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Chronique ado : La fiancée du dieu de la mer

La réécriture contemporaine d’un grand conte classique coréen !

Axie Oh est une autrice américaine d’origine coréenne, son roman La fiancée du dieu de la mer est le premier à paraître en France. Outre-Atlantique, son travail est très suivi, et d’autres de ses nouveautés arrivent très bientôt en France.

Un sacrifice à la place d’un autre…

Le dieu de la mer est courroucé, et cela dure depuis un siècle. Pour l’apaiser, chaque année les hommes livrent à la mer une fiancée pour le dieu, en espérant que l’une d’elle sera l’élue et saura calmer sa colère. Mais rien n’y fait… les inondations continuent, les récoltes sont gâchées, le peuple souffre…

Cette année, c’est la jeune, belle et talentueuse Cheong Shim qui a été choisie pour être offert au dieu de la mer. En échange de son sacrifice, les villageois prendrons soin de sa famille. Sauf que Cheong Shim en aime déjà un autre : Joon. C’est ainsi que Mina, la sœur de Joon se sacrifie de son plein gré à la place de sa future belle-sœur. Elle n’a pas d’autre choix selon elle de faire ce sacrifice pour sauver sa famille, son peuple, tout ce qu’elle aime.

Voici que Mina est transportée dans le monde des esprits, un univers proche du notre où dieux et esprits de côtoient. Mais son sacrifice ne semble pas avoir l’effet escompté… A elle de trouver comment prendre son destin en main et atteindre le dieu de la mer pour que les drames cessent dans le monde des hommes.

Magnifiquement onirique et doux, mais également rempli d’aventures !

Ce roman est le parfait équilibre entre la réécriture de contes et la lecture emplie d’action. Et quand l’éditeur Lumen dit qu’il rappelle Le Voyage de Chihiro, je suis parfaitement d’accord. Il y a des symboliques similaires, des éléments qui y font penser comme une évidence… mais non, ce n’est pas une copie du célèbre film Ghibli !

En effet, Axie Oh nous offre un conte à la chevauchée des genres : il y a de la poésie dans ses lignes, de l’action, de nombreuses révélations et une belle romance… Il y a tous les ingrédients d’un bon livre pour adolescent.es.

Une des choses que j’ai préféré dans ce livre, c’est l’hommage constant qui est fait aux anciens. Mina ne cesse de penser à ses ancêtres pour prendre des décisions, aider son entourage. Dans la réalité parallèle du dieu de la mer, elle découvre une chose aussi belle que touchante : les offrandes que les hommes font à leur ancêtres (souvent de l’encens et de la nourriture) arrivent dans le monde des esprit pour les nourrir. J’ai trouvé cela tellement beau de penser que nos ancêtres pouvaient être révérés de cette façon !

De même, autre élément primordial dans ce monde d’esprits, ce sont les dieux. Et certains sont bien loin de l’image idéalisée que les humains se font d’eux. Certains sont terriblement cruels, d’autres totalement égoïstes… Mina va découvrir que tout ce qu’elle pensait solide dans sa vie se délite peu à peu. C’est le second point fort de ce roman, outre son univers, il y a la crédibilité des personnages. La résilience de Mina est inspirante, mais elle n’est pas la seule à être très intéressante (Mask, un de mes personnages favoris !). Vous verrez !

Ainsi donc, ce texte, c’est une foule de détails entre tradition, symboliques fortes et romance moderne. Axie Oh a réussit à transformer un conte classique en roman ado parfaitement bien dosé qui fonctionne à merveille. Il plaira à celleux qui aiment les romances, la culture coréenne, les belles histoires aux images fortes. Vous verrez certaines scènes sont extrêmement touchantes, mais je ne puis en dire plus ici.
Espérons simplement qu’Axie Oh se lancera dans d’autres réécritures de contes !

AUTEUR :
GENRE : Corée, Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique essai : Lettre à Dennis Rodman, bouffon de la dictature nord-coréenne

Paru en 2015 aux éditions Les échappés (issues de Charlie Hebdo), ce court opuscule nous fait découvrir la face cachée des « paillettes » que la Corée du Nord essaye désespérément de nous lancer aux yeux. Bien entendu tout le monde est au courant qu’il s’agit d’une dictature, que les Nord-coréens ne mangent pas à leur faim et que leur vie est constamment menacée…

Mais il y a encore quantité de choses que l’on ignore sur ce pays si secret et Elise Fontenaille va se charger de nous en apprendre un peu plus… Quoi qu’il en soit, ça n’a pas l’air d’effrayer l’ex icône du basket Dennis Rodman…

Âmes sensibles, s’abstenir

Comment peut-on passer de l’ex-basketteur star Dennis Rodman à la Corée du Nord et cela sans transition ? C’est facile… il suffit de savoir que ce dernier a été invité en tant qu’ami par Kim Jong-un pour avoir le commencement d’un lien. Et c’est ainsi que l’amitié entre le basketteur et le dictateur Nord-Coréen grandit, la population s’affame et continue à mourir… Rien à signaler, tout va bien.


C’est indécent, vous trouvez ? Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg comme vous allez pouvoir vous en rendre compte au travers de la centaine de pages de l’ouvrage…

La dictature, c’est mal, oui mais encore ?

Bien entendu tout le monde sait que ce qui se passe en Corée du Nord est atroce, mais Elise Fontenaille a creusé pour nous le sujet afin que l’on soit encore plus conscient de ce qu’il se passe. Une chose est sûre, ce que vous apprendrez dans cet ouvrage risque bien de vous rester en mémoire.


La Corée du Nord a notamment parmi les meilleurs réseaux de hackers. Cela peut paraître incroyable quand on connaît le niveau technologique du pays, mais détrompez-vous. Le pays a su se doter des meilleurs technologies et des meilleurs hackers au monde pour parvenir à ses fins. Grâce à Kim Jung-un, le pays se modernise extrêmement vite (même si cela est réservé à une élite pendant que la population lambda travaille dans les champs et meurt dans les camps).
Kim Jung-un a ainsi réussit à paralyser la sortie d’un film qui lui déplaisait fortement : The Interview, où jouent Rogen et James Franco. Le film à l’humour potache lui a fortement déplu car le mettant en scène sous un jour très désavantageux. Mais il a fait l’erreur d’attirer justement la curiosité du public dessus par ses nombreux actes de hacking envers Sony. Le dictateur a fait pirater les mails des plus hauts responsables de l’entreprise ce qui a créé une énorme crise chez Sony…

Vous découvrirez aussi comment les témoignages des rares rescapés de Corée du Nord sont eux-même manipulés à cause d’une course à celui qui vendra le plus et passera le mieux dans les médias. Comment certains ont modifié leur vécu (déjà horrible) pour l’accentuer… Pas de jugement ici, l’autrice expliquant comment cette course au pire témoignage en est venue à exister, c’est sidérant et bien triste mais totalement compréhensif.

Mais ce qui m’a le plus choqué, c’est une partie de l’Histoire de la Corée qui date de la fin du XIXème siècle. Si vous ne connaissez pas la Reine Min (ce qui fut mon cas, je l’ai découverte ici) son histoire devrait vous intéresser. Elle est une figure incroyable qui a marqué son pays de part son destin tragique. Ce qu’elle a fait pour la Corée est incroyable, notamment en termes d’éducation et de culture des jeunes filles du pays… Avant que le Japon fomente une mission d’assassinat contre elle de la plus horrible des façons…

Tout cela et plus encore, voilà ce qui vous attend dans ce petit livre. Il faut le prendre comme une porte d’entrée dans la démarche de découvrir l’histoire d’un pays brisé et fracturé par les guerres et les dissensions depuis plus d’un demi-siècle. C’est passionnant bien que terrible, mais je suis partisane de voir les choses en face plutôt que de faire comme si elles n’existaient pas. Si vous avez le même point de vue que moi sur la question, cet ouvrage devrait intéresser et vous questionner. Passionnant.

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Chronique : Frankly in love

L’adolescence d’un jeune homme tiraillé entre ses origines coréennes et la culture américaine dans laquelle il baigne depuis toujours… hilarant, et d’une finesse insoupçonnée.

Paru en 2019 aux éditions Albin Michel, Frankly in love est un roman détonnant qui conte les déboires amoureux d’un adolescent américain d’origine coréenne. David Yoon ayant les mêmes origines, il a parfaitement su camper son personnage !

Un Limbo comme les autres…

Frank est un adolescent ordinaire avec ses questionnements sur l’amour, le flirt et autres mystères… Sauf qu’il est américain d’origine coréenne, autrement dit un limbo comme il se décrit lui-même. En quoi est-ce un problème ? Tout simplement parce que les parents de Frank sont coréen et qu’ils ont déjà tout prévu pour lui en ce qui concerne l’amour : sa petite amie ne peut être que coréenne et RIEN d’autre ne pourra être accepté.
Alors quand le jeune homme tombe amoureux d’une américaine pur jus, les circonvolutions pour se voir vont être ardues. Les mensonges pour se voir vont être de plus en plus gros…

Lumineux, drôle et passionnant

J’ai rarement lu un roman aussi drôle qui parle avec autant de justesse de l’adolescence en général et cela avec humour. De même, le fait de se sentir coincé entre deux cultures est assez rarement traité en young-adult et c’est un sujet passionnant.
Le personnage de Frank Li est baigné depuis toujours entre deux cultures : de par sa naissances aux États-Unis, c’est un pur produit américain. De par ses origines coréennes dans lesquelles il baigne depuis toujours, il est également un enfant de la Corée bien qu’il n’en connaisse pas tous les codes.
Ce mélange entre les deux cultures est à la fois une force et une faiblesse pour lui qui essaye de se fondre dans deux moules différents : américain le jour et coréen le soir, quand il est avec sa famille.

Frankly in love est ainsi un roman bien plus profond qu’il n’y paraît même s’il est empli d’humour. Ce phénomène de l’apatride est ressenti par de nombreux enfants issus de l’immigration et cela quelle que soit la nationalité. Mais j’ai rarement lu un texte à la fois aussi juste et drôle.

Vous découvrirez un pan de la culture coréenne que l’on ignore car c’est une facette différente : celle de la communauté coréenne aux États-Unis. Ils ne sont guère nombreux, mais se serrent les coudes comme une vraie famille… cependant les apparences restent importantes. Ainsi, quand ça ne va pas, il ne faut surtout pas le dire à ses amis et se préserver absolument du qu’en dira-t-on. C’est ainsi que Frank et sa famille vont cacher de nombreuses choses à leurs proches pour préserver la « vitrine » parfaite.

Je souhaite souligner un aspect du roman qui m’a particulièrement plu : la difficulté pour les parents de Frank de bien parler américain. Leurs petites fautes de grammaire, leurs formulations bancales et attachantes à la fois, c’est très drôle et ça les rend très attachants. Même quand ils font vivre un véritable petit enfer personnel à leur fils avec leurs idées préconçues.

« C’est pas mal, Frankie. Tu vas à la fac ? Tu rencontres gentille fille ? Tu fais beau bébé ? C’est tout. Je meurs, oh, Frankie-ya, tu fais tout bien, je souris souris. Dernier souffle je fais avant abandonner cette dépouille mortelle.« 

Ils sont extrêmement touchants dans leur façon de vouloir protéger leur fils, ne souhaitant que le meilleur pour lui mais le faisant avec tellement de maladresse. Il se peut même que vous versiez votre petite larmes vers la fin de l’ouvrage, car certains passages sont très forts en émotion. Et tout cela sans misérabilisme !

Ainsi, bien loin d’être uniquement un roman humoristique contant les déboires amoureux d’un adolescent en perte d’identité, Frankly in love est une analyse fine de la société américaine et de ses immigrés coréens (mais je pense qu’on retrouve certaines similitudes quelle que soit la nationalité). C’est un régal entre analyse d’une société qui se cherche et beaucoup d’humour. A découvrir dès l’âge de 14 ans mais s’appréciera tout autant si on est un adulte.

Bonus : Vous ne parlez pas coréen ? C’est bien dommage ! Vous avez plus d’une page entière dédiée à une énorme dispute écrite entièrement… en hangeul. Mes notions de coréens sont tellement basiques que je ne sais dire que bonjour… Mais je trouve très drôle et malin d’insérer la langue d’origine dans certains passages du roman. En effet, Frank ne parle pas bien la langue coréenne – le hangeul – et ne comprend rien lui-même. Et comme le roman est écrit de son point de vue, il est logique que nous n’y comprenions rien en tant que lecteurs. En bref, une excellente idée de la part de David Yoon !

Chronique jeunesse : Ma sœur Mongsil

Un classique de la littérature jeunesse coréenne arrive en France ! Découvrez l’histoire de la Guerre des deux Corées contée du point de vue terrible d’une petite fille…

Premier roman jeunesse paru aux éditions Decrescenzo, Ma sœur Mongsil est un véritable classique en Corée du Sud. A tel point qu’une fondation/musée lui est consacrée là-bas. Pourquoi un tel succès ? Cela peut certainement s’expliquer grâce au fait que l’ouvrage a l’ambition réussie de conter la Guerre des deux Corées du point de vue d’une enfant forcée de devenir adulte très tôt…

La traduction est assurée par deux traducteurs (comme souvent pour la langue coréenne) Park Mihwi et Jean-Claude Decrescenzo lui-même.

Mongsil ou l’incarnation de l’abnégation

Corée, années 1950. Mongsil est très jeune, mais elle a déjà le sens des responsabilités. Elle a dû suivre sa mère qui s’est remariée mais elle est est traitée comme une esclave par sa belle-famille… et les choses ne vont pas s’arranger à la naissance de sa demi-sœur.

La jeune fille va devoir faire preuve de courage et d’abnégation comme jamais, d’autant que la guerre approche à grands pas…

La grande Histoire contée au travers de la petite…

Lire ce roman, c’est découvrir (ou faire découvrir) l’histoire de la Corée aux plus jeunes. Parfait pour des lecteurs d’environ 11/12 ans, ce roman est idéal pour les curieux.ses d’Histoire. Il nous conte les événements vus de l’intérieur. Toute la misère et la dureté qui ont frappé le pays durant cette période… Je pense notamment à une scène absolument poignante du roman quand Mongsil part à Busan avec son père pour faire la queue à l’hôpital pour qu’il se fasse soigner (image ci-dessous). Impossible à oublier… et quand on sait que c’est ce qui s’est réellement produit, ça fait froid dans le dos.

Ce que l’on peut apprécier dans ce roman, c’est que la dureté de la vie en Corée à cette époque ne nous est pas épargnée. Bien au contraire, elle y est totalement développée, décrite parfois crument mais elle est nécessaire. Impossible d’édulcorer l’Histoire si on veut être au plus près de la vérité. Ainsi, même si l’ouvrage est destiné à la jeunesse, beaucoup de choses y sont expliquées au travers du destin chancelant de Mongsil.

J’ai ainsi beaucoup apprécié cet ouvrage destiné à la jeunesse mais qui n’est pas dénué d’intérêt pour un adulte qui s’intéresse à la Corée et à son histoire récente. Saluons également au passage les très jolies illustrations de Lee Chul-soo qui sont parfaites pour l’ouvrage.

Chronique : Made in Gangnam

Une plongée sombre et fascinante dans l’élite coréenne et son impunité

Premier ouvrage de Ju Won-kyu à paraître à France, Made in Gangnam est un roman aux allures de polar sociétal. Il est paru aux éditions Picquier en mai 2021.

Pour écrire ce roman, l’auteur à infiltré l’un des nombreux clubs huppé de la capitale coréenne. Ce qu’il y a découvert lui a donné une matière fascinante et terrifiante pour ce texte inspiré donc de faits réels.

Un massacre dans un hôtel encore non inauguré

Tout débute avec une scène de crime aux nombreuses victimes, dont certaines très célèbres. Que s’est-il passé lors de cette soirée de débauche ? Impossible de le savoir, mais il est du devoir du planificateur d’entrer en scène. Son but ? Offrir une mort acceptable aux yeux du public afin de cacher la terrible et sale réalité des soirées VIP où absolument tout peut se passer…

Bienvenue dans le quartier de Gangnam qui le jour est une fourmilière d’hommes d’affaires pressés et se transforme la nuit en terrain de débauche sans aucune limite.

Un pan de la société coréenne qui ne cesse de surprendre

Comme toujours avec la Corée, ses nombreuses spécificités sociales ne cessent de captiver. Ici, c’est le monde feutré et dangereux de la nuit chez les ultras privilégiés qui est analysé. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est aussi fascinant qu’étonnant. Voir dérangeant.

Ju Won-kyu nous initie à un univers que l’on ne soupçonne même pas et dont les codes ne sont maîtrisés que part une minuscule partie de la population qui s’élève au-dessus du commun des mortels.

Cette société fermée et élitiste est terrible avec les femmes, considérée comme de vulgaires objets. Tout au long de ce roman noir, on découvre à quel point elles n’ont absolument aucun droit sur leur corps ni même sur leur vie… Et à quel point leur métier est terriblement dangereux. Elle sont soumises aux moindres caprices des stars ou hommes d’affaire pour qui elles offrent leurs charmes. Et même si elles sont consentantes, il réside une forme de torture et de soumission terribles qu’elle se doivent de subir.

C’est donc au travers de deux personnages phares diamétralement opposés que nous découvrons peu à peu le système qui sévit dans le microcosme qu’est Gangnam.

L’un est un planificateur, il modèle à sa guise la réalité de la mort de ses clients pour la rendre entendable à tous.

L’autre est Jae-myeong, un policier qui n’a pas la noblesse de sa fonction. Accro au jeu, pétri de défauts qui le font plonger un peu plus dans l’addiction… Il est superstitieux au point de croire que coucher avec une prostituée avant de jouer lui portera chance. Mais ça ne lui donne que plus de dettes encore, et son salaire ne pourra jamais combler le gouffre financier qui se profile. Sauf si il monnaie le fait de fermer les yeux sur certaines affaires gênantes.

Ces deux hommes diamétralement opposés sont très complémentaires et nous aident à mieux comprendre les grands paradoxes de ce quartier. Si dynamique le jour et brûlant la nuit.

Le Gangnam nocturne est pourri jusqu’à l’os, et cela encore plus que ce que l’on croit quand on découvre qu’un planificateur est capable de plus de cœur qu’un flic endetté du district. C’est pourtant bien ce qu’il se passe ici, où tout ce qui touche de près ou de loin Gangnam semble étendre son influence malsaine…

Ainsi ce roman noir est une incursion instructive et passionnante dans un des quartiers les plus chauds de la capitale sud-coréenne. Dès que l’on bascule dans la face nocturne de Gangnam, tout se transforme, et pas nécessairement en bien…

On aurait aimé en savoir encore plus sur ce monde si particulier et déconnecté que l’auteur nous fait découvrir au travers de son expérience d’infiltré. Peut-être dans un prochain roman ?

La petite remarque en plus : Saluons la très belle couverture réalisée qui fait penser à Inception. Je la trouve très originale et réussie.

Chronique : La loi des lignes

Hye-young Pyun est une autrice de polars coréenne. Plusieurs de ses romans sont déjà parus en France, notamment Le Jardin (éditions Rivages) qui a remporté le Prix Shirley Jackson. Elle a également écrit le roman post-apocalyptique Cendres et rouge (Picquier) que j’avais adoré et qui nous conte l’histoire d’une Corée qui se délite peu à peu à cause d’un mystérieux virus…
D’autres de ses ouvrages tels que Dans l’antre de d’Aoï Garden ou encore La forêt de l’Ouest sont quant à eux disponibles aux éditions DeCrescenzo.
La loi des lignes est son tout dernier ouvrage a être paru en France, il est arrivé en librairie en février 2020, aux éditions Rivages.

A la découverte d’un pan méconnu de la Corée du Sud…

Deux destins aux fils coupés à vif qui n’ont à priori rien en commun, voici l’histoire de La loi des lignes.
L’une se nomme Sae-oh, elle vient de tout perdre dans un incendie : sa vie, ses affaires, et surtout son père. La police est persuadée qu’il a trafiqué la sortie de gaz de la maison pour sa suicider afin de fuir définitivement le surendettement…

L’autre s’appelle Ki-jeong, c’est une jeune enseignante mais elle n’en peut déjà plus de son travail et de la vie dure que lui mènent certains élèves. Elle vient d’apprendre que sa soeur était morte noyée sans avoir plus d’explications de la part de la police.

Comment ces deux femmes vont-elles se rencontrer ? Et surtout quel est leur point commun ? La réponse se trouve dans la société Sud-Coréenne dans son ensemble et les fractures qu’elle laisse béantes chez les plus faibles.

Un roman sombre qui dissèque la société coréenne et ses fractures

J’ai un sentiment partagé sur cette lecture. Le positif, c’est que j’ai découvert une partie méconnue de la société coréenne, de sa dureté. Je l’avais déjà expérimenté dans des romans tels que Parce que je déteste la Corée ou encore Bienvenue, mais ici, c’est une autre façon de couler que l’on découvre.
En effet, la spirale de l’endettement est le point commun de ces deux histoires de femmes qui ne se connaissent pas. La façon dont le membre de la famille de chacune plonge est différente, mais le résultat est bien le même au final. Et rien ne semble pouvoir stopper cette descente aux enfer dont personne n’avait connaissance avant leur mort…

Le négatif c’est que comme dans son roman Le jardin, l’autrice m’a déçue. Elle fait monter la tension à un point élevé pour au final nous délivrer un final qui selon moi n’est pas à la hauteur. Ces deux femmes qui ont perdu un membre de leur famille, était-il nécessaire de les faire se rencontrer ? En quoi cela apporte-t-il quelque chose de substantiel à l’intrigue ?
J’ai apprécié le côté très sombre et déprimant de cette histoire, mais je trouve que ça ne va pas assez loin à mon goût…
Dans le style descente aux enfers d’une femme coréenne, Bienvenue est excellent à découvrir par exemple. Pour ce qui est de La loi des lignes, je pense qu’il est beaucoup moins percutant.

Ainsi, ce roman est intéressant dans son ensemble et pourrait plaire à ceux qui aiment les romans sociaux sombres. Cependant, ne vous attendez pas à une intrigue policière ou à un quelconque retournement de situation, cela vous évitera toute déconvenue. A appréhender comme un roman noir, donc. Ceux et celles qui se passionnent pour la Corée devraient y trouver leur compte.

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Chronique : Pachinko

Un roman-fleuve qui nous conte l’histoire de coréens forcés de quitter leur patrie pour le Japon dans les années années 20. Un pan fascinant et totalement méconnu de l’histoire.

Premier roman de l’autrice coréano-américaine Min Jen Lee à paraître en France, Pachinko est publié par Charleston en début d’année 2021.
L’ouvrage a connu un très beau succès et a même été finaliste du National Book Award en 2017. Pachinko est traduit dans 25 langues et est en cours d’adaptation pour le cinéma.

Bienvenue dans un petit village de Corée…

La vie est difficile pour beaucoup de gens en Corée dans les années 20. La jeune Sunja et sa famille ne font pas exception, et tous les membres de sa famille redoublent d’ardeur pour s’en sortir au mieux.
Tout est à l’économie, à l’examen de la moindre dépense qui pourrait faire basculer dans le cercle de l’endettement le ménage modeste. Mais tout va basculer pour Sunja le jour où elle va s’éprendre d’un riche japonais faisant des escales régulières en Corée. Elle découvre quelque temps plus tard qu’elle est enceinte… Et comme dans toute culture à cette époque, être enceinte et sans mari est plus que mal vu, c’est jeter l’oprobe tout entière sur sa famille.

C’est ainsi que la vie de Sunja et de toute sa descendance jusqu’à la fin des années 80 va nous être contée.

Un pavé passionnant

Ouvrir Pachinko, c’est découvrir tant de choses que je ne pourrais pas toutes vous les mentionner. Mais une chose est certaine, ça se dévore. Le cheminement personnel et familial de Sunja et de tous ses descendants est passionnant. Et en filigrane, l’histoire de la Corée et du Japon, deux pays aux relations très complexes.

L’ouvrage fait six-cent pages, et pourtant on ne les voit pas défiler. Ainsi, ce sont plus de soixante ans d’histoire qui nous sont offert au travers de tranches de vies.

Certains membres de la famille de Sunja sont plus charismatiques que d’autres, je pense notamment aux enfants de cette dernière : Noa et Mozasu. Leur parcours de vie va être incroyable et vous captivera comme rarement. Entre Noa qui adore les livres et qui ne pourrait vivre que de lecture et d’eau fraîche et son frère Mozasu qui ne sait pas pour quoi il est fait mais use parfois trop de ses muscles, ce n’est pas évident.
Tous deux sont extrêmement attachants à leur façon… je les ai vraiment aimé. J’ai été heureuse et triste avec eux dans toutes les phases importantes de leur vie, et plus encore !

Découvrir cette vie d’une famille coréenne installée au Japon, c’est également ouvrir les yeux sur l’énorme tension qui réside au Japon entre les deux peuples. Les coréens installés au pays du soleil levant doivent montrer patte blanche de quantité de façons différentes.
Et même si un enfant est né au Japon de parents coréens, il n’est pas reconnu par l’État et reste apatride.
Ni coréen car n’ayant jamais vu ni connu son pays d’origine, ni japonais alors qu’il parle la langue comme n’importe autre enfant, le cas de Noa et Mozasu concerne des milliers d’enfants. Perdus entre deux cultures, se considérant comme japonais mais non reconnus comme tels par le pays qui les a vu naître. Cette fracture va créer de nombreuses blessures visibles encore des décennies plus tard…

Et ce sujet des enfants ballotés entre deux cultures n’est pas le seul objet de ce roman, il y a quantité d’autres bouts d’Histoire et phénomènes de sociétés qui sont recensés dans Pachinko. D’ailleurs, pourquoi un tel titre pour ce livre ? Le pachinko est un type de machine à sous très prisé au Japon. Travailler dans un pachinko est mal vu au Japon (en tout cas à l’époque où se déroule le roman entre les années 60/80) et ce sont au final souvent des coréens qui travaillent dans ce milieu.
Et là encore il y a beaucoup à dire sur l’image qu’à le Japon de ses enfants nés d’expatriés sur son propre sol…

Vous l’aurez compris, ce roman fut pour moi une belle et poignante découverte. Ses personnages sont empreints d’un réalisme tel qu’ils existent au travers des pages…

Empli d’émotion et terriblement passionnant, Pachinko est un bout d’Histoire à découvrir avec curiosité et exaltation !

Mini-Chroniques #10 : Une addiction incontrôlable, une découverte familiale incroyable, une quête d’absolu et un voyage dans une Corée en pleine transformation urbaine…

Voici déjà venu le dixième numéro des mini-chroniques ! Les ouvrages présentés sont tous très différents, mais tous (ou presque) m’ont émue à leur façon… Belle découverte à vous.

Tout sur le zéro – Pierre Bordage – Au Diable Vauvert

Ouvrage paru en 2017, Tout sur le zéro est un roman qui change de ce que nous propose Pierre Bordage habituellement. En effet, l’auteur est surtout connu pour ses récits de science-fiction, notamment avec Les fables de L’Humpur ou encore sa série Wang pour ne citer qu’eux.

Il a tellement d’ouvrages à son actif qu’il est impossible de tous les lister dans cette mini-chronique !

Dans Tout sur le zéro, on suit le parcours de vie de trois accros à la roulette. Trois récits de vie très différents, mais dont la « passion » dévore les économies et la vie de chacun.e.

Peu à peu, on découvre leur quotidien, leurs petits mensonges pour voler une heure de jeu au casino, pour tirer de l’argent sur le compte joint discrètement pour ceux qui sont en couple…
Mais le jeu est plus qu’une passion, c’est une véritable drogue. Et le fait de gagner ne calme pas les ardeurs, bien au contraire, elle les pousse à jouer encore plus gros…

C’est un roman intéressant qui explique bien je pense ce qu’il se passe dans la tête des joueurs et joueuses de casino. Cette addiction est dure à comprendre d’un oeil extérieur, mais ce roman aide à s’en faire une idée plus précise. Dommage cependant que cette fine analyse n’apporte pas grand chose au roman. C’était donc une lecture sympathique, mais pas mémorable…

La forêt aux violons – Cyril Gely – Albin Michel

Second roman de l’auteur belge Cyril Gely, La forêt aux violons est paru en début d’année 2021 aux éditions Albin Michel.
Son premier ouvrage, Le Prix, racontait l’histoire du Prix Nobel de Chimie de 1946 et la grande Histoire derrière… C’était passionnant, et très bien documenté.

Avec La forêt aux violons, l’auteur nous propose une histoire aux allures de conte sans jamais tomber dans le merveilleux, mais toujours à sa frontière… Onirique et touchant, voici l’histoire d’un apprenti luthier, Antonio, dont le but ultime est de créer le violon absolu. L’instrument qui sublimera la musique comme jamais elle ne l’a été… Mais pour cela, il lui faudra s’armer de patience et trouver le bois parfait.

La forêt aux violons est un très beau roman qui reprend les codes du conte dans son style d’écriture, son univers… C’est une véritable réussite ! J’ai tout aimé dans ce roman : le personnage de cet apprenti surdoué en lutherie qui détruit tout violon ne lui semblant pas parfait en tous points, la narration originale, la conclusion étonnante et très réussie…

C’est un beau roman, facile à lire mais pas simpliste. Il vous fera passer un excellent moment de lecture si vous aimez l’histoire de destins peu communs.

Héritage – Dani Shapiro – Les Arènes

Dani Shapiro est une autrice et essayiste américaine qui a énormément d’œuvres à son actif, mais très peu en France.

Héritage nous raconte l’histoire de sa filiation : elle a découvert par hasard que son père n’était pas son père biologique.
La nouvelle est violente, elle qui a toujours grandit avec la certitude que ses parents étaient ses parents, qui a grandit baignée par la culture juive… Une fois l’information digérée, elle décide de la prendre à bras le corps et de mener l’enquête sur ce mystérieux père biologique…
Et surtout le mystère de sa conception, car à l’époque où est née Dani Shapiro, la fécondation in vitro n’était absolument pas réglementée, et il n’était pas rare d’avoir recours au mélange de sperme… Des scientifiques jouaient au apprentis-sorciers et cela sans aucun garde-fou. C’est assez incroyable de découvrir ce que l’autrice a exhumé : à la fois aberrant et fascinant.

Outre le côté biologique de ses origines, Dani Shapiro va tenter de retrouver ce fameux père biologique et nouer un lien sinon affectif au moins ténu pour mieux comprendre le contexte de sa naissance.

Véritable cheminement psychologique très personnel, Héritage est un ouvrage passionnant sur la quête des origines de l’autrice. Son histoire est touchante, sa façon d’exposer les choses est à la fois factuelle et pleine d’émotion. C’est un livre à part qui m’a profondément plu et dont je ne pensais pas autant me passionner. Entre le récit journalistique et le témoignage, Héritage est un ouvrage à découvrir !

Au soleil couchant – Hwang Sok-yong – Editions Philippe Picquier

Pour ceux et celles qui s’intéressent à la Corée et à ses profondes transformations sociales et urbaines, Au soleil couchant pourrait bien les intéresser.

On y suit un homme au crépuscule de sa vie qui regarde par-dessus son épaule et se demandant si l’urbanisation de Séoul à laquelle il a activement participé était toujours une bonne chose. Interrogations, remise en question, ce court roman est l’occasion de découvrir une Corée méconnue dont l’âme se perd parfois dans les grandes constructions moderne au détriment des petits quartiers aux allures de villages dont certains ont été expropriés.

C’est très mélancolique, mais j’ai aimé découvrir cette facette méconnue de la Corée. Cet ouvrage ne plaira pas à tout le monde, il faut dire qu’il ne s’y passe pas beaucoup de choses. Mais son intérêt réside dans ce qu’il raconte du pays et de sa fuite en avant.

Chronique : Sang Chaud

Un roman noir qui nous vient tout droit de Corée du Sud… préparez-vous à découvrir la pègre de Busan… ainsi que leur sens de l’honneur !

Si vous ne connaissez pas la littérature coréenne mais que les polars vous plaisent, Sang Chaud pourrait bien être votre prochaine lecture.

Paru dans la toute jeune maison d’édition Matin Calme, l’ouvrage est sorti en librairie en début d’année 2020. Les éditions Matin Calme sont spécialisées dans le polar coréen, cela peut paraître réducteur pour qui ne connaît pas bien la Corée et sa littérature. Mais en réalité, la Corée du Sud est un pays à l’œuvre culturelle qui mérite d’être découverte (littérature et cinéma notamment). Pour en savoir plus, je vous conseille de découvrir l’article dédié à la littérature coréenne que j’ai rédigé ici.

En ce qui concerne Kim Un-Su, il ne s’agit pas de son premier ouvrage en France. Deux autres de ses ouvrages sont déjà parus : Les planificateurs (L’aube/Points) et Le Placard (Ginkgo).

Busan, son bord de mer, ses petits restaurants, ses réseaux illégaux…

Ville balnéaire très prisée en Corée du Sud, Busan est aussi dense que fascinante. Mais derrière la jolie vitrine et les plaisirs de la plage se cachent un monde tentaculaire… celui de sa pègre. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs hommes de main de la ville que l’on couvre : Huisu. Il a la quarantaine, n’a rien construit dans la vie, sinon en aidant son boss à développer son empire.

La prison, les coups, les jeux de pouvoirs, les menaces… Huisu à tout vu.

Mais le quarantenaire en a marre des petits délits, des traquenards, des arrangements monnayés avec une police corrompue… Huisu est passé à côté de sa vie, car après plus de vingt ans de bons et loyaux services, il n’a rien. Il vit dans une chambre miteuse, boit et fume beaucoup trop et n’a aucune perspective d’avenir… Si ce n’est de devenir trop vieux pour ce boulot. Car qui héritera de l’entreprise florissante et illégale du boss à la fin ? Pas lui, qui n’est qu’un homme de main, tout sera pour le fils héritier de la maison. Alors, à quoi bon tout ça ?

Un roman qui monte en puissance pour qui sait attendre

Pour ceux et celles qui aiment les polars rapides, incisifs, percutants, Sang Chaud n’est pas de ceux là au premier abord. Il vous faudra apprivoiser son univers et ses très nombreux personnages pour en savourer tous les méandres. Et cela prend du temps, plus de cent pages personnellement.

J’ai trouvé l’immersion dans la pègre de Busan difficile car j’ai eu beaucoup de mal à assimiler les nombreux personnages. En effet, ils sont tous coréens, donc leurs prénoms également, et au début il est difficile de cerner qui est qui. Mais peu à peu, on se familiarise avec chacun d’entre eux (l’univers du roman est presque exclusivement masculin) et on fini par les apprécier. Ou les détester viscéralement pour certains d’entre eux.

Une fois cette étape franchie, ce n’est que du plaisir. Plaisir de découvrir une intrigue aux personnages extrêmement denses, vivants, crédibles. Plaisir à se rendre compte qu’on l’aime bien, ce Huisu qui semble totalement en roue libre. Plaisir à s’immerger dans un univers que l’on méconnaît totalement mais que l’on aime explorer…

« Il n’existe aucun lien entre l’argent, la culture et le statut. L’argent c’est l’argent, c’est tout. »

J’ai adoré découvrir cette pègre que le commun des mortels ne connaît pas mais qui prolifère grâce à toutes sortes de trafics à Busan. Certaines de leurs machinations font sourire tant elles sont minimes, d’autres plus graves, font froid dans le dos. Mais tout cela concoure à nous faire découvrir une Corée que l’on n’imaginait même pas.

Si vous aimez les intrigues très denses, les personnages tellement travaillés qu’ils ont l’air vrais, les histoires sombres et géniales à la fois, Sang Chaud est pour vous.

Ce fut une totale découverte pour moi qui n’avait encore pas essayé les polars coréens (uniquement la littérature blanche), et j’en redemande !

Alors, certes le début est difficile, mais une fois que vous êtes dedans, impossible de lâcher l’histoire de ce bandit/héros qu’est Huisu. Quand je dis héros, il ne faut rien exagérer, mais c’est un malfrat qui a de sacrés principes, et il s’y tient. C’est pour ça que je le trouve admirable et d’un charisme fou.

Conclusion, Sang Chaud est à découvrir absolument pour quantité de raisons : intrigue folle, personnages travaillés à l’extrême… C’est un polar fouillé digne d’un Don Winslow, mais à la sauce coréenne !  

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Chronique : Toujours plus à l’Est

Un récit sur la Corée du Sud d’aujourd’hui vue à travers les yeux d’un français… drôle, fascinant et extrêmement instructif.

Paru aux éditions Picquier en 2016, Toujours plus à l’est est le troisième ouvrage du français Benjamin Pelletier.

Grâce à lui, on se sent un peu plus proche de ce pays qui semble si exotique et attrayant à nos yeux… et une fois terminé, on a qu’une seule envie : prendre un billet aller-simple pour la Corée !

Entre le roman et le récit de voyage

Notre ouvrage commence quand Benjamin Pelletier arrive à Séoul et emménage dans un petit appartement, dans le quartier de Malli-dong, qu’il présente comme ayant « Un air de bricole et de système D« . Tout semble s’assembler parfaitement, mais tout en étant fait de bric et de broc. Dans ce quartier ancien vivent principalement des personnes âgées, ou des jeunes avec peu de moyens. Cette partie de Séoul est à l’opposé du reste de la ville, tout en lignes droites et propres. La partie ancienne de la capitale est d’ailleurs amenée à disparaître, Séoul veut oublier son passé au plus vite… 

C’est ainsi que pendant un an, nous suivons Benjamin Pelletier dans ses découvertes de la culture coréenne… et elle n’a pas fini de nous surprendre !

Une société aussi curieuse que fascinante, entre modernité et croyances anciennes

Pour les amoureux de l’Asie, cet ouvrage pourrait bien devenir un indispensable à découvrir. On y apprend tant d’anecdotes et de faits intéressants qu’il est impossible de tous les lister, mais c’est captivant ! 

Baguettes en métal, dans la plus pure tradition coréenne.

Que ce soit à propos de l’éducation, de l’alphabet (très particulier), des croyances, des habitudes de vie, de la nourriture, TOUT est différent de chez nous, en France. Pas nécessairement pour le mieux, mais juste différent. Et c’est cela qui m’a plu avant tout dans cet ouvrage que l’on peux classer entre le récit et le roman (sans oublier une bonne dose d’humour). 

De plus, malgré une fuite en avant perpétuelle des coréens -très bien placés au niveau mondial quand il s’agit de nouvelles technologies ou d’e-sport, notamment à League of Legends ou à Starcraft – ces derniers se réfèrent encore énormément à des croyances ou habitudes anciennes. Je vous ai listé une partie des superstitions du pays citées par l’auteur, je les trouve aussi géniales qu’intéressantes !

  • Leurs baguettes sont en métal car par le passé, les familles royales avaient peur d’être empoisonnées. Le poison s’oxydant sur le métal, ce dernier devenait visible (notamment l’arsenic).
  • Le chiffre 4 est leur crainte, il signifie la mort car le chiffre et le mot « mort » en chinois ont la même prononciation.
  • Il ne faut jamais se couper les ongles la nuit pour ne pas attirer les souris, toujours promptes à prendre forme humaine pour voler les âmes.
  • On ne siffle pas la nuit ! Car ça peut réveiller les fantômes.
  • Il ne faut pas nettoyer l’appartement que l’on quitte pour faire croire aux esprits que l’on quitte les lieux. Ainsi, ils ne nous cherchent pas.
  • Il ne faut en aucun cas se laver les cheveux avant un examen, de risque de vider son cerveau de toutes les connaissances accumulées…

Et ce n’est qu’une toute petite partie de ce que j’ai listé grâce à l’ouvrage ! Je ne vous ai pas parlé du symbole qu’est l’hibiscus pour eux ou encore des traditions vis à vis des personnes âgées ou comment est l’éducation.

On en apprend également beaucoup sur comment mangent les coréens. Là-bas, il n’y a pas de hiérarchie de plats, tout est servi en même temps ! On mange ce que l’on veut quand on en a envie. Le riz est quant à lui servi dans un bol en métal muni d’un couvercle. D’ailleurs, si vous souhaitez découvrir l’expérience culinaire coréenne à Paris, il y a les restaurants Dochilak (ce qui veut littéralement dire plat à emporter en coréen) qui sont très fidèles à l’esprit. Et leur porc à la sauce piquante est à se damner… parfait avec un bol de riz noir. 

Dans un restaurant Dochilak, à Paris… un délice !

Vous l’aurez compris, Toujours plus à l’Est est un ouvrage fort instructif qui est parfait pour découvrir en douceur une nouvelle culture. Je vous le conseille fortement si vous projetez d’aller en Corée ou que ce pays vous intéresse, tout simplement. 

Pour aller plus loin : 

N’hésitez pas à aller voir la chaîne YouTube The Korean Dream, tenue par un franco-coréen qui vit à Séoul. Ses vidéos sont extrêmement intéressantes, et on en apprend énormément sur la vie quotidienne en Corée : louer un appartement, découvrir Séoul autrement, ou tout simplement s’initier au Hangeul, commander dans un restaurant, etc. C’est une excellente chaîne et elle mérite qu’on s’y attarde !

TRANCHE d´ÂGE :