Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Appuyez sur étoile

Un magnifique roman sur la perte de nos aînés que l’on ne veut pas laisser partir… Une version de Les étoiles s’éteignent à l’aube version ado : sublime et triste tout à la fois.

Paru en 2017 aux éditions Sarbacane, Appuyez sur étoile est un roman ado signé par Sabrina Bensalah. Elle écrit peu, mais à chaque fois ses romans se font remarquer : Billie Fossette (collection Pépix chez Sarbacane), Vers le bleu (son premier et magnifique roman chez Exprim’ lui aussi) et plus récemment Diabolo Fraise en 2019, toujours chez Sarbacane.
J’avais déjà lu Billie Fossette, que j’avais apprécié, mais c’est la première fois que je découvre son œuvre pour ados avec Appuyez sur étoile. Et grand bien m’en a pris !

Comment dire au revoir quand ce n’est pas prévu au programme ?

Ils sont rares les romans pour la jeunesse ou les ados qui traitent de la vieillesse et de la mort, et pourtant c’est un sujet auquel nous sommes tous confronté à un moment. Pourquoi si peu d’ouvrages sur ce thème ? Ce n’est pas vendeur ? Il ne faut pas en parler car la mort est un sujet encore trop tabou ? J’imagine que c’est en partie pour cela, mais quand des livres comme Appuyez sur étoile tombent entre nos mains, impossible de ne pas être touché. Le sujet est traité avec tant d’humour et de justesse qu’il n’est plus question de pudeur ou de tabou : la mort fait partie du quotidien, et il vaut mieux l’affronter et aider l’autre à partir du mieux possible.

Un dernier rêve à accomplir

Pour la mémé d’Avril, son objectif est « simple » : finir ses jours dans la montagne et voir les étoiles en fermant une dernière fois les yeux… C’est ainsi que le but de sa grand-mère va devenir SON but. L’aider à franchir les dernières marches qui la mèneront ailleurs, loin de sa douce et folle petite-fille.
Mais avant tout cela, il y a de nombreuses étapes à franchir telles que le déni, la négation de l’état de sa grand-mère, ne pas voir le problème pour le faire disparaître… Mais ça ne marche qu’un temps.

Plus que l’histoire d’une perte, Appuyez sur étoile est avant tout une ode aux amitiés qui durent. Au fait que vieillir n’est pas le début de la fin mais le commencement d’une autre façon de vivre. Toutes les mémés dont s’occupe la douce Avril en les coiffant ont leurs particularité. On semble parfois oublier qu’elles ont été jeunes et qu’elles aussi ont fait des folies… Sabrina Bensalah est là pour nous le rappeler !
Et quand vous saurez quel était le métier de la grand-mère de la jeune femme, vous n’en reviendrez pas ! Ce métier si particulier lui a offert des amitiés incroyables et des sœurs indéfectibles.

Tout est touchant dans ce roman, mais jamais niais. Avril est un personnage d’une vivacité incroyable avec un grain de folie qu’on ne peux qu’aimer. De même, son sens de la répartie est aussi savoureux… Elle est d’ailleurs si lumineuse qu’elle n’attire que des personnes comme elle. Outre une belle image de la vieillesse, ce roman nous montre ce que de belles amitiés peuvent créer. De même que la solidarité entre les générations.

Appuyez sur étoile est un roman ado magnifique au message fort. Les passages les plus étranges y sont aussi les plus émouvants : ceux où la grand-mère d’Avril parle à quelqu’un au téléphone. Mais tout se passe dans sa tête, alors qui est-ce ? Si vous avez envie d’une belle histoire de vie et d’émotion tout à la fois, ce roman est parfait. Il est idéal à découvrir dès l’âge de 13 ans environ, mais pourrait tout à fait se savourer dans une édition de poche adulte !

Chronique Jeunesse : Raymond le démon – Tome 1 – Où est le mal ?

Avez-vous déjà lu le journal intime d’un démon pour enfants ? Quand ce sera fait vous allez avoir peur que Raymond réussisse à avoir sa promotion…

Luc Blanvillain est un auteur qui s’est installé dans le paysage éditorial français depuis une bonne petite dizaine d’années. Il écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les ados sans oublier les adultes. Il écrit énormément, je suis donc loin d’avoir lu tous ses ouvrages… Mais à chaque fois, je tombe sous le charme de son humour décapant et de son écriture toujours très juste. Le journal de Raymond le démon ne fait pas exception…

Parmi ses précédents romans, je peux notamment vous citer Crimes et jeans slims, un excellent roman policier pour la jeunesse qui ne manque pas d’humour. Ou encore Journal d’un nul débutant, absolument charmant comme j’aime… Cette fois-ci, avec Raymond, vous allez avoir de belles surprises… ! Vous avez déjà lu le journal intime d’un démon, vous ?

Une promotion à la clé…

Raymond est un démon… démoniaque. Rien de lui a encore résisté, et une belle carrière est en train de s’esquisser pour lui. C’est d’ailleurs le moment pour lui de faire un coup de maître afin d’avoir LA promotion dont il rêve depuis des millénaires. En effet, être démon pour enfants n’est pas très excitant ni épanouissant… Mais s’il réussit à mener sur la mauvaise pente la jeune Anne-Fleur Berzingue, il deviendra démon pour dictateurs et autre personnages détestables. Le rêve donc.

Mais ce dont il ne se doute pas encore, c’est que cette très chère Anne-Fleur est ADORABLE. Elle ne pense jamais à mal, aime son prochain et serait prête à tendre l’autre joue si elle était giflée… Autrement dit, Raymond a un problème de taille avec elle. Il va donc tout mettre en œuvre pour que la parfaite jeune fille se transforme en véritable rebelle et plus encore…

Une réussite hilarante !

Encore une fois Luc Blanvillain réussit à me faire rire et à créer une histoire originale, ce qui n’est pas chose aisée en jeunesse. Beaucoup de choses ont été faites, mais cette idée de démon pour enfants en attente d’une promotion est fort bien trouvée. Et tout aussi bien développée.

J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce premier tome des aventures de Raymond (la suite est prévue pour l’été 2022). Les dialogues sont savoureux et ne manquent pas de piquants… Et surtout, l’auteur réussit à bien mener sa barque et à surprendre ses lecteurs au fil de l’intrigue. C’est très bien joué… J’ai adoré.

Il y a toujours ce savant mélange entre écriture travaillée et humour très piquant, c’est devenu pour moi la signature des romans de Luc Blanvillain. De l’humour, de la tendresse et toujours une plume travaillée tout en sachant s’adresser à un jeune public (ne pas prendre les jeunes lecteurs pour des idiots en les infantilisant par exemple).
Pour moi, cet ouvrage est à classer pile entre La troisième vengeance de Robert Pouttifard de J.C. Mourlevat et Les Willoughby de Lois Lowry pour ce qui est de l’humour débordant.

Difficile de rentrer plus dans le détail sous peine de trop en dire, je vous demande juste de me faire confiance, ce petit roman est une réussite. Il s’adresse aux lecteurs et lectrices dès l’âge de 9 ans jusque 11 ans environ. Et en tant qu’adulte, j’ai passé un excellent moment, alors je gage que ce sera le cas aussi pour les enfants ! Alors vivement la suite…

Chronique : Le jeu de l’assassin

Paru en 2014 aux éditions Bragelonne, Le jeu de l’assassin est le premier tome d’une trilogie mais peut cependant se suffire à lui-même. Au programme : un empereur à tuer, une guerre et de la romance dans un univers fantasy assez classique.
Amy Raby est une autrice américaine, Le jeu de l’assassin fut un gros succès populaire et a remporté l’Emerald City Opener en 2010.

Une formation bien particulière…

Vitala est une jeune femme aux atouts aussi nombreux que discrets. Elle travaille pour un groupuscule secret, le Cercle d’Obsidienne, qui cherche à libérer le peuple Riorcan du joug Kjallan depuis des décennies. En effet, les riorcans sont soumis à l’esclavage ou doivent payer de lourds tribus pour rester en vie.

Cette oppression prendrait fin si seulement l’empereur kjallan se faisait assassiner. C’est là qu’entre en jeu Vitala et ses aptitudes pour l’assassinat. Pour cela, rien de plus simple, il lui suffit de mettre l’empereur dans son lit… Mais la mission est-elle aussi simple qu’il y paraît ?

Un démarrage prometteur mais un développement fort décevant

J’ai apprécié le premier tiers du roman car l’autrice a su créer un univers au fonctionnement sinon original, du moins intéressant. La façon qu’on les assassins du Cercle d’Obsidienne de parvenir à leur fin et d’utiliser le sexe comme arme, les pierres de pouvoir liées à une personne… C’était de bonnes idées mises au service d’une histoire qui démarrait bien. Mais une fois la romance entre la cible et son assassin débutée, l’histoire est comme cousue de fil blanc. Ne vous attendez pas à beaucoup de surprises ni d’originalité dans ce roman…

On peut cependant souligner l’effort de l’autrice pour créer des personnages atypiques : Vitala a ce que l’on peut qualifier de syndromes post-traumatiques (tels ceux que vivent les anciens combattants) et Lucien est un empereur unijambiste qui sait faire régner l’ordre malgré son handicap qu’il réussit à tirer à son avantage.
Mais c’est loin d’être suffisant pour nous offrir une intrigue flamboyante que l’on est en droit d’espérer quand on lit de la romance.

De plus, je suis déçue par l’univers dans son ensemble. Rien n’y est décrit, ni l’architecture ni les paysages, on ne sait donc pas où se campe l’histoire. Avec la couverture française, on est tenté de penser qu’on va lire de la fantasy orientale (je l’espérait), mais il n’en est rien. Le bâtiment que l’on observe au fond derrière Vitala a pourtant les caractéristiques d’un bâtiment de style oriental. Les lames qu’elle tient dans sa main sont recourbées et font penser à des cimeterres et autres types d’armes à la lame courbe… Quand on regarde les couvertures en VO, on découvre en paysage de fond un château caractéristique du moyen-âge, laissant penser qu’on est dans une fantasy inspirée du Moyen-Âge occidental.
En réalité, il n’y a aucun marqueur dans un sens ou dans l’autre, et c’est fort dommage car cela rend le roman très artificiel.

Ainsi, Le jeu de l’assassin est un ouvrage qui aurait pu être bon si seulement il avait réussit à s’émanciper des intrigues classiques de la fantasy et de la romance…

Mais le gros point noir réside surtout dans l’absence de spécificités de l’univers, totalement interchangeable et très peu marqué. Heureusement, Le jeu de l’assassin a beau faire partie d’une trilogie, il peut tout à fait se lire indépendamment, donc pas de frustration, juste de la déception…

AUTEUR :
GENRE : Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Magic Charly tomes 1 & 2

La fantasy jeunesse française a de très beaux jours devant elle, Magic Charly en est la preuve !

En seulement deux tomes, la saga Magic Charly a réussit à s’imposer dans les rayons jeunesse saturés par une offre toujours plus grande. Ici, l’originalité est au rendez-vous et surtout une histoire et un univers riche vous attendent. A la croisée des genres entre Terry Pratchett et J.K. Rowling, le tout à la sauce française ! La preuve, si elle était nécessaire, que les auteurs français savent créer leurs propres mondes et sortir des sentiers battus… Charge aux éditeur de fouiller un peu plus dans les manuscrits francophones et de prendre parfois des risques (calculés bien sûr).

Audrey Alwett n’est pas une débutante même si vous ne la connaissez peut-être pas. Elle est autrice depuis de nombreuses années et a déjà écrit un roman Les poisons de Katharz. C’est également elle qui écrit les scénarios de la bd Princesse Sarah. Elle est également la directrice du label Bad Wolf chez ActuSF. Magic Charly est une série fantastique parue chez Gallimard Jeunesse, deux tomes sont disponibles… Et c’est ultra addictif.

Souvenirs à vendre

Vous ne le savez peut-être pas, mais le monde des magiciers existe, et c’est ce que va découvrir de façon assez abrupte Charly. C’est ainsi qu’il apprend que sa grand-mère fait peut-être partie de cette société mystérieuse… mais elle-même ne semble se souvenir de RIEN. Pourquoi les souvenirs de sa grand-mère ont-ils disparus et comment les retrouver ?

C’est ainsi que la porte d’un univers totalement inconnu pour Charly s’ouvre… il va devoir tout y apprendre : ses codes, ses dangers, sa hiérarchie écrasante… et son école pour magiciers !

Passionnant, foisonnant et tout simplement génial

En seulement un seul tome, Audrey Alwett a réussit à rendre accros quantité de lecteurs. Et en deux tomes, elle a réussit à avoir des fans. Maintenant, Magic Charly fait pour moi partie du fonds en littérature jeunesse et fera partie des ouvrages sur lesquels il faudra compter dans la prochaine décennie.

Cette série a tout des grandes sagas fantastiques : des personnages forts, aisément attachants et uniques en leur genre (je pense notamment à la géniale/insupportable Sapotille) ou encore à la mini-serpillère… Un système magique qui a ses propres codes et qui n’est pas calqué sur un quelconque univers déjà-vu/lu. Les magiciers ont un quota de magie à ne pas dépasser, et cela créé toutes sortes de problèmes.

Et surtout, un univers absolument foisonnant et original avec son propre vocabulaire : quiétons (pour ceux qui ne perçoivent pas la magie), citrolles (citrouilles de transport faisant l’objet de courses très prisées par les magiciers), des grimoires volants et indisciplinés, des tartes-chercheuses qui s’écrasent sur la figure d’une personne ciblée au préalable, des chips magiques à ne pas manger en trop grande quantité sous peine de faire des dégâts…

C’est pour cette richesse extraordinaire que je suis tombée en amour de cette saga. Pour cela et aussi pour l’écriture captivante d’Audrey Alwett qui sait en peu de pages nous faire voyager vers un ailleurs ou souffle la magie… Et j’avoue que mon personnage préféré est et restera la petite serpillère aussi discrète que très attachante qui adore qu’on la récompense avec un seau d’eau sale.

Je ne saurais donc que trop vous conseiller de découvrir la saga Magic Charly, les deux tomes déjà parus sont extraordinaires. Vous le savez en lisant mes chroniques, je suis assez difficile et il faut vraiment que ce soit peu commun pour que je m’emballe à ce point. Et chose rare, le second tome est encore plus captivant que le premier ! Et surtout… à quand la suite ? L’attente est presque insupportable ! (mais je suis prête à attendre des années si Audrey Alwett en a besoin pour conserver une telle qualité narrative). C’est fouillé, malin, et captivant. Vous pouvez y aller les yeux fermés… C’est plus de 900 pages de pur bonheur, et c’est peut-être là que réside toute la magie ?

PS : Saluons également les magnifiques couvertures réalisées par Stan Manoukian. Elles sont sublimes et habillent de la plus belle des façon la saga (qu’est-ce qu’ils sont beaux dans la bibliothèque !). Chaque début de chapitre est également illustré très joliment avec un petit détail spécifique à la série…

PS** : Pour vous convaincre de ce gros coup de coeur, j’ai pris une photo des ouvrages dans la librairie où je travaille avec mon petit mot <3

PS*** : Si Gallimard Jeunesse ou l’autrice voient cet article, je recevrais avec un IMMENSE plaisir Audrey Alwett dans la librairie où je travaille (à 30 min de Paris). J’ai vendu plus de 200 exemplaires des deux tomes en cumulés depuis leur parution… C’est dire à quel point je crois en cette saga !

Chronique Jeunesse : Les monstres de Rookhaven

Second roman de Padraig Kenny à paraître en France, Les monstres de Rookaven est le premier tome d’une duologie. Comme pour son précédent roman – Les orphelins de métal – ce sont les éditions Lumen qui éditent l’ouvrage. Il est sorti en janvier 2022 en librairie.

Le roman est par ailleurs magnifiquement illustré par Edward Bettison, graphiste et illustrateur anglais.

Une étrange déchirure dans l’air

Tout commence par quelque chose qui semble flotter dans l’air… il s’avère qu’il s’agit d’une déchirure entre notre monde et un autre, totalement inconnu. Mais ce n’est pas cela qui va effrayer Jem et Tom, deux orphelins qui n’ont plus rien à perdre suite à la guerre.
C’est ainsi qu’ils traversent le passage et découvrent le Manoir et les étranges habitants qu’il renferme…

Une histoire de monstres

Qu’est-ce qu’un monstre ? C’est la question à laquelle tente de répondre Padraig Kenny au travers de ce roman jeunesse esthétique à l’ambiance désuète. Et les pires personnages ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit… comme nous allons le découvrir peu à peu.

Comme pour le précédent roman de l’auteur, j’ai passé un bon moment, mais sans trouver cette flamme que l’on recherche dans chaque lecture. L’ambiance y est maîtrisée et réussie mais cela ne suffit pas à mon sens. L’intrigue est en effet assez classique malgré un univers qui paraît très sombre au premier abord. L’idée de plantes carnivores ayant un attrait pour la chair humaine notament est une idée séduisante.
Je m’attendais cependant à quelque chose de plus gothique encore et de plus surprenant dans la durée. Ce ne fut pas le cas, et si vous avez déjà lu beaucoup de romans fantastiques, celui-là ne vous offrira pas une parenthèse très marquante.

Les illustrations d’Edward Bettison ajoutent cependant une atmosphère bien spéciale à l’ouvrage qui est absolument magnifique : couverture au papier mat avec quelques dorures sélectives rouges, illustrations intérieures nombreuses et sublimes… Rien à redire de ce côté là. L’édition de l’ouvrage est parfaitement réussie, de même que la traduction à partir de l’irlandais de Julie Lafon

Les monstres de Rookhaven fait donc son office, mais sans rien ajouter de plus en consistance à quantité d’autres romans. Certes, les personnages principaux sont des monstres, mais cela n’est pas suffisant pour qui aime s’évader et être surpris par sa lecture… Un bon roman en somme, mais pas suffisant pour les lecteurs déjà férus de lectures du même genre. A découvrir dès 11/12 ans.

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Chronique album jeunesse : Les secrets de la nature… quand la nuit tombe

Il est paru il y a peu aux éditions Larousse, voici la dernière petite merveille en date de l’illustratrice Freya Hartas et de l’autrice Rachel Williams. Le duo signe ainsi son quatrième album aux éditions Larousse en nous offrant de jolis prétextes (s’il en fallait) pour découvrir la nature et ses merveilles avec des illustrations très douces…

Une journée bien remplie

L’abeille a bien travaillé depuis ce matin, l’écureuil a caché comme il faut ses provisions, le nénuphar s’est ouvert toute la journée pour profiter des rayons du soleil… Il est maintenant temps de souhaiter une bonne nuit à toutes ces créatures qui s’épanouissent à la lumière du jour ! Alors, bonne nuit abeille ! Bonne nuit écureuil ! Bonne nuit nénuphar !
Mais à l’arrivée de la nuit, la nature est loin de se reposer, c’est juste que le temps est venu pour d’autres animaux de prendre la relève et de partir à l’aventure, alors… Bonjour chauve-souris ! Bonjour renard ! Et bonne nuit à l’enfant qui va dormir en sachant que la nature bruisse de mille petites vies autour de lui et que c’est parfait ainsi.

Un texte d’une douceur infinie à la hauteur des illustrations

Quoi de mieux comme livre-rituel pour aller dormir que celui-ci ? Les dessins de Freya Hartas sont doux, reposants et respirent le bien-être à eux tout seuls… Mais le texte de Rachel Williams ajoute encore à ce doux sentiment de plénitude.

J’aime l’idée de montrer aux enfants que quand la nuit arrive, une partie de la vie s’endort, mais une autre prend sa place. Et nous, humains nous nous inscrivons dans cette douce harmonie…
Les secrets de la nature quand la nuit tombe est un bel album à tous points de vue : la couverture de l’ouvrage a une texture agréable, les lettres brillent d’une jolies impression dorée… C’est une petite beauté !

Dans le même genre, il y avait eu il y a quelque temps Au bois dormant de Marc Boutavant à L’école des Loisirs. Mais là où il n’y avait qu’une jolie illustration, je trouve qu’ici la mission est réussie en alliant beauté de l’image et celle du texte.

Les secrets de la nature quand la nuit tombe est donc pour moi plus abouti alors que le contenu est très similaire à Au bois dormant.

Cet ouvrage sera parfaitement adapté pour les enfants dès l’âge de deux ans et demi jusque cinq ans environ. Pour moi, il peut participer efficacement à une lecture apaisante avant d’aller s’endormir comme l’écureuil ou encore le nénuphar…

Si cet ouvrage vous plaît ou du moins vous intrigue, sachez que la collection Les secrets de la nature comporte quatre ouvrages (en comptant celui chroniqué ci-dessus).

  • Les secrets de la nature au parc
  • Les secrets de la nature dans ton jardin
  • Les secrets de la nature
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Gallant

Une orpheline découvre qu’elle a une famille dans un mystérieux endroit nommé Gallant… Sa mère l’avait pourtant prévenue dans son journal qu’il ne fallait jamais qu’elle s’en approche pour sa sécurité… Mais l’attrait est trop fort, la voici à Gallant.

V.E. Schwab est une autrice américaine que je ne présente plus sur le blog. J’ai lu beaucoup de ses ouvrages (presque tous) et dire que j’attendais l’arrivée de Gallant en France frise l’euphémisme. Je voyais tellement d’avis positifs sur les réseaux sociaux (Instagram pour ne pas le citer) et sur Goodreads que l’attente était énorme. Alors, Gallant vaut-il le halo d’excellence qui brille autour de sa parution ?

Quand on ne possède rien, on n’espère rien

Olivia Prior est une orpheline assez banale si ce n’est qu’elle est muette et qu’elle voit des goules. Mais comme personne ne se préoccupe d’elle et la prend pour plus idiote que la normale, elle n’en a jamais fait mention et se fait la plus dicrète possible. En effet, les nones de Merilance sont dures à la tâche et extrêmement sévères avec leur pensionnaires.
Mais une lueur d’espoir apparaît dans l’existence morne et glauque d’Olivia quand elle apprend qu’une branche de sa famille vient de la retrouver et lui envoie une voiture pour rejoindre le domaine de Gallant.

Sa mère l’avait prévenue il y a des années dans son journal intime (seul objet qu’il lui reste d’elle) que pour sa sécurité, il ne faillait JAMAIS s’approcher de Gallant. Olivia ignorait s’il s’agissait d’une personne ou d’autre chose. Quand elle découvre qu’il s’agit du nom du domaine, cela ne change rien pour elle, bien trop ravie de quitter l’âpreté de la vie à l’orphelinat… Mais ce qu’elle va découvrir n’est-il pas pire ?

Un roman young-adult à l’ambiance gothique réussie, mais est-ce suffisant ?

Vous recherchez une ambiance ? Vous en aurez une très réussie. Des mystères ? Vous en aurez. Une intrigue réussie ? Je suis plus que mitigée… Pour moi, il ne suffit pas de réussir une atmosphère, il faut avant tout que l’histoire me prenne aux tripes. C’est le minimum que j’attendais de Gallant vu la « hype » autour.

Et bien ce fut une lourde déception. Je veux bien entendre que mes attentes étaient trop élevées, mais il faut se rendre compte du battage qu’il y eu autour de Gallant dès sa sortie US. Battage qui continue encore là-bas et qui se perpétue maintenant en France puisqu’il vient tout juste de sortir. Gallant n’est pas un mauvais roman, loin de là, mais c’est plus un roman d’ambiance que d’intrigue. Si vous partez de ce principe, je pense que la déception sera moindre.

Mais alors pourquoi un tel phénomène ? Déjà, il y a le nom de l’autrice, à lui seul il est devenu gage de qualité ce qui fut effectivement le cas pour moi avec ses précédents ouvrages. J’ai bien aimé les Cassidy Blake, et j’ai adoré la trilogie Shades of Magic. D’ailleurs, j’ai trouvé que Gallant alliait les idées de ces deux séries : Olivia voit des goules (pas exactement comme les fantômes que voit Cassidy, mais on est sur le même thème) et surtout il y l’idée d’un monde possédent plusieurs strates (comme les Londres rouge, blanc et noirs de Shades Of Magic). Gallant a pour moi fusionné ces deux séries mais sans en retirer une intrigue digne de ce nom…

L’ouvrage a une originalité, il laisse une place importante à l’illustration ce qui en fait une sorte de livre à énigmes. Mais malheureusement cette curiosité ne suffit pas à contenter un lecteur avide. En effet, c’est plus la mise en forme (et la beauté de l’ouvrage) qui en font un ouvrage intriguant, mais le reste est du déjà lu… Je vous met au défi ne pas deviner très rapidement certaines « révélations » et enjeux.

Alors, si vous cherchiez avec Gallant un roman addictif, passez votre chemin. Si toutefois vous êtes inconditionnel de l’œuvre de Schwab, son atmosphère déliquescente et fanée pourrait peut-être vous plaire. Gallant est plus un ouvrage de style que d’histoire. Les fans de romans à l’ambiance gothique et sombre y trouverons peut-être également leur content. Personnellement j’aime les romans de Schwab et les ambiances à la Shirley Jackson et les manoirs en ruines isolés de tout, mais ça ne m’a pas convaincue…


Alors à vous de vous faire votre propre avis sur la question !

PS : Toutes les photos de cet articles sont issues du magnifique kit de presse envoyé par les éditions Lumen. Faux dépliant pour l’orphelinat de Merilance, courrier de l’oncle Prior, dessins à l’encre, photo ancienne du manoir… Ils font toujours les choses en grand pour chaque parution, et ça, que l’on aime ou non l’ouvrage en question, c’est extrêmement appréciable.

Chronique jeunesse : Fear Street tome 1 & 2

Fear Street ou le grand retour de R.L. Stine sur la scène du roman horrifique jeunesse…

Dois-t-on vraiment présenter R.L. Stine, l’auteur des Chair de Poule et autres séries jeunesse à faire froid dans le dos ?

Avec Fear Street, c’est l’occasion de (re)découvrir un autre pan de son œuvre. La série date des années 90 et comprend plus d’une cinquantaine de tomes sans compter les hors-série. Certains ouvrages de Fear Street avaient été traduits de façon décousue à l’époque aux éditions J’ai Lu dans la collection jeunesse Peur Bleue sous d’autres titres.

Ainsi, par exemple La disparue (The New Girl en VO) est sorti il y a trente ans sous le titre Menaces de mort. Quant au second tome, The surprise party, il n’a jamais été traduit en France.  

Les éditions PKJ se proposent donc de dépoussiérer cette vieille série de romans et de la remettre graphiquement au goût du jour… tout en y ajoutant de la cohérence en les traduisant dans l’ordre d’origine. Il faut dire que la mode est au rétro depuis quelques années, et la série Stranger Things n’y est pas pour rien…

La traduction de ces deux premiers volumes est assurée par Guillaume Fournier, qui a déjà traduit parmi les plus gros best-sellers chez PKJ : Hunger Games, Le Labyrinthe, Uglies… Il s’agit d’une toute nouvelle traduction.

Cette remise au goût du jour des livres se fait en parallèle avec Netflix, qui va adapter la saga sous la forme de trois films inédits qui sortiront durant l’été 2021. Bande-annonce en fin d’article.

Bienvenue à Fear Street… la rue la plus étrange de tout Shadyside

Shadyside est une petite ville de banlieue américaine comme il y en a tant. Elle a son lycée, ses  habitants y vivent au calme… mais elle possède une facette bien sombre : Fear Street. Dans cette rue, certaines maisons sont abandonnées, d’autres sont tellement glauque qu’on passe très vite son chemin.

Fear Street, c’est la part de noirceur de cette petite ville en apparence tranquille… Dans ces deux premières histoires mettant en scène l’étrange rue, nous allons avoir à faire à une étrange disparition (ou apparition ?) ainsi qu’à un harcèlement de plus en plus terrifiant…

Parfait pour les jeunes amateurs de suspense !

Pour ceux qui ont été bercés par les Chair de Poule, Fear Street pourrait tout à fait convenir. Mais attention, ici point de fantastique, uniquement du suspense qui monte peu à peu. Fear Street est à classer dans le genre thriller pour préados.

L’âge idéal pour découvrir cette série est de 12 ans, pas avant car il y a quelques facettes très sombres dans la rue éponyme…

Le premier tome, La disparue, laisse planer un mystère tout du long concernant la nouvelle élève du lycée de Shadyside. Cory, le héros de cette histoire n’a d’yeux que pour elle. Il est tellement obsédé par la nouvelle qu’il en rate ses mouvement de gymnastique, essaye de trouver où elle habite… Car l’adolescente semble être en grand danger.

Dans le second intitulé Nuit Fatale, tout débute avec l’idée d’organiser une fête pour le retour d’une amie commune. On retrouve Cory ainsi que Lisa en bordure d’histoire. Mais l’histoire est contée du point de vue de Meg, une adolescente qui veut ressouder son groupe d’amis après un terrible drame. Mais des menaces sous toutes les formes commencent à pleuvoir sur elle depuis qu’elle a lancé l’idée de réunir tout le monde. Pourquoi ?

Ces deux romans se lisent de façon très fluide et plairont à tous ceux et celles qui aiment se faire un peu peur. Les histoires ne sont pas d’un suspense insoutenable, mais c’est plutôt pour baigner dans une certaine ambiance qu’elles pourront plaire aux lecteurs.

Ainsi, Fear Street sera la série de romans parfaite de cet été pour les gourmands de frissons et d’enquête où tout le monde est suspect jusqu’à la fin ! Sans prétention aucune sinon celle de distraire son lectorat sous le signe de l’angoisse…

Le sixième tome est d’ores et déjà prévu pour le mois d’avril, son titre ? La fugitive

Petite précision : il n’est pas nécessaire de respecter l’ordre de tomaison des ouvrages. Chaque histoire est indépendante même si on retrouve certains protagonistes d’un tome à l’autre. Allez vers celui qui vous tente le plus avant tout !

Chronique : Molly Souhtbourne tome 2 – La survie de Molly Soutbourne

On ne présente plus (si ?) Tade Thompson, auteur reconnu dans le monde de l’imaginaire notamment avec sa trilogie de Wormwood (J’ai Lu). Il est initialement psychologue, métier qu’il exerce en Angleterre, mais Tade Thompson a grandi au Nigéria. Il a remporté les prestigieux Prix Nommo en 2018 et Julia Verlanger en 2019.


La survie de Molly Southbourne fait directement suite aux Meurtres de Molly Southbourne, il est indispensable d’avoir lu le précédent pour profiter pleinement de l’intrigue.

De retour dans le monde des Molly

Nous laissons Molly où nous l’avions laissée à la fin de la précédente novella, un téléphone à la main devant une maison en flammes. Charge à elle de trouver un nouveau sens à sa vie qui semble constamment en danger, mais pas forcément à cause de ce que l’on croit…

Une suite en demi-teinte

Moi qui avait été subjuguée par le rythme, l’originalité et la douce violence des Meurtres de Molly Southbourne, cette seconde novella m’a quelque peu déçue.

Je n’ai pas retrouvé cette ambiance à la fois étrange et malaisante du premier tome. Les questions que l’on se posait sur l’origine des Molly vont trouver certaines de leur réponses, mais au final il est parfois préférable de conserver le mystère… Trop de révélations déflorent l’ambiance. On sait maintenant à quoi s’attendre, l’effet de surprise a disparu et il est plus difficile selon moi d’entretenir cette atmosphère qui était si plaisante…

Bien entendu, l’intrigue reste intéressante, mais je n’ai pas réussit à m’y intéresser autant que dans le premier ouvrage. Pour moi, Les meurtres de Molly Southbourne se suffit amplement à lui-même. J’ai d’ailleurs déjà commencé à oublier les tenants et aboutissants de ce second opus… c’est dire.

Malgré cette suite dispensable, on retrouve l’écriture simple et efficace de Tade Thompson et il faut avouer que ça fait plaisir. Cela n’est cependant pas suffisant pour en faire un texte percutant. Dommage !

Le premier tome, qui pour moi se suffit largement à lui-même.
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Chronique : Leur sang coule dans tes veines – The twisted tree – Tome 1

Le premier tome d’une série mêlant mythologie nordique, huis-clos aux allures de thriller fantastique, le tout avec un petit soupçon d’horreur loin d’être désagréable…

Paru tout début 2022, Leur sang coule dans tes veines (The twisted tree en VO) est le premier tome d’une duologie fantastique. En très peu de pages, vous serez plongé dans les nombreux mystères que cache la jeune Martha… pour certains malgré elle.

Il s’agit du premier roman de l’autrice anglaise Rachel Burge à paraître en France.

Un pouvoir étrange et malaisant…

Martha a un pouvoir aussi incroyable que très singulier. Elle peut ressentir les émotions vives ou lointaines d’une personne rien qu’en touchant ses vêtement. En fonction du tissu, de la matière, de la façon dont est conçu l’habit, elle pourra vous connaître de différentes manières. Certaines matières captent un aggloméra d’émotions, d’autres exsudent des sentiments à vif, d’autres infusent doucement au fil de la vie de leur propriétaire…

Vous l’aurez compris, le pouvoir de Martha est unique, incroyable et passionnant tout à la fois. A cause de ce dernier, elle est totalement perdue et a tenté à plusieurs reprises d’en parler à sa mère… Cette dernière à fait la sourde oreille. C’est ainsi que Martha décide d’en parler avec Mormor, sa grand-mère vivant sur une petite île très peu fréquentée de Norvège. Mais ses nombreuses lettres restent sans réponses…

C’est ainsi que Martha va elle-même en Norvège pour tirer les choses au clair. Elle est intimement persuadée que sa mère lui cache quelque chose et que sa grand-mère pourra répondre à ses très nombreuses questions…

Un huis-clos efficace à l’ambiance réussie

Plus que l’histoire, que j’ai trouvé assez classique dans son déroulement, c’est l’ambiance qui m’a fait le plus apprécier cet ouvrage. Rachel Burge réussit à créer sa propre version des contes et légendes nordiques pour les mettre au service de son histoire. C’est pour moi cela la vraie réussite.

Et surtout, l’autrice n’a pas peur d’abimer son héroïne, de la faire souffrir, la perdre par moments, et même la mutiler (vous en saurez très rapidement plus dès les premières pages). Martha ne manque ni de courage, ni de curiosité, et c’est pour cela que c’est une héroïne appréciable. Elle affronte l’adversité et ses nombreuses peurs au fur et à mesure que son histoire se complique, se densifie…

Leur sang coule dans tes veines est un thriller fantastique young-adult qui se déroule en huis-clos, réussit qui plus est. J’ai beaucoup aimé découvrir peu à peu la petite maison de Mormor, ses secrets enfouis, ses indices inquiétants… Les mystères qui s’épaississent à l’image de la neige qui s’entasse au fil des heures.

En plus de cette partie à suspense omniprésente, il y a également tout un pan de romance qui peu à peu prend place… mais jusqu’où ? A vous de le découvrir…

Et je ne vous ai pas non plus parlé des très nombreuses (et parfois cachées) références à la mythologie nordique. Un régal. Et encore, je suis sûre de ne pas avoir décelé tous les indices, même si j’étais assez fière d’en reconnaître quelques-uns.

C’est d’ailleurs pour cela que je trouve si dommage que l’éditeur ait mis cette phrase d’accroche en haut de la couverture : « Descendante d’Odin, fille d’aujourd’hui« . Je trouve qu’à cause de cette dernière, on nous gâche toute la partie découverte de l’histoire. Même la couverture a su garder sa part de mystère (ce qui n’était pas chose aisée), je trouve dommage de nous priver de cette découverte que nous, lecteur.ice nous aurions fait nous-mêmes au bout de quelques chapitres, voir plus car les indices sont extrêmement ténus au début…

Quoi qu’il en soit, cette lecture fut extrêmement agréable et sous tension tout à la fois. C’est réussit, assez prenant rapidement… bref, ça fonctionne parfaitement à mes yeux. Je vous conseille cette lecture dès l’âge de 13 ans, ce sera l’idéal ! Le plus : on fait une belle incursion dans la culture norvégienne, particulièrement dans sa mythologie et ses monstres.

Il y a une suite déjà parue en VO, mais vous pouvez tout à fait vous arrêter là si vous le souhaitez. Ce premier tome nous offre une vraie conclusion (même si quelques interrogations ne sont pas résolues) et ne vous oblige en rien à lire la suite si vous en avez assez des séries…