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Chronique : La papeterie Tsubaki – Tome 2 – La république du bonheur

Un livre qui nous transporte dans une bulle de douceur et de beauté ou l’amour et le partage sont essentiels. Mémorable et touchant comme savent l’être de façon unique les romans de Ito Ogawa.

La république du bonheur fait partie d’ores et déjà des futurs succès de la rentrée littéraire 2020. L’ouvrage est la suite directe de La papeterie Tsubaki, paru il y a deux ans en France.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Ito Ogawa, elle est l’autrice du Restaurant de l’amour retrouvé (son plus grand succès, adapté au cinéma au Japon), Le Jardin arc-en-ciel ou encore Le ruban. Tous sont édités chez Picquier.

Retour à la simplicité merveilleuse de Kamakura

L’histoire reprend presque où nous l’avions laissée, et nous retrouvons avec un plaisir sans bornes Hatoko et sa petite papeterie. Mais surtout, on découvre de nouvelles tranches de vie grâce à son passionnant et délicat métier d’écrivain public…

Et d’un point de vue personnel, Hatoko vient tout juste de convoler en noces avec Mitsurô, elle est désormais la belle-mère de la jeune PQ.

En somme, le quotidien est doux, et Hatoko va tout faire pour que développer ce bonheur naissant par de nombreux actes d’amour envers ceux qui lui sont chers.

De l’amour et beaucoup de nourriture

C’est un peu comme cela que l’on peu résumer La république du bonheur. Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas, ou qu’il y a un événement à fêter, la nourriture fait office de réconfort. Et rien qu’à le lire, ça fonctionne.

Thé vert, bento, pain-qui-sourit, prunes sèches, curry, gâteaux Kurumikko aux noix, sablés-pigeons, crabe tsugani, anguille, pulpe de soja sautée, haricots écarlates mijotés au miel, confit d’algue kombu… C’est sans fin ! Mais c’est un régal pour l’imagination que de lire tous ces plats mangés ou rêvés par notre narratrice Hatoko.

Je dois avouer avoir encore plus aimé ce second tome que le premier. Plus beau, plus doux, placé résolument sous le signe de la félicité, ce roman est un véritable cadeau. Autant La Papeterie Tsubaki était assez nouveau dans son genre, autant ici il n’y a pas de surprise… Mais justement, cet univers si calme et doux m’avait énormément manqué. Et le retrouver avec encore plus de puissance évocatrice m’a fait très plaisir.

Quand on lit l’un de deux romans de ce cycle, c’est une véritable parenthèse de bonheur qui s’ouvre à nous.

Et comme toujours, on en apprend plus sur la symbolique de chaque type de papier, stylo (bic ou plume), encre en fonction de l’événement… etc. Le détail va jusqu’au choix du timbre qui peut également apporter sa part de signification entre les lignes…

Ce second roman est aussi l’occasion de découvrir une Hatoko plus intime. Maintenant qu’elle a une famille, sa vie en est toute chamboulée. Mais tous ces changements sont pour le mieux, et on la voit devenir peu à peu une véritable mère pour PQ, sa belle-fille adorable et vive. Cet amour filial qui se développe au fil des pages est beau à voir. De même que les nombreuses interrogations qu’elle se pose sur sa légitimité en tant que mère pour PQ.

Enfin, c’est un réel plaisir que de retrouver les lettres écrites par Hatoko pour ses clients en langue originale. Les calligraphies sont superbes, même si comme moi on ne comprend pas un mot de japonais. Elles sont réalisées avec talent par Mitsui Tadahiro et ajoutent un charme magique indéniable au roman.

C’est donc une nouvelle pépite littéraire que nous offre Ito Ogawa. Merci à elle pour ces quelques heures de plénitude qui rend cette lecture inoubliable. Magique, tendre, unique… c’est le retour du livre-doudou !

Chronique : La péninsule aux 24 saisons

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi InabaUn roman doux, tendre et contemplatif qui nous plonge dans un Japon rural et simple

Second roman de Mayumi Inaba à paraître en France, La péninsule aux 24 saisons est paru aux éditions Picquier en mars 2018.

Elle s’était déjà fait remarqué en France avec son précédent roman 20 ans avec mon chat.

Une ode à la nature dans ce qu’elle a de plus beau

Dans ce roman lent et doux, nous suivons le quotidien d’une femme qui décide de quitter la grande ville de Tokyo quelque temps. Elle est auteure, et peux donc travailler ailleurs qu’à son appartement. C’est ainsi qu’elle décide de partir sur une petite presque-île, où elle possède une petite maison tout ce qu’il y a de plus simple…
La voici partie à la (re)découverte d’elle-même et du rythme des saisons, qui sont bien plus nombreuses que les 4 que nous connaissons. Voici les 24 saisons, celles qui vont lui permettre de savourer le temps qui passe et tous les bienfaits que la nature nous apporte…

Une histoire agréable, mais parfois un peu trop contemplative

Comme souvent avec les roman nippons, on est dans la grâce de l’instant, de ses bienfaits. Ici, c’est exactement cette saveur du moment présent qui est retranscrite, mais tout au long du roman.

La narratrice conte l’écoulement lent de ses journée, ses relations avec ses voisins (dont certains ont une histoire, un vécu très intéressant voir touchant), ses petits rituels. Peu à peu, elle prend du recul face à son passé de femme citadine et pressée (ce qui donne d’ailleurs envie de faire de même !).

« Les journées que je passe dans la péninsule sont comme les blancs de ma vie. J’en ai par-dessus la tête des journées remplies du matin au soir de choses à faire. Je voudrais ici autant que possible des journées en blanc.« 

Mais malgré ce retour aux sources, j’ai trouvé que le roman avait quelques passages à vide assez longs. Mais je comprends tout à fait l’idée de l’auteure, qui a voulu nous signifier un écoulement du temps différent. Moins dans le vif, et plus dans la saveur de l’instant…

« Le sommeil vient au bout de quelques secondes, un sommeil dense comme le miel« .

Quoi qu’il en soit, l’écriture de Mayumi Inaba est un régal. A l’image de l’histoire de sa narratrice, elle est douce, belle, simple. Rien à redire là-dessus, c’est un texte réussi pour moi de ce point de vue.

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Cette lecture n’est malgré tout pas un coup de coeur, même si il revêt de très nombreux points positifs. J’ai eu beaucoup de mal à terminer l’ouvrage à partir des deux tiers, dommage.

Quoi qu’il en soit, le message de La péninsule aux 24 saisons est emprunt de positivité et ne donne qu’une se

ule envie : se trouver une maisonnette pour trouver enfin le temps de prendre soin de soi, et de ce qui nous entoure… Et rien que pour cela, c’est un bon roman.

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi Inaba

Chronique manga : Food Wars L’étoile – Tomes 1 et 2

Un super spin-off pour se (re)plonger dans l’univers culinaire foisonnant de Food Wars dans la capitale mondiale de la cuisine : Paris !

Connaissez-vous le manga Food Wars ? C’est un véritable succès au Japon, mais également en France, que ce soit le manga ou l’anime. Pour résumer, Food Wars est un manga qui conte les aventures de Sôma Yukihira, il grimpe peu à peu les échelons dans une école de cuisine ultra élitiste. C’est dans ce manga que l’on découvre le personnage de Shinomiya Kojiro, instructeur dans cette prestigieuse école de cuisine…

Dans Food Wars – L’étoile, c’est la genèse de ce professeur très pointu et exigeant que nous découvrons. Et son parcours a été jalonné de nombreuses épreuves avant d’être le chef d’excellence qu’il est désormais. Voici son histoire… et pas besoin d’avoir lu les Food Wars pour l’apprécier pleinement.

L’aventure culinaire commence en France !

Shinomiya Kojiro, fraichement diplômé d’une école de cuisine nippone décide de partir en France faire ses armes. Il part de zéro, à Paris pour devenir apprenti et apprendre les bases de la cuisine Française, la meilleure au monde.

Mais Shinomiya Kojiro n’est pas un cuisinier lambda : il a remporté le prestigieux prix Pluspol (prix inventé par l’auteur mais à assimiler au Prix Paul Bocuse, l’un des prix de cuisine les plus prestigieux au monde) et a fini major de sa promotion. Il est si talentueux qu’il a gagné un surnom dans le milieu : le magicien des légumes… Et il a un rêve : ouvrir son restaurant dans la plus belle avenue du monde, les Champs-Élysées.

Captivant, gourmand, et extrêmement distrayant

Pour ceux qui ont aimé Food Wars, ce spin-off ne devrait pas les décevoir ! Et pour les autres, c’est également une très bonne entrée en matière pour découvrir la série.

Si vous aimez le monde de la cuisine, l’humour, et un personnage attachant (et un peu prétentieux !), vous êtes au bon endroit.

Dans le tome d’ouverture, on découvre un Shinomiya Kojiro fraîchement débarqué du Japon, diplôme en main. Il va devoir faire sa place dans le monde de la cuisine française… mais sans rien ! Il a perdu sa valise à l’aéroport et commence l’aventure sans un sous en poche. Autant dire que ce n’est pas gagné pour lui et qu’il va devoir commencer au plus bas de l’échelle ; la plonge. Mais ce n’est que la première parmi des dizaines d’embuches…

Et même si il n’en a pas l’air, Shinomiya Kojiro a un cœur. Son amour de la cuisine est si fort qu’il va réussir à le transmettre ou le raviver, même aux plus récalcitrants.

Et si le premier tome est celui de la difficulté, le second est celui du partage… et du mystère ! En effet, beaucoup de questions se bousculent autour de notre héros cuistot. Et surtout, Food Wars – L’étoile est un fabuleux prétexte pour découvrir les merveilles de la cuisine française.

Certes, en tant que lecteurs français nous connaissons déjà beaucoup des plats et des régions présentés, mais les voir adulés par un auteur nippon, c’est la consécration.

De plus l’histoire est superbement ficelée et ne nous donne qu’une seule envie : connaitre la suite des aventures de Shinomiya Kojiro. La lecture de cette série de mangas a un côté réellement addictif et motivant.

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Voir autant de curiosité et de plaisir pour notre culture culinaire fait énormément plaisir en tant que français. Mais même sans prendre ce facteur en compte, Food Wars – L’étoile est une excellente série. Ces deux premier tomes étaient géniaux, alors, on attend la suite avec impatiente !

GENRE : Humour, Japon, Mangas
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Chronique jeunesse : La vraie recette de l’amour

La vraie recette de l'amourUn roman frais, tendre et doux… comme un bon gâteau au chocolat !

Voici l’un des derniers romans en date de l’auteur jeunesse Agnès Laroche, paru dans la toute nouvelle collection jeunesse Pop, chez Rageot (dans la lignée de Witty, Zazou, ou encore Pépix, tout le monde y va de sa collection de romans illustrés et pétillants !). Hyper productive, elle a écrit des dizaines de romans destinés aux tout-petits comme aux jeunes lecteurs. Parmi ses titres les plus connus, on peut citer : On n’a rien vu venir (recueil collectif), Le fantôme de Sarah Fisher ou encore… Marjane et le sultan (gros coup de cœur ici sur le site).

Une histoire à la Roméo et Juliette sur fond culinaire…

Roméo est un jeune homme absolument passionné par deux choses : la cuisine, et sa voisine Juliette. Depuis qu’il l’a rencontrée, il ne pense qu’à elle, obnubilé par sa beauté, ses gestes et sa façon d’être… Mais, l’idylle balbutiante entre les deux jeunes gens va vite tourner court suite à un malencontreux événement…

Depuis, les deux familles ne se parlent plus et font même tout pour ne jamais se croiser. Impossible pour Roméo de faire valoir comme il le souhaiterait ses sentiments pour la belle Juliette… Surtout que depuis, son meilleur ami est lui aussi tombé sous le charme… et qu’il a besoin de Roméo pour écrire de tendres lettres d’amour à Juliette. Une situation impossible pour le jeune homme !

Tendre, charmant, drôle, et savoureux !

Agnès Laroche réussit un joli petit tour de force en nous proposant un très joli roman rempli d’ondes positives (et de nourriture). Destiné à des lecteurs d’environ une dizaine d’années, on se plonge avec délices dans ce court roman aux personnages simples et attachants. Les chapitres ne sont pas trop longs, l’histoire est aussi simple que prenante… que demander de plus ?

Le tout est joliment illustré par Clotka, le texte est très aéré, la mise en page fonctionne bien. Seul petite remarque, les illustrations sont un peu trop redondantes. L’éditeur a préféré répéter à différents endroits la même illustration plutôt que de ne pas en mettre du tout, quitte à la placer à un endroit par forcément en accord avec le texte. Mais c’est la seule petite chose à signaler.

Et puis… cette référence constante à Roméo et Juliette de Shakepeare est bien amenée par l’auteur. De même que le parallèle qu’elle fait avec Cyrano de Bergerac et la situation du pauvre Roméo… Une belle façon de donner envie aux jeunes lecteurs de découvrir les classiques !

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Cette première publication (en simultané avec Comment se débarrasser d’un vampire avec du ketchup, des gousses d’ail et un peu d’imagination) de la collection Pop est donc une petite réussite. L’ouvrage reprend parfaitement les maîtres mots de la collection : Pétillant, optimiste, passionnant… A découvrir ! On a hâte de découvrir les autres titres à venir de la collection…

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Chronique : La cuisinière

La cuisinièreUn roman historique tiré d’une histoire vraie fascinante : celle de Mary Mallon, que les journaux surnommaient à l’époque Mary Typhoïde…

Premier roman de Mary Beth Keane à paraître en France, La cuisinière est un roman historique absolument captivant. Entre le monde de la gastronomie et celui des dispensaires, plongez dans un New York du XIXème magnifiquement dépeint.

Initialement paru aux Presses de la cité, l’ouvrage vient de sortir en poche chez 10/18 il y a peu, c’est l’occasion de se faire plaisir ! Pour le moment, La cuisinière reste le seul roman de l’auteur paru en France.

Une femme qui excelle dans son art, celui de la cuisine

Quand débute notre histoire, Mary est encore jeune et à l’avenir devant elle. Excellente cuisinière, les portes des plus riches maisons s’ouvrent à elle facilement grâce à ses excellentes références. Elle peut tout préparer, concocter, mitonner, et elle le fait avec talent. Mary a donc une relative bonne situation, elle est amoureuse et plutôt heureuse, et elle a des rêves, comme celui d’ouvrir une boutique un jour…

Mais le jour où le Docteur Soper tente de la faire venir de force pour analyses, Mary se braque et fuie. C’est le début d’une longue course-poursuite entre la jeune femme et le médecin, qui est persuadé que Mary transmet la typhoïde aux personnes à qui elle prépare les repas. Harcèlement ou réalité ? Quoi qu’il en soit Mary ne croit pas un instant à cette théorie et va tout faire pour le prouver, quitte à y perdre beaucoup…

La cuisinière gfImmersif et historiquement très intéressant

Le fait que La cuisinière soit un récit historique, c’est très bien. Mais qu’il se base sur l’histoire d’une femme qui a réellement existé, c’est encore mieux. D’autant que cette femme qu’était Mary Mallon est extrêmement peu connue, en tout cas dans notre pays. Son cas est unique en son genre : soupçonnée puis traquée et même séquestrée, tout cela sans qu’elle n’ait jamais son mot à dire.

Evidemment, tout cela est romancé, et très bien articulé par l’auteure. On se retrouve à découvrir à la fois un roman historique mais également un récit policier (surtout en ce qui concerne le suspense juridique de l’intrigue).

La vie de Mary Mallon est loin d’être de tout repos, et même son histoire d’amour avec le seul homme de sa vie sera très mouvementée. On ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’empathie pour cette femme robuste et tenace que rien n’effraye, pas même les médecins. On l’admire et on la soutien, même quand elle fait des erreurs grossières ou dangereuses pour son entourage. C’est en cela que l’auteur est talentueuse : elle explique les décisions de Mary Typhoïde, qui vues de l’extérieur sont terribles. Mais qui vues du point de vue direct de Mary Mallon sont tout simplement normales ou défensives…

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Pour passer un excellent moment de lecture et découvrir un personnage méconnu de l’histoire, La cuisinière est ainsi un roman parfait. Touchant, réaliste et terrible à la fois, le parcours de cette femme hors du commun ne laissera personne indifférent. Ne passez pas à côté, c’est aussi original que percutant, et c’est une façon de découvrir la médecine de l’époque, ses techniques et ses façons d’investiguer… parfois déontologiquement dérangeantes – mais nécessaires ? – à lire et à méditer.

Pour aller plus loin : Découvrez l’histoire de Mary Typhoïde vue du point de vue des services d’hygiène de New-York dans le roman Stupeur, paru aux éditions Lucca en 2021. Chronique ici.

Chronique Jeunesse : Cupcakes et compagnie – Tome 1 – La gourmandise n’est pas du tout un vilain défaut

Cupcakes et compagnie 1Une nouvelle série jeunesse autour de la cuisine et de l’amitié voit le jour !

Lancée en avril 2015, la série Cupcake et compagnie est éditée aux éditions Hachette et écrite par Lisa Papademetriou. L’auteur a également coécrit l’un des ouvrages de la série La 6ème, la pire année de ma vie avec James Patterson. Les très mignonnes illustrations sont quant à elles réalisées par Anne Guillard (elle illustre beaucoup de couvertures de romans pour la jeunesse et réalise également quelques bd, notamment Les Pipelettes).

Actuellement, trois tomes sont déjà parus en France, et un quatrième est à paraître en avril 2016, bref la série suit son cours ! Entre amitié et gourmandise, la série Cupcake et compagnie est toute désignée pour un lectorat déjà fan des Filles en Chocolat par exemple, et cela dès l’âge de 10 ans.

Une vie de famille pas toujours très simple !

La vie de la jeune pâtissière en herbe Hayley n’a rien de facile : entre ses parents divorcés, le déménagement et des histoires d’amitié qui s’effritent cela fait beaucoup de tracas.

Alors, même si cela n’est pas une échappatoire parfaite, Hayley fait la cuisine pour son entourage quand ça ne va pas fort… et en ce moment, elle a donc beaucoup de cupcakes à concocter !

Convivial mais pas incontournable

L’histoire de la jeune Hayley et de sa famille est très (trop) classique. On apprécie le réalisme de ses relations aux autres, mais en même temps, il n’y a rien de nouveau sous le soleil…

Les problèmes quotidiens de cette nouvelle héroïne pourront toutefois réconforter les lecteurs en leur faisant découvrir un personnage très humain avec ses problèmes… tout comme eux.

En fait, l’idée d’incorporer la cuisine au quotidien d’Hayley n’est pas une mauvaise idée en soi, mais cela sonne de façon un peu trop artificielle. En effet, la mode en littérature jeunesse est à la cuisine et à l’amitié en toile de fond (et ce n’est pas nouveau !). Mais le souci dans cette nouvelle série, c’est que le monde de la cuisine pourrait très bien être transposé à autre chose sans que cela n’apporte de réel intérêt.

Hormis des recettes de cupcakes qui parsèment le roman (une douzaine), Cupcakes et compagnie ne revêt pas un très grand intérêt ni de spécificité.

Cependant, pour ce qui est du côté graphique de l’ouvrage, les illustrations d’Anne Guillard sont très belles, tout en rondeurs. Elles sont si jolies qu’il n’y en a pas assez à mon goût !

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Quoi qu’il en soit, cette incursion dans le monde de Lisa Papademetriou et de la cuisine laisse ainsi un sentiment d’inachevé. Cette lecture est donc loin d’être notable, et n’apporte pas grand-chose en soi à ceux qui la découvriront. Dommage.

Chronique : La singulière tristesse du gâteau au citron

La singulière tristesse du gâteau au citronEntre l’étrange et le merveilleux du quotidien d’une famille américaine où l’un de ses membres possède une étrange capacité culinaire…

De nationalité américaine, Aimee Bender écrit aussi bien des nouvelles que des romans. En France, quatre de ses ouvrages sont parus. La singulière tristesse du gâteau au citron est son ouvrage le plus connu en France. Son œuvre est disponible chez Points en poche et aux éditions de l’Olivier pour les grands formats.

Une héroïne ordinaire aux papilles extraordinaires

Rose, 9 ans, petite fille normale de don état, va connaître une révolution dans son petit monde : le jour où sa mère lui prépare un gâteau au citron, elle ressent quelque chose d’étrange… Il s’agit de ce que ressentait sa mère lors de la préparation du gâteau.

Rose a maintenant la capacité de ressentir les émotions de ceux qui préparent les plats qu’elle mange. C’est ainsi qu’elle découvre que sa mère trompe son père… et il semblerait que cela fasse un petit moment…

Depuis lors, impossible de manger quelque chose de cuisiné de la main de l’homme. Chips industrielles, plats préparés par des machines et autres cochonneries disponibles dans les distributeurs, c’est la seule façon pour Rose de survivre à son terrible don. Mais quel avenir peut-donc être réservé à quelqu’un d’aussi particulier que Rose ? Et qui la croirait si Rose parlait de son étrange don ?

La singulière tristesse du gâteau au citron VOUn roman singulier et quelque peu inclassable

Ancré dans le quotidien d’une famille américaine tout ce qu’il y a de plus normale, ce récit et aussi attachant qu’étrange. En effet, l’histoire de Rose et de sa famille, l’évolution de ses capacités culinaires et leur quotidien sont intéressant, avec de nombreux hauts et bas…

On découvre le développement des « pouvoirs » de Rose au fil des ans, sa façon d’éviter tout repas préparé par quelqu’un…

Mais La singulière tristesse du gâteau au citron nous laisse également beaucoup de questionnements en suspend concernant la famille de notre héroïne. On aurait voulu en savoir beaucoup plus sur les autres membres, notamment en ce qui concerne son frère… C’est en cela que l’ouvrage est inclassable et nous laisse un peu sur notre faim (sans mauvais jeu de mot).

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Ainsi, ce roman est quelque peu à double tranchant : l’idée d’Aimee Bender est tout simplement géniale, et plutôt bien traitée mais reste un peu bancale malgré tout. J’aime l’idée de comment grandit Rose à travers sa plume, et la façon dont elle la rend adulte. Par contre, on ne comprend pas franchement le but final de cette histoire qui se termine de façon un peu abrupte et n’en dit pas assez.

C’est donc un roman en demi-teinte qui nous est ici proposé à la fois original et intéressant, mais avec plein de petites choses qui font qu’il ne restera pas mémorable, dommage.

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Chronique : Le restaurant de l’amour retrouvé

Le restaurant de l'amour retrouvéUne ode au Japon rural, à l’amour de la cuisine, et à toute la beauté qui nous entoure…

Ito Ogawa est une auteur d’origine japonaise, elle écrit des livres pour enfants, des romans pour les plus grands, mais également des paroles pour le groupe Fairlife. Le restaurant de l’amour retrouvé est son tout premier roman (titre original : Shokudo katatsumuri), en France il est paru aux éditions Picquier. Devenu un énorme succès éditorial au Japon, il a été adapté en 2010 par la réalisatrice Mai Tominaga.

L’histoire est celle d’une jeune japonaise qui refait sa vie dans son village natal suite à une rupture. Son amour de la cuisine et sa volonté de faire plaisir aux autres vont l’aider à surmonter cette dure épreuve de la vie…

Un appartement vide du jour au lendemain

Quand Rinco rentre de son travail de cuisinière dans un restaurant Turc, comme à l’accoutumée, c’est une mauvaise surprise qui lui tombe dessus : l’appartement qu’elle partage avec son petit ami indien depuis des années est vide. Il ne reste plus rien de leur vie ensemble : ni lit, ni ustensiles de cuisine, ni même les économies qu’ils ont patiemment amassées au fil du temps.

La seule chose qui assure à Rinco qu’elle n’a pas rêvé ces années de vie commune, c’est la saumure que sa grand-mère lui avait donné, rangée dans le réduit du compteur à gaz (un endroit sombre et frais pour la conserver parfaitement).

C’est ainsi que Rinco quitte tout ce qu’elle a mis tant de temps à construire. Armée de sa jarre de saumure et de tout juste assez d’argent pour rentrer dans son village natal. Cet événement est si choquant pour la jeune fille qu’elle en perd sa voix et devient obligée de communiquer uniquement grâce à des petits papiers remplis de mots du quotidien.

Le restaurant de l'amour retrouvé ukUne mère tout sauf maternelle et un cochon traité comme un enfant

A peine de retour dans la maison familiale, Rinco ne décèle toujours pas de sentiments particulier de la part de sa mère malgré les longues années de séparation. Et pour cause, elles n’ont aucune affinité et se regardent constamment en chien de faïence. Pire, le cochon que sa mère a adopté semble recevoir tout l’amour maternel possible : pain fait maison tous les matins, caresses, brossage… une vie de rêve !

Rinco a beau avoir subit un coup dur de la vie, elle est loin de se laisser abattre facilement. Elle décide de tout reprendre de zéro et… d’ouvrir son propre restaurant. Avec peu de moyens et beaucoup d’aide de la part de nombreux membres du village, la jeune femme va pouvoir se procurer tous les ustensiles nécessaires pour sa cuisine. La décoration de son restaurant est sobre, lumineuse, accueillante, tout comme elle.

Mais la particularité de son restaurant, c’est qu’il ne sert qu’une seule table par service (une le midi et une le soir). Chaque menu est créé par Rinco avec précision, en fonction des goûts, de l’histoire et de la personnalité de son client. Ainsi, chaque plat est unique, et revêt un caractère magique.

Un magnifique roman sur la beauté simple de la cuisine

L’un des piliers de la cuisine de Rinco tient en un seul mot : naturel. En effet, notre cuisinière nous offre des plats issus des montagnes de son village, tous ses ingrédients venant de la région. Loin de n’offrir à ses clients qu’un repas, c’est également un moment privilégié avec eux-mêmes qu’elle leur concocte. Sa cuisine guérit, met du baume au cœur et sublime les sens… Aller manger dans ce restaurant si particulier, c’est un peu comme une séance de thérapie de l’âme et du cœur.

On adorera les très nombreuses descriptions sur la préparations des repas. Le choix soigneux des ingrédients, leur provenance, la façon dont ils sont préparés : risotto de riz nouveau à la poutargue, riz au curry à la grenade, macarons à la crème de framboises, salade de fraises, waïwaï-don ou encore triton grillé… les papilles sont mises à rude épreuve durant cette lecture.

« Lorsque j’ai allumé le poêle en bois, un sentiment divin m’a envahie. J’ai noué d’un geste ferme les cordons de mon tablier tout neuf, je me suis soigneusement couvert la tête d’un fichu en coton et récuré les mains au savon ».

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Alors, faut-il lire le restaurant de l’amour retrouvé ? Absolument ! Et cela sans réserves. Cette alliance d’une plume pleine de pudeur et de retenue avec le monde de la cuisine est une pure réussite. A lire pour s’émerveiller des petits plaisirs simples de la vie… et de la nourriture.

Ci-dessous, la bande-annonce du film inspiré directement du roman.

Chronique : Madame Pamplemousse – Tome 1 – Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices

 Madame Pamplemousse 01Une délicieuse surprise aux airs enchanteurs

Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices est le premier roman qui lance la collection Witty, destinée 8-12 ans. Il s’agit du premier ouvrage de Rupert Kingfisher traduit en France. Les illustrations sont quand à elles signée Sue Hellard.
Nous plongeant dans le Paris du début du XXème siècle, cette nouvelle série pour la jeunesse saura enchanter tous ceux qui aspirent à un peu de rêve et de magie. Gastronomie et magie, voilà la recette d’un livre qui aura été pour moi un véritable coup de cœur.
La série Madame Pamplemousse ne fait que commencer en France, le second tome étant d’ailleurs disponible depuis le 9 mai dernier.

Le Cochon Hurleur… ou le pire restaurant de Paris.

Notre histoire commence au Cochon Hurleur, dans un Paris enchanteur se trouve un restaurant réputé pour la qualité médiocre de ses plats : trop lourds, trop gras, ils sont à l’image de leur propriétaire, Mr Lard. C’est ainsi qu’arrive la jeune Madeleine, confiée par ses parents durant les vacances au gros oncle peu accommodant et égoïste. Ce dernier interdit à Madeleine d’aider aux cuisines malgré ses prédispositions exceptionnelles, elle a seulement le droit de laver les montagnes de vaisselles qui s’empilent chaque jour…

Mais c’est grâce à Madeleine que l’oncle Lard va faire une fabuleuse découverte culinaire… et rencontrer le succès tant attendu auprès du tout Paris.

Quand délice rime avec malice.

Sans le faire exprès, Madeleine va acheter le meilleur pâté du monde dans une boutique qui ne paye pas de mine, située dans la rue de l’escargot : il s’agit du magasin de Madame Pamplemousse. Sombre, poussiéreuse, remplie d’étagères supportant des choses plus étranges les unes que les autres, elle regorge de merveilles culinaires : lard de ptérodactyle, queues de scorpions à l’aïoli fumé, ou encore piranha rôti au coulis de framboise, vous aurez l’embarras du choix.
Suite à cette découverte, l’oncle vénal de Madeleine va lui-même voir Madame Pamplemousse qui lui vendra un met encore plus exquis que le premier. C’est alors qu’une terrible idée germe dans l’esprit d’Oncle Lard : et s’il faisait de Madeleine son espionne en la faisant travailler chez Madame Pamplemousse pour obtenir enfin la recette du succès tant attendu ?

Du merveilleux culinaire

Le monde enchanteur de Madame Pamplemousse a tout pour séduire. Entre l’écriture légère et virevoltante de Rupert Kingfisher et les illustrations fouillées et vivantes de Sue Hellard, on ne peut qu’être gâté. Destiné aux jeunes lecteurs, en particulier les jeunes filles, dès l’âge de 8-9 ans, ce premier tome est un véritable succès à venir. L’histoire est simple mais très prenante, les personnages sont bien pensés et surtout mémorables.
Enfin, l’idée d’exploiter le monde de la cuisine pour cet âge est excellente. Cette ode au métier de la restauration et à la passion culinaire fera peut-être naître de nouvelle vocations, qui sait ?

La collection Witty connaît un très bon démarrage qui est, comme annoncé par l’éditeur, dans la lignée de Roald Dahl.
Avec un esprit qui allie à la fois imaginaire, malice et aspect humain. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser à la potion magique de George Bouillon.
Affaire à suivre avec la chronique du second tome que l’on peut espérer au moins aussi enchanteur : Madame Pamplemousse et le café à remonter le temps.

8.5/10

Chronique : Souper mortel aux étuves

Souper mortel aux étuvesVoici un mélange de genres particulièrement intéressant et encore peu exploité : la littérature policière historique et gastronomique. Entre meurtre, intrigues, et cuisine médiévale Michèle Barrière nous emmène à Paris à l’époque du Moyen-âge.

Le début du roman est franchement prometteur : un meurtre apparemment gratuit dans une des nombreuses étuves de Paris, faisant une veuve motivée par sa seule vengeance… pas mal. Et le livre est vraiment bien dans ses deux premiers tiers ; Constance la jeune veuve va trouver un excellent moyen de s’immiscer dans la vie des étuves… en y entrant comme cuisinière.

C’est ainsi que démarre notre enquête entre les fourneaux de Constances et les filles de joies des étuves. Personnellement, les côtés du livre qui m’ont le plus plu sont ceux où l’on passe du temps dans les cuisines et où l’on découvre la gastronomie de l’époque. Et plus on avance dans l’histoire plus l’intrigue s’efface au profit de la cuisine, de la rivalité puis… de l’amour. Le seul problème, c’est que cet amour efface presque tout ce qui peux se passer autour du roman ; adieux le semblant d’intrigue, (très vite dévoilée), au revoir la cuisine médiévale… et vive les nuits d’amour et de passion…

C’est le côté dérangeant de l’oeuvre, son dernier tiers est fait à la façon Harlequin donnant un sentiment de déception au lecteur qui aurait pu trouver l’oeuvre originale. En conclusion, je dirais donc que Michèle Barrière nous a offert un petit policier sympathique mais peu marquant par son originalité sur la fin. En tout cas, je retenterai l’expérience avec Meurtre à la Pomme d’Or, avec un peu de chance, ce livre sera un peu moins niais et aussi bien niveau culture gastronomique. En tout cas, petit plus du Souper Mortel aux Étuves, vous avez une quinzaine de recettes médiévales à essayer dans vos fourneaux modernes ! Bon appétit !

5/10