvrages créés par cette maison sont des bijoux. Ils ne sortent que deux ouvrages par an en moyenne, et on comprend pourquoi quand on voit les finitions et le détail apporté à chaque ouvrage.

C’est une de mes maisons d’édition coup de cœur, je les suit depuis plusieurs années, et j’ai aujourd’hui la chance de pouvoir vous les présenter à travers cette interview. Foncez chez votre libraire pour voir/admirer/feuilleter leurs ouvrages ! Que l’on soit fan de l’Asie, du Japon ou de la Corée, peut importe, la qualité des ouvrages transcende le sujet lui-même… Parole de libraire.

La bibliothèque de Glow : Pourriez-vous présenter les éditions Issekinicho ?

Éditions Issekinicho : Oui bien sûr, c’est une maison d’édition qui a maintenant presque 3 ans, spécialisée dans le livre photo, graphique et bande dessinée sur le Japon, nous avons 8 titres au catalogue.
En plus de notre site de vente en ligne, de la présence sur des salons du livre et des conventions « Japon », nous sommes diffusés et distribués en grandes librairies, librairies indépendantes et librairies en ligne.

Issekinicho 2La bibliothèque de Glow : Quel est votre ligne éditoriale ?

Éditions Issekinicho : Faire des livres avec comme toile de fond le Japon, mais qui peuvent aussi bien intéresser des fans du Japon que des gens qui ne s’y intéressent pas particulièrement.
Nous cherchons à proposer des livres avec plusieurs portes d’entrée, des livres qui peuvent intéresser des gens différents pour des raisons différentes.
Nous ne faisons pas d’achat de droits, mais uniquement des créations originales. Deux de nos titres ont été traduits à l’étranger, « Neko Land – une vie de chat au Japon » en allemand et « Saisons du Japon – coloriages zen & haïkus » en vietnamien.

La bibliothèque de Glow : Est-ce que le mot Issekinicho signifie quelque chose ?

Éditions Issekinicho : Oui, c’est une expression japonaise, prononcé « issé ki ni tcho » Isséki signifie « une pierre » et nicho signifie « deux oiseaux ». En anglais il y a la même expression « one stone, two birds ». C’est l’équivalent de notre expression « D’une pierre, deux coups »

Issekinicho kokekokkoLa bibliothèque de Glow : Combien êtes-vous à faire tourner cette petite maison d’édition ?

Éditions Issekinicho : Et bien, deux, comme l’expression Issekinicho l’indique ^_^
Pour ma part (Alex), en plus d’être auteur de certains titres, je travaille à temps plein sur la maison d’édition, la recherche de projets, la mise en page, le suivi de fabrication, la vente en ligne, la communication, les relations presse, la présence sur les salons, répondre aux interviews comme celle-ci ^_^…  Bref, toutes les tâches nécessaires au bon fonctionnement d’une maison d’édition.

Delfine n’est pas à temps plein sur la maison d’édition, elle y consacre environ 1/4 de son temps. Elle s’occupe de la communication, de la vente en ligne et des salons avec moi. Elle est partie prenante dans tous les choix éditoriaux. Les autres 3/4 de son temps, elle continue à travailler comme illustratrice pour des éditeurs jeunesse.

Sinon nous avons un comptable qui s’occupe des choses trop complexes pour nous (bilan, compte de résultat, TVA…)

Issekinicho 4La bibliothèque de Glow : Vous faites très peu de titres par an, mais ils sont d’une finition absolument parfaite sur tous les plans, avez-vous une formation spéciale dans l’édition ou êtes vous autodidacte ?

Éditions Issekinicho : Merci, Delfine et moi avons une formation de graphiste. J’ai travaillé quelques mois en agence de communication avant de me mettre à mon compte en illustrateur freelance et Delfine m’a rejoint à la fin de ses études d’illustration.  Nous avons travaillé avec beaucoup d’autres éditeurs en temps qu’illustrateurs. Même si la maison d’édition n’a que 3 ans nous baignons dans le milieu du livre depuis 13 ans.
Nous apprenons le métier d’éditeurs au fur et à mesure des titres que nous publions. Un livre photo demande un travail irréprochable, de la prise de vue à sa mise en page, du choix du papier au choix des techniques d’impression et de fabrication. Pour ça, il faut connaitre parfaitement le potentiel de l’imprimeur avec qui on travaille. Nous profitons de chaque nouveau projet pour expérimenter des techniques d’impression et de nouveaux papiers. Publier un livre est aussi l’occasion d’apprendre, c’est important pour nous.

Issekinicho 5Étant seul (Alex) sur la partie mise en page, suivi de fabrication et souvent auteur de certains titres, nous ne pouvons pas produire plus de titres par an.

Comme je l’ai dit, nous ne faisons pas d’adaptations en français de titres japonais. Il nous faut donc trouver des idées de livres suffisamment intéressantes à réaliser, et cela prend plus de temps.

Issekinicho CoréeProduire peu par an, c’est aussi prendre d’énormes risques car le marché du livre actuel préfère la rotation rapide en librairie avec des livres de qualité moyenne, qui coutent moins cher à fabriquer et qui ont un plus fort potentiel de rentabilité. Produisant peu, nous avons besoin que nos livres restent longtemps en librairie, que le libraire les recommande régulièrement. Malheureusement les libraires ne gardent les livres que très peu de temps. En gros, nous sommes à contre-courant de ce que le marché du livre demande actuellement…

Le marché du livre va trop vite pour installer un titre en librairie, surtout pour des structures comme la nôtre qui ne peuvent pas avoir accès facilement aux médias, plateaux TV ou se payer de la pub. Ça prend donc plus de temps pour que les gens découvrent nos titres. Nous ne rentrons pas dans le cercle  « lancement / promo > ventes pendant 3 mois > retour des invendus > destruction des invendus > on passe à un autre livre »

Issekinicho 7 nipponLa bibliothèque de Glow : Pouvez-vous actuellement vivre de votre passion pour l’Asie à travers la publication de ces ouvrages ?

Éditions Issekinicho : Non. Pour développer un peu cette réponse : nous ne perdons pas d’argent, ce qui est déjà une très bonne chose. Malheureusement l’argent qui rentre grâce aux ventes ne nous permet pas de nous verser de salaire.

L’argent repart dans le financement de nouveaux projets, les frais de fonctionnement, les charges sociales, les taxes et impôts. Il faudrait que nos ventes soient multipliées par 2 pour pouvoir se payer un SMIC (et je parle d’un SMIC pour une seule personne…)

Issekinicho neko landLa bibliothèque de Glow : Souhaitez-vous développer plus encore votre maison d’édition ?

Éditions Issekinicho : Ça dépend de ce que l’on entend par « développement »…
Si c’est : plus de publications par an, non, nous ne le voulons pas vraiment. Nous espérons garder un rythme de 2 BONS titres par an, afin de pouvoir garder une qualité et un vrai suivi de la promotion du titre en librairie.

Ce que nous souhaitons développer, c’est notre communication et nos liens avec les libraires (pas mal de libraires ne nous connaissent pas encore), avoir une meilleure mise en avant par les médias et toucher plus de lecteurs.
Nous préférons continuer à publier 2 titres par an et faire de bonnes ventes que de devoir multiplier les titres avec des ventes moyennes.

Je sais que l’on aime bien entendre parler de croissance, de développement, on aime bien les « success-stories »…Nous, nous voulons juste continuer à faire de bons titres. Si l’année prochaine nous n’avons qu’un seul titre à proposer, nous ne nous forcerons pas à sortir plus et n’importe quoi.

Issekinicho 6 saisonsLa bibliothèque de Glow : Quelle est la publication pour laquelle vous avez le plus d’affect ?

Éditions Issekinicho : Nous mettons autant d’énergie dans chacun de nos titres. Chaque nouveau titre est l’occasion de tester de nouvelles choses en fabrication, vernis, marquage à chaud, reliure papier. Donc j’ai de l’affect pour tous, mais pour des raisons différentes.
Et puis je suis auteur de certains titres donc c’est très étrange de dire que l’on aime son travail ^_^

Mais s’il faut parler d’un livre, je veux bien parler du livre Saisons du Japon de Nancy Peña. Ses illustrations sont magnifiques et d’un niveau bien supérieur à ce qui est sorti en livre de coloriage sur le Japon. On est très fiers d’avoir ce livre dans notre catalogue.

La bibliothèque de Glow : Avez-vous des anecdotes à nous raconter autour de certaines de vos publications ?

Éditions Issekinicho : Toujours sur Saisons du Japon une anecdote malheureuse : les libraires boudent ce livre, le placement en librairie a été plus que moyen, alors que ce livre va plus loin que le simple livre de coloriage ( c’est aussi un recueil de Haïkus ). Les libraires se contentent d’un présentoir des livres de coloriage Hachette et ne s’intéressent pas aux publications bien meilleures que peuvent sortir d’autres éditeurs. Une façon pour eux de se débarrasser du problème « livre de coloriage ». Pendant ce temps, les lecteurs qui trouvent ce titre par d’autres réseaux de vente (en ligne ou lors des salons) sont ravis de ce titre. Un bon livre n’est pas forcement synonyme de succès de librairie.

La bibliothèque de Glow : De nouvelles publications sont-elles à venir ?

Éditions Issekinicho : Oui ! Notre dernier titre, le roman Le Fantôme de la tasse thé est sorti en octobre 2015 et nos 2 prochains titres sortiront en octobre 2016. Un an sans nouveauté comme vous pouvez le voir, les création demandent du temps.

Le premier est  un livre photo sur les singes du Japon : Saru – Singes du Japon.
Je viens de terminer 3 voyages au Japon (automne, hiver et printemps) pour prendre toutes les photos dont j’ai besoin. Les textes du livre seront écrits par deux primatologues qui ont étudié les singes au Japon. C’est un livre grand public, avec des explications sur les comportements des singes ainsi qu’une partie carnet de route que j’écrirai.
Je publie actuellement chaque semaine sur notre chaine YouTube des vidéos « carnet de route » sur ce projet.

Le deuxième est une bande dessinée qui s’intitulera Onibi (qui signifie Feu-follet), c’est un récit qui se déroule bien évidemment au Japon, plus précisément à Niigata et qui mélange autobiographie et histoire fantastique. Il est réalisé par Cécile Brun et Olivier Pichard, plus connus sous le nom « Atelier Sento ».

Issekinicho 3 singe

Chronique : Fils de l’eau

Fils de l'eauLe second roman paru en France de l’auteur des Petits pains de la pleine lune… Onirique, étrange et d’une sensualité inattendue

Si vous connaissez un peu le blog, vous devez savoir que Gu Byeong-mo est devenue ici une auteur incontournable que j’admire profondément. Son roman Les petits pains de la pleine lune est une œuvre que tout le monde devrait découvrir un jour tant il est d’une beauté douce et inclassable.

Avec son roman Fils de l’eau paru en 2013 (il vient tout juste de paraître en poche en février 2016), Gu Byeong-mo conforte sa position d’auteur incontournable de la littérature coréenne, toujours à la frontière des mondes… Pour en découvrir plus sur Gu Byeong-Mo, nous vous proposons de lire son interview ici sur le site.

Un petit garçon avec d’étranges entailles derrière les oreilles…

Le tragique parcours d’une famille va voir naître un étrange garçon possédant des ouïes. On ne sait si il est né avec ou si le fait d’avoir été plongé dans un lac aux profondeurs toxiques les a créées. Quoi qu’il en soit, ce garçon différent et ne pourra jamais se mélanger avec les hommes…

Il va être adopté par un vieux monsieur et son fils, vivant dans un village connu pour son lac qui attire nombre de gens qui souhaitent en finir…

Surnommé Gon par sa famille adoptive, il va être protégé et même surprotégé et en même temps rudoyé et malmené… Quel avenir peut donc se dessiner pour Gon, si étrange et si à part qu’il ne semble pas avoir sa place parmi les humains ?

Fils de l'eau pocheDélétère et fascinant… sans oublier un onirisme perpétuel

Encore une fois Gu Byeong-mo nous plonge dans son monde à la fois étrange, magique et parfois quelque peu morbide. L’ambiance de son œuvre est d’une beauté unique et Fils de l’eau n’échappe pas à la règle.

Plus sombre que Les petits pains de la pleine lune, on retrouve toutefois les éléments chers à l’auteur : la perte de l’innocence, la quête d’identité, les références aux contes et légendes… Clairement, ce roman a un côté malsain et dérangeant qui titillera le lecteur, le forcera à réagir, à s’indigner, mais aussi à se délecter.

Gon, cet homme-sirène aux mœurs étranges et hors de tout, n’est pas le seul à receler un intérêt. Les autres personnages du récit sont très peu nombreux (on peut en noter cinq en tout) mais complexes. Chacun revêt sa spécificité ou son trait de caractère (parfois haïssable ou noble selon les cas…), mais aucun ne laisse indifférent.

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On sera touché par ce récit encore une fois inclassable mais si doux-amer à déguster. Fils de l’eau est un très beau roman qui conte une histoire belle et triste à la fois. Cet écrit de Gu Byeong-mo est beaucoup plus difficile à conseiller cependant.

Il revêt un côté très sombre et très malsain que ne possédait pas autant son roman précédent. Il est donc à réserver aux fans de littérature coréenne ainsi qu’à ceux qui ont adoré sans réserves Les petits pains de la pleine lune.

Espérons que les éditions Picquier éditeront nombre des autres romans de Gu Byeong-mo, car l’auteur en a beaucoup à son actif dans son pays d’origine et on rêve de les découvrir…

Chronique : Bienvenue

BienvenueL’un des meilleurs romans coréens que j’ai lu. Poignant et terrible, triste et empli de persévérance…

Bienvenue est un roman de Kim Yi-seol, une jeune auteure coréenne dont c’est le premier ouvrage à paraître en France. Son métier d’écrivain a pu débuter grâce à l’obtention en 2006 du prix Sinchunmunye pour sa nouvelle nommée Treize ans. En Corée, une voie toute tracée vous est destinée dès lors que vous avez publié une nouvelle et qu’elle est primée, c’est ce qui est ainsi advenu pour Kim Yi-seol.

Même si nous la découvrons pour la première fois en France, Bienvenue est le premier roman de cette auteur, il est paru en 2013 aux éditions Philippe Picquier.

Une vie ingrate, un quotidien de labeur, mais quelques perspectives d’avenir, un jour… peut-être

Bienvenue… dans le quotidien de Yunyeong, une jeune femme à la persévérance sans limites, à la motivation sans failles. Elle est prête à tout pour décrocher une vie meilleure, et si cela passe par le pire, elle est prête.

Elle trime plus de douze heures par jour dans un restaurant nommé Le Jardin des Jujubiers pour un salaire de misère… Mais son but n’est pas de travailler pour toujours dans ce restaurant qui ne sert pas que des plats. Il est nécessaire et impératif que ses serveuses donnent de leur personne… et puis, ça leur permet d’arrondir les fins de mois.

Non, le but de Yunyeong, c’est de permettre à son compagnon de poursuivre ses études en toute quiétude. Si elle s’échine autant à ramener de l’argent à la maison, c’est pour leur avenir. Il lui faut juste réussir son concours, et s’occuper depuis peu de leur fille, pour qui elle est prête à tous les sacrifices. Après, leur avenir sera forcément meilleur…

Une vie emplie de beaucoup de tristesse et de petites joies

Le quotidien de Yunyeong est aussi saisissant que terrible. Elle travaille tant, qu’elle ne voit jamais sa fille et son compagnon pour qui elle s’échine. Mais ça, c’est presque la partie positive de l’histoire… En effet, sa famille semble continuellement la tirer vers le fond, en particulier sa sœur qui lui « emprunte » sans cesse de l’argent… et si il n’y avait que cela…

L’éditeur nous présente ce roman comme la réalité quotidienne de toute une strate sociale de la Corée. La brutalité que subissent continuellement là-bas certaines femmes est très difficile à lire, et pourtant… on se laisse happer par ce roman extrêmement réaliste et terrible.

Le restaurant/maison de passe, les horaires de travail qui vous achèvent de fatigue, les hommes qui se fichent qu’une femme vient d’avorter et veulent juste avoir leur prestation avec la serveuse qu’ils ont choisie. Les brimades, la concurrence entre les serveuses/prostituées, le chemin pour rentrer de ce terrible travail… Voici un petit aperçu du quotidien de la jeune Yunyeong. En lisant ses lignes, on l’admire, on la plaint, on craint pour son avenir…

« Dans le pavillon, les choses s’étaient mal passées avec mon client. J’avais voulu manger un peu de soupe de poulet en lui expliquant que je n’avais pas encore déjeuné. J’avais trop faim pour écarter les cuisses, lui avais-je dit. Ce qui l’avait mit en colère. Il avait exigé d’être remboursé. Il avait au moins cinq ou six ans de moins que moi ».

Malgré la dureté continuelle du récit et ses nombreuses scènes crues et dénuées de morale, il est impossible de détourner le regard. On veut savoir ce qui arrive à Yunyeong, quel sera son avenir qu’elle forge à la sueur de son front, mais également de ses cuisses…

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Ce roman n’est pas à réserver aux âmes sensibles, mais je le trouve nécessaire pour comprendre un peu mieux ce pays si mystérieux qu’est la Corée pour nous, occidentaux. Il est captivant par de nombreux aspects. Yunyeong est pour moi une héroïne qui s’ignore, mais également un magnifique portrait de femme qui lutte, envers et contre tout.

Ce livre est une pépite, il se dévore et on y repense parfois en espérant que ce roman n’est que cela, et non pas un portrait d’une partie de la société coréenne, et pourtant… A lire absolument.

Espérons ainsi que d’autres romans de Kim Yi-seol verrons le jour en France !

Chronique : La vie rêvée des plantes

La vie rêvée des plantesLe végétal comme idéal de vie, et même comme mantra

Écrit par l’auteur coréen Lee Seung-U, La vie rêvée des plantes est l’un de ses ouvrages les plus connus en France, il enseigne la littérature coréenne à l’université de Chosun. En France, d’autres romans de lui sont parus, même si ils sont encore peu nombreux : Ici comme ailleurs (Folio), Le vieux journal (Serge Safran éditeur), ou encore Le Regard de Midi.

Une histoire familiale trouble et torturée

Dans ce roman assez inclassable, entre histoire de famille, rivalités amoureuses et jalousies, nous découvrons le jeune Kihyon, qui nous conte à la première personne son histoire.

Toute l’histoire commence avec l’histoire du frère de Kihyon, qui était l’enfant adulé de la famille avant de perdre ses jambes à l’armée. Mais même depuis cette perte irréparable, tout le petit monde de Kihyon tourne autour de son frère… Kihyon l’a toujours envié : sa façon d’être, sa vie, son appareil photo… et même sa petite amie Sunmi.

Mais depuis la création de sa petite entreprise, Kihyon se voit dans l’obligation d’espionner sa propre mère. Et ce qu’il va découvrir sur sa famille et ses secrets est très… surprenant.

Un récit étrange, merveilleux et d’une douce noirceur où l’amour gouverne tout

Difficile voir impossible de vous faire un résumé de cet ouvrage aussi plaisant que troublant. L’univers et la prose de Lee Seung-U possède un charme indescriptible et enjôleur qui est et restera unique.

Entre ce père qui ne vit que pour ses plantes, cette mère qui par amour, est prête à porter son fils sur son dos pour l’emmener voir des prostituées et Kihyon qui malgré ses obsessions cède à l’amour filial, l’histoire nous mène sur des chemins insoupçonnés.

Tout ce que l’on puis dire, c’est qu’il y a beaucoup d’amour dans ce roman. Un amour fou, sans bornes ni limites qui entraîne nos personnages au-delà de leurs limites connues. C’est beau, et d’un incroyable onirisme.

La façon dont l’auteur parle des plantes et de leur relationnel presque érotique à l’homme est juste merveilleuse. On se sent autre en lisant ses lignes, en particulier vers la dernière partie du roman.

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Si l’histoire que je vous présente n’en dit pas assez pour vous, tentez cette lecture pour sa douce latence, son écriture épurée. Cet ouvrage est une belle introduction à l’œuvre de Lee Seung-U et à la littérature coréenne plus largement. Ça ne donne qu’une seule envie, découvrir d’autres ouvrages dans le même univers et dans un style similaire…

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위저더 베이커리 의 작가 구병모와의 인터뷰

Les petits pains de la pleine lune (korean version)글로우의 도서관 »이라는 블로그의 독자들에게 작가님이 걸어온 길을 이야기해 주세요.

안녕하세요? 저는 굉장히 평범하고 눈에 띄지 않는 생활을 했습니다. 일탈과 모험이 부족한 삶을 살았습니다. 가정환경이 좀 복잡했고, 그 반작용으로 더욱 남들과 똑같이 모범적인 삶을 살아야 한다는 강박에 시달렸습니다. 그래서 학교 다니고 졸업 후엔 취직해서 회사 생활을 하고 결혼과 출산이라는 인생 사이클을 순순히 받아들였습니다. 물론 마음속은 늘 지금이 아닌 다른 어딘가로 떠나고 싶다고, 40년째 생각해 오고 있습니다. 소설을 쓰면서 소설 속 새로운 세계를 만드는 것이 결국 제가 선택한 여행 방법인 것 같습니다.

 

위저드 베이커리가 하나의 아름다운 성장 소설인데요, 어디서 어떻게 이렇게 독특하면서도 잔인한 작품세계의 영감을 얻게 되었는지요?

소재와 발상은 그림형제 민담집의 [헨젤과 그레텔]에 나오는 ‘과자로 만든 집’에 빚지고 있습니다. 그러나 그곳에는 나쁜 마녀가 살고 있지요. 헨젤과 그레텔은 부모에게선 버림받은, 마녀에게선 살해 위협을 당하는 가엾은 아이들입니다. 저는 유년기에 헨젤과 그레텔과 크게 다르지 않은 위협 속에서 그들과 비슷한 심정을 느꼈습니다. 그 시절의 제게는 저를 피신시켜줄 마법사가 없었습니다. 그래서 소설 속 주인공에게는 잠깐이나마 그를 피신시켜줄 마법사를 선물했습니다.

 

Les petits pains de la pleine lune poche마술적이고 신기한 제과점, 이건 정말 모두가 꿈꿀만한 공간인데요… 작가님이 창조한 이 제과점에서 만약 작가님이 한 상품만을 산다면 어떤 상품을 고르시겠어요?

얼핏 꿈같은 공간이지만 그곳에서 파는 과자들은 인간의 보편적인 사회 규준에 적합하지 않은 것들이 많습니다. 저는 예산만 넉넉하다면 호기심에 한 개씩 모든 종류를 다 털어 올 것 같습니다. 그러나 어디까지나 호기심, 실제로 제가 그것을 사용하는 일은 없을 것입니다. 읽으신 분들은 주로 학교나 회사에 대신 보낼 ‘도플갱어’가 많이 필요하다고 하셨습니다.

 

옛 동화들이 작가님의 이야기를 구성하는데 도움이 되셨는지요?

신화, 민담, 전설 등은 언제나 관심의 대상입니다. 실제로 이후 창작한 많은 소설들에서 동화의 모티프를 변형 및 재해석했습니다.

 

Les petits pains de la pleine lune특히 어떤 동화들에서 영감을 받았는지요?

프랑스에 소개되지 않은, 2015년도 9월의 따끈따끈한 신간에서 저는  ‘동화 변형’을 전체 콘셉트로 잡고 연작소설집을 발표했습니다. 여기에는 안데르센 동화의 [빨간구두]와 [성냥팔이 소녀]를 재해석한 소설들이 실려 있고, 그림형제 민담집에서는 [거인의 황금 머리카락] [거위지기 소녀] [개구리 왕자] [영리한 엘제] 등을 뽑아 현대적 관점에서 해석하고 재구성하였습니다. 역시 여러분께 친숙한 동화들일 것으로 생각됩니다. 많은 분들께서 관심 갖고 지켜보아 주시면 언젠가 또다시 프랑스에서 출간이 가능했으면 좋겠습니다.

 

프랑스에는 현재 작가님의 두 작품 (위저드 베이커리와 아가미)만이 알려져 있는데 이외에 다른 작품들도 쓰셨는지요? 그럴경우 어떤 내용들을 이야기하는지요?

거의 매년 신작을 발표하고 있습니다. 주로 사회와 인간의 병리현상과 이기주의를 풍자하거나,

부당한 사회 구조를 비판하는 리얼리즘 소설을 환상문학의 코드로 접근하여 풀어나갑니다.

 

내년 2016년 파리 도서전에 한국이 주빈국인데 혹시 작가님도 프랑스 독자들을 만나기 위해서 오시는지요?

한국의 작가가 국제도서전에 가는 경우는 보통 초청을 받아서, 이때 한국 내에서 명망 있고 전도유망하며 기존에 영미권 및 유럽권 등 외국으로의 번역 수출이 활발했는지 등이 기준이 됩니다.

저는 한국 내에서의 명성이 아직 그렇게까지 높지 않습니다. (국제도서전에 초청을 받을 자격이 아직 충분치 않은 것 같습니다^^) 독자님들께서 필립피키에 출판사에 열화와 같은 성원과 요청을 보내주시면 한국 출판사의 마음이 움직일지도 모릅니다…!!

 

다른 하실 말씀이 있다면 ?

저의 소설을 재미있게 읽어주셔서 고맙습니다.

한국에서는 대기업이 운영하는 대형 인터넷 서점 외에 작은 서점들이 줄줄이 문을 닫는 형편입니다.

그래서 서점 블로그 문화가 있고, 서점을 찾는 손님들이 꾸준히 계시다는 말씀에 깊은 감명을 받았습니다.