Archives de l’auteur : Laura

Chronique Jeunesse : Nils & Zéna – Tome 1 et 2

Une trilogie de romans noirs pour la jeunesse, Nils & Zéna sont dans la place !

Parue en 2017, la série de romans jeunesse Nils & Zéna est sortie chez Pépix. Il s’agit d’une trilogie de romans policiers qui font partie de la très réduite collection Pépix Noir.

Un duo improbable et atypique

Nils est un crack en informatique, très renfermé sur lui-même, sa rencontre avec Zéna va le changer. Zéna est une adolescente très vive d’esprit dotée d’une mémoire photographique elle a pour animal de compagnie un corbeau acariâtre.
A eux deux, ils peuvent tout faire ou presque ! Et justement, leur quartier va bientôt avoir besoin de leur courage et de leur vivacité d’esprit. Il semblerait que quelque chose se trame dans leur ville, mais impossible d’en savoir plus… tout ce que l’on sait, c’est que le manoir abandonné du coin vient mystérieusement d’accueillir un nouveau propriétaire…

Sympathique pour qui souhaite découvrir le genre policier

Nils & Zéna, c’est le genre de série idéale pour faire découvrir un genre pas si usité que cela en jeunesse : le policier pur. Oui, il y a quantité de romans qui mélangent enquête et mystères dans une ambiance relativement familière, rassurante. Ici cependant, on est dans du vrai premier polar avec une histoire relativement réaliste (ou presque) et assez sombre, ce qui est rare en jeunesse pour les 9/11 ans.


Il est ici question de harcèlement, de menaces, de pauvreté (Nils est issu d’une famille qui n’a quasiment aucun moyens financiers), de différence et de dealers (de vêtements !) qui effrayent le quartier. On est donc bien loin d’une ambiance Club des Cinq ou Alice Détective ! Le tout se déroule dans une atmosphère très urbaine, entre résidence pavillonnaire un peu à l’écart et grandes barres d’immeubles. D’où le fait que je pense que ce genre de roman noir est assez rare en littérature jeunesse. Il fallait essayer, mais je ne suis pas certaine que cela ait fonctionné car la collection Pépix Noir référence très peu d’ouvrages.

Personnellement, j’ai trouvé ces deux premier tomes intéressants, mais je n’ai pas été prise par l’élan général de l’intrigue. En effet, je trouve qu’il y a un écart très creusé entre l’âge ciblé et les thématiques. Nils & Zéna est relativement violent, avec des scènes parfois un peu brutales (enlèvement, séquestration, menaces, animal tué…) qui créent un décalage entre le contenu et l’âge ciblé. D’où peut-être le fait que la série n’ai pas pas franchement trouvé son public ? (je n’ai aucun chiffre de vente, c’est uniquement une supposition et un ressenti de lectrice).
Je comprends que l’autrice et l’éditeur aient eu envie de proposer autre chose, un texte plus sombre, plus mature que ce que l’on voit en jeunesse habituellement. Une idée louable, mais il semblerait que cet essai ne soit pas concluant.

Ainsi, Nils et Zéna est une série qui se lit vite et qui se veut efficace, ce qu’elle est. Cependant, je n’ai pas réussit à franchement apprécier l’intrigue et je m’arrête à la lecture des deux premiers tomes sur trois. Les romans font passer un bon moment de lecture, mais sans éclat, mais il n’est pas facile de sortir du lot tant la production est titanesque chez les 8/11 ans !

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Chronique : La société très secrète des sorcières extraordinaires

De la cosy fantasy urbaine à lire comme on savoure un bonbon… Une lecture, douce, rassurante et emplie de belles surprises !

Premier roman de l’autrice britannique Sangu Mandanna à paraître en France, l’ouvrage La société très secrète des sorcières extraordinaire fut un véritable phénomène éditorial. Outre-Manche, l’ouvrage a bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille… alors autant dire qu’il était extrêmement attendu en France ! Alors, quand Lumen a annoncé avoir acquis les droits de l’ouvrage, l’engouement était déjà là. Le roman vient de paraître en librairie le 24 août 2023. Alors, est-ce le régal littéraire promis ? Pour moi, oui.

Une fiche de poste intrigante…

Quand Mika Moon reçoit en MP sur les réseaux sociaux une offre de poste étrange, elle se dit qu’elle a affaire à quelqu’un d’un peu frappé. En effet, son interlocuteur lui fait savoir qu’il recherche désespérément une sorcière pour quelques mois, sans en dire beaucoup plus… Le souci, c’est que Mika est en effet une sorcière, mais que cela n’est pas censé se savoir.

Depuis des centaines d’années, les sorcières vivent isolées les unes des autres, leur concentration physique rendant la magie instable et dangereuse. Ainsi, Mika n’a aucun contact avec les autres sorcières en dehors d’un rendez-vous trimestriel très formel. Mais l’existence des sorcières est un secret bien gardé… Alors comment la jeune femme va-t-elle réagir à l’étrange proposition de travail aux conditions mystérieuses ?

Un livre doudou à savourer

Vous avez le cafard ? Vous avez envie de magie mais pas de grandes intrigues où les machinations vont bon train et où il faut dresser l’arbre généalogique de chaque personnage ? Ce roman est fait pour vous. Il mélange à la perfection univers réaliste teinté de magie, le tout dans une ambiance extrêmement rassurante.

Vous verrez, le lieu où va se rendre Mika se nomme la Maison de Nulle-part. Et vous voudrez vous-même vous trouver un cocon à l’image de cette demeure aux allures de chalet caché par la végétation et la magie. Tout n’est que douceur dans cette lecture, même quand on parle menace de mort et accueil glacial. Même quand l’héroïne ne sait plus où elle en est, ni quoi faire de sa vie. Même quand on la sent au bord du désespoir tant sa solitude a toujours été grande… Il y a toujours un petit quelque chose qui la fait tenir, et nous, l’aimer encore plus.

Les personnages sont une petite dizaine, et tous, sans exception ont un trait de caractère attachant si ce n’est plus. J’avoue avoir un faible pour Ian et son exubérance vestimentaire (entre autres) et évidement une énorme prédilection pour le personnage le plus torturé et le plus charmant de la Maison de Nulle-part : Jamie.

Mais outre les personnages, l’autrice a réussi à créer un univers paradoxal car à la fois étrange et rassurant. Vous découvrirez l’art de recueillir de la poussière d’étoile pour faire un thé réconfortant ou encore comment maîtriser l’art du voyage par raccourci magique ! Dans cette intrigue douce, tout fonctionne : on s’y sent bien, dorloté, comme Mika qui commence peu à peu à trouver ses marques. Les quatre-cent pages que constituent le roman défilent à une vitesse folle, et c’est bien là le seul défaut du roman !

Quitter les personnages et cet univers si doux et rassurant est un crève-cœur. D’autant que certaines relations entre plusieurs personnages sont magnifiquement dépeintes, notamment ce que va peu à peu ressentir Mika pour ses trois petites protégées. Dire que l’une d’elle élaborait des projets de meurtres au début du roman !

Ainsi, ce roman est dans la plus pure essence d’un genre qui se développe depuis quelque temps dans le monde de l’imaginaire anglo-saxon : la cosy fantasy. On y retrouve des liens sociaux forts, loin des grandes intrigues qui bouleversent le monde. Nous sommes dans un microcosme rassurant, avec ses problématiques à échelle humaine, ce qui le rend doux et malléable. Si vous avez envie de douceur, c’est donc le roman parfait pour l’automne à venir… Belle et douce lecture à vous… Dès 16 ans (juste à cause d’une seule scène spicy, pas le choix !).

Chronique roman graphique : Arden High – Tome 1 – La nuit des rois et des reines

Une romance douce et bienveillante dans un lycée géré par des êtres féériques directement inspirés de Songe d’une nuit d’été…

Un petit délice !

Si vous aimez le fantastique par touches légères et les intrigues se déroulant dans le plus pur style campus américain, ce premier tome de la saga de romans graphiques Arden High pourrait bien vous plaire.

Au programme : de la romance, de l’inclusivité, des non-dits à foisons et des situations mignonnes et parfois délicates.

Bienvenue à Arden High !

Vi est une ado comme les autres, hormis le fait qu’elle a un frère jumeau, et qu’il a décidé de ne pas aller dans le même établissement scolaire qu’elle cette année. Elle aime s’habiller d’une façon « garçonne » et se définit comme queer. Et bien que cela ne soit pas un étendard, elle entend bien assumer sa façon d’être. Et chose heureuse, Arden High est le genre de lieu où l’on peut être qui l’on souhaite sans aucune remarque ou jugement. Un soulagement pour Vi, mais l’absence de son frère lui pèse de plus en plus… Et cela va s’accentuer encore quand des sentiments nouveaux vont s’en mêler.

Vi est sous le charme d’Orsino qui est lui-même sous le charme d’Olivia qui elle-même est sous le charme de quelqu’un d’autre… Une mise en abîme amoureuse délicate qui va encore se compliquer dès lors que la nuit des rois et des reines approche !

Un beau mélange entre magie, amour et amitié

Même si j’ai beaucoup apprécié l’intrigue, c’est avant tout l’univers mélangeant campus et magie qui m’a séduite. Quand en plus on comprend que quantité de personnages sont directement inspirés par Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, c’est encore plus savoureux ! Ainsi, vous croiserez Puck, ou encore Tatania (bien qu’ici elle se nomme Tanya), et dès le début de l’ouvrage, le rideau se lève avec cette phrase : « Le monde entier est un théâtre« .

Outre cette ambiance merveilleuse qui plane continuellement bien que de façon vaporeuse sur l’ouvrage, on retrouve tous les ingrédients d’une belle romance torturée. Si vous aimez les personnages qui n’osent pas s’avouer leurs sentiments, ceux qui sont perdus, les quiproquos et les rebondissements remplis d’émotion, ce livre est pour vous ! Et si vous aimez les couleurs déclinées autour du violet, cela va également vous plaire…

Ainsi, La nuit des rois et des reines, c’est avant tout une bouffée de positivité colorée et plaisante à lire. Un petit concentré de douceur, le tout avec de beaux dessins, des couleurs chatoyantes, un univers réconfortant, et totalement safe. Le genre d’ouvrage qui fait du bien à lire. Si seulement Arden high existait ! A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Chronique : Karasu Kids – Tomes 1, 2, 3

Une série de romans pour la jeunesse qui se propose de faire découvrir le Japon autrement

La série des Karasu Kids est parue chez Larousse en juin 2022. Son but ? Faire découvrir la culture nippone aux plus jeunes au travers des aventures d’un groupe d’enfants. Cela commence comme une enquête et se transforme en quête pour empêcher l’éveil de monstres mythiques et millénaires…

Aymeric Jeanson est l’auteur de cette petite série de romans. Il également éditeur et se passionne également pour la bd, ce qui explique les quelques planches de type manga que l’on retrouve dans les romans Karasu Kids.

Auren, l’illustrateur, est nourri depuis toujours par la pop culture japonaise, et cela se voit dans son œuvre. C’est lui qui a créé tout l’univers graphique des Karasu Kids.

Tout commence à Hokkaido

Bienvenue sur l’île d’Hokkaido, où vont se dérouler d’étranges événements qui vont bouleverser la vie de quatre enfants. Mais au début de cette histoire, ils ne se connaissent pas vraiment, et pour d’autres ne s’apprécient guère. Mais par la force des choses, la petite équipe va devenir Les Karasu Kids, un quatuor d’enfants qui vont tenter de sauver la vie qu’ils connaissent. En effet, des esprits ancestraux sont à l’œuvre, et ils sont fort mécontents. Ce que l’on pense être une catastrophe écologique est en réalité la manifestation de ces créatures millénaires. C’est là qu’interviennent les Karasu Kids !

Une lecture qui m’a peu emballée

J’ai lu premier tome de la saga avec une légère curiosité, mais je demandais clairement à être convaincue. Moi qui adore le Japon et sa culture et qui suis libraire jeunesse, cette série avait tout sur le papier pour m’emballer. Et pourtant, ça n’a pas pris. J’ai insisté en lisant entièrement le second tome, qui ne m’a pas plus séduite. J’ai alors entamé le troisième opus, et me suis arrêtée au premier tiers du roman : à quoi bon acharner si l’on n’aime pas ?

Mais alors, qu’est-ce qui pour moi a pêché dans cette nouvelle série de romans ? J’ai du mal à le définir précisément. Il y a de l’aventure, on en apprend (un peu) sur le Japon et sa culture, en particulier sur ses mythes et créatures issues de l’imaginaire. Les chapitres sont courts, il y a quelques illustrations, ce qui est parfait pour les 9/10 ans.

J’ai eu un mal fou à m’attacher aux personnages et à les apprécier, d’ailleurs je n’ai jamais vraiment réussit, sinon je n’aurais pas abandonné ce troisième tome. J’ai trouvé leurs dialogues parfois trop « scolaires », répondants à une problématique, mais sans qu’on croie en l’existence de ces personnages. En un mot, pour moi, ils manquaient d’âme. C’est d’autant plus dommage quand on voit que le duo qui a créé la série et passionnée par le Japon. Mais pour moi, il manque un liant, un élément qui aurait fait basculer l’histoire vers quelque chose de plus vivant, plus entrainant.

L’idée d’insérer quelques pages de type manga dans les romans est très sympathique, à tel point que je trouve dommage qu’il n’y ait pas eu plus de planches. On en retrouve entre six et sept par roman alors que ça aurait pu être un vrai argument si il y en avait eu plus.

L’une des choses qui m’a plus cependant, c’est ce mélange entre fantastique et écologie. Je m’explique, les créatures ancestrales qui sont réveillées le sont par des perturbations d’ordre écologique. Ainsi, Les Karasu Kids deviennent des protecteurs de l’environnement en luttant contre les méfaits de ces créatures (qui ne sont pas nécessairement mauvaises et qui subissent l’activité humaine). Cet aspect de la série et bien amené et m’a bien plu.

Ainsi, je ne saurais pas dire exactement ce qui m’a déplu personnellement dans cette saga, mais elle est pour moi totalement dispensable. Cela ne remet pas en question le travail et la passion des auteurs pour le Japon, bien entendu. C’est simplement que je n’y ait pas trouvé mon compte et que je trouve qu’il y a mieux pour cette tranche d’âge. sur la même thématique : Yôkai de Thibault Vermot chez Sarbacane, par exemple. Ou encore Le jeu d’Hiroki d’Eric Senabre chez Didier Jeunesse sont des romans parfaits pour découvrir de façon distrayante le Japon et sa culture incroyablement dense.

Chronique ado : La fiancée du dieu de la mer

La réécriture contemporaine d’un grand conte classique coréen !

Axie Oh est une autrice américaine d’origine coréenne, son roman La fiancée du dieu de la mer est le premier à paraître en France. Outre-Atlantique, son travail est très suivi, et d’autres de ses nouveautés arrivent très bientôt en France.

Un sacrifice à la place d’un autre…

Le dieu de la mer est courroucé, et cela dure depuis un siècle. Pour l’apaiser, chaque année les hommes livrent à la mer une fiancée pour le dieu, en espérant que l’une d’elle sera l’élue et saura calmer sa colère. Mais rien n’y fait… les inondations continuent, les récoltes sont gâchées, le peuple souffre…

Cette année, c’est la jeune, belle et talentueuse Cheong Shim qui a été choisie pour être offert au dieu de la mer. En échange de son sacrifice, les villageois prendrons soin de sa famille. Sauf que Cheong Shim en aime déjà un autre : Joon. C’est ainsi que Mina, la sœur de Joon se sacrifie de son plein gré à la place de sa future belle-sœur. Elle n’a pas d’autre choix selon elle de faire ce sacrifice pour sauver sa famille, son peuple, tout ce qu’elle aime.

Voici que Mina est transportée dans le monde des esprits, un univers proche du notre où dieux et esprits de côtoient. Mais son sacrifice ne semble pas avoir l’effet escompté… A elle de trouver comment prendre son destin en main et atteindre le dieu de la mer pour que les drames cessent dans le monde des hommes.

Magnifiquement onirique et doux, mais également rempli d’aventures !

Ce roman est le parfait équilibre entre la réécriture de contes et la lecture emplie d’action. Et quand l’éditeur Lumen dit qu’il rappelle Le Voyage de Chihiro, je suis parfaitement d’accord. Il y a des symboliques similaires, des éléments qui y font penser comme une évidence… mais non, ce n’est pas une copie du célèbre film Ghibli !

En effet, Axie Oh nous offre un conte à la chevauchée des genres : il y a de la poésie dans ses lignes, de l’action, de nombreuses révélations et une belle romance… Il y a tous les ingrédients d’un bon livre pour adolescent.es.

Une des choses que j’ai préféré dans ce livre, c’est l’hommage constant qui est fait aux anciens. Mina ne cesse de penser à ses ancêtres pour prendre des décisions, aider son entourage. Dans la réalité parallèle du dieu de la mer, elle découvre une chose aussi belle que touchante : les offrandes que les hommes font à leur ancêtres (souvent de l’encens et de la nourriture) arrivent dans le monde des esprit pour les nourrir. J’ai trouvé cela tellement beau de penser que nos ancêtres pouvaient être révérés de cette façon !

De même, autre élément primordial dans ce monde d’esprits, ce sont les dieux. Et certains sont bien loin de l’image idéalisée que les humains se font d’eux. Certains sont terriblement cruels, d’autres totalement égoïstes… Mina va découvrir que tout ce qu’elle pensait solide dans sa vie se délite peu à peu. C’est le second point fort de ce roman, outre son univers, il y a la crédibilité des personnages. La résilience de Mina est inspirante, mais elle n’est pas la seule à être très intéressante (Mask, un de mes personnages favoris !). Vous verrez !

Ainsi donc, ce texte, c’est une foule de détails entre tradition, symboliques fortes et romance moderne. Axie Oh a réussit à transformer un conte classique en roman ado parfaitement bien dosé qui fonctionne à merveille. Il plaira à celleux qui aiment les romances, la culture coréenne, les belles histoires aux images fortes. Vous verrez certaines scènes sont extrêmement touchantes, mais je ne puis en dire plus ici.
Espérons simplement qu’Axie Oh se lancera dans d’autres réécritures de contes !

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GENRE : Corée, Fantasy
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Chronique ado : D’or et d’oreillers

Flore Vesco a encore frappé ! Après L’estrange Malaventure de Mirella, De cape et de mots et encore plein d’autres, la voici de retour pour un roman encore une fois génial. Plus mûr, plus réfléchis et tout simplement magnifique à découvrir, il nous parle de liberté, de recherche de soi, des premiers émois, d’exploration sensuelle et d’emprise. Et d’amour, sous quantité de formes… dont certaines terrifiantes.

Un mystérieux beau et riche parti cherche à l’amour…

Voici commence l’intrigue de ce roman, quand on découvre que le plus richissime des partis de la région cherche à prendre femme. Et immédiatement, c’est l’effervescence dans la maison Watkins. C’est dans cette demeure que vivent trois sœurs à marier avec leur mère… et donc trois chances de faire véritablement fortune !
Mais le lord qui cherche à se marier a une demande plutôt étrange… chaque postulante doit rester dormir une nuit, une seule dans son château. Pourquoi donc ? En voudrait-il à la vertu des demoiselles qui cherchent à le conquérir ? Ou est-ce autre chose ?

Mystérieux, gothique et passionnant

Dès les premières pages, j’ai adoré l’ambiance à la fois sombre et étrange de ce roman. On sent qu’il se passe des choses bizarres au domaine du beau et jeune Lord Handerson, mais impossible de savoir quoi ni d’en deviner la teneur… C’est ainsi qu’à travers les yeux de Sadima, une simple servante, on va peu à peu s’immiscer dans les quelques failles qui sévissent.

D’or et d’oreiller est un roman pour les adolescents atypique et fort plaisant qui saura charmer par différents aspects. Tout d’abord, comme toujours avec Flore Vesco, l’écriture est travaillée à l’extrême et pourtant d’une fluidité confondante. De plus, comme d’habitude elle s’amuse des mots avec quantité de palindromes, anagrammes et autres formules lettrées.

Autre trait particulier du roman, bien qu’il y ait uniquement des métaphores sur le sujet on parle par moment de plaisir. Sensuel, méconnu et presque interdit (pour l’époque où se déroule le roman) traite de masturbation féminine, de découverte du corps mais cela avec un « doigté » recherché et très imagé. Je trouve ça bien que le sujet soit évoqué car il est extrêmement rare de lire quoi que ce soit là-dessus dans la littérature ado. Encore une fois, quand c’est masculin en général c’est normal, mais la même chose au féminin n’est jamais mentionné ou même imaginable. Flores Vesco s’affranchit totalement de ce qu’on peut lire et ouvre sa propre voix/e et elle a bien raison.

Mais le plus plaisant selon moi, c’est la façon qu’on a de glisser du roman historique au gothique puis au fantastique qui est extrêmement réussie. Si vous arrivez à deviner ne serait-ce qu’un quart de l’intrigue, je vous tire mon chapeau. C’est tellement déstabilisant et inattendu que je ne vois pas comment vous pourriez trouver le pot aux roses !
Pour ce qui est de l’ambiance et du style, D’or et d’oreillers est à classer pile entre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brönte et Frankenstein de Mary Shelley. Il n’y a pas de monstre ni de fantôme, mais tout réside dans l’atmosphère et l’époque…

Ainsi, c’est encore une texte de très bonne facture que nous offre ce roman de l’autrice française. Pour le moment, je n’ai eu que des coups de cœur concernant ses écrits… C’est rare, aussi je vous conseille vivement de vous pencher aussi bien sur D’or et d’oreillers que sur le reste de ce qu’elle a écrit ! Belle découverte à vous. Dès 15 ans environ.

Chronique beau-livre : Le Larousse insolite

Un beau-livre pour découvrir toutes les curiosités qui ont traversé les différents ouvrage que publie Larousse depuis plus de 170 ans ! Un livre curieux qui recèle des mots étranges et de belles illustrations surannées…

Difficile de chroniquer un beau-livre, mais je vais tenter cette acrobatie. Le Larousse Insolite est avant-tout un beau livre-objet pour les férus de curiosités et d’histoire. Beaucoup d’anciennes gravures et illustrations y sont présentes, de même que des définitions peu ou plus usitées. Certaines orthographes ont changé, de même que des expression.

Après, la question à se poser est celle-ci : cet ouvrage nous fait-il découvrir ou apprendre des choses ? La réponse est oui, mais il faut la nuancer. En effet, j’ai trouvé ce Larousse insolite plus axé sur le visuel que sur les définitions. Pour une page pleine d’une dizaine dessins, vous n’aurez grand maximum que trois ou quatre définitions.
Ce n’est donc pas pour ses définitions – guère nombreuses – qu’il faut découvrir l’ouvrage, mais bien pour ses visuels étranges, curieux et parfois assez incroyables.

Mais mes parties préférées restent quand le visuel et la définitions sont présents, cela met en avant tout le cocasse et le bizarre de l’objet en question ! Par exemple, saviez-vous qu’un domino était un vêtement également ? J’ai découvert aussi un Dolmon, mais sans aucune définition (que je n’ai pas trouvée non plus sur le net), j’ai été passionnée par le Douk Douk (cf image ci-dessous)…

Certaines images n’ont bien entendu pas besoin de définition, mais c’est passionnant de voir les usages de l’époque notamment l’écorçage. J’ai découvert que le mortier avait un autre nom : égrugeoir. Ou encore que les sèche-linges étaient encore moins écologiques à leurs débuts que maintenant !

Ce dictionnaire est donc intéressant, oui. Mais à réserver aux personnes passionnées de curiosités et surtout de belles images à l’ancienne (gravures, anciens dessins d’archives, etc.). Il y a peu de définitions si on compare au nombre de visuels, et ce déséquilibre m’a quelque peu dérangée. Mais cela reste un très beau livre à découvrir pour qui aime l’étrange et les belles illustrations !

GENRE : Documentaire
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Chronique ado : Tenir debout dans la nuit

L’histoire d’une adolescente qui va passer toute une nuit, seule dans la Grande Pomme… Va-t-elle tenir dans cette ville où elle ne connaît personne ?

Eric Pessan est un auteur pour les ados et la jeunesse à l’œuvre percutante et marquante. Il aborde souvent dans ses ouvrages des thématiques difficile, mais avec des mots très justes…
Ses livres les plus connus sont notamment La forêt de Hokkaido (L’École des Loisirs) pour lequel il a eu le prix des Sociétés des gens de Lettres, ou encore le livre que je vais vous chroniquer ici : Tenir debout dans la nuit qui est paru en 2020.

C’est mon premier roman de Pessan, mais le septième qu’il a écrit, et une chose est certaine, je vais y revenir tant j’ai trouvé ce texte poignant.


Pour mieux appréhender ce roman, je vous propose de lire un petit extrait de la lettre qu’il a adressé aux libraires : « C’était un vieux rêve, un rêve de môme sans doute : voir le New York de Spiderman et des films de gangster. C’est là que ce livre est né : dans les rues de New York, j’ai tenté de retrouver l’émerveillement de l’adolescent que j’ai été, et je me suis souvenu des discussions avec les élèves.
Tenir debout dans la nuit est mon septième roman jeunesse, tous ces livres sont indépendants mais les personnages circulent de l’un à l’autre, et vieillissent
en temps réel. J’avais envie de retrouver Lalie, la seule fille de la bande de garçon présente dans La plus grande peur de ma vie. A treize ans, elle aimait prendre des photos, maintenant qu’elle en a quinze, elle ne quitte plus son appareil ».

Un cadeau de rêve

Lallie est une adolescente qui aime la vie, les découvertes, les voyages… Mais elle n’a pas les moyens pour cela, c’est tout juste si elle peut rêver de New York. Alors quand Pitor, un de ses amis lui propose de l’accompagner gracieusement dans la fameuse ville qui ne dort jamais, elle dit oui.

Mais elle ne pensait pas que cela le rendait débitrice aux yeux de Piotr… et que pour le remercier, elle va devoir accéder à ses désirs…

Un roman féministe et sociétal touchant

Oui, les hommes peuvent écrire des romans féministes où la jeune femme dépeinte n’est pas un stéréotype. L’histoire de Lallie est aussi simple que tragique : elle pensait avoir un ami généreux et se retrouve à devoir lui céder ses faveurs sexuelles pour le remercier. Hors de question, mais la liberté de choisir à un prix terrible : se retrouver seule à New York en pleine nuit.

C’est ainsi que commence le roman, en nous offrant une Lallie apeurée par tous les hommes qu’elle va croiser durant cette nuit si particulière. Car le monde continue de tourner alors que pour elle tout s’effondre.

Ce roman est superbe et magistral pour de nombreuses raisons. Outre le fait que le récit nous offre une héroïne ordinaire courageuse, c’est aussi un plaidoyer pour une vie meilleure. Car au travers des nombreuses aventures nocturnes de Lallie, nous allons découvrir le portrait d’une société américaine profondément injuste et cruelle. Dès que l’on fait un pas de côté, même léger, le système nous écarte, nous oublie, nous occulte.

L’auteur se concentre notamment sur le cas de ces millions d’américains qui vivent dans des mobile-home ou des trailers parks (ils sont plus de 20 millions aux USA) car ils n’ont pas d’autre endroit où vivre. On y parle aussi du scandale des subprime, des injustices sociales flagrantes que la société américaine laisse perdurer… Que le meilleur gagne et tant pis pour ceux laissés sur le bas-côté.

Je trouve cela très bien de montrer que derrière les paillettes du rêve doré américain se cache une société extrêmement cruelle et égoïste. La France ne fait peut-être pas toujours rêver ceux qui y vivent, mais nous avons une chance incroyable. Mais Eric Pessan le dit bien mieux que moi.

Alors, il ne vous reste plus qu’à lire ce roman MAGISTRAL qui devrait être lu par tout le monde. Garçon, fille, homme, femme… Le message de Tenir debout dans la nuit est indispensable, et surtout subtil et beau. Dès 14 ans.

Chronique : Mexican Gothic

Ou comment faire monter la sauce à son apogée pour au final se retrouver avec une immense déception…

Si il y a bien un roman dont le marketing et le bouche à oreille fut réussi et développé, c’est bien Mexican Gothic. J’en ai énormément entendu parler sur les réseaux sociaux (bookstagram) et sur Goodreads, avec plus de 300.000 notes. Et pourtant, je devrais le savoir, ce n’est point gage de qualité… C’est donc avec enthousiasme et curiosité que j’ai tout laissé tomber pour découvrir Mexican Gothic.

Une incursion en terrain hostile

La jeune Noemí quitte le domaine familial, les bals et les flirts pour venir en aide à sa cousine. Cette dernière a récemment épousé un riche noble, mais semble avoir changé radicalement d’attitude. Les derniers courriers que la jeune femme et son père ont reçu étaient inquiétants. Tellement inquiétants que Noemí se précipite dans la nouvelle demeure de sa cousine, un bâtiment isolé aux allures sombres et terriblement hostile. A l’image de ses habitants…

Une pâle imitation Lovecraftienne…

Pour celleux qui aiment l’œuvre sombre et malsaine de Lovecraft, Mexican Gothic joue clairement sur ce tableau. On y retrouve la noirceur du maître de l’horreur ainsi qu’un chant lexical inhérent à son atmosphère… Cependant, Mexican Gothic est et restera selon moi une pâle imitation de ce qu’à fait Lovecraft. Ce roman aurait pu être un hommage, mais il n’a pas assez d’envergure ni d’originalité pour se détacher de l’univers Lovecraftien tout en s’en inspirant… Dans le même style, je vous conseille plutôt de lire l’excellent roman Lovecraft Country une ode extraordinaire à Lovecraft en pleine période ségrégationniste aux États-Unis.

Il est dommage que Mexican Gothic n’ait pas su jouer de ses atouts à la fois féministes et « exotiques ». En effet, l’autrice est d’origine mexicaine et se sert de sa culture pour développer des personnages originaux. Mais malheureusement, ils n’ont qu’un seul mérite, celui d’être rarement visibles dans le domaine de l’imaginaire, mais nous n’apprenons rien sur la culture mexicaine ni sur ses croyances. La narratrice et héroïne est donc bien mexicaine, mais cela n’apporte strictement rien à l’intrigue. Aucune spécificité, aucune connaissance particulière ne nous est offerte… elle aurait aussi bien pu être groenlandaise ou coréenne…

Et surtout, le dénouement de l’intrigue est franchement décevant. On voit venir de très loin les fils grossiers qui tissent cette histoire… elle aurait pu faire une bonne novella, mais de là à en faire un roman… Ce n’était pas nécessaire.

En somme, Mexican Gothic est une amère déception. On ne peux que saluer l’excellent travail marketing des éditeurs VO et VF autour de cet ouvrage. En effet, tout est fait pour donner envie, et ça fonctionne ! Malheureusement, tout ce battage n’est pas à la hauteur du contenu, qui ne contentera pas les gros lecteurs de SFFF.

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Chronique Jeunesse : Le lion blanc

Une magnifique histoire d’amitié entre un jeune garçon et un lion blanc comme neige…

Réédité en 2020, Le lion blanc est un texte de Michael Morpurgo qui date de 1998. Je ne l’ai découvert que tout récemment, et comme souvent avec cet auteur, c’est une belle et touchante histoire qui mélange destin d’animaux et faits d’Histoire véridiques.

Une fuite précipitée d’un pensionnat guindé…

Une jeune garçon décide de fuir l’institut dans lequel il est pour ne plus être victime de harcèlement. L’un de ses camarades le moleste très régulièrement, et pour lui la vie au pensionnat est devenue intenable…
Mais à peine a-t-il quitté les murs de l’école et franchi la barrière qu’il fait la rencontre d’une dame âgée. Cette dernière lui propose de boire le thé chez lui et lui raconte l’histoire de Bertie, un ami d’enfance à elle.
Bertie a lui aussi étudié dans l’institut que le jeune homme vient de fuir… et son histoire est incroyable. Elle est liée au continent africain et à l’existence d’un lion blanc.

Une histoire touchante qui saura atteindre le cœur des jeunes lecteurs

Le lion blanc est une magnifique histoire. A la fois originale et emplie d’humanité, cette amitié improbable d’un petit garçon et d’un lionceau blanc a de quoi émerveiller.
J »ai beaucoup aimé le mélange des temporalités entre l’histoire de ce jeune garçon qui fuit l’institut et celle de Bertie, il y a plusieurs décennies. Elles ne sont pas liées directement, mais l’auteur dissémine quelques jolis points communs entre les deux jeunes hommes.

Mais surtout, ce que j’ai le plus apprécié, c’est l’histoire de Bertie sur le continent Africain. Son attrait démesuré pour la savane, qu’il n’a pas le droit de parcourir, même accompagné de son père. Il vit dans un immense domaine en plein milieu de la savane avec sa mère, aussi douce que très mélancolique. L’arrivée dans leur vie de ce lion blanc va tout bouleverser pour eux. On est tout de suite plongé dans l’histoire peu commune de Bertie et de cette amitié hors du commun.

Je suis persuadée que les jeunes lecteurs et lectrices d’environ 9 ans apprécierons grandement cette histoire. Elle est belle, a su me toucher tout en traitant de sujets très différents : la nature et sa beauté, la guerre et la dureté de la séparation… Les thématiques sont parfois très adultes, mais Morpurgo sait y faire pour créer un roman abordable, compréhensible et loin d’être bête.

Mon édition est assez ancienne et regroupe les illustrations de Jean-Michel Payet. Elles sont très douces et collent à merveille à l’histoire. La nouvelle version parue en 2020 a changé et propose cette fois-ci des illustrations de François Place et j’avoue qu’elles sont magnifiques ! Je crois que je les préfère encore à celles d’avant… elles sont tout aussi douces, aux couleurs pastels avec quantité de détails.

Conclusion, Le lion blanc est un classique de la littérature jeunesse qui a peut-être été oublié avec le temps. Sa réédition récente est l’opportunité de le (re)découvrir car il vaut le détour !