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Chronique : Dossier Alexander – Tome 1 – Illuminae

Un roman à la narration extrêmement originale et à l’intrigue addictive ! Bienvenue à bord du vaisseau Hypatia, en plein voyage galactique… mais qui risque de ne pas arriver à bon port…

Lors de la parution du premier tome de la série Dossier Alexander, ce fut l’effervescence. Beaucoup de blogs en parlaient, il y a eu un énorme bouche à oreille autour d’Illuminae… A juste titre ? Je dirais que oui, tant le mélange de genres est captivant et détonnant.

C’est ainsi qu’est paru Illuminae en septembre 2016, aux éditions Casterman. Énorme travail éditorial et de mise en page, ce roman est particulier à de très nombreux égards. C’est un monstre de plus de 600 pages que vous avez entre les mains.

Cet ouvrage ambitieux est écrit par Jay Kristoff (auteur de la saga de fantasy asiatique La guerre du Lotus chez Bragelonne) et Amie Kaufman, auteure du roman YA Vertige chez La Martinière.

Quand un lobby fait tuer des centaines de personnes

Tout commence par une fusillade par l’entreprise BeiTech sur des civils installés sur une planète colonisée depuis des années, mais isolée. C’est ainsi que la jeune Kaddy se voit embarquer en urgence sur l’Hypatia pour fuir la planète…

Son ex-petit ami depuis cinq minutes à peine – Ezra – a quant à lui réussit à embarquer sur l’Alexander. Ce qu’ils ne savent pas encore c’est qu’ils vont continuer à être poursuivis par BeiTech à travers l’espace… Et que l’IA (Intelligence Artificielle) qui gère l’Alexander est en train d’agir de façon extrêmement inquiétante au fil des heures…

Aussi inclassable que génial

Si l’on devait absolument cataloguer Illuminae, ont pourrait dire que c’est un mélange de SF militaire, de romance, d’aventure, de piratage et de survie. Tout ça mélangé de façon adroite et ultra-addictive.

Car l’expérience Illuminae est loin de se limiter à un simple roman. Vous avez une foule d’informations diverses qui rendent la dimension de lecture supérieure à ce que vous avez déjà pu lire (tout ça sans supplément numérique) : rapports, schémas, échanges mails, décomptes, calculs de trajectoires…

On pourrait croire que ces différentes formes de narrations sont trop décousues ou difficiles à appréhender, mais il n’en est rien. Je vous laisse juge avec les quelques photos intérieures que j’ai prises, mais je trouve le tout très réussit, tant au niveau graphique que narratif.

En très peu de pages, ont comprend vite les enjeux et la terrible injustice qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Reste à savoir comment Ezra et Kaddy vont s’en sortir, (si ils s’en sortent) alors qu’ils sont dans deux vaisseaux différents aux caractéristiques diamétralement opposées.

Mais outre l’intrigue, l’ambiance constamment tendue du roman nous met à rude épreuve. En particulier le personnage de l’IA : AIDAN. Elle est absolument flippante, et ça ne s’arrange pas au fil des pages… Sans oublier la course-poursuite à travers l’espace qui met en danger les deux vaisseaux. Et aussi… le virus Phobos qui sévit un peu plus tard dont je ne peux malheureusement pas développer les caractéristiques (trop bien décrites que c’en est inquiétant).

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Si je ne vous ai pas convaincue avec cette chronique, je n’ai plus qu’une chose à ajouter : faites-moi confiance. Illuminae est un excellent roman YA dont la fin vous surprendra. Les personnages y sont tellement réalistes qu’ils prennent corps à la lecture, pour le meilleur et parfois pour le pire… Quoi qu’il en soit, ce roman est tout à fait mémorable ! A lire dès l’âge de 15 ans minium.

Actualité éditoriale : Un escape game grandeur nature avec l’équipe de Bayard pour découvrir Les chroniques d’un autre monde de P.C. Cast !

Vendredi dernier, les éditions Bayard ont invités quelques libraires et blogueurs à découvrir leur nouvel enjeu à destination des 14/15 ans et plus : Les chroniques d’un autre monde, écrit par l’américaine P.C. Cast. Si son nom vous évoque quelque chose, c’est peut-être parce que vous avez entendu parler de sa saga parue il y a maintenant plusieurs années : La maison de la nuit (chez PKJ en France).

Ce premier tome d’une série qui en comptera deux paraîtra le 20 juin 2018 aux éditions Bayard. Et chose peu commune, nous avons eu droit à une immersion TOTALE dans l’univers du livre pour le découvrir pleinement… Comment ? En nous emmenant dans le magnifique village de Barbizon (je ne connaissais pas et c’est magnifique !). Belles bâtisses, des arbres partout, des petites maisons cossues… le tableau id »al (d’autant que c’est le village des peintres !). Mais pourquoi nous emmener dans ce village pour la sortie d’un roman post-apocalyptique ? C’était pour nous faire vivre un escape game grandeur nature dans la forêt de Fontainebleau !

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés aux abords de la forêt… mais avant de passer à l’aventure proprement dite, nous avons eu la chance de nous ressourcer et de bien manger à l’orée de la forêt !

Et comble de chance, nous avons eu un temps super ! (malgré la météo du matin qui annonçait un temps moisi…).

Une fois le repas passé, nous sommes donc partis à l’aventure sous la forme d’un escape game dans la forêt organisé par Bayard. Chacun d’entre nous avait un symbole associé à son nom, il y avait des marcheurs de la terre, des Voleurs de Peau et les Compagnons, ces tribus étant des clans différents évoluant dans les Chroniques d’un autre monde.

Personnellement, j’avais le symbole ci-dessous !

Comme vous pouvez le voir sur les photos, c’est une magnifique forêt (il n’y avait pas un bruit), et les odeurs de mousse et de terre nous font immédiatement nous sentir « ailleurs ». Isolés.

Les instructions étaient simples, divisés en trois équipes distinctes, nous devions sauver un loup et de l’emmener jusqu’à une jeune femme prénommée Mari, elle fait partie de la tribu des marcheurs de la terre. Pour se faire, nous devions suivre les nombreuses balises cachées dans la forêt et réussir à résoudre les énigmes qui nous seront proposées.

Après plusieurs balises, nous avons eu notre première énigme ! Nous devions libérer le fameux canin (image ci-dessous). Mais pour se faire, il nous fallait avant toute chose trouver le code qui nous permettrait de le libérer. Ce code était sur des pièces de puzzle disséminées autour du lieu de captivité du jeune loup…

Nous avons réussit haut la main ! Preuve en est avec la photo d’une des participantes avec qui j’étais. Ensuite, le jeu de piste continuait, et nous sommes arrivées à une nouvelle étape : une nouvelle énigme nous attendait (et également des araignées géantes !).

Après quelques minutes de réflexions, nous avons également trouvé la solution et avons pu continuer notre quête à travers bois… on était vraiment dans l’ambiance et rien que pour cela, c’était génial.

Vint ensuite l’une des dernières étapes de notre quête ! Nous devions décoder un message chiffré ayant pour base le livre lui-même ! Malin et efficace, mais nous en sommes également arrivées à bout.

Enfin, nous voici à l’ultime épreuve. Il fallait réunir les trois ouvrages trouvés par les trois équipes pour déchiffrer le dernier code (image ci-dessous). Il nous donnait la clé d’un code qui nous permettait d’ouvrir… un coffre ! Dans lequel il y avait de quoi se désaltérer (vu les collines de cailloux et de rocher qu’on a monté, c’était vraiment bienvenu, on ne dirait pas comme ça mais ça monte !).

C’est ainsi que s’est terminée cette magnifique immersion en territoire post-apocalyptique dans l’univers de P.C. Cast. C’était une excellente idée de la part des éditions Bayard de nous faire vivre une expérience aussi privilégiée autour de l’ouvrage. Jamais je n’avais eu une journée éditeur à ce point travaillée et pensée pour la promotion d’un ouvrage, et pour cela, merci !

Certains ont même trouvé le temps de dessiner quelques belle esquisses de la forêt !

Enfin, nous avons eu en récompense de cette superbe journée l’ouvrage lui-même (et un joli tote-bag). Très beau, avec des dorures sélectives, un beau pelliculage doux et lisse… Je vous laisse l’admirer sous toutes les coutures dans son environnement naturel !

A très vite donc pour la chronique de ce premier tome très prometteur…

Pour les curieux, voici la présentation de l’éditeur afin de découvrir un peu de quoi traite cette nouvelle série YA :

En représailles à l’action néfaste des hommes sur la Terre, le soleil a détruit les villes où règne désormais un peuple agonisant. Pour tenter de survivre, deux tribus ennemies se sont réfugiées dans la forêt.
Les Compagnons, guidés par leur chef, le Prêtre du Soleil, ont élu domicile dans les arbres pour échapper aux créatures qui grouillent au sol.
Les Marcheurs de la Terre se sont installés dans des tanières qui les protègent des prédateurs et parfois d’eux-mêmes… Atteints de la Fièvre de la Nuit, les hommes comptent sur leur Femme Lune pour les purifier de ce mal.

Nik, le fils du Prêtre du Soleil, veut prouver à son clan qu’il est digne de confiance.
Mari, la fille de la Femme Lune, n’a qu’une seule idée en tête : fuir. Tout les oppose mais leur destin est lié. L’avenir de cet autre monde est désormais entre leurs mains.

Chronique : Qui a peur de la mort ?

Un roman d’anticipation mémorable qui mélange magie, post-apo et tant d’autres choses qu’il est impossible de tout énumérer… Découvrez le continent Africain comme vous ne l’avez jamais lu !

Premier roman de l’américaine Nnedi Okorafor d’origine nigériane à paraître en France, Qui a peur de la mort ? est paru en octobre 2017 aux éditions ActuSF. Mais une chose est certaine ce ne sera pas le seul… Aux Etats-Unis, elle a déjà écrit plus d’une douzaine de romans, dont une partie ont été primés : Binti a reçu le prix Hugo et le prix du Nebula du premier roman court. Elle a également eu le prix World Fantasy pour Qui a peur de la mort ?

Pour la petite histoire, Qui a peur de la mort ? est tout d’abord paru aux feues éditions Panini, dans la collection Eclipse en 2013. Ces dernières ont mis la clé sous la porte, et le texte de Nnedi Okorafor s’est perdu avec. Mais grâce aux éditions ActuSF, ce texte majeur de l’imaginaire connaît maintenant une seconde vie !

Autre bonne nouvelle, HBO a acquis les droits en vue d’une adaptation en série télé.

Quel destin pour Onyesonwu, enfant du viol et de la guerre ?

Elle n’était pas destinée à exister ou à naître, mais la fatalité en a décidé autrement. Notre histoire commence avec un énième conflit entre les Nurus et les Okekes. Les Nurus sont persuadés d’être supérieurs aux Okekes et cherchent à les dominer par tous les moyens…

C’est ainsi que violée par des guerriers Nurus ennemis, ayant traversé le désert enceinte, Najiba, une Okeke, accoucha sans aucune aide… Elle a traversé des villes hostiles avec son bébé avant de trouver un endroit qui les accueillerait toutes les deux : Jwahir. Voici pour l’histoire de la naissance d’Onyesonwu qui porte sur elle la marque du viol de par sa couleur de peau métissée. Maintenant, place à l’Histoire elle-même.

Au commencement de cet étrange roman, il y a la mort du père adoptif et bien aimé d’Onyesonwu… et son enterrement qui va tourner au cataclysme dans la ville de Jwahir.

Un roman initiatique fort aux symboliques mémorables

Pour ceux qui aiment les récits qui forgent et abiment leurs héros, c’est LE roman parfait. Si les histoires lisses et peu mouvementées vous lassent, vous êtes au bon endroit. C’est simple, Qui a peur de la mort ? est un roman qui frappe, qui salit, et qui laisse une empreinte mémorable chez son lecteur.

De nombreuses scènes y sont mythiques. Certaines sont d’une dureté difficilement supportable (viols, morts, excision…), d’autres d’une beauté unique (amour, sacrifice, force). Une chose est sûre, vous ne resterez pas indifférent face à une telle œuvre.

Nnedi Okorafor se fiche totalement des genres qu’elle utilise et use de tout sans réserve pour servir son propre style et cheminement. Il y a de la magie, des croyances, des guerres, une déesse qui trace les destins : Ani. Et surtout, il y a un apprentissage de longue haleine, un voyage initiatique, une guerre qui se profile… L’histoire peut sembler assez classique dans les grandes lignes, mais détrompez-vous, son traitement, son écriture, tout y est unique.

J’ai particulièrement apprécié la personnalité d’Onyesonwu, sa pugnacité, ses capacités à se jouer de l’adversité sont impressionnantes. Elle n’est jamais aussi belle que dans la difficulté… c’est une véritable belle héroïne de roman. J’ai surtout aimé ses phases d’apprentissage et son enfance/adolescence.

De plus, le vocabulaire très spécifique à l’univers de Nnedi Okorafor et à sa culture nigériane nous aide immédiatement à nous plonger dans cette Afrique post-apocalyptique. On apprend énormément de choses, on est touchés en plein cœur par certaines scènes, c’est aussi beau que terrible.

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C’est donc un roman incontournable à lire absolument si vous voulez un dépaysement garanti et une intrigue bien loin d’être cousue de fil blanc. Entre violence et onirisme, magie et rites de passage, c’est une véritable plongée dans l’inconnu.

Sachez enfin que ce roman peut se lire comme un tome unique, mais qu’il y a un second tome de paru aux Etats-Unis : The book of Phoenix.

Chronique : Les sœurs Hiroshima

Un roman magnifique et très percutant nous retraçant la terrible réalité qu’a subi la ville d’Hiroshima le 6 août 1945. Un véritable classique au Japon à découvrir enfin en France. Inspiré du récit d’une survivante de la tragédie…

Mariko Yamamoto est une auteure japonaise. Son roman, Les sœurs Hiroshima est un véritable classique au Japon, le voici enfin en France, publié aux éditions Bayard en septembre 2017.

L’histoire d’une tragédie que personne ne doit jamais oublier

Voici le début d’une nouvelle journée, nous sommes au Japon, dans les environs de la ville d’Hiroshima. Nous découvrons deux sœurs qui vivent en très bonne entente. Toujours à s’entraider, à faire de sprojets sur la comète où elles rêvent d’ouvrir une petite entreprise ensemble… pourquoi pas un restaurant ? Ou autre chose ? Akiko et sa grande sœur (nous n’aurons jamais son prénom) sont inséparables… jusqu’à l’explosion.

Leur petit village soufflé. Des maisons effondrées, des villageois blessés ou morts… Voici le récit de la lutte pour la survie écrit du point de vue d’Akiko.

Ne jamais oublier

Le roman a beau avoir été écrit par Mariko Yamamoto, ce roman est issu d’un entretien qu’elle a eu avec la vraie Akiko. Cette survivante de la bombe H a témoigné auprès de l’auteure, mais a refusé pendant de très nombreuses années de voir son récit publié. Ce qui l’a fait changer d’avis ? Le devoir de mémoire. Akiko a décidé qu’il fallait que son histoire et celle de sa sœur (et de toutes les victimes) soit connu pour qu’une telle horreur ne se reproduise jamais.

Très pudique et intimiste, on navigue entre les souvenirs d’enfance heureuse des deux sœurs et leur présent aux allures d’apocalypse. Au début, on est perdu, comme elles. On ne comprend pas immédiatement que c’est la bombe qui a frappé, la description faite par Akiko étant très floue. Elle est totalement déstabilisée et perdue… comme nous en la lisant.

Plus qu’un roman, c’est donc un récit et un témoignage que l’on découvre ici. Une fois que l’on sait cela (grâce à l’introduction), tout est exacerbé : l’injustice, la souffrance, la peur… Seul bémol quant à cette introduction, elle nous raconte comment se termine l’histoire. On aurait pu se passer de cette information et avoir une suite d’analyse de l’œuvre dans un épilogue…

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Terrible et touchant à la fois, Les sœurs Hiroshima est donc un très beau roman. Il est en effet nécessaire et devrait être lu par tous, en tout cas c’est le souhait d’Akiko. La réalité des choses est parfois difficile, mais il vaut mieux la connaître que l’occulter.

A découvrir dès l’âge de 13 ans minimum.

Chronique : Nightfall – Tome 1

Un roman pour ado au pitch ultra-séduisant, mais qui ne réussit pas à tenir ses promesses au final…

Premier tome d’une série mélangeant fantastique, survie, et horreur, Nightfall est un roman à quatre mains signé par les américains Jake Halpern et Peter Kutawinski. Il s’agit de leur premier ouvrage paru en France, et c’est aux éditions PKJ que vous pourrez le découvrir. L’ouvrage est paru en avril 2017.

Une île où le jour dure quatorze longues années… et la nuit tout autant !

Bienvenue sur l’île de Bliss, merveilleuse, pleine de ressources, le temps y est clément, tout le monde y vit de façon épanouie… Du moins, il en est ainsi pendant quatorze années consécutives. Ensuite, la Nuit commence à tomber pour s’installer pendant elle aussi quatorze années…

C’est au moment où le froid arrive et où la marée change que tous les habitants de Bliss s’adonnent à un étrange rituel : ils font leurs valises et quittent l’île par bateaux entiers pour les quatorze prochaines années pour se rendre dans les Terres désertiques. Mais ce n’est pas le plus étrange, non, c’est leur « façon » de préparer leurs maisons qui est étrange…

Avant de quitter Bliss, « LES MAISONS DOIVENT ÊTRE IMMACULÉES », comme le dit l’étrange statue qui fait son apparition alors que la marée baisse…

C’est dans ce contexte fébrile que l’on découvre Marine, Liam et Kana, des ados d’environs quatorze ans. Ils vont découvrir les préparatifs liés à l’arrivée de la Nuit, et beaucoup de question les taraudent… pourquoi masquer leurs odeurs de toutes les maisons ? Pourquoi retirer les serrures et laisser les portes d’entrées ouvertes ? Pourquoi placer ces étranges tables et assiettes sur les tables ? Que cache la Nuit ? Que savent les Okranas (seuls habitants de Bliss à avoir le droit d’aller dans la forêt) ?

Une accroche géniale, mais un développement hasardeux et décevant…

D’étranges têtes à apposer sur les murs, des boîtes bizarres cachées dans les sous-sols des maisons de Bliss, des agencements de meubles à respecter absolument, une forêt qui fait de plus en plus peur au fur et à mesure que la nuit tombe, des bruits sourds et graves qui proviennent des bois…

Une fois passées les cent premières pages du roman qui sont aussi captivantes que mystérieuses, on commence à comprendre où veulent nous mener les auteurs. Ainsi, malgré un début très prometteur, le développement de Nightfall laisse cruellement à désirer…

C’est fort dommage, car l’ambiance avait un petit quelque chose qui la rendait crispante, unique, étrange… Mais dès lors que l’on a compris dans quoi nous embarquaient le duo d’auteurs, c’est décevant. Pourquoi ? Car c’est tout simplement du déjà-vu/lu et que l’idée de base ne suffit pas à sauver le reste, d’autant que le trio de « héros » n’est guère charismatique. Ils ont parfois des réactions hors de propos ou complètement disproportionnées, ce qui rend le tout un peu bancal dans certaines scènes…

Le seul avantage que l’on peut trouver à Nightfall c’est que même si il s’agit d’une série en plusieurs tomes, le premier peut se suffire à lui-même. La majorité de vos interrogations seront satisfaites et résolues. De plus la conclusion proposée ici peut tout à fait convenir et s’assimiler à une vraie fin sans nécessairement vouloir en lire plus (comme la saga fantastique NIL).

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En somme, Nightfall est un roman qui vend du rêve mais qui au final est une réelle déception. Pour ceux que le thème intéresse, il est adapté aux ados dès l’âge de 14/15 ans environ…

Chronique : Alice in Borderland – Tome 1

Un premier tome extrêmement mystérieux et très inquiétant…

Paru en 2013 aux éditions Delcourt (dans la collection Akata), voici le premier du seinen Alice in Borderland.  Ce manga a été créé par Haro Asô, qui en a déjà d’autres à son actif. En France, l’une de ses séries était ainsi parue : Hyde & Closer (Delcourt).

Alice in Borderland est une série en 18 tomes désormais complète. Le dernier tome vient d’ailleurs de sortir il y a peu, en juillet 2017. Un spin-off du manga est à paraître en septembre sous le titre Alice on border Road, toujours chez Delcourt.

Trois adolescents malheureux à dans notre époque

Pour Alice, Karube et Chôta, le monde ne vaut pas le détour. Alice, en particulier, est blasé, ne se voit aucun avenir dans notre monde tel qu’il est… Et ça tombe plutôt « bien » car une étrange explosion va transporter nos trois antihéros vont se retrouver dans une sorte de Japon parallèle. Fini la pression sociale, la survie dans la rue pour un regard de travers, les études, les enjeux… Mais ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que cette version alternative où ils ont atterri est absolument… mortelle.

Un premier tome très évasif mais intéressant malgré tout

Difficile de juger une série manga à son premier tome, mais Alice in Borderland recèle quelques atouts notables. Premièrement, l’aune de mystère qui règne de bout en bout dans ce Japon dérivé. Ensuite, le côté fantastique et très inquiétant qui ressort peu à peu est très bien géré.

Du côté des dessins, ils ne seront pas au goût de tout le monde, c’est certain. Quelques personnages sont assez caricaturaux et repoussants visuellement, en particulièrement Chôta (le camarade d’Alice). Ses traits sont assez grossiers, et même si c’est voulu par l’auteur, on ne saisit pas le pourquoi de ce choix comparé aux autres protagonistes. Peut-être sera-t-il expliqué ultérieurement.

Pour ce qui est du scénario pur, il n’est pas évident de se faire une idée bien arrêtée sur sa qualité. Un seul tome, c’est bien trop court pour juger, mais ce qu’on découvre est très tentant. Evidemment, il y a énormément d’interrogations sur le pourquoi, le comment, le fonctionnant de ce nouvel univers dont personne ne sait rien… mais on a bien envie d’en savoir plus !

Tout ce que l’on sait, c’est que le trio doit survivre à un enchainement de questions étrange, sous peine de se prendre des milliers de flèches enflammées ! Bizarre ? Certainement. Mais quelque chose laisse présager que l’on a encore rien vu…

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En somme, ce premier tome d’Alice in Borderland est curieux, très mystérieux et sait happer son lecteur. C’est donc un titre à creuser pour ceux qui souhaitent se procurer la suite, il y a certainement de quoi faire. A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

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Chronique : Good morning, midnight

Un roman inclassable qui nous laisse imaginer comment finirait l’humanité, et ce n’est pas dans le bruit et la fureur… mais dans un long silence radio.

Premier roman de l’américaine Lily Brooks-Dalton à paraître en France, voici Good Morning, Midnight paru en janvier 2017 aux Presses de la Cité. Il nous conte l’histoire d’un homme isolé de tout en Antarctique et qui semble être le seul être humain restant sur Terre, mais qui a la tête tournée vers les étoiles depuis toujours… En parallèle, un vaisseau est en route pour rentrer sur Terre mais ne sait pas ce qu’il l’attend au retour.

Portrait de rares survivants

A la suite d’une guerre, ou d’un incident biologique, ou nucléaire, ou autre chose… il semblerait que l’humanité soit en voie d’extinction. Du moins, c’est ce que les indices laissent penser. Ainsi, découvrons-nous Augustin, le seul homme encore vivant sur Terre à l’âge de quatre-vingt ans. Scientifique de renom, il a toujours étudié les étoiles, la physique et était prisé par les plus grandes universités à travers le monde entier… Mais il est désormais seul, lui qui a eu quantité de femmes dans sa vie et de gens qui le sollicitaient, le voilà en Antarctique à survivre de viande séchée. Et il est avec une petite fille de huit ans environ, qui a été oubliée durant l’évacuation… une charge supplémentaire qu’il na jamais souhaitée, lui qui a abandonné femme et enfants il y a des décennies pour sa passion envers les corps étoilés… Quel avenir pour ce duo improbable isolé de tout ?

Pendant ce temps, la navette l’Aether est en chemin vers la Terre depuis de longs mois. Mais depuis quelques semaines, impossible pour eux de joindre quelqu’un sur Terre. Que s’y est-il passé ? Pourrons-t-ils à nouveau fouler la terre ferme ? L’humanité s’est-elle éteinte ? Ce qui est curieux, c’est que les radios semblent fonctionner et qu’il n’y a simplement personne pour répondre… Qu’a-t-il bien pu se passer ?

Une histoire originale qui nous propose la fin possible de l’humanité

L’idée d’origine de Good Morning, Midnight est très intéressante. Un huis-clos sur Terre et dans l’espace, on découvre la psychologie de personnages que rien n’a préparé à cela, même le plus intense des programmes spatiaux. Isolement, interrogations, torture psychique, ressassement du passé, chacun est livré à lui-même dans cet avenir proche au silence assourdissant.

Que s’est-il réellement passé ? Ce n’est pas l’objet premier de ce livre que de répondre à cette question. Le but premier de Good Morning, Midnight est plutôt de nous proposer une version réaliste (et mystérieuse) de ce que pourrai être la fin de l’humanité…

Chaque chapitre alterne entre le point de vue d’Augustin, sur Terre et celui de Sully, une brillante astronaute de retour vers la Terre avec ses collègues. Chacun à leur manière doit faire face à ses erreurs, ses actes manqués et autres regrets qui ne manquent pas de ressurgir face à la solitude et l’excès de temps libre.

Mais même si je trouve l’idée d’origine du roman géniale, son développement m’a beaucoup moins séduit. En effet, le rythme du roman est très lent. On sent que c’est volontaire de la part de l’auteure pour instaurer ce sentiment de solitude, mais c’est tout de même gênant. Trop de longueurs, de descriptions, de ressassements pour moi.

La seconde partie du roman est un peu plus vivante, mais pas non plus très dynamique. Je pense que c’est plus un format novella qui aurait convenu à cette histoire. Le format roman oblige l’auteure a étirer plus que nécessaire le fil de son histoire, ce qui créer de grosses longueurs… J’ai toutefois trouvé l’écriture et l’ambiance générale du roman très bien faites, mais ce n’est pas suffisant pour tenir un lecteur.

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Ainsi, ce roman renferme une très belle histoire, emplie de mélancolie, d’amour et de sciences, mais il y a bien trop de longueurs pour l’apprécier pleinement. Un texte plus court aurait donné davantage de force au message de Lily Brooks-Dalton, c’est dommage. On retiendra donc une belle histoire, une intrigue originale et douce mais sans grande force narrative au final. Dommage, cela aurait réellement pu être un coup de cœur pour moi car tout ce que j’aime était réuni : un mélange d’anticipation sur fond de fin du monde et de sciences, que demander de plus ?

 

Chronique : Coeur de loup

Un roman aux élans de liberté et d’aventure à savourer !

Katherine Rundell est une auteure Anglaise, elle a eu la chance de grandir au Zimbabwe, à Bruxelles, et à Londres. Elle a également été nommée pour la Médaille Carnegie. En France, nous la connaissons pour deux romans : Le ciel nous appartient (Les Grandes Personnes/Folio Junior) et tout récemment, Cœur de loup chez Gallimard Jeunesse.

Avec ce nouveau roman, Katherine Rundell nous offre une aventure naviguant entre Histoire et merveilleux avec pour toile de fond la Russie des tsars… et son âpreté.

Un univers glacé et merveilleux

Le monde quotidien de Féodora est bien loin de celui des autres enfants et adolescents. Là où certains jouent dans la neige, s’amusent, ou aident leurs parents, Féodora elle, ensauvage des loups avec sa mère, maître-loup de métier.

En Russie, posséder des loups est considéré comme un marqueur de noblesse. Mais comme il s’agit d’animaux sauvages, il arrive régulièrement que certains mordent ou se rebellent contre leur domestication forcée. Ils sont alors abandonnés aux soins de la mère de Féodora, qui s’occupe d’ensauvager les loups, dans un coin isolé de Russie. Car on ne tue jamais un loup, cela apporte un immense malheur… Mais le travail si particulier de Féodora et de sa mère est mis en danger par l’armée du tsar et la folie de son chef.

C’est le début d’une magnifique quête pour Féodora : rébellion, courage, férocité et persévérance, Féo va devoir se surpasser et se découvrir pour libérer sa mère du joug de l’armée du Tsar…

Une belle histoire comme on les aime

Avec Cœur de loup, vous retrouverez tout ce qui fait qu’un ouvrage jeunesse peut être mémorable aux yeux d’un jeune lecteur. Des héros charismatiques, une histoire originale aux élans mystérieux et dangereux, une intrigue efficace et bien menée, et des sentiments poignants qui accaparent le lecteur.

Et surtout, la Russie dépeinte comme elle l’est par Katherine Rundell est une ode à la beauté glacée des forêts de Sibérie, à la liberté, et à l’amour.

Plus qu’un récit d’aventure, c’est un chant de rébellion qui souffle dans ce roman. Ne vous laissez jamais faire, et battez-vous pour vos convictions, voilà l’un des messages de ce récit. Le second grand message étant certainement d’être aussi bon que possible avec ceux qui nous entourent, qu’ils soient humains ou animaux…

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Si vous recherchez une belle histoire pour les jeunes lecteurs entre 10 et 13 ans environ, Cœur de loup est un très bon ouvrage. Son histoire est originale, les illustrations dont est parsemé le récit sont superbes, merci à Emmanuelle Ghez pour cela.

Mention spéciale également pour l’illustration de couverture, le touché pelliculé et doux de l’ouvrage, et le titre argenté. Ce livre est un bijou, à tous points de vue.

GENRE : Non classé
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Annihilation

Un roman d’anticipation au rythme lent,  fort nébuleux – mais captivant – aux élans lovecraftiens très développés…

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la Trilogie du Rempart Sud de Jeff VanderMeer ? Le premier tome, Annihilation, est paru aux éditions Le Diable Vauvert en 2016, il vient tout juste de sortir chez Le livre de poche. Le second tome d’ores et déjà paru le 5 octobre dernier sous le titre Autorité.

Enfin, la saga est en cours d’adaptation cinématographique avec notamment Natalie Portman. La réalisation et le scénario sont signés Alex Garland (Ex Machina, 28 jours plus tard…). Le film est prévu dans les salles obscures pour mars 2018.

Une mission d’exploration dans la Zone X

Etrange, innommable, mystérieuse… voici la Zone X, un endroit impossible à décrire, inhabitable et secret. C’est là-bas que se rendent quatre scientifiques afin de tenter d’en percer les mystères : une anthropologue, une psychologue, une géomètre et une biologiste (la narratrice de ce roman). Elles composent à elles quatre la douzième expédition.

Elles doivent se surveiller mutuellement pour être certaines qu’aucune n’est influencée ou changée par la zone X. Mais peu à peu, la tension monte et l’incertitude également… Que sont-elles censées découvrir ? Qu’on donc apprit les onze expéditions précédentes ? Et ce n’est que le début des interrogations…

Un roman lent et lancinant qui nous contamine à sa façon

On ne peut pas dire qu’Annihilation soit un roman facile d’accès. J’ai d’ailleurs du faire une pause durant ma lecture tant il est lent. Mais il faut insister car son atmosphère d’étrangeté et de danger latent le rend unique.

La narration n’est d’ailleurs pas sans faire penser à H.P. Lovercraft dans les détails sombres, l’atmosphère pesante… et les étranges plantes/choses/organismes que l’on croise !

J’ai adoré cette histoire aux enchainements nébuleux mais toujours intéressants. La pression psychologique entre les membres ne cesse de monter. La suspicion également… Tout ce que nous lisons est écrit du point de vue de la biologiste, elle nous explique la faune, la flore, de la Zone X, me nombreuses questions planent encore.

Il y a un élément de la Zone X en particulier que j’ai trouvé singulier et mémorable : la Tour. Ce qu’elle renferme a quelque chose d’hypnotique qu’il est impossible de décrire. D’autant qu’après les très nombreuses expéditions, elle n’est sur aucune carte ! Jeff VanderMeer maîtrise à la perfection l’art de ne pas trop développer tout en nous laissant une image bien précise en tête.

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Annihilation est donc un excellent premier tome pour qui aime les ambiances emplies d’étrangeté… C’est un roman qui fonctionne comme un huis-clos bien que le décor soit une zone gigantesque non répertoriée… C’est magnifiquement travaillé psychologiquement…

On a tout simplement envie de passer au second tome, Autorité. Il parait qu’il est extrêmement différent du premier en termes d’écriture et de narration, je suis impatiente de vérifier cela !

PS : Mention spéciale à la couverture du roman (qui reprend la version US) car elle retranscrit parfaitement l’univers de la Trilogie du Rempart Sud… Des plantes qui grimpent partout et qui semblent régner en maîtres, une flore foisonnante… c’est exactement ça !

Chronique : L’éducation de Stony Mayhall

De la difficile condition de mort-vivant

Daryl Gregory est un auteur de science-fiction et d’imaginaire qui nous vient des Etats-Unis. Plusieurs de ses romans sont déjà parus en France : Nous allons tous très bien merci (Le Bélial’), After party (Le Bélial’) et enfin L’éducation de Stony Mayhall qui vient de paraître chez Pocket.

Avec L’éducation de Stony Mayhall, Daryl Gregory signe un roman unique et inclassable sur le statut de mort-vivant et ce qu’il implique d’un point de vue social. Intrigué ?

Stony, un bébé pas comme les autres

Les circonstances de la naissance de Stony Mayhall restent floues. De même que la façon dont il a grandit. En effet, Stony n’est pas un enfant comme les autres… il est né zombie. Caché, choyé, aimé par une famille profondément unie, Stony va se construire à travers le prisme d’êtres totalement vivants et normaux. Quel avenir attend Stony ? Comment lui-même se perçoit-il à travers ces référents si différents de lui ? Un magnifique roman spéculatif sur la condition de zombie…

Un roman inattendu et inclassable dont on se souviendra longtemps

Si vous en avez assez des romans post-apocalyptiques où le mot zombie est synonyme d’invasion, d’hécatombes et d’explosions et de tirs à tout-va, ce roman est fait pour vous. Tous les stéréotypes du roman de survie vous seront ici épargnés. L’éducation de Stony Mayall est une sorte de roman/essai sur la condition de mort-vivant. Comment se faire accepter des vivants ? Comment les « convertir » au mode de pensée zombie ? Peut-il y avoir une conciliation entre le monde des vivants et celui des non-vivants ?

Le schéma narratif du roman est lui aussi surprenant. On ne sait jamais où veux nous emmener Daryl Grégory. Impossible de savoir ce qu’il a décidé pour son héros aux chairs mortes ainsi que pour ses camarades zombies.

C’est un roman touchant qui saura vous atteindre grâce à ses histoires dans l’histoire. Profondément humain, drôle parfois, souvent déroutant, vous ne resterez pas indifférent. Stony est incroyable, et les différentes parties du roman qui recoupent sa vie sont aussi différentes que percutantes. Sa façon d’être est également très attachante, notamment quand il se force à manger pour faire croire à sa famille qu’il aime les plats qu’on lui prépare… ! Vous découvrirez aussi bien une enfance heureuse au fin fond d’une ferme isolée, qu’une terrible prison sans oublier une « vie de cavale »… Stony a de multiples vies, et elles sont toutes passionnantes.

Vous y trouverez également tout un pan politique et religieux aussi intéressant qu’inattendu. En effet, les zombies de Daryl Gregory ne se cantonnent pas à mordre. Ils réfléchissent, argumentent, on des opinions politiques sur leur condition et leurs possibilités d’évolution. Cette facette du roman y est extrêmement développée et bien traitée.

……

L’éducation de Stony Mayhall, c’est de la philosophie version zombie, mais également de la très bonne littérature. Un roman absolument inclassable qui nous offre une histoire merveilleuse, humaine, triste parfois, mais inoubliable assurément. A lire pour découvrir une autre façon de traiter le thème surexploité des mort-vivants et s’émerveiller de découvrir que tout n’a pas encore été fait, la preuve !