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Chronique : Les meurtres de Molly Southbourne

Une novella glaçante et géniale dans le plus pur style du roman d’horreur fantastique

Paru aux éditions Le Bélial’, Les meurtres de Molly Southbourne est une novella (ou court roman) de Tade Thompson. Ce court texte est parfait pour découvrir le style incisif et mémorable de son auteur…

Qui est Tade Thompson ? C’est avant tout l’auteur de la trilogie de SF Rosewater parue chez J’ai Lu dans la collection Nouveaux Millénaires. Outre son travail d’écrivain, il exerce en tant que psychiatre, dans le sud de l’Angleterre.

Ne jamais saigner sous peine de tout perdre

Très jeune déjà, Molly comprend qu’elle ne doit jamais saigner. Jamais.

Si elle saigne quand même, que ce soit d’une coupure, ou une éraflure même superficielle, elle doit mettre une compresse puis la brûler. Et vérifier que tout part en cendres. Sinon… le pire peut survenir pour elle et sa famille…

 Aussi étrange que génial

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas eu le plaisir de lire un roman de pure veine fantastique/horreur/science-fiction qui soit aussi génial.

Simple, immédiatement compréhensible bien que très mystérieux, on suit la vie millimétrée de la jeune Molly. Impossible pour elle de déroger à ces étranges règles, même dans un esprit de rébellion… les conséquences sont si terribles que c’en devient impossible.

La narration est nette, tranchée, chirurgicale. Elle m’a fait pensé à du Richard Matheson, que j’adore. Tade Thompson ne s’embarrasse pas de style, ce qui rend le texte encore plus nerveux. Et c’est ainsi qu’en très peu de pages, on se lance dans l’histoire un peu folle mais géniale de Molly Southbourne.

Je ne vous développerais pas plus l’intrigue pour des raisons évidentes. Mais c’est incroyable tout ce que l’auteur a réussit à développer en aussi peu de pages (à peine 100). Un univers d’anticipation alternatif où l’indice de fécondité est tombé au-dessous de 0.5 enfant par femme. En cent pages, il réussit également à nous conter toute l’enfance et une partie de la vie d’adulte de Molly.

Et en plus de tout cela, il réussit à y ajouter une intrigue plus vaste qui dépasse l’existence seule de Molly… c’est une réussite totale.

Si vous êtes à la recherche d’une pépite de l’imaginaire, la voici. Un roman coup de poing qui se lit d’une traite. Une histoire menée à la perfection… et un personnage fascinant. La recette fonctionne.

A tel point que cette histoire va être adaptée au cinéma, et qu’un deuxième tome sort très bientôt (annoncé pour mai, si le Covid-19 le permet) en librairie : La survie de Molly Southbourne. Une chose est certaine, ça va être explosif.

PS : Petit bonus sympathique, à la fin de l’ouvrage vous trouverez une interview très intéressante de Tade Thompson. Elle permet d’en apprendre plus sur la démarche de l’auteur et son œuvre au sens large.

La magnifique couverture de ce second opus des aventures de Molly. Signée comme toujours Aurélien Police.

Chronique : Ogresse

Un roman ado atypique qui fait froid dans le dos… mais qui est l’ogresse de cette terrible histoire ?

Aylin Manço est une autrice qui commence à se faire un nom dans le monde du livre. Après La dernière marée (Talents Hauts) et En apnée (Talents Hauts également), la voici de retour en février 2020 avec Ogresse, dans la collection Exprim’ chez Sarbacane. L’une des meilleures collections de romans pour ados qui existe en ce moment (et ça fait des années que c’est le cas !). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la couverture d’Ogresse est aussi simple que percutante…

Un noyau familial qui se délite… 

Hippolite a du mal à concilier son quotidien de lycéenne avec celui latent et menaçant de la maison. Sa mère semble sombrer de jour en jour dans une torpeur pire que la précédente. Censée être un refuge, la maison devient un gouffre obscur qui l’absorbe peu à peu, la présence de sa mère est étouffante… mais ça devient pire quand elle tente de la mordre.

L’adolescente prend conscience qu’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond. Que rien de ce qui se passe chez elle n’est normal… Et pourquoi sa mère ne va plus au travail ? Et où sont passés les couteaux de cuisine ?

Et il y a encore d’autres questions bien plus dérangeantes à se poser bientôt…

… et un appétit d’ogresse à assouvir

Si vous avez envie de lire un roman d’horreur avec du suspense, Ogresse ne sera pas pour vous. Pour moi, il s’agit plus d’un livre d’ambiance que d’intrigue à proprement parler. Certes, l’atmosphère est réussie, mais il manque quelque chose pour que l’ouvrage soit réellement bon.

En effet, on comprend assez vite ce qu’il en est, je ne vais pas vous déflorer l’intrigue, mais ont la voit venir très vite…

Mais ce qui m’a avant tout déçue, c’est l’explication qu’on nous donne pour justifier le comportement de la mère d’Hippolyte. Elle tient en à peine une phrase, et c’est un peu léger je trouve quand l’intrigue dans son entièreté est basée sur ce mystère. Certes, le but n’est pas de savoir pourquoi (même si en tant que lecteur on veut savoir !), mais surtout comment arrêter tout cela. L’autrice répond parfaitement à cette question, il faut bien le dire, mais je trouve que ce n’est pas suffisant.

Mon impression finale est qu’Ogresse aurait pu être une vraie bombe détonnante. Mais ont se retrouve finalement avec un roman mi-horrifique mi-suspense qui ne remplit aucun des deux offices.

En tant que lectrice assidue de la collection Exprim’, j’en viens à avoir des attentes toujours plus hautes concernant leurs publications. Évidemment tout ne peux pas toujours être à mon goût ou parfait… Mais j’avais le secret espoir de retrouver une langue à la fois acérée et un peu trash tels que l’étaient les premiers Exprim’ (le meilleur d’entre tous restera Le journal infirme de Clara Muller pour moi)que j’avais découverts. Ce ne fut pas le cas. 

Chronique : Le Projet Starpoint – Tome 1 – La fille aux cheveux rouges

Un roman qui nous fait plonger dans un imaginaire débridé et fascinant. Bienvenue dans l’univers mémorable et unique de Marie-Lorna Vaconsin !

Voici Le Projet Starpoint, premier roman de l’auteure française Marie-Lorna Vaconsin (voir l’interview de l’auteure ICI) et premier tome d’une trilogie. Passionnée d’imaginaire depuis sa plus tendre enfance, l’auteure nous propose ici un univers passionné et fourmillant d’idées où fantastique et sciences s’entrecroisent…

Une rentrée déprimante

Pythagore est un adolescent tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais avec déjà beaucoup de soucis dans sa jeune vie. Son père est dans le coma depuis de nombreuses années, sa mère fait tout pour porter à bout de bras ce qu’il reste de leur famille… Et Pythagore lui tente tant bien que mal de vivre normalement sa vie d’ado.

Mais à la rentrée, lorsque sa meilleure amie Louise l’ignore pour une nouvelle venue, Pyth se pose de nombreuses questions. Qui est cette nouvelle aux cheveux couleur rouge sang prénommée Foresta ? Pourquoi Louise le délaisse-t-elle comme si leur amitié n’avait jamais existé ?

Il y a quelque chose d’étrange avec cette jeune fille, et Pyth aimerais beaucoup savoir quoi. Mais ce qu’il va découvrir va dépasser toutes ses suppositions !

Un voyage à travers « L’angle mort »

Si vous recherchez un roman original mélangeant aventure, fantastique, parcours initiatique et suspense, vous êtes à la bonne porte ! Le Projet Starpoint est un bon premier roman dont il me tarde de découvrir la suite tant il est bien mené. L’intrigue en elle-même débute comme beaucoup de romans fantastiques, mais l’auteure réussit à s’émanciper de nombreux codes et créé son propre univers.

Tout d’abord, Pyth est un peu plus grand que les personnages qui incarnent la plupart des sagas fantastique. Habituellement, ils sont à peine sortis de l’enfance et oscillent entre 11 et 13 ans environ. Pyth, lui, est en pleine adolescence et donc en pleine découverte de lui-même, et de ses sensations. En cela, l’auteure amène parfaitement les réflexions et questionnements du jeune homme sur ses désirs et ses envies sans jamais entrer la formulation franche. On sent juste que Pythagore est un personnage qui grandit et qui se forge à l’instant même où on le lit.

Ensuite, Marie-Lorna Vaconsin a su créer tout un univers parallèle à la géographie précise et aux étrangetés fascinantes. Il y est question de sang bleu, de gravité étrange dans une mer inconnue, de mondes parallèles et de glissement dans « L’angle mort ».

Tout y est expliqué précisément, et on plonge dans cet univers avec délices car il est cohérent et très bien développé ! On sent que l’auteure y a travaillé de longues heures pour le rendre consistant (si je puis dire…).

Et surtout, elle retranscrit magnifiquement les impressions ressenties par ses personnages selon qu’ils sont sous l’effet de la gravité ou d’une substance étrange qu’est la pectine (mais il y en a d’autres encore plus fascinantes !).

Enfin, étant une grande fan de sciences sous toutes ses formes, Le Projet Starpoint ne pouvait que me plaire. On y parle de biologie, de physique, de mathématiques et d’une foule d’autres choses fascinantes. D’autant qu’on sent que l’on n’a pas fini d’être surpris car de nombreuses choses sont à peine évoquées dans ce premier tome et a hâte d’en savoir plus… Et puis, quel est donc exactement ce fameux projet qui donne son nom au livre ?

…..

Que de mystères donc dans ce premier opus très bien mené ! On attend avec impatience la suite de cette saga (à priori pour 2018). Mais si vous aimez les histoires originales aux univers fouillés et les personnages forts (Foresta est inoubliable dans son genre !), ce roman est pour vous. A découvrir dès 12/13 ans environ, puis sans restrictions.

Chronique : Fermez les yeux

Fermez les yeuxUn roman qui semblait très alléchant mais qui au final est cousu de fil blanc…

Premier roman de C.J. Cooper à paraître en France, Fermez les yeux vient tout juste de paraître dans la collection Préludes. Présenté comme un thriller très sombre sur fond de psychologie et de mécanismes mentaux pervers, l’ouvrage semble très prometteur…

Un psychothérapeute dénué d’éthique

Tout commence avec une phobie incontrôlable de l’avion… et une relation de plus en plus étrange avec un psychothérapeute aussi beau que machiavélique.

Sara décide de mettre fin à des années de terreurs dès qu’il s’agit de prendre l’avion. Ses projets de carrière l’obligent à y remédier au plus vite sous peine de voir une magnifique promotion lui passer sous le nez… C’est ainsi qu’elle se retrouve dans le cabinet de Stephen Devane, un psychothérapeute aussi beau que troublant dont la réputation est excellente. En effet, Mr Devane est une pointure dans son domaine et rien ne lui résiste (aussi bien dans le domaine de la psychothérapie que dans celui de ses clientes féminines qui craquent toutes pour lui…).

Et très rapidement, les séances que Sara a avec Stephen Devane portent leurs fruits, sa peur de l’avion semble avoir disparu mais… autre chose la remplace. Des images sordides jaillissent de son esprit, une peur irrationnelle la saisi à des moments inattendus… Quelle est donc la cause de toutes ces visions d’horreur ? Stephen Devane est-il le praticien si professionnel et bon que tout le monde croit ?

Une intrigue alléchante qui laisse très vite la place au prévisible…

Plus qu’un roman, Fermez les yeux, est en réalité une suite de témoignages d’amis, connaissance et collègues de Sara dont la collecte a pour but de faire un roman témoignage. Sara elle-même participe à de nombreuses phases de ce témoignage. Ce type de narration a l’avantage d’être très accrocheuse et se lit très facilement. Certaines interventions étant très courtes, l’ouvrage se lit rapidement.

Le début de Fermez les yeux était extrêmement prometteur, et même très intriguant… Mais passé le premier tiers du roman on s’aperçoit que l’on tourne en rond.

Aucun des personnages n’a de relief, ni de vraies caractéristiques hormis des traits de caractère exacerbés. Vous trouverez la peste de sœur, la fille à qui tout réussi, celle qui a les dents qui rayent le parquet, le mec un peu paumé qui semble ne pas servir à grand-chose, le beau gosse manipulateur… Ils sont avant tout très irritants, avec des phrases toutes faites et des lieux communs parfois gratuits ou hors de propos, exemple :

« C’est elle qui m’a permis de surmonter mon deuil. Je me suis entièrement reposé sur elle. Pas très viril de ma part, certes, mais c’est ainsi. »

A propos des relations belle-mère/belle-fille : « C’est le propre des femmes. Même quand elles s’entendent bien, elles ne peuvent pas s’empêcher d’être dans la compétition. »

« Nous étions des garçons, et les garçons sont désobéissants, quelques fois. »

Même si ces extraits ne reflètent pas nécessairement les pensées de l’auteur, ces phrases toutes faites provoquent une sensation de rejet chez moi en tant que lectrice. Tout est trop stéréotypé, séparé franchement et avec peu de nuances… Le plus dommage, c’est tout de même que Sara -la plus importante de tous – soit aussi la plus plate de tous les personnages de ce récit.

 ….

Là où l’on pensait rencontrer des personnages incisifs et remarquables, le tout servi par une intrigue diabolique, il n’y a que au final que prévisible et platitudes. Et surtout, l’intrigue que l’on nous vante comme étant d’une maîtrise absolue, est éventée très rapidement au bout d’une petite centaine de pages environ… C’est fort dommage, et c’est une très grosse déception. Passez votre chemin…

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :