Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Vis-à-vis

Un thriller psychologique retors, efficace et glaçant

Paru en début d’année 2020 aux éditions Gallmeister, Vis-à-vis est écrit par l’américain Peter Swanson. Et comme souvent avec les éditions Gallmeister, c’est un bon livre rempli parfaitement son office : nous accrocher en peu de mots avec une efficacité redoutable.

Peter Swanson a déjà écrit plusieurs polars parus en France : Chacune de ses peurs, Parce qu’ils le méritaient ou encore La fille au cœur mécanique.

Une soirée entre voisins des plus banales

Hen et Lloyd sont mariés depuis des années et viennent tout juste de déménager dans une maison, près de Boston. C’est ainsi qu’ils vont être invités à diner par leurs voisins… Et c’est en faisant la visite de la maison que Hen remarque un objet qui ne devrait pas être là. Un objet qui manquait à l’appel suite à un meurtre, la pièce maîtresse d’une enquête qui n’a débouché sur rien à cause de sa disparition.

Hen sait que son voisin est dangereux. Et ce dernier a vu dans son regard qu’elle le savait… Seul problème, Hen va avoir du mal à faire entendre sa voix car elle suit un traitement pour des troubles psychologiques depuis des années… Voici le début d’un thriller psychologique implacable.

Immersion totale

Si vous avez envie de vous aérer l’esprit avec un bouquin impossible à lâcher jusqu’à la fin, c’est le livre parfait ! Il y a une telle tension permanente, une telle ingéniosité dans la simplicité de cette intrigue… c’est diabolique et efficace.

Je lis très peu de polars et de thrillers par peur d’être déçue ou pas assez happée par l’histoire. Pour moi un bon polar doit transporter immédiatement en très peu de pages son lecteur. C’est la promesse même de ce genre littéraire à mon sens. Et j’ai été trop souvent déçue…

Mais, Vis-à-vis a réussit à bousculer mes préjugés. Ce que j’ai le plus apprécié ici, c’est l’art du déroulement de l’intrigue avec de nombreux twists (dont un vers la fin qui m’a bien scotchée car je ne l’ai pas DU TOUT vu venir) et le côté haletant tout du long, qui ne nous lâche pas.

Les chapitres sont montés de façon ingénieuse qui rend le tout très addictif, et ils sont courts (une dizaine de pages pas plus).

Et surtout, quand on pense que ça y est c’est bon, enfin Hen pourra souffler. Et bien non. Au contraire, ça devient pire. Donc si vous aviez prévu de poser le livre pour faire autre chose, c’est raté. Parce qu’on veut savoir la suite de façon impérieuse.

Évidemment, la facette « psychologie des personnages » est la plus importante dans ce type de roman. Et elle est ici réussie à merveille. Tout est fluide, logique et on se glisse dans la tête de Hen sans mal. Et peu à peu, on commence à avoir peur pour elle…

Pour tous ceux et celles qui aiment les thrillers psychologiques, Vis-à-vis pourrait bien vous séduire. Ce n’est clairement pas le genre de livre que l’on va vouloir relire plus tard. Mais on passe un très bon moment dans l’immédiateté, alors que demander de plus ? C’est le genre de roman-sucrerie qui se dévore de façon coupable quitte à le lire en quelques heures à peine.

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les meurtres de Molly Southbourne

Une novella glaçante et géniale dans le plus pur style du roman d’horreur fantastique

Paru aux éditions Le Bélial’, Les meurtres de Molly Southbourne est une novella (ou court roman) de Tade Thompson. Ce court texte est parfait pour découvrir le style incisif et mémorable de son auteur…

Qui est Tade Thompson ? C’est avant tout l’auteur de la trilogie de SF Rosewater parue chez J’ai Lu dans la collection Nouveaux Millénaires. Outre son travail d’écrivain, il exerce en tant que psychiatre, dans le sud de l’Angleterre.

Ne jamais saigner sous peine de tout perdre

Très jeune déjà, Molly comprend qu’elle ne doit jamais saigner. Jamais.

Si elle saigne quand même, que ce soit d’une coupure, ou une éraflure même superficielle, elle doit mettre une compresse puis la brûler. Et vérifier que tout part en cendres. Sinon… le pire peut survenir pour elle et sa famille…

 Aussi étrange que génial

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas eu le plaisir de lire un roman de pure veine fantastique/horreur/science-fiction qui soit aussi génial.

Simple, immédiatement compréhensible bien que très mystérieux, on suit la vie millimétrée de la jeune Molly. Impossible pour elle de déroger à ces étranges règles, même dans un esprit de rébellion… les conséquences sont si terribles que c’en devient impossible.

La narration est nette, tranchée, chirurgicale. Elle m’a fait pensé à du Richard Matheson, que j’adore. Tade Thompson ne s’embarrasse pas de style, ce qui rend le texte encore plus nerveux. Et c’est ainsi qu’en très peu de pages, on se lance dans l’histoire un peu folle mais géniale de Molly Southbourne.

Je ne vous développerais pas plus l’intrigue pour des raisons évidentes. Mais c’est incroyable tout ce que l’auteur a réussit à développer en aussi peu de pages (à peine 100). Un univers d’anticipation alternatif où l’indice de fécondité est tombé au-dessous de 0.5 enfant par femme. En cent pages, il réussit également à nous conter toute l’enfance et une partie de la vie d’adulte de Molly.

Et en plus de tout cela, il réussit à y ajouter une intrigue plus vaste qui dépasse l’existence seule de Molly… c’est une réussite totale.

Si vous êtes à la recherche d’une pépite de l’imaginaire, la voici. Un roman coup de poing qui se lit d’une traite. Une histoire menée à la perfection… et un personnage fascinant. La recette fonctionne.

A tel point que cette histoire va être adaptée au cinéma, et qu’un deuxième tome sort très bientôt (annoncé pour mai, si le Covid-19 le permet) en librairie : La survie de Molly Southbourne. Une chose est certaine, ça va être explosif.

PS : Petit bonus sympathique, à la fin de l’ouvrage vous trouverez une interview très intéressante de Tade Thompson. Elle permet d’en apprendre plus sur la démarche de l’auteur et son œuvre au sens large.

La magnifique couverture de ce second opus des aventures de Molly. Signée comme toujours Aurélien Police.

Chronique Jeunesse : Pip Bartlett et la parade des licornes

Qu’y a-t-il de plus beau et de plus présomptueux qu’une licorne ? Des troupeaux entiers de licornes en compétition !

Véritable coup de cœur sur le blog, voici enfin le second tome des aventures délurées et 100% magiques de Pip Bartlett ! La seule personne sur Terre (à notre connaissance) à parler aux créatures magiques.  

Et cette fois-ci, c’est un roman doublé d’une enquête que nous allons découvrir…

Un concours à la renommée internationale

La tante de Pip est vétérinaire pour créatures magiques. Alors, quand elle doit se rendre à l’événement le plus important rassemblant quantité d’animaux magiques, c’est le paradis pour Pip ! Surtout quand elle apprend qu’il y aura l’un des concours les plus prisés existant pour les licornes le Triple Trident !

Mais un danger guette les magnifiques licornes de concours… quelqu’un en veux à leurs beaux atours. Mais qui donc ? Et pourquoi ? Seule la curiosité et le don unique de Pip sauront venir à bout de cette série de méfaits rendant les licornes hystériques et terrifiées.

Une suite réussie, on en redemande !

Ce second tome de série est absolument parfait. Comme dans le premier opus, l’histoire est savamment dosée entre aventure et suspense. On lit avec plaisir ces nouvelles aventures de Pip et de son ami Tomas (éternel allergique à toutes les créatures magiques !). Et SURTOUT, on retrouve la licorne la plus parano de toute l’histoire des créatures magiques : Regent Maximus. Il est terrifié par absolument tout : son ombre, les bruits un peu trop forts, la poussière, le foin, les murs… Il est ingérable. Et franchement drôle pour les jeunes lecteurs qui liront ses nombreux déboires. Dans le tome précédent, ce n’était rien !

Encore une fois, l’intrigue sert également de prétexte à découvrir de nouvelles créatures magiques, dangereuses ou toutes mimis. Une en particulier gagnera le cœur d’un de nos héros… et le notre par la même occasion, même si cette espèce n’est pas spécialement belle ou intelligente.

C’est donc un second tome très sympathique auquel nous avons à faire ! Je ne peux que vous conseiller les deux tomes de la saga Pip Bartlett. Ils sont géniaux, drôles, ne se lisent pas nécessairement dans l’ordre pour s’apprécier… J’ai adoré plonger dans cet univers mignon, drôle et loufoque. Il a tout pour plaire aux enfants entre 9 et 10 ans !

Alors, à quand la parution d’un troisième tome ? Ou même la sortie d’un bestiaire original issu de l’univers de Pip Bartlett ?

Mini-Chroniques #7 : Un anniversaire royal à gâcher, une figure de l’Histoire au parcours inspirant, une dystopie chinoise à faire froid dans le dos et une femme trompée….

Pour une fois, il n’y a vraiment AUCUN rapport entre les livres présentés. Si ce n’est qu’ils ne nécessitaient pas une chronique complète. Mais ils ont tous leur petite particularité, même si je ne les ait pas tous pleinement aimés…

Le premier défi de Mathieu Hidalf – Christophe Mauri – Folio Junior

Cela fait extrêmement longtemps que j’ai lu ce premier tome des aventures de Mathieu Hidalf. Il ne m’en reste donc qu’un souvenir diffus bien que très positif, la mini-chronique semble donc tout indiquée.

Pour faire simple, cette histoire m’avait fait penser à du Harry Potter version délurée, décalée et originale. Le jeune Mathieu Hidalf prenant chaque année un malin plaisir à gâcher la fête d’anniversaire du roi. Et cette année, il va devoir faire encore plus fort que les années précédentes car un complot contre le roi s’organise…

C’est une lecture drôle, qui ne se prend pas au sérieux une seule seconde et qui recèle beaucoup d’imagination. On sent que ce n’est que le début d’une grande saga jeunesse (dont le succès s’est d’ailleurs amplifié au fil des tomes). Et en plus, c’est français ! Ce qui ne gâche rien, bien au contraire.

La révolte – Clara Dupont-Monod – Stock

La seconde partie de vie de l’incroyable Aliénor d’Aquitaine vue par son fils, Richard Cœur de Lion nous est ici magnifiquement romancée par Clara Dupont-Monod. L’autrice du roman Le roi disait que j’étais diable revient sur le sujet d’Aliénor, qu’elle n’a apparemment pas fini d’exploiter de façon romancée… Et c’est une réussite !

On plonge dans l’Histoire, la vraie, comme jamais. Et bien entendu, il y a quelques inexactitudes historiques, Clara Dupont-Monod le sait bien. Mais comme elle le dit si bien, elle n’est pas historienne mais romancière. Alors, si elle souhaite par exemple faire tenir une fourchette (ce qui historiquement n’est pas possible) à Aliénor, rien ne l’en empêche.

Pour ceux et celles qui aiment les purs romans historiques, c’est l’ouvrage parfait. On est transporté par le destin de cette femme qui s’est mariée au Roi de France, en a divorcé (impensable pour l’époque !) et puis s’est remariée avec le Roi d’Angleterre ! Ici, c’est tout particulièrement la seconde partie de sa vie que nous allons découvrir. Sa tentative de retournement du pouvoir en Angleterre, ainsi que sa captivité…

Un paradis – Sheng Keyi – Editions Philippe Picquier

Présenté comme La servante écarlate version chinoise, Un paradis avait tout pour me plaire. Une dystopie chinoise, ce n’est pas tous les jours qu’on en découvre une ! Mais très vite, j’ai été assez perplexe et déçue.

Je n’ai pas aimé l’écriture, même si elle se justifie tout naturellement car l’ouvrage est narré par une jeune femme un simple d’esprit qui ne comprend pas tout ce qu’on lui impose. Elle a été mise dans une sorte de clinique clandestine à bébés. Inséminée, on attend ensuite qu’elle accouche pour vendre le nourrisson, et on recommence jusqu’à ce que son corps s’épuise. Et comme elle est simple d’esprit, elle n’est même pas rémunérée, considérée uniquement comme un ventre fécondable, contrairement aux autres femmes qui elles sont venues par nécessité, elles sont payées par chaque bébé viable qu’elle « fournissent ».

Notre jeune narratrice se fait régulièrement abuser, agresser, tout étant écrit de son point de vue, rien n’est crument dit, mais on comprend qu’il se passe quelque chose de terrible. C’est une enfant dans un corps d’adulte qui nous raconte son calvaire…

Le roman est clairement dérangeant et c’est voulu, mais je n’ai pas réussi à adhérer à cette dystopie, bien trop terrible (et peut être trop réaliste ?). On appréciera les jolies aquarelles en couleur réalisées par l’autrice pour la version française de son roman. Elles sont superbes.

Martine est sur Gleeden – Martine S. – Editions de La Martinière

Peu mémorable, mais certes sympathique sur le moment. On y suit les « aventures » d’une femme d’une cinquantaine d’année dont le couple bat de l’aile. Son mari la trompe, elle décide de se venger en allant voir ailleurs elle aussi… mais ce n’est pas comme ça que les choses vont se passer.

Avec des noms de chapitres tels que « Martine va au sex-shop », « Martine à la piscine » ou encore « Martine Reporter », on ne peux s’empêcher de penser à la célèbre série pour enfants version salace… Mais ici, rien de cru, c’est plus une réflexion sur le couple quand on passé le cap de la cinquantaine. Je me suis sentie très éloignée de Martine pour de nombreuses raisons, mais avant tout parce que l’histoire est assez plate malgré une écriture drôle et vive. Lecteurs curieux, passez votre chemin…

Chronique BD : L’homme invisible

Une très belle adaptation en bande-dessinée sur deux tomes d’un des grands classiques de la littérature fantastique !

Les éditions Glénat ont eu l’excellente idée de créer une collection qui adapte les plus grands romans de H.G. Wells en bd. C’est ainsi que sont déjà sortis dans la collection La machine à explorer le temps, ou encore l’île du Docteur Moreau et La guerre des mondes.

Pour cette collection ambitieuse, tous les scénarios d’adaptation sont signés par Dobbs. Le dessinateur change cependant en fonction de l’œuvre adaptée. Ici, pour L’homme invisible, les illustrations sont assurées par Christophe Regnault, qui a déjà réalisé quantité de bd chez Glénat, notamment des biographies historiques (Elisabeth Ière, Philippe Le Bel, Churchill…).

Un scientifique de génie en passe de devenir fou à cause de sa découverte

Tout le monde connaît de près ou de loin l’histoire de L’homme invisible. Il y a eu quantité d’adaptations cinématographiques (historiques ou plus contemporaines) sur le sujet. Mais leur point commun est que le scientifique qui réussit la prouesse de se rendre invisible devient peu à peu fou…

De génie, il devient aux yeux du lecteur (ou du spectateur) un psychopathe dangereux. L’adaptation ici présente essayant d’être la plus fidèle possible à l’œuvre d’origine, elle ne fait pas exception.

Une très bonne adaptation, rythmée, vivante, passionnante

Il faut avouer que dès qu’on a entre les mains les ouvrages de la collection dédiée à H.G Wells chez Glénat, on aime. Les bd sont de grande taille, le papier est de belle qualité, les couvertures ont quelques dorures discrètes et un beau verni sélectif. En somme, l’objet-livre est parfait. Et ce qui est à l’intérieur l’est tout autant !

Que vous ayez lu ou non le roman d’origine, vous adorerez lire l’histoire de L’homme invisible sous forme de bd. Les effets sont réussis, les personnages sont bien campés (on ne les confonds pas entre eux comme ça arrive parfois quand c’est mal fait…). En même si on ne s’en rend pas nécessairement compte… gageons que c’était un défi de « dessiner » quelque chose que l’on ne voit pas… et pourtant, c’est réussit !

De plus, on s’immerge immédiatement dans l’ambiance à la fois mystérieuse et intriguante inhérente à l’époque et au style de l’ouvrage… Ainsi, tout concoure à nous faire passer un très agréable moment de lecture.

Nous ne saurions donc que vous conseiller cette série en deux tomes qui adapte avec efficacité ce roman de H.G. Wells. Et on a qu’une seule envie, compléter notre collection !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Reste avec moi

Un roman d’une extrême beauté sur le besoin viscéral d’une femme qui va tout faire pour devenir mère, le tout avec pour toile de fond le Nigéria instable des années 80.

Véritable enjeu des éditions Charleston, Reste avec moi est le premier roman d’Ayobami Adebayo. Il est paru en librairie en janvier 2019, lors de la Rentrée Littéraire d’hiver. L’ouvrage a été traduit dans 18 pays et sélectionné pour de nombreux prix littéraires.

Une femme forte et qui en même temps se délite

Yejide et Akin sont amoureux, mais d’un amour si rare et si fort que rien, pas même le pire dans leur couple et dans leur pays ne peux les séparer. Ils sont tombés amoureux immédiatement, se sont mariés rapidement et… les années ont passé. Cela fait maintenant quatre ans qu’ils sont mariés, mais aucun enfant n’est encore né de leur union. Qu’est-qui cloche ? Yejide a-t-elle un problème ?

Son mari étant l’aîné de sa fratrie, il est tenu par la tradition d’avoir une descendance à « offrir » à ses parents. C’est son rôle de d’aîné que d’avoir au moins un enfant. C’est ainsi que peu à peu, Yejide va tout tenter pour avoir un bébé : médecins, charlatans, magiciens, gourous, escalader une montagne qui la rendra enceinte… Et plus le temps passe, plus le désespoir habite Yejide… et ainsi commence l’histoire magnifique et terrible de Reste avec moi.

Mémorable et superbe

Ce roman fut une véritable découverte de la littérature et de la culture nigériane. Au travers de l’histoire terrible de cette femme qui n’arrive pas à tomber enceinte, on découvre le contexte politique du pays dans les années 80. Le Nigeria n’était pas un pays stable et le gouvernement changeait très souvent, de même que la politique du pays, au gré des différentes prises de pouvoir. 

De plus, le poids des traditions y est très lourds : devoir de perpétuer la lignée quand on est l’aîné, devoir d’enfanter quand on est femme (et ce n’est jamais l’homme qui a problème, c’est toujours chez la femme qu’on le cherche), devoir de tout faire pour être mère. Et si on ne l’est pas, c’est qu’on a fait quelque chose de mal par le passé, qu’on le paie maintenant… Et puis il y a les rumeurs, les regards, la famille qui attend, observe… et le poids de la tradition, qui impose une seconde femme si la première union n’est pas féconde (ou même dans les cas où il y a des enfants, la polygamie y étant encore courante).

Et l’histoire de cette femme prête à tout pour avoir un enfant, prête à croire n’importe quel gourou ou charlatan. Prête à monter à pied une montagne qui la rendra soi-disant fertile… prête à croire que c’est forcément elle le problème, les médecins n’envisageant que cette possibilité.

C’est un magnifique et terrible texte. A la fois superbe, terrible et mémorable. Sa conclusion est parfaite, à la fois terriblement triste et merveilleuse… Je ne puis vous en dire plus, mais je vous promets que c’est le genre de texte dont on se souvient durablement, et cela pour de nombreuses raisons…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les Sorcières du Clan du Nord – Tomes 1 & 2

Une duologie originale qui s’approprie la magie différemment de la plupart des romans fantastiques… et ça fait du bien.

Le sortilège de minuit est paru en France en 2017, le second, intitulé La reine captive est sorti un an plus tard aux éditions Gallimard Jeunesse. Depuis, les deux volumes sont disponibles dans la collection de poches pour ados de Gallimard : Pôle Fiction.

Initiallement Irena Brignull est une scénariste anglaise, elle a notamment écrit le scénario des Boxtrolls tiré de la série de romans jeunesse Au bonheur des monstres (Nathan) ainsi que celui de l’adaptation du Petit Prince réalisé par Mark Osborne.

A l’heure actuelle, il s’agit des deux seuls romans qu’Irena Brignull a écrit, et on les chérira d’autant plus… car ils sont merveilleux et brillants d’originalité.

Elle a également écrit une histoire pour les plus jeunes paru aux éditions Kimane : L’enfant des rêves.

Une séparation entre deux mondes qui cohabitent en s’ignorant totalement

Deux jeunes filles, deux avenirs très différents, deux modes de vies diamétralement opposés. Et pourtant… le destin va les réunir.

L’une se nomme Poppy, elle est indisciplinée, se fait renvoyer régulièrement de tous les lycées où son père l’inscrit. Elle vit seule avec lui depuis de longues années, sa mère étant en hôpital psychiatrique depuis sa naissance. Cette dernière a subit un terrible traumatisme… C’est pour cela que Poppy est devenu un électron libre, et c’est de pire en pire avec le temps.

En parallèle nous suivons Clarée, une jeune fille qui vit totalement à l’écart du monde moderne. Elle vit dans la forêt, avec sa communauté. Elles ne vivent que entre femmes, où la sororité est reine, de même que l’écoute de la nature, de la magie et de tout ce qui les entoure. Mais il semblerait que Clarée n’ai aucun don. Elle est pourtant la fille d’une grande sorcière, et elle est même pressentie pour devenir peut-être reine… cela se jouera bientôt, entre elle et sa cousine Surelle, beaucoup plus douée qu’elle.

Mais comment ces deux destins que rien ne lie vont-ils bien pouvoir s’entrechoquer ? Faites confiance à la force du hasard et de la providence…

Atypique, magique et étonnant !

Par bien des aspects, Irena Brignull a réussit à créer un univers où la magie est bien présente, mais où elle est devenue science. Ainsi, c’est avec un certain réalisme que l’on plonge dans cet univers.

Les personnages qu’elle a su créer sont très forts. Ils sont captivants, même ceux qui peuvent paraître moins importants et qui peu à peu se dévoilent… on a tous envie de les connaître, de découvrir leur passé qui influe tellement sur leur présent. Tout l’historique de chacun d’entre eux est très travaillé, on s’y croit immédiatement.

Et c’est pour cela que ça fonctionne si bien. Que l’on a envie de suivre Poppy, Clarée et Léo au bout du monde (et ça va être le cas). Et surtout, pour une fois il n’est pas question de baguettes magiques, de formules et d’école de magie. Et ça fait plaisir !

Ici, il est plus question de reconnexion avec la nature, de l’écouter pour acquérir du pouvoir… bien sûr il y a certains aspect magiques qui persistent, comme les grimoires ancestraux ou les potions. Mais elles sont un art plus accessible, on baigne dans une sorte de frontière entre notre monde brut d’acier et de verre et celui d’arbres et de décoctions qui pourrait exister. Surtout quand peu à peu Poppy et Clarée se lient d’amitié… et que leurs mondes s’épousent.

C’est une histoire digne des plus grands drames Shakespeariens. Irena Brignull a l’intelligence de ne rien épargner à ses lecteurs. Si il y a quelque chose de mauvais à faire par l’un des personnages, croyez-bien qu’il le fera pour parvenir à ses fins. Même si c’est parfois terrible ! Et c’est surtout cela que j’ai aimé dans cette série, le fait que l’autrice ne s’impose aucune barrière.

Les méfaits peuvent survenir de quantité de façon possibles, et elles sont souvent sombres ici… et c’est ce qui m’a plus.

On ne tombe jamais dans le glauque, attention. Mais c’est toujours un pincement au cœur ou un déchirement pour certains des personnages… et forcément ça fait vibrer quelque chose en nous, lecteur. Et c’est justement pour cela que c’est réussi.

Autre point intéressant, une partie du second tome de la série se déroule sur le continent africain. Cela peut être bête de le souligner, mais je trouve ça si rare dans la production actuelle (qu’elle soit jeunesse ou ado ou adulte) que je voulais le mentionner. Et la magie là-bas est encore différent de celle que l’on a découverte dans l’Occident.

Tout semble vivant et authentique, que ce soit au niveau du déroulé de l’intrigue ou de la psychologie des personnages, tout fonctionne. Et on se plonge à corps perdu dans l’histoire…

C’est pourquoi je ne saurais que trop vous conseiller de lire les deux tomes à la suite. Ils se lisent relativement vite (environ 350 pages chacun), et il vaut mieux ne pas être coupé dans son élan. L’histoire mérite d’être concentrée, et elle se savoure mieux ainsi.

Alors j’espère vous avoir convaincu de découvrir cette courte saga qui n’a pas semblé avoir un grand succès. C’est dommage, pour une fois qu’il ne s’agit pas d’une histoire à rallonge et qu’elle est bien développée et parfaitement conclue en deux tomes, ça vaut vraiment le coup. 

Pour aller plus loin :

J’ai également adoré le clin-d’oeil fait à Macbeth de Shakespeare dans le premier tome, à la page 62 du grand-format.Cette phrase ne vous dit rien ? Voici un lien pour vous raviver la mémoire…

« Double, double, peine et trouble…

Feu brûle, et chaudron bouillonne…« 

Mais quand on est aussi Potterhead, ça fait aussi penser à un beau clin-d’oeil à l’univers de Harry Potter… non ?

Alors, personnellement je pense que c’est une double référence et non pas un hasard, en tout cas ça m’a fait sourire…

Chronique Jeunesse : Le Club de l’Ours Polaire – Tome 1 – Stella et les mondes gelés

Enfin un roman jeunesse qui me faire, sourire, rêver, m’évader ! Partez à l’aventure avec Le club de l’Ours Polaire, vous ne serez pas déçu.e.s…

Paru chez Gallimard Jeunesse en 2018, le premier tome du Club de l’Ours Polaire a bénéficié d’un fabuleux bouche à oreille… C’est ainsi qu’il fut l’un des succès de l’année dans les rayons jeunesse de nombreuses librairies ! Le second tome est quant à lui paru en juin 2019 en France… Le troisième opus est d’ores et déjà sorti en V.O. mais il faudra être patients pour le lire chez nous car Gallimard Jeunesse n’a pas encore annoncé sa sortie…

Un roman enlevé, et empli d’une imagination débordante

Nous voici partis pour une expédition un peu folle où les filles n’ont pas le droit de participer car c’est dans le règlement du Club de l’Ours polaire depuis toujours… Mais le père de Stella Flocus Pearl va faire pencher la balance en sa faveur !

C’est ainsi que la jeune fille accompagne son père pour une aventure haute en couleurs sous le signe de la magie, de l’amitié et du danger… Un combo gagnant mais risqué quand on sait ce qui attend nos héros…

La créativité d’un monde enchanteur au service d’une histoire captivante !

Si vous aimez les univers à la Harry Potter ou Gardiens des Cités Perdues, cette série est pour vous. On y retrouve les qualités extraordinaires d’un très bon roman jeunesse : un soupçon de magie, des inventions un peu folles, des créatures étranges et de furieuses bonnes idées.

Une fois lancé, impossible de lâcher ce premier tome à l’efficacité redoutable. Même les personnage détestables… ont les adore. Et surtout, Alex Bell a su insuffler de la vie à son univers. C’est magique, tout fonctionne et en même temps on s’évade en peu de pages. Elle a réussit à concocter un mélange de choses mignonnes (je pense aux Compagnons Polaires qui accompagnent Stella et qui donnent constamment le sourire) et créatives !

Et surtout, elle a su créer un univers mêlant magie et aventure qui sans être complexe sait être assez dense pour accaparer son lecteur. Tout fonctionne, de la guilde des explorateurs (composée de quatre factions à découvrir : L’ours polaire, le Chat de la Jungle, le Calmar Géant et le Chacal Doré, à l’image des maisons de Poudlard) avec chacune son règlement en passant pour une mythologie poussée.

Il y a même quelques références à certains contes de fées disséminées dans le roman, ce qui le rend encore plus plaisant selon moi !

Pour une fois qu’il est possible de lire un roman jeunesse sans trouver qu’il est trop classique ou une pâle copie d’un autre, c’est assez rare pour s’y intéresser.

En somme, si vous n’êtes pas encore allé chez votre libraire pour découvrir cette merveille, il est grand temps… Surtout que le premier tome est paru en Folio Junior, donc à prix assez réduit. Vous ne serez pas déçus, je vous en fait la promesse. Adapté dès l’âge de 9 ans pour ceux qui lisent déjà beaucoup, sinon dans l’idéal 10 ans.

Chronique bd : Dans les yeux de Lya – Tome 1 – En quête de vérité

L’histoire d’une jeune femme déterminée en quête de vérité sur les zones d’ombres de son accident qui lui a coûté l’usage de ses jambes… Lya trouvera-t-elle les réponses à ses questions qui l’occupent depuis des années ?

Parue en mai 2019 aux éditions Dupuis, En quête de vérité est le premier tome d’une série de bd qui sortirons sous le titre Dans les yeux de Lya.

Le scénario est signé Carbone (La boîte à musique, série de bd en trois tomes), et l’illustration est de Justine Cunha, il s’agit de son premier ouvrage.

Un terrible accident pour démarrer dans la vie

Lya est une jeune femme dynamique, elle arrive à bout de toutes les adversités, et cela malgré son handicap. Au contraire même, c’est son handicap qui lui donne la force d’aller toujours plus loin. C’est ainsi que pour connaître la vérité sur son accident, elle décide de faire des études poussées en droit. Pourquoi ? Afin d’être embauchée dans le cabinet qui s’est occupé de l’affaire il y a des années, et découvrir l’identité du conducteur à qui elle doit son fauteuil roulant…

Mais évidemment, rien n’est aussi simple, et un stage au cabinet ne suffira peut-être pas à extraire un dossier – elle va s’en rendre compte – aussi bien protégé…

Une bd à suspense qui fonctionne

Immédiatement on est pris par l’histoire de Lya et par son besoin de réponses. Les personnages sont aisément reconnaissables, tout y est efficace. Les graphismes épurés sont très beaux, très travaillés, et c’est un plaisir de lire une bd qui nous plonge directement au coeur de l’intrigue.

Cependant, le développement est un peu plus long et traîne un peu en longueur. Pourquoi ? Etant donné qu’il s’agit d’un premier tome, celui-ci est donc très introductif… peut-être un peu trop justement. Vous n’apprendrez rien sur l’affaire de Lya ici, ce tome étant consacré uniquement à l’acquisition du fameux dossier. On se perd dans des circonvolutions pendant un assez long moment, et quand ça devient enfin intéressant… c’est la fin ! Dommage…

En somme, cette bd est intéressante et bien ficelée, mais on peut regretter l’absence de la moindre réponse (ou début de réponse). Nous sommes désormais obligés d’attendre le second tome pour en savoir un peu plus… mais avec rien à se mettre sous la dent, pas sûre que l’on y revienne…

Chronique rédigée pour le site ActuSF.

AUTEUR : ,
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Les enquêtes de Lottie Lipton

Une série de romans policier 100% British et mystérieuse pour les jeunes lecteurs !

Connaissez-vous Lottie Lipton ? C’est une petite fille déjà très vive pour son âge qui vit avec son oncle au British Muséum, un musée mondialement connu. Elle adore décrypter les codes secrets et se rendre utile… pour peu qu’on l’écoute !

Les deux premiers tomes des aventures de Lottie Lipton sont ainsi parus simultanément en juin 2017, aux éditions Père Castor.

Les romans sont écrits par Dan Metcalf, un auteur britannique, ce sont ses premiers à paraître en France. Il n’y a pas d’ordre particulier pour découvrir la série.

Bienvenue dans le monde fascinant et feutré du British Muséum 

Chers enfants lecteurs, connaissez-vous le British Muséum ? C’est l’équivalent anglais du Louvres. Il s’agit d’une institution gigantesque retraçant des millénaires d’histoire sur tous les continents…

Et pour le découvrir, qui de mieux que l’aide de Lottie Lipton ? Agée d’une dizaine d’années, elle a la chance de vivre dans les murs du British Muséum avec son oncle qui y travaille. Ses parents étaient de brillants archéologues avant de disparaitre.  

Mais Lottie a beau avoir une dizaine d’années seulement, elle sait déjà très bien ce qu’elle veut devenir. Elle a décidé de suivre les traces de l’inspecteur Blade, le héros du magazine Enquêtes et mystères !

Et ça tombe bien car de nombreuses énigmes sont à résoudre dans les deux ouvrages…

Intelligent et vif… comme Lottie !

Si vous êtes à la recherche d’une série de romans policiers pour l’âge de 8/9 ans, Lottie Lipton est une héroïne à découvrir absolument. J’ai trouvé cette série assez rafraichissante pour qu’on s’y intéresse sérieusement. Elle est dynamique, intelligente, et propose au lecteur de résoudre lui-même une partie des énigmes.

Vous avez d’ailleurs un carnet de notes et un crayon attaché à chaque ouvrage, la panoplie parfaite de tout détective. Les ouvrages sont joliment présentés, donnant un vrai effet collection à ce début de série. Chaque livre possède de grands rabats et un élastique ce qui le rend très joli esthétiquement et qui donnera envie de les avoir dans la bibliothèque !

Au programme dans ces deux premiers tomes : décryptage, codes secrets, langage morse, devinettes, charades…

Dans Les secrets de la pierre d’Egypte, nous découvrons le début d’un grand jeu de piste inscrit discrètement sur la Pierre de Rosette. Celui qui le déchiffre jusqu’au bout trouvera le trident de Neptune.

Et dans La malédiction du chat du Caire, une statuette a disparue ! La plus importante de toute la collection : il s’agit d’une statue de chat dorée magnifique fabriquée au temps de l’Ancienne Egypte. Alors qu’elle devait être la pièce maitresse de la collection, son emplacement sous verre est vide. Lottie Lipton se lance dans une enquête express pour retrouver la statuette car… elle n’a qu’une heure pour la retrouver ! Sinon, c’est le poste de son oncle qui sera sur la sellette.

Dans ces deux romans, on use de tous les prétextes pour inciter les lecteurs à se creuser les méninges ! Les chapitres sont très courts, la typographie assez grosse pour que la lecture soit aisée… c’est le genre de lecture idéale pour le courant du CE2.

De plus, les illustrations typiquement british de Rachelle Panagarry sont parfaites pour habiller l’histoire.

Conclusion ? La série Lottie Lipton est à avoir dans sa bibliothèque, juste à côté des Maisie Hitchins. Vivement la suite de ses aventures… en Angleterre, il y en a déjà six !

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :