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Chronique : The Lying Game – Tome 6 – Pas vu pas pris

The lying game 6Ultimes révélations pour le thriller young-adult de Sara Shepard

Paru en juillet 2014 dans la collection Territoires, Pas vu pas pris est le dernier des six tomes de la série The Lying Game. Voici venu le temps des aveux pour tous ceux qui ont pris part de près ou de loin à la disparition de Sutton Mercer. Et les apparences ne sont pas nécessairement en faveur des coupables…

Les cadavres pleuvent sur Tucson

Dans ce dernier tome, ce ne sont pas moins de deux cadavres qui tombent sur le chemin d’Emma à travers son enquête. Leur découverte ne va pas franchement l’aider, bien au contraire car la police va très vite s’emparer de l’affaire.

Il semblerait que le temps soit venu de faire tomber les masques, et cela bien malgré elle… Elucider le mystère Sutton sera bientôt possible, mais à quel prix ?

Enfin, nous savons !

Pour tous ceux qui ont attendu avec impatience le mot de la fin, vous serez servi ! Vous aurez aussi bien le pourquoi que le comment de toute l’histoire. Les motivations de la personne ayant commis ces méfaits atroces que sont la torture psychologique, le chantage, et le meurtre passera bien assez vite à table…

Soyons honnêtes, il y a certains éléments de l’histoire qui ne tiennent pas franchement debout. Difficile de développer sans vendre la mèche, mais à partir du milieu du tome précédent, on peut déjà à voir une idée très précise de qui est derrière l’affaire. Et surtout, l’absence de certains réflexes par quelques personnages rallonge d’autant plus l’histoire.

Sara Shepard maîtrise peut-être l’art de faire durer une série, mais certainement pas celui de la rendre haletante aussi longtemps. En effet, là où il aurait été possible de faire la série en maximum trois tomes, l’auteur a décidé d’en faire six. C’est bien trop long pour le peu de matière qu’il y a au final. Surdéveloppé mais avec les mêmes ingrédients, passé le second tome, on comprend comment Sara Shepard construit ses romans.

Alors, lire les six tomes que comprend la série valait-il le coup ? Je reste assez mitigée sur ce fait. L’idée de base est intéressante, et même machiavélique, mais elle reste beaucoup trop à la surface des choses pour n’entrer dans le vif qu’à la toute fin.

Le monde de la superficialité apparente est très bien rendu avec une Emma plongée dans le monde du luxe sans préavis, elle qui n’a connu que les familles d’accueil souvent précaires. Mais ce qui justement se veut plus intense et plus sérieux sous la pellicule frivole reste au final bien léger… Sara Shepard aurait pu aller beaucoup plus sans pour autant retirer son éttiquette « littérature ado ».

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Cette saga est donc à réserver aux amateurs de romans à suspense assez légers, sans intrigue folle, ou à ceux qui sont susceptibles d’aimer la chick-lit. Le bon dans cette série, c’est qu’elle se lit très vite malgré tous ses petits défauts qui n’en font pas un œuvre mémorable.

Chronique : The Lying Game – Tome 5 – Croix de bois, croix de fer

The lying game 05L’étau se resserre doucement sur l’assassin de Sutton…

Paru en février 2014, Croix de bois, Croix de fer est le cinquième et avant-dernier tome de la série policière et un soupçon surnaturelle The Lying Game. Suite directe du précédent tome, nous suivons toujours l’histoire narrée par le fantôme de Sutton Mercer, qui ne lâche pas sa sœur jumelle enquêtant sur son meurtre. Le titre de l’ouvrage fait référence au mot de passe qu’utilisent les filles du Jeu du Mensonge pour jurer que ça n’est pas un mauvais tour qu’elles jouent à leurs amies.

Sara Shepard est une auteur américaine connue pour ses romans ados avec notamment la série Pretty Little Liars, les livres ont étés adapté en série télé, tout comme The Lying Game.

L’investigation solitaire d’Emma à Tucson se poursuit…

Suite directe du précédent tome, nous retrouvons Emma avec ses derniers questionnements en date sur la disparition de Sutton. Leur mère biologique est-elle à mettre en cause ? Est-ce quelqu’un de l’entourage de Sutton qu’elle a trop blessé avec une de ses énièmes blagues cruelles ? La tension mon te doucement au fil des petites révélations qui se font au sein de ce tome…

Les mêmes processus que dans les tomes précédents, mais avec un peu plus de matière

Sara Shepard renouvelle peu sa formule mais sait ajouter un peu d’intérêt à l’intrigue à travers ce cinquième opus. L’auteur nous sème quelques petits indices qui permettent de déterminer qui est le potentiel tueur – ou tueuse – de Sutton.

De nouveaux personnages font leur entrée, avec notamment Céleste, une adolescente aux allures éthérée croyant dur comme fer au surnaturel. Sa venue à Hollier, dans le lycée de Tucson est gênante pour Emma car Céleste veut tout faire pour s’intégrer en faisant sa loi… Et Emma est bien loin de la distance hautaine qu’entretenait si bien sa sœur jumelle Sutton.

Outre ces quelques nouveautés, l’enquête d’Emma et de son petit ami Ethan se poursuit et avance plus concrètement que jamais, et il faut avouer qu’il était grandement temps ! Impossible d’en dire plus sans spoiler, ce sera donc à vous de découvrir les avancées en la matière…

Un point gênant à noter au niveau du contenu du livre : comme tous les autres tomes de la série, le roman contient énormément de citations de marques. Tellement que s’en est invasif par moment, d’autant qu’il s’agit de marques de luxe totalement inconnues pour qui n’est pas à la pointe de la mode.

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En conclusion, cet avant-dernier tome relance quelque peu l’affaire mais ne suffit pas à enlever cette impression de sur-place général. On a une seule hâte, enfin savoir qui est derrière tout ça, mais guère plus…

Chronique : The Lying Game – Tome 4 – Cache-cache

The lying game 4Trahisons et faut semblants, partie quatre

Nous continuons nos chroniques de la série de romans The Lying Game écrite par Sara Shepard avec le quatrième tome : Cache-cache. La série est éditée en France par Territoire, la collection ado de Fleuve Editions. Nous en sommes maintenant au quatrième tome sur six au total, et peu de pistes valables semblent mener vers l’assassin de Sutton Mercer…

Un nouveau coupable potentiel sur le devant de la scène ?

Nous reprenons où nous l’avons laissée la jeune Emma Paxton qui remplace sa sœur jumelle Sutton Mercer assassinée. Personne n’est au courant de cette imposture hormis son petit copain Ethan qui l’aide à enquêter. Emma étant constamment menacée par l’assassin de sa sœur, elle se doit d’être extrêmement prudente dans ses agissements et ses paroles…

Cette fois-ci, c’est un nouveau personnage que nous découvrons… et il se pourrait bien que cette personne ait un lien avec la disparition de Sutton. Nous l’avons déjà vue à travers de nombreuses descriptions du passé d’Emma, quand elle avait cinq ans : il s’agit de sa mère biologique, Becky. Quel rôle joue-t-elle dans ce nouvel opus ?

De nouvelles pistes s’ouvrent pour l’enquête

Ce quatrième tome est celui des révélations familiales. Sans en dire beaucoup plus sous peine d’exposer trop l’intrigue, sachez qu’ici la filiation va ici prendre tout son sens. Les relations qu’entretenaient Sutton avec sa famille adoptive sont bien plus tendues qu’il n’y paraît au premier abord… C’est donc une nouvelle piste qui s’ouvre avec pour fond les relations mère/fille.

Est-ce que ces nouvelles informations relèvent le piment général de la série ? Pas franchement. On commence à deviner le cycle général que fait prendre Sara Shepard à ses livres : nouveau personnage potentiellement accusé, puis accumulation de preuves contre lui, puis passage à un nouveau personnage, etc. Ce tome ne fait pas exception, et malgré l’arrivée fracassante de Becky, le tout est mené de façon très linéaire et semblable aux tomes précédents.

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Pour conclure, ce quatrième tome de la série The Lying Game tourne toujours autour des mêmes mécanismes. Peu de surprises, pas de grandes tensions. On reste curieux de connaître le mot de la fin, mais le tout traîne énormément en longueur… Dommage.

Chronique : King’s Game – Tome 1

King's Game 01Tout commence et finit par un sms…

 Paru en mai dernier dans la collection de romans des éditions Ki-oon, King’s Game est un thriller pour adolescents issu du japon. Il s’agit du premier roman de l’auteur Nobuaki Kanazawa, qui l’a écrit sur téléphone portable (c’est la grande mode au Japon, de nombreux succès littéraires ayant été écrit par ce procédé nommé le keitai shosetsu).

Suite à la parution de ce roman au Japon, c’est un véritable engouement qui s’est développé autour de l’œuvre, cette dernière comprenant 5 tomes au total. Le tout fut suivi d’une adaptation en manga, puis en film (sous le nom d’Ōsama Game). En manga, il existe une suite à la série sous le nom de King’s Game Extreme. Une préquelle a également été sortie au Japon, qui explique les origines du Jeu du roi…

C’est donc un univers riche et captivant qui vous attend si vous décidez de vous lancer dans cette nouvelle aventure littéraire ! Et à l’aube où des romans tels que Battle Royal, Hunger Games, L’élite ou encore L’épreuve rencontrent un franc succès, il est clair que cette nouvelle série a toute sa place.

« Toute votre classe participe à un jeu du roi. Les ordres du roi sont absolus et doivent être exécutés sous 24 heures »

Voilà comment l’ambiance est donnée dès le début du roman : la classe de Nobuaki Kanazawa (le roman est écrit à travers son point de vue, et c’est également le nom de l’auteur !) est choisie pour participer à un jeu du roi. Les règles sont cruellement simples, de même que les punitions si les élèves ne jouent pas le jeu. Tous les élèves reçoivent un sms les notifiant chaque jour d’un nouveau défi à relever, cela peut concerner toute la classe d’un coup, ou seulement un ou deux élèves. Quand le jeu du roi commence, les élèves sont au nombre de 32, mais cette donnée va vite être revue à la baisse…

Tout commence avec un défi simple : deux élèves de la classe doivent s’embrasser, s’ils ne le font pas, ils aurons un gage (dont on ignore encore la teneur), puis le second défi demande à ce qu’un élève lèche les pieds d’une autre. Jusque là, il n’y a pas mort d’homme, même si les requêtes du roi sont de plus en plus sordides. Mais quand le quatrième ordre arrive sur les téléphones portables, l’amusement malsain de certains se transforme en terreur pour tous…

King's Game 01 mangaUne suite d’actions captivantes, mais pas toujours très crédibles ou expliquées

Il faut bien le reconnaître, King’s Game est de ces romans qui sait nous happer du début à la fin. Cependant, tout n’est pas clairement expliqué quant au contexte, le tout donnant lieu à des situations peu crédibles. De même, aucune explication ou début d’explication n’est donné quant à la façon dont le roi s’y prend pour exécuter ses ordres.

Par exemple, à un certain moment dans le livre, un des camarades de classe de Nobuaki décède alors qu’ils ont passé la soirée ensemble. La police est évidemment appelée, une mort par strangulation ne laissant personne indifférent. Mais ce qui est gênant, c’est que Nobuaki réussi malgré tout à aller tranquillement en classe sans rater un seul cours le matin, alors qu’il a dormi dans la même pièce que son camarade mort… un peu léger.

De même, aucun éclaircissement n’est donnée sur le roi lui-même et sa façon d’en savoir autant sur chacun des membres de la classe. C’est dommage que l’intégrité de l’intrigue n’ait pas été plus creusée, cela nous empêchant en tant que lecteur de tenter de deviner qui est le roi de ce terrible « jeu ».

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Le roman est donc un bon récit à suspense, mais ne laissant guère de moyens au lecteur d’enquêter lui-même sur l’affaire de cette classe nippone qui se fait décimer au fil des défis de plus en plus fous du roi…

Cependant, malgré ce manque de cohérence tout le long du récit, on ne peut s’empêcher de dévorer les pages et de vouloir arriver le plus vite possible à la conclusion. Et étant donné la fin de ce premier tome, il nous reste une foule de choses à apprendre sur le terrible jeu du roi et ses origines. Espérons donc que la suite saura répondre aux nombreuses questions soulevées par cette ouverture ! A lire dès 15 ans.

Si vous avez aimé, alors essayez :

Dualed 01

Chronique Jeunesse : Le mystère du majordome

Le mystère du majordomeImaginez le décor parfait : un château splendide, un cadre raffiné… et des disparitions étranges !

Écrit par Norma Huidobro – une auteur traduite de l’argentin – Le mystère du majordome est un roman jeunesse paru à l’école des Loisirs en 2013. L’histoire se déroule durant la période des vacances scolaires dans un lieu de charme : un véritable palais de style européen en pleine Amérique du Sud ! Norma Huidobro a également écrit Une soupe de diamants et Un secret à la fenêtre chez le même éditeur.

Impossible de se reposer pour Tomás… même en pleines vacances !

A chaque fois qu’un événement ou une festivité de taille se prépare dans la famille de Tomás, c’est toujours la même chose : il est mis à l’écart. Mais quelle meilleure mise de côté que d’être logé, nourri et blanchi dans un palais de charme pendant plus de 10 jours ? Pour une fois, cette situation plaît à Tomás… et on le comprend aisément.

Mais à peine arrivé, le jeune homme se montre vite trop curieux. Premièrement, Tomás n’aurait jamais dû commencer à compter les beignets qui étaient dans la cuisine : tout cela n’aurait jamais eu lieu… Alors qui vole la nourriture rangée dans la cuisine ? Est-ce quelqu’un qui gagne à ne pas être découvert ? Un bandit ? Un criminel ? Autre chose ? Et d’où viennent ces bruits étranges dans l’une des tours du château ?

Un parfait petit roman policier pour l’été… mais pas seulement

Une chose est certaine, ce roman est fort sympathique et plaira sans problèmes aux enfants dès l’âge de 9 ans. Le corps des mots est assez gros, permettant aux jeunes lecteurs de lire un vrai roman sans être submergés de texte.

L’intrigue est bien menée, l’idée de commencer tous ces mystères par des disparitions  de denrées alimentaires est amusante. Tomás est un jeune homme attachant dont la plume est simple et efficace. Il va se faire aussi bien des amis que des ennemis parmi les domestiques de la maisonnée et se faire une alliée inattendue en la personne de Camila, une petite fille fan de Barbie. Même si la communication est difficile au début, les deux enfants vont s’entendre afin de résoudre l’affaire.

« […] elle a fait demi-tour, emmenant la surprise et son sac de Barbie. Inutile de préciser que j’aurais préféré un plat de beignets à la pate de coings. S’il y a quelque chose que déteste c’est bien les Barbie. »

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Drôle et parfait pour passer un bon moment, on appréciera de découvrir une auteur qui vient d’Argentine : cela a le mérite de changer des très nombreuses traductions anglo-saxonnes. A lire pour découvrir le style policier sans oublier une dose d’humour et de suspense !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les cousins Karlsson – Tome 1 – Espions et fantômes

Les cousins Karlsson 01Si le club des cinq était suédois, ils se seraient appelés les cousins Karlsson !

Écrite par Katarina Mazetti, la série de romans Les cousins Karlsson est arrivée en France en mai 2013. Depuis, ce sont déjà quatre tomes au total qui sont parus, tous aux éditions Thierry Magnier et Gaïa.

Katarina Mazetti est une auteur suédoise très connue dans le domaine du roman adulte. Elle a notamment écrit les ouvrages Le mec de la tombe d’à côté, Les larmes de Tarzan ou encore Mon doudou divin, tous parus chez Actes Sud. Avec les cousins Karlsson, elle signe une incursion réussie et remarquée dans la littérature jeunesse.

Des vacances sans télé, sans ordinateur et… sur une île !

Présenté comme ça, il semblerait que ça ressemble aux pires vacances possibles pour des enfants… et c’est d’ailleurs ce que se disent Julia, Daniella, George et Alex… mais ça c’était avant.

Les cousins Karlsson ne se sont pas vus depuis des années : entre une mère artiste de la scène toujours en tournée, des parents cuisiniers en France et d’autres en Suède la famille est pour le moins éparpillée. Mais cette année, c’est justement l’occasion de réunir cousins et cousines pour des vacances inoubliables. Les parents de chacun sont occupés et se doivent de laisser leurs enfants chez leur sœur : Tante Frida, artiste renommée, qui vit sur… une île. Sans eau courante ni télé ou autre technologie, Tante Frida est aussi étrange que son mode de vie et ses œuvres !

Impossible de s’ennuyer avec une famille aussi imaginative que les Karlsson, alors quand il est question de feux de camps qui s’allument en pleine nuit et des boîtes de conserve qui disparaissent… ils sont sur le coup.

Frais, drôle et mystérieux, juste comme il faut

L’ambiance de ce roman est particulière : à la fois policier pour la jeunesse et récit d’aventure, on immédiatement prit par l’histoire simple et efficace de ce premier tome.

Chaque membre de la famille a des particularités qui le rend immédiatement reconnaissable et surtout attachant ! Personnellement, j’ai un petit faible pour Daniella (surnommée Bourdon parce qu’elle adore manger et qu’elle fait beaucoup de bruit) et son cousin Alex, un futur grand chef cuisinier, comme ses parents.

Mais les autres ne sont pas en reste, Tante Frida est également géniale dans son genre : totalement hermétique à la technologie et à fond dans ses amas de bois et de fils de fer que les galeries s’arrachent… elle est aussi débridée que charmante.

Comme dit précédemment, de nombreux mystères imprègnent l’île de Tante Frida depuis quelque temps. Outre les boîtes de conserves qui diminuent plus vite qu’elles ne sont consommées, l’île semble le lieu de cachette idéal d’individus malveillants… ou autre chose ? Entre les ombres qui tapissent la forêt le soir et l’imagination débridée des cousins, difficile de dissocier le rêve de la réalité. Quoi qu’il en soit, on est nous aussi à fond dans cette histoire !

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Ce roman d’aventure est parfait pour faire découvrir le genre à de jeunes lecteurs d’environ 8-9 ans. Il est idéal à lire avant Le Club des Cinq, car moins dense mais tout aussi passionnant. L’histoire est à la fois drôle et fascinante de bout en bout, et l’écriture de Katarina Mazetti est d’une légèreté surprenante.

A lire sans modération pour se laisser surprendre par une nouvelle série de qualité qui n’a pas fini de faire parler d’elle… N’hésitez pas une seconde, c’est un vrai coup de cœur ! Déjà trois autres tomes sont parus, et nous en reparlerons très bientôt, c’est certain.

Chronique : L’école de la mort

L'école de la mortVient de paraître chez Gulf Stream Editeur, dans la collection Courants Noirs :  L’école de la mort ; une anthologie de huit nouvelles. Chaque auteur a pu y écrire ainsi deux courts récits : Charlotte Bousquet, Lilian Bathelot, Martial Caroff et Béatrice Égémar. Chacun d’eux a déjà un ou plusieurs romans dans la collection de romans policiers historiques de l’éditeur.

Le principe de cet ouvrage est simple, nous proposer des nouvelles policières dans un contexte historique mais aussi dans un établissement voué à l’apprentissage, il faut prendre ici le mot école dans un sens très large. Couvent, centre d’éducation, école militaire, lieu d’échanges philosophiques… tous ces endroits font la part belle à l’apprentissage. Et c’est dans cette ambiance très particulière que des meurtres vont avoir lieu…

Huit nouvelles à l’ambiance singulièrement différente

Nous ne vous parlerons pas de toutes les nouvelles contenues dans cet ouvrage et allons nous focaliser sur les plus marquantes, même si cela reste très subjectif.

Le maître des pierres de Marial Caroff : Nous voici aux temps sombres de la préhistoire. L’un des tailleurs de pierres du village est retrouvé mort, et il s’agissait du meilleur de tous. Son successeur logique, un autre tailleur de pierre bien moins bon que lui semble comme par hasard avoir trouvé le gisement de pierres du défunt… hasard ou étrange coïncidence à creuser ?

Une nouvelle à l’ambiance marquante, à la fois sombre et travaillée, nous nous retrouvons en des temps où certaines notions n’existaient pas encore, et où tout est encore à créer. Plus que pour l’intrigue, qui est tout de suite annoncé, c’est pour son écriture et son atmosphère que cette nouvelle plaira.

L’œil du loup de Lilian Bathelot : En Russie, en 1943, la jeune Roza Svetlana, tireuse d’élite va rencontrer son idole, la légende de tout le pays : Vassili Zaïtsev, tireur d’élite, il a de nombreuses fois fait mouche dans des situations impossibles. Toujours il s’en est sorti.

Maintenant, c’est à lui de forger la nouvelle génération de tireurs d’élite. C’est ainsi qu’au cours d’une compétition engageant les meilleurs tireurs (et tireuses) ainsi que leur binômes, les observateurs, Vassili Zaïtsev va mettre en jeu quelque chose de très personnel : l’œil du loup.

Un récit extrêmement prenant, aussi âpre que la guerre qu’il décrit. L’amour de Roza pour sa patrie et pour la réussite n’a pas de limite. Elle et son observatrice veulent donner le meilleur d’elles même pour servir leur pays et lui faire honneur… mais jusqu’à quel point ?

Magnifique et poignante, il s’agit certainement de la nouvelle la plus mémorable avec une conclusion qui nous laisse un goût doux-amer.

Meurtre à la maison de vie de Béatrice Égémar : En pleine période des pharaons, nous découvrons le dur apprentissage qu’il faut subir pour être un scribe digne de ce nom. Le maître actuel est dur, et même souvent injuste, notamment avec le jeune Pépi. Alors quand le maître est retrouvé mort peu après l’avoir encore appréhendé, tout le monde fait un rapprochement évident avec Pépi… mais est-ce réellement lui qui s’en est pris au maître Scribe ?

Un court récit bien amené et à la période historique intéressante. Jusqu’où va nous mener l’enquête ? Une chose est sûre, on meurt d’envie de savoir qui est le coupable. Une plume et une intrigue efficace.

Obsession de Charlotte Bousquet : En France, à l’époque de la royauté et des passes d’armes se trouve une jeune veuve qui se meurt d’amour pour un homme. Ce dernier en ignore tout. Elle lui fait envoyer des missives qu’elle ne signe pas de son nom, restant dans l’ombre… cet amour va-t-il devenir réel au lieu d’être fantasmé ? L’homme répondra-t-il aux attentes de cette femme qui se languit de lui avec de plus en plus de ferveur et de passion ?

Un récit aussi court que brutal qui nous montre la déchéance d’une femme par amour. L’écriture est certainement le point fort de cette nouvelle : comme dans l’ancien temps, les tournures de phrases sont travaillées, le vocabulaire ancien.

Pour conclure, L’école de la mort est un bon recueil de nouvelles, bien que celles-ci soient de qualité inégales. Un ouvrage à conseiller à ceux qui n’aiment pas nécessairement les romans, mais les courts récits. Il peut être parfait pour initier les lecteurs au genre policier sous différentes époques et formes. A conseiller dès l’âge de 14 ans.

Nouvelles contenues de le recueil L’école de la mort :

  • Les demoiselles de Saint-Cyr – Béatrice Égémar
  • Le maître des pierres – Martial Caroff
  • Les fantômes de Saint-James – Charlotte Bousquet
  • L’oeil du loup – Lilan Bathelot
  • Obsession – Charlotte Bousquet
  • Tatoo Coeur – Lilan Bathelot
  • Meurtre à la maison de vie – Béatrice Égémar
  • Agora Game – Martial Caroff

Chronique : Storyteller

StorytellerÉcrit par James Siegel et sorti tout d’abord aux éditions du Cherche-Midi, Storyteller est paru aux éditions Pocket en février 2013.

James Siegel est directeur de la création et administrateur d’une des plus grandes agences de publicité aux Etats-Unis, Storyteller est son quatrième roman paru en France, il a d’ailleurs été sélectionné pour le Grand Prix des Lectrices du magazine ELLE.

Un journaliste mis au placard…

Tom Valle était un très bon journaliste avant d’être remercié. Il était même devenu le modèle de la plupart de ses confrères, qui ne juraient que par ses articles.

Mais Tom Valle est allé trop loin. Un jour, il a commencé à broder des histoires qui ne s’étaient pas exactement produites comme il le décrivait. Puis il s’est mis à inventer de toute pièces certains de ses papiers : fausses rencontres, interviews fictives, témoignages surréalistes… jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par sa folie des grandeurs.

Depuis, Tom Valle est dans la minuscule rédaction du Littleton Journal. Encore une chance pour lui qu’il ait pu retrouver un travail de « journaliste ». Il se retrouve à couvrir des événements locaux tels que l’ouverture d’un nouveau magasin, ce genre de choses.

Mais le jour où un accident en apparence banal a lieu, c’est Tom Valle qui est sur le coup, et ce qu’il va soulever comme interrogations réveille en lui les talents d’investigateur qu’il a toujours eu… Mais qui va bien pouvoir le soutenir sur cette affaire ?, lui qui n’a plus aucune crédibilité et beaucoup d’ennemis ?

Un roman policier qui n’éveille pas la passion

Storyteller est un roman qui se lit bien, mais pas de là à dire qu’il se dévore. Le personnage de Tom Valle, à la fois désabusé et plein d’espoir ne réussi pas à gagner mon attachement. Son histoire personnelle est cependant bien exploitée par l’auteur, ce dernier lui ayant créé des failles le poursuivant jusqu’à l’âge qu’il a aujourd’hui. Son besoin de reconnaissance passe par son enfance difficile.

Arpentant de long en large Littleton et ses environs, Tom Valle va peux à peu trouver des indices aussi peu parlants que disparates… du moins au début. On suit les pérégrinations de notre antihéros, sans trop savoir où nous emmène James Siegel. Et bien que le suspense soit bien entretenu, il n’y a pas ce coup d’éclat que l’on ressent parfois à la lecture d’un bon thriller, quand toutes les pièces s’emboitent pour nous donner un magistral tableau final.

Ici, rien de tout cela, il y a bien une théorie du complot, certes, mais il y manque la substance qui aurait pu la rendre vraiment bien édifiée. Des réponses, oui, mais pas pour toutes les questions soulevées. Et même si l’on peut en deviner aisément une partie, certains non-dits auraient mérités d’être exploités… dommage.

Au final, Storyteller est un roman policier qui fonctionne, mais qui manque d’intensité malgré la thématique difficile traitée (que l’on découvre vers le dernier tiers du roman). L’enquête que mène Tom Valle restant trop « quotidienne » et banale par rapport aux personnes auxquelles il s’attaque. Un moment sympathique à passer, mais qui ne laissera pas de souvenir impérissable…

AUTEUR :
GENRE : Policier
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’étonnante disparition de mon cousin Salim

L'étonnante disparition de mon cousin SalimUn roman jeunesse à l’écriture simple et captivante… avec un mystère surprenant à élucider.

Paru en poche chez Folio Junior en avril dernier, L’étonnante disparition de mon cousin Salim a été écrit par l’anglaise Siobhan Dowd, disparue en 2007 des suites d’un cancer.

Le héros du roman, le jeune Ted, autiste de son état, décide d’enquêter sur la disparition incroyable de son cousin dans le fameux London Eye (la grande roue de Londres). Car chose étrange, Salim y est entré mais n’en est jamais ressorti…

Siobhan Dowd a inspiré l’histoire de Quelques minutes après minuit qu’a repris Patrick Ness après sa disparition soudaine des suites d’un cancer. Elle a en tout cinq romans à son actif, tous parus en France Chez Gallimard : Où vas-tu Sunshine ?, La parole de Fergus (elle a d’ailleurs reçu la Carnegie Medal à titre posthume pour cet ouvrage) et Sans un cri. Son œuvre prend souvent racine dans ses origines irlandaises.

Salim manque à l’appel…

Pour Ted et sa sœur Kat, quand Salim ne redescend pas au bout des trente minutes du tour de la roue, l’inquiétude commence à poindre… puis au fil des minutes qui s’écoulent c’est carrément la panique. Mais où a-t-il pu passer ? C’est ainsi que commence l’enquête de Ted, aidé de sa sœur Kat. Passionné de météorologie, de chiffres, de prévisions et de statistiques, Ted a élaboré neuf théories, et pour une fois son cerveau qui fonctionne différemment de celui des autres sera un atout de poids.

Une ambiance simple, vive et plaisante

L’écriture de ce roman est à l’image de la famille de Ted : chaleureuse, drôle, apaisante et franche. Dès les premières lignes, l’auteur réussi à instaurer une relation de confiance avec son lecteur. Siobhan Dowd a adapté son intrigue à des lecteurs âgés d’environ 10 ans, mais jamais elle ne les sous-estime.

Au fil des pages, on ne peut s’empêcher de penser à un autre roman d’enquête ayant pour personnage principal un jeune autiste ; il s’agit du Bizarre incident pendant la nuit de Mark Haddon. Cette façon d’utiliser une autre réflexion tout en nous faisant paraître le personnage tout à fait normal est menée avec talent par les deux auteurs. Mais la similitude s’arrête cependant là, le roman de Mark Haddon s’adressant à des lecteurs d’au moins treize-quatorze ans, ainsi qu’aux adultes.

Venons-en à l’enquête, cette dernière est simple mais ingénieuse. L’intrigue peu même sembler être un prétexte pour nous dépeindre une famille anglaise normale avec des problèmes très quotidiens (hormis la fameuse disparition), la rendant ainsi très attachante.

Les personnages que l’on pouvait penser superficiels s’étoffent au fur et à mesure (je pense notamment à la fameuse tante Glo), faisant d’eux des personnes à la psychologie bien pensée et loin d’être simplette. Enfin Ted et ses blocages sur certains aspects simples de la vie sont très vite attachants, car loin d’être bête, c’est en fait un excès de logique qui le perd…

Sa façon d’écrire également est très « vraie », Ted ne comprenant pas bien les expressions des visages et des corps, il a besoin d’aide pour savoir quelles sont les intentions de son interlocuteur… :

« Mon Dieu ! S’est-elle exclamée. Laissons-les se débrouiller et allons manger une pizza ! ». C’est ce que nous avons fait. Je ne voyais pas le rapport entre la pitié et la pizza, mais toujours est-il que nous en avons commandé quatre, énormes, à la pizzeria du quartier ».

En somme, ce roman de Siobhan Dowd est d’une belle simplicité et mérite d’être découvert pour sa façon d’aborder différemment (et positivement) des thématiques très courantes telles que la famille, la disparition d’un être cher, la maladie, mais aussi le courage et l’amour…

Chronique : Les poisons de Versailles

Les poisons de Versailles

Un roman historique qui nous fait découvrir une facette méconnue de l’histoire de France et de l’Espagne : La révolte des Angelets.

Ecrit par Guillemette Resplandy-Taï, les poisons de Versailles est un roman paru dans la collection Courants Noirs aux éditions Gulf Stream. Cette collection bien spécifique est dédiée aux romans policiers historiques.
Passionnée par la botanique et docteur en pharmacie, Guillemette Resplandy-Taï nous fait découvrir la cour du Roi-Soleil à travers la science des plantes et les relations qu’entretenaient la Catalogne et la France à cette époque… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles étaient tendues : explications.

Quand intrigue policière se noue avec délice à réalité historique et art botanique

Agnès Sola-Massuch est une jeune femme qui a une situation enviable en apparence ; guérisseuse officielle de la reine, elle est devenue indispensable à cette dernière grâce à son érudition. Mais la mort s’invite à la cour du Roi Soleil, et Agnès est très rapidement dans la liste des suspects potentiels, sa connaissance des simples (plantes) et son origine catalane composant un dangereux portrait…
Les relations Catalogne-France à cette époque se sont envenimées lors de l’instauration de la gabelle (impôt sur le sel) en pays Catalan. Cet impôt a mené à la Révolte des Angelets, un épisode sanglant de l’histoire franco-espagnole. Agnès fait partie des victimes indirectes de cet impôt, et mystérieusement, des hommes liés à son terrible passé refont surface dans sa vie… alors quel est le lien avec la jeune catalane ? Son arrivée à la cour du roi est-elle un simple hasard ?

Un portrait immersif du Roi et de sa cour

Les poisons de Versailles est un roman historique à la qualité certaine et dont l’intrigue n’est pas prémâchée. Une fois les quelques faits historiques assimilés, on se familiarise très rapidement avec la trame du roman qui se déroule sur deux échelle ; une à sur le plan de deux pays en lutte, une autre à taille humaine qui se joue à la cour.
Ainsi se retrouve-t-on rapidement plongés dans la terrible histoire d’Agnès et de sa famille sur fond de conflits politiques.

Guillemette Resplandy-Taï nous fait profiter de sa science des plantes au gré de quelques occasions, chacune des interventions concernant les plantes est bienvenue est bien amenée, tellement que l’on aurait aimé en apprendre plus.

L’écriture est assurée tout le long du récit par Agnès. Son point de vue, tantôt innocent, tantôt incisif nous apporte un bel éclairage sur comment était la cour du Roi-Soleil, avec ses subtilités mais aussi ses vulgarités et ses excès. Les dialogues bien menés ajoutent également au réalisme du roman, tout comme les descriptions simples et précises des personnages. Alors qu’est-ce qui fait de ce livre un bon livre ? Son ambiance ? Son écriture ? Ses personnages ? Son intrigue ? Je ne saurais dire, mais le fait est que c’est un roman qui marche sur tous les plans.

Captivant, bien écrit et surtout bien construit, les poisons de Versailles est un livre où l’on ne ressent pas de temps mort. Les informations nouvelles s’enchaînant toujours très rapidement pour nous dresser un tableau encore plus large de l’intrigue… Alors à quand un autre roman ? A conseiller aux passionnés de l’époque de Louis XIV et aux amateurs de belles descriptions historiques, le tout avec une bonne intrigue bien construite. Dès l’âge de quatorze ans.

Le petit plus : A la fin de l’ouvrage, vous trouverez quelques pages destinées à approfondir vos connaissances historiques. Ainsi vous trouverez une explication de ce qu’étais la révolte des Angelets ainsi que la fête de l’Ours.

8/10