Chronique : En beauté

Un roman étrange et diffus pour découvrir l’univers de l’auteur coréen Kim Hoon

Bienvenue dans le monde de l’esthétisme et de la beauté au travers du prisme… d’un salon funéraire. Voici le court roman (ou la longue nouvelle) de Kim Hoon parue chez Picquier en novembre 2015.

Kim Hoon est un auteur coréen qui a trois livres parus actuellement en France en comptant En beauté. Les deux autres sont parus chez Gallimard : Le chant du sabre et Le chant des cordes.

Le choc de deux univers

Le directeur commercial d’une grande entreprise de cosmétiques vient de perdre sa femme, alors que ce dernier s’occupe des obsèques, son travail passe le rattrape… Il soit gérer la campagne de communication estivale de son entreprise… Pour ceux qui connaissent un peu la Corée, En beauté ressemble à un portrait à l’acide de la Corée et de sa dureté pour ceux qui y travaillent…

Une lecture qui laisse un peu sur sa faim mais donne à réfléchir…

Pour lire et/ou apprécier En beauté, je pense qu’il faut déjà beaucoup aimer la littérature coréenne et ses thèmes parfois étranges. Un lecteur que ne se serait jamais essayé à la littérature coréenne risquerait d’être quelque peu déstabilisé par ce court roman.

La lecture est pénible dans le sens où rien ne nous est épargné. Nous découvrons avec horreur et dégoût les lentes étapes de la maladie que la femme de ce publicitaire a vécue. On lit aussi avec beaucoup de fascination et de respect tout l’amour que cet homme éprouvait pour sa femme. Il s’occupait d’elle jusque dans ses besoins les plus primaires : manger, aller aux toilettes, la changer… Il aimait sa femme avec une force indéfectible, un courage illimité…

Mais outre sa vie personnelle, cet homme se doit « d’assurer » également sur le plan professionnel. En Corée, le monde du travail est plus que difficile, il est cruel. Les Coréens sont parmi les peuples travaillant le plus à dans le monde, et ce roman le démontre en illustrant cet homme menant de front l’organisation des obsèques de sa femme et son travail. Même dans une situation aussi exceptionnelle que la mort d’un proche, le travail passe avant tout…

……

Pour apprécier pleinement ce roman et comprendre ce qu’il illustre et dénonce, il faut avoir une vision assez globale de la réalité de la vie coréenne, de ses enjeux, de ses difficultés. Je ne les perçois qu’à peine, mais le peu que je sais de ce mode de vie grâce à la lecture de nombreux romans semble compliqué.

Quand on lit, on tente de s’évader, et la littérature coréenne réussit cela à merveille pour moi. Mais avec En beauté, c’est la réalité qui se rappelle à nous. Nos envies d’exotisme et de littérature sont parfois rattrapées par ce genre de roman. Nous qui rêvons d’un ailleurs, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans ces pays d’Asie qui nous fascinent tant et que parfois nous envions…

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