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Chronique manga : Arbos Anima tome 2 & 3

Une suite intéressante qui nous plonge toujours plus dans le monde fascinant des plantes et des fleurs exotiques

Arbos Anima est un shônen qui traite de la collecte de plantes rares et exotiques au 19ème siècle. Le sujet peut sembler étrange au début, mais il est mis en scène de façon très intéressante… D’autant que le héros de cette histoire, Noah, a le pouvoir de lire le passé des plantes qu’il touche.

L’auteure de ce manga, Kachou Ashimoto, a déjà une autre série à son actif : Cagaster, chez Glénat également.

Les aventures de Noah continuent et gagnent en dangerosité

Noah a beau être un collecteur de talent, il n’est pas taillé pour les voyages dans les tropiques ou les courses-poursuites, et ça se voit. Heureusement, ses gardes du corps sont là pour l’aider au mieux dans sa tache.

Dans le second tome, la quête est double avec une mission donnée par la maison Diva (l’employer de Noah) et une autre beaucoup plus personnelle.

Dans le troisième, nous en découvrons plus sur le passé épineux de son garde du corps, Grenade… qui était un pirate redouté !

Parfois captivant, d’autres fois lassant, deux tomes très inégaux

Arbos Anima est un manga original : son thème et son époque sont très peu traités, mais cela ne suffit pas à rendre la saga captivante. En effet, là où le second tome gagnait en intérêt, le troisième nous fait retomber dans une certaine lassitude.

Les enjeux sont loin d’être passionnants et clairs, et c’est dommage vu la qualité des dessins de Kachou Ashimoto.

La partie avec la jeune et richissime Sarah était bien plus prenant et divertissant (dans le second tome). Le clin d’œil fait à La petite princesse de Frances H. Burnett est d’ailleurs fort bien amené ! Une jeune héritière censée aller dans un pensionnat anglais dont le père récemment disparu possédait une mine de diamant, ça vous parle ?

On découvre plus précisément le passé terrible de Grenade en tant pirate (dans le troisième tome), on en apprend plus sur l’ennemi juré de la famille de Noah Lescott : Ascham. Beaucoup de secrets sont encore enfouis quant à cette relation ultra conflictuelle entre les deux familles. Mais ça ne suffit pas à créer une expérience de lecture passionnante.

En dehors de cela, Arbos Anima est un manga qui a du mal à se tailler une réelle place. Les personnages ont beau être reconnaissables, ils manquent de charisme, il est difficile de s’y attacher. L’intrigue reste sympathique mais pas extraordinaire, et les dessins ne suffisent pas à pallier à ce manque global d’intérêt… dommage.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Mini-chroniques #4 : A la découverte de Shanghai et d’une Russie imaginaire, un roman noir soporifique et une terrible aventure en Alaska

Il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un nid de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

Shanghai Baby – Weihui – Picquier Poche

Lors de sa parution en 1999 en Chine et en 2001 en France, Shanghai Baby a été immédiatement un phénomène éditorial. Pourquoi ? Car c’est l’un des romans/récits emblématiques de l’après Révolution Culturelle. Il est totalement libéré, parle de sexualité, qui plus est avec un étranger – un Allemand ! – c’est l’un des premiers ouvrages à être transgressif sur tous les plans. Dans le même genre, il y a eu Bonbons Chinois, de Mian Mian, lui aussi très médiatisé à l’époque pour les mêmes raisons…

Dans Shanghai Baby, on suit une femme libre, sans complexes, qui fait ce qu’elle désire réellement de sa vie. Dans ce contexte social fort, on comprend pourquoi l’ouvrage a été un phénomène. Car en ce qui concerne le roman lui-même, il est intéressant et nous fait découvrir un Shanghai nocturne inconnu, mais ne fait pas non plus rêver…

Là est peut-être la limite du livre-phénomène, il n’en est un que parce que le contexte passé le rendait exceptionnel. De nos jours, la lecture d’un Shanghai Baby, qui plus est en occident, n’a plus rien d’exceptionnel ni de transgressif.

C’est donc un ouvrage intéressant à lire si l’on se recontextualise dans la société chinoise des années 90/2000. Mais pour ses qualités intrinsèques de roman, Shanghai Baby est très dispensable…

La Rouille – Eric Richer – éditions de l’Ogre

Si vous cherchez un roman initiatique violent comme il faut, La Rouille sera parfait. Sorti relativement inaperçu à sa sortie lors de la Rentrée Littéraire 2018, l’ouvrage mérite pourtant le détour. Avec une plume qui percute, souvent abrupte, parfois lugubre mais toujours superbe, Eric Richer nous emmène dans un pays qui ressemble beaucoup à une Russie post-apocalyptique. Ou à une Russie d’aujourd’hui désœuvrée qui a besoin de ses traditions éculées pour survivre.

Nous sommes dans la petite ville d’Ilyviesk, que rien ne différencie des autres bleds paumés de la région. Il y a la violence, la pauvreté, la survie et… le Kännöst. Tradition purement masculine et totalement brutale à laquelle le jeune Nói ne pourra pas couper. Jeune, mais déjà terriblement lucide sur sa vie, son « avenir » et ce qu’il ne souhaite pas en faire.

Pour oublier, il se défonce avec ce qu’il trouve, souvent des solvants et détergents qui lui défoncent le cerveau et lui permettent de voir le requin. Forme magnifique qui flotte dans les méandres de sa conscience explosée… et qui l’aide à oublier la perte de son frère, la disparition de sa mère… Il n’y a d’ailleurs pas que sa mère qui a disparu, quasiment toutes les femmes ont déserté, elles sont devenues très rares. On parle même de no woman’s land pour désigner la région tant les traditions pèsent sur elles. Elles ont toutes fuit ou presque. Pour illustrer toute la violence poétique contenue dans ce roman, cette phrase me semble parfaite :

« Le soir venu les libellules copulent, et un pare-chocs les encule…« 

La rouille n’est pas un roman qui conviendra à tout le monde. Mais il est d’une beauté lourde, pesante. On ne peux pas oublier facilement ce genre de lecture. Et je ne le souhaite tout simplement pas.

L’insomnie – Tahar Ben Jelloun – Gallimard

J’ai rarement lu un livre aussi ennuyeux… pourtant l’argumentaire était extrêmement tentant. Un homme qui a besoin de tuer quelqu’un pour trouver le sommeil… Il commence par sa mère, et se rend compte qu’il peut à nouveau dormir paisiblement pendant plus d’un an… Avant que l’insomnie de reprenne le dessus. Il va donc devoir tuer à nouveau si il veut retrouver un sommeil paisible. Et c’est là que ça dérape. Pour dormir, il va donc devoir abattre beaucoup de gens et de travail si il veut retrouver des nuits paisibles… Il va d’ailleurs tellement en tuer pour dormir (plus il tue, moins il récupère de temps de sommeil) qu’il va commencer à créer une sorte de système de points. Il appelle cela des « crédits sommeil », chaque personne en fonction de son passé lui fournissant un montant différent quand il les tue…

Mais comment une telle histoire peut-elle se terminer ? Et bien de façon totalement hasardeuse et ratée… Bref, passez votre chemin, j’ai perdu mon temps pour ne pas que vous perdiez le votre.

Sukkwan island – David Vann – Gallmeister ou Folio

Je vais être concise sur cet excellent roman : un père divorcé décide d’emmener son fils sur un île sauvage en Alaska pour renouer avec lui. Le but est simple, ils emmènent du matériel de pêche, le strict minimum pour survivre là-bas et devront ensuite se débrouiller par eux-mêmes. Sauf que bien entendu, rien ne va se dérouler comme prévu…

Je ne peux RIEN vous dire d’autre sur ce roman hormis qu’il faut le lire pour en découvrir toute la teneur, l’atmosphère. Si vous aimez les intrigues se déroulant en milieu sauvage et faisant appel à une psychologie des personnages fouillée, ce roman est fait pour vous. Si vous aimez être surpris/scotché par un livre, il est fait pour vous. Si vous voulez une histoire mémorable, ce livre est fait pour vous.

On oublie pas Sukkwan island. Jamais.

Chronique : Rien qu’une vie

Bienvenue à Duneen, petit village irlandais où tout le monde se connaît et où rien ne reste secret… ce qui devient assez problématique quand on découvre des ossements dans une ferme alentour… Qui peux bien avoir été enterré secrètement ici ?

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Graham Norton est une figure emblématique du paysage audiovisuel britannique. Il est d’origine irlandaise, et c’est certainement pour cela que l’intrigue de son roman se déroule en Irlande, sa patrie. Il est à la fois acteur et présentateur télé, et maintenant auteur… et je dois avouer que j’ai trouvé cela plutôt réussi !

Flic dans une petite ville… le bonheur ? 

Pour le sergent Collins, être policier en milieu rural a ses avantages : on est au calme, les seuls problèmes à régler sont la circulation ou les mésententes de voisinage… Mais justement, ce sont aussi les gros inconvénients de ce poste quelque peu « planqué ». Il ne se passe jamais rien, et le temps passant, le sergent a laissé filé ses rêves, où il voulait devenir enquêteur – notamment pour la criminelle. Mais c’est une « chance » pour lui, un cadavre sans sépulture vient d’être exhumé lors de travaux dans une ferme. A qui peut-il bien appartenir ? Pourquoi a-t-il été ainsi caché ?

Le sergent Collins va tout faire pour élucider le mystère avant que les flics de Dublin ne soient sur le coup et n’aient résolu l’affaire… Surtout qu’il a un avantage non négligeable : il connait Duneen et ses habitants parc cœur depuis plus d’une décennie… 

La couverture V.O. de Rien qu’une vie. Super jolie, très colorée, elle représente parfaitement l’esprit du roman.

Un roman plein de charme qui a réussit à me séduire…

Il y a une chose à savoir à propos de moi avant toute chose : j’adore les ambiances du style cottage, petit village anglais bien propret, etc. Et ça fonctionne bien évidemment avec l’Irlande ! Alors, quand j’ai découvert que Rien qu’une vie se déroulait dans un cadre rural et typiquement anglo-saxon, ça m’a immédiatement tentée… J’insiste cependant sur le fait que Rien qu’une vie n’est pas un roman policier. Il y ressemble dans sa trame, mais c’est avant tout un roman social qui voit se jouer le théâtre de la vie d’un petit village irlandais. On s’attarde beaucoup plus sur la vie de chaque personnage, son passé, sa psychologie que sur le mystère du squelette retrouvé.

Dans cette intrigue, les personnages sont nombreux, mais jamais on ne les confonds avec d’autres. Pourquoi ? Car ils ont chacun une spécificité physique ou un trait de caractère qui fait qu’on les reconnaît immédiatement. Et comme ils sont une bonne dizaine, c’est assez réussit. J’y ai tout particulièrement aimé Brid Riordan, dont la vie fut difficile dès le début… même dans le bonheur.

Les scènes dramatiques y sont particulièrement bien décrites, on remonte parfois plus de quarante ans en arrière, le temps d’un chapitre. Cette coupure n’est jamais gênante, toujours bien amenée et nous aide à comprendre avec justesse les comportements de certains…

Évidemment, que serait cette histoire sans le fameux sergent Collins ? Il est très attachant, et m’a beaucoup fait penser au personnage de Danny Butterman, ce flic grassouillet qui s’enlise dans le quotidien de son village anglais plan-plan dans Hot Fuzz (qui est au passage le meilleur film de tous les temps après Starship Troopers). On prend plaisir à découvrir son quotidien être bouleversé et le voir s’accomplir dans cette première enquête qui va changer sa vie de bien des façons…

Ainsi, si vous aimez les intrigues et les secrets de villages, Rien qu’une vie est parfait pour vous ! On y découvre la petite ville type où tout le monde se connaît et où les ragots vont bon train. Souvent drôle, parfois décalé, on s’immerge avec plaisir dans cette histoire sans prétention mais qui fait merveilleusement son office : nous faire passer un bon moment de lecture. J’adorerais découvrir un autre roman de Graham Norton tant celui-ci m’a séduite…

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique jeunesse : Les saisons de Peter Pan

Une revisite de l’histoire de Peter Pan, personnage emblématique de l’enfance perdue et de l’imaginaire…

Christophe Mauri est un auteur de littérature jeunesse français. On lui doit la série des Mathieu Hildalf, qui a rencontré un beau succès à sa sortie. Avec Les saisons de Peter Pan, il propose un hommage intéressant au roman de l’Ecossais James Matthew Barrie.

Une réécriture qui se propose de remettre…

Nous connaissons tous l’histoire de Peter Pan, ou du moins son univers. Grâce au roman en premier lieu, mais également à toutes les œuvres cinématographiques inspirées directement du roman de J.M. Barrie. Que ce soit grâce à la version de Disney ou au magnifique film de Steven Spielberg, Hook, Peter Pan est un personnage qui continue de fasciner malgré le temps qui passe…

C’est ainsi que Christophe Mauri décide de s’approprier ce personnage fantasque, haut en couleurs et symbole de liberté.

…. les pendules à l’heure !

Pour ceux qui aiment l’histoire d’origine, Les sept saisons de Peter Pan devrait les ravir. Christophe Mauri reprend en effet certaines emblématiques du roman, entre autres. Cependant, malgré un univers et une ambiance assez fidèle à l’esprit, je n’ai pris guère de plaisir à lire ce roman jeunesse. J’ai trouvé qu’il avait quelques longueurs et même quelques passages très dispensables… Impossible pour moi de m’immerger dans l’histoire de ce Peter Pan.

Cependant, il y a également des moments de pure beauté. Avec quelques passages très bien écrits et très touchants. Mais cela ne suffit pas à rehausser la qualité générale du roman à mon humble avis…

De plus, j’ai vraiment eu du mal avec les illustration de Gwendal Le Bec, que je trouve parfois inesthétiques. Encore une fois, cela est une question de point de vue, mais c’est en particulier sur les visages et la morphologie générale des corps que j’ai eu un sentiment de déséquilibre, d’inaccompli… Mais parfois, elles sont très belles. En fait, le roman et les illustrations sont parfois très déséquilibrés. On y trouve aussi bien des moments de grâce que des moments d’ennui…

En somme, je pense que cet ouvrage est très dispensable si vous n’êtes pas spécialement fan de Peter Pan ou de l’œuvre de Christophe Mauri. Quoi qu’il en soir l’ouvrage est à destination des 9/10 ans.

Chronique jeunesse : Les orphelins de métal

Un roman à l’univers rassurant et original qui lie robots et humains à la perfection !

Paru aux éditions Lumen en avril 2019, Les orphelins de métal est un one-shot traduit de l’irlandais. Il s’agit du premier roman de Padraig Kenny à paraître en France.

Des robots entrés dans le quotidien

Dans une version révisée du Royaume-Unis à une époque qui ressemble à la fin du XIXème siècle, nous découvrons que les robots ont changé le monde. Grâce aux glyphes, il est possible d’insuffler la vie aux objets inanimés. Plus l’objet possède de glyphes et plus ils sont complexes, plus le robot aura une personnalité développée.

C’est dans ce contexte que l’on suit l’inventeur raté Absalom : arnaqueur à la petite semaine, roi du rafistolage et de la débrouille, il vivote grâce au travail de ses robots… Il est aidé par Christopher, un jeune garçon attachant qui adore la compagnie des fameux êtres de métal. Mais un accident va révéler un secret inattendu concernant Christopher. Sa vie va en être bouleversée, et il va être arraché à ceux qu’il aime…

Pour l’occasion de cette sortie, les éditions Lumen ont envoyé un petit robot à monter soit-même ! On tire sur la ficelle, et il s’anime.

Un univers riche et plaisant

Lire ce roman, c’est un peu comme de s’entourer d’un plaid tout doux. On s’y sent bien, l’univers y est lumineux. On y retrouve avec plaisir les codes du steampunk tout en découvrant un système magique original – celui des glyphes et des patchs.

Autre fait plaisant, dans ce Royaume-Unis fantasmé, l’Histoire à changée. Même si l’on a pas tous les détails, il est question d’une guerre qui a touché fortement le pays. Et c’est grâce aux robots que le pays a pu se relever et se développer. Même si on a pas tous les détails, c’est donc dans une uchronie que nous baigne ce roman jeunesse. Et c’est assez peu commun pour le souligner…

Ainsi, c’est l’ouvrage idéal pour qui souhaite un roman d’aventure sans avoir à lire une série à rallonge. Il sera parfait à découvrir pour les enfants dès l’âge de 10/11 ans. Et j’aimerai beaucoup découvrir l’autre roman de Padraig Kenny : Pog.  

Chronique : On dirait que je suis morte

Un roman inclassable où l’on suit une anti-héroïne qui n’a pas de limites… ni de but.

Paru lors de la Rentrée d’hiver de 2019, On dirait que je suis morte est le premier ouvrage de Jen Beagin à paraître en France, il est aux éditions Buchet Chastel. Et on peut dire qu’il est assez… étrange et décousu, mais plaisant pas certains côtés. Explications.

Une jeune femme qui rencontre l’amour en la personne de « Monsieur Dégoûtant »

Mona a 24 ans, vit dans la ville de Lowell, elle est femme de ménage et ne se voit pas faire autre chose de sa vie. Quelques heures par semaines, elle fait du bénévolat dans un centre d’aide pour drogués. Elle donne des seringues stérilisées, quelques mots gentils… Mais quand elle rencontre Mr Dégoûtant – comme elle-même le surnomme dans sa tête – ils vont vivre une histoire d’amour… à leur échelle. Il fait les poubelles pour lui offrir de jolies choses, tente de se droguer moins… Mais est-ce qu’avoir trouvé l’amour est une fin en soi ? Ou y-a-t-il autre chose qui se profile pour Mona ?

Le roman d’un début de vie fait de bric et de broc

Ce roman est en fait le récit de vie d’une jeune femme avec qui la vie n’a jamais été douce. Parents à peine mentionnés, seulement une tante qui se préoccupe quelque peu d’elle. Toutes ses rencontrer sont hasardeuses, sinon désastreuses… Ce serait un bon résumé de la vie de Mona, que nous suivons durant pendant un temps assez court (environ 2/3 ans).

Mais quel est le but de cette histoire ? De ce roman atypique sans morale ni but ? Et bien justement… je cherche encore. Le personnage de Mona est pourtant intéressant, voir drôle par moments malgré l’adversité. Mais je ne comprends guère le pourquoi de cette histoire, qui se termine très abruptement et sans réelle finalité ou conclusion.

J’ai passé un bon moment avec Mona et ses frasques – elle se fait de nombreux films à propos des clients chez qui elle fait le ménage, et parfois ça va très loin ! – mais pas assez pour en parler avec enthousiasme. En fait, je n’ai rien ressenti du tout pour la vie de Mona et ses pérégrinations étranges et décousues de Lowell à Valdez…

En vérité, On dirait que je suis morte est un roman que l’on lit, et que l’on oublie presque immédiatement. Je n’ai rien retiré de cette lecture, ni en bien ou en mal. Je n’ai rien appris, je n’ai pas eu ni plaisir ni dégoût. C’est comme si tout était là, mais pas là… C’est peut-être cela que voulait dire le titre ? Que si Mona n’était pas là, on ne verrait pas la différence, et que son existence n’a rien d’exceptionnel, de notable…

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GENRE : Littérature
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Chronique album jeunesse : Délivre ce livre !

Un album jeunesse unique… et pour cause vous ne pourrez le lire qu’une seule fois ! Sauf si vous arrivez à prononcer la formule magique avant qu’il ne se ferme définitivement…

Écrit par François Hanozet et illustré joliment par Grégoire Mabire, Délivre ce livre est paru aux éditions Mijade en mai 2019. Et dès qu’on le voit en librairie, il a un petit je ne sais quoi qui fait qu’on le remarque. Peut-être est-ce grâce à sa couverture au fond noir ? (plutôt rare en albums jeunesse), ou grâce à l’expression paniquée du magicien sur la couverture ?

Toujours est-il que c’est un album génial à découvrir.

Un livre qui ne se lit qu’une seule fois ?

Incroyable mais vrai, ce livre que le lecteur a à peine commencé est destiné à se refermer POUR TOUJOURS. Il n’y a qu’une seule solution : aider le magicien à trouver le bon livre qui contient la formule magique pour le rouvrir avant la fin…

Écrit sous forme d’histoire participative – à l’image du Roi est occupé ou encore de Chhht ! pour ne citer que les grands classiques du genre – on prend plaisir à lire l’histoire aux enfants. En effet, à presque chaque double-page, on va leur demander de trouver quelque chose pour continuer l’histoire, ou les faire dire une formule magique. Et ça fonctionne très bien !

De plus, les dessins sont très beaux : à la fois colorés, dynamiques et rassurants. On a qu’une seule envie, plonger dans l’histoire et y rester tant on y est bien… Cette ambiance graphique et ce style de bibliothèque poussiéreuse et étrange m’a beaucoup fait penser à un roman destiné aux adultes : La Cité des livres qui rêvent aux éditions Les Grandes Personnes. Il y a dans ces deux ouvrages destinés à deux publics différents une atmosphère livresque surannée qui se dégage… et c’est extrêmement plaisant.

En somme, si vous cherchez une idée d’album pour les enfants dès l’âge de 4 ans, Délivre ce livre sera absolument parfait ! Nous vous le conseillons vivement.

Chronique : Les désaccordés

L’histoire d’un homme complètement déphasé qui semble toujours prendre la pire décision possible, qu’elle soit d’ordre personnelle ou professionnelle ! 

Premier ouvrage de John Dunthorne à paraitre en France, Les désaccordés est paru chez Gallimard en début d’année 2019. Il nous conte l’histoire d’un couple qui a passé la trentaine et qui peine à trouver une place dans la société…

Journaliste freelance, une situation peu idéale…

Ray Morris est journaliste, il rédige de nombreux avis sur des produits ou autres pour gagner sa vie. Il fait son travail, ni plus ni moins. Il n’est pas médiocre, ni exceptionnel. En fait, Ray est un peu fade, à l’image de sa vie. Mais ses enchaînements incroyables de mauvaises décisions vont le rendre incroyable… mais pas dans le bon sens du terme… Sa femme Garthene quant à elle est très enceinte et tente de concilier travail et vie perso qui tourne au cauchemar…

… encore moins quand on va fonder une famille

De déconvenues minimes en déboires terribles, nous suivons le parcours du combattant pour ce couple qui tente de trouver sa place dans une société Londonienne qui laisse peu de place aux gens modestes. En effet, à cause du travail non fixe de Ray, il est difficile pour lui et sa femme de trouver une maison. Les banques sont frileuses quand elles voient le statut de Ray, et Garthene accouchant bientôt, le temps presse…

Mais justement, le temps pressant, tout cela met la pression à Ray, qui va à chaque fois prendre le pire chemin possible pour lui et sa famille. Les désaccordés est censé être un livre drôle, sinon décalé, mais à aucun moment je n’ai réussit à rire franchement de ce que je lisais.

Je n’ai aucunement réussit à m’attacher de près ou de loin à Ray (à peine à Garthene) tant tout ce qu’il fait est illogique/égoïste/stupide…

J’ai ainsi été assez consternée tout au long du roman, m’attendant à ce que l’histoire commence enfin. Mais j’ai bien dû me rendre à l’évidence quand je suis arrivée à la dernière page… La vie de Ray n’a ni queue ni tête, il n’est pas attachant, surtout instable et très désagréable.

En somme, du début à la fin, je n’ai pas réussit à me plonger dans la vie de ces fameux « désaccordés ». Pas d’empathie pour les personnages, aucun trait d’humour n’ayant réussit à me tirer un sourire… C’est une déception cuisante pour moi qui espérait une analyse fine et décalée de la société anglaise et plus particulièrement Londonienne…

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Chronique : Un si petit oiseau

Un roman extraordinaire à découvrir, il vous mettra les nerfs à fleur de peau et vous fera vibrer comme rarement… c’est ma promesse.

Marie Pavlenko est une autrice française dont j’adore l’œuvre depuis ses débuts avec Le livre de Saskia (trois tomes chez Scrinéo et Pocket). Depuis, ses romans ont changé, gagné en maturité, en beauté, en profondeur… Comme on a déjà pu le voir avec le merveilleux Je suis ton soleil (Flammarion).

Un si petit oiseau est sorti en janvier 2019 chez Flammarion, et au moment où je rédige cette chronique, je viens de terminer la dernière page il y a quelques minutes à peine. Je voulais garder vivant mon ressenti sur ce livre exceptionnel.

Une vie fauchée en plein vol…

Abi a presque 20 ans, elle est passionnée par les animaux, sait déjà qu’elle veut devenir vétérinaire. Son avenir est beau, lumineux et lui appartient.

Mais il y a cette voiture qui grille un stop, son bras qui était accoudé à l’extérieur, et le choc. Violent. Dans la brume de ses souvenirs, Abi se souvient de façon parcellaire des événements, mais l’absence cruelle de son bras est là pour se rappeler à elle, quotidiennement.

Adieu les rêves de vétérinaire, pour un tel métier on a besoin de ses deux bras, c’est un fait. Adieu la bande de copains avec qui elle faisait tout, l’accident les a éloignés, la gêne s’est installée. La honte aussi…

Adieu la vie normale et heureuse pour Abi… A moins qu’elle ne réussisse à l’apprivoiser différemment ? Mais comment ?

Sublime, drôle dans le dramatique, du génie

Merci Marie Pavlenko pour ce moment de lecture merveilleux. Il y a tant de justesse et de beauté dans chaque ligne qu’il m’est impossible d’en parler avec mes mots. Lisez ce livre, tout simplement.

On y découvre la résilience d’Abi, son humour intrépide même si elle a parfois envie de baisser le bras…

« La vie est une salope, mon beignet »

Mais c’est aussi grâce à Cendrars qu’Abi va découvrir qu’elle n’est pas seule. Il a vécu la Première Guerre Mondiale, y a perdu un bras et il est devenu Blaise Cendrars. Il a même écrit un roman intitulé La main coupée. Et quantité de ses autres œuvres font référence à ce membre manquant, perdu.

Comment découvre-t-elle Cendrars ? Grâce à un expéditeur inconnu qui lui envoie des écrits de l’auteur. Mais à chaque choix d’ouvrage, ça fait mouche dans le cœur d’Abi.

« La fauvette pitchou – presque un Pokémon »

Un si petit oiseau est une ode à la beauté de la vie, aux petits bonheurs du quotidien… Il parle également beaucoup d’ornithologie (science des oiseaux) et d’éthologie (science du comportement des animaux), des domaines fascinants. Et justement, c’est ce qui va aider Abi à avancer… Quand vous aurez fini l’ouvrage, vous n’aurez qu’une seule envie : dévorer tous les ouvrages du scientifique Frans de Waal (grand spécialiste de l’éthologie). Je ne saurais d’ailleurs que trop vous conseiller l’excellent Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre les animaux ? (Babel).

« Des passereaux s’agitaient dans le bouleau d’en face. Un rouge-gorge et des mésanges, mais de tailles et de plumages différents. Une grosse pie est venue se poser et ils se sont tous enfuis, on aurait dit des petits suppositoires avec des ailes ».

Une jolie mésange bleue.

Et si vous n’êtes pas un caillou moussu, il y a de grandes chances pour que vous versiez une petite larmichette à la fin. Trop-plein d’émotions, c’est normal, surtout quand on lit ce livre en peu de temps. Tout est concentré, pur, dévastateur.

Et chaque personnage y est à sa place (j’ai adoré la tante génial et folle d’Abi), ceux qu’on aime tout comme ceux pour qui on a de l’antipathie… vous verrez. Son roman est un roman vrai, salutaire.  

PS : Marie Pavlenko nous conseille en fin d’ouvrage une merveilleuse musique, qui pour elle incarne parfaitement le personnage d’Abi. Il s’agit de Fonder, par Secret of elements. Et il est vrai que cette musique est sublime, et que peu à peu elle se révèle et gagne en puissance… comme Abi.

PPS : Il y a un petit bout du XVIIème arrondissement dans ce roman, notamment la station de Métro Villiers. Et en croisant l’autrice par hasard, elle m’a dit que la librairie dont elle parlait dans ce roman, c’est celle où je travaille ! Il s’agit de la Librairie Fontaine Villiers. Et ça me fait super plaisir de découvrir ce lien inattendu entre mon travail et le livre…

Oh les beaux livres ! #2 : La sublime collection Steampunk chez Bragelonne

Vous connaissez les éditions Bragelonne, leader dans le domaine de l’imaginaire en France. Mais connaissez-vous chez eux « Le mois du cuivre » ? Il s’agit d’un mois particulier – une fois par an – où ils publient plusieurs romans steampunk (genre que j’affectionne). La particularité de ces ouvrages outre leur genre littéraire ? Leur beauté. Pages dorées intégralement, gaufrage délicat… rien n’est trop beau pour le steampunk !

Vous trouverez de tout dans cette collection, aussi bien des univers proches de Lovecraft que de ceux de Sherlock Holmes… Ainsi que des univers uniques, créés de toutes pièces. Et il y a aussi bien des auteurs anglo-saxons que français !

Qu’ils sont beaux… qu’ils brillent !
Je n’ai même pas eu besoin de changer les contrastes ou la balance des couleurs pour cette photo. L’image parle d’elle-même.
Mon but dans la vie ? Avoir toute la collection ! Ils sont beaucoup trop beaux, et ce sont des romans de qualité.
Il s’agit de la première photo que j’avais prise pour l’article… mais je me suis rendu compte qu’il fallait d’abord faire les poussières.

J’espère que cet article photo vous aura donné envie de découvrir plus amplement cette collection de qualité. Ultra originale, et osée, elle vaut le détour et je ne puis que vous la conseiller vivement. Belles lectures…