Chronique bd : Chroniques de l’île perdue

Une magnifique bande-dessinée en forme de métaphore sur un sujet difficile…

Paru en septembre 2018 dans la superbe collection Métamorphoses (label des éditions Soleil), Chroniques de l’Île Perdu regroupe Loïc Clément au scénario et Anne Montel au – magnifique – dessin. Ils ont déjà collaboré ensemble sur plusieurs ouvrages, dont le très apprécié Le temps des mitaines, ou encore Les jours sucrés.

Avec cette nouvelle bande-dessinée, on découvre une histoire qui semble très axée jeunesse, mais qui cache en réalité beaucoup de maturité et de symbolique…

Un jeune garçon qui échoue sur une île étrange, paradisiaque, mystérieuse…

On ne sait si c’est la réalité ou un rêvé, mais Sacha arrive abruptement sur un île où il semble faire bon vivre. Il y a bien des créatures un peu étranges, mais rien de bien méchant… Entouré de statues qui ressemblent à celles de l’Île de Pâques, il découvre peu à peu qu’un mal semble transformer peu à peu les habitants de l’île…

En parallèle, le petit frère de Sacha, Charlie est lui dans un tout autre endroit : totalement hostile. Il tente de fuir les terribles entités d’ombres qui ressemblent à des loups. Mais cette course effrénée pour la survie semble être sans fin… à moins que Sacha ne change. Mais quel est le lien qui semble influer sur les deux frères et l’île tout entière ?

… mais qui devient dangereuse !

Bien que très délicat, le sujet de la maltraitance – d’un frère à un autre – est ici superbement traité. La métaphore est peut-être parfois un peu trop floue et complexe, mais on comprend le sens général. En effet, la relation dominant-dominé qui existe depuis longtemps entre les deux frères est complexe, et totalement malsaine. Les loups en sont la personnification mordante. Mais il n’y a pas que cela dans cette histoire atypique : il est également question de rédemption, de pardon, de prise de conscience…

Et il faut avouer que le réceptacle de cette histoire est magnifique. Les illustrations d’Anne Montel sont une merveille. Certaines scènes en deviennent cinématographiques tant elles révèle un instant de sublime, comme suspendu. Je pense notamment à la scène avec Grain de blé… mémorable.

La question du lectorat peut cependant se poser. Pour quel âge est donc cette bd inclassable et merveilleuse tout à la fois ? Je dirais pas avant 11/12 ans minimum, puis sans limites d’âge. Et se perd parfois dans les méandre de l’Île Perdue, mais elle laisse un indéniable plaisir de lecture, même si certains mystères resterons toujours trop épais pour être élucidés…

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