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Chronique cinéma : Alita Battle Angel, l’adaptation de Gunnm vaut-elle le détour ?

Gunnm, manga en neuf tomes créé par Yukito Kishiro est devenu un classique parmi les classiques. A la fois meccha, post-apocalyptique, philosophique, visionnaire, Gunnm est tout simplement un monument, tous genres confondus. Il a durablement marqué des générations entières de lecteurs.rices (moi comprise). Vous pouvez d’ailleurs retrouver la chronique du premier tome ici pour vous faire une idée de l’intrigue générale.

Ne passons pas par quatre chemins pour ceux qui ne souhaitent pas lire la totalité de l’article : la réponse est oui, cette adaptation vaut le coup, elle est même bluffante.

Une véritable claque

Cela faisait une dizaine d’années que j’attendais cette adaptation, alors autant dire que la barre était extrêmement haute. J’avais peur d’être déçue, j’y allais même avec appréhension… Voir la version cinématographique d’une œuvre qu’on a lue et relue pendant des années est forcément un moment que l’on attend… et que l’on redoute.

Et pourtant, dès les premières minutes, on sent que ce film a une âme, qu’il a été peaufiné, pensé dans ses moindres détails. L’esthétique de l’univers est très fidèle à celle qu’avait initialement créé Yukito Kishiro, et avec les effets spéciaux d’aujourd’hui, la ville de Zalem et la Décharge, au dessous, n’en sont que plus belles.

Et surtout, le Motorball a une place de choix dans le film ! C’étaient les scènes que j’attendais avec le plus d’impatience. Pour ceux qui ne connaissent pas le sport élevé au rang de culte dans Gunnm, le Motorball est une sorte de roller derby amélioré, et mortel. D’une violence extrême, tous les coups et toutes les armes y sont permis…

Et même si les bandes-annonces montrent des personnages assez manichéens, l’intrigue est bien plus subtile qu’il n’y paraît. Mais pour apprécier en totalité l’œuvre, il vous faudra à la fois découvrir le film et lire les mangas. Car bien entendu, en deux heures, il est impossible d’adapter les 9 tomes qui composent Gunnm.

Ido, dans le manga original.

En ce qui concerne le choix des acteurs, le casting est parfaitement réussi. Notamment en ce qui concerne le personnage d’Ido, celui qui récupère et protège Alita. Christoph Waltz campe parfaitement ce rôle, aussi bien dans son jeu, que physiquement, c’est impressionnant.

Pour Alita (ou Gally pour les intimes), le choix de Rosa Salazar est assez cohérent, et surtout, le réalisateur a eu l’idée de lui faire de grands yeux comme dans le manga. Ce choix aurait pu être catastrophique ou mal interprété, mais ils ont réussi à éviter tous les écueils que comportait ce choix. Ce qui nous donne une Alita parfaitement crédible, belle et combative comme dans le manga !

Ido, dans Alita Battle Angel. Il est ressemblant, non ?

D’ailleurs, parlons de mes deux points de frustration en ce qui concerne cette adaptation. Premièrement, la bande-son, qui n’a pas de réelle influence ni d’harmonie avec les images. A aucun moment, vous ne trouverez une fusion totale entre l’image et le son. Là où Nolan et Hans Zimmer, ou encore Danny Elfmann et Tim Burton arrivent à créer des moments uniques où son et image atteignent la perfection, ici, vous n’aurez « que » des images parfaites. Il y a des moments de beauté et d’esthétique extraordinaires, dans les combats, les mouvements d’Alita, mais jamais ils ne sont accompagnés d’un son mémorable qui les rendraient mythiques. C’est mon seul regret…

Ma seconde remarque est à propos de la fin du film. Le moment qu’ils ont décidé de couper est tout simplement terriblement frustrant. C’est justement là où l’on était pris dans la spirale des intrigues créé par Zalem, au moment où tout prend sens et devient exaltant… et bien c’est fini.

Mais soyons honnêtes, il fallait bien finir, sinon on partait sur un film d’une durée de trois heures minimum… Mais cette fin appelle une suite. Suite qui dépendra du nombre d’entrées en salles pour ce premier opus de Alita Battle Angel !

Allez donc voir Alita Battle Angel, vous passerez un excellent moment. A la croisée des chemins entre action, combats de toute beauté et intrigue savamment menée… C’est un véritable coup de cœur. Que vous soyez fan ou non du manga, vous pourrez tomber amoureux.se de Gally (ou Alita) au bout de quelques minutes, c’est certain.

Chronique : Exo – Tome 1

Et si notre planète ne nous appartenait plus ? Si nous avions été colonisés par des extraterrestres d’une technologie et d’une intelligence bien supérieurs ?

Il vient tout juste de paraître en librairie, voici Exo, le premier tome d’une nouvelle série de science-fiction pour les adolescents. Son auteure, Fonda Lee, est américaine. Elle a déjà écrit de nombreux ouvrages Outre-Atlantique, et cela dans de nombreux genres différents. Il s’agit de son premier roman à paraître en France. Exo est publié aux éditions Bayard.

En territoire conquis…

« Bienvenue » sur Terre… enfin, pas vraiment. Notre planète a été colonisée il y a plusieurs décennies de cela. L’homme n’est plus l’espèce dominante… maintenant, ce sont les Zhrees qui gèrent tout. Ils décideront de votre avenir, de votre métier (ou affectation), de votre niveau social… etc. Au final, beaucoup d’êtres humains y trouvent leur compte… du moins ceux qui ne sont pas trop mal situé dans l’échelle… Mais pour les autres, les laissés pour compte ou les humains lambda, la situation est très difficile.

C’est ainsi que la rébellion Sapiens est née. Pour contrevenir à l’envahisseur par tous les moyens… mais la lutte semble jouée d’avance quand on voit les moyen des Zhrees face à ceux d’une poignée d’hommes. C’est dans cette situation très complexe que l’on suit Donovan, un jeune homme tout ce qu’il a de plus humain, mais qui possède à l’intérieur de son corps une technologie 100% Zhree : l’exo. Mais les Sapiens sont loin d’être la seule menace…

Un roman ado qui initie à la sf militaire

Pour ceux qui ne seraient pas familiers de la science-fiction dite militaire, Exo peut être considéré comme intéressant pour un lectorat de 13/15 ans. Mais il ne peut être qu’une entrée en matière dans le genre car il manque tout de même de complexité, en particulier au niveau des personnages.

En effet, les enjeux sont connus, recèlent peu de surprises, et surtout les personnages sont parfois trop simplistes. Donovan, tiraillé entre son allégeance aux Zhrees et son statut d’humain réagit parfois de façon inattendue du point de vue de son clan Zhree. De plus, ses liens de parentés complexifie sa façon de réagir et penser : son père est le Premier mandataire (équivalent à président d’un État) ce qui implique énormément d’enjeux quel que soit son choix, ses réactions, ses réponses. Tout est décortiqué. Étant donné qu’il a un certain rang à tenir, la pression sur lui est énorme…

Mais malgré tout cela, Exo ne réussit pas à transporter son lectorat. On n’est pas vraiment accro, l’histoire ne recèle guère de surprises et les personnages non plus ! Certaines rencontres et croisements entre certains personnages sont d’ailleurs statistiquement très peu probables…

………..

En conclusion, Exo est un premier tome intéressant (rares sont les romans de sf YA à traiter de la colonisation de la Terre par une intelligence extraterrestre) mais qui manque malgré tout d’originalité. Le traitement de l’’histoire est extrêmement classique malgré un cadre rarement utilisé dans la littérature ado. Mais surtout, le jeune Donovan est un héros qui manque de charisme et que l’on ne souhaite pas forcément suivre au bout du monde. Dommage…

Chronique : Lotto Girl

Une dystopie engageante… qui n’a pas su contenter mes attentes de grande amatrice du genre…

Lotto Girl est un roman paru chez Casterman en septembre 2017. Il était à sa sortie un enjeu assez important de l’éditeur. Georgia Blain était quant à elle une autrice australienne qui commençait à monter, mais qui s’est malheureusement éteinte à l’âge de 52 ans des suite d’un cancer du cerveau.

Son roman, Lotto Girl est le premier à paraître en France, mais elle a écrit huit romans ainsi que des nouvelles.

Une vie aseptisée pour la crème de la génétique

Le futur : les états n’existent plus et ont été remplacés par des entreprises tentaculaires qui ont tous les droits. Si vous travaillez pour une corporation riche et prospère, vous ferez partie de l’élite, et votre vie n’en sera que plus facile… Mais si vous travaillez pour une société moindre, c’est tous les aspects de votre vie qui seront concernés : vous aurez un appartement miteux, vivrez dans un endroit pollué faisant baisser votre espérance de vie… et vous n’aurez pas le droit de faire appel à BioPerfect pour manipuler les cellules de votre futur enfant.

Sauf si il a été « élu » à la loterie. Faisant de lui un lotto boy ou une lotto girl. Vous pouvez alors choisir si votre progéniture sera douée en sciences, ou si son caractère sera plus sociable que la norme… Vous pouvez également décider d’en faire un leader, ou un artiste doté de l’oreille absolue… Tout est dans les gènes, il suffit de manipuler le brin d’ADN qui vous intéresse, et BioPefect s’occupe de TOUT.

Pour les plus riches, pas besoin de loterie, car bien entendu, ils ont les moyens et ne se privent pas de doter leurs enfants de tous les attributs possibles et imaginable. Comme dans une version futuriste et effrayante des trois bonnes fées qui offrent leurs dons à la princesse Aurore dans La belle au bois dormant

C’est dans ce monde effrayant que nous suivons la jeune Fern, lotto girl qui vit dans un lieu aseptisé et surprotecteur : Hapston. Elle y est élevée à développer ses dons avec d’autres enfants issus de la loterie, mais également avec des enfants issus de familles riches…

Une base solide et intéressante, mais un développement totalement chaotique

Les idées de Georgia Blain sont assez intéressantes et posent le décor d’un univers unique. Mais cela n’a pas suffit à rendre l’histoire de Lotto girl captivante comme d’autres dystopies ont pu le faire.

On navigue entre passé et présent, dans deux lieux très différents : Hapston, le lieu surprotégé et une sorte de camp de travail pour les rebus de la société.

On nous lance des postulats, des enjeux que l’on ne comprend pas du tout avant un long moment… Et tout cela nous emmenant à quoi ? Tout n’est pas clair dans ce roman malgré de bonnes idées, d’autant que Fern est un personnage qui manque d’une identité forte. Elle n’est pas charismatique, trop passive parfois, emplie de regrets mais ne passant jamais à l’action… ça la rend assez terne.

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Il y a malgré tout quelques réflexions intéressantes dans le roman, mais pas de là à en apprécier la globalité. Trop flou par moments, pas assez développé à d’autres, Lotto girl est un livre qui avait de bonnes qualités au départ, mais elles sont très vite éclipsées par les défauts (trop nombreux) du reste… Dommage, ça aurait pu être d’envergure, mais il y a eu un raté…

Pour les curieux.ses l’ouvrage est adapté dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique Cinéma : The Darkest Minds

The Darkest Minds

Un bon moment à passer, mais pas de souvenir à en garder…

The Darkest Minds est le nom du film adapté directement de la saga du même nom écrite par Alexandra Bracken. En France, les ouvrages sont parus initialement chez La Martinière Jeunesse il y a 5 ans, puis chez  Le livre de poche sous le titre Les Insoumis. Mais qu’en est-il de cette adaptation cinématographique ? Est-elle à la hauteur de l’ouvrage ? Oui… et non. Explications.

Une dystopie assez classique mais plaisante

Le monde tel qu’on le connaît a changé depuis qu’un étrange mal a décimé 90% de la population âgée entre 0 et 15 ans. Ceux qui ont survécu ont vu leur vie changer à jamais, car le virus les a doté de pouvoirs psychiques phénoménaux.

Certains excellent dans tout ce qui touche aux calculs, d’autres sont plus dangereux et peuvent vous  manipuler à leur guise (vous pousser au suicide malgré vous par exemple), d’autres encore maîtrisent l’électricité et certains, beaucoup plus dangereux, le feu…

Et ces pouvoirs font peur à tous ceux qui n’en ont pas. Les enfants sont ainsi tous parqués dans des immenses prisons. Esclaves, où aucune humanité n’a survécu… c’est dans l’un de ces centre que vit Ruby, une jeune fille aux pouvoirs psychiques très développés. Tant développés qu’elle se fait peur à elle-même…

The Darkest Minds

Mais pas suffisant pour être transporté par l’adaptation cinématographique…

Le livre en lui même était sympathique, et ont peut dire la même chose du film. On passe un bon moment, mais on est loin d’être transporté… Je me souviens encore quand j’avais été voir Divergente, je m’étais littéralement pris une claque, tant au niveau visuel que musical. Or, dans Darkest Minds, tout est correct, mais rien n’est remarquable.

The Darkest Minds - extrait

Cependant, on ne peux pas reprocher au film de ne pas être fidèle au roman. Il a beau aller bien plus vite (difficile de condenser autant de pages en si peu de temps), notamment au début, où les conditions de détention de Ruby nous sont à peine décrites…

Là où le bât blesse le plus, c’est dans l’ensemble du film. Les effets spéciaux ont beau être réussis, ils ne cadrent pas avec la mise en scène qui manque parfois de dynamique. Quant à la musique associée, elle n’apporte aucune dimension au film. Là où une bande-originale est censée accompagner et faire gagner en profondeur à un film et donner des moments forts voir mémorables, ici rien de tout cela.

The Darkest Minds - extrait

Darkest Minds est donc une adaptation assez fidèle à l’ouvrage d’Alexandra Bracken, mais ne réussit pas à captiver réellement. Certaines ficelles sont un peu trop grosses. Cela n’en fait pas un mauvais film, mais il est certain que l’on est loin du coup de coeur. On retiendra que l’on a passé un moment agréable, mais pas inoubliable.

The Darkest Minds - extrait

Je vous laisse regarder la bande-annonce très réussie (avec pour le coup une musique très percutante !) ci-dessous :

Chronique : Dossier Alexander – Tome 1 – Illuminae

Un roman à la narration extrêmement originale et à l’intrigue addictive ! Bienvenue à bord du vaisseau Hypatia, en plein voyage galactique… mais qui risque de ne pas arriver à bon port…

Lors de la parution du premier tome de la série Dossier Alexander, ce fut l’effervescence. Beaucoup de blogs en parlaient, il y a eu un énorme bouche à oreille autour d’Illuminae… A juste titre ? Je dirais que oui, tant le mélange de genres est captivant et détonnant.

C’est ainsi qu’est paru Illuminae en septembre 2016, aux éditions Casterman. Énorme travail éditorial et de mise en page, ce roman est particulier à de très nombreux égards. C’est un monstre de plus de 600 pages que vous avez entre les mains.

Cet ouvrage ambitieux est écrit par Jay Kristoff (auteur de la saga de fantasy asiatique La guerre du Lotus chez Bragelonne) et Amie Kaufman, auteure du roman YA Vertige chez La Martinière.

Quand un lobby fait tuer des centaines de personnes

Tout commence par une fusillade par l’entreprise BeiTech sur des civils installés sur une planète colonisée depuis des années, mais isolée. C’est ainsi que la jeune Kaddy se voit embarquer en urgence sur l’Hypatia pour fuir la planète…

Son ex-petit ami depuis cinq minutes à peine – Ezra – a quant à lui réussit à embarquer sur l’Alexander. Ce qu’ils ne savent pas encore c’est qu’ils vont continuer à être poursuivis par BeiTech à travers l’espace… Et que l’IA (Intelligence Artificielle) qui gère l’Alexander est en train d’agir de façon extrêmement inquiétante au fil des heures…

Aussi inclassable que génial

Si l’on devait absolument cataloguer Illuminae, ont pourrait dire que c’est un mélange de SF militaire, de romance, d’aventure, de piratage et de survie. Tout ça mélangé de façon adroite et ultra-addictive.

Car l’expérience Illuminae est loin de se limiter à un simple roman. Vous avez une foule d’informations diverses qui rendent la dimension de lecture supérieure à ce que vous avez déjà pu lire (tout ça sans supplément numérique) : rapports, schémas, échanges mails, décomptes, calculs de trajectoires…

On pourrait croire que ces différentes formes de narrations sont trop décousues ou difficiles à appréhender, mais il n’en est rien. Je vous laisse juge avec les quelques photos intérieures que j’ai prises, mais je trouve le tout très réussit, tant au niveau graphique que narratif.

En très peu de pages, ont comprend vite les enjeux et la terrible injustice qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Reste à savoir comment Ezra et Kaddy vont s’en sortir, (si ils s’en sortent) alors qu’ils sont dans deux vaisseaux différents aux caractéristiques diamétralement opposées.

Mais outre l’intrigue, l’ambiance constamment tendue du roman nous met à rude épreuve. En particulier le personnage de l’IA : AIDAN. Elle est absolument flippante, et ça ne s’arrange pas au fil des pages… Sans oublier la course-poursuite à travers l’espace qui met en danger les deux vaisseaux. Et aussi… le virus Phobos qui sévit un peu plus tard dont je ne peux malheureusement pas développer les caractéristiques (trop bien décrites que c’en est inquiétant).

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Si je ne vous ai pas convaincue avec cette chronique, je n’ai plus qu’une chose à ajouter : faites-moi confiance. Illuminae est un excellent roman YA dont la fin vous surprendra. Les personnages y sont tellement réalistes qu’ils prennent corps à la lecture, pour le meilleur et parfois pour le pire… Quoi qu’il en soit, ce roman est tout à fait mémorable ! A lire dès l’âge de 15 ans minium.

Chronique Jeunesse : L’enfaon

Une nouvelle de science-fiction destinée à la jeunesse absolument belle et touchante qui ravira les lecteurs par sa justesse et sa beauté…

Dans la série des Humanimaux, je demande… L’enfaon ! L’ouvrage a été écrit par Eric Simard en 2010. Mais depuis cette année où L’enfaon est né, d’autres Humanimaux ont vu le jour : L’emperroquet, L’engourou, L’enbeille, L’encygne, L’enlouve… et d’autres encore !

Mais outre la série des Humanimaux, Eric Simard a écrit nombre de romans pour la jeunesse : La femme qui refusa de se soumettre (Oskar), Roby ne pleure jamais (Syros), Le cycle des destins (Syros), Le souffle de la pierre d’Irlande (Magnard Jeunesse)…

Un enfant pas comme les autres…

L’enfaon vient du CHGM, le Centre des Humains Génétiquement Modifiés. Quand il n’était encore qu’un embryon, l’enfaon s’est vu détectée une maladie très rare. Pour le sauver, ses gènes ont été entremêlés à ceux d’un cerf car la maladie ne les atteint pas. Ainsi est-il devenu avant même de naître un enfaon.

Il a des yeux un peu plus grand que ceux des autres enfants et répond « absent », la tête vers la forêt visible à travers la fenêtre de l’école quand on fait l’appel. Et peu à peu, Leïla, une de ses camarades de classe se sent happée par le charme de l’enfaon…

Une histoire d’amitié et d’amour d’enfance

Lire L’enfaon, c’est découvrir une prose exceptionnelle de douceur. Eric Simard a écrit de très nombreux textes, mais celui-ci a une résonance particulière. Il parle de tant de sujets différents en si peu de pages (et cela avec adresse), qu’on comprend pourquoi il est souvent conseillé ou prescrit par les professeurs. On y parle de la différence, de l’intégration, du harcèlement, de l’amitié, des barrières qui sont parfois posées par les autres à notre place…

L’enfaon a beau être une histoire typée science-fiction, son contenu est absolument universel. L’histoire nous est contée du point de vue de Leïla, qui découvre l’enfaon avec ses yeux d’enfant amoureuse… et cela jusqu’à son âge adulte. Et la conclusion du roman est d’une beauté, d’une poésie, infinie !

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En conclusion, L’enfaon est un véritable petit chef-d’œuvre dans son genre. En seulement quarante-deux pages, on découvre une vie, un univers totalement nouveau, à la fois très normal et très différent du notre. Les manipulations y on cours, mais le monde de l’école ressemble à celui que nous avons connu dans notre enfance… Un beau mélange entre anticipation et normalité pour nous aider à réfléchir sur de très nombreux thèmes qui font notre quotidien.

Chronique : Good morning, midnight

Un roman inclassable qui nous laisse imaginer comment finirait l’humanité, et ce n’est pas dans le bruit et la fureur… mais dans un long silence radio.

Premier roman de l’américaine Lily Brooks-Dalton à paraître en France, voici Good Morning, Midnight paru en janvier 2017 aux Presses de la Cité. Il nous conte l’histoire d’un homme isolé de tout en Antarctique et qui semble être le seul être humain restant sur Terre, mais qui a la tête tournée vers les étoiles depuis toujours… En parallèle, un vaisseau est en route pour rentrer sur Terre mais ne sait pas ce qu’il l’attend au retour.

Portrait de rares survivants

A la suite d’une guerre, ou d’un incident biologique, ou nucléaire, ou autre chose… il semblerait que l’humanité soit en voie d’extinction. Du moins, c’est ce que les indices laissent penser. Ainsi, découvrons-nous Augustin, le seul homme encore vivant sur Terre à l’âge de quatre-vingt ans. Scientifique de renom, il a toujours étudié les étoiles, la physique et était prisé par les plus grandes universités à travers le monde entier… Mais il est désormais seul, lui qui a eu quantité de femmes dans sa vie et de gens qui le sollicitaient, le voilà en Antarctique à survivre de viande séchée. Et il est avec une petite fille de huit ans environ, qui a été oubliée durant l’évacuation… une charge supplémentaire qu’il na jamais souhaitée, lui qui a abandonné femme et enfants il y a des décennies pour sa passion envers les corps étoilés… Quel avenir pour ce duo improbable isolé de tout ?

Pendant ce temps, la navette l’Aether est en chemin vers la Terre depuis de longs mois. Mais depuis quelques semaines, impossible pour eux de joindre quelqu’un sur Terre. Que s’y est-il passé ? Pourrons-t-ils à nouveau fouler la terre ferme ? L’humanité s’est-elle éteinte ? Ce qui est curieux, c’est que les radios semblent fonctionner et qu’il n’y a simplement personne pour répondre… Qu’a-t-il bien pu se passer ?

Une histoire originale qui nous propose la fin possible de l’humanité

L’idée d’origine de Good Morning, Midnight est très intéressante. Un huis-clos sur Terre et dans l’espace, on découvre la psychologie de personnages que rien n’a préparé à cela, même le plus intense des programmes spatiaux. Isolement, interrogations, torture psychique, ressassement du passé, chacun est livré à lui-même dans cet avenir proche au silence assourdissant.

Que s’est-il réellement passé ? Ce n’est pas l’objet premier de ce livre que de répondre à cette question. Le but premier de Good Morning, Midnight est plutôt de nous proposer une version réaliste (et mystérieuse) de ce que pourrai être la fin de l’humanité…

Chaque chapitre alterne entre le point de vue d’Augustin, sur Terre et celui de Sully, une brillante astronaute de retour vers la Terre avec ses collègues. Chacun à leur manière doit faire face à ses erreurs, ses actes manqués et autres regrets qui ne manquent pas de ressurgir face à la solitude et l’excès de temps libre.

Mais même si je trouve l’idée d’origine du roman géniale, son développement m’a beaucoup moins séduit. En effet, le rythme du roman est très lent. On sent que c’est volontaire de la part de l’auteure pour instaurer ce sentiment de solitude, mais c’est tout de même gênant. Trop de longueurs, de descriptions, de ressassements pour moi.

La seconde partie du roman est un peu plus vivante, mais pas non plus très dynamique. Je pense que c’est plus un format novella qui aurait convenu à cette histoire. Le format roman oblige l’auteure a étirer plus que nécessaire le fil de son histoire, ce qui créer de grosses longueurs… J’ai toutefois trouvé l’écriture et l’ambiance générale du roman très bien faites, mais ce n’est pas suffisant pour tenir un lecteur.

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Ainsi, ce roman renferme une très belle histoire, emplie de mélancolie, d’amour et de sciences, mais il y a bien trop de longueurs pour l’apprécier pleinement. Un texte plus court aurait donné davantage de force au message de Lily Brooks-Dalton, c’est dommage. On retiendra donc une belle histoire, une intrigue originale et douce mais sans grande force narrative au final. Dommage, cela aurait réellement pu être un coup de cœur pour moi car tout ce que j’aime était réuni : un mélange d’anticipation sur fond de fin du monde et de sciences, que demander de plus ?

 

Chronique : L’effet ricochet

Un roman d’anticipation qui mélange efficacement suspense et manipulation génétique

Il est sorti en février 2017 chez Seuil Jeunesse, voici l’un des derniers romans en date de la géniale Nadia Coste (j’ai perdu mon objectivité en lisant Le Premier chez Scrinéo).

L’effet Ricochet, c’est l’histoire de l’humanité qui a perdu le moyen de procréer naturellement et qui a du trouver une solution pour le moins extrême : le clonage.

Au cœur d’une famille des années 2074

Malou est une adolescente de 16 ans tout à fait normale. Comme tout le monde de nos jours (en 20174), elle est née grâce au clonage. Elle ressemble donc traits pour traits à sa mère, tout comme ses sœurs, dont elles sont également la copie conforme. Donc, tout se passe bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que… Malou se rende compte qu’il y a un petit grain de sable dans l’engrenage si parfait qui compose sa famille. En effet, elles ont toutes eue les mêmes accidents au même âge. Tout commence avec un bras cassé, mais d’autres « accidents » sont à venir. Il semblerait que les blessures et accidents corporels de leur mère se répercutent sur les trois sœurs, au même âge…

Comment expliquer ce phénomène, et surtout comment l’arrêter ? Les trois sœurs sont-elles les seules à subir cette anomalie ?

Une idée brillante mise au service d’une intrigue efficace !

Autant le dire d’emblée, L’effet ricochet est une petite réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 12 ans environ. Il y a tout pour plaire/captiver les lecteurs : de l’action, de la réflexion, de la documentation sur la génétique, les sciences, des personnages forts…

Encore une fois, Nadia Coste sait proposer un roman efficace et malin à ses lecteurs. Elle a toujours une idée de base très forte qu’elle réussit à développer très efficacement. L’effet ricochet ne fait donc pas exception et tient toutes ses promesses.

La seule remarque je pourrais faire serait à propose de la conclusion, que j’ai trouvé légèrement trop rapide. Comme si l’auteure n’avait plus le temps (la place ?) de clore correctement son roman.

En dehors de cela, c’est un sans fautes. C’est une lecture parfaite pour les ados et les préados, ça donne matière à réflexion, c’est intéressant… Et ça ferait même une super idée pour un film sous haute tension je trouve ! (oui, je m’emballe, mais l’idée est si bien trouvée et traitée que ça mérite qu’on s’y penche).

Malou est une ado du futur très crédible, aux sentiments forts, on s’attache très vite à elle et à son étrange destin génétique.

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Si vous recherchez pour vous (ou à offrir) un roman jeunesse et ado qui propose une histoire originale et bien traitée, L’effet ricochet est le roman parfait. C’est à découvrir dès l’âge de 12 ans environ, peut-être même avant pour ceux qui aiment la lecture.

Je vous laisse, je vais maintenant me pencher sur un autre roman de la même auteure (chez le même éditeur) : L’Empire des auras, j’espère qu’il est tout aussi bien !

 

PS : Je dois avouer avoir vraiment eu du mal à apprécier la couverture, que je trouve trop rébarbative. L’idée du visuel dupliqué est très bonne, mais l’illustration, les couleurs choisies ne donne pas quelque chose d’avenant. Quand ont sait à quel point le visuel est important (encore plus en jeunesse), c’est dommage… Mais cela reste mon avis très personnel.

Chronique : Zodiaque – Tome 1

Une saga originale et captivante qui mélange efficacement romance et science-fiction !

Romina Russell est une auteure américaine, elle a écrit la saga Zodiaque parue chez Michel Lafon en France. Actuellement, la saga est en trois tomes, mais le quatrième est d’ores et déjà prévu !

De catastrophes en drames

Douze planètes, douze peuples, comme autant de signes du Zodiaque. Un équilibre difficile à conserver, mais primordiale pour que chacun trouve sa place…

Mais le chaos commence avec l’élimination de milliers de personnes issues de la maison du Cancer. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un accident dû à une énorme explosion qui a bouleversé l’alignement des planètes du Cancer,  mais d’autres, comme Rhoma pensent à tout autre chose. Et si c’était le début de la fin pour le Zodiaque ? Et si l’émergence d’un treizième signe était en train de se produire ?

Un univers riche et captivant

L’univers de Zodiaque est extrêmement riche, aussi il est un peu long à appréhender au début. Mais une fois que vous êtes lancés dans l’histoire, c’est un régal !

Entre le roman d’initiation et d’aventure, on découvre une mythologie fascinante. Romina Russell se base d’ailleurs énormément sur des mythes existants. En effet, le treizième signe du Zodiaque existe réellement. C’est là que réside la crédibilité de la saga : s’inspirer de contes légendes réels en s’en servant de base pour son intrigue.

C’est dans ce monde très typé science-fiction qu’évolue Rhoma, une adolescente comme les autres ou presque. Abandonnée par sa mère (ce qui est extrêmement rare chez les Cancer) quand elle avait une dizaine d’année, ce trauma l’a en partie forgée. De même, sa façon de lire les astres est très différente de ses pairs, car c’est sa mère qui s’est occupée de sa formation. C’est ainsi que Rhoma avait lu l’arrivée d’Ophiuchus, le treizième signe, bien avant tout le monde. Mais même les catastrophes terribles survenues en Cancer ne suffisent pas à la prise de conscience du Zodiaque…

Ce roman est ainsi celui de la découverte, de l’initiation et de la prise de conscience, autant pour Rhoma, que pour nous lecteurs. Vous ferez notamment la découverte de très nombreuses technologies et mœurs fascinantes dans ce premier opus.

Enfin, le triangle amoureux qui va s’installer entre Rhoma, le très beau Mathias et le mystérieux Hysan n’est pas pour déplaire même si j’ai déjà choisi (team Hysan !).

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Difficile de présenter le premier tome d’une saga aussi dense, mais Zodiaque vaut le détour pour ses personnages forts, son histoire efficace, son imagination débordante. Le premier tome est toujours celui de la découverte, et celui-ci est fort réussit.

C’est à découvrir dès l’âge de 14 ans environ, puis sans limite d’âge ! Beaucoup d’adultes ont lu et aimé Zodiaque. D’autant que les couvertures françaises sont tout simplement magnifiques… de quoi donner envie !

Actualité éditoriale : Le premier trailer de Ready Player One est en ligne !

Il y a à peine quelques heures, le premier trailer de Ready Player One vient d’être mis en ligne à l’occasion du Comic-Con ! Pourquoi faire un article dessus plutôt que de le partager directement sur les réseaux sociaux ? Tout simplement parce que ce roman a été une véritable CLAQUE. J’ai été absorbée du début jusqu’à la fin par l’histoire d’Ernest Cline, son roman frôle le génie.

En France, le roman est disponible chez Pocket depuis mars 2015 sous le titre Player One. Il fait 624 pages, et se dévore littéralement (pour les curieux, la chronique est ici !). Alors, si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez-vous sur ce bijou de sf qui fait la part belle aux rétro gaming et à la culture geek et underground. C’est une merveille, une claque, une révélation.

Alors, dépêchez-vous avant que l’adaptation n’arrive dans les salles obscures, en mars 2018 ! En plus, c’est Steven Spielberg qui est à la barre, alors je suis persuadée que ça peut être une magnifique adaptation cinématographique.

Je vous laisse juge avec la bande annonce ci-dessous !

Nouvelle bande-annonce parue la deuxième semaine de décembre 2017. On en découvre beaucoup plus sur l’univers de Player One sur grand écran, et ça va être magnifique !