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Chronique : Un écrivain, un vrai

Un roman passionnant sur la question épineuse : qu’est-ce qu’un écrivain ? Et quels sont les critères pour le définir ?

Pia Petersen est une autrice Danoise qui vit en France depuis presque toujours. Elle écrit tous ses ouvrages en français. L’un de ses plus connus est celui chroniqué ici, Un écrivain, un vrai (Actes Sud, Babel), mais on peut également citer Paradigma (paru il y a peu aux Arènes) ou encore Une livre de chair (Actes Sud).

Une téléréalité hors-norme pour un écrivain qui l’est tout autant

Gary Montaigu vient de recevoir un coup de massue en apprenant qu’il avait remporté le Man Booker Prize (équivalent du Goncourt aux USA), c’est ainsi qu’on lui propose de participer à l’émission Un écrivain, un vrai. Cette téléréalité a de quoi étourdir par son ambition ; en effet, Gary Montaigu va devenir une star parmi les stars avec l’émission.

Son concept ? Filmer quasiment tout du quotidien de l’auteur, mais surtout voir son processus créatif. Cependant, les téléspectateurs vont peu à peu donner leur avis sur l’ouvrage en cours d’écriture… est-ce nécessairement une bonne idée de s’immiscer dans l’intimité de création d’un auteur ? Est-ce stimulant ? Ou autre chose ?

Un roman aux allures de satyre de notre société

Très introspectif et réfléchi, Un écrivain, un vrai nous propose une belle façon de penser notre société au travers du prisme de l’écriture. L’intrigue est très prenante (bien que le déroulement assez lent), mais je pense qu’il faut voir au-delà et ne pas penser qu’à l’histoire. Il y a beaucoup de symboliques et de circonspection dans ce roman, différents niveaux de lecture également.

Rien qu’au niveau des symboles, ont peux réfléchir à l’étrange patronyme de notre écrivain star : Gary Montaigu. Est-ce un clin d’œil à Romain Gary et à l’une des pièces les plus connues de Shakespeare, Roméo et Juliette ? Une double référence littéraire ? Je pense que oui, et ça me fait sourire… surtout en découvrant la suite de l’histoire.

Par ailleurs, les personnages ont beau être peu nombreux, ils sont fort bien développés. Je pense notamment à la femme de Gary, la calculatrice Ruth. Difficile à cerner, facile à détester au travers des yeux de Gary… l’est-elle vraiment ? A vous de juger… Même réflexion sur la fameuse Alana censée être utilisée comme « ressort » dans l’émission pour créer une tension dramatique dans le couple Ruth/Gary. Son but ? Faire de l’audience en endossant le rôle de la « seconde femme ».

Pia Petersen invente au passage un terme intéressant bien qu’effrayant, celui de télé-lecteur. Comme le téléspectateur, il a une opinion bien arrêtée, jugera très vite de ce qu’il souhaite ou ne souhaite pas voire ou lire. C’est ainsi, que peu à peu, le processus de création de Gary Montaigu est freiné… tant il est ausculté dans les différentes facettes de sa vie.

C’est donc un très bon roman que Un écrivain, un vrai. Pas nécessairement aussi facile d’accès que les lectures que j’ai habituellement, mais tout aussi plaisant. Une ambiance particulière s’en dégage, et j’adore lire des romans qui parle d’auteurs, de processus de création, d’édition et d’écriture… et c’est l’apogée du plaisir de lecture pour moi.

Le décor dans lequel j’imagine parfaitement l’intrigue de ce roman, la pièce parfaite pour l’écrivain new-yorkais.
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Chronique : La Sélection – Tome 3 – L’élue

Un troisième et dernier opus qui fonctionne bien, mais que l’on aurait voulu plus dense en termes de développements

On ne présente plus l’auteur américaine Kiera Cass, auteur de la saga à succès La Sélection. A la base, La Sélection était une trilogie, mais depuis, deux autres tomes sont sortis, faisant partie d’un second cycle se déroulant de nombreuses années plus tard. Des nouvelles autour de l’univers de La Sélection sont également parues, toujours dans la collection R sous le nom La Sélection – Histoires secrètes. Enfin, le 22 septembre 2016 est paru son tout dernier roman : La Sirène.

Une compétition âpre à son apogée

Elles ne sont plus très nombreuses à convoiter le cœur du Prince Maxon, et donc toutes proches du trône… America est de plus en plus hésitante quant à son avenir, son cœur, ses convictions… Car aimer Maxon, c’est également épouser les conviction de sa potentielle future belle-famille, mais America saura-t-elle convaincre et incarner tout cela ? Et en a-t-elle envie ? Voici enfin le dénouement que l’on attendait tant !

Des tergiversations en grand nombre qui desservent l’intrigue

Ce troisième tome devait être celui du dénouement, celui où la géopolitique de ces pays du futur nous serait expliquée. Mais au final, les motivations de chacun restent encore bien trop floues. De nombreux secrets entourent encore les attentats menés par certains activistes durant la Sélection.

Cependant, quand il s’agit de politique, America devient un personnage brillant, plein de verve. Elle est tout simplement lumineuse. On l’admire pour ce qu’elle est en train de devenir et qui pourrait changer la donne aux yeux du public… pour la famille royale, c’est autre chose !

Malheureusement, ces épisodes de réflexion ne sont pas assez nombreux pour rendre L’élue captivant. Le reste du roman se perd en hésitations, errements amoureux… C’est un peu trop long et prévisible pour rendre le tout aussi efficace que les deux premiers tomes.

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Trop de questions en suspens, un final relativement prévisible, L’élue offre une conclusion qui satisfera surtout la partie romance de l’intrigue. Pour ce qui est de la partie sociale et politique, on peut supposer que les nouveaux tomes parus depuis apportent leur lot de réponse ? Affaire à suivre car il faut avouer une chose, La Sélection est une saga extrêmement captivante, et son côté fleur bleue ne déplaît pas !

Actualité éditoriale : Phobos, la nouvelle saga de Victor Dixen arrive dans la collection R en juin 2015

Phobos 1Peut-être connaissez l’auteur français Victor Dixen, Il a écrit de nombreux romans fantastiques à destinations des jeunes adultes. On peux notamment citer sa très bonne série Le cas Jack Spark (Pôle Fiction) ou encore le roman Animale (Gallimard Jeunesse), qui prend sa source dans les contes de fées.

En cette année 2015, Victor Dixen nous réserve une belle surprise avec une toute nouvelle série de sf nommée Phobos et dont le premier tome paraîtra en juin dans la Collection R (Robert Laffont). Pour voir de quoi il retourne, c’est dans le résumé de l’éditeur ci-dessous.

Pour les plus curieux, j’ai pu interviewer Victor Dixen sur l’univers de Phobos. C’est juste ici !

Quoi qu’il en soit, le nom de Victor Dixen en lui-même est déjà un gage de qualité (personnages extrêmement travaillés, écriture percutante), de même que celui de la collection. On ne demande plus qu’à le lire !

Quatrième de couverture :

Dans un futur proche. Le fonds d’investissement privé Atlas a racheté la Nasa avec l’intention affichée de relancer la conquête spatiale grâce au programme de téléréalité le plus ambitieux de tous les temps : le programme Genesis.

Phobos 2Six filles et six garçons âgés de 17 à 20 ans ont ainsi été sélectionnés pour établir la première colonie humaine sur Mars. Ils sont en pleine santé, assoiffés d’aventures, parfaitement entraînés pour la mission qui les attend. Ils effectueront en aller simple les six mois de voyage à destination de Phobos, la lune de Mars. Avec un objectif : trouver le partenaire avec qui enfanter, sous l’oeil inquisiteur des caméras qui filment le vaisseau 24 heures sur 24.

Ainsi commence un show d’une ampleur jamais vue. Six prétendantes. Six prétendants. Six minutes pour se rencontrer. L’éternité pour s’aimer. La nouvelle saga-thriller de Victor Dixen, lauréat du Grand Prix de l’imaginaire en 2010 et 2014.

Phobos 2 définitivePour ceux qui ont déjà pu lire ce premier tome, un peu de patience, même si la suite arrive très rapidement je trouve (et c’est tant mieux). Rendez-vous le 12 novembre 2015 pour le second opus, avec encore une fois une très belle couverture très… aérienne !

L’image ci-dessus (la bleue avec le couple) était l’un des projets de couverture pour le second tome, mais c’est finalement l’image ci-contre qui a eu la préférence de l’éditeur.

Chronique : La Sélection – Tome 2 – L’élite

La Sélection 02Encore plus insoutenable que le premier opus

Écrite par Kiera Cass, la trilogie La Sélection connaît un énorme succès, aussi bien dans son pays d’origine, les Etats-Unis qu’en France. L’élite est le second opus de la série, et continue de nous faire rêver… et de nous interroger.

Kiera Cass a écrit d’autres romans que la Sélection, notamment The Siren ou encore Brave New Love, mais aucun n’a encore été traduit en France.

Un suspense toujours haletant

America Singer est toujours dans la course, mais les événements vont se précipiter, et pas nécessairement à son avantage…. Va-t-elle rester ? Résister à la pression médiatique et interne au palais ? Et plus important encore, va-t-elle céder aux sirènes en la personne de son ex petit-ami Aspen, devenu un de ses gardes du corps ?

Beaucoup d’interrogations pour au final très peu de réponses, mais qu’importe, Kiera Cass manie avec tant de maîtrise l’intrigue que l’on se laisse entraîner sans sourciller.

Le cœur d’America balance, peut-être même un peu trop parfois. Elle ne sait plus sur quel pied danser, et nous non plus… alors qui choisira-t-elle : Le Prince ou son ancien amour ?

Il va falloir jouer fin pour tirer son épingle du jeu….

Notre charmante héroïne est sur la sellette, et elle le sait bien : le roi lui-même vous une puissante haine à son égard à cause de ses idées révolutionnaires qu’elle instille doucement au fur et à mesure des émissions dédiées à la Sélection.

Les autres participantes elles non plus ne lui laisseront rien passer : son originalité et son esprit auprès du Prince lui ayant gagné ses faveurs par des voies que les concurrentes n’imaginaient pas, elles qui misaient tout sur leur seul charme.

Les attentats sur le palais se répètent de plus en plus fréquemment, et personne ne juge bon d’exprimer clairement les enjeux qu’ils cachent… simple attentat ou lutte pour quelque chose de plus juste ? de plus noble ?

Faux-semblants, amitiés qui explosent, amours inavoués, actes regrettés, nous ne manquons pas d’action dans ce second tome pour compenser le peu d’informations… frustrant, mais terriblement hypnotisant. Impossible de décrocher jusqu’à l’ultime mot de l’ultime page…

Alors mêler de la géopolitique (à petites touches) avec de l’anticipation sur fond de romance ne vous paraît pas chose possible pour des ados ? Lisez la Sélection, vous en serez bluffé. Et surtout, malgré le fait que les couvertures soient extrêmement girly, cette saga peut être lue par les garçons également ! Dès 14 ans.

Nous attendons avec impatience le troisième et dernier tome, qui devrait paraître dans le courant du printemps 2014.

Chronique : Hunger Games – Tome 1

hunger games 1Une dystopie cruellement efficace

Suzanne Collins est une auteur d’origine américaine, Hunger Games est son premir ouvrage traduit en France, mais elle en a écrit d’autres, dont notamment The Underland Chronicles (série en cinq tomes). Sa trilogie, parue chez Pocket Jeunesse est un succès mondial et va bientôt être adaptée au cinéma en mars 2012.

Sur les ruines des Etats-Unis s’est développé…Panem

Comme chaque année depuis 74 ans, les Hunger Games ont lieu ; il s’agit d’un jeu télévisé organisé par le Capitole comme moyen de répression sur le peuple. Le Capitole – état situé sur les ruines d’un pays nommé avant les Etats-Unis – est composé de 12 districts chacun spécialisé dans un domaine spécial (le premier district est par exemple spécialisé dans l’industrie de luxe, le onzième dans l’agriculture, etc…).

Les Hunger Games – véritable punition pour le peuple – sont en fait l’héritage laissé par les  rébellions qui ont remué le Capitole par le passé.

Le principe des Jeux est simple : un garçon et une fille de chaque district qui ont entre 12 et 18 ans sont tirés au sort pour participer à un combat à mort sur un terrain choisi et aménagé par le Capitole. Il n’y a qu’un seul gagnant possible. Ainsi, c’est 24 participants au total qui sont amenés à jouer leur vie pour l’honneur de leur district, et surtout pour sauver leur peau.

Pour la victoire, chaque élément est important : l’apparence, le bluff, le charisme et autres moyens de pressions sur les autres « joueurs » sont déterminants pour la victoire.

Parmis les « chanceux » sélectionnés il y a Katniss, une jeune fille qui vit dans le 12ème District de Panem et elle va participer aux Hunger Games.

Un roman haletant, incisif et fascinant

Le roman de Suzanne Collins est fascinant par bien des aspects. Outre le développement très fouillé de ce monde post-apocalyptique et de son fonctionnement politique, la dimension psychologique y tient une très grande place.

Mais plus encore que la forte présence de la politique sous toutes ses formes dans l’œuvre, la dystopie de Suzan Collins nous fait nous poser bon nombre questions. En effet, pourquoi les Etats-Unis ont-ils disparu et ont étés remplacés par le Capitole ? En quelle année sommes-nous ? Que s’est-il passé pour que le monde tel qu’on le connaissait ait été transformé en une société aussi cruelle ?

Loin du roman moraliste, Hunger Games nous montre le pire de l’âme humaine, mais paradoxalement aussi, le meilleur. Chaque once d’humanité devient précieuse à côté de toute cette cruauté étalée au grand jour.

Une anticipation sur nos inquiétudes actuelles

Hunger Games n’est pas le premier ouvrage à se poser la question : Et si notre futur était gouverné par un état totalitaire qui ferait pression sur le peuple pour arranger les plus hauts placés au pouvoir ? Ce scénario n’est pas sans faire penser au livre de Koushun Takami édité en 1999 au Japon : Battle Royale. L’intrigue se déroule dans un pays asiatique jamais nommé existe un programme gouvernemental nommé Battle Royal. Son but, sélectionner au hasard une classe de lycée dans le pays et l’envoyer sur une île afin qu’ils s’entretuent, le jeu se termine quand il reste un seul survivant. Cette opération permet au gouvernement de maintenir la population afin qu’elle « reste dans le rang ». Les données de chaque opération sont ensuite exploitées par le gouvernement.

Comme vous pouvez le constater, les deux scénarios sur le principe sont assez similaire. Mais il y a une grosse différence entre les deux histoires. Hunger Games est médiatisé, voire surmédiatisé par le gouvernement contrairement au programme de Battle Royale qui est strictement confiné et réservé aux organisateurs eux-mêmes.

Ainsi, Battle Royale, bien qu’étant une œuvre ayant clairement inspiré Suzanne Collins  n’est pas une copie de l’œuvre. Elle a su s’en détacher et créer son propre univers parfois même plus cruel que l’original par son côté populaire.

Mais une des choses les plus importantes concernant Hunger Games, c’est qu’il s’agit d’une œuvre qui fait se poser de vraies questions sur les inégalités sociales. Interrogations qui ne sont qu’esquissées dans ce premier opus mais qui seront creusées dans les deux tomes suivant.

Pour conclure sur ce premier tome explosif, Hunger Games est un très bon roman à faire lire dès l’âge de 13 ans environ. A la fois psychologique, empli d’action et de sentiments exacerbés. Rendez-vous bientôt pour la chronique du second tome de la série : L’embrasement.

9.5/10

Chronique : Acide Sulfurique

acidesulfurique.jpg

Honnêtement, je crois que de tout les Nothomb que j’ai pu lire (Métaphysique des tubes, Stupeur et tremblements, Les combustibles, et Antéchrista) c’est vraiment le meilleur. Le concept des gens enlevés aléatoirement pour une émission de télé réalité, tellement réelle qu’il doit y avoir un quota de morts chaque jours.

L’émission se nomme Concentration : vous l’aurez deviné, nous avons ici un clin d’œil aux fameux camps de concentration du début du siècle. Voici donc l’environnement dans lequel vivent les personnages : des mines à creuser sans but réel, elles ne sont là que pour donner du travail aux esclaves de concentration. Les gens n’ont même pas d’identité propre, ils sont nommé uniquement par leur numéro d’immatriculation.

Le pire est tout de même que ce soit une émission, mais en plus qu’elle ai de l’audience : 100% de la population ! Même ceux qui n’ont pas de télévision vont chez les autres pour voir Concentration, le paroxysme de l’horreur à l’échelle mondiale humaine.

En tout cas, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre très prenant et qui se lit très rapidement, comme les autres Nothomb même si encore une fois, l’éditeur n’était pas obligé de gaspiller autant de papier en mettent une typographie de corps 12.

Si vous avez aimé, alors essayez :

hunger games 1

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