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Chronique : Ceux qui savent

Un roman d’anticipation proche… très proche qui donne matière à réflexion sur le thème fascinant (et effrayant) de la génétique !

Ceux qui savent, c’est le tout premier roman de Julien Messemackers, tout juste paru aux éditions Anne Carrière au début du mois de juin. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais c’est lui qui a fortement contribué à la création d’une série télévisée que nous sommes nombreux à apprécier : Dix pour cent.

Avec Ceux qui savent cependant, nous sommes loin du monde de la série, et pour cause : nous plongeons dans un thriller mêlant action, suspense et manipulation… dans tous les sens du terme.

Une histoire de famille difficile… et un espoir

Alexandre est le père d’Hélène, sa fille chérie, la prunelle de ses yeux. Mais l’adolescente a une maladie orpheline depuis sa plus tendre enfance, son espérance de vie en sera très écourtée selon les médecins… Mais là où des dizaines de médecins experts n’ont rien à proposer Hélène et à son père, le mystérieux généticien Frederick Stern se propose comme sa dernière chance…

Cette opération de la dernière chance proposée par Stern est-il le signe du changement pour Hélène et Alexandre ? Oui, mais pas nécessairement en bien…

Un thriller qui nous mène de Charybde en Scylla

Au début du roman, on sent bien que quelque chose cloche avec ce fameux généticien qu’est Stern. Mais on ne se doute pas des secrets imbriqués les uns dans les autres ni des surprises qui nous attendent. Quand on pense pouvoir souffler quelques minutes avec les héros adolescents de cette histoire, l’auteur lui ne nous laisse aucun répit dans ce roman aux allures de course-poursuite.

Ainsi, rien ne nous est épargné, et même à la fin, là où vous pensez en avoir fini, une nouvelle révélation vous tombe littéralement dessus… et cela jusqu’à l’ultime page, l’ultime phrase ! La conclusion de ce roman est d’ailleurs aussi géniale que dérangeante… libre à vous de réfléchir à ses très nombreuses (et inquiétantes conséquences). Mais ça donne de quoi cogiter !

En ce qui concerne l’intrigue pure, Ceux qui savent est un excellent roman dans son genre. Nous sommes dans de l’anticipation proche, si proche de notre présent que l’on est en droit de se demander si ça n’a pas déjà lieu dans le plus grand secret… Et la partie thriller est elle aussi indéniable et fonctionne parfaitement puisqu’à aucun moment on ne peut lâcher le roman ou presque (à part quelques petites longueurs dans le passif de certains personnages).

De plus, on appréciera le mélange entre l’univers de la génétique et du hacking. La partie qui m’a le plus fascinée, c’est bien entendu celle concernant la génétique. Julien Messemackers a fait beaucoup de recherches pour camper au mieux le personnage inquiétant et retors de Frederick Stern, et ça fonctionne. A tel point que l’on aurait adoré en savoir plus ! Mais que ceux qui aimeront Ceux qui savent se rassurent : la fin du roman est telle que l’on pourrait bien imaginer une suite… retentissante.

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Ainsi, Ceux qui savent est un très bon premier roman qui pourrai plaire aussi bien aux ados dès l’âge de 15/16 ans qu’aux adultes (la cible principale). Riche en adrénaline, sans temps mort, rarement drôle mais toujours sur le fil. Son héroïne, Hélène, y est aussi attachante que vulnérable mais aussi terriblement combative. Difficile d’en dire plus… mais il y a tellement de révélations qu’il serait dommage de les éventer. Alors, si vous aimez les histoires dont vous ne saurez anticiper le déroulement et l’issue, c’est le roman parfait !

Chronique : Seul sur Mars

Un cocktail détonnant entre drame, science-fiction et humour. Ce roman est tout simplement un incontournable !

Le titre du roman vous dit peut-être quelque chose ? Et pour cause, Seul sur Mars a été adapté au cinéma en 2015 par Ridley Scott. L’adaptation fut un succès, mais le livre dont il est inspiré est meilleur encore.

Seul sur Mars est pour le moment l’unique roman d’Andy Weir, mais il planche actuellement sur un second livre. Programmateur informatique de métier, Andy Weir a grandit avec tous les classique de la sf. Son père est par ailleurs physicien.

Le but de Seul sur Mars était d’écrire un roman aussi crédible que possible d’un point de vue scientifique (on utilise dans ce cas le terme de hard-sf). Dans ce but, l’auteur a ainsi fait des recherches très approfondies sur la botanique, la mécanique orbitale ou encore les « conditions de vie » qu’offre Mars à l’homme.

Pour l’anecdote, Seul sur Mars était à la base un récit disponible gratuitement sur le site internet de l’auteur. Suite à de nombreuses demandes de lecteurs, l’ouvrage fut ensuite disponible sur tablette numérique pour moins de un euro. C’est ensuite qu’Andy Weir est abordé par un agent et que sa carrière d’auteur se met à décoller littéralement !

Une aventure spatiale hors du commun

Mark Watney est un scientifique de génie aux nerfs solides. Et ça tombe plutôt bien car du courage et de l’ingéniosité, il en aura fortement besoin.

En effet, Mark est très mal parti : abandonné par son équipe qui le croit mort dans une tempête de sable, leur mission a été avortée précipitamment. Mark Watney se retrouve ainsi seul sur Mars pour une durée 4 ans, le temps que la nouvelle mission Ares 4 arrive sur la planète rouge. Mais comme tout le monde le croit mort, il va lui falloir trouver de quoi se sustenter pendant au moins 4 ans et tenter de communiquer avec la Terre alors que tous les moyens de communication de la station martienne au sol ont été détruits par la tempête. Facile…

Génial, captivant, bourré de sciences… une réussite totale

« Laissez-moi vous résumer ma situation : je suis coincé sur Mars, je n’ai aucun moyen de communiquer avec Hermès ou la Terre, tout le monde me croit mort et je suis dans un Habitat censé pouvoir durer trente et un jours. Si l’oxygénateur tombe en panne, je suffoque. Si le recycleur d’eau me lâche, je meurs de soif. Si l’Habitat se fissure, j’explose ou un truc comme ça. Dans le meilleur des cas, je finirai par crever de faim. Ouais, je crois bien que je suis foutu. »

Rarement un roman de sf m’aura autant fait rire du début à la fin. On est pourtant bien dans un récit où le danger et constant et le drame tout proche… Mais le courage et l’humour dont fait preuve Mark Watney à (presque) chaque instant est incroyable. Même quand il déprime ou que tout est contre lui, il réussit à nous surprendre par un sarcasme détonnant et une rigueur scientifique sans failles.

On apprend une foule de choses sur la biologie (une patate pour le repas de Thanksgiving pourra vous sauver la vie après avoir lu ce livre), la mécanique orbitale, la chimie, l’histoire de la conquête martienne également.

Le personnage fait preuve de tant de rigueur scientifique qu’il compte exactement le nombre de calories que chaque pomme de terre lui apportera contre le nombre de calories qu’il dépensera dans la journée.

Ce roman est tout simplement une mine d’informations, et c’est avec fascination que l’on apprend une foule d’anecdotes scientifiques et historique. Aucun temps mort, des phrases pleines d’esprit et un suspense sans failles font de Seul sur Mars un roman absolument incontournable. Mon cœur balance entre ses excellentes qualités narratives et son contenu scientifique hautement crédible. C’est un sans faute sur toute la ligne !

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Pour vous qui ne l’avez pas encore lu, ce sont des moments mythiques de lecture en perspective, un suspense fou, des révélations en chaine, des moments d’angoisse qui vous feront dévorer les pages comme jamais.

Bref, si vous êtes encore vierge de cette lecture, foncez-y, c’est l’un de mes romans favoris de l’année 2016 (avec Player One d’Ernest Cline juste à côté), à classer à côté des meilleurs récits de hard-science.

Je conclurais par cette phrase qui résume parfaitement l’esprit du roman :

« En résumé, mon trou du cul contribue à mon salut autant que mon cerveau. »

PS : Pour ceux qui n’auraient pas vu l’adaptation cinématographique de Seul sur Mars, jetez-vous dessus. Elle fait honneur au livre, a su garder l’esprit très drôle et dramatique de l’œuvre et se regarde avec plaisir. Matt Damon campe magnifiquement le personnage de Mark Watney ! En frec, c’est un vrai régal.

Chronique : Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman

Le quotidien d’une famille à qui la vie ne fait pas de cadeaux. Une magnifique et terrible histoire entre misère sociale et pleurs, coups, le tout parfois parsemé de rares éclats de rires…

D’origine écossaise, Kerry Hudson est une auteur qui monte, qui monte… Pour le moment, elle n’a que deux ouvrages publiés en France. Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman est son premier ouvrage, très inspiré de son enfance entre HLM et Bed end Breakfast. Son second ouvrage, La couleur de l’eau est paru en 2015 aux éditions Philippe Rey et a remporté le très prestigieux prix Femina.

Son œuvre se distingue par son réalisme dur et froid, où les personnages sont souvent jeunes mais déjà très abimés par la vie… Et pourtant, c’est magnifique, beau à en faire mal, et terriblement accrocheur.

L’Ecosse des années 80 : ses drogués, sa misère sociale… et au milieu de tout cela, la famille Ryan

Bienvenue dans le monde de Janie Ryan, fraîchement venue au monde, elle est déjà ballotée d’instituts en HLM avec sa jeune maman d’une vingtaine d’années. Entre une grand-mère qui met sa fille à la porte, une mère accro à la boisson et des « tontons » qui viennent souvent en visite, la vie est loin d’être rose…

Bref, l’Ecosse des années 80 est un monde dur et sur le fil où il faut jongler entre les chômeurs, les dealers, les menaces pour un regard de travers et autres joies… Mais la mère de Janie a beau être jeune, elle sait se débrouiller pour que sa fille ne soit pas (trop) dans le besoin, quitte à faire confiance aux mauvaises personnes.

Ames sensibles, s’abstenir, la réalité est beaucoup difficile à appréhender que la fiction, surtout quand on sait que l’auteur s’inspire en partie de sa propre enfance.

Magnifique dans la saleté en la déchéance…

Lire un roman tel que celui-ci, c’est accepter de ne pas savoir où l’auteur va nous mener. C’est découvrir un monde sale et glauque pourtant bien présent, et ce toujours à notre époque. C’est observer le quotidien d’une famille qui vit (très mal) d’aides sociales et joue continuellement la carte de la débrouille.

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à me prendre d’affection pour la maman de Janie (je n’ai d’ailleurs pas réussi), qui se nomme Iris. Totalement irresponsable, changeant tout le temps d’avis comme de maison ou de mec. Sanguine, versatile, très fière, Iris ne semble tirer aucune leçon de ses très nombreuses erreurs… Sa fille Janie a beaucoup plus de jugeote et de suite dans les idées que sa mère… jusqu’à un certain point.

Ainsi, nous suivons l’histoire de la famille Ryan du point de vue de Janie (de sa naissance) jusqu’à son adolescence.

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C’est d’une infinie tristesse, on a le cœur balloté entre les bouteilles de bière vides de maman, les seringues de tonton et l’argot extrêmement fleurit de chacun. Et pourtant, on découvre une Janie débordante de vie, curieuse, demandeuse d’autre chose pour elle. Va-t-elle l’obtenir ? Vous devrez lire ce sublime roman pour avoir le fin mot de l’histoire…

Quoi qu’il en soit, c’est un roman qui fait vibrer, qui nous rend inquiet pour ses nombreux personnages hauts en couleurs. L’œuvre de Kerry Hudson sera à surveiller de très près à l’avenir, car ses deux romans sont pour moi de magnifiques pépites à ne rater pour rien au monde…

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Chronique : Les Décharnés – Une lueur au crépuscule

Ou comment une invasion de morts-vivants éveillera le meilleur (et surtout le pire) chez l’être humain…

Paul Clément est un jeune auteur français qui peu à peu creuse son trou dans le monde du roman fantastique, plus particulièrement dans la branche zombie. Pour le moment, il a deux romans à son actif, Les Décharnés et Creuse la mort, tous deux chez Post apo éditions.

Avec Les Décharnés, Paul Clément signe un roman efficace et très crédible sur le point humain… à faire froid dans le dos !

Une journée tranquille et ensoleillée en Provence…

…avant le bain de sang. Patrick, vieil agriculteur de métier et misanthrope par principe va assister à une scène aussi terrible qu’incroyable. Un immense carambolage mettant à feu et à sang la route passant près de sa propriété. Seul « bémol », les gens victimes de cet accident hors-norme n’en ont pas fini avec la vie et sont devenus des zombies assoiffés de sang…

La cause ? Nous l’ignorons, tout ce que l’on sait, c’est que Patrick est censé survivre dans sa petite maison de Provence alors qu’elle est entourée de plusieurs centaines de zombies. Mais il n’a pas que sa simple carcasse à sauver des dents pourries des zombies, il doit également protéger la fillette qu’il vient d’arracher à une mort certaine… Comment peuvent-ils s’en sortir ?

Efficace et happant !

Je dois avouer avoir eu du mal à rentrer dans le roman au niveau des 60 premières pages. Le huis-clos avec les zombies me semblait très long… limite insoutenable, mais on peut y voir la volonté de l’auteur. Donc, en cela c’est réussit.

Mais le plus intéressant survient après. Quand Patrick et la petite fille qu’il a sauvée réussissent à s’enfuir de la ferme. L’interaction avec d’autres êtres humains est inévitable… et dangereuse.

C’est surtout dans les relations et la psychologie humaine que Paul Clément révèle tout son talent. Voir Patrick se confronter à tout un panel d’hommes et de femmes a quelque chose de stimulant et de très intéressant. Quelles seront les réactions d’untel face à une remarque ? Qui représente la loi et l’ordre dans ce genre de situation où tout semble partir en lambeaux ? Qui résistera à la tentation de faire absolument tout ce qu’il veut ?

Pour l’écriture, j’avoue ne pas franchement aimer la façon dont parle Patrick. La narration étant à la première personne, c’est Patrick qui narre au lecteur ses aventures post-apocalyptiques. Alors, certes, c’est un homme qui commence à avoir de la bouteille, son langage est familier donc sa façon de parler/écrire est tout à fait logique, il s’agit juste d’une question de goût pour ma part.

Mais on peut facilement passer outre l’écriture car elle est surpassée sans problème par l’intrigue. C’est nerveux, sous tension, et on ne sait jamais comment chacun va réagir et quand la mort frappera… ni sous quelle forme. Les Décharnés a beau être violent et empli d’hémoglobine – roman de survie post-apo oblige – vous y trouerez également de beaux sentiments : l’amour, le courage existent encore, même si ils sont devenus extrêmement rares. Les sentiments humains sont au premier plan dans ce roman qui devrait plaire à tout amateur de roman impliquant une invasion zombie.

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Bref, une fois l’histoire lancée, ça ne s’arrête plus ! Si vous aimez les romans qui se dévorent (comme un cerveau !), les intrigues bien ficelées et même parfois cruelles, vous êtes au bon endroit. Les récits de ce genre sont habituellement l’apanage des auteurs américains, mais Paul Clément réussit à relever le défit avec adresse, et même mieux que certains. Bravo à lui !

Chronique : Sang-de-lune

Une dystopie aussi sombre que cruelle qui pourra éveiller les consciences

On ne vous présent plus Charlotte Bousquet, auteure française moult fois interviewée et chroniquée sur le site. Elle écrit énormément, et cela pour tous les âges. Elle écrit des dystopies, des romans historiques, du fantastique, de la fantasy noire…

Avec Sang-de-Lune, elle signe son second roman dans la très bonne collection ado Electrogène, chez Gulf Stream (son premier s’intitulait Là où tombent les anges).

Un système castrateur pour les femmes

Bienvenue dans une société qui écrase ses femmes. Elles n’ont droit de rien. Ne peuvent parler que si un homme les y autorise, ne choisissent pas leurs maris et peuvent même être répudiées par ce dernier si elles n’arrivent pas à enfanter. Cette atroce société, on ne sait pas vraiment où ni quand elle s’épanouit, tout ce que l’on sait, c’est que la jeune Gia commence à remettre en question les préceptes qu’on lui a toujours inculqués. Le déclencheur ? Une étrange carte et une idée folle de sa petite sœur Arienn…

Un roman coup de poing qui pousse à la réflexion sur notre société d’aujourd’hui

Une bonne dystopie à la française, cela faisait un moment que ça n’était pas arrivé, et ça fait du bien d’en découvrir une ! Sous couvert de nous proposer une dystopie, Charlotte Bousquet tente de nous choquer, nous réveiller avec une véritable claque littéraire.

Tout est choquant dans la ville d’Alta. Ses préceptes, sa culture, sa religion qui lapide les femmes de façon légitime… Tout contribue à heurter le lecteur pour le pousser à la réflexion et l’introspection.

Et surtout… comment en est-on arrivé là ? La réponse risque de vous déranger ! Mais elle est bien trouvée.

L’univers que Charlotte Bousquet a créé autour de son histoire est joliment développé. On découvre une société vivant sous terre, sombre, mal éclairée. Des créatures mortifères dangereuses, visqueuses et létales y vivent… J’ai adoré l’ambiance que revêt Sang-de-Lune ; si sombre, si déliquescente qu’elle en devient délectable. On aurait en apprendre plus sur le bestiaire si particulier créé pour ce roman, mais le fait qu’il garde sa part de mystère est un bien en soi.

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L’histoire de Sang-de-Lune est intéressante, et on se lance sans retenue dans le voyage insensé de Gia et Arienn. La trame du roman reste classique, mais la façon dont l’intrigue est traitée l’est beaucoup moins. Âpre, dur, cruel, cuisant, c’est un roman qui ne vous laissera pas indifférent(e). A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

Chronique : Memorex

A la découverte de la réécriture d’un classique de la littérature fantastique by… Cindy Van Wilder !

Le nom de Cindy Van Wilder vous dit peut-être quelque chose, si oui, c’est que vous avez déjà dû entendre parler de sa saga historique et fantastique Les Outrepasseurs.

Mais si cette fois nous vous parlons de cette auteur belge de plus en plus prolifique, c’est pour vous présenter son tout nouveau roman pour ados et jeunes adultes : Memorex. L’ouvrage est paru en mai 2016 dans la détonante et emblématique collection Electrogène, chez Gulf Stream Editeur.

Sans vous en dévoiler plus, nous vous diront simplement que l’auteure reprend à son compte l’écriture d’un mythe de la littérature fantastique… ! Mais lequel ?

Un étau se resserre peu sur la vie de Réha

En apparence, Réha a tout pour être heureuse. Elle évolue dans un monde privilégié, élitiste, étudie dans un établissement très prestigieux. Issue d’une famille très riche dont la fortune se base sur des avancée scientifiques très poussées, la jeune femme semble avoir tout pour elle… mais de nombreuses blessures se cachent sous ce masque de bonheur… qui se fissure.

La mère de Réha est décédée il y a peu lors d’un attentat, elle-même aurait pu voir sa vie s’interrompre brutalement. De plus, depuis cet atroce événement, Réha n’a jamais été aussi éloignée de son frère jumeau adoré qui est devenu très froid et distant avec elle…

C’est donc un flot de malheurs qui s’abattent sur Réha et sa famille, et cela ne semble pas vouloir s’améliorer : l’adolescente est depuis peu tourmentée par un mystérieux harceleur qui semble en savoir bien trop sur elle… et sa famille. Qui est-ce donc et que veut-il ?

Un roman bien tourné, assez efficace, mais trop aisé à pressentir…

Cindy Van Wilder est une auteure qui nous avait beaucoup surpris par la qualité de son écriture. Très aboutie, littéraire, belle, sa plume vaut le détour. Dans Memorex, elle a voulu mettre en avant l’action et le côté thriller et huis-clos (très réussit ici), plus que l’écriture et ses caractéristiques esthétiques. Et ça fonctionne. Cependant… on voit trop rapidement où elle veut nous emmener.

En effet, Memorex est un thriller fantastique et scientifique qui mélange tous les éléments nécessaires à un bon roman young-adult. Mais les réactions et les enjeux de chaque personnage sont trop évidents (et parfois trop stéréotypés) pour nous permettre de se lancer corps et âme dans la lecture.

On aurait apprécié en savoir encore plus sur l’histoire de la société créée par le père de Réha. Tout est expliqué, mais un développement plus poussé aurait été un plus non négligeable, peut-être un côté plus aléatoire et imprévu également, plus sombre encore.

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Ainsi, Memorex a beau réunir tous les composants nécessaires à un roman efficace, il ne réussit pas à nous satisfaire pleinement car trop facile à anticiper. Il remplira toutefois son office, à savoir distraire des lecteurs avides d’action et d’idées futuristes… A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Si le thème abordé dans Memorex vous tente, vous pourrez peut-être vous penchez sur un roman qui avait su nous surprendre il y a de cela un an : Resurectio, d’Amélie Sarn.

Chronique : Elia, la passeuse d’âmes

Elia, la passeuse d'âmesUne toute nouvelle dystopie à la française 100% efficace !

Peut-être que le nom de Marie Vareille vous dira quelque chose et pour cause, elle a déjà écrit quelques petits succès de librairies. Je peux très bien me passer de toi est l’un d’entre eux, mais elle a également écrit : Ma vie, mon ex et autres calamités. Avec Elia la passeuse d’âmes, l’auteure française change radicalement de lectorat et de genre… et ça fonctionne extrêmement bien !

Programmée pour tuer… au service de la société

Elia est une jeune fille dont le travail a été programmé dès sa naissance : en effet, une anomalie génétique la cantonne au rôle de passeuse d’âmes, une tueuse. Les très rares personnes ayant le rôle de passeur ou passeuse d’âmes sont en effet immunisées aux émotions. Pas d’amour ou d’altruisme pour eux, ils sont donc parfait pour éliminer les personnes malades ou trop âgées pour remplir leur rôle au sein de la société.

Mais il se pourrait bien que la route toute tracée pour Elia soit menacée par une variable imprévue… Un jeune homme dont la mort programmée est absolument anormale…

Un roman décrivant une société futuriste et esclavagiste

Dans nombre de dystopies, les inégalités sont encore plus flagrantes dans le futur proposé que dans notre société actuelle. Ce roman ne faisant pas exception, nous découvrons un clivage extrême entre ceux de la ville – nantis, aisés, vivant dans des appartements de rêve – et ceux des mines, dans le grand froid, loin de toute ville, vivant sous terre et ayant à peine un matelas et une couverture pour ameublement et se tuant littéralement à la tache pour survivre.

Par malchance (ou chance ?), la jeune Elia va découvrir les deux strates les plus extrêmes de la société, et pas dans le bon sens… Elle qui vient de la ville va se retrouver obligée de s’exiler dans les mines, un lieu au l’espérance de vie est très limitée.

Pour être plus précis, la société où évolue Elia est divisée en trois classes : les Kornésiens (sa propre caste), les Askaris (sorte de marchands) et enfin, les Kornésiens (ceux qui « vivent » comme des moins que rien dans les mines).

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L’univers ainsi développé est simple, efficace, bien mené et parfaitement adapté à des lecteurs et lectrices dès l’âge de 13 ans. On attend donc la suite avec autant de curiosité que d’impatience, le dernier chapitre nous faisant réfléchir aux conséquences d’une simple « erreur » humaine pour l’avenir de l’humanité…

Enfin, c’est un ouvrage qui inculque de bonnes valeurs telles que l’amitié, l’entraide, la ténacité, le courage, et elles sont en tout temps nécessaires.

Notre dernier argument sera simple, il s’agit d’un roman français, alors aidons nos auteurs à développer leur imaginaire en les lisant et les partageant… et d’autant plus quand ils sont de qualité comme dans ce cas-ci !

Chronique : Nil – Tome 1

nil-1Un roman young-adult dans l’esprit du Labyrinthe. Mais cette fois-ci, vous êtes sur une île absolument paradisiaque… où la mort rôde…

Lynne Matson est une auteur d’origine américaine. Mais avant de se vouer à l’écriture et à la création de mondes imaginaires, elle était une très sérieuse avocate ! Elle adore les romans tels que Hunger Games, Harry Potter, La balade de Pern, ou encore La marque des anges (dont on est très fan ici sur le blog). Dorénavant, elle se consacre uniquement à l’écriture. Nil est le premier tome d’une trilogie nous transportant sur une île aussi létale que magnifique…

Midi, une chaleur étouffante, et une étrange « porte »…

Charley était sur le parking d’un centre commercial, en plein soleil, lorsqu’une étrange ondulation l’a aspirée. Elle perd connaissance et se réveille sur une plage aux allures de paradis. Charley l’ignore encore, mais elle vient d’arriver sur Nil. Si elle ne trouve pas une porte de sortie (la fameuse ondulation qui l’a amenée ici) avant 365 jours, elle périra dans ce paradis mortel… Et elle est loin d’être la seule, une vingtaine d’adolescents vivent actuellement sur Nil, s’organisant pour survivre et trouver des portes.
Pourquoi sont-ils ici ? Comment trouver les portes ? Quel est le but de Nil ? Où sont-ils réellement ? Beaucoup de questions et peu de réponses dans ce premier tome… mais on est immédiatement accrochés par le charme enjôleur de l’île…

Haletant, bien construit, on en redemande !

Ambiance à huis-clos à l’échelle d’une île paradisiaque, tensions, haines, mais également de beaux moments d’entraide, c’est ça Nil.
Les chapitres sont découpés par journées passées sur l’île. Nous alternons entre les point de vues de Charley (fraîchement débarquée sur l’île) et de Thad (présent depuis 267 jours au début du roman). Très rapidement on découvre tous les principes qui régissent l’île…

Il y a les portes, bien sûr, mais aussi des animaux dangereux qui sévissent sur l’île, ainsi que  d’étranges symboles semés sur Nil. Ces gravures sont-elles des énigmes pour s’en sortir ? Ou une simple décoration ésotérique pour perdre les adolescents prisonniers ? ou autre chose ?
Le décompte est donc lancé pour Charley : il lui reste 365 jours pour réchapper au piège tendu par Nil… Mais certains, comme Thad n’ont plus qu’une centaine de jours au compteur… Ce sont donc des chapitres cours et haletants qui s’enchaînent, où le moindre indice est vital. Trouver une porte sortante est extrêmement compliqué puisqu’elles n’apparaissent qu’à une heure précise et une seule fois par jour !

Seul défaut selon moi, la romance franchement trop évidente (dès les premières pages) entre Charley et Thad. Cette rapidité rend leur histoire beaucoup trop fleur bleue et même par certains côtés mièvre.
On appréciera cependant le développement des liens sociaux qui se tissent peu à peu entre les survivants. Qu’ils soient des « anciens » ou des nouveaux venus, le système fonctionne à peu près… Sauf quand on a affaire à des lâches et des égoïstes, et il y en a ! L’auteur aurait encore pu plus creuser la psychologie de certains, cela aurait apporté encore plus en densité à l’intrigue.

nil-2Enfin, pour ceux qui n’aimeraient pas les séries de livres, vous pouvez rester sur la fin du premier tome comme note finale, car Nil offre ici une histoire complète.

Par contre, vous aurez encore beaucoup de questions sur l’île, le pourquoi de son existence, et son but… si elle en a bien un ? Et personnellement, j’ai très envie de savoir et meurt d’impatience à l’idée de lire le prochain tome !

Chronique : Voici venir les rêveurs

voici-venir-les-reveursLe rêve américain : but ultime d’une famille camerounaise qui a tout quitté pour le vivre pleinement

Imbolo Mbue, c’est un nom qui ne vous dit peut-être rien pour le moment, et c’est normal, Voici venir les rêveurs est son tout premier roman. Mais il a beau être son premier ouvrage, il a été un véritable phénomène éditorial, aussi bien aux États-Unis que dans le monde entier… tous les éditeurs s’en sont littéralement arraché les droits de traduction à la fameuse Foire du livre de Francfort en 2014. En France, ce sont les éditions Belfond qui ont décroché le droit de traduire et de publier son roman.

L’histoire forte et belle d’immigrés qui vivent à travers le prisme du rêve américain

Jende est un homme travailleur. Pour vivre pleinement le fameux rêve américain et amener sa famille du Cameroun aux États-Unis, il est prêt à tout. A travailler comme un fou. A suer sang et eau. A cumuler plusieurs travails. A mentir à l’immigration… Mais jusqu’où est-il prêt à aller pour créer le meilleur avenir possible à ses enfants et offrir la vie de rêve que sa femme adorée mérite tant ?

Un roman puissant et captivant, aux personnages terriblement attachants

La vie et l’histoire de Jende sont absolument passionnantes. On s’attache à cet homme qui souhaite le meilleur pour lui et sa famille. Qui est prêt à tout pour sauver les apparences et faire rêver ceux qui ont eu la malchance de rester au pays.

La femme de Jende, Neni est également une battante admirable, luttant continuellement pour porter à bout de bras sa famille. Sa personnalité est incroyable, surprenante, charismatique. On aimerait tous avoir la force de Neni tant elle subjugue par ses actes inattendus et osés parfois.

L’histoire de ce couple incroyable et fort nous est ici disséquée sous tous les angles. On en apprend énormément sur le Cameroun et l’image qu’ils ont des États-Unis là-bas. On y découvre également les terribles et cruelles traditions qui perdurent encore… Et Imbolo Mbue sait de quoi elle parle puisqu’elle-même est camerounaise.

La vision qu’elle nous offre des États-Unis est ainsi bien loin du paradis rêvé par tant de personnes (qu’elles soient camerounaises, ou d’ailleurs…). Lucide, terrible, réaliste, le concept du rêve américain y est ici totalement revu et corrigé.

Voici venir les rêveurs, c’est également l’histoire d’un scandale, celui de la chute de Lehman Brothers (en 2008). On assiste à la déchéance d’une puissance que l’on croyait immuable ; et comment ces trafics vont influer sur des petites vies qui semblent si insignifiantes pour certains…

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Ce roman est relativement passé inaperçu dans la presse et les médias, et c’est fort dommage. Belfond croit beaucoup en ce roman, et l’on comprend sans problème pourquoi une fois la lecture achevée. Imbolo Mbue nous offre un grand plaisir de lecture tout en nous permettant de nous attacher à des personnages forts émotionnellement. On est fébrile à l’idée de savoir ce qu’il va arriver à ces petites gens qui travaillent pour les plus grands… Un grand roman, ne passez pas à côté.

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Chronique : The Book of Ivy – Tome 2 – The Revolution of Ivy

the-book-of-ivy-2-the-revolution-of-ivySuite et fin d’une dystopie mélangeant exil, dictature, jeux de pouvoirs et survie…

Amy Engel est une auteur d’origine américaine. The Book of Ivy est sa première série de livres pour ados qui comprend deux tomes : The Book of Ivy et The Revolution of Ivy. L’histoire a beau être assez simple, elle fonctionne bien car elle est efficace.

Après les hautes sphères du pouvoir, l’exil

A la fin du premier tome, nous laissions Ivy sur une conclusion très dangereuse. Tout juste exilée de Westfall pour haute trahison, la jeune femme se doit de survivre malgré l’hiver qui approche. Mais cela s’annonce extrêmement difficile et dangereux car elle est du même côté de la barrière que des violeurs et des tueurs… Pourra-t-elle s’en sortir ? Quel nouveau but Ivy peut-elle se fixer dans ce monde de silence et de précarité ?

Un roman qui va droit au but

On appréciera l’efficacité qu’a réussit à mettre Amy Engel dans sa courte saga. Jamais de longueurs dans la narration, des dialogues précis, simples, efficaces. On comprend le succès de la saga tant elle se lit vite.

Les sentiments de la jeune femme sont à la fois simples à comprendre, et surtout, on les ressent au même titre qu’elle. On a peur pour sa vie et pour son intégrité physique, on craint le froid et la faim avec elle… On se prend également d’attachement pour le fameux couple Ivy/Bishop qui réussira à être développé de façon très intéressante malgré les obstacles au fil des pages !

La trame est ainsi très classique et on s’attend à pas mal de choses tout au long de ce roman qui se révèle assez prévisible, mais pas décevant. La seconde partie est celle qui réussit le plus à étonner le lecteur par ses enchainements de révélations… Nous faisons la découverte d’une ville de Westfall absolument transfigurée et traumatisée dont le déclencheur n’était autre… qu’Ivy !

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C’est donc une belle réflexion sur la politique, la société et ses diktats sous couvert de proposer un roman young-adult. En effet, la saga d’Ivy a beau proposer une duologie divertissante et efficace, elle pousse également à s’interroger et réfléchir. Ils posent également une question : une personne peut-elle tout changer ? A classer avec Hunger Games, Divergente, Dualed ou encore La Sélection.

On sent qu’Amy Engel n’en est qu’aux prémices de son œuvre, il faut donc la suivre de près !