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Chronique essai : Tokyo Crush

Un témoignage passionnant sur le Japon vu par une française au travers des applis de rencontre !

Vanessa Montalbano est partie au Japon avec un visa vacances/travail. Quand elle a débarqué là-bas, elle ne parlait pas un mot de japonais ! Mais peu à peu, elle a appris la langue, la culture, les myriades de nuances dans la façon de s’exprimer, les goûts étranges de certains japonais et tant d’autres choses passionnantes. Tokyo Crush est à la fois un essai sur la société nippone au travers de ses amours, mais également un témoignage passionnant d’une expatriée curieuse.

Le Japon comme on ne l’a jamais lu

Je ne vais pas vous faire une chronique traditionnelle avec un tel livre. Je vais plutôt vous parler des passages qui m’ont le plus intéressée ou plu.

Par exemple, saviez vous qu’au Japon (et dans d’autres pays d’Asie), il n’est pas rare que dans les premières questions, celle du groupe sanguin soit demandée ? En effet, le groupe sanguin d’une personne est très importante pour nombre de japonais, il permet de connaître le caractère d’une personne (un peu comme les signes astrologiques chez nous). L’information du groupe sanguin est même publique quand il s’agit de personnalité politique ou de personnages publics.

Autre fait incroyable, les fantasmes de certains sont très spécifiques. Je savais déjà que l’on pouvait acheter des petites culottes portée par des femmes (ou même se les faire voler sur son balcon), mais je ne savais pas qu’il y avait un nom pour certains fétichismes bien précis !


Par exemple, connaissez-vous le zettai ryōiki ? Il s’agit de la partie des cuisses nue entre une jupe et des bas. Ou encore le paislash ? Il s’agit d’avoir la poitrine divisée par la lanière d’un sac en bandoulière.
Il faut également savoir qu’il est tout à fait légal au Japon (et facile de les trouver) de lire des mangas pornographiques mettant en scène des enfants. Ahurissant n’est-ce pas ?

Comme de nombreux romans nippons le prouvent, le Japon est une société profondément sexiste. C’est ainsi que j’ai appris qu’il y avait eu un scandale des écoles de médecine là-bas. Les résultats avaient été truqués durant des années pour favoriser les hommes au concours d’entrée en médecine. La raison ? Les femmes arrêteraient de pratiquer la médecine au bout de quelque temps ou travailleraient moins une fois qu’elles seraient mariées et mères…

Bon, je viens de vous mentionner les pires choses incroyables que j’ai lues dans cet ouvrage sur le Japon. Mais Vanessa Montalbana raconte des expériences très diverses et passionnantes. Par exemple, fait amusant, beaucoup de japonais avec qui elle a eu une aventure d’un soir s’excusaient de la taille de leur pénis… Ils en étaient extrêmement complexés.

Elle nous explique aussi à quel point la culture japonaise est codifiée. On le sait, dans une moindre mesure, mais elle l’a expérimenté en étant notamment serveuse : servir les personnes les plus importantes du groupe en premier, poser le plat dans le bon sens (oui, il y a un sens !, etc.). Il y a une quantité de petites bévues à ne pas faire, de non-dits lourds de sens qui peuvent mettre mal à l’aise la personne en face si l’on a pas les codes… Ce qui est arrivé de nombreuses fois à l’autrice.

Autre fait surprenant et vraiment chouette pour le coup, les baignoires japonaises ont une option pour conserver chaude l’eau du bain ou la réchauffer pour se baigner à nouveau le lendemain. Je trouve ça génial !

Toutes ces petites choses et quantité d’autres encore, font que le Japon est un pays fascinant, étrange et même impressionnant pour qui n’en possède par les nuances. Vanessa Montalbano a mis des années à les apprécier, les comprendre, et nous offre dans cet ouvrage un aperçu des nombreuses épreuves qu’elle a surmonté pour en embrasser toute la complexité. Un ouvrage indispensable à tous les amoureux de Japon qui veulent en savoir encore et toujours plus sur cet incroyable pays aux paradoxes toujours plus surprenants.

Chronique essai : Avortée – Une histoire intime de l’IVG

Un ouvrage percutant et indispensable sur un sujet qui ne devrait plus être tabou : l’avortement

Pauline Harmange est une autrice et une essayiste française, elle s’est fait remarquer à la parution de son premier ouvrage : Moi, les hommes je les déteste. Un ouvrage au titre qui a assez dérangé pour risquer l’interdiction… en France. Ladite tentative d’interdiction du texte ayant créé un effet Streisand, l’ouvrage a bénéficié d’une surmédiatisation involontaire et a été traduit dans quantité de langues !

Aujourd’hui, Pauline Harmange s’attaque à un autre sujet : l’avortement. Elle-même en a vécu un, et elle explique le difficile cheminement qui l’a amené à ce choix.

Un essai extrêmement court et passionnant

Je ne vais pas tenter de vous faire une chronique d’un essai aussi intime et personnel que celui-ci, où l’autrice nous ouvre son cœur, et même ses entrailles. Le but n’est pas de vous dire que c’est génial ou non. Non, j’avais juste envie de parler de l’existence de cet essai que j’ai trouvé brillant, intelligent et sans jugement.

Il faudrait qu’il y ait beaucoup plus d’ouvrages de ce type : des essais qui ne donnent pas de réponses mais offrent la possibilité à ses lecteurs.ices de réfléchir, s’interroger, dialoguer.

Je n’imagine pas le courage qu’il a fallut à Pauline Harmange pour écrire sur un sujet aussi personnel et avec autant de clarté. Tout est clair, concis, développé et extrêmement factuel. Elle nous énonce des faits, et son sentiment face à ces faits. Ce qu’elle a vécu est évidemment en première ligne, car son essai est avant-tout un témoignage. Cependant, elle laisse une très grande place à la réflexion tout au long de son texte.

Avortée est très court, même pas cent pages, mais il est d’une intensité telle qu’il se lit d’une traite. Premièrement car on a envie de savoir comment son parcours s’est déroulé, ensuite pour en apprendre plus sur la politique d’avortement dans le monde. C’est ainsi que l’on découvre qu’en France, le délai de trois mois est franchement court, obligeant certaines à contourner la loi et à prendre des risques pour leur santé…

Si vous n’avez jamais lu d’ouvrage de Pauline Harmange, je ne vous conseillerais Avortée que si le sujet vous intéresse ou vous questionne. Sinon, je vous suggère de commencer par Moi, les hommes je les déteste. L’autrice a toujours le don de mélanger sa propre expérience pour la mettre en miroir avec notre société et ses écueils. Et comme elle fait toujours cela de façon percutante, je l’adore. Quoi qu’il en soit, faites-vous votre propre avis !

TRANCHE d´ÂGE :

CHRONIQUE : Le bleu ne va pas à tous les garçons

Paru en juin 2021 aux éditions De Saxus, cet ouvrage est un témoignage encore rare d’un africain-amériquain queer. Sa démarche est simple : ouvrir la voix aux jeunes queers comme lui, mais également à tous les autres. Tous les membres de la communauté LGBTQIAP+ pourrons être intéressés par cet ouvrage, mais pas seulement.
En effet, en tant que lectrice cisgenre blanche, j’ai également trouvé de quoi apprendre et mieux comprendre tout un cheminement que certain.e.s ont dû traverser. En somme, il n’y a pas besoin d’être concerné directement pour s’intéresser au sujet et lire ce livre.

Une vie à la frontière des genres

George M. Johnson a eu de la chance et il le dit constamment dans son ouvrage : il a été entouré d’énormément d’amour. Constamment, indéfectiblement, inconditionnellement. Et c’est assez rare pour le souligner quand on sait que quantité d’enfants avouant leur différence sexuelle à leurs parents sont rejetés, parfois même mis à la rue.

Son histoire est double : c’est celle d’un petit garçon noir aux États-Unis et celle d’un queer qui ne sait pas encore mettre des mots sur ce qu’il est, mais qui sait qu’il est différent. On le lui rappelle déjà trop souvent : il se déhanche trop, ne devrait pas s’intéresser à la corde à sauter, ne devrait pas non plus rechercher la compagnie des filles plutôt que celle des garçons… etc.

Mais la résilience de George M. Johnson semble infinie grâce à cet entourage précieux qui le protège tout en sachant qu’il est différent. Ou plutôt, iel est différent, l’auteurice souhaitant être désigné sous les pronoms iel et ellui.

Une histoire des Etats-Unis différentes de celle que les jeunes américain.es apprennent

Lire Le bleu ne va pas à tous les garçons c’est balayer au passage tout ce que l’on pense connaître de l’histoire des États-Unis et de ses « héros ». Je pense notamment au chapitre « Honest Abe » m’a menti, Honest Abe étant le surnom donné à Abraham Lincoln. Ce dernier est représenté comme le symbole de l’abolitionnisme alors qu’il n’était pas aussi égalitaire que cela. La preuve ? Certaines des citations de Lincoln que l’auteur nous propose dans son ouvrage :

« Attendu qu’elles ne puissent vivre ainsi, et tant qu’elles restent jointes, il doit exister une position supérieure et inférieure. Et moi, comme tout autre homme, je soutiens que la race blanche soit en position supérieure ».

Abraham Lincoln

Ou encore…

« Je n’ai pas l’objectif, ni direct ni indirect, d’intervenir au sujet de l’institution de l’esclavage dans les états où elle existe. A mon sens, je n’en ai ni le droit légal ni le désir ».

Abraham Lincoln

Avouez que ça calme de découvrir cela. Personnellement, j’ignorais ce pan de la personnalité de Lincoln et par extension de l’histoire des États-Unis. Manque de culture de ma part ? Certainement, mais il faut également souligner que cette facette de l’ancien président des États-Unis est totalement occultée. En effet, l’auteur nous explique que cette facette de l’histoire n’était pas dans ses manuels. Il a découvert cela plus tard, au collège, dans une école où les élèves étaient majoritairement Noirs. Avant cela, il était dans une école où les blancs étaient majoritaires et c’est une tout autre Histoire qui lui avait été contée…

Ces découvertes de la vérité ont concouru à construire la personnalité de George M. Johnson, à affiner son esprit critique et à poser des questions autour de lui. Il incite à toujours creuser la question quelle qu’elle soit quand on relève une curiosité, une incohérence dans un discours ou autre.

Ce témoignage n’est pas un manuel de survie pour les LGBTQUIAP+, mais plus un guide de cheminement qui mène toujours à la même chose au final : l’amour. L’auteur a traversé quantité d’épreuves (dont il parle assez peu finalement, préférant se concentrer sur le positif et n’étant jamais misérabiliste) : microagressions en quantité, agressions véritables, deuil, humiliations… Mais il réussit à trouver sa voix et à s’imposer avec brio. Il va même devenir président de sa fraternité étudiante : Alpha Phi Alpha.

J’aurais aimé découvrir plus d’épreuves qu’il a traversées car elles ont l’air d’être beaucoup plus nombreuses que ce qu’il mentionne. Mais ce mélange d’Histoire occultée, de remarques désagréables, de mises à l’écart, de recherche de soi quand les cours d’éducation sexuelle ne parlent que d’abstinence pour les hétéros, voilà ce qu’est cet ouvrage.

Ce livre est donc nécessaire, utile et indispensable. Espérons qu’il aidera à faire bouger les lignes encore très rigides de notre société sur l’aspect du genre. C’est également l’occasion de découvrir un pan de la culture africaine-américaine. Je n’ai qu’une envie : en découvrir plus.
Mon seul regret concerne seulement certains passages du livre, où l’auteur aurait pu développer plus amplement. Notamment concernant ses études et sa fraternité (mais il y a le sceau du secret j’imagine…).

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Chronique : La boîte noire

Un témoignage aussi terrible qu’indispensable par une journaliste japonaise victime de viol

Paru aux éditions Picquier en 2019, La boîte noire est un témoignage écrit par la journaliste Ito Shiori. Elle y raconte de façon factuelle ce qu’elle a vécu : un terrible viol.

Mais la voix des victimes est encore et toujours difficile à faire entendre, et cela encore plus au pays du soleil levant, où les freins semblent décuplés. C’était sans compter sur le courage et la pugnacité de cette femme admirable qui livre ici son parcours et son combat pour elle et pour toutes les femmes. Le mouvement #metoo au Japon prend son essor, notamment par son biais…
Cet ouvrage a reçu le Best Journalism Award en 2018.

Un ouvrage nécessaire

Parfois difficile à lire tant les scènes décrites par Ito Shiori sont terribles (je parle plus des phases de déni des autorités que de l’acte de viol en lui-même), La boîte noire est un ouvrage indispensable.

A lui seul, ce roman a réussi à faire bouger certaines lignes de l’administration japonaise très rigide et machiste. Mais ce n’est qu’un premier pas vers ce que doit devenir le Japon. Pays exemplaire dans quantité de domaines, celui du respect des femmes et de leur écoute n’en fait pas partie…

Quand Ito Shiori a trouvé le courage d’aller voir la police, une semaine après les faits, elle a raconté son histoire à une agente… de la circulation. Qui l’a redirigée ensuite vers un autre collègue à qui elle a dû tout réexpliquer. Ce dernier ne cessant de lui répéter que ça n’allait pas être facile de porter plainte, qu’il fallait être vraiment sûre avant de le faire, que ça pouvait jouer sur sa carrière… Bref tout été fait pour qu’elle abandonne.
Aucune oreille attentive, même du côté des associations qui n’offrent pas d’assistance téléphonique et demande à la victime encore sonnée de se rendre surplace et refusent de délivrer la moindre aide par téléphone.
Tout cela n’est pas normal, et ce n’est qu’une toute petite partie de ce que nous conte Ito Shiori sans sentimentalisme, juste avec les faits bruts.

Ce récit m’a bouleversée, mise en colère, j’ai eu l’impression d’être beaucoup plus prise par l’émotion que l’autrice elle-même, qui arrive à maintenir une certaine distance avec les faits. Certainement pour ne pas sombrer ou réagir avec un excès d’émotions. C’est tout à son honneur, mais elle a fait face à tant d’injustices et de détours dans son combat que l’on ne peux que l’admirer.

Je vous conseille vivement de découvrir La boîte noire, cet ouvrage éclaire une fois de plus tout le chemin à parcourir pour les femmes et cela quel que soit le pays. Les choses avancent, mais il ne faut rien lâcher et continuer le combat. Ito Shiori est devenue l’une de ces figures : courageuse et superbe dans sa lutte.

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Chronique : Une autre histoire

Une chute brutale, un témoignage étrange, un lourd passé… Que s’est-il passé exactement dans cette église désacralisée transformée en logement social ?

Paru aux éditions Sonatine en 2018, Une autre histoire est un thriller psychologique écrit par Sarah Naughton. Il est paru depuis en poche aux éditions Pocket en 2019.

La vérité n’est jamais là où l’attend

Mags est une avocate à qui la vie sourit. Du moins, elle a fait en sorte que la vie lui sourit, car son passé est loin d’être reluisant. Elle vit et travaille à Las Vegas, aime son travail, s’est forgé une carrière grâce à son travail…

Mais le passé se rappelle à elle quand elle apprend que son frère a été victime d’une chute. Il est dans le coma, et nul de sait s’il se réveillera. Son pronostic vital étant fortement engagé… Il semblerait que cette terrible chute soit due à un suicide.

En qualité de sœur, Mags est tenue de se rendre à Londres pour voir son frère et s’occuper de l’administratif. Mais à peine est-elle arrivée dans la capitale, elle décide de creuser cette histoire de suicide. Pourquoi Abe aurait-il voulu se suicider ? Et pourquoi le témoignage de Jody, sa petite amie est-il si nébuleux ?

Une histoire qui fonctionne

Dans le genre thriller psychologique, Une autre histoire sait mener son lecteur. Efficace, avec peu de personnages, mais tous très réussis. Une temporalité quelque peu bousculée à bon escient pour ajouter un peu de piment à l’intrigue… J’ai passé un excellent moment de lecture.

Même si certains indices ont parfois été un peu trop évidents, c’est avec plaisir que l’on suit le déroulé de cette histoire dans le Londres des oubliés. Ici, c’est le choc des cultures pour Mags, habitué au meilleur à grâce à son travail d’avocate de Vegas. Mais quand elle décide de vivre dans le logement social de son frère durant le temps qu’il passera à l’hôpital, elle découvre la réalité de la vie pour certains.

C’est donc à la fois un thriller psychologique et un roman social que l’on découvre ici. Une facette de la vie londonienne des laissés pour compte, la difficulté à trouver un travail, à affronter les fins de mois…

Le lieu qui abrite toutes ces âmes perdues est ainsi bien choisi : c’est une église désacralisée qui devient le théâtre central de l’intrigue. Des vitraux pour vitre, une magnifique clé de voute pour plafond, l’église réaménagée pour les plus démunis est un magnifique symbole.

Alors si vous aimez les romans qui se lisent vite et dont vous avez envie de connaître l’issue, celui-ci sera parfait ! Ce n’est pas le genre que l’on relit, mais un passe un excellent moment de lecture, et c’est bien ce que l’on cherche avant tout, non ?

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Chronique : Basse naissance

Un ouvrage où l’on retrouve avec plaisir Kerry Hudson et sa plume passionnante prête à disséquer la société qui l’entoure… Cette fois-ci, ce n’est pas un roman qu’elle nous offre, mais une analyse poussée de son enfance Écossaise dans la misère financière et intellectuelle. Tout cela sans jamais y inclure une once de misérabilisme. Exercice magistral et passionnant.

Kerry Hudson est une autrice écossaise. Elle a auparavant écrit deux romans, tous deux remarquables. Le premier, très autobiographique : Tony Hogan ma payé un ice-cream soda avant de me piquer maman (chronique ici). Le second, La couleur de l’eau (chronique ici) qui a reçu le Prix Fémina étranger.

Avec Basse naissance, Kerry Hudson regarde par-dessus son épaule et (re)découvre l’enfance qu’elle a eu. Tout en découvrant qu’elle est loin d’avoir été la seule à vivre une enfance aussi démunie…

Ce récit de Kerry Hudson m’a beaucoup fait penser aux photos de Joseph Philippe Bevillard. Ce photographe a pris des centaines de clichés des gens du voyage irlandais. Aucun rapport donc, si ce n’est dans l’esprit. Cette pauvreté mise à nu sans misérabilisme. Ce paradoxe entre misère et bonheur mais également conscience de ne pas être dans la norme.

Un portrait de l’Ecosse et de ses écueils socio-économiques

On ne se rend pas compte à quel point l’invisibilité d’une famille monoparentale est violente. A quel point quantité de choses auraient pu tourner encore plus mal pour Kerry Hudson. Elle le dit elle-même, elle a eu de la chance, elle s’en est sortie.

Sortie des relations familiales toxiques, échappée du cercle vicieux du déséquilibre financier perpétuel.

Elle ne roule pas sur l’or, mais elle subvient à ses besoins, et a la chance de pouvoir s’acheter ce qu’elle souhaite quand elle le souhaite dans la mesure du raisonnable. Cela peut sembler étrange comme façon de voir, mais on comprend mieux ce que Kerry Hudson entend par là en lisant son ouvrage.

Passionnant, entre l’Ecosse d’hier et d’aujourd’hui, elle reprend le chemin de son enfance. Il est parfois difficile de repenser à certains événements pour elle, mais elle réussit l’exploit de ne jamais tomber dans le pathos.

Ainsi la suivons-nous dans une Ecosse de l’Est industrialisée et laissée à l’abandon à tous les niveaux : Aberdeen, Hetton-le-Hole, Airdrie…

C’est un ouvrage percutant, je pense me souvenir toute ma vie des quelques premières pages de l’ouvrage. De simples et terribles statistiques nous sont lancées par Kerry Hudson, et quand on comprend qu’elle a vécu la plupart des drames mentionnés et « qu’elle s’en est sortie », comme elle le dit, on a peine à y croire.

Sa vie est incroyable, sa résilience l’est tout autant.

Basse naissance est un ouvrage saisissant, à la fois chronique d’une Ecosse révolue et totalement actuelle. Un livre nécessaire qui peut faire écho à quantité d’actualités… Passionnant, positif malgré les apparences car Kerry Hudson a « vu quelque chose à l’horizon et s’est mise à courir ».

Coup de cœur absolu.

Crédit : Joseph-Philippe Bevillard.

Chronique : Journal d’une princesse

L’un des journaux intimes de Carrie Fisher, publié pour la première fois en France ! Un ouvrage qui apporte du recul face à l’œuvre de cette actrice géniale qui a traversé beaucoup d’épreuves…

Carrie Fisher était une actrice emblématique, elle fut révélé au monde lors de la sortie du tout premier opus de Star Wars (Star Wars IV – Un nouvel espoir). Journal d’une princesse est un mélange de ses journaux intimes écrits durant le tournage du premier Star Wars et d’écrits réalisés quarante ans plus tard. Plein de pudeur et de recul, on découvre l’état d’esprit de Carrie Fisher durant le tournage et les rêves qu’elle avait plein la tête !

Le point de vue d’une icône en devenir

Elle avait des étoiles plein les yeux et ne savait pas qu’elle deviendrait une star internationale, voici l’histoire d’une grande dame : Carrie Fisher.

Extraits de journaux intimes, témoignage, photos d’archives… voici l’histoire d’une grande dame du cinéma. Découvrez-la comme vous ne l’avez jamais vue grâce à ce journal un peu particulier et fort intéressant !

Un récit inattendu et très instructif !

Les épreuves non corrigées (enc) de l’ouvrage, gentiment envoyées par une super représentante !

Malgré les paillettes et le succès qui lui est tombé dessus, Carrie Fisher a toujours été quelqu’un qui a eu les pieds sur terre. Comme si elle n’avait jamais vraiment réalisé pleinement le succès qu’elle a connu durant des décennies…  

Ce côté très naïf qu’elle avait d’être et de percevoir les gens a longtemps fait partie d’elle. Elle avait à peine vingt ans lorsqu’elle a commencé le tournage de ce qui allait être un succès planétaire. Elle n’avait pas prévu qu’elle serait une icône pour toute une génération. C’est ainsi qu’on lit ses découvertes, ses rencontres, son intégration autour de l’équipe de tournage, sa difficulté à se mêler aux autres au début…

On découvre même sa relation avec Harrison Ford alors qu’il était encore marié ! Elle avait même trouvé un nom à cette relation : Carrison. Elle en était terriblement amoureuse à l’époque, et c’est une blessure qu’elle n’a jamais vraiment réussit à oublier… Elle en parle énormément dans l’ouvrage.

Attention à ceux qui pensent en découvrir beaucoup sur l’univers Star Wars, ils pourraient être déçus. Ici, on se concentre sur l’humain, les relations qu’a peu à peu tissées Carrie Fisher. Et elle a beau être assez discrète, elle parle également de ses problèmes de dépendance. L’actrice a beau être un symbole pour toute une génération, on sent qu’elle à du mal à se considérer comme telle, ce qui la rend fragile, et terriblement touchante.

J’ai trouvé son journal très humain, il nous rapproche d’elle comme jamais. On comprend son sentiment d’enfermement par moments, son besoin viscéral de ne jamais décevoir les fans, son implication dans son travail… Quand on sait comment elle a fini et comment certaines personnes dites « de confiance » ont profité d’elle, on comprend mieux son parcours et ses blessures.

Je ne connaissais absolument pas la femme derrière la princesse, et ce que j’y ai vu m’a beaucoup plu, et attristé également. C’est parfois un peu naïf, mais certains de ses textes ont été écrits à l’âge de vingt ans, cela peut expliquer le côté fleur-bleue.

Quoi qu’il en soit, c’est un livre-témoignage touchant à découvrir si l’on aime Star Wars, oui, mais surtout pour connaitre la grande dame qui n’a été « que » la princesse Léia pour des millions de personnes.

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Actualité éditoriale : Ces romans à paraître en fin d’année 2017 qui me tentent énormément… – Partie I

La rentrée littéraire 2017 approche à grands pas… et avec elle son lot de tentations ! Que ce soit en littérature dite blanche ou dans le domaine de l’imaginaire, il y de quoi contenter tout le monde, dans tous les formats. Il y en a d’ailleurs tellement qui me tentent que je suis dans l’obligation de couper en plusieurs parties l’article (au moins trois), pour ne pas que vous frôliez l’indigestion livresque. Comme d’habitude, cet article de présentation est TOTALEMENT subjectif et n’est que le reflet de mes envies. Le but étant encore et toujours de remplir la bibliothèque des plus merveilleux livres possibles. (Pour les curieux, j’ai rédigé le même type d’article sur les nouveautés en albums jeunesse à paraître).

La fée, la pie et le printemps – Elisabeth Ebory – ActuSF

Et on commence les hostilités avec un roman au visuel magnifique et à l’argumentaire tentant. « En Angleterre, les légendes ont été mises sous clé depuis longtemps. La fée Rêvage complote pour détruire cette prison et retrouver son pouvoir sur l’humanité. Elle a même glissé un changeling dans le berceau de la reine...« 

Un résumé aux allures féériques, une aventure qui a l’air un peu folle… Il n’en faut pas plus ! D’autant que je viens de voir que l’ouvrage sera publié sous le label Bad Wolf, collection d’ActuSF que j’adore tout particulièrement pour son format et son esthétique… Bref, ça sort le 19 août 2017.

Pour les plus curieux, vous pouvez même découvrir les 30 premières pages du roman dès maintenant sur le site de l’éditeur.

Derniers feux sur Sunset – Stewart O’Nan – Points

Un roman sur le monde du cinéma ayant pour personnage principal Francis Scott Fitzgerald ? Je prends ! L’ambiance, l’époque, l’atmosphère… tout contribue à donner envie de lire ce roman qui fut très plébiscité lors de sa parution en grand format. Il arrive en poche le 17 août prochain.

« En 1937, Francis Scott Fitzgerald devient scénariste pour la Métro Goldwyn Mayer. C’est l’Age d’Or d’Hollywood, du jazz et des parties mémorables. Ses collègues se nomment Dorothy Parker, Humphrey Bogart, Greta Garbo. Loin de sa chère Zelda, internée, et de sa fille Scottie, Fitzgerald est perdu. Il tente de préserver leur vie familiale, mais tombe amoureux de Sheilah Graham, une journaliste mondaine qu’il a prise pour une aristocrate anglaise. Ces trois dernières années-là sont celles de la lutte acharnée que mène Scott contre ses ennemis : l’alcool, la dépression, et le peu d’estime qu’il a pour lui-même. Oui, Hollywood sera pour lui « l’envers du Paradis », un lieu de souffrance et peut-être d’expiation… Ecrivain de l’intime, conteur de talent, Stewart O’Nan dévoile dans Derniers feux sur Sunset le vrai visage de Fitzgerald : celui d’un homme brisé par la vie, tandis que la fête bat son plein. Un livre poignant et plein de nostalgie.« 

Le monde flottant – Alan Spence – Editions Héloïse d’Ormesson

Dès qu’un ouvrage, qu’il soit documentaire ou romancé à propos du Japon paraît, ça m’intéresse ! Dans Le monde flottant, l’Écossais Alan Spence nous propose un roman « typiquement » nippon. Il s’agit d’une réédition d’un ouvrage déjà paru chez le même éditeur en 2010. Affaire à suivre, mais ce titre m’intrigue fortement et je pense qu’il peut être très intéressant à découvrir, d’autant que les éditions Héloïse d’Ormesson ont un catalogue aussi varié que qualitatif.

« 1858. Tom Glover, 15 ans, est courtier maritime à Aberdeen, lorsqu’on lui propose le poste de contremaître du comptoir d’import-export, à Nagasaki. Sans trop hésiter, le jeune aventurier quitte son Écosse natale pour tenter sa chance en Orient, et voit vite son audace récompensée. Prêt à relever tous les défis, il se lance dans le commerce de la soie, du riz, des armes, de l’opium, des navires ; il fonde une manufacture de thé, ouvre une mine de charbon. Glover, rebaptisé Guraba-san, est l’un des moteurs de la révolution dans ce Japon sur le point d’être propulsé du système féodal à la modernité.
De 1859 à 1945, ce personnage hors normes, doué d’une énergie incomparable, connaît une réussite industrielle et financière époustouflante. Trafiquant et capitaliste intrépide, il nourrit également une passion sincère pour le pays et se révèle un redoutable stratège dans les relations entre Occidentaux et Japonais. Initié à l’éthique samouraï, au zen et à la poésie haïku, Glover devient l’allié des clans rebelles. Amant fougueux, il épouse deux geishas et connaît des amours tumultueuses.
Son extraordinaire histoire accompagne celle de l’île à travers le siècle. Sa destinée rocambolesque inspira le personnage de l’officier de marine dans Madame Butterfly.« 

A la table des hommes – Sylvie Germain – Le livre de poche

Comme j’étais passée à côté à sa parution en grand format, voici que le poche arrive (et le fait qu’il y ait un corbeau sur cette couverture également est du pur hasard). La quatrième de couverture donne tout simplement très envie, entre réalisme merveilleux et nature sauvage… Ce roman semble cacher une très belle histoire qu’il me tarde de découvrir. Parution le 23 août 2017.

« Son obscure naissance au cœur d’une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S’il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l’espèce animale, dont une corneille qui l’accompagne depuis l’origine. A la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain. Comme Magnus, c’est un roman hanté par la violence prédatrice des hommes, et illuminé par la présence bienveillante d’un être qui échappe à toute assignation, et de ce fait à toute soumission.« 

Les stagiaires – Samantha Bailly – Le livre de poche

Les stagiaires de Samantha Bailly arrive en poche ! Pour moi qui l’attendais depuis des années, c’est une merveilleuse nouvelle. Le grand format était chez Milady à 18,20€ et comme on ne peux pas toujours s’acheter à ce coût un ouvrage, l’arrivée en poche est une aubaine.

L’histoire est celle d’Ophélie, Arthur, Hugues et Alix qui veulent tous une chose : intégrer l’entreprise Pyxis, référence dans le monde du manga et des jeux vidéos. Mais l’étape du stage est incontournable pour qui veux travailler dans le « merveilleux » monde de l’entreprise…

Je pense que c’est typiquement le genre d’ouvrage fait pour moi. Réaliste mais pas barbant, totalement ancré dans son temps. Affaire à suivre, mais je pense que ce livre mérite que l’on se penche dessus ! Parution le 23 août 2017.

« Provinciale tout juste débarquée, Ophélie a laissé derrière elle petit ami et logement, et doit faire face aux difficultés de la vie parisienne. Etudiant en école de commerce, Arthur est tiraillé entre les grands projets qu’on a pour lui et son envie de mettre la finance entre parenthèses. à leurs côtés, Alix, passionnée de mangas, ne jure que par ses sagas favorites, et Hugues, graphiste, teste ses limites dans les soirées électro… Dans une atmosphère conviviale, travail et vie privée s’entremêlent. Pourtant, une question demeure en fond sonore : qui restera ?
Quand la « génération Y » entre en collision avec le monde du travail : un récit marquant dans lequel beaucoup de jeunes adultes se reconnaîtront.« 

Hemlock Grove – Brian McGreevy – Super 8

Que serait une rentrée littéraire qui détonne sans une nouveauté Super 8 ? Fade. Et heureusement, des nouveauté chez eux, il y en a !

Leur rentrée littéraire commence avec Hemlock Grove, à paraître le 24 août 2017, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a l’air de déchirer (aïe). Littéralement. Et comme je ne suis JAMAIS déçue par leurs publications, je ne vais pas me gêner pour « libérer la bête en moi » comme ils disent dans leur présentation.

« Hemlock Grove (Pennsylvanie) n’est plus une petite ville paisible. Dans les bois, le corps mutilé d’une jeune fille vient d’être retrouvé. Une chasse à l’homme est lancée. Au sein de la communauté, cependant, une angoissante question se fait jour : ce meurtre est-il vraiment l’œuvre d’un homme ? Et si certains en savaient plus qu’ils ne voulaient bien le dire ?

Page-turner impitoyable, chronique adolescente dark en diable, roman gothique 2.0, Hemlock Grove est une plongée sans retour dans le miroir inversé du rêve américain. C’est aussi une série à succès dont les trois saisons ont été diffusées sur Netflix.« 

Moriarty – Kim Newman – Le livre de poche

Alors, personnellement j’ai déjà ce titre en grand format, chez Bragelonne (une édition sublime avec les pages argentées, c’est une merveille…). Mais je me dis que ça peux fortement vous intéresser de savoir que cet ouvrage paraît en poche ! Je vous fait confiance pour vous laisser tenter… Tous ceux qui aiment la littérature aux élans british et mystérieuse devraient être séduits par Moriarty.

« Imaginez les jumeaux maléfiques de Sherlock Holmes et du docteur Watson… Vous obtenez le redoutable duo formé par le professeur James Moriarty – serpent d’une intelligence remarquable, aussi cruel qu’imprévisible – et le colonel Sebastian Moran – violent, libertin et politiquement incorrect. Ensemble, ils règnent sur Londres en maîtres du crime, tenant dans leur poing police et hors-la-loi. Quelle que soit leur mission, du meurtre au cambriolage de haut vol, Moriarty et Moran accueillent un flot de visiteurs malfaisants : membres du Si-Fan assoiffés de sang, Vampires de Paris, et même une certaine Irène Adler…

Un style élégant et plein d’humour typiquement britannique. Une revisite impertinente de l’œuvre de Conan Doyle. On s’amuse énormément.  Ariane Marquis, actusf.com. »

Journal d’une princesse – Carrie Fisher – Fantask

Avant de décéder, l’actrice emblématique de la saga Star Wars Carrie Fisher a écrit quatre ouvrages. Journal d’une princesse est le tout premier à paraître en France ! J’ai déjà eu la chance de lire le livre, et je l’ai trouvé très intéressant, on découvre la jeune femme qui se cache derrière la princesse. Ce livre, c’est la compilation des écrits de Carrie Fisher lorsqu’elle avait 19 ans. On y découvre ses ressentis, l’image (assez négative) qu’elle avait d’elle, son humour… Et sa relation avec Harrison Ford, dont elle parle beaucoup. Oui.

En somme, j’ai trouvé cet ouvrage très intéressant. Je pense qu’il est à réserver aux lecteurs fans de la culture geek et de Star Wars, mais on y apprend énormément de choses ! Sa vision du monde du cinéma et du succès de Star Wars m’a beaucoup plu, de même que le respect qu’elle a pour ses fans. Jusqu’au bout, Carrie Fisher était une belle personne. Elle a connu un succès fulgurant trop jeune, qu’elle n’a jamais su vraiment gérer, et elle a fait confiance aux mauvaises personnes, c’est peut-être là ses seuls défauts. Parution début octobre 2017.

Chronique album jeunesse : Papa hérisson rentrera-t-il à la maison ?

Un album jeunesse extrêmement touchant et d’une justesse incroyable… et pour cause, il y a un vécu difficile derrière la création de cette belle histoire.

Peut-être le nom de Nicolas Hénin vous dira-t-il quelque chose, et pour cause… c’est un journaliste français, spécialisé dans la presse écrite. Son nom fut très médiatisé lors de son enlèvement en Syrie, où il a été retenu comme otage avec trois autres français.

Pierre Torres, qui illustre parfaitement le texte, à été l’un des compagnons de captivité de Nicolas Hénin. Leur album est une belle façon de conter aux enfants l’histoire de parents éloignés de la maison, mais qui font tout pour y retourner un jour, qu’importent les obstacles.

Quand Papa Hérisson disparaît et perd sa maison

La vie de hérisson n’est pas de tout repos, il faut s’occuper de la maison, subvenir aux besoins de sa famille… Et c’est lors d’une de ses quêtes de nourriture que notre cher Papa Hérisson va disparaître. En effet, il est pris au piège d’un panier à pique-nique rempli de victuailles, et un enfant décide de le garder… Sauf qu’avec le trajet en voiture, Papa hérisson a beau s’enfuir de la maison du petit garçon, il est bel et bien perdu… Comment retrouvera-t-il sa maison ? Voici l’histoire d’une quête difficile emplie d’embûches et de beaux sentiments…

Un message pour montrer qu’il faut toujours y croire.

Persévérance et amour sont les maîtres mots de cet album qui saura toucher par des phrases d’une extrême simplicité. Les formulations sont courtes mais justes. Elles sont vibrantes. Il y a même un passage où l’on a les larmes aux yeux pour se pauvre Papa hérisson et sa famille qui doit énormément s’inquiéter…

Au travers des mille dangers que va croiser ce vaillant hérisson, on découvrira le pouvoir de l’amour. Quand on a une famille à rejoindre, on peut soulever des montagnes, affronter des prédateurs, des tempêtes…

La magnifique métaphore de leur vécu que nous proposent les deux ex-otages est touchante. L’histoire plaira aux enfants (et aux parents !) car elle est aussi belle qu’universelle. Tout le monde peut se retrouver dans ce récit, et cela pour de nombreux cas de figure différent. Il illustre qu’il faut y croire, tenir bon et persister.

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Une magnifique ode au courage et à l’amour, voici ce qu’est l’album Papa hérisson rentrera-t-il à la maison ? Le fait de connaître l’histoire des deux auteurs y apporte une profondeur inattendue et émouvante pour les plus grands, tout cela sans aucune forme de voyeurisme. A découvrir dès l’âge de 5 ans minimum car l’histoire est un peu longue, il vous faudra deux ou trois soirs pour la lire aux plus jeunes lecteurs ! Bref, c’est un bel album à découvrir, d’autant que les dessins de Pierre Torres sont beaux et très parlants.

Dernier point : l’ouvrage est vraiment agréable à découvrir grâce à un très grand format, il fait 30×24 cm !

Chronique : L’hiver dernier je me suis séparé de toi

Un polar bien retors et sombre, comme les japonais ont le secret…

Peut-être le nom de Fuminori Nakamura vous évoquera-t-il quelque chose ? L’auteur avait attiré mon intérêt il ya quelques années pour son roman Pickpocket. Ce sont maintenant trois ouvrages de cet auteur qui sont disponibles en France avec Revolver et son tout dernier paru en février 2017 : L’hiver dernier, je me suis séparé de toi. Ils sont tous disponibles aux éditions Philippe Picquier.

Un photographe aux goûts artistiques étranges… et mortellement dangereux

Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur l’un des meurtriers les plus étranges du moment au Japon. Ses crimes sont si étranges et hors-norme, si malsains et inexpliqués que son profil fascine. C’est ainsi qu’il se retrouve mandaté pour écrire son histoire, ses motivations, ses pensées les plus obscures…

Mais cette plongée intime dans l’âme d’un meurtrier en quête de l’Art absolu est-elle sans danger ? Bien sûr que non… Jusqu’où peut-on fouiller dans le passé sans être soi-même influé par autant de mal ?

Un roman intimiste, sombre et étrange

Comme une grande majorité de romans policiers nippons, vous aurez droit ici à une intrigue à nulle autre pareille. Si vous recherchez quelque chose de classique ou de familier, ce n’est pas avec ce genre de roman que vous le trouverez. Non, L’hiver dernier, je me suis séparé de toi est un roman noir japonais qui va assez loin dans le genre tortueux.

Il s’agit d’une histoire de vengeance, d’esprit tourné et retourné en tout sens, d’amour aux (res)sentiments complexes et d’art où la perfection doit être atteinte, rien de moins. Le meurtrier de cette histoire est un photographe, et pour parvenir au cliché qui marquera les esprits à jamais, ce dernier est prêt à aller très loin… Trop loin.

Mais ce n’est pas le seul élément de l’intrigue qui comporte un réel intérêt. En effet, l’homme qui mène l’enquête pour écrire la biographie du meurtrier est également très intéressant. Peu à peu, on sent que son point de vue, ses pensées évoluent vers… autre chose. Quoi donc ? Impossible de vous le dire, mais les surprises sont de taille et s’enchaînent très vite en fin d’ouvrage !

D’ailleurs, si vous n’êtes pas familier des noms et prénoms d’origine japonaise, n’hésitez pas à noter qui est qui, car la fin du roman se densifie de telle façon qu’il vaut mieux reconnaitre chacun des personnages.

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Quoi qu’il en soit, l’intrigue est passionnante, les révélations fascinantes et menées avec art. Même pour les plus férus de littérature policière, impossible de deviner le fin mot de l’histoire ! Mais tout se tient parfaitement du début à la fin… c’est un régal.

L’écriture de Fumonori Nakamura participe à ce sentiment d’accomplissement. Les chapitres sont très courts, le ton est factuel, efficace, presque clinique. Tout concoure à nous offrir un roman policier original et inclassable comme seuls les japonais en ont le secret.

Alors, si vous aimez les histoires sombres qui peuvent aller loin dans la créativité et la férocité, ce roman est fait pour vous. Attention, c’est aussi retors et malsain que délectable !