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Chronique jeunesse : Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte

Un roman jeunesse touchant et malin qui décortique avec malice les mécanismes de l’écriture…

Annet Huizing est une autrice néerlandaise, Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte fut un succès dans son pays d’origine. L’ouvrage est paru chez Syros en 2016.

Avoir une célèbre romancière pour voisine… et amie

Nous voici dans le quotidien d’une jeune fille prénomée Katinka. Elle vient d’avoir 13 ans, et depuis quelque temps, une idée la taraude… elle aimerait écrire un roman. Mais elle ne sait pas comment s’y prendre n’y même si elle a quelque chose d’assez intéressant à raconter. C’est ainsi que grâce à son amitié avec Lidwine, une célèbre autrice qui vit près de chez elle, la jeune fille va découvrir les ficelles du métier. Car oui, pour être écrivain, il faut certes du talent, mais également beaucoup de travail…

Une ode au partage et à l’entraide

Ce roman est un super moment de lecture à découvrir, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la narratrice, Katinka, va découvrir comme nous lecteur, les ficelles de ce qui fait un roman. Par exemple, avez-vous déjà entendu parler de la phrase « Show, don’t tell » ? Elle résume à elle seule une caractéristique très importante dans un roman : ne pas dire qu’un personnage est triste ou déprimé, mais le montrer par un air abattu ou une voix éteinte par exemple. Laisser une liberté d’interprétation et de ressenti au lecteur sera beaucoup plus fort que si on lui écrit directement : ce personnage est triste.

C’est ainsi que par quantité de petites et grandes astuces, Katinka va se découvrir l’âme d’une écrivaine. Et au final, on va se rendre compte qu’elle a énormément de choses à raconter et à dire… Car au premier abord, malgré la perte de sa maman très jeune, on pourrait croire qu’elle est un personnage assez lisse. Mais elle nous surprend peu à peu par ses réflexions et sa profondeur. Comment accepter une autre femme dans le foyer même si on l’aime ? Pourquoi est-ce si difficile de dire ce que l’on ressent ? Comment ne pas blesser les autres tout en restant honnête avec soi-même ?

Je trouve que ce roman est parfait pour celles et ceux qui ont entre 12 et 15 ans et qui aimeraient écrire. Ce roman regorge de très nombreuses astuces d’écrivain, tout cela mis au service d’une histoire belle, simple et touchante. On comprend aisément pourquoi ce roman a séduit les lecteurs.ices hollandais, il contient tous les ingrédients d’une bonne histoire !

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Chronique Jeunesse : Trois romans de William Steig à découvrir

Connaissez-vous William Steig ? Je pense que vous seriez tenté de dire non, et pourtant… je pense que oui !

Pourquoi ? Car cet auteur jeunesse n’est rien d’autre que le créateur du monstre et de l’album jeunesse nommés Shrek ! (paru lui aussi aux éditions Gallimard Jeunesse, cf image en fin d’article ).

Ici, je vais vous présenter trois de ses romans dans la collection Folio Junior. Parfaits pour découvrir la fantasy animalière quand on a environ 10 ans.

L’île d’Abel

Voici l’histoire d’une petite souris prénommée Abel. Il est marié, très amoureux et part pique-niquer avec sa chère et tendre épouse Amanda.

Sauf que… une tempête arrive violemment et oblige le couple à se cacher dans une grotte avec d’autres animaux. Mais à cause d’un coup de vent qui va emporter l’écharpe de sa femme, Abel va prendre tous les risques et tenter de la récupérer. Il ne va malheureusement jamais retrouver le chemin de la grotte et se retrouver isolé sur une île, seul au monde. Une sorte de Castaway ou de Robinson Crusoé version enfants !

Petit roman attendrissant rempli de bon sens et d’humour, l’histoire d’Abel vous fera parfois sourire, d’autres fois attendrir…

C’est un véritable roman de survie pour les enfants. Abel va faire preuve d’ingéniosité et de persévérance pour s’en sortir, surtout qu’il va rester de très longs mois sur l’île…

Ce n’est pas mon préféré des trois romans, mais il m’a malgré tout fait passer un moment agréable.

Dominic

Ici nous avons affaire à un conte philosophique qui nous narre le voyage de Dominic, un chien qui décide de quitter sa maison du jour au lendemain pour partir découvrir le monde.


C’est curieux, attendrissant et assez original. Dominic, c’est en fait une réécriture de Candide pour les enfants selon moi. De nombreux messages et symboliques parsèment ce court roman philosophique.

Chaque rencontre que Dominic va faire est pour lui l’occasion de réfléchir au mieux à comment faire le bien autour de lui. Cela peut sembler un peu niais de présenter les choses comme ça, mais c’est un personnage profondément bon qui semble au-dessus de toute corruption.

Que ce soit la richesse, l’oisiveté ou tout autre chose, Dominic n’est jamais atteint et trouve toujours une parade.

L’éditeur suggère cette lecture à partir de 9 ans, mais je pense qu’il n’est pas aussi aisé à lire qu’il n’y paraît. Alors 9 ans, pourquoi pas, mais il pourra se savourer jusque 11 ans environ.

Le vrai voleur

Voici mon préféré des trois petits romans de William Steig ! Pourquoi ? Parce que le personnage principal est une oie, et qu’il y a une enquête policière à la clé !

L’histoire est celle d’un des membre les plus fiables du royaume : Gauvain l’oie est Gardien en chef du Trésor Royal, et c’est le seul à détenir les clés de la chambre forte du palais. Un poste prestigieux mais qui est également lourd de responsabilités…

Sauf que : depuis peu, il semblerait que de petites choses aient disparu du trésor royal. Au début, c’était une pièce, puis un autre, puis de la joaillerie… Jusqu’à ce que les disparitions deviennent très visibles.


Et comme Gauvain l’oie est le seul à avoir accès au trésor fermé à double-tour, c’est forcément elle qui est accusée !
Seul problème, elle est totalement innocente, mais n’a aucune preuve pour appuyer ses dires…

Cette histoire est ma favorite des trois romans de William Steig, déjà car le personnage est une oie, et ensuite car l’histoire est maline, touchante. De plus, les illustrations de l’auteur sont magnifiques. Rien que le dessin de couverture avec cette petite oie toute fière de son travail, sa posture confiante… c’est adorable !


Mais surtout, l’histoire d’une bataille contre l’injustice est lancée pour que Gauvain sauve ses plumes, mais ce n’est pas une affaire évidente… Cette histoire courte d’à peine soixante-dix pages plaira aux enfants qui aiment les mystères et les enquêtes.

Alors, qui est le vrai voleur de cette histoire ?

Et voici le fameux Shrek original, bien plus terrifiant que celui que l’on connait tous !

Chronique : Salina

Le grand retour de Laurent Gaudé dans le roman initiatique. Dans une Afrique fantasmée qui ressemble à l’univers de La mort du Roi Tsongor

Laurent Gaudé est un auteur français à l’œuvre très prolifique. Il écrit aussi bien des romans, que de la poésie ou du théâtre. D’ailleurs, Salina était une pièce de théâtre écrite en 2003 avant de devenir un roman en 2018. Et il est magistral.

Par ailleurs, vous connaissez certainement un des ouvrages de Laurent Gaudé : Le soleil des Scorta, Eldorado, ou encore Ouragan et mon préféré par-dessus tout : La mort du roi Tsongor (qui pour moi se déroule dans le même univers que Saline, ou un très ressemblant).

Un fils en quête d’un lieu de sépulture pour sa défunte mère…

Salina est morte. Elle était exilée, oubliée de tous ou haïe, sauf d’une personne : son seul et unique fils. Elle lui a tout appris, à survivre dans le désert, à s’y repérer… Maintenant qu’elle n’est plus là, il est de son devoir de trouver un lieu de repos digne de celle qu’a été sa mère. Une femme rebelle et indépendante qui aura bravé les conventions par amour, et qui n’a rien eu en retour… ou presque.

Un texte court et mémorable

Salina a beau ne faire que cent-cinquante pages à peine, cela est bien suffisant pour s’imprégner de l’ambiance particulière de ce texte. A la fois mythe, roman d’amour, légende, quête initiatique, récit… Salina est extraordinaire. Dans beaucoup de moments, j’ai retrouvé la beauté de la tragédie chère à Laurent Gaudé, tout comme dans La mort du Roi Tsongor (un texte qui fut une révélation pour moi).

Le désert, comme je l’imagine dans le roman…

On est dans une sorte d’Afrique imaginaire, sans nom, sans époque, juste pleine de ses légendes qui traversent oralement les générations et les villages.

Le fils de Salina va-t-il trouver un lieu de sépulture à la hauteur de ce qu’à été cette femme pour lui ? Va-t-il avoir le courage de la transporter par-delà les territoires qu’il connaît ? Vous aurez toutes les réponses à ces questions… et la conclusion en est magnifique.

J’imagine parfaitement cette ville dont parle Laurent Gaudé. Avec ses barques qui suivent la légende orale de Salina contée par son fils, et qui au fil de l’histoire grossissent les rangs. Avec son étrange et mystérieuse île-cimetière, qui ne s’ouvre uniquement si on a conté l’histoire du défunt avec éloquence et sincérité…

……..

Si vous êtes à la recherche de beauté, de poésie et de magnificence tout en simplicité, Salina sera pour vous. On ressort grandit d’un conte onirique comme celui-là. Et on y repense souvent… Merci Laurent Gaudé pour ce texte, cela faisait des années que j’en attendais à nouveau un comme cela.

Chronique : Douze ans sept mois et onze jours

Un très bon roman à destination de la jeunesse qui mélange nature writing, et aventure mâtiné de suspense… 

Vous qui aimez la jeunesse et la littérature ado, vous devez déjà connaître le très prolifique auteur français Lorris Murail. On lui doit une quantité impressionnante de romans, tous particuliers et mémorables, chacun à sa façon. On peut ainsi citer : GOLEM (PKJ), Les cornes d’ivoire (PKJ), Shanoé (Scrinéo), L’horloge de l’apocalypse (PKJ), L’expérienceur (École des Loisirs).

Dans ce roman paru il y a maintenant 4 ans, Lorris Murail nous offre un mélange surprenant d’action, de suspense tout en nous proposant de (re)découvrir la nature d’un autre œil…

Abandonné au fin fond d’une forêt, dans le Maine…

Une cabane spartiate, une carabine, un livre de Thoreau, quelques conserves… C’est tout ce que possède maintenant Walden, dont le père l’a abandonné ici sans autre forme de procès. C’est un violent apprentissage de la vie auquel est confronté le jeune homme…

Que va-t-il faire pour s’en sortir ? Pourquoi son père lui fait-il traverser une épreuve aussi terrible ?

Entre le récit d’apprentissage et le thriller psychologique, Lorris Murail nous ballade de fausse-piste en traquenard…

Un roman qui détonne dans son style unique

Si vous souhaitez découvrir ou faire découvrir dès l’âge de 13 ans un livre qui sort vraiment des sentiers battus, celui-ci sera parfait !

Plusieurs genres littéraires sont mélangés avec talent par Lorris Murail : le fameux nature writing (faisant l’éloge de la beauté de la nature à chaque instant), le thriller avec le jeune Walden se démenant corps et âme pour survivre et peut-être un jour comprendre le geste cruel de son père… Tout cela étant mis au service d’un roman dit « pour ados » très efficace. Mais, personnellement je le conseille également aux adultes.

De plus, si vous êtes friands de twists et autres apparences trompeuses, vous en aurez tout votre content. Tout cela sans oublier les personnages : ils sont peu nombreux, mais très intéressants. Il y a le père de Walden, bien sûr, mais également cette mystérieuse femme… dont je ne dirais rien de plus, mais qui m’a fascinée.

……..

Le style incisif, sans artifices de Lorris Murail s’adresse ainsi à tous, sans exceptions. Pour ceux qui aiment les histoires qui ont du sens, de la profondeur, un message derrière la lecture-plaisir, c’est l’ouvrage parfait. Et ce retour aux sources bien que violent pour le héros de cette histoire n’est pas sans nous procurer un dépaysement plaisant…

Chronique : Les étoiles s’éteignent à l’aube

Un magnifique roman qui vous fera voyager en pleine nature et découvrir l’histoire d’une relation père/fils touchante et unique.

 Initialement paru aux éditions Zoé en 2016, Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman qui avait bénéficié d’un beau bouche-à-oreille. Fort de ce succès, l’ouvrage est ensuite paru il y a quelques mois aux éditions 10/18.

Depuis, un autre ouvrage de Richard Wagamese est paru chez Zoé : Jeu blanc. Richard Wagamese était l’un des écrivains primo-canadiens les plus connus, il est mort en 2017 à l’âge de 61 ans.

Un père absent qui demande une ultime faveur à un fils qu’il n’a presque pas connu

Un matin, Franklin Starlight est appelé au chevet de son père : il n’est pas encore mort, mais à une ultime volonté, et seul son fils peut l’accomplir. Lui qui a eu une vie décousue, remplie de boisson, de mauvaises décisions et d’actes manqués… il désire malgré tout mourir honorablement.

Et pour se faire, il demande à son fils de l’emmener dans les montagnes, où il veut que sa dépouille repose. C’est ainsi qu’un ultime voyage commence pour le père et le fis, un périple qui va leur permettre d’enfin faire connaissance et de peut-être commencer à s’aimer… avant la fin.

Un roman lent, mais lourd de sens

Si vous cherchez un roman où l’action est le maître mot, passez votre chemin. Cependant, si vous souhaitez tout simplement lire une belle histoire (quel que soit son rythme et sa dynamique), vous avez l’ouvrage parfait.

Entre nature writing, et roman sur l’amour filial et ses difficultés à l’exprimer, Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman très touchant car il sonne terriblement juste. Plus on avance dans l’histoire, et plus on s’y plonge avec facilité.

Chaque étape du voyage du père et de son fils nous apporte une nouvelle histoire/confession du père, qui a beaucoup à se pardonner. Ses problèmes récurrents avec l’alcool notamment, mais pas seulement…

Le personnage du fils, quasiment mutique, ne manque pourtant pas de grandeur. Il est d’un charisme fort, on sent que cet homme en devenir (ce n’est encore qu’un adolescent) sera quelqu’un sur qui compter, et il le prouve.

Personnellement, c’est l’ultime histoire du père qui m’a beaucoup touchée. Quand enfin son fils ose s’ouvrir un peu à lui, c’est un flot de confessions qui nous arrive… Dont une en particulier. C’est aussi beau que triste, mais impossible de rester indifférent face à ce relationnel si particulier qui s’installe.

J’ai beaucoup aimé la traduction du titre livre, même si elle diffère de l’original. En V.O, le livre s’intitule Medicine Walk. En français, le titre est plus long, mais d’une grande poésie – et symbolique. Car il ne faut pas oublier le nom des deux protagonistes principaux : Starlight (soit lumière des étoiles).

Autre étrangeté bienvenue, la façon qu’à Richard Wagamese de présenter ses personnages. Il n’invoque que rarement leurs prénoms, mais plutôt leur statut : « le fils », « le vieil homme »… ce qui les rend encore plus prégnants, vivants.

…..

C’est donc un roman émouvant et unique qui vous est ici offert. Si vous cherchez à être touché par une belle histoire, si un retour aux sources ne vous fait pas peur et si le besoin de grands espaces est vital pour vous, ce roman sera idéal. Marquant.

Pour la fin d’année 2018, les éditions 10/18 ont créé une édition spéciale du roman Les étoiles s’éteignent à l’aube. Elle brille à certains endroits et le reste est réalisé avec un papier mat et plus rigide qu’à l’accoutumée.

 

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Chronique : La péninsule aux 24 saisons

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi InabaUn roman doux, tendre et contemplatif qui nous plonge dans un Japon rural et simple

Second roman de Mayumi Inaba à paraître en France, La péninsule aux 24 saisons est paru aux éditions Picquier en mars 2018.

Elle s’était déjà fait remarqué en France avec son précédent roman 20 ans avec mon chat.

Une ode à la nature dans ce qu’elle a de plus beau

Dans ce roman lent et doux, nous suivons le quotidien d’une femme qui décide de quitter la grande ville de Tokyo quelque temps. Elle est auteure, et peux donc travailler ailleurs qu’à son appartement. C’est ainsi qu’elle décide de partir sur une petite presque-île, où elle possède une petite maison tout ce qu’il y a de plus simple…
La voici partie à la (re)découverte d’elle-même et du rythme des saisons, qui sont bien plus nombreuses que les 4 que nous connaissons. Voici les 24 saisons, celles qui vont lui permettre de savourer le temps qui passe et tous les bienfaits que la nature nous apporte…

Une histoire agréable, mais parfois un peu trop contemplative

Comme souvent avec les roman nippons, on est dans la grâce de l’instant, de ses bienfaits. Ici, c’est exactement cette saveur du moment présent qui est retranscrite, mais tout au long du roman.

La narratrice conte l’écoulement lent de ses journée, ses relations avec ses voisins (dont certains ont une histoire, un vécu très intéressant voir touchant), ses petits rituels. Peu à peu, elle prend du recul face à son passé de femme citadine et pressée (ce qui donne d’ailleurs envie de faire de même !).

« Les journées que je passe dans la péninsule sont comme les blancs de ma vie. J’en ai par-dessus la tête des journées remplies du matin au soir de choses à faire. Je voudrais ici autant que possible des journées en blanc.« 

Mais malgré ce retour aux sources, j’ai trouvé que le roman avait quelques passages à vide assez longs. Mais je comprends tout à fait l’idée de l’auteure, qui a voulu nous signifier un écoulement du temps différent. Moins dans le vif, et plus dans la saveur de l’instant…

« Le sommeil vient au bout de quelques secondes, un sommeil dense comme le miel« .

Quoi qu’il en soit, l’écriture de Mayumi Inaba est un régal. A l’image de l’histoire de sa narratrice, elle est douce, belle, simple. Rien à redire là-dessus, c’est un texte réussi pour moi de ce point de vue.

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Cette lecture n’est malgré tout pas un coup de coeur, même si il revêt de très nombreux points positifs. J’ai eu beaucoup de mal à terminer l’ouvrage à partir des deux tiers, dommage.

Quoi qu’il en soit, le message de La péninsule aux 24 saisons est emprunt de positivité et ne donne qu’une se

ule envie : se trouver une maisonnette pour trouver enfin le temps de prendre soin de soi, et de ce qui nous entoure… Et rien que pour cela, c’est un bon roman.

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi Inaba

Chronique : Un funambule

L’histoire d’un jeune homme à la vie très trouble… une lecture qui laisse le lecteur désemparé et perdu… comme son personnage.

Dernier roman en date du romancier français Alexandre Seurat, Un funambule est paru aux éditions du Rouergue en janvier 2018. Il y a quelques années, il avait écrit le génial et terrible roman tiré d’un fait divers : La maladroite.

Avec Un funambule, il signe un roman étrange et inclassable. Il s’agit de son troisième ouvrage.

Un jeune homme en perte de repères

Un homme seul. Une enveloppe sur la table. Des billets de train. Une réunion familiale. Un échange de regards gênés de la part de ses parents. De nombreux flash-back, des souvenirs décousus… Vers où l’histoire de ce jeune homme nous mène-t-elle ?

Nébuleux, trop nébuleux…

Un funambule est le genre de roman que l’on découvre avec curiosité car son résumé est atypique… mais c’est un roman ne réussit pas à faire mouche pour moi.

L’histoire de ce jeune homme (dont on ne connaitra jamais le nom) à qui rien ne réussi est assez déstabilisante. Il jongle entre la réalité, ses désirs, ses échecs… peut-être est-ce de là que vient le titre du roman. Toujours à l’entre-deux, jamais sûr de ses choix, nous découvrons un homme qui subit plus qu’il ne vit. Et dès lors qu’il entreprend quelque chose, il le rate, à force de ressasser le passé.

L’ambiance est réussie, on ne peut pas le reprocher à Alexandre Seurat. Il parvient à nous faire ressentir l’atmosphère pesante, l’incompréhension qui monte dans l’esprit du protagoniste principal…

Mais j’ai trouvé cela trop nébuleux. On ne comprend pas tout, même si la conclusion est assez explicite.

……

Difficile de mettre des mots dessus, mais Un funambule est un roman qui m’a mise mal à l’aise. Il n’est pas glauque, ni sombre, juste terriblement triste et labyrinthique. C’est une expérience de lecture qui m’a déplu personnellement car trop dispersée, mais rien ne dit que ça ne pourra pas plaire à d’autres.

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Chronique : L’oiseau qui avait avalé une étoile

Un album pour enfants d’une poésie inouïe et merveilleuse…à découvrir à n’importe quel âge !

Paru en mai 2015 aux éditions La Palissade, voici L’oiseau qui avait avalé une étoile. Laurie Cohen – qui est à la narration – a déjà publié une vingtaine d’ouvrages pour la jeunesse. Toni Demuro – à l’illustration – a quant à lui réalisé plusieurs couvertures de romans et commence à se faire un nom dans le domaine de la jeunesse.

Une histoire sublime et touchante

C’est l’histoire d’un petit oiseau qui par mégarde… a avalé une étoile ! Ainsi, l’oiseau est devenu aussi « brillant qu’un diamant »… Mais même si ce nouveau plumage lui sied magnifiquement, le petit oiseau est très malheureux car sa lumière le rend indésirable aux yeux de tous les autres animaux.

Tous se plaignent qu’il attire les prédateurs avec sa lumière, le petit oiseau est ainsi totalement exclu… Jusqu’à ce que quelqu’un s’intéresse à lui.

Magnifique !

Cet album est à découvrir par tous, quelque soit l’âge tant il est sublime par son visuel, mais aussi par le message qu’il véhicule.

Au travers de ce court texte, c’est une ode à la différence, à l’acceptation et au partage qui nous est offerte. Les dessins sont d’une beauté saisissante, si réussis que parfois, il n’y a pas de texte, l’illustration se suffisant à elle-même. Je vous laisse en savourer la teneur…

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Que dire de plus sinon que cet album est de toute beauté et qu’il est à offrir aux petits comme aux grands pour tout ce qu’il symbolise ?

Pour l’âge du lectorat, L’oiseau qui a avalé une étoile est à découvrir dès l’âge de 4 ou 5 ans. C’est une merveille, et on ne peut espérer qu’une chose, que le duo d’auteurs réitère une aussi belle réussite !

Chronique : Le vertige des falaises

Un roman étrange prenant place sur une petite île loin de tout ou chacun à sa manière renferme un secret… parfois pesant.

Le vertige des falaises est le dernier roman en date de Gilles Paris, il est paru chez Plon en avril 2017. Il signe le retour de l’auteur après quelques années de pause. Le nom de Gilles Paris vous dit peut-être quelque chose ? C’est certainement grâce au roman Autobiographie d’une courgette (adapté au cinéma sous le même titre).

Il a également écrit les livres suivants : Papa et maman sont morts, L’été des lucioles, et Au pays des kangourous.

Marnie, une jeune fille bien solitaire…

Que cache le caractère indépendant, taciturne et parfois très dur de Marnie ? Elle a 14 ans, n’a jamais quitté son île, et veux mordre la vie à pleines dents… Mais son passé et son présent pèsent déjà énormément sur son existence. Son père est mort tragiquement dans un accident de voiture, et sa mère a un cancer en phase terminale…

On sent une ambiance extrêmement pesante sur l’île, est-ce seulement à cause de la famille de Marnie et de son lourd passé à chaque génération ? Ou les habitants gardent-ils autre chose au fond d’eux ?

Malaise sur l’île

Malgré une ambiance très bien campée, difficile de cerner clairement les tenants et aboutissants du roman Le Vertige des falaises… En effet, le roman a beau être sombre, il est également très naïf dans son développement. Certaines attitudes des personnages sont prévisibles, d’autres assez incompréhensibles ou gratuites… Cela donne un portrait global assez peu clair de l’œuvre.

Certes, il y a de nombreux secrets à découvrir : aussi bien concernant la famille de Marnie vivant dans son immense villa d’acier (nommée Glass) surplombant l’île, que chez les habitants. Certains sont même si insignifiants qu’on s’interroge sur l’utilité de les découvrir.

Je l’avoue, je n’ai pas réussi à être totalement transportée par ce roman dont les élans maritimes et solitaires auraient pu me plaire. Trop sombre sans justification, recelant assez peu de surprises, j’ai trouvé ce roman assez peu mature. J’ai eu du mal à m’attacher à Marnie, trop ambivalente, sauvage (même si c’est également sa plus grande force).

Certains passages laissent assez interrogatifs quant à leur but final. Gilles Paris exploite différentes matières de réflexion pour laisser lecteur songeur. Mais jamais il ne retraite de certains personnages ou de leurs actes étranges… Est-ce pour nous perdre ? Nous faire tomber dans une fausse piste ?

Je n’ai pas la réponse, mais c’est assez frustrant. C’est dommage car j’ai vraiment aimé l’ambiance, mais je m’attendais à une intrigue bien plus ample, plus dévastatrice en termes de révélations.

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En somme, pour moi, Le vertige des falaises est un roman très dispensable. J’aurais adoré aimer ce livre, mais ça a été finalement un rendez-vous manqué… Mais cela ne m’empêchera pas de découvrir de façon plus approfondie l’œuvre de Gilles Paris qui m’intrigue tout de même.

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Chronique : Hikikomori

Un roman américain beau et triste à la fois, sur un phénomène typiquement japonais : Hikikomori. Ce terme désigne des individus ayant décidé de s’isoler du monde pendant des mois, voir des années.

Jeff Backhauss est un auteur d’origine américaine. Avant d’écrire, il a été directeur artistique et pilote professionnel. Il a également vécu et travaillé en Corée. Hikikomori est sont tout premier roman. Il est paru en poche chez Milady en septembre 2016.

Un homme isolé volontairement depuis trois ans…

Suite à un drame, Thomas Tessler s’est isolé quelques heures dans une pièce, puis les heures se sont transformées en jours, en mois, puis en années… Sa femme ne l’a plus vu depuis 3 ans, une simple porte les sépare, et pourtant, impossible d’en franchir le seuil. Thomas est un hikikomori, un individu qui s’est volontairement coupé du monde. Ce phénomène est typiquement japonais et concerne un million de personne là-bas.

Mais Thomas est américain, et personne ici ne semble savoir comment le faire sortir de sa terrible léthargie… alors, peut-être qu’une personne japonaise saurait, elle ? C’est ce que se dit Silke, sa femme, qui voit en Megumi le dernier recours pour sauver Thomas et leur couple… D’autant que la jeune japonaise a un passé qui pourrait l’aider à « guérir » Thomas, car elle a déjà l’expérience des hikikomori…

Un roman touchant, beau et extrêmement original

De par son thème et la façon dont il est traité, Hikikomori est un roman social difficile à classer, mais délectable à découvrir ! Pour les curieux qui souhaitent approfondir leurs connaissances de la culture nippone, pour ceux également qui aiment les belles histoires au goût doux-amer, c’est un roman parfait.

Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais Hikikomori est un roman qui a réussit à me toucher. L’histoire de cet homme qui s’est isolé à l’extrême pour s’éloigner de la douleur,  quitte à mettre en péril son couple a su me parler. Le fait également que chaque page est un écho au Japon et à ses codes a également aidé à m’attacher encore plus à cette histoire.

Le relationnel qui se créée entre Thomas et Megumi dans les silences, entre cette porte close, tout est magnifiquement retranscrit. Ce rapport si étrange et difficile à expliquer qui pourrait paraître malsain en toute autre situation passe ici à cause de cette situation exceptionnelle. Ce paradoxe entre culture nippone et culture américaine également est fascinant, l’auteur a su traiter cela avec art, le tout restant intimiste et captivant.

Ainsi, le thème principal de ce roman a beau être la perte de l’être cher, le deuil, on a un sentiment qui devient de plus en plus lumineux et positif au fil des pages. On arrive tout comme Thomas à s’extraire de ce sentiment d’enfermement… Mais la route est longue, et nous n’assistons qu’aux prémisses d’un changement qui sera assez long au final.

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Mais quelle beauté, pour ce roman ! Lisez Hikikomori si vous rechercher une histoire autre, différente. Délicat, beau, fragile et mémorable, voici les adjectifs à retenir pour cet ouvrage si particulier. Et un nom également est à retenir, celui de Jeff Backhaus, dont c’est pour le moment le seul ouvrage paru en France, mais qu’il faudra surveiller de près…