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Chronique ado : Comme un oiseau dans les nuages

Un sublime roman sur la recherche des origines et des secrets au sein d’une famille… Et comment les non-dits peuvent tout faire exploser du jour au lendemain.

Sandrine Kao est une autrice française, ses romans sont publiés chez Syros. Elle est d’origine taïwanaise et a grandit en Seine-Saint-Denis. Elle est à la foois autrice et illustratrice pour la jeunesse. Comme un oiseau dans les nuages est sont dernier roman en date (2022).

Une jeune fille qui cherche d’où vient son mal-être intérieur

Serait-ce le confinement ? Sa rupture avec son petit ami ? La pression qu’elle s’impose pour réussir les concours de piano ? Autre chose ? Anna-Mei a seize ans et semble aller bien en apparence jusqu’à ce qu’elle craque à un moment décisif pour elle, lors d’une prestation déterminante. Elle s’effondre et son entourage ne comprend absolument pas pourquoi, elle qui avait l’air si bien… Mais sa grand-mère sait ce qui ne va pas et compte prendre les choses en main. Elle va lui conter l’histoire plurielle des femmes de sa famille. Les épreuves qu’elles ont traversées et pourquoi Anna-Mei par transparence vit un tel mal-être…

Un roman poignant et passionnant sur la quête des origines

A un moment de notre vie, on a tous envie d’en savoir plus sur notre famille. Nos origines, notre histoire, les traumas et épreuves que nos ancêtres ont pu vivre… L’histoire d’Anna-Mei nous conte quelque chose de déterminant que beaucoup de familles issues de l’immigration ont dû vivre : le trauma inter-générationnel. Il n’est jamais mentionné comme cela dans l’ouvrage, mais pour moi il est clairement question de cela.

Comment dans notre vie à nous, au présent, on revit sans le savoir les traumas de nos ancêtres qui ont connus la faim, la guerre, les déplacements migratoires… Ces épreuves sont si lourdes qu’elles se transmettent sans qu’on le sache consciement au fond de nous et de ce que nous sommes. Je ne connaissais pas du tout ce terme ni le concept et je l’ai découvert quelques mois après celle lecture en discutant avec la personne qui tient le compte Instagram « Être une femme asiatique ». Elle m’a parlé de traumas qui peuvent se transmettre et j’y ai vu une explication claire à ce roman, mais aussi à mon vécu personnel.

Comme un oiseau dans les nuages, c’est avant tout le portrait de femmes fortes qui ont tout supporté et tout vécu. Elles s’en sont sorties par la force de leurs bras, leurs épaules, leur abnégation et leur courage. C’est un beau roman sur tous les silences que certaines familles s’imposent, où l’on ne dit pas tout (j’en sais malheureusement quelque chose). Jusqu’à ce que quelqu’un franchisse le pas et nomme les dysfonctionnements muets qui grippent les rouages.

C’est un roman important qui n’en a peut-être pas l’air au premier abord, mais il est fin et bien construit. C’est ainsi que l’on découvre avec passion plusieurs générations de femmes à travers la Chine de Mao et son « Grand Bond en avant » qui a eu pour conséquence la Grande Famine. L’histoire de Taiwan nous est également expliquée par bribes terrifiantes : l’occupation nippone, le massacre de milliers de Taïwanais, le changement de colonisateur pour un autre… Cela n’est qu’un aperçu de l’histoire de la Chine et de Taïwan. Charge ensuite aux lecteur.ices que nous sommes de faire ensuite des recherche, de creuser, s’intéresser.

J’ai beau me passionner pour l’Asie, je ne connaissais rien du tout de cette partie du continent à cette époque. Et on comprend aisément pourquoi la famille d’Anna-Mei, à l’image de quantité d’autres, a des traumas qui ne s’oublierons pas de sitôt.

Ainsi, Comme un oiseau dans les nuages est un beau texte, mais c’est avant-tout un prétexte pour découvrir et s’intéresser à l’Histoire de l’Asie, tout particulièrement la Chine et Taïwan, dont l’autrice est originaire. C’est passionnant et nous pousse à en apprendre davantage sur notre histoire commune qui n’est pas si lointaine… C’est aussi un très bon livre sur le traumatisme intergénérationnel à destination des adolescents.
Avec la même démarche et une aussi bonne qualité narrative, je vous suggère de découvrir Le trésor de Sunthy (éditions Lucca) qui se déroule au Cambodge. Là aussi, c’est édifiant, passionnant et terrible. Il serait bon que l’on oublie pas trop vite l’histoire proche de ces pays lointains…

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Chronique bd : Chroniques de l’île perdue

Une magnifique bande-dessinée en forme de métaphore sur un sujet difficile…

Paru en septembre 2018 dans la superbe collection Métamorphoses (label des éditions Soleil), Chroniques de l’Île Perdu regroupe Loïc Clément au scénario et Anne Montel au – magnifique – dessin. Ils ont déjà collaboré ensemble sur plusieurs ouvrages, dont le très apprécié Le temps des mitaines, ou encore Les jours sucrés.

Avec cette nouvelle bande-dessinée, on découvre une histoire qui semble très axée jeunesse, mais qui cache en réalité beaucoup de maturité et de symbolique…

Un jeune garçon qui échoue sur une île étrange, paradisiaque, mystérieuse…

On ne sait si c’est la réalité ou un rêvé, mais Sacha arrive abruptement sur un île où il semble faire bon vivre. Il y a bien des créatures un peu étranges, mais rien de bien méchant… Entouré de statues qui ressemblent à celles de l’Île de Pâques, il découvre peu à peu qu’un mal semble transformer peu à peu les habitants de l’île…

En parallèle, le petit frère de Sacha, Charlie est lui dans un tout autre endroit : totalement hostile. Il tente de fuir les terribles entités d’ombres qui ressemblent à des loups. Mais cette course effrénée pour la survie semble être sans fin… à moins que Sacha ne change. Mais quel est le lien qui semble influer sur les deux frères et l’île tout entière ?

… mais qui devient dangereuse !

Bien que très délicat, le sujet de la maltraitance – d’un frère à un autre – est ici superbement traité. La métaphore est peut-être parfois un peu trop floue et complexe, mais on comprend le sens général. En effet, la relation dominant-dominé qui existe depuis longtemps entre les deux frères est complexe, et totalement malsaine. Les loups en sont la personnification mordante. Mais il n’y a pas que cela dans cette histoire atypique : il est également question de rédemption, de pardon, de prise de conscience…

Et il faut avouer que le réceptacle de cette histoire est magnifique. Les illustrations d’Anne Montel sont une merveille. Certaines scènes en deviennent cinématographiques tant elles révèle un instant de sublime, comme suspendu. Je pense notamment à la scène avec Grain de blé… mémorable.

La question du lectorat peut cependant se poser. Pour quel âge est donc cette bd inclassable et merveilleuse tout à la fois ? Je dirais pas avant 11/12 ans minimum, puis sans limites d’âge. Et se perd parfois dans les méandre de l’Île Perdue, mais elle laisse un indéniable plaisir de lecture, même si certains mystères resterons toujours trop épais pour être élucidés…

Chronique : Se taire ou mourir ?

Un thriller efficace à destination des ados… ceux qui aiment les ambiances de petites villes glauques à la Riverdale devraient être servis !

Il vient tout juste de sortir aux éditions Nathan, c’est le grand retour de l’autrice américaine Karen M. McManus ! Elle a avait précédemment écrit Qui ment ? (Nathan, 2018) qui avait plutôt bien rencontré son public en France. Ainsi la voilà qui récidive dans la veine du polar young-adult, alors est-ce aussi addictif qu’annoncé ?

Une vie à refaire, un passé à oublier

Les faux-jumeaux Ellery et Ezra viennent de débarquer dans la petite ville de Echo Ridge. Mignonne, proprette, calme… les superlatifs ne manquent pas pour décrire cette petite bourgade typiquement américaine. Mais son passé est lourd : plusieurs meurtres et disparitions ont eu lieu il y a de cela des années, et il semblerait que ça recommence.

Messages menaçants, bal de promo pouvant devenir un théâtre sanglant… le danger rôde rapidement autour des jumeaux, qui n’ont rien demandé. Mais leur mère semble en savoir plus que ce qu’elle prétend sur le passé trouble de la ville… alors, est-ce lié ? Ou y-a-t-il autre chose qui menace Ellery et son frère ?

En férue de drames en tous genre et de fais divers sordides, Ellery décide de mener elle-même l’enquête… peu importe les dangers, la vérité doit éclater. Il ne reste plus qu’à la découvrir…

Un thriller qui fonctionne du début à la fin

J’adore les romans américains se déroulant dans des bourgades à taille humaine… Tout le monde ou presque se connaît, tous les habitants ont un passé commun, un vécu qui les rend plus vrais. Et l’ambiance y est à la fois feutrée et mystérieuse… D’où mon analogie à la série Riverdale qui est pour moi la quintessence d’une ambiance résidentielle à l’américaine avec ses lots de secrets, sa soi-disant tranquilité avant de basculer dans le polar ou le thriller.

C’est cette bascule entre le quotidien tranquille et le côté haché et violent du thriller qui me plaît, et Se taire ou mourir ? réussit parfaitement l’exercice !

On se fait balader de A à Z tout au long du livre malgré les indices, on essaye de trouver nous même (sans grande réussite) le/la coupable de tous ces odieux crimes. Et plus l’étau se resserre plus les idées folles surgissent !

C’est donc ici à la fois un bon thriller, mais aussi un roman à l’ambiance réussie, même si l’accent n’est peut-être pas assez mis dessus. Le terreau qui sert d’intrigue prend bien et fonctionne à merveille. Se taire ou mourir ? Se lit d’une traite ou presque car il possède la qualité de ne pas être trop classique dans son développement, contrairement à d’autres ouvrages où l’on a l’impression que l’auteur suit un schéma de base.

Ici, c’est réfléchi, le passé de chaque personnage est important, creusé et compte pour la suite de l’intrigue. Le tout s’entremêle pour moi avec assez d’efficacité et d’effet de surprise pour que l’on y croie sans avoir trouvé la réponse. C’est donc l’idéal !

Et surtout… mais cette dernière phrase dans le bouquin, elle est juste énorme. Alors, elle n’est pas cruciale pour l’intrigue, mais elle apporte tellement plus d’éléments. C’est tout simplement une excellente idée d’avoir tenu cet indice jusqu’à l’ultime mot de l’ultime page.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce thriller YA. Il est efficace, use de stéréotypes sans en abuser, ce qui rend le tout extrêmement agréable sans pour autant lasser le lecteur. La psychologie de chaque personnage est creusée à souhait. Et l’intrigue policière se tient parfaitement ! Donc si vous souhaitez passer un excellent moment de lecture, c’est le roman parfait. A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

Chronique : La liste de nos interdits

Un polar aux allures de descente aux enfers… Vous pensiez avoir compris, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !

Paru initialement aux éditions Fleuve puis en Pocket, voici le premier roman de Koethi Zan à paraître en France : La liste de nos interdits. Il était paru il y a plusieurs années sous un autre titre, Au bout de la peur.

Par ailleurs, le second roman de Koethi Zan est paru en septembre 2017 chez Fleuve Editions : A jamais tu obéiras.

Un début de roman déstabilisant

Suite à un grave accident, Sarah et Jennifer ont rédigé une liste. Une suite de règles à respecter absolument si elles veulent survivre dans le monde actuel… De leur terrible drame, nous ne saurons rien, mais de cette liste d’interdiction, nous découvrirons tout peu à peu… Mais malgré toutes ces précautions, les deux jeunes femmes vont être les victimes d’un enlèvement puis d’une séquestration qui va durer… de très longues années.

Un thriller psychologique fort bien mené…

Les premiers chapitres sont très déstabilisants, mais une fois que l’on comprend le tableau dans son ensemble (entre le présent et de nombreux flash-back), on se laisse pendre au « jeu ». Jonglant entre différentes époques/enjeux, on creuse peu à peu dans la tête du psychopathe autour de qui tourne cette sordide histoire… Tout s’imbrique et trouve un sens… même dans l’horreur.

Vous trouverez ici une enquête nouant sémiologie, psychologie, manipulation, et torture parfois (mais sans trop de descriptions, heureusement). On remonte peu à peu la filière du criminel avec art… Koethi Zan est douée pour nous amener doucement là où elle a toujours voulu nous piéger, et ça fonctionne !

Mes passages préférés, ce sont ceux où l’investigation de Sarah l’entraîne dans une documentation extrêmement poussée sur toutes sortes de milieux cachés… c’est aussi malsain que fascinant.

Il y a bien entendu quelques poncifs dans ce thriller, mais ils ne sont pas assez dérangeants pour rendre le roman déplaisant. La narratrice, Sarah, fait partie des ultras-privilégiés, elle ne se rend pas toujours compte de la « chance » qu’elle a de pouvoir faire ce qu’elle souhaite quand elle le souhaite… De même, au niveau de la conclusion, il y a une petite « surprise » qui n’en est pas franchement une de mon point de vue, mais rien de décevant non plus.

Étant donné comment Koethi Zan nous balade dans son roman, elle aurait pu aller un peu plus loin en ce qui concerne la dernière partie de son roman. Je suis persuadée que la fin aurait ainsi prendre plus d’ampleur encore.

Quoi qu’il en soit, La liste de nos interdits est un bon thriller psychologique. Surprenant, efficace, dynamique, on passe un excellent moment de lecture sous tension !

……

Je lirais très certainement d’autres livres de cette auteure, pour peu que ses autres romans ne soient pas trop redondants. J’ai vu le résumé de A jamais tu obéiras, et je crains que le contenu soit assez similaire… A vérifier toutefois

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Nos années sauvages

Nos années sauvagesUn beau roman sur l’amour filial, les sciences comportementales et… la vie qui suit son cours, tout simplement

Il vient tout juste de paraître aux éditions Presses de la Cité, voici Nos années sauvages, le second roman de l’américaine Karen Joy Fowler à paraître en France. Son premier ouvrage, Le club Jane Austen avait connu un certain succès à sa sortie, il sortira d’ailleurs en poche chez 10/18 dès septembre 2016.

Ce second roman est une ode à l’amour, au partage, à l’empathie, et à l’amour des sciences, y compris sous leur forme la plus… inattendue. Vous découvrirez ici l’histoire d’une famille blessée qui peu à peu voit ses membres s’éloigner les uns des autres…

Tout commence par le milieu

Comme le dit si bien notre narratrice Rosemary, tout commence par le milieu. En effet, tout devient plus facile pour elle à raconter en commençant par la moitié de son récit… Ainsi découvrons-nous le quotidien d’une jeune femme un peu paumée qui ne semble ni spécialement drôle ni attachante, plus suiveuse qu’initiatrice. Tout ce que l’on sait d’elle, c’est que la vie l’a déjà pas mal cabossée avec une sœur disparue et un grand frère fugueur et évanescent.

C’est ainsi, qu’au fil des pages on découvre quelque chose de plus profond et intéressant que cette ado un peu perdue ayant du mal à se faire des amis. Son passé est autrement plus intéressant et… spécial. Voici l’histoire de Rosemary et de son étrange famille, mais également celle de toute une branche de la science…

Nos années sauvages VO We-are-all-completely-beside-ourselvesUn roman touchant, drôle et inattendu

Si vous pensez avoir déjà lu ce genre de livre, ce n’est qu’une impression qui se dissipera assez vite. Nos années sauvages est un roman aussi fort que doux, aussi original qu’étrange. Certes, il ne s’y passe pas tant de choses que ça, mais certains moment de l’ouvrage sont tout simplement mémorables.

L’une des toutes premières scènes, se déroulant dans la cantine universitaire est touchante de vérité, de réalisme et de ponctualité. La suite peu parfois sembler nébuleuse, mais il n’en est rien car… la page 99 change toute notre perception du roman. Ce passage-clé du roman est un beau tour de force qui laisse coi pendant quelques bonnes secondes/minutes. Rien que pour le bel effet de surprise, ce roman vaut le coup.

Mais heureusement, Nos années sauvages, ce n’est pas juste un magnifique twist au premier tiers du roman. C’est aussi une ambiance, des réflexions et des personnages originaux et très humains. On se sent proche d’eux, ils sont aussi forts que faibles, normaux et extraordinaires… Ils aiment sans préjugé, et c’est ça l’essentiel.

On découvre par la même occasion quelques pans des sciences (dans le domaine de la psychologie et du comportemental) qui nous sont méconnus et extrêmement intéressants. Je pense notamment au phénomène de la vallée dérangeante, entre autres choses.

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Ce roman nous conte ainsi une belle histoire de famille, où quand l’amour des sciences prend peu à peu toute la place dans une fratrie jusqu’à la diviser. Parfois, le tout nous mène partout et nulle part à la fois, et pourtant… c’était un très beau moment de lecture. Je garde une sensation de plaisir diffus au souvenir de cette lecture sans pour autant pouvoir la détailler précisément. A découvrir pour faire la découverte d’une autre forme de roman.

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Fermez les yeux

Fermez les yeuxUn roman qui semblait très alléchant mais qui au final est cousu de fil blanc…

Premier roman de C.J. Cooper à paraître en France, Fermez les yeux vient tout juste de paraître dans la collection Préludes. Présenté comme un thriller très sombre sur fond de psychologie et de mécanismes mentaux pervers, l’ouvrage semble très prometteur…

Un psychothérapeute dénué d’éthique

Tout commence avec une phobie incontrôlable de l’avion… et une relation de plus en plus étrange avec un psychothérapeute aussi beau que machiavélique.

Sara décide de mettre fin à des années de terreurs dès qu’il s’agit de prendre l’avion. Ses projets de carrière l’obligent à y remédier au plus vite sous peine de voir une magnifique promotion lui passer sous le nez… C’est ainsi qu’elle se retrouve dans le cabinet de Stephen Devane, un psychothérapeute aussi beau que troublant dont la réputation est excellente. En effet, Mr Devane est une pointure dans son domaine et rien ne lui résiste (aussi bien dans le domaine de la psychothérapie que dans celui de ses clientes féminines qui craquent toutes pour lui…).

Et très rapidement, les séances que Sara a avec Stephen Devane portent leurs fruits, sa peur de l’avion semble avoir disparu mais… autre chose la remplace. Des images sordides jaillissent de son esprit, une peur irrationnelle la saisi à des moments inattendus… Quelle est donc la cause de toutes ces visions d’horreur ? Stephen Devane est-il le praticien si professionnel et bon que tout le monde croit ?

Une intrigue alléchante qui laisse très vite la place au prévisible…

Plus qu’un roman, Fermez les yeux, est en réalité une suite de témoignages d’amis, connaissance et collègues de Sara dont la collecte a pour but de faire un roman témoignage. Sara elle-même participe à de nombreuses phases de ce témoignage. Ce type de narration a l’avantage d’être très accrocheuse et se lit très facilement. Certaines interventions étant très courtes, l’ouvrage se lit rapidement.

Le début de Fermez les yeux était extrêmement prometteur, et même très intriguant… Mais passé le premier tiers du roman on s’aperçoit que l’on tourne en rond.

Aucun des personnages n’a de relief, ni de vraies caractéristiques hormis des traits de caractère exacerbés. Vous trouverez la peste de sœur, la fille à qui tout réussi, celle qui a les dents qui rayent le parquet, le mec un peu paumé qui semble ne pas servir à grand-chose, le beau gosse manipulateur… Ils sont avant tout très irritants, avec des phrases toutes faites et des lieux communs parfois gratuits ou hors de propos, exemple :

« C’est elle qui m’a permis de surmonter mon deuil. Je me suis entièrement reposé sur elle. Pas très viril de ma part, certes, mais c’est ainsi. »

A propos des relations belle-mère/belle-fille : « C’est le propre des femmes. Même quand elles s’entendent bien, elles ne peuvent pas s’empêcher d’être dans la compétition. »

« Nous étions des garçons, et les garçons sont désobéissants, quelques fois. »

Même si ces extraits ne reflètent pas nécessairement les pensées de l’auteur, ces phrases toutes faites provoquent une sensation de rejet chez moi en tant que lectrice. Tout est trop stéréotypé, séparé franchement et avec peu de nuances… Le plus dommage, c’est tout de même que Sara -la plus importante de tous – soit aussi la plus plate de tous les personnages de ce récit.

 ….

Là où l’on pensait rencontrer des personnages incisifs et remarquables, le tout servi par une intrigue diabolique, il n’y a que au final que prévisible et platitudes. Et surtout, l’intrigue que l’on nous vante comme étant d’une maîtrise absolue, est éventée très rapidement au bout d’une petite centaine de pages environ… C’est fort dommage, et c’est une très grosse déception. Passez votre chemin…

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Chronique : Conversion

ConversionUn étrange mal frappe les élèves de l’école très élitiste St Joan, à Danvers… où puise-t-il ses origines ?

Il est paru aux éditions Albin Michel en avril dernier, voici Conversion un roman écrit par l’américaine Katherine Howe. L’auteur a un parcours et une histoire très atypique qui fait de ce roman un récit à part. En effet, elle est une descendante d’Elizabeth Howe, une des plus célèbres accusées du fameux procès des sorcières de Salem.

Katherine Howe est devenue historienne et s’est spécialisée dans l’époque qui a vu naître ce procès incontournable de l’histoire américaine. Conversion est un roman qu’elle a mis deux ans à écrire et qui fait le parallèle entre l’Histoire du procès des Sorcières de Salem (et comment le village de Salem en est arrivé là) et l’histoire qui se déroule dans l’école très sélective St Joan, de nos jours. Au premier abord, nous ne trouverons aucune similitude… et pourtant…

St Joan, établissement pour jeunes filles très prisé et image même de la réussite

Le cadre privilégié dans lequel évolue Colleen (notre narratrice) est merveilleux. De très bons professeurs y dispensent leurs cours, le bâtiment en lui-même en impose quand on passe devant ses gargouilles et ses vitraux anciens. En substance, c’est le genre d’endroit où l’on rêverait d’étudier pour mettre les meilleures chances de son côté et prétendre par la suite aux meilleures universités du pays…

Mais St Joan va devenir très rapidement un lieu où certaines de ses élèves présentent d’étranges troubles d’ordre physique et/ou psychologique… que s’y passe-t-il réellement ?

En parallèle à l’histoire de Colleen se déroulant en 2012 à Danvers, nous découvrons l’histoire d’Ann Putnam en 1706. Personnage historique qui a réellement existé, Ann Putman a été un des témoins les plus importants du procès des sorcières de Salem.

Un sujet atypique et captivant

Les ambiances mettant en scène des établissements scolaires très ancrés dans une culture traditionnelle (port d’un uniforme, règles strictes, bâtiments superbes et austères…) me laissent rêveuse. Alors si en plus, l’Histoire, la vraie est également invitée dans l’intrigue, c’en est d’autant plus plaisant !

Katherine Howe nous dépeint ici une lente descente aux enfers pour les élèves et les professeurs de St Joan, ainsi que la tempête médiatique que tout cela implique. Le réalisme et l’efficacité de son roman sont d’autant plus appréciés quand on sait que Conversion s’inspire directement d’un fait divers réel.

En effet, au printemps 2012, seize lycéennes de la ville de Le Roy ont été victimes d’étranges symptômes physiques énigmatiques. Beaucoup d’hypothèses différentes ont été avancées pour expliquer cet étrange mal (ces mêmes hypothèses se retrouvant au fil du roman). Conversion est ancré dans ce fait divers qui a énormément fasciné aux États-Unis. Tout le monde aime les mystères, alors quand l’étrange et l’inexplicable s’invitent dans notre société, on est entraîné par cet effet de masse… et c’est ce que retranscrit méthodiquement Katherine Howe.

A lire pour (re)découvrir l’Histoire américaine

Avec Conversion, on découvre l’histoire du procès des sorcières de Salem du point de vue d’Ann Putnam, la seule femme de l’affaire a avoir présenté des excuses publiques pour ses actes, et surtout ses paroles… Si l’on connaît l’histoire des États-Unis et plus particulièrement celle du procès, la lecture est fluide. Par contre pour ceux qui auraient quelques lacunes sur cette période, situer les personnages peut s’avérer difficile au début. Une petite révision des faits avant de plonger corps et âme dans la lecture peut donc être nécessaire.

Autre fait culturel intéressant, Conversion fait très souvent référence à un classique de la littérature américaine au travers de l’œuvre d’Arthur Miller : Les sorcières de Salem. En France, il est beaucoup moins lu et étudié, mais les nombreuses mises en abîme entre le roman de Miller et celui de Katherine Howe sont bien trouvées et apportent une belle profondeur à l’intrigue générale.

….

La conclusion du roman est plutôt aboutie, mais on aurait pu aller encore un peu plus loin dans l’explication même si celle fournie par Katherine Howe est tangible, elle n’est pas assez développée selon moi.

Conversion est ainsi un bon roman à lire pour approfondir ses connaissances d’un point de vue historique, mais pas seulement. C’est aussi un bon récit à suspense qui retranscrit assez fidèlement un fait divers qui avait fait grand bruit… Enfin, il ne faut pas oublier que la narratrice est une adolescente avec des problématiques de son âge, ce roman peut ainsi être lu aussi bien par des adultes que par des jeunes adultes !

Articles de presse sur l’affaire Le Roy :

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : Chambre 507

Chambre 507Assez fou pour ne pas être jugé ou trop lucide pour ne pas être épargné ?

 Paru au mois d’août 2014, Chambre 507 est un thriller psychologique paru aux éditions Super 8, dirigées par l’écrivain français Fabrice Colin. L’ouvrage est coécrit par Jordan Wiesman et J.C. Hutchins.

Vous connaissez peut-être déjà Jordan Wiesman grâce à la trilogie pour adolescents Cathy’s Book qui avait fait grand bruit lors de sa sortie en France aux éditions Bayard Jeunesse. Le livre était rempli de nombreux indices placés dans une pochette et de nombreux sites internet et numéros de téléphone avaient étés créées pour l’occasion.

En ce qui concerne J.C. Hutchins, il s’agit de son premier ouvrage à paraître en France. Il est journaliste et écrivain. Son œuvre la plus connue Outre-Atlantique est 7th Son.

Brinkvale, la maison de fous par excellence

Bienvenue dans l’hôpital psychiatrique de Brinkvale, à New York, ici se trouvent de nombreux cas à la psychologie vacillante. Parmi les patients étranges abrités par l’établissement se trouve un « client » un peu spécial qui séjournera à la Brink pour une semaine seulement : Martin Grace. Pourquoi un laps de temps aussi court ? Car son jugement approche à grand pas, et il est crucial de déterminer si ce patient est fou ou non… Seul hic(s), Grace refuse de coopérer avec quiconque, il pense être poursuivit par une entité qu’il nomme la Tache d’encre (ou l’Homme sombre) et ce supposé criminel en puissance est totalement… aveugle.

Voici un court tableau décrivant le pétrin dans lequel va s’embourber Zachary Taylor sans le savoir. Il est jeune, mais cela ne l’empêche pas d’être le meilleur art-thérapeute de Brinkvale. Zachary fait appel à la créativité de ses patients afin de découvrir leurs troubles les plus profonds ; à lui de trouver la voie par laquelle il pourra percer à jour Martin Grace, mais cela ne se fera pas sans heurts.

Zachary ne le sait pas encore, mais son enquête va le mener beaucoup plus loin que prévu, et sur une pente glissante, très glissante. Le danger rôde, et il n’est pas que dans Brinkvale…

Bien mené, mais pas assez exploité

Le début du roman est d’entrée très tentant, et continue de l’être tout au long de la lecture. Notre narrateur prend un plaisir fou à percer les secrets de Grace quitte à prendre sur son temps personnel pour mener à bien sa mission. Il va même plus loin en essayant de toucher du doigt la folie de son patient en enquêtant d’un peu trop près sur certains aspects de sa vie, quitte à se bruler les ailes au passage.

Mais ce n’est pas tout, cette affaire semble être le point de départ d’une foule de problèmes pour Zachary Taylor : secrets de famille qui remontent, visions étranges… l’affaire Grace va le changer à jamais.

La lecture de Chambre 507 est au final très aisée, et l’intrigue se suit très facilement, l’écriture y est percutante, incisive… Zachary Taylor est entouré d’une petite amie geek qui l’aide dans ses recherches (le pistage informatique n’a pas de secrets pour elle) et d’un frère casse-cou à ses heures (tel un Yamakasi) le tout donne l’image d’une petite équipe prête à tout pour décrocher des réponses.

Et des réponses, justement, nous n’en avons au final pas assez. Le roman à beau être bien mené, de nombreuses interrogations soulevées durant l’intrigue n’ont toujours pas été résolues à la fin de la lecture. Pire : certaines ont même été balayées par l’auteur en une seule phrase en fin de roman. C’est fort dommage car même si l’on sent une volonté de laisser planer le doute sur le côté fantastique ou non du roman, certains points auraient mérité un éclaircissement (coups de téléphones mystérieux, la Tâche Noire….).

 …..

C’est donc un bon roman dans l’idée et le déroulement, mais sa conclusion est selon moi trop vite bouclée. La fin est telle que l’on peut venir à se demander si il n’y aura pas une nouvelle aventure de Zach Taylor tant il y a de pistes à explorer. Pour le moment, il s’agit d’un roman unique, et si cela le reste, ce sera fort dommage. Si un autre opus est prévu à l’avenir, cela pourrait changer la donne de cette chronique. Pour le moment, il n’y a aucune suite aux Etats-Unis, mais une préquelle est toutefois sortie sous le titre Sword of blood avec le personnage de Zachary Taylor.

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Actualité éditoriale : Les nouvelles parutions de la collection Macadam !

Au programme pour les mois d’avril, mai et juin prochain, la collection pour adolescents de chez Milan a concocté de belles nouveautés pour les lecteurs. De l’anticipation, du thriller psychologique, du roman social et du fantastique… un beau programme s’annonce ! Voici notre sélection des titres qui ont attisé le plus notre intérêt dans la collection Macadam.

Atlantide 01 le code perduAtlantide – Tome 1 – Le code perdu de Kevin Emerson :

Bienvenue sur notre Terre, dans un futur lointain, en 2086. Brûlée et détruite par les radiations solaires, tout ce que nous connaissions de notre belle planète n’existe plus… Mais il reste encore les biodômes, réservés à quelques rares chanceux dont va faire partie notre héros, Owen.

La série Atlantide est une trilogie traduite de l’américain qui vient tout juste de paraître chez Macadam le 9 avril dernier. Le dernier tome de la série arrivera d’ailleurs aux États-Unis le 26 août 2014. Cette nouveauté dont l’histoire prend un départ classique semble toutefois prometteuse. Espérons que le traitement de cette série d’anticipation sera intéressant et même fascinant ! Affaire à suivre bientôt sur le site par le biais d’une chronique.

Quatrième de couverture : L’action se passe dans un futur lointain. Owen a été sélectionné pour aller à Eden West, l’un des biodômes dans lesquels on peut vivre comme avant. Avant que le soleil ne devienne un ennemi mortel et que des millions d’humains ne meurent à cause de ses radiations. Pour lui, qui a toujours vécu sous terre, c’est une expérience formidable. II se fait vite de nouveaux amis : Lilly, Evan, Alyah et Marco. Ensemble, ils découvrent qu’ils ont été cryogénisés avant la grande catastrophe qui a rendu la Terre inhospitalière.

Mais Owen se révèle être plus que ça. Des visions le mettent sur la piste des Atlantes, un groupe d’humains dotés de super-pouvoirs, à qui il est relié. Les Atlantes avaient découvert un immense secret de l’Univers et réussi à plier la nature à leur volonté, provoquant ainsi une grande catastrophe qui avait failli mener le monde à sa perte. Aujourd’hui, des humains sont sur le point de redécouvrir ce grand secret et de l’utiliser dans le même but…

L'élite 01 RésilienceL’élite – Tome 1 – Résilience de Joëlle Charbonneau

Attention, futur succès, en tout cas le résumé est très accrocheur et nous fait déjà très envie ! Le livre arrive en librairie le 14 mai prochain. A situer entre le thriller et le roman d’anticipation, des adolescents doivent passer Le Test, une épreuve qui définira leur avenir et qui fera d’eux des personnes mortes ou vives…

Le résumé du roman fait penser à un croisement entre Divergent et Nox où la culture n’est réservée qu’à une élite (pour le côté Nox d’Yves Grevet). Pour le côté faisant penser à Divergent, c’est surtout la phase psychologique et vitale du Test qui nous évoque cette série maintenant bien connue.

Pour ne pas vous en révéler (beaucoup) trop sur l’intrigue de cette nouvelle série, j’ai pris la liberté de tronquer la quatrième de couverture du roman, il serait dommage de se gâcher la surprise ! Le livre est à paraître le 14 mai prochain en France.

Aux États-Unis, la série s’intitule The Testing, et oui malgré un nom très francophone, Joëlle Charbonneau est américaine ! Il s’agit d’une trilogie. Les couvertures américaines sont très belles mais ressemblent beaucoup à ce qui se fait en ce moment en terme de couvertures de romans dytopiques (un logo accrocheur en guise de couverture) : Legend, Hunger Games, Divergent… La couverture française est pour le coup très différente et intrigue à sa façon. Pour patienter, voici ci-dessous la quatrième de couverture de ce premier tome.

L'élite 01 The TestingQuatrième de couverture : La Terre ne ressemble plus à la planète sur laquelle nous vivons. Les Sept Guerres en ont détruit la quasi-totalité, et les hommes essaient de la reconstruire. C’est dans cet environnement que vivent Cia et sa famille. À 16 ans, la majorité des adolescents doivent trouver un travail. Les autres, l’élite, sont choisis pour le Test. L’épreuve suprême. Un test ultime qui promet l’entrée à l’université pour les gagnants. Ou plutôt pour les survivants… Cia et trois autres jeunes de sa promotion sont choisis pour participer au Test.

Mais son père, qui a eu la chance de faire des études supérieures, la met en garde : aucun de ceux qui ont passé le Test ne se souvient de cette expérience ; par contre, tous font des cauchemars très violents qui semblent aussi très réels… Dès le début du Test, Cia comprend qu’elle ne peut faire confiance à personne…

On a hâte !

Et puis aprèsEt puis après ? de Katie Williams

Paru aux États-Unis en mai 2013, le titre original de ce one-shot est Absent. Entre le thriller et le récit fantastique, nous suivons les pas du fantôme d’une adolescente tombée du toi du lycée pour une raison inconnue… à elle de mener l’enquête !

L’argumentaire est court mais il sait attiser l’intérêt du potentiel lecteur, c’est donc avec impatience que nous attendons de découvrir la teneur de ce roman pour adolescents à la fois psychologique et policier. L’histoire n’est pas sans rappeler un autre roman où l’intrigue de départ était semblable : il s’agit de Reste avec moi de Jessica Warman dans la collection Territoires. Quoi qu’il en soit Et puis après ? est à paraître le 4 juin prochain en France, et on a hâte d’en lire les lignes !

Quatrième de couverture : Ce jour-là, un terrible accident se produit au lycée : Paige chute du toit. Un terrible et incompréhensible accident. Dès lors, Paige est contrainte d’investir les lieux sous l’apparence d’un fantôme. Très vite, une rumeur la concernant se propage parmi les lycéens : Paige s’est suicidée. Paige sait que c’est faux. Par tous les moyens, elle va devoir rétablir la vérité…

Chronique : Cruelles

CruellesUn roman de Cat Clarke aussi crispant que le précédent, sinon plus….

Cat Clarke est une auteure d’origine anglaise, Cruelles est son second roman paru en France après Confusion, tous les deux dans la collection R (chez Robert Laffont). Ses romans sont toujours un événement dans son pays d’origine, et cela commence également à être le cas dans notre pays.

Toujours dans des univers contemporains ultra-réalistes, Cat Clarke explore les recoins les plus sombres de notre psychologie… et elle ne fait pas exception avec Cruelles, qui nous compte une sordide histoire de rancœurs entre adolescentes…

Faut-il toujours envier les filles populaires de son école ?

Notre roman débute par un événement singulier : un enterrement. Celui d’une des camarades de classe de la narratrice, qui se prénomme Alice King. Elle est là, ainsi que tous ses camarades de classes, ses professeurs, mais le pire n’est pas là : Alice se sent coupable de la mort de Tara, et elle a raison.

Tara : certainement la fille la plus populaire de l’établissement, mais aussi la plus cruelle. Elle se jouait de tous et de tout : de ses amies, de ses professeurs, et bien entendu de ceux qu’elle considérait comme les moins que rien. Les plus vilain tours, les pires rumeurs, c’était elle. Mais un jour, un banal voyage scolaire en Ecosse va se transformer en horrible fait divers… En effet, Tara a humilié une fois de trop certaines personnes, et elles comptent bien lui donner une petite leçon de leur cru… la suite, nous la connaissons.

Les questions que soulève ici Cat Clarke ne sont pas pourquoi ni même comment : l’auteure y répondant d’elle même très rapidement. Mais plutôt, peut-on supporter un tel degré de culpabilité ? à fortiori quand on est encore adolescente ? Peut-on se détacher de soi à un point où la culpabilité disparaît ?

Tout le roman tournera autour de cela. Les quatre jeunes filles qui étaient dans la même chambre que Tara durant la tragédie vont-elles craquer, elles qui savent ce qui s’y est réellement passé ?

Un excellent thriller psychologique pour ados

L’intrigue en soit n’est pas originale, mais la façon de traiter l’histoire est très bien traitée. Que cela soit dans l’écriture, les dialogues, mais aussi les silences… Cat Clarke maîtrise l’art de la tension et se joue de nous lecteurs.

Tout n’est pas nécessairement à cent pour cent réaliste, mais on se laisse facilement embarquer dans ce terrible fait divers… craquera ? craquera pas ? Et si je vous disait, qu’Alice, malgré elle, va tomber amoureuse du frère de Tara en sachant tout ce que cela implique ? Comment pensez-vous qu’elle le vit, quelle vont être ses réactions ?

Le plus effrayant ne réside même pas dans les actes décrits par Alice, qui revit la scène de la mort de Tara pour nous. Non, le pire est dans la pression et les non-dits qui interagissent entre les quatre filles coupables pour maintenir chacune dans la peur et le silence. Les discussions qu’elles ont sont terribles, glaçantes, et nous nous laissons facilement entraîner dans cette fascination morbide pour savoir.

Alors, Cruelles est un roman dérangeant qui porte on ne peut mieux son nom ; mais il est aussi rempli d’humanité. Le poids de la culpabilité peut amener à faire ou à voir des choses étranges… A lire pour découvrir certaines facettes de notre humanité que l’on ne soupçonne pas forcément. A lire pour se faire peur. A lire pour passer une nuit blanche pour connaître le mot de la fin….

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TRANCHE d´ÂGE :