Un roman monstrueusement addictif et inclassable. Un véritable coup de
poing/cœur littéraire qui vous marquera durablement !
Adeline Dieudonné est une autrice belge, La vraie vie est son premier roman Il est paru à la rentrée littéraire 2018 aux éditions L’Iconoclaste. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a très vite été remarqué – à juste titre. Elle a depuis eu le Prix du roman FNAC, ce qui l’a propulsée sur le devant de la scène littéraire.
Si vous ne connaissez pas encore La vraie vie, j’ose espérer que
cette chronique saura vous donner envie de le découvrir. C’est une merveille de
noirceur et d’espoir mêlés…
Un père qui étend son emprise malsaine sur sa famille…
Bienvenue dans une petite banlieue résidentielle tout ce qu’il y a de plus
normale. Ici point d’immeubles, uniquement des petits pavillons, tous
identiques. On est loin des belles demeures et autres villas, nous sommes
plutôt dans un quartier pavillonnaire modeste.
C’est ici que vit une famille aux nombreuses écorchures et traumas. Une
mère effacée et craintive, un père empli d’une violence sous-jacente qui cache
peut-être encore pire sous son air constamment sombre et taciturne. Ils ont
deux enfants, Gilles et sa sœur, notre extraordinaire narratrice.
Gilles et elle ont vécu un événement traumatisant qui a profondément changé
leur relation. A tel point que son frère est devenu plus sombre, presque
mutique et de plus en plus mauvais au fil des semaines, des mois… La jeune
fille ne désire qu’une seule chose : que Gilles redevienne le garçon
jovial avec qui elle avait une belle complicité, que tout redevienne comme
avant. Mais comment remonter le temps quand on a que dix ans ?
Une narration extraordinaire qui sublime le quotidien dans toute sa férocité
Dès les premières pages, la jeune fille décrit sa mère comme étant une
amibe. Le terme a beau être simple, il est violent. Cela décrit une mère
présente physiquement, mais qui n’a pas de vie propre. Elle exécute les
souhaits de son mari, et n’a jamais de désir qui lui appartienne… c’est d’une
tristesse infinie.
Et puis… il y a l’hyène. Ce n’est pas son père, mais plutôt ce qui
l’habite. Cette présence malsaine dans la maison qui prend peu à peu ses aises…
et qui commence à s’emparer de Gilles peu après l’accident. Drame que vous
découvrirez au bout de quelques chapitres et qui inclus un glacier, la valse des fleurs et de la chantilly…
Autre qualité contenue dans ce roman et qui m’a fait forte
impression : sa constante ode aux sciences. On y parle gravité,
relativité, temps, physique des particules. Car notre jeune héroïne rêve que le
drame qui a changé Gilles n’ai jamais eu lieu. Et souhaite littéralement remonter le temps. Sa passion fervente pour les
sciences est exaltante à découvrir, surtout quand on voit toutes les heures de
baby-sitting qu’elle est prête à faire pour une heure de cours.
Et je n’ai pas encore parlé de l’écriture si épurée et incisive d’Adeline
Dieudonné. Chaque coup/mot porte.
« J’aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d’appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu’il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s’en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. »
Mais là où l’on frise le génie, c’est qu’au fil des pages, on sent que le
pire peut arriver à tout instant. Que l’on peut basculer d’une tension à couper
au couteau à quelque chose de plus terrible encore. Et quand ce que l’on
imagine n’arrive pas… on est presque heureux de découvrir la narratrice
malmenée, mais pas autant que ce que l’on craignait. Adeline Dieudonné réussit
le tour de force de faire passer quelque chose d’horrible pour passable, alors
qu’il est tout simplement intolérable… Mais comme on échappe au pire, ça
devient acceptable. Il faut le lire pour le croire, mais c’est bien ce qui
arrive.
La vraie vie est un récit initiatique incroyable : son message est porteur de
tellement de lumière (caché derrière la laideur et la monstruosité) qu’il en
devient marquant. A tout jamais.
J’espère que cette chronique vous aura donné envie de lire l’une des mes plus
belles lectures de l’année 2018.
Ayant beaucoup aimé le roman Pépix Rufus le fantôme, j’ai eu la chance d’échanger par mail avec son auteur, Chrysostome Gourio. Histoire d’une création très originale destinée à la jeunesse… mortel !
Glow : Pourriez-vous présenter votre parcours aux lecteurs ?
Chrysostome Gourio : J’ai d’abord fait
des études de philosophie dans le but de devenir enseignant, mais ayant raté
trois fois l’agrégation, et après avoir quand même enseigné la philosophie dans
un lycée agricole pendant une année, j’ai cherché (et trouvé) une autre voie :
je suis devenu libraire. Par passion des livres, bien entendu, mais parce
que j’ai toujours aimé transmettre, partager, échanger. J’ai exercé ce métier
dans le domaine des sciences humaines pendant 10 ans. En parallèle, j’ai
découvert la langue des signes française et ça a été une telle rencontre (avec
une langue, une culture, des personnes…) que j’ai décidé de changer
d’orientation et de devenir interprète français-langue des signes française,
profession qui est toujours la mienne dans la journée.
La nuit, j’ai
une activité secrète : je raconte des histoires. Raconter a toujours été en
lien avec ce plaisir du partage, de l’échange et je suis passé par plusieurs
média avant de m’arrêter sur l’écriture, sans doute parce que le livre est un
objet magique : une quantité de données extraordinaire, un temps de
téléchargement égal à zéro, une possibilité infinie d’imagination… Du coup,
je me suis dit que j’allais écrire mes histoires. Je l’ai d’abord fait pour
moi, bien entendu, et puis, en 1999, j’ai eu la chance d’être sélectionné lors
d’un concours de nouvelles organisé par le ministère de la Culture et les
éditions Denoël. Et là, première publication dans un recueil collectif de
nouvelles fantastiques et de SF dans feue la collection Présence du Futur. Il
faut dire qu’à l’époque j’étais plutôt orienté vers la littérature de
l’imaginaire (comme on dit). Mais au hasard d’un roman offert par des amis,
j’ai découvert Jean-Bernard Pouy et toute la bande du néo-polar français et
j’ai su à ce moment que c’était dans ce courant que je voulais plonger. J’ai
donc publié quelques polars pour adultes, mêlant philo et grosse artillerie, et
un Poulpe, réalisation d’un rêve d’ado. Enfin, il y a quelques années, j’ai
rencontré Marion Brunet, auteur jeunesse de grande qualité (qui vient de
publier son premier roman adulte, une merveille), qui m’a poussé à concrétiser
un autre rêve : écrire un roman pour enfants. Et ça a été le pied !
Glow : Rufus le Fantômeest
un roman aussi drôle que particulier, comment s’est passé votre recherche
d’éditeur ?
Chrysostome Gourio : En fait, comme je
le disais, j’ai eu la chance de rencontrer Marion qui était publiée chez
Sarbacane et c’est tout naturellement qu’elle m’a orienté vers Tibo Bérard, le
pétillant éditeur des collections Pépix et X’prim. Je lui ai fait parvenir une
première version des aventures de Rufus que j’avais écrite sur la base de la « bible » de
la collection Pépix au moment où elle a été créée, mais la collection avait
évoluée et mon texte n’était pas assez étoffé. Nous avons donc travaillé sur ce
« squelette » pour lui donner plus de chair et de corps, et après
quelques aller-retour, nous sommes tombés d’accord sur la version finale, celle
qui nous amusait le plus et nous faisait le plus rire.
Glow : Comment cette histoire vous est-elle
venue ?
Chrysostome Gourio : J’avais très envie
de raconter une histoire de fantôme, mais j’avais surtout envie que le fantôme
en soit le personnage principal, pas la créature qui fait peur, le méchant
contre lequel il faut se battre. Qu’il soit un héros, un personnage positif.
C’était forcément un enfant d’une dizaine d’années avec des préoccupations de
son âge, mais comme il était mort, il était en vrai beaucoup plus vieux. Je lui
ai imaginé des parents, forcément, puis je me suis demandé où il pouvait bien
vivre : maison hantée ou cimetière ? La maison hantée, on y est vite coincé. Le
cimetière c’était plus marrant parce que je pouvais imaginer tout une
« vie » de quartier avec plein de revenants différents et surtout une
vie quotidienne, avec un meilleur copain, une école et un rêve… Devenir la
mort ça m’est venu assez naturellement : dans un cimetière, y’a des squelettes
et le plus fascinant des squelettes, c’est la Mort. Rufus rêvait donc de
devenir la Mort à cause de son costume trop classe. Puis, je me suis demandé
comment la Mort pouvait s’occuper toute seule de 7 milliards d’êtres humains ?
Ce n’était pas possible. Il fallait donc qu’il y ait une entreprise dont ce
soit l’objet. Et on sait que, dans le contexte actuel, les conditions de
travail en entreprise ne sont pas toujours roses. Face à ça, une des meilleures
armes, c’est la grève ! J’allais donc faire monter à Rufus la première grève de
la Mort.
Glow : Comment s’est passé l’association
entre votre travail d’écriture et celui de l’illustratrice Eglantine Ceulemans
? Pouviez-vous interagir avec elle sur votre vision des personnages ?
Chrysostome Gourio : C’est Tibo qui nous a mis en relation après qu’on soit tombé d’accord sur la version finale du texte en demandant à Églantine, qui avait déjà travaillé sur le super Carambol’ange de Clémentine Beauvais, si elle était partante. Et dès les premiers dessins, les premières études de personnages sur Rufus et Octave, on a bien vu que ça collait. Et après, ça a été une grande partie de rigolade. Églantine, entre autres qualités, a un sens de l’humour extraordinaire et à chaque fois qu’on recevait une fournée de dessins, je devais m’accrocher à mon bureau pour ne pas tomber de mon fauteuil. J’ai pris des fou-rires grâce à elle… Si tu regardes bien, ses dessins fourmillent de détails. Je crois que le plus dur pour elle, ça a été les mains d’Octave et Rufus : il leur en manque une chacun et jusqu’au bout on les a traquées pour être sûrs qu’ils n’en avaient pas deux. Mais les échanges ont été hyper riches et j’ai vraiment l’impression d’avoir co-construit l’histoire avec elle. A tel point que ses illustrations m’ont poussé à modifier certains points du texte. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on a créé l’univers de Rufus tous les deux.
Glow : Y a-t-il un message en particulier
que vous souhaitiez faire passer dans ce roman ?
Chrysostome Gourio : D’abord, comme le
sous-titre l’indique, je voulais expliquer ce que c’était que la grève,
pourquoi on fait une grève, pourquoi c’est important que ce droit soit reconnu,
qu’on ne la fait pas par plaisir, qu’il y a un but derrière tout ça :
travailler et vivre mieux… Mais d’autres messages sont apparus au fil de
l’écriture, qui ont pris le pas sur celui-là, comme le fait que c’est
collectivement qu’on arrive à faire bouger les choses, que quand on a un rêve,
il faut aller au bout (mais pas à n’importe quel prix), qu’avoir un copain il
n’y a rien de mieux, que la différence fait la richesse…
Glow : Je suis tombée par hasard sur un roman qui
s’intitule Le fantôme de Rufus Jones
et autres nouvelles, écrit par Chester Himes… y a t-il un lien ?
une référence à cette œuvre ? Si oui, que signifie-t-elle pour vous ?
Chrysostome Gourio : J’avoue que j’ai
découvert ce titre de Chester Himes après la publication de Rufus… En fait,
le prénom de mon personnage est le fruit du hasard. Je cherchais un prénom qui
ait une chouette sonorité et il m’a semblé que Rufus le fantôme, ça claquait bien.
Alors je l’ai gardé, comme pour Octave, d’ailleurs. Il y a un personnage qui a
changé de prénom, c’est Melchior. Au départ, il s’appelait Antoine, parce que
je trouvais marrant qu’un ouvrier de la Mort ait un prénom assez classique,
voire banal. Mais Tibo était partie prenante d’un prénom qui en impose plus.
C’est la Mort, après tout. Du coup on est parti sur autre chose. Mais pour en
revenir à Rufus, il y a sans doute plus de référence au Petit Nicolas, donc à
Goscinny et Sempé, qu’à Chester Himes. Oui, je sais, on a les références qu’on
peut ;).
Glow : Avez-vous d’autres projets destinés
à la jeunesse dont vous souhaitez nous parler ?
Chrysostome Gourio : Il y en a au moins
un puisque, c’est presque officiel, je vais signer un X’prim chez Sarbacane (Il
s’agit du roman La brigade des chasseurs d’ombre, paru le 6 février 2019). Un
roman pour les plus grands, fantastique toujours, mais un roman de
monstres avec des os qui craquent et des entrailles qui traînent.
Et j’ai deux
autres projets jeunesse en cours d’écriture, mais pour l’instant rien de sûr,
donc chuuut… Et bien sûr, j’ai très envie de faire vivre une autre aventure à
Rufus !
Glow : Vous avez également participé à un
recueil de nouvelles écrit en collectif : 16 nuances de premières fois, à quel
public s’adresse-t-il ? Que raconte-t-il ?
Chrysostome Gourio : 16 Nuances est un
recueil collectif de nouvelles érotiques pour adolescent-e-s à partir de 15 ans
on va dire. Des textes de toutes sortes, dans des univers très différents, pour
parler de la première fois en amour et dédramatiser ce moment qui peut se
révéler compliqué pour plein de raisons différentes. Pour dire aussi que le
sexe ne se résume pas à la pornographie, que c’est important mais qu’il ne faut
pas non plus en faire une montagne… Des premières fois qui se passent bien,
des bof, des qui ne pourraient pas se passer plus mal, des qui seront mieux la
prochaine fois, des tendres, des drôles, des bizarres… Pour à peu près tous
les goûts. En plus, on y retrouve (presque) le plus beau fleuron des auteur-e-s
jeunesse contemporain : Axl Cendres, Gilles Abier, Clémentine Beauvais, Manu
Causse, Sandrine Vidal, Rachel Corenblit… Que du bonheur !
Glow : Avez-vous autre chose à ajouter ?
Chrysostome Gourio : Ne me reste qu’à
te remercier encore pour ta chouette chronique de Rufus sur ton blog et pour
cette interview.
Glow : Je tiens à te présenter mes excusesChrysostome, j’ai mis plus de 10 mois à
publier ton interview sur le blog… Je vais me faire hara-kiri et rejoindre
Rufus…
Un roman aux allures de polar psychologique qui joue sur les troubles de la
mémoire de sa narratrice. Elle part s’isoler dans les montagnes pour se
ressourcer, mais peut-être n’est-ce pas une bonne idée…
Nouveau roman de Christine Desrousseaux (elle avait déjà écrit Mer
agitée chez Kero), En attendant la neige est paru début
janvier 2019 chez Calmann-Levy, lors de la fameuse Rentrée littéraire d’hiver.
Un accident comme centre névralgique
Vera a eu un très grave accident de voiture. Sa sœur a été légèrement
blessée, et sa mère est morte sur le coup, et comme c’est elle qui conduisait,
un immense sentiment de culpabilité la dévore, jour après jour. Rien ne l’aide
à aller mieux, et le temps qui passe exacerbe ses pensées morbides. Elle
n’arrête pas de se refaire le film de ce départ en voiture en modifiant le
scénario… Car Vera a perdu toute mémoire concernant l’accident et a même des
absences qui durent de quelques secondes à une minute. Depuis, elle est
surprotégée par sa sœur qui ne la lâche pas pour savoir à tout instant si elle
va bien.
C’est ainsi que Vera décide de partir s’isoler un peu, de se ressourcer, et
qui sait, de retrouver la mémoire ?
Une lecture fluide, mais peu mémorable
Il est vrai que d’entrée de jeu, on a envie de savoir ce qu’il va se passer
pour Vera. On sent qu’il y a un problème, mais tout comme elle, on n’arrive pas
à mettre le doigt dessus. Son isolement dans la montagne est le bienvenu, quand
on voit à quel point sa sœur l’infantilise depuis l’accident. C’est ainsi que
presque toute l’intrigue se déroule dans les montagnes du Jura… et c’est assez
plaisant et reposant ! Du moins, au début.
Peu à peu, les choses se corsent pour Véra. Une altercation avec des chasseurs
qui va la terrifier, sa rencontre avec son mystérieux et séduisant voisin à la
recherche de sa sœur disparue… et surtout, la remontée de ses propres souvenirs.
Le cadre et l’ambiance générale ont beaux être séduisants, c’est un peu
trop cousu de fil blanc pour captiver/surprendre réellement. De plus, j’avoue
avoir eu du mal avec la – seule – scène d’amour du roman, qui m’a fait rire,
alors que c’est un moment sensé être sensible et intime. C’était un peu trop,
justement. Ou alors, est-ce la narratrice elle-même qui m’a quelque peu
agacée ? Difficile à dire. A la fois indépendante et terriblement fragile
et têtue, ce mélange la rend plus insupportable que touchante. J’ai vraiment eu
du mal à m’attacher à elle et à son histoire, car elle prend parfois des
décisions assez stupides ou illogiques, donc peu crédibles.
Cependant, j’ai été malgré tout plus convaincue par la fin et ses
révélations. Pas entièrement, mais on trouve un rythme où les personnages et
l’intrigue concordent enfin pour donner quelque chose d’intéressant. Dommage,
car… c’est déjà fini. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les réactions des
autres personnages une fois les révélations faites. Ici, la fin est peu trop
ouverte pour qu’on puisse vraiment l’apprécier.
Entre le roman et le polar psychologique, En attendant la neige est
un texte qui pourra plaire aux lecteurs férus d’intrigues qui vont vite et se
lisent très rapidement. Cependant, aussitôt lu, aussitôt oublié, ou presque…
Une nouvelle
génération d’albums pour la jeunesse est née grâce à une idée de fabrication
originale les rendant… d’une légèreté inouïe !
Les éditions
Sarbacane font toutes sortes d’ouvrages, et cela pour tous les âges : de la bd
en passant par les romans ados, sans oublier de nombreux albums pour la
jeunesse. Mais avec Moi et mon chat, ils lancent un nouveau genre de livre. Quelle
différence avec les autres livres pour les tout petits ? Elle réside dans la
taille de l’ouvrage… et son poids. En effet, ce livre n’a pas été fabriqué
avec le carton habituellement réservé aux livres pour bébés, mais avec du
carton plume. Très costaud donc, mais également extrêmement léger… Ce qui le
rend manipulable à partir de quelques mois seulement par les petites mains !
L’auteure de
cette bonne trouvaille n’est autre que Caroline Fontaine-Riquier, celle qui a
créé, imaginé, et dessiné les Balthazar ! (chez Hatier, ses ouvrages
s’inspirent de l’enseignement Montessori, et cela bien avant que ce soit la
mode partout jusqu’à en perdre le sens…).
Pour le moment, deux ouvrages sont disponibles dans cette collection : Moi et mon chat, et Moi et mon camion. Ils sont beaux, colorés et leur graphisme est tout doux…
Gunnm, manga en neuf tomes créé par Yukito Kishiro est devenu un classique parmi les classiques. A la fois meccha, post-apocalyptique, philosophique, visionnaire, Gunnmest tout simplement un monument, tous genres confondus. Il a durablement marqué des générations entières de lecteurs.rices (moi comprise). Vous pouvez d’ailleurs retrouver la chronique du premier tome ici pour vous faire une idée de l’intrigue générale.
Ne passons
pas par quatre chemins pour ceux qui ne souhaitent pas lire la totalité de l’article
: la réponse est oui, cette adaptation vaut le coup, elle est même bluffante.
Une véritable claque
Cela
faisait une dizaine d’années que j’attendais cette adaptation, alors autant
dire que la barre était extrêmement haute. J’avais peur d’être déçue, j’y
allais même avec appréhension… Voir la version cinématographique d’une œuvre
qu’on a lue et relue pendant des années est forcément un moment que l’on attend…
et que l’on redoute.
Et
pourtant, dès les premières minutes, on sent que ce film a une âme, qu’il a été
peaufiné, pensé dans ses moindres détails. L’esthétique de l’univers est très
fidèle à celle qu’avait initialement créé Yukito Kishiro, et avec les effets
spéciaux d’aujourd’hui, la ville de Zalem et la Décharge, au dessous, n’en sont
que plus belles.
Et
surtout, le Motorball a une place de choix dans le film ! C’étaient les scènes
que j’attendais avec le plus d’impatience. Pour ceux qui ne connaissent pas le
sport élevé au rang de culte dans Gunnm,
le Motorball est une sorte de roller derby amélioré, et mortel. D’une violence
extrême, tous les coups et toutes les armes y sont permis…
Et même si les bandes-annonces montrent des personnages assez manichéens, l’intrigue est bien plus subtile qu’il n’y paraît. Mais pour apprécier en totalité l’œuvre, il vous faudra à la fois découvrir le film et lire les mangas. Car bien entendu, en deux heures, il est impossible d’adapter les 9 tomes qui composent Gunnm.
Ido, dans le manga original.
En ce qui
concerne le choix des acteurs, le casting est parfaitement réussi. Notamment en
ce qui concerne le personnage d’Ido, celui qui récupère et protège Alita.
Christoph Waltz campe parfaitement ce rôle, aussi bien dans son jeu, que
physiquement, c’est impressionnant.
Pour Alita
(ou Gally pour les intimes), le choix de Rosa Salazar est assez cohérent, et
surtout, le réalisateur a eu l’idée de lui faire de grands yeux comme dans le
manga. Ce choix aurait pu être catastrophique ou mal interprété, mais ils ont
réussi à éviter tous les écueils que comportait ce choix. Ce qui nous donne une
Alita parfaitement crédible, belle et combative comme dans le manga !
Ido, dans Alita Battle Angel. Il est ressemblant, non ?
D’ailleurs,
parlons de mes deux points de frustration en ce qui concerne cette adaptation.
Premièrement, la bande-son, qui n’a pas de réelle influence ni d’harmonie avec
les images. A aucun moment, vous ne trouverez une fusion totale entre l’image
et le son. Là où Nolan et Hans Zimmer, ou encore Danny Elfmann et Tim Burton
arrivent à créer des moments uniques où son et image atteignent la perfection,
ici, vous n’aurez « que » des images parfaites. Il y a des moments de
beauté et d’esthétique extraordinaires, dans les combats, les mouvements
d’Alita, mais jamais ils ne sont accompagnés d’un son mémorable qui les
rendraient mythiques. C’est mon seul regret…
Ma seconde
remarque est à propos de la fin du film. Le moment qu’ils ont décidé de couper
est tout simplement terriblement frustrant. C’est justement là où l’on était
pris dans la spirale des intrigues créé par Zalem, au moment où tout prend sens
et devient exaltant… et bien c’est fini.
Mais
soyons honnêtes, il fallait bien finir, sinon on partait sur un film d’une
durée de trois heures minimum… Mais cette fin appelle une suite. Suite qui
dépendra du nombre d’entrées en salles pour ce premier opus de Alita Battle
Angel !
Allez donc voir Alita Battle Angel, vous passerez un excellent moment. A la croisée des chemins entre action, combats de toute beauté et intrigue savamment menée… C’est un véritable coup de cœur. Que vous soyez fan ou non du manga, vous pourrez tomber amoureux.se de Gally (ou Alita) au bout de quelques minutes, c’est certain.
Une nouvelle saga de fantasy pour la jeunesse très ambitieuse mettant
en scène différentes peuplades de dragons autour d’une étrange prophétie !
Les Royaumes de Feu est une saga dont le premier tome de la série est paru en janvier 2015
chez Gallimard Jeunesse. Depuis, nous en sommes déjà au septième tome en France
et le succès ne se dément pas !
Tui T. Sutherland est une auteure d’origine américaine, elle écrit sous de
très nombreux noms de plume. Elle est notamment l’une des deux auteurs de la
série à succès La guerre des clans (grande série de fantasy animalière mettant
en scène des chats).
Cinq dragons, une prophétie
Un jour viendra, les Dragonnets du destin décideront de l’avenir de
Pyrrhia, le royaume des dragons. Actuellement, l’empire est totalement déchiré.
Depuis le décès de la reine des Ailes de Sable, la succession se passe mal. Les
trois sœurs héritières s’arrachent le trône du royaume de sable, chacune usant
de tous ses pouvoirs pour se l’octroyer…
Le problème, c’est que leur lutte de pouvoir n’est pas intestine et met à
feu et à sang toutes les peuplades de dragons… Comment cinq dragons à peine
sortis de l’adolescence pourraient-ils changer la donne ? Ils sont l’objet
d’une prophétie mais ne savent même pas ce qu’ils sont censés faire…
Un début de saga ambitieux…
Quand on sait que la saga compte actuellement dix tomes aux Etats-Unis, on
peut qualifier la série de très audacieuse ! Reste à savoir si elle
tiendra sur la durée, quoi qu’il en soit le premier tome nous transporte
facilement…
Dans ce premier tome, on découvre le quotidien âpre des dragonnets de la
prophétie. Enfermés dans une grotte avant même que leurs œufs aient éclos, ils
ne savent rien de l’extérieur… Ils n’ont même jamais senti le souffle de l’air
sous leurs ailes ! Mais tout cela va brutalement changer. Et c’est ainsi que
commence la saga, qui démarre au quart de tour.
Si vous recherchez pour des enfants de 9/11 ans une série de romans denses,
remplis d’aventure et d’imagination, Les Royaumes de Feu sera idéal. Difficile
d’en dire plus sur le contenu de ce premier tome, mais outre le démarrage
rapide, l’intrigue prend vite de l’ampleur.
On en profite pour découvrir tout particulièrement deux types de dragons
dans ce tome-ci : les Ailes du Ciel et les Ailes de Boue. Chaque espèce
est extrêmement différente, aussi bien au niveau de leurs aptitudes que de leur
culture et leurs habitudes vis-à-vis des autres dragons.
C’est absolument passionnant, et on brûle d’en savoir plus sur les autres, car on se doute bien que ce n’est que le début…
…….
En somme, ce premier tome d’une longue série rempli parfaitement son office, et même plus. La Prophétie use de ficelles habituelles, mais c’est si bien réalisé qu’on en redemande. Tui T. Sutherland sait surprendre ses lecteurs avec de bonnes révélations !
Affaire à suivre avec le second tome : La princesse disparue,
qui nous fera découvrir le monde feutré des Ailes de Mer…
Voici l’aventure de Stéphane, une adolescente courageuse qui va tout faire pour survivre dans une France post-apocalyptique.
La série U4 a été un énorme succès de librairie à sa sortie en août 2015. Pour rappel, il s’agit d’une série pour ados écrite par quatre auteurs français différents. Chacun d’entre eux devait donc faire évoluer son héros ou son héroïne dans une France post-apo… Les quatre histoires sont toutes indépendantes mais se recoupent (voir dans cet article dédié pour les explications plus approfondies).
Vous n’avez pas d’ordre à respecter pour lire U4. Vous pouvez lire un seul livre, ou deux ou tous, peu importe vous aurez une histoire complète. Si vous voulez en savoir plus sur le fonctionnement de la saga, n’hésitez pas à consulter cet article spécialement rédigé pour l’occasion.
Comment survivre dans cette nouvelle version de notre monde ?
Stéphane est une adolescente qui vit à Lyon. Enfin… depuis le mystérieux et terrible virus qui a tué 90% de la population, on peut plutôt parler de survie. Fille d’un grand épidémiologiste, elle a un peu plus de connaissances sur le virus U4 que les autres, mais pas assez pour savoir ce qu’il s’est passé.
Ce qu’elle espère de tout cœur, c’est que son père va revenir la chercher. En attendant, la jeune femme est livrée à elle-même, se rationne, et sort le moins possible de leur appartement… Mais le danger rôde partout, même dans des visages amis. Que va bien pouvoir faire Stéphane si son père ne vient pas la chercher ? Et que cache cette mystérieuse réunion dont elle a eu vent, à Paris ? Et n’est-ce pas un voyage qui pourrait s’avérer mortel ?
Un roman post-apo terriblement efficace !
Vincent Villeminot est un auteur à la plume dynamique, acérée, et avec cet opus de la saga U4 on sent qu’il est parfaitement à l’aise. Toujours sous tension, le danger rôdant en permanence, on évolue avec précaution dans cet univers dont on ne connaît pas les codes. Tout ce que l’on sait, c’est que Stéphane va être amenée à rencontrer Jules, Yannis et Koridwen et qu’à eux quatre, ils peuvent changer les choses.
Mais comment ? Quelle fin peut être possible pour Stéphane ? Car il y a une chose essentielle à retenir : chaque fin est différente dans U4, et c’est justement ce qui en fait toute la saveur. Les quatre personnages principaux sont liés, mais pas dépendants les uns des autres au point de vivre la même fin ! (Pour ceux qui auraient lu la fin de Koridwen, que je trouve la meilleure de toutes, ils comprendront).
Ainsi, entre road-trip et roman post-apo 100% survivaliste, on se plonge sans réserve dans l’univers âpre et cruel de U4. Stéphane y est un personnage intéressant car très indépendant mais fragile, sans jamais le montrer à quiconque.
Enfin, le fait qu’elle ai une vision différente des autres sur le virus nous fait découvrir des pistes de réflexions intéressantes !
………
En somme, l’histoire de Stéphane est très intéressante. Pleine d’action, de moments parfois durs (j’ai vraiment eu peur pour elle à certains passages…) et cruels, on découvre une héroïne simple mais forte, crédible. Même si j’avoue avoir préféré l’histoire de Koridwen, j’ai beaucoup aimé la partie de Stéphane. Il est certain que je lirais les autres aventures de la saga U4, il me reste Jules et Yannis.
Voici l’histoire d’un robot qui échoue par accident sur une île inhabitée… mais c’est sans compter sur les très nombreux animaux qui y vivent !
Paru en juin 2017 aux éditions Gallimard Jeunesse, Robot Sauvage est le premier tome des aventures de Roz, un robot à l’adaptabilité phénoménale.
Il s’agit du premier roman de son auteur ET illustrateur, Peter Brown. En France, certains de ses albums pour les enfants sont déjà parus : Menace Orange, Menace Verte, M. Tigre se déchaine ou encore Ma maitresse est un monstre !
Un cargo transportant des centaines de robot s’échoue…
Une île inhabitée. Un cargo qui perd ses containers et voit s’échouer un peu partout sur l’île des robots. Tous abîmés et éteints. Sauf un. Roz. Ou plutôt : Rozzoum unité 7134 au début de ce roman. Un robot tout neuf qui débarque en plein milieu d’une île sauvage, autant dire que le temps d’adaptation va être long… si Roz arrive à s’adapter à la vie sauvage…
Considérée comme un monstre de fer par tous les animaux qu’elle croise, ne comprenant pas leurs dialectes, le robot semble mal parti… Mais Roz est un robot plein de ressources insoupçonnées !
Une histoire agréable à lire mais pas mémorable
Les chapitres de Robot Sauvage sont extrêmement courts : pas plus de deux ou trois pages maximum. Quand on a l’âge du lectorat visé, soit entre 9 et 10 ans, c’est parfait. Ça se lit vite, les personnages sont vivants, aisément reconnaissables et les dessins de Peter Brown sont délicats. Très graphiques et reconnaissables, on appréciera son trait fin et anguleux.
En ce qui concerne l’histoire en elle-même, je la trouve un peu trop naïve. Cela ne vient évidemment pas du fait qu’il s’agisse d’un roman jeunesse mais plus de ses personnages. L’histoire a beau changer des histoires proposées habituellement, il n’y a pas de réel rythme et on n’est guère captivé.
En dehors du personnage de Roz et de l’oison qu’elle décide prendre « sous son aile », les autres animaux ne sont guère marquants. Il y a un bien un castor, et un renard du nom d’Escobar, mais on ne les voit pas assez pour les trouver attachants. Pas de réel affect donc, au fil des pages malgré certaines scènes touchantes et parfois même tristes…
Cependant, le message de Robot Sauvage est intéressant, et sa forme est originale. Dans notre monde abreuvé de technologie, l’histoire de ce robot qui découvre la nature sauvage et décide d’y rester coûte que coûte est plaisante.
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C’est donc une histoire instructive et qui sort des sentiers battus qui sera parfaite pour les enfants dès l’âge de 9/10 ans, même si elle manque parfois de consistance. L’histoire pourrait presque se suffire à elle-même, mais la conclusion déchirante obligera le lecteur à vouloir lire la suite des aventures de Roz…
Dommage que Gallimard ne mette nulle part sur l’ouvrage qu’il s’agit d’un premier tome ! Quoi qu’il en soit, le second opus est déjà sorti en VO : The Wild Robot escapes.
Ils sont mignons/laids, ils ont un langage incompréhensible/génial et adorent les chaussettes qui puent/sentent la fleur…
Manu Causse est un auteur français qui écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Il a déjà écrit (pour ne citer qu’eux) : Le pire concert de l’histoire du rock, Les fils de George, L’eau des rêves…
Avec Les Intraterrestres, Manu Causse fait son entrée dans la super collection jeunesse de Talents Hauts : Zazou !
Enfermé dans les vestiaires la veille des vacances !
Titouan est un garçon intelligent, doué, passionné par la saga de bd Junior Jones de l’espace. Pendant la période scolaire, il est dans un pensionnat à l’allure affreuse. Les gens qui s’en occupent font tout pour réduire les coûts, ils n’aiment même pas les enfants et font tout pour en faire le moins possible…
S’il n’y avait que cela, le quotidien serait à peu près supportable pour Titouan. Mais il est un véritable souffre-douleur pour l’un de ses « camarades » : Cédric Ceinture… Après s’être fait volé sa collection complète des Junior Jones, voici que Cédric l’enferme volontairement dans les vestiaires puants de l’école ! Et cela, juste avant les vacances de Noël… Comment va-t-il faire pour manger ? Pour tenir par ce froid pendant deux semaines ?
C’est là que Titouan va découvrir une chose merveilleuse et insoupçonnée dans les vestiaires, plus particulièrement dans le coin des chaussettes sales… un passage mécanogalactique ! Mais il va également faire la rencontre des terribles petits intraterrestres !
Un roman jeunesse efficace et plaisant
Pour les jeunes lecteurs dès l’âge de 8/9 ans, Les intraterrestres devrait tenir toutes ses promesses !
Ces étranges petits monstres, bien qu’assez inquiétants, sont également très drôles. Leur langage n’est d’ailleurs pas sans faire penser à celui des minions ! Des phrases hachées, des mots collés, des sonorités bien spéciales. Je vous laisse juge, mais j’ai trouvé cela très bien fait, on ne tombe pas du tout dans l’imitation. Manu Causse a su créer ses propres petits monstres, et ils sont réussis :
Antandukékchoz, Cruz !
Antanduhossi, Purux !
Z’onfilondécamp’, Crux ?
Passur, Purux.
Z’onfilondécamp’fissa. Vienzavecmoi !
L’aventure que va vivre Titouan est ainsi drôle et prenante. On se laisse facilement entrainer dans l’étrange trou mécanogalactique et l’univers des intraterrestres. Ils sont amusants, attachants malgré leurs intentions belliqueuses et marquent par leurs drôles de manies. Ils détestent les choses qui fonctionnent par paires et les choses qui sentent bon, par exemple.
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En somme, Les intraterrestres est un bon roman jeunesse, peut-être un tout petit peu trop introductif ? Une suite est d’ailleurs sortie et s’intitule Les intraterrestres – La Venzanche pour ceux qui voudraient creuser l’univers des auteurs !
Un roman d’ambiance dense et prenant aux allures de polar…
Premier roman d’Elizabeth Brundage à paraître en France, Dans les angles morts est un livre à part. Paru en janvier 2018 chez Quai Voltaire, l’ouvrage est à la fois un roman noir, un polar à haute teneur psychologique et un magnifique portrait de l’Amérique rurale des années 70/80. Bienvenue donc dans la petite ville de Chosen…
Un terrible meurtre à la hache
Tout débute avec un mari paniqué qui vient de découvrir le cadavre de sa femme dans son lit, une hache en pleine tête. Qui a bien pu commettre un crime aussi terrible et violent ? Pour quels motifs ? Et dire que leur fille Franny est restée pendant des heures dans la chambre d’à côté, si proche du cadavre de sa mère…
C’est ainsi que l’on part à la découverte du couple que formaient Catherine et George, des relations qu’ils avaient avec leurs proches, leurs collègues… et comment un tel drame a pu se nouer. Hautement psychologique, regorgeant de portraits humains fascinants, Dans les angles morts est un roman parfait et captivant…
Bienvenue dans la petite ville de Chosen…
Chosen : cette ville, Catherine n’a jamais désiré y vivre, et encore moins habiter dans la maison que George leur a trouvée pour eux et leur fille Franny. Surtout quand on connaît le terrible passif de la famille qui y a vécu avant eux. Comme si le malheur était attiré par cette vieille ferme solide mais singulière…
On commence donc à découvrir Chosen, ses habitants, le couple George/Catherine, les mécanismes qui constituaient leur quotidien, leurs habitudes… et leurs travers.
Dans cet ouvrage, que l’on peut assimiler à du roman noir (pas franchement du polar ni du policier), la psychologie des personnages est absolument primordiale. Ils sont d’une profondeur insondable, complexes… vivants. On découvre leurs aspirations, leurs regrets, leurs rancœurs… et peu à peu, un portrait se brosse.
On navigue alors entre le monde professoral et artistique de George et celui beaucoup plus terre à terre de Catherine, qui gère le plan domestique. On alterne également entre l’année 1978, où les Hale habitaient encore leur ferme laitière avant de faire faillite et 1979, quand les Clare se sont installés.
L’un des points les plus positifs de ce roman dense mais fluide, ce sont ses personnages. Ils sont extrêmement précis et clairs dans notre esprit quand on lit leurs descriptions, leurs perceptions… Chacun est minutieusement décrit, chacune de leur pensée décryptée, expliquée, ce qui les rend terriblement réalistes. Parmi les plus touchants, on peut citer la fragile Willis, le charismatique Eddy, et la petite Franny… Ils sont uniques et terriblement touchants.
Et sans parler d’attachement, la complexité de ce qu’il se passe dans la tête de George et de Catherine est également magnifiquement bien pensé. On monte crescendo en puissance, avec de petits détails, puis peu à peu d’autres choses sont amenées et on en vient presque à trouver tout ce que nous écrit Elizabeth Brundage « normal » et logique… malgré tous ses aspects terrifiants.
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Pour ceux qui aiment les romans d’ambiance où l’on peut se faire hypnotiser par certains personnages (je pense aux superbes frères Clare en écrivant ces lignes…), Dans les angles morts est pour vous. Mélange de genres, flirtant parfois avec l’étrange (quelques lignes à peine sur 530 pages !).
C’est une très belle escapade dans l’Amérique profonde et rurale des années 70 qui ne vous laissera pas indifférent.