Des spectres, des fantômes qui envahissent la terre, et des centaines de missions à accomplir pour les esprits qui souhaitent partir à l’aventure !
Black Moor est le nom du premier tome de la série jeunesse Le Bureau des Fantômes, qui vient tout juste de paraître aux éditions du Rocher.
Sous le nom méconnu de Fanny Gordon se cachent en réalité deux autrices jeunesse de renom : Pascale Perrier et Véronique Delamarre Bellégo.
Un lac aux esprits, et des âmes en partance…
Le Lac est l’endroit incontournable où passe tout individu venant de quitter la terre. Son esprit se dilue dans le Lac, lavé de tous ses souvenirs avant de partir vers le Pont… Que se passe-t-il après ? Nul ne le sait, car nous allons suivre deux spectrus : Tim et Mo. Ils viennent de mourir, mais ils ne sont pas entraînés vers le mystérieux Pont… et vont à la place intégrer le bureau des Fantômes.
Ils deviennent ainsi agents spectrus avec une mission simple : ramener les esprits des morts égarés sur terre pour les diriger vers le Lac afin qu’ils partent en paix. Mais les difficultés s’amoncellent, tout particulièrement en Ecosse où semble sévir un grand nombre de fantômes qui souhaitent tout sauf partir vers le Lac…
Une aventure qui tient la route et fonctionne même à merveille !
Parfait pour initier les jeunes lecteurs au fantastique et plus particulièrement à l’univers des esprits sans trop miser sur le côté effrayant, Le Bureau des fantômes s’adresse aux 9/11 ans. Ce premier tome se concentre avant tout sur le côté aventure et la façon ludique dont les missions de Tim et Mo sont résolues. Et ça fonctionne fort bien, puisque on a très envie de savoir comment fonctionne ce monde caché aux yeux des humains.
Le système de fonctionnement du bureau est simple, efficace et motive fortement ses spectrus (avec un système de points pour chaque esprit ramené au Lac). Plus les spectrus ont des points, plus ils récoltent des étoiles qui vont se placer… sur leur corps ! Quand un spectrus a beaucoup d’expérience, les étoiles forment une sorte de tatouage correspondant à la personnalité profonde du spectrus… Autant dire qu’on a hâte de voir se former les étoiles de Tim et Mo !
Enfin, l’histoire a beau posséder un déroulement très classique, elle nous réserve quelques belles petites surprises… notamment sur la fin qui laissera ses lecteurs très étonnés. Et surtout… ça donne fortement envie de découvrir la suite (qui n’est pas encore annoncée, donc patience…). On sent que Tim et Mo n’ont pas fini de dévoiler leurs atouts (qu’ils ignorent eux-mêmes) et qu’ils ont encore de belles aventures devant eux…
Ainsi ce début de série se présente sous les meilleurs auspices avec une intrigue accrocheuse, une aventure qui donne envie de s’y plonger immédiatement… Tout fonctionne à merveille, alors à quand la suite ?
Edogawa Ranpo ou le maître du roman d’horreur nippon, à découvrir d’urgence !
On le sait, les japonais sont extrêmement doués dès qu’il s’agit d’écrire
dans le domaine du bizarre, de l’étrange, du malsain… Que ce soit au cinéma ou
dans la littérature, ils excellent dans ce genre. Et dans le genre des récits
angoissants purement japonais, Edogawa Ranpo est le maître. L’auteur nippon
tire d’ailleurs son nom de celui qui l’a directement inspiré : Edgard
Allan Poe, et oui, ça se ressemble beaucoup phonétiquement !
Parmi ses œuvres les plus connues ont peut citer Le lézard noir (dont un éditeur
s’est d’ailleurs directement inspiré pour trouver son nom), La
bête aveugle, L’Île panorama ou encore La
chambre rouge, son œuvre est principalement éditée chez Picquier.
Deux nouvelles pour découvrir une œuvre atypique
Avec la lecture de Mirage, ce fut ma première incursion
dans l’univers bizarre d’Edogawa Ranpo… Et je n’ai pas été déçue du
voyage !
La première nouvelle donne son nom à ce court ouvrage, on y suit un homme
qui en croise un autre dans le wagon vide d’un train… Ce dernier lui montre
alors une peinture étrange qui va bouleverser sa vie.
Bien qu’étrange, cette nouvelle-ci n’est guère mémorable… par contre en ce
qui concerne la seconde, c’est excellent !
Edogawa Ranpo, le maître du roman noir japonais. Si vous aimez ce qui est très sombre, brutal ou ultra glauque, son œuvre devrait vous plaire…
La seconde histoire s’intitule Vermine, et le titre est fort bien
trouvé (il trouve son explication à la toute fin). Elle nous conte l’histoire
d’un homme totalement agoraphobe qui rencontre par hasard un de ses amours
d’enfance… Et à partir de ce moment là, il décide qu’il veut absolument vivre
pleinement cet amour, même si il est à sens unique.
Peu à peu, on bascule lentement dans la folie de ce jeune homme, mais c’est
si pernicieux qu’on ne se doute pas un instant à quel point on va tomber dans
l’horreur… C’est d’un malsain comme rarement j’en ai lu, mais pour ceux qui
aiment frissonner tout en restant à cent pour cent dans le roman réaliste,
c’est l’histoire parfaite.
Pour moi, Vermine est de très loin la meilleure et la plus marquante des
deux nouvelles de ce très court recueil (à peine 140 pages).
Ainsi, si vous êtes friand.e d’histoires effrayantes, Edogawa Ranpo
pourrait bien être votre nouvelle référence de lecture dans ce genre si
particulier (une véritable niche !). Je ne puis que vous le conseiller. Afin
de poursuivre la découverte de l’œuvre de cet auteur majeur, je pense bientôt
lire
L’Île panorama ou Le lézard noir, ce sont ses romans
les plus connus.
Un roman de sf français sympathique mais qui ne réussit pas à transformer entièrement l’essai…
Arca est un roman de science-fiction écrit par le français Romain Benassaya, il a été publié initialement par les éditions brestoises Critic avant de sortir chez Pocket. Arca est le premier roman de cet auteur. Depuis, il a écrit le roman Pyramides, toujours chez Critic.
Un roman dans le plus pur style du space-opera
L’Arca est le vaisseau spatial le plus ambitieux jamais construit de la main de l’homme. Il abrite plus de trois mille six-cent spationautes (ici nommés arconautes) qui se dirigent vers un avenir meilleur : La Griffe du Lion. Un avenir meilleur ? Du moins on l’espère, car il faudrait déjà que l’Arca atteigne l’exoplanète et survive au passage du « seuil », une vitesse dépassant la vitesse de la lumière et interdisant tout retour en arrière pour l’Arca…
Mais les guerres intestines grondent au sein du vaisseau malgré l’extrême précaution prise dans le recrutement de chaque passager…
Des idées intéressantes, mais pas toujours bien développées…
Il y a déjà eu quantité de romans de science-fiction prenant place dans un huis-clos à l’échelle d’un vaisseau spatial (Le grand vaisseau, Tau Zéro… etc.), l’exercice nécessite donc un certain doigté. Et sur la première moitié du roman, Arca est fort bien réussit en mélangeant habillement présent et de nombreux flash-back. L’auteur arrive à garder une belle part de mystère, beaucoup de variables inconnues nous font nous prendre au jeu de l’intrigue.
Le vaisseau va-t-il résister au passage du Seuil ? (le potentiel dépassement de la vitesse de la lumière grâce à l’Artefact), si oui, les passagers ne vont-ils pas paniquer à l’idée d’un voyage sans retour avéré ? Quelle est donc cette nouvelle religion qui semble acquérir de nouveaux fidèles de façon exponentielle ? Quelle est l’origine réelle de l’Artefact, qui ne semble pas venir réellement d’Encelade ?
Les questions posées sont très intéressantes, mais quand le voile se lève dans la seconde partie du roman… c’est un peu la déception. Sur de nombreux points, j’aurais presque aimé en savoir moins, je pense que j’en aurais été moins désappointée.
Autre point noir : le personnage de Sorany, qui est beaucoup trop passif, de bout en bout du roman. Elle semble ne jamais savoir quoi faire, ne pas être passionnée le moins du monde par son travail, même quand elle occupe un haut poste avec de fabuleuses opportunités scientifiques… Cela m’a beaucoup agacée, je l’avoue.
Malgré toutes les nombreuses questions soulevées, tout trouve une réponse assez cohérente mais un peu trop attendue, cela laisse ainsi peu de place à la surprise, dommage.
Cependant, Arca est sympathique, même s’il contient les défauts d’un premier roman. Ceux qui lisent beaucoup de science-fiction ne seront guère surpris par cette lecture. Cependant, on ne peut que présager que du meilleur pour les prochaines œuvres de Romain Benassaya, en espérant qu’il aura gommé ses quelques faiblesses.
Couverture de l’édition originale, aux éditions brestoises Critic.
Une sorte de version Harry Potter de l’ouvrage jeunesse Histoire du Soir pour filles rebelles… une jolie réussite !
A paraître le 24 octobre 2019 chez Gallimard Jeunesse, voici un album destiné aux fans absolu.e.s de la saga Harry Potter. Au programme, des portraits uniques de ces femmes sorcières qui ont transformé le monde magique, et parfois même celui des moldus et plus encore…
Un bel album documentaire dans le plus pur style Harrypotteresque
Si vous êtes un.e fan absolu.e de la saga Harry Potter, bien évidemment ce livre est fait pour vous ! Au programme, un développement approfondit de certains personnages parfois « oubliés » dans la saga, sans oublier également les plus connus.
Et chose intéressante, il n’est pas uniquement question des personnages « gentils » ici, et tout un pan de l’ouvrage est dédié aux personnages maléfiques avec notamment Vinda Rosier (que l’on voit dans Les Crimes de Grindevald) ou encore Nagini ou Pansy Parkinson, pour ne citer qu’elles.
Une pleine page pour le fascinant personnage qu’est Luna Lovegood.
Pour découvrir le reste de ce que cache cet ouvrage… le mieux est encore d’admirer les quelques photos qui en dévoilent un peu plus !
Et parmi certaines oubliées, Nagini n’est ici pas en reste !
Quoi qu’il en soit ce beau-livre de fin d’année est édité à un prix fort attractif, puisqu’il est à 13.90€. Pour ce que c’est, je trouve que c’est très honnête et je ne peux que vous le recommander chaudement ! C’est un cadeau de fin d’année facile à faire et un nouvel indispensable à tout fan de Harry Potter.
Une section est même réservée aux stars du monde des sorciers !
Un roman post-apocalyptique fortement
déstabilisant qui m’a laissée sur ma faim…
Paru dans la
collection Exofictions (la collection dédiée à l’imaginaire d’Actes Sud), La
contre-nature des choses est un roman écrit par Tony Burgess, un auteur
canadien. Il s’agit du troisième roman de l’auteur à paraître en France,
précédemment il y a eu Idaho Winter et Cashtown, tous deux chez
Les Allusifs.
Le monde est mort, vive le monde !
Mourir à
l’ancienne, sans bouger, sans rien faire d’autre qu’être un cadavre semble être
devenu impossible dans ce futur. En effet, les morts sont morts, mais ils sont
tous atteints de soubresauts incontrôlables qui les font bouger, et les
déplacent même sur le long terme. On a bien essayé de les noyer, de les bruler,
de les enterrer, mais les corps sont restés un problème longtemps insoluble…
Jusqu’à ce qu’une société privée, Déchets & Co, propose une idée : les
mettre en orbite autour de la Terre. Et si vous payez assez cher, vous pouvez
même connaître la position exacte de vos proche dans l’Orbite des cadavres qui
tourne à l’infini…
C’est dans
ce monde que vit un homme à la mission simple mais difficile : traquer un
certain Dixon. Un gourou qui passe de ville et ville et qui tue tout le monde
et mutile les corps ensuite pour son bon plaisir…
Un roman difficilement compréhensible et même difficile à apprécier
Passée la
première moitié du roman, je n’ai quasiment rien compris de ce que j’ai lu.
C’est fort regrettable, j’en conviens… et j’ai pourtant fait l’effort de lire
intégralement l’ouvrage. J’ai pourtant été fortement tentée d’abandonner.
Il avait
cependant tout pour plaire : la quête mystérieuse d’un homme qui en chasse un
autre dans un monde devenu sale et aux mains d’une énorme entreprise se faisant
un pactole avec des cadavre de morts-vivants orbitant autour de la terre,
c’était le résumé parfait pour m’attirer.
Sauf que
non. La première partie est étrange mais se tient. On découvre peu à peu
l’univers post-apocalyptique, les corps qui tressautent, l’apparition du
Syndrome qui déforme et dénature les gens encore en vie pour toutes sortes de
raisons. Il y a du sang, des œdèmes, des tumeurs et autres grosseurs qui
parsèment les pages et les personnages.
La première
moitié de l’ouvrage aurait d’ailleurs pu s’arrêter là et laisser le roman au
stade de novella. L’auteur aurait tenu un superbe twist de fin…
Mais non,
l’histoire continue et elle est à partir de ce stade très laborieuse… On
assiste à des scènes de sexe totalement gratuites et inutiles, de la violence,
de l’infantilisation dégueulasse à propos de la tête (uniquement) de notre
narrateur, des suicides/meurtres collectifs. C’est aussi sale qu’inutile. Et
plus on s’approche de la fin, plus j’ai eu le sentiment que le texte était
précipité, bâclé.
C’est fort
dommage, mais cette lecture fut pour moi une intense déception. Je n’avais pas
placé des attentes folles dessus, mais découvrir que le texte a aussi peu
d’intérêt m’a contrariée car le résumé était attrayant. La couverture choisie
par Actes Sud, de même que le titre sont une réussite (titre en VO The n-body
problem, mais le texte n’en valait pas la peine selon moi…
Très belle couverture également pour la version originale… dommage que le texte ne soit pas à la hauteur !
La suite des aventures que vivent les exilés Kelen, Rakis et Furia… pour
le meilleur et pour le pire !
Sorti en France il y a maintenant plus d’un an, le second tome de l’Anti-magicien est paru aux éditions Gallimard Jeunesse sous le titre L’ombre au noir. Depuis, les tomes trois et quatre sont parus en librairie, et la saga n’est pas encore terminée…
Le moment de faire le point ?
Kelen a fuit sa patrie à la fin du premier tome, chose que nous n’aurions
pas pu imaginer… Et maintenant que c’est chose faite, il faut à Kellen
trouver un but à son existence tout en restant pour toujours un paria.
Recherché par les plus puissants mages Jan’Tep, le jeune homme n’a pas fini de
fuir les problèmes… et il en arrive de nouveaux durant son exil sous la forme
d’une charmante jeune femme…
Une saga aux personnages toujours aussi truculents
La qualité première de cette saga de fantasy atypique – outre son univers –
ce sont ses personnages hauts en couleurs que l’on suivrait au bout du monde.
En particulier Furia l’indépendante Argosi et Rakis le terrible chacureuil. Ce
sont eux qui font l’âme de cette saga, plus encore que son héros, Kellen qui
parfois suit simplement le mouvement.
La couverture française est très belle, mais celle en version originale n’a rien à lui envier…
Grâce à ce trio détonnant, on passe un merveilleux moment de lecture entre
action, suspense et magie, sans oublier l’humour, pierre angulaire des romans
de la saga. C’est ainsi que l’on découvre le nom véritable de Furia : Chemin de
la Pâquerette Sauvage, ça en jette carrément… non ? Rakis n’a pas fini d’en
rire en tout cas…
L’intrigue est encore une fois parfaitement menée, nous entraînant sur des
chemins insoupçonnés et intéressants pour la suite de l’histoire… dans une
ville ou sévit une épidémie d’Ombre au noir (impossible d’en dire plus !).
Sébastien De Castell semble savoir où il va et comment y aller, ce qui nous
donne une intrigue de grande ampleur parfaitement cohérente.
On en apprend un peu plus également sur ce que c’est qu’être un Argosi,
sans pouvoir en dévoiler plus, leur rôle m’a fait penser à celui d’un
personnage important dans l’Assassin Royal, une phrase en particulier
notamment.
De plus, il y a un soupçon de romance parfaitement dosé qui correspond
parfaitement aux premiers émois amoureux…
Mais ce que j’aime le plus dans cette saga, c’est que tous les codes sont
cassés. Rarement un héros ado est autant malmené par son auteur, et c’est
d’autant plus appréciable car on ne peux prédire la suite. Et c’est ce que l’on
demande à un roman, non ? Nous transporter et nous surprendre…
Affaire à suivre de très près donc avec le troisième tome de la saga : L’ensorceleuse.
Un magnifique roman à l’univers extrêmement onirique où les corbeaux volent la tête en bas…
Second roman de l’autrice Céline Chevet, La fille qui tressait les nuages est paru aux éditions du Chat noir en été 2018. Entre douceur et tragédie, on y découvre l’histoire d’une famille marquée par les drames…
Un mystère qui demeure…
Julian est atterré par la mort de la sœur de son meilleur ami. En effet, elle est morte de façon abrupte, et il en était très amoureux… Malheureusement, cette histoire d’amour ne verra jamais le jour, et nous allons plutôt nous intéresser à ceux qui restent. Julian, le bon ami de la famille, Souichiro, le frère de la défunte jeune fille, et Akiko, d’une discrétion maladive et camarade de classe des deux garçons. En plus d’être discrète, elle est également d’une curiosité maladive qui va la conduire à découvrir certains secrets de la famille de Souichiro… Pour le meilleur et pour le pire !
Une intrigue réussie et surtout, un bel univers narré avec talent
Plus que son histoire, c’est surtout le style de ce roman qui reste mémorable. Il a beau avoir été écrit par une autrice française, cette dernière a réussit à prendre à son compte le style d’écriture des romans nippons. A la fois pudique et parfois terrible, on navigue entre émerveillement et frissons dans cette histoire qui devient de plus en plus étrange au fil des découvertes d’Akiko.
On retrouve également l’importance pour les événements passés que revêt la culture japonaise. De même, Céline Chevet nous entraîne dans une intrigue mâtinée de légendes (inventées ou non) et d’obscurs secrets de famille… Impossible d’en dire plus, le reste serait trop facile à deviner, mais ce mélange entre fantastique et traditions est savamment mené.
De plus, tout au long de ce beau roman, vous aurez plusieurs révélations d’assez grande envergure, notamment une qui va radicalement changer votre façon de le lire! (et vous obligera peut-être à relire certains passages clés).
Enfin, la particularité de ce roman, c’est aussi ses petites touches d’onirisme bien disséminées. Avec ses avions en papier qui jamais ne touchent le sol et autres faits farfelus alors que tout le reste est normal, ça m’a fait penser au roman Les mots bleus de Félicie de Natalie Lloyd (éditions du Seuil Jeunesse).
Ainsi, ce roman est une très belle découverte. Je dirais même une double découverte car c’est un superbe roman et une autrice de qualité que j’ai ainsi découvert. J’ai hâte de lire d’autres romans de Céline Chevet, si ils sont aussi bons que La fille qui tressait les nuages, ça risque d’être génial !
Une des magnifiques illustrations de Mathew Meyer, un illustrateur de talent qui s’est spécialisé notamment dans les yôkai. (site ici : http://matthewmeyer.net). Je trouve que son univers colle parfaitement au roman de Céline Chevet.
Un récit sur la Corée du Sud d’aujourd’hui vue à travers les yeux d’un français… drôle, fascinant et extrêmement instructif.
Paru aux éditions Picquier en 2016, Toujours plus à l’est est le troisième ouvrage du français Benjamin Pelletier.
Grâce à lui, on se sent un peu plus proche de ce pays qui semble si exotique et attrayant à nos yeux… et une fois terminé, on a qu’une seule envie : prendre un billet aller-simple pour la Corée !
Entre le roman et le récit de voyage
Notre ouvrage commence quand Benjamin
Pelletier arrive à Séoul et emménage dans un petit appartement, dans le
quartier de Malli-dong, qu’il présente comme ayant « Un air de
bricole et de système D« . Tout semble s’assembler parfaitement,
mais tout en étant fait de bric et de broc. Dans ce quartier ancien vivent
principalement des personnes âgées, ou des jeunes avec peu de moyens. Cette
partie de Séoul est à l’opposé du reste de la ville, tout en lignes droites et
propres. La partie ancienne de la capitale est d’ailleurs amenée à disparaître,
Séoul veut oublier son passé au plus vite…
C’est ainsi que pendant un an, nous
suivons Benjamin Pelletier dans ses découvertes de la culture coréenne… et
elle n’a pas fini de nous surprendre !
Une société aussi curieuse que fascinante, entre modernité et croyances anciennes
Pour les amoureux de l’Asie, cet ouvrage
pourrait bien devenir un indispensable à découvrir. On y apprend tant
d’anecdotes et de faits intéressants qu’il est impossible de tous les lister,
mais c’est captivant !
Baguettes en métal, dans la plus pure tradition coréenne.
Que ce soit à propos de l’éducation, de
l’alphabet (très particulier), des croyances, des habitudes de vie, de la
nourriture, TOUT est différent de chez nous, en France. Pas nécessairement pour
le mieux, mais juste différent. Et c’est cela qui m’a plu avant tout dans cet
ouvrage que l’on peux classer entre le récit et le roman (sans oublier une
bonne dose d’humour).
De plus, malgré une fuite en avant perpétuelle des coréens -très bien placés au niveau mondial quand il s’agit de nouvelles technologies ou d’e-sport, notamment à League of Legends ou à Starcraft – ces derniers se réfèrent encore énormément à des croyances ou habitudes anciennes. Je vous ai listé une partie des superstitions du pays citées par l’auteur, je les trouve aussi géniales qu’intéressantes !
Leurs baguettes sont en métal car par le passé, les familles royales avaient peur d’être empoisonnées. Le poison s’oxydant sur le métal, ce dernier devenait visible (notamment l’arsenic).
Le chiffre 4 est leur crainte, il signifie la mort car le chiffre et le mot « mort » en chinois ont la même prononciation.
Il ne faut jamais se couper les ongles la nuit pour ne pas attirer les souris, toujours promptes à prendre forme humaine pour voler les âmes.
On ne siffle pas la nuit ! Car ça peut réveiller les fantômes.
Il ne faut pas nettoyer l’appartement que l’on quitte pour faire croire aux esprits que l’on quitte les lieux. Ainsi, ils ne nous cherchent pas.
Il ne faut en aucun cas se laver les cheveux avant un examen, de risque de vider son cerveau de toutes les connaissances accumulées…
Et ce n’est qu’une toute petite partie de
ce que j’ai listé grâce à l’ouvrage ! Je ne vous ai pas parlé du symbole qu’est
l’hibiscus pour eux ou encore des traditions vis à vis des personnes âgées ou
comment est l’éducation.
On en apprend également beaucoup sur
comment mangent les coréens. Là-bas, il n’y a pas de hiérarchie de plats, tout
est servi en même temps ! On mange ce que l’on veut quand on en a envie. Le riz
est quant à lui servi dans un bol en métal muni d’un couvercle. D’ailleurs, si
vous souhaitez découvrir l’expérience culinaire coréenne à Paris, il y a les
restaurants Dochilak (ce qui veut littéralement dire plat à emporter en coréen)
qui sont très fidèles à l’esprit. Et leur porc à la sauce piquante est à se
damner… parfait avec un bol de riz noir.
Dans un restaurant Dochilak, à Paris… un délice !
Vous l’aurez compris, Toujours plus
à l’Est est un ouvrage fort instructif qui est parfait pour découvrir
en douceur une nouvelle culture. Je vous le conseille fortement si vous
projetez d’aller en Corée ou que ce pays vous intéresse, tout simplement.
Pour aller plus loin :
N’hésitez pas à aller voir la chaîne YouTube The Korean Dream, tenue par un franco-coréen qui vit à Séoul. Ses vidéos sont extrêmement intéressantes, et on en apprend énormément sur la vie quotidienne en Corée : louer un appartement, découvrir Séoul autrement, ou tout simplement s’initier au Hangeul, commander dans un restaurant, etc. C’est une excellente chaîne et elle mérite qu’on s’y attarde !
Une ode à la
liberté, et à tous ces nobles sentiments des temps anciens : l’honnêteté,
l’honneur, la loyauté et le courage face à l’adversité… En somme, un sublime
roman de cape et d’épée qui se déroule… à notre époque !
Paru en
librairie à la fin du mois d’août, Fraternidad est le dernier roman en
date de Thibault Vermot. Il avait auparavant déjà été remarqué pour son roman Colorado
Train, également chez Sarbacane dans la collection Exprim’.
Outre sa
magnifique couverture à la fois graphique et ancrée entre deux esprits et
époques : des silhouettes encapuchonnées à la Anonymous qui font penser à notre
ère et d’autres, armées de rapières tolédanes qui font penser aux temps où un
combat à l’épée était la norme face à tout affront, Fraternidad est un pavé. Un
bon gros pavé de presque 700 pages. Et ça se lit tout seul. C’est même trop
court…
Une adolescence difficile, où le bonheur est presque toujours absent
Ed Perry est
un adolescent introverti, et pour cause, dès qu’il se fait légèrement remarquer
par ses camarades, ces derniers le molestent. En particulier le trio mené par
Cliff, qui ne rate jamais une occasion de lui casser la tronche, ou de le balancer
dans les poubelles du lycée pour faire bonne mesure. Ed Perry est un looser. Du
moins selon ses semblables. Mais il cache un secret, quelque chose de si génial
qu’il tient bon toute la semaine pour ces deux heures de bonheur le vendredi.
Il oublie tout : sa famille merdique, son lycée pourri, ses crétins de
« camarades » et part deux courtes heures s’habiller de collants, d’une
cape et d’une épée et va par monts et par vaux avec Fenton De La Mare, un
cheval.
Oui, Ed
Perry fait du cheval deux heures par semaines pour tenir le coup. Et il est
persuadé que c’est le début de grandes choses. Que la noblesse d’esprit et la
justice ne sont pas mortes, et qu’à son échelle il peut changer le monde… il
ne le sait pas encore, mais c’est encore loin d’être le cas. Pour devenir un
héros, il faut traverser quantité d’adversités et de dangers… et c’est ce
qu’il va faire.
Mais regardez cette beauté !
Noblesse d’esprit, réseaux sociaux, amitié et humour noir mêlés
Ce bouquin
est une véritable claque littéraire ! A peine débuté, impossible de s’arrêter
tant on a jamais rien lu de pareil (je vous met au défi d’avoir déjà eu un
livre comme ça entre les mains). C’est drôle et tragique à la fois, plein
d’esprit, parfois fort cru (Ed est un adolescent, et rien de plus normal, il a
aussi des fantasmes sexuels que l’on découvre au fil des pages…).
L’argument
phare de ce livre, c’est que c’est un roman de cape et d’épées qui se déroule à
notre époque. Le paysage suranné de l’Angleterre, dans le Devon du Sud, mélangé
aux dangers des réseaux sociaux et de ses terribles travers fait mouche. Au
début, on se demande forcément comment l’auteur va nous emmener dans son
univers sans faire un embrouillamini peu digeste… mais c’est tout le
contraire !
L’art du détail… au dos du livre.
Véritable
réussite et tour de force, Fraternidad est un roman qui donne
de l’espoir, qui fait rire même dans les heures les plus sombres… C’est une
ode à tous ces romans tels que Les trois mousquetaires, ou encore Le
bossu pour ne citer qu’eux. C’est écrit avec fougue, verve et… je ne
vous ai pas encore parlé des chapitres entiers narrés en vers libre !
Je veux vous raconter une mésaventure
Qui m’advint tout à l’heure.
Trois faquins imbéciles
M’ayant cherché des poux comme j’étais en
ville
Tracèrent leur chemin à ma suite en voiture.
Moi, j’allais chevauchant parmi landes et
ruines,
L’épée au vent, l’étrier gaillard, et le nez
Taquiné doucement par la brise marine.
Mais de retour au camp, je restai bouche bée
: […]
On aimerait
une seule chose : rejoindre Ed pour partager ses rêves d’un monde meilleur dans
la petite pièce secrète qu’il s’est aménagée et sentir les effluves d’un bon
repas nourrissant flotter dans l’air…
Personnellement,
j’ai donc adoré ce roman contemporain qui se joue des codes et en créé de
nouveaux. A la fois terriblement actuel et résolument nostalgique d’une époque que
l’on croit révolue… c’est sublime. Et l’atmosphère de fin du monde qui
transpire parfois entre les pages de ce roman atypique ajoute à sa beauté… A
lire dès 15 ans, pour le reste, il n’y a pas de limites !
Connaissez-vous Dimension Uchronie ? Il s’agit d’un recueil de nouvelles dédiées à ce sous-genre si particulier et fascinant de la science-fiction. Je vous invite ainsi à découvrir la collection ainsi que celui qui a réunit des nouvelles de tous bords pour notre plus grand plaisir…
La bibliothèque de Glow : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de la Bibliothèque de Glow ?
Bertrand Campeis : Bonjour
les lectrices et les lecteurs de la Bibliothèque de Glow ! Je m’appelle
Bertrand campeis, j’ai très prochainement l’âge qui est la réponse à la plus
grande question de l’univers et je suis un grand amateur d’Uchronie : j’en lis,
j’écris des articles dessus, je fais également partie du Prix actuSF de
l’Uchronie et maintenant je dirige même des anthologies sur ce thème
spécifique. Je suis un énorme acheteur de livres en tout genre, de films, de
dessins animés et je loge chez mes deux chats (en échange je leur fournis un
lit douillet et plein de croquettes). Pour pouvoir acheter tous les livres et
Blu-Ray qui s’entassent dans ma batcave aux merveilles je suis devenu
fonctionnaire (J’aurais voulu être Bruce Wayne mais la place est déjà prise,
donc je me suis contenté de devenir un grand fan de Batman tout court). Voilà,
ça, c’est pour commencer. 🙂
La bibliothèque de Glow : Pouvez-vous expliquer aux lecteurs en quelques phrases ce qu’est l’uchronie ?
Bertrand Campeis :L’uchronie
est un mot inventé à partir du mot utopie ! L’utopie c’est un lieu imaginaire
(en grec U = Non et Topos = Lieu). L’uchronie c’est une histoire imaginaire qui
aurait pu avoir lieu (U = Non et Chronos = Temps). C’est jouer avec le temps en
imaginant qu’en changeant un évènement, on crée une autre Histoire. Cela peut
aller de la grande Histoire (la plus connue étant Et si les Nazis avaient gagné
la Seconde Guerre mondiale) à l’histoire personnelle (la vôtre par exemple ! Et
si vous aviez raté le train dans lequel vous avez rencontré votre future copine
? Réussit tel examen auquel vous avez échoué ?) Comme vous le voyez, c’est un
jeu de l’esprit avec des combinaisons qui peuvent aller… Jusqu’à l’infini (et
au-delà !) Vous avez certainement lu de l’uchronie (en livres, BDs ou même
mangas) vu (en films ou dans une série TV) ou même joué (jeu de plateau ou jeu
vidéo) sans forcément le savoir 🙂 Si cela vous intéresse, j’ai eu la chance
de co-écrire avec Karine Gobled un Guide de l’Uchronie paru chez ActuSF (il a
été réédité en 2018 sous une forme réactualisée dans la collection Hélios) qui
permet de (re)découvrir l’uchronie.
La bibliothèque de Glow : Comment avez-vous sélectionné les nouvelles de Dimension Uchronie ?
Bertrand Campeis :J’ai
fait un appel à textes afin de faire une anthologie baptisée Dimension Uchronie
et au final j’ai eu suffisamment de nouvelles pour me dire que je pouvais
envisager de faire non pas une mais trois anthologies. Dès le départ, j’ai eu
la chance d’être entouré d’ami.e.s qui m’ont donné plus qu’un sacré coup de
main : Hermine m’a plus qu’aidé en relisant les nouvelles avec moi et aidée
dans la phase de correction avec les autrices et auteurs. Avec son compagnon,
Erwan, ils ont traduits les nouvelles étrangères que j’ai acheté au coup par
coup. Je dois également beaucoup à Laurence, à Marie Marquez pour leur aide
lors des phases de relecture /
correction sur les Bon à Tirer. L’autre personne à qui je dois
énormément c’est Tiffanie Uldry, qui m’a fait de superbes couvertures. Et Last
but not least Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier ont été patients, calmes et
m’ont pas mal expliqués comment il fallait bosser. Ces anthologies c’est une
première pour moi : j’ai tâtonné, expérimenté, revu souvent ma copie et au
final, j’ai eu l’impression de progresser par à coup, grâce aux autrices, aux
auteurs, aux personnes qui ont lu l’anthologie et l’ont critiqué (en l’ayant
aimé ou pas trop : on est là avant tout pour apprendre de ces erreurs et
progresser). Ces anthologies, pour moi c’est avant tout un travail d’équipe,
des rencontres, des discussions. Sans l’aide de tout le monde, les anthologies
n’auraient pas pu sortir de manière aussi rapprochée (la première est sortie
fin 2018 pour le salon de Sèvres, et les deux suivantes pour 2019, l’une pour
début juin, l’autre pour Sèvres). Ce fût une expérience gratifiante, exaltante
même mais qui nous a laissé sur les rotules (à l’heure où j’écris Dimension
Uchronie 2 est bouclé et nous travaillons, Hermine et moi, sur le bouclage du
dernier volume).
La bibliothèque de Glow : Les textes sont-ils inédits où ont-ils déjà vu le jour auparavant ?
Bertrand Campeis : Certains
textes sont déjà parus ailleurs mais ont été retravaillées pour paraître chez
nous. Les trois-quarts sont inédits. Dès le début nous avons fait un mix :
rencontre avec des autrices et des auteurs que nous aimions énormément et
textes provenant de l’appel à texte. Après un DU 1 comprenant 15 nouvelles, nous
sommes partis sur 20 nouvelles pour DU2 et allons maintenir ce chiffre pour DU3
mais avec pas moins de 3 nouvelles étrangères (2 américaines et 1 japonaise si
tout va bien). Le but est de se faire plaisir et de montrer la diversité de
l’uchronie. Pour celle-ci est un jeu de l’esprit ce qui implique un aspect
divertissant. J’adore les uchronies extrêmement intelligentes et nous
permettant de réfléchir à notre société, de nous interroger sur notre façon de
voir les choses et à côté de cela j’adore des uchronies orientées sur l’action,
le divertissement pur. L’important ce n’est pas tant le message (ou l’absence
de celui-ci) mais ce que l’on ressent devant une histoire.
La bibliothèque de Glow : Vous proposez également des nouvelles étrangères – comment les avez-vous sélectionnées et acquises ?
Bertrand Campeis : La première nouvelle, Alerte rouge, je l’avais découverte grâce à Eric Henriet, il en parlait dans son essai L’histoire revisitée ou panorama de l’uchronie sous toutes ses formes. Eric étant un ami, il a eu la gentillesse de me faire lire cette nouvelle. ensuite c’est assez Rock N’ Roll, j’ai découvert que l’auteur, Jerry Oltion, tenait un blog et je l’ai contacté, grâce à Hermine Hémon et Erwan Devos, afin de lui proposer d’acheter cette nouvelle. Il a accepté sans problème et voilà !
A partir de là je me suis dit que rajouter des nouvelles étrangère serait un sacré bonus dans les 3 anthologies : j’ai donc contacté Marie Robinette Kowal pour sa nouvelle The lady astronaut of Mars. Là ce la a été beaucoup plus long vu que je suis passé par son cabinet américain, qui m’a envoyé vers une agence française qui gérait ses droits à l’étranger. Cela a été très long (plus de 6 mois dans mes souvenirs) mais nous avons eu la primeur de cette nouvelle (pour la petite histoire l’intégralité du cycle a été achetée par Denoël lunes d’encre et devrait sortir chez nous à l’horizon 2020). Pour la nouvelle d’Aliette de Bodard, je lui ai tout simplement demandé à Sèvres en 2018 si elle avait une nouvelle uchronique à me proposer, elle m’en a envoyé une et Hermine et Erwan ont travaillé d’arrache-pied pour qu’elle sorte dans DU2. La dernière a également été un heureux hasard : Bondye Bon a été signalé par le site Uchronia The Alternate History List qui recense à peu près tout ce qui sort en langue anglaise (c’est d’autant plus méritoire et impressionnant qu’il est géré par une seule personne, Robert Schmunk). Le pitch m’a plu (une révolte d’esclaves américains qui a été sévèrement réprimandé, et c’est un euphémisme, dans les années 1830 réussit dans cette uchronie grâce au… Vaudou ! C’est tout de suite plus pratique quand vous avez une armée de morts pour vous en prendre à vos anciens maîtres…) et là aussi, j’ai négocié directement avec l’autrice. Quand je regarde cela rétrospectivement je me dis que j’ai eu beaucoup de chance ! Et qu’heureusement qu’Hermine et Erwan étaient là pour m’aider à parler avec tout le monde en english fuently.
La bibliothèque de Glow : J’ai entendu dire qu’un second tome et un déjà un troisième étaient en préparation, pouvez-vous nous en dire plus ?
Bertrand Campeis : Un deuxième tome… (ndlr : déjà paru en librairie). Puis un troisième et dernier ! Au final on devrait atteindre 50 nouvelles uchroniques en tout. Le deuxième comporte 20 nouvelles jouant sur énormément de thèmes, que ce soit l’antiquité, le féminisme, le colonialisme, ou une autre façon de penser avec la nouvelle d’Aliette de Bodard. L’important c’est cela, découvrir à chaque fois des thèmes peu traités, ou connus mais traités différemment (celle de Sylwen Norden m’a pas mal marqué) j’ai adoré le texte que m’a proposé Jérôme Akkouche qui joue sur un thème peu traité (le steampunk et le monde de l’art). Jean Rébillat nous a fait une très chouette nouvelle imaginant une Angleterre toujours rattachée à la France par ce qui reste du Doggerland (bras de terre qui reliait l’Angleterre au continent et qui a été englouti dans notre réalité). Celle de Cédric Legentil m’a pas mal marqué car il a très bien cerné la mentalité japonaise (il imagine l’envoi d’un corps expéditionnaire japonais qui combat aux côtés de l’allié français lors de la Première Guerre mondiale, et sa vision est très juste et terrifiante). Il y a de l’humour, que ce soit avec la nouvelle de Gillen où l’Ecosse est devenue indépendante mais n’a plus de whisky ! Pascal Roussel nous régale avec un héros bondissant et très drôle qui libère la France d’une occupation extraterrestre qui a empêché la Révolution Française en 1789… Vu que le steampunk apparaît pas mal, j’ai demandé à Etienne Barrilier de faire une préface pour expliciter celui-ci (Merci à lui). Enfin j’ai eu une chouette nouvelle, jouant sur la thématique du temps, qui est utilisée comme une drogue, par Amélie Bousquet. Elle sortait un peu des sentier battus (je n’ai pas souvent eu l’occasion de lire des nouvelles où on se fait des shoots temporels, en dehors de Chronoreg, roman québécois de Daniel Sernine, donc je l’ai accepté avec plaisir).
Pour la couverture, nous avons décidé de jouer sur un autre possible avec Tiffanie Uldry : Et si le Japon était devenue une république plutôt qu’un empire ? Étant tombé par hasard sur un superbe portrait de Nakano Takeko, j’ai demandé à Tiffanie de me la représenter en Liberté guidant les troupes républicaines vers la victoire lors de la guerre civile de 1868 (qui, dans notre réalité, a vu une éphémère république indépendante d’Ezo exister sur l’île d’Hokkaido. Ici elle persiste et l’emporte). Le but avec cette couverture est de présenter d’autres alternatives, en montrant des femmes qui font l’Histoire, car on les occulte (ou plutôt les invisibilise) trop. et puis cela permettait de sortir de l’image cliché Japon impérial ^^. La dernière couverture devrait pas mal plaire aussi, cette fois-ci nous découvrirons une autre Amérique.
Vous reprendrez bien un peu d’uchronie ? Au moment où vous lirez ces lignes Hermine Hémon et Bertrand Campeis seront en train de boucler Dimension Uchronie 3 ! Qu’avons-nous gardé pour la fin ? L’espace ! ^^ Partez et découvrez quinze nouvelles uchroniques (dont deux américaines, traduites par Hermine Hémon et Erwan Devos) qui seront vous montrer des réalités effroyables, bouleversantes et bel et bien différentes. Accrochez-vous, là où nous allons, il n’y a plus de routes ! Sortie pour le Salon de Sèvres.
Je rêvais de mettre à disposition du public des anthologies
Mammouth : je suis en passe de réussir mon pari. Tout cela je le dois à
Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier, qui m’ont accueilli et aidé à bras
ouverts (et expliqué comment il fallait bosser : j’ai véritablement découvert
ce que c’était que l’édition en parlant avec eux. Et dans mon cas je me
considère encore et toujours comme un amateur, je fais cela sur mon temps libre
et je bénéficie du soutien d’ami.e.s sans qui tout n’avancerait pas aussi vite
voire aussi bien). Merci à Hermine, à Marie, à celles et ceux qui ont écrit,
qui ont lu ou critiqué l’anthologie. Et j’espère qu’avec cette deuxième
anthologie, puis la troisième et dernière, cela permettra de découvrir à quel
point l’uchronie permet de se faire plaisir, de vous faire plaisir, et
d’apporter en sus d’un bon moment de lecture, un début de réflexion sur
d’autres possibles.