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Chronique : Nos années sauvages

Nos années sauvagesUn beau roman sur l’amour filial, les sciences comportementales et… la vie qui suit son cours, tout simplement

Il vient tout juste de paraître aux éditions Presses de la Cité, voici Nos années sauvages, le second roman de l’américaine Karen Joy Fowler à paraître en France. Son premier ouvrage, Le club Jane Austen avait connu un certain succès à sa sortie, il sortira d’ailleurs en poche chez 10/18 dès septembre 2016.

Ce second roman est une ode à l’amour, au partage, à l’empathie, et à l’amour des sciences, y compris sous leur forme la plus… inattendue. Vous découvrirez ici l’histoire d’une famille blessée qui peu à peu voit ses membres s’éloigner les uns des autres…

Tout commence par le milieu

Comme le dit si bien notre narratrice Rosemary, tout commence par le milieu. En effet, tout devient plus facile pour elle à raconter en commençant par la moitié de son récit… Ainsi découvrons-nous le quotidien d’une jeune femme un peu paumée qui ne semble ni spécialement drôle ni attachante, plus suiveuse qu’initiatrice. Tout ce que l’on sait d’elle, c’est que la vie l’a déjà pas mal cabossée avec une sœur disparue et un grand frère fugueur et évanescent.

C’est ainsi, qu’au fil des pages on découvre quelque chose de plus profond et intéressant que cette ado un peu perdue ayant du mal à se faire des amis. Son passé est autrement plus intéressant et… spécial. Voici l’histoire de Rosemary et de son étrange famille, mais également celle de toute une branche de la science…

Nos années sauvages VO We-are-all-completely-beside-ourselvesUn roman touchant, drôle et inattendu

Si vous pensez avoir déjà lu ce genre de livre, ce n’est qu’une impression qui se dissipera assez vite. Nos années sauvages est un roman aussi fort que doux, aussi original qu’étrange. Certes, il ne s’y passe pas tant de choses que ça, mais certains moment de l’ouvrage sont tout simplement mémorables.

L’une des toutes premières scènes, se déroulant dans la cantine universitaire est touchante de vérité, de réalisme et de ponctualité. La suite peu parfois sembler nébuleuse, mais il n’en est rien car… la page 99 change toute notre perception du roman. Ce passage-clé du roman est un beau tour de force qui laisse coi pendant quelques bonnes secondes/minutes. Rien que pour le bel effet de surprise, ce roman vaut le coup.

Mais heureusement, Nos années sauvages, ce n’est pas juste un magnifique twist au premier tiers du roman. C’est aussi une ambiance, des réflexions et des personnages originaux et très humains. On se sent proche d’eux, ils sont aussi forts que faibles, normaux et extraordinaires… Ils aiment sans préjugé, et c’est ça l’essentiel.

On découvre par la même occasion quelques pans des sciences (dans le domaine de la psychologie et du comportemental) qui nous sont méconnus et extrêmement intéressants. Je pense notamment au phénomène de la vallée dérangeante, entre autres choses.

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Ce roman nous conte ainsi une belle histoire de famille, où quand l’amour des sciences prend peu à peu toute la place dans une fratrie jusqu’à la diviser. Parfois, le tout nous mène partout et nulle part à la fois, et pourtant… c’était un très beau moment de lecture. Je garde une sensation de plaisir diffus au souvenir de cette lecture sans pour autant pouvoir la détailler précisément. A découvrir pour faire la découverte d’une autre forme de roman.

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Chronique : La singulière tristesse du gâteau au citron

La singulière tristesse du gâteau au citronEntre l’étrange et le merveilleux du quotidien d’une famille américaine où l’un de ses membres possède une étrange capacité culinaire…

De nationalité américaine, Aimee Bender écrit aussi bien des nouvelles que des romans. En France, quatre de ses ouvrages sont parus. La singulière tristesse du gâteau au citron est son ouvrage le plus connu en France. Son œuvre est disponible chez Points en poche et aux éditions de l’Olivier pour les grands formats.

Une héroïne ordinaire aux papilles extraordinaires

Rose, 9 ans, petite fille normale de don état, va connaître une révolution dans son petit monde : le jour où sa mère lui prépare un gâteau au citron, elle ressent quelque chose d’étrange… Il s’agit de ce que ressentait sa mère lors de la préparation du gâteau.

Rose a maintenant la capacité de ressentir les émotions de ceux qui préparent les plats qu’elle mange. C’est ainsi qu’elle découvre que sa mère trompe son père… et il semblerait que cela fasse un petit moment…

Depuis lors, impossible de manger quelque chose de cuisiné de la main de l’homme. Chips industrielles, plats préparés par des machines et autres cochonneries disponibles dans les distributeurs, c’est la seule façon pour Rose de survivre à son terrible don. Mais quel avenir peut-donc être réservé à quelqu’un d’aussi particulier que Rose ? Et qui la croirait si Rose parlait de son étrange don ?

La singulière tristesse du gâteau au citron VOUn roman singulier et quelque peu inclassable

Ancré dans le quotidien d’une famille américaine tout ce qu’il y a de plus normale, ce récit et aussi attachant qu’étrange. En effet, l’histoire de Rose et de sa famille, l’évolution de ses capacités culinaires et leur quotidien sont intéressant, avec de nombreux hauts et bas…

On découvre le développement des « pouvoirs » de Rose au fil des ans, sa façon d’éviter tout repas préparé par quelqu’un…

Mais La singulière tristesse du gâteau au citron nous laisse également beaucoup de questionnements en suspend concernant la famille de notre héroïne. On aurait voulu en savoir beaucoup plus sur les autres membres, notamment en ce qui concerne son frère… C’est en cela que l’ouvrage est inclassable et nous laisse un peu sur notre faim (sans mauvais jeu de mot).

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Ainsi, ce roman est quelque peu à double tranchant : l’idée d’Aimee Bender est tout simplement géniale, et plutôt bien traitée mais reste un peu bancale malgré tout. J’aime l’idée de comment grandit Rose à travers sa plume, et la façon dont elle la rend adulte. Par contre, on ne comprend pas franchement le but final de cette histoire qui se termine de façon un peu abrupte et n’en dit pas assez.

C’est donc un roman en demi-teinte qui nous est ici proposé à la fois original et intéressant, mais avec plein de petites choses qui font qu’il ne restera pas mémorable, dommage.

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Chronique : Wizards – Tome 2 – Le sacrifice

Wizards 02Suite des aventures de Kit et Nita… en territoire marin !

Diane Duane est une auteur américaine reconnue dans le domaine de la littérature jeunesse et ado. Sa série Wizards y est une référence pour tous les professionnels du livre. D’ailleurs, Wizards est la saga conseillée par un grand nombre de bibliothécaires aux États-Unis quand les enfants ont terminé les Harry Potter.

Alors si vous cherchez une longue série de romans fantastiques aux inspirations magiques, préparez-vous… car Wizards est composé de 10 tomes !

De belles vacances en perspective

Tout semblait bien commencer pour Nita et Kit. Les vacances s’annonçaient géniales, les parents de Nita ont réussi à louer une magnifique maison en bord de mer et ont accepté d’emmener Kit avec eux. Les deux adolescents avaient donc de superbes vacances en prévisions… Sauf que la magie s’en est mêlée en la personne d’une baleine blessée.

En effet, l’Océan est en danger, et à travers lui, tout une partie des Etats-Unis au bas mot. Et bien entendu le timing est extrêmement serré, et le Pouvoir Solitaire est derrière tout cela…

Les abysses de l’Hudson comme théâtre de l’intrigue

Plus prenant que le premier tome, Le sacrifice se déroule quasi exclusivement dans les profondeurs marines et traite de l’art de la métamorphose…  Moins centré sur les formules et le système magique de l’univers de Diane Duane, on entre très rapidement dans le vif de l’action ! Le premier opus était celui de la formation et de l’apprentissage, le second sera celui de la confirmation et du don de soi… l’ouvrage portant très bien son nom.

Même si il s’agit d’un roman destiné à la jeunesse, ont sent que les personnages de Kit et Nita gagnent en maturité. Ils sont plus posés, plus responsables grâce à leurs pouvoirs et aux responsabilités qu’ils impliquent… et ce n’est que le début. D’ailleurs, l’une de leurs réactions va être géniale face au problème quotidien qui consister à concilier vie normale et missions magiques.

L’intrigue a beau être assez probable, on prend plaisir à découvrir un nouvel univers imbriqué dans celui déjà créé. Il en est de même en ce qui concerne les personnages. On se prend à s’attacher en particulier à l’un des plus ambivalents et dangereux : Ed, un terrible requin à la voix froide et distante. Il fait peur, mais il fascine… on aimerait d’ailleurs en savoir plus sur lui et son histoire.

Bref, plus on avance dans l’histoire, plus certains protagonistes donnent envie que l’histoire s’intéresse plus densément à eux. .

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Wizards 01En somme, c’est un univers plus riche que nous propose Diane Duane à travers le second tome de sa saga. Il est plus intéressant et plus dynamique, cela laisse augurer de bonnes choses pour la suite !

J’avoue être très curieuse de découvrir le troisième tome qui cette fois-ci se déroule dans l’espace sous le titre L’éveil. Et un nouveau personnage pas encore assez exploité arrive : Dairine, la petite sœur vive et casse-cou de Nita !

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Chronique : Un stagiaire presque parfait

Un stagiaire presque parfaitQui a dit que les récits policiers ne pouvaient pas être drôles ? Qui ?

Paru en grand format sous le titre Guide de survie en milieu hostile chez Sonatine, ce roman de Shane Kuhn a été réédité en poche aux éditions 10/18 sous le nouveau titre Un stagiaire presque parfait. Il s’agit actuellement du seul roman de l’auteur paru en France.

Quand l’âge de la retraite sonne pour John Lago

Il a été stagiaire de très nombreuses fois, mais curieusement, là où il passe certains trépassent… John Lago est tout sauf un stagiaire, et son nom n’est qu’un écran de fumée pour les plus curieux. John est un tueur à gage. Il a commencé aux alentour de douze ans, et maintenant qu’il approche doucement des vingt-cinq, se faire passer pour un gentil petit stagiaire devient de plus en plus compliqué.

La retraite est donc la prochaine étape pour John Lago, mais il lui reste à accomplir une toute dernière mission, un peu corsée, mais pas beaucoup plus que d’habitude. C’est à cette occasion qu’il va nous conter son parcours et sa mission actuelle en parallèle. Pour vous, les futurs stagiaires sous couvertures, voici un guide de survie qui pourrait bien pour sortir de situations fort compromettantes !

Hilarant et plein d’action, le tout avec une écriture complètement déjantée !

Il faut l’avouer, l’intérêt principal de cette lecture n’est pas (pour moi) son intrigue (bien ficelée par ailleurs), mais son écriture totalement mordante. C’est drôle, osé, parfois cru… en bref un vrai régal !

« Tu as déjà entendu parler des ninjas. Et si tu te bidonnes à la simple mention de ce nom, c’est parce que tu es un crétin d’Occidental persuadé que tout ce qui vient d’autres cultures peut être résumé en quelques blagues dans un talk-show de deuxième partie de soirée… »

Les délires de John Lago ainsi que ses nombreuses références cinématographiques (en particulier les films de gangsters, mais sans oublier Pretty Woman ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind) sont aussi pertinentes qu’amusantes.

« Ca va, moi aussi, j’ai vu Le Ninja de Beverly Hills avec Chris Farley. Le ninjutsu, ça fait marrer les gens, mais si tu n’es pas complètement demeuré, tu devrais savoir qu’il n’y a pas de quoi rigoler. »

Tout l’écriture est ainsi : très orale, emplie de références contemporaines et surtout, extrêmement vivante. Pour faire simple, c’est génial.

Et qu’en est-il de l’intrigue alors ? Si vous avez soif de quelques fusillades, beaucoup de surprises et un soupçon de trahisons, vous êtes au bon endroit. L’histoire est bien ficelée, tient bien la route et se lit avec curiosité. Le tout est vif, sans temps mort, et surtout rempli de bonnes répliques qui mériteraient toutes d’être dans un bon film.

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Vous l’aurez compris, être un « stagiaire », et être mandaté par une compagnie très spéciale pour éliminer certaines personnes, ça n’est pas de tout repos ! Un stagiaire presque parfait est ainsi un excellent roman qui fait un beau mélange de genres. Humoristique, suspense, un peu de romance (mais pas trop !), c’est juste parfait et indispensable.

Actualité éditoriale : Les petites merveilles que nous réservent les éditions Super 8 pour 2015

Les éditions Super 8 souffent à peine leur première bougie d’anniversaire mais savent très bien attirer l’intérêt de ses lecteurs potentiels. Petit zoom sur leur parutions 2015 qui ont l’air le plus alléchantes selon moi…

Le dernier meurtre avant la fin du monde 1Le dernier meurtre avant la fin du monde de Ben H. Winters (parution en février 2015)

A quoi bon vouloir élucider un meurtre alors que l’on sait que l’humanité va être exterminée dans peu de temps ? Appelez cela de l’excès de zèle si vous voulez, mais Hank Palace ne compte pas lâcher l’affaire, même si personne ne lui sera reconnaissant à la fin de l’enquête…

Le concept simple est hallucinant de ce récit donne très envie de le découvrir. Alors, on a qu’une seule envie, y foncer pour voir ce que ça donne. Aux Etats-Unis, l’ouvrage s’intitule The Last Policeman et est suivi de deux autres ouvrages avec le même personnage. Espérons donc que la trilogie complète verra le jour en France !

Prime TimePrime Time de Jay Martel (parution en mars 2015)

La télévision n’est pas l’apanage des Terriens, loin de là… En réalité, nous sommes tous filmés pour le plus grand plaisir de la galaxie toute entière… Un show tourné à l’échelle mondiale, voilà ce que nous sommes. Toute ressemblance avec The Truman Show à l’échelle galactique serait tout à fait fortuite… on non !

Le titre en VO de l’ouvrage est Channel Blue, et ça lui va comme un gant. J’ai franchement hâte de découvrir ce roman présenté comme de la sf burlesque.

Il s’agit du tout premier roman de Jay Martel, auteur américain qui vit à Los Angeles. Il exerce le métier de scénariste, dramaturge ainsi que journaliste.

Le monde caché d'Axton HouseLe monde caché d’Axton House d’Edgar Cantero (parution en avril 2015)

Un jeune homme nommé A. hérite soudainement d’Axton House, une étrange propriété cachée dans les bois de Point Bless en Virginie. Entre surnaturel et enquête bien réelle, la vague de suicides qui déferle sur le domaine est-elle bien tout ce qu’il y a de plus « normal » ?

Si vous êtes fans d’ambiances gothiques et d’histoires de fantômes dans le plus pur style du genre, ce roman d’Edgar Cantero pourrait faire partie de vos futures lectures. L’ouvrage est également teinté d’une chasse au trésor pour le moins intrigante. Il s’agit du premier roman de l’auteur.

Une pluie sans finUne pluie sans fin de Michael Farris Smith (parution en mai 2015)

Un nouveau roman post-apocalyptique qui fait saliver… Imaginez toute une partie des Etats-Unis (de la Floride à la Louisiane) devenue une zone de non-droit à cause des intempéries continuelles sur la région. Reconstruire ne sert plus à rien, autant tout abandonner tant les catastrophes naturelles s’enchaînent. Tout y est permis, y compris les pires actes puisqu’il n’y a plus de justice ni un semblant de civilisation organisée.

C’est dans cette ambiance post-apocalyptique qu’évolue Cohen, un homme qui a tout perdu : sa femme enceinte, sa vie… Quand Cohen croise la route d’un convoi aux mœurs douteuses où certaines femmes et enfants sont esclaves d’un prédicateur, il décide de tout tenter pour les libérer et les amener vers la civilisation, au-delà de la frontière.

Le contrat SalingerLe contrat Salinger d’Adam Langer (parution en août 2015)

On sent les échos d’un Misery dans cette intrigue sombre où un homme richissime souhaite avoir l’entière exclusivité des écrits de certains auteurs. Présenté comme un thriller psychologique absolument unique par l’éditeur, il n’en faut pas plus pour attiser l’intérêt.

On ne demande plus qu’à voir ce que cet écrit à dans le ventre… et entre les lignes !

Chronique : Esprit d’hiver

Esprit d'hiverUn huis-clos étouffant à la période soi-disant magique de Noël…

Dernier ouvrage en date de Laura Kasischke, Esprit d’hiver est paru au format poche en octobre 2014. Véritable roman à suspense dans une ambiance des plus étranges, on découvre ici un conte de Noël contemporain aux allures de thriller… Ce roman a reçu le Grand Prix des Lectrices Elle.

Laura Kasischke est une auteur américaine à l’œuvre désormais connue. On lui doit notamment A suspicious river, Les revenants, Un oiseau blanc dans le blizzard ou encore A moi pour toujours. Certains de ses romans ont également étés adapté au cinéma.

Noël n’est pas nécessairement une journée festive…

Tout commence lors du matin de Noël : Holly a dormi plus que de raison et s’est mise en retard pour le repas de Noël. Sa fille Tatiana dort encore, son mari est parti chercher les invités à l’aéroport, d’autres sont en route vers la maison… mais c’est sans compter sur le puissant blizzard qui se lève.

Ce qui devait s’annoncer comme une journée de célébration et de cadeaux en famille va se transformer peu à peu en un huis clos glaçant mélangeant souvenirs lointains et présent. En effet, Holly et sa fille adoptive Tatiana ont une foule de choses à se dire, et les vieilles rancœurs ressurgissent.

Rancœur et désillusions, le duel psychologie mère-fille ne fait que commencer

Que l’on soit adoptée ou non, la relation entre une mère et sa fille est toujours complexe, c’est ici ce que nous dépeint Laura Kasischke avec une grande justesse. Illogisme, jalousies, reproches, cette journée de Noël est un véritable enfer glacé pour Holly.

Mais cette journée de Noël n’est pas la seule qui nous est contée ; nous découvrons également toutes les embûches qu’Holly et son mari ont du affronter avant d’avoir le droit d’amener Tatiana. Ils se sont rendus jusqu’en Russie, par deux fois il y a quinze ans avant d’avoir l’autorisation nécessaire pour emmener leur fille adoptive aux États-Unis.

On découvre également le parcours du combattant des autres familles américaines qui tentent leur chance à l’orphelinat Pokrovka n°2. Certaines scènes sont d’une tristesse qui prend à la gorge.

L’écriture de ce récit atypique est juste parfaite et nous plonge dans une atmosphère des plus singulières. On frise la paranoïa avec des phrases de plus en plus étranges concernant cette journée qui vire doucement au cauchemar. Et vous n’aurez pas de répit : aucun chapitre ne découpe le texte qui se trouve être un bloc compact dont le but est de vous oppresser (ainsi qu’Holly par la même occasion).

Alors quel est le but de Laura Kasischke à travers ce conte de Noël qui n’a rien de magique ? Vous le ressentirez plus que vous ne le saurez, au fil de votre lecture. C’est insidieux, de plus en plus malsain et les hypothèses se multiplient au fil des mystères et incohérences de la narration (coups de fils étranges, mémoire défaillante, culpabilité démesurée concernant des futilités…). Mais c’est pour mieux nous perdre, jusqu’à l’ultime vérité où tout nous est dévoilé abruptement.

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En somme, Esprit d’hiver est un roman court à ne rater sous aucun prétexte. Les dialogues, les descriptions, l’ambiance… tout y est fort, efficace. Ce récit qui se déroule sur une seule journée est lugubre au possible, et ça n’est pas pour déplaire. Si vous aimez les histoires où le lecteur est balloté en tout sens et où la psychologie y a une part importante, n’hésitez plus.

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Chronique : The Lying Game – Tome 3 – Action ou vérité

The lying game 3Suite du thriller chic pour ados où l’étau se resserre… à peine

La série de romans The Lying Game est composée de six tomes, tous parus dans la collection Territoires, la collection ado des éditions Fleuve Noir.

Son auteur, Sara Shepard, est spécialisée dans les séries pour ados très féminines contenant toujours une bonne part de mystères et de secrets inavouables… Elle est ainsi connue également pour sa série Pretty Little Liars. Ses deux séries de livres ont étés adaptées en série télévisée.

Suite de l’enquête d’Emma Paxton sur sa sœur jumelle, Sutton Mercer

On continue là où nous l’avions laissée Emma ainsi que son investigation autour de sa jumelle tuée dans de mystérieuses circonstances. Les recherches d’Emma piétinent, et le nombre de suspects ne baisse pas d’un iota…

La jeune fille doit pendant ce temps mener de front une vie d’adolescente « normale » tout en remplaçant sa sœur disparue et en enquêtant sur son meurtre… sans commettre de bévue.

Le fantôme de sa sœur Sutton la suit toujours malgré elle, comme si une sorte de force cosmique l’empêchait de se détacher de sa jumelle. Et comme dans les précédents tomes, le fantôme de Sutton ne peut entrer en contact avec aucun vivant et ne se souvient pas de qui a bien pu la tuer…

Une suite qui se laisse lire sans difficultés mais qui a du mal à renouer avec le suspense

De retour à Tucson en Arizona avec les personnages familiers de l’intrigue, il ne vous sera pas difficile de reprendre l’histoire où vous l’aviez laissée. En effet, Sara Shepard a pensé au long laps de temps entre les parutions et aux lecteurs qui mettraient du temps entre les tomes. Ainsi, la reprise est facile, la narratrice réexplique certains contextes potentiellement oubliés, etc.

On ne confond ainsi pas les différents personnages qui sont faciles à cerner et à retrouver grâce à des traits de caractères assez disparates.

Cependant, même si la reprise de la série est facile et reste plaisante, l’intrigue à quant à elle beaucoup plus de mal à convaincre. Cela est dû au simple fait qu’elle commence à tourner en rond de façon flagrante. Emma a toujours les mêmes suspects sur sa liste (même si elle réussi à en éliminer un) et les rouages sont les mêmes que sur les deux tomes précédents. Les doutes quant à la personne qui a fait le coup redeviennent vite les mêmes.

Pour faire simple, l’histoire de The Lying Game tourne en rond dans ce troisième tome.

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En somme, ce tome-ci nous fait très peu avancer dans l’intrigue, les révélations y étant vraiment rares. On est toujours curieux de savoir qui est derrière cette diabolique machination consistant à remplacer une jumelle tuée par celle qui est encore vivante, mais l’auteur va devoir jouer serrer pour rendre le tout attrayant. Comment Sara Shepard va-t-elle se renouveler alors qu’il reste trois tomes et surtout va-t-elle y parvenir ? La suite dans la chronique du quatrième tome de la série The Lying Game : Cache-cache.

Chroniques des autres titres de la série (cliquez sur l’image) :

The lying game - 01The lying game - 02

Actualité éditoriale : Insatiable de Meg Cabot arrive chez Le Livre de Poche Fantastique

Insatiable 01Le 14 janvier prochain, les éditions Le Livre de Poche Fantastique sortent en poche Insatiable – Tome 1 de Meg Cabot. L’ouvrage était paru pour la première fois en France aux éditions Black Moon en 2011 avant de sortir dans la collection Le Livre de Poche Jeunesse en 2014. La série Insatiable est en deux tomes uniquement.

Sortir cet ouvrage dans la collection adulte de l’éditeur permettra d’élargir son lectorat et devrait plaire aussi bien aux adolescents qu’aux adultes férus de fantastique et d’une plume légère.

Meg Cabot est surtout connue pour ses romans de chick lit tels que Le carnet d’Allie, Miss la gaffe, Le Journal d’une princesse ou encore Blonde. Ses romans peuvent sembler superficiels au premier abord, mais il n’en est rien. Son écriture est légère, maline et sait attiser l’intérêt de son lectorat. A la fois drôle tout en parlant de sujets aussi actuels que divers, Meg Cabot est une auteur à l’œuvre très diversifiée.

Il est rare qu’elle fasse dans l’imaginaire, et avec Insatiable, elle fait donc une exception. Ce roman est présenté comme une réécriture actuelle du mythe de Dracula… mais avec un twist de fin !

Quatrième de couverture :

Vous en avez assez des vampires ? Meena Harper aussi. Et le paranormal, ça la connaît. La preuve : elle peut tout vous dire de votre mort prochaine. En revanche, tout ce qui la concerne, elle ne le voit pas venir. Du coup, elle ne pouvait pas imaginer : qu’elle allait rencontrer un beau brun ténébreux –légèrement obscur – et que l’heureux élu serait déjà mort. Pourtant elle finirait bien sa vie avec lui. Bref, voici venue l’heure de prendre son destin en main. Mais Meena en a-t-elle les moyens ?

Chronique : L’âme de l’empereur

L'âme de l'empereurUne nouvelle aussi courte que diaboliquement efficace !

Dernier titre en date de Brandon Sanderson paru en France, L’âme de l’empereur est paru directement en poche au mois d’octobre 2014 aux éditions Le Livre de Poche.

L’auteur est devenu une plume incontournable de la fantasy grâce à son cycle Fils-des-Brumes ou encore son one-shot Warbreaker. Il a d’ailleurs été désigné pour clore le mythique cycle de La Roue du Temps de Robert Jordan. L’âme de l’empereur est une nouvelle longue ou un très court roman d’environ deux-cent pages qui a remporté le Prix Hugo (dans la catégorie meilleur roman court 2013).

Altérer la mémoire des choses pour les changer dans le présent

Quand débute le récit, nous suivons les pensées de la jeune Shai, arrêtée pour tentative de vol dans le palais de l’Empereur. Normalement, quand quelqu’un essaye de voler quelque chose d’aussi précieux que le Sceptre de Lune, c’est la peine de mort assurée. Mais les circonstances sont telles que Shai va pouvoir sauver sinon sa vie au moins son art.

En effet, Shai est une Forgeuse, elle maîtrise le délicat art de modifier la mémoire des objets et des les rendre plus beaux ou moins solides, tout est possible. Il lui suffit de faire croire à une planche qu’elle a été peinte, ou vernie, et elle le sera. Et pour que cette magie fonctionne, il faut réaliser un Sceau – gravé dans de la spirilithe de préférence – d’une précision extrême : son nom est le spiritampe.

Mais quand il s’agit de créer des spiritampes à accorder sur l’empereur devenu amnésique suite à une agression, c’est bien plus complexe que de changer l’apparence d’une table ou d’un lit. Ce que l’on demande à Shai de réaliser est une Marque Primordiale, elle s’accorde sur un individu bien précis, et peut altérer son physique, son passé, sa force, son expérience.

Alors qu’il faut des années pour réaliser une Marque Primordiale pur soi-même, Shai n’a que trois mois pour réaliser celles qui s’accorderont sur l’âme vierge de l’empereur… Shai ne travaille pas en flux tendus ici, elle court vers sa condamnation à mort malgré elle tant la tâche semble impossible.

Une nouvelle magie au service de l’intrigue

Bien que le concept des spiritampes soit quelque peu difficile à présenter et à assimiler au début du récit, la lecture se fait très rapidement fluide par la suite.

Brandon Sanderson possède cet art incroyable de créer de nouveaux systèmes de magie complexes et de les décrire avec simplicité. Pour trouver son inspiration quant à cette magie originale, l’auteur avoue avoir été influencé par la culture asiatique (en particulier Coréenne et Chinoise – l’auteur a vécu 2 ans en Corée). Dans ces pays d’Asie, les tampons de pierre sculptés avec complexité servaient de signature de façon très courante.

Tout au long de ce court récit, les insinuations, jeux de dupes et autre tentatives pernicieuses seront omniprésentes : Shai essayera de jouer à la plus fine tandis que ses geôliers tenteront de la maîtriser elle et son Art… Tout est en finesse, en allusions et en insinuations. On est rapidement subjugés face à cette lutte silencieuse qui se cache derrière la détention de Shai. Impossible de dire qui va gagner quoi à ce petit jeu, ni par quels moyens : chacun des camps fait preuve de ressources insoupçonnées ! Car il y a bien plus que le salut d’un empereur en jeu…

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Pour conclure sur cet ouvrage, il est évident qu’encore une fois, Brandon Sanderson a fait mouche avec efficacité. C’est avec regret que l’on quitte cet univers prometteur que l’on espère peut-être voir un jour réutilisé dans un roman ou un cycle. L’âme de l’empereur est donc un petit indispensable à lire avec plaisir, ne serait-ce que pour s’émerveiller de la continuelle créativité de son auteur… Saluons également la très belle traduction assurée par Mélanie Fazi.

Actualité éditoriale : The Big Sky, l’arrivée en France d’un cycle littéraire mythique dans l’Ouest Américain

En novembre 2013, les éditions Actes Sud lançaient une The big sky 01toute nouvelle collection : L’Ouest, le vrai. Passée plutôt inaperçue, la collection s’est ouverte sur deux titres l’année dernière : Terreur apache de W.R. Burnett et Des clairons dans l’après-midi d’Ernest Haycox. Depuis octobre 2014 avec The Big Sky, Actes Sud n’avait rien sorti au sein de ce nouveau label estampillé 100% U.S et grands espaces.

La collection est dirigée par Bertrand Tavernier, dont voici la présentation (qui donne fortement envie) :

« La série “L’Ouest, le vrai” veut faire redécouvrir ces auteurs aujourd’hui oubliés ou méconnus (du moins en France), dans des traductions inédites. Tout à la fois films et livres, j’ai choisi ces romans pour l’originalité avec laquelle ils racontent cette époque, pour leur fidélité aux événements historiques, pour leurs personnages attachants, le suspense qu’ils créent… mais aussi pour leur art d’évoquer des paysages si divers dont leurs auteurs sont amoureux : Dakota, Oregon, Texas, Arizona, Utah, Montana… l’Ouest, le vrai, quel irrésistible dépaysement !« 

The big sky 02Ainsi vient d’arriver The Big Sky de A.B. Guthrie, un cycle de six tomes qui nous plonge dans une Amérique belle et profonde, proche de la nature. Les deux premiers tomes de la série viennent de sortir chez Actes Sud, il s’agit de La captive aux yeux clairs (premier tome) et La route de l’Ouest (grâce auquel A.B. Guthrie a remporté le Prix Pulitzer en 1950). Ces deux romans ont d’ailleurs été adaptés à l’écran et sont devenus de mythiques westerns grâce au réalisateur Howard Hawks. Par ailleurs, les deux premiers ouvrages de cet ambitieux cycle ont déjà été édités en 1947 pour le premier tome et en 1956 chez Denoël. La suite n’a jamais été traduite en France.

En attendant de vous donner notre avis sur cette série aux couvertures sublimes et séductrices, voici la quatrième de couverture du premier tome de la saga :

Boone Caudill et ses amis trappeurs rejoignent une expédition vers le Haut-Missouri, vaste région sauvage où vivent les Indiens Black Foot. Teal Eye, une jeune Indienne, fait partie du voyage. Ce roman foisonnant et prenant nous immerge dans la vie des trappeurs et leur commerce avec les Indiens – mais aussi avec des hommes d’affaires sans scrupules. Howard Hawks tira de ce roman magnifique un de ses chefs-d’œuvre (1952) et un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma.

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