Chronique : Un si petit oiseau

Un roman extraordinaire à découvrir, il vous mettra les nerfs à fleur de peau et vous fera vibrer comme rarement… c’est ma promesse.

Marie Pavlenko est une autrice française dont j’adore l’œuvre depuis ses débuts avec Le livre de Saskia (trois tomes chez Scrinéo et Pocket). Depuis, ses romans ont changé, gagné en maturité, en beauté, en profondeur… Comme on a déjà pu le voir avec le merveilleux Je suis ton soleil (Flammarion).

Un si petit oiseau est sorti en janvier 2019 chez Flammarion, et au moment où je rédige cette chronique, je viens de terminer la dernière page il y a quelques minutes à peine. Je voulais garder vivant mon ressenti sur ce livre exceptionnel.

Une vie fauchée en plein vol…

Abi a presque 20 ans, elle est passionnée par les animaux, sait déjà qu’elle veut devenir vétérinaire. Son avenir est beau, lumineux et lui appartient.

Mais il y a cette voiture qui grille un stop, son bras qui était accoudé à l’extérieur, et le choc. Violent. Dans la brume de ses souvenirs, Abi se souvient de façon parcellaire des événements, mais l’absence cruelle de son bras est là pour se rappeler à elle, quotidiennement.

Adieu les rêves de vétérinaire, pour un tel métier on a besoin de ses deux bras, c’est un fait. Adieu la bande de copains avec qui elle faisait tout, l’accident les a éloignés, la gêne s’est installée. La honte aussi…

Adieu la vie normale et heureuse pour Abi… A moins qu’elle ne réussisse à l’apprivoiser différemment ? Mais comment ?

Sublime, drôle dans le dramatique, du génie

Merci Marie Pavlenko pour ce moment de lecture merveilleux. Il y a tant de justesse et de beauté dans chaque ligne qu’il m’est impossible d’en parler avec mes mots. Lisez ce livre, tout simplement.

On y découvre la résilience d’Abi, son humour intrépide même si elle a parfois envie de baisser le bras…

« La vie est une salope, mon beignet »

Mais c’est aussi grâce à Cendrars qu’Abi va découvrir qu’elle n’est pas seule. Il a vécu la Première Guerre Mondiale, y a perdu un bras et il est devenu Blaise Cendrars. Il a même écrit un roman intitulé La main coupée. Et quantité de ses autres œuvres font référence à ce membre manquant, perdu.

Comment découvre-t-elle Cendrars ? Grâce à un expéditeur inconnu qui lui envoie des écrits de l’auteur. Mais à chaque choix d’ouvrage, ça fait mouche dans le cœur d’Abi.

« La fauvette pitchou – presque un Pokémon »

Un si petit oiseau est une ode à la beauté de la vie, aux petits bonheurs du quotidien… Il parle également beaucoup d’ornithologie (science des oiseaux) et d’éthologie (science du comportement des animaux), des domaines fascinants. Et justement, c’est ce qui va aider Abi à avancer… Quand vous aurez fini l’ouvrage, vous n’aurez qu’une seule envie : dévorer tous les ouvrages du scientifique Frans de Waal (grand spécialiste de l’éthologie). Je ne saurais d’ailleurs que trop vous conseiller l’excellent Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre les animaux ? (Babel).

« Des passereaux s’agitaient dans le bouleau d’en face. Un rouge-gorge et des mésanges, mais de tailles et de plumages différents. Une grosse pie est venue se poser et ils se sont tous enfuis, on aurait dit des petits suppositoires avec des ailes ».

Une jolie mésange bleue.

Et si vous n’êtes pas un caillou moussu, il y a de grandes chances pour que vous versiez une petite larmichette à la fin. Trop-plein d’émotions, c’est normal, surtout quand on lit ce livre en peu de temps. Tout est concentré, pur, dévastateur.

Et chaque personnage y est à sa place (j’ai adoré la tante génial et folle d’Abi), ceux qu’on aime tout comme ceux pour qui on a de l’antipathie… vous verrez. Son roman est un roman vrai, salutaire.  

PS : Marie Pavlenko nous conseille en fin d’ouvrage une merveilleuse musique, qui pour elle incarne parfaitement le personnage d’Abi. Il s’agit de Fonder, par Secret of elements. Et il est vrai que cette musique est sublime, et que peu à peu elle se révèle et gagne en puissance… comme Abi.

PPS : Il y a un petit bout du XVIIème arrondissement dans ce roman, notamment la station de Métro Villiers. Et en croisant l’autrice par hasard, elle m’a dit que la librairie dont elle parlait dans ce roman, c’est celle où je travaille ! Il s’agit de la Librairie Fontaine Villiers. Et ça me fait super plaisir de découvrir ce lien inattendu entre mon travail et le livre…

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