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Mes idées de livres à offrir pour Noël 2015 – Romans ado

Voici la sélection que je vous ai concoctée pour les ados. L’année 2015 a été un très bon cru avec de belles révélations, de nouveaux auteurs, des univers que l’on a envie d’explorer… Bref, il y a de véritables incontournables à suivre de près dans les années à venir !

Adèle et les noces de la reine MargotAdèle & les noces de la Reine Margot – Silène Edgar – Castelmore :

A offrir dès l’âge de 12 ans, ce roman est la meilleure découverte dans la section imaginaire/historique. On se plonge corps et âme dans le monde d’Alexandre Dumas, on part à la rencontre de la Reine Margot mais aussi d’Ambroise Paré… Entre roman historique et voyage dans le temps et la littérature, Adèle & les noces de la Reine Margot est un récit qui transporte. L’histoire du Massacre de la Saint-Barthélémy, cette période extrêmement sombre de l’Histoire de France est également en toile de fond. En somme, c’est bien écrit, très documenté et franchement passionnant… c’est à ne pas rater Et si on est adulte, on aimera également, ne vous limitez pas à l’offrir, lisez-le ! La chronique sur le site est ici !

ResurectioResurectio (deux tomes, série en cours) – Amélie Sarn – Seuil Jeunesse :

Ce mythe du monstre de Frankenstein revisité à notre époque avec une adolescente pour héroïne est une franche réussite. Amélie Sarn nous propose un récit noir, très noir, comme on n’en voit pas assez souvent. On suit ainsi Marie, qui ne sait trop d’où elle vient, qui a d’étranges cicatrices mais qui a surtout des problèmes comme tous les autres ado : intégration, amitiés, amour… Tous les questionnements sont là. L’ambiance retranscrite par l’auteur est juste parfaite, et on se plonge immédiatement dans cette intrigue qui est tout sauf traditionnelle ! De belles surprises vous attendent… Lire la chronique sur le site ici.

La boîteLa boîte – Anne-Gaëlle Balpe – Sarbacane, Collection Exprim’

Si vous cherchez un roman original qui détonne et qui bastonne, procurez-vous donc La Boîte. C’est du pur roman d’action, dans un lieu imaginaire qui ressemble à un croisement entre la France et les États-Unis. L’affaire est simple : il y a une boîte et des gens paumés. Ils ouvrent la boîte, trouvent de l’argent, en veulent plus… et doivent rendre quelques menus services en échange. L’affaire n’est pas nette selon vous ? Attendez de voir la suite ! Totalement inclassable et déjanté, La Boîte est à conseiller vivement à ceux et celles qui aiment les romans noirs et vifs dont la trame et les personnages sont tout sauf classique… A découvrir dès 14 ans. Lire la chronique sur le site par ici.

Nous les menteursNous les menteurs – E. Lockhart – Gallimard Jeunesse :

C’était le roman de l’été en 2015, mais le lire pendant les froidures de l’hiver vous fera rêver à d’autres tropiques ! Nous les menteurs, c’est un jeu de dupes constant où la narratrice essaye désespérément de retrouver la mémoire, mais où tous se liguent contre elle. Imaginez une île paradisiaque où se retrouvent plusieurs familles toutes liées par le sang et les secrets : voici le théâtre où le drame s’est déroulé… Au fil des pages, on sent que la narratrice et nous mêmes sommes pris dans une toile tissée par la famille elle-même. Il ne faut pas parler de l’accident ni même y penser, ne pas poser de questions… L’ambiance est d’une dangerosité latente, les personnages bien pensés, bien tournés… Pour ceux aiment les fins aux chutes monumentales où la relecture offre de nouvelles perspectives, ce roman est parfait. A lire dès 13-14 ans environ. Lire la chronique sur le site par ici.

Plus de morts que de vivantsPlus de morts que de vivants – Guillaume Guéraud – Le Rouergue, DoAdo Noir :

Le roman le plus brutal et le plus sanglant de l’année ! Il se dévore comme on regarderait un bon film. Les dialogues sont vifs, percutants mais moins que le virus qui sévit… C’est un roman très trash qui séduira tous ceux qui ont besoin de sensations fortes à travers la lecture. Et puis, la fin ! Mais quelle fin réussie pour ce one-shot détonnant qui ne ressemble a aucun autre roman pour ados… A lire dès l’âge de 15 ans minimum pour cause de scènes avec des machoires qui se décrochent. Littéralement. Ouais. Lire la chronique sur le site ici.

Ma raison de vivre 1Ma raison de vivre (2 tomes, série en cours) – Rebecca Donovan – Pocket Jeunesse :

Terrible et fascinante, cette trilogie 100% réaliste vous plongera dans les horreurs du harcèlement moral et physique au sein d’une famille en apparence bien sous tous rapports. C’est absolument hypnotique, on se plonge dans le quotidien d’Emma, dont le moindre acte peut être sujet à des représailles. Ma raison de vivre est le genre de roman que l’on ne peut pas lâcher une fois débuté. A offrir à ceux et celles qui aiment les histoires ancrées dans le réel dont l’accent de vérité tord les tripes et travaille l’esprit. Dès 15 ans minimum. Lire la chronique sur le site ici.

In the AfterIn the After (2 tomes) – Demitria Lunetta – Éditions Lumen :

Voici une série en deux tomes très accrocheuse. Et pour une fois, ça n’est pas une saga à rallonge, et ça fait du bien. La Terre n’est plus telle que nous la connaissons, très peu d’humains y (sur)vivent encore… Non, la nouvelle espèce dominante ce sont Eux. D’où viennent-ils ? On l’ignore. Tout ce que l’on sait c’est qu’Ils possèdent une ouïe particulièrement développée et que la chair des humains est pour eux un délice… Plongez dans un univers post-apocalyptique extrêmement réussit, en particulier toute la première partie du premier tome qui se déroule sans aucun dialogue ! C’est une belle performance d’écriture qui a le mérite d’être soulignée. A découvrir dès l’âge de 14-15 ans. Lire la chronique sur le site par ici.

Chronique : Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain ldp jeunesseUn magnifique roman sur les choses de la vie, à la fois poignant et authentique.

Faïza Guène est une jeune écrivain de nationalité française, née à Bobigny en 1985. Son incroyable succès est dû à son premier roman : Kiffe kiffe demain, paru en 2004, qui raconte à la première personne la vie de Doria, une jeune fille d’origine maghrébine qui vit en banlieue parisienne, désabusée sur son avenir.

Vendu à plus de 400 000 exemplaires et traduit dans plus de 25 langues, cet ouvrage coup de poing criant de réalisme a connu un succès amplement mérité. Par la suite, Faïza Guène a écrit deux autres romans : Du rêve pour les oufs (2006), Les gens du balto (2008). Et non contente d’être un écrivain reconnu, elle est également réalisatrice de nombreux courts-métrages, dont certains ayant remportés des prix reconnus.

La « banlieue » revue et corrigée

Doria a quinze ans, elle vit avec sa mère dans la banlieue parisienne. Son père les a quittés il y a quelques années pour retourner « au pays » et se marier avec une femme beaucoup plus jeune que sa mère. Doria n’a pas de problèmes à proprement parler, c’est juste qu’elle n’est pas spécialement heureuse dans la vie.

Kiffe kiffe demain ldpLes amis d’enfance, la famille, tout cela se mélange pour donner un mélange détonnant d’une joyeuse tristesse. La vie de Doria suit son cours, et nous la découvrons dans toute son étonnante diversité. La culture de la banlieue est mise au jour sous un angle humoristique sans être moqueur, un véritable délice ! : « La responsable de la grève au Formule 1, c’est Fatouma Konaré, une collègue avec qui maman s’entend bien. Elle m’a raconté qu’au début, elle croyait que « Fatoumakonaré » c’était juste son prénom et qu’elle trouvait ça long pour un prénom… ».

Mais malgré l’humour constant du roman, Faïza Guène soulève également les nombreuses injustices qui font qu’être une fille dans une cité (mais aussi ailleurs, par extension) peut être un handicap si l’on ne naît pas avec des parents complaisants. Doria parle ainsi d’une de ses voisines, enfermée chez elle, sans aucune liberté : « Quand Samra était enfermée chez elle, dans sa cage en béton, personne n’en parlait, comme si les gens trouvaaient ça normal. Et maintenant qu’elle a réussi à se libérer de son dictateur de frère et de son tortionnaire de père, les gens l’accusent. J’y comprends rien. ».

Le point fort de Kiffe kiffe demain réside dans son écriture : très proche du parlé, remplie d’humour, de jeux de mots et de langage familier, impossible de ne pas sourire franchement aux tournures de phrases offertes.

Pour terminer je vous dirais qu’il faut lire Kiffe kiffe demain pour de nombreuses raisons. Tout d’abord sa langue piquante et drôle. Ensuite sa facilité d’accès, bien loin de la « littérature » comme certains aiment à l’appeler de façon élitiste, ce roman fait pour moi partie des indispensables. Enfin, culturellement parlant, ce récit ouvre les yeux sur un pan de notre quotidien actuel, que l’on vive en cité ou non, certaines problématiques sont universelles. Un magnifique récit positif et rempli de beaux élans d’enthousiasme. Dès 13 ans environ.

Chronique : Cher Inconnu

Cher inconnu

Un très beau roman, plein de sensibilité sur une thématique difficile : les grossesses non désirées chez les adolescentes

Ce roman de l’anglaise Berlie Doherty a été réédité chez Pôle Fiction (collection de poche pour ados de Gallimard) mais il date en fait d’il y a presque vingt ans. La preuve s’il en est que le thème de la grossesse chez les adolescentes n’est pas un « phénomène de société » récent mais bien un sujet de fond qui traverse les époques et les mœurs.

Une histoire d’amour sans aucun nuage à l’horizon…

Ce que vivent Helen et Chris, c’est de l’amour mêlé à de la passion. Ils ont le sentiment qu’ils sont invincibles, que l’avenir leur souri… et il va leur sourire plus ou moins, mais pas de la manière dont ils l’espéraient.

Ils n’ont partagé qu’une seule fois l’intimité qui unis deux êtres qui s’aiment, et cette seule fois à suffit à créer la vie… un fait dont la possibilité même ne leur avait pas effleuré l’esprit, le genre de chose qui n’arrive « qu’aux autres ».

Le style d’écriture est original, mêlant récit épistolaire et journal intime d’adolescent (eh oui, une fois n’est pas coutume, c’est le garçon qui écrit).

Un récit tout en douceur qui ménage ses lecteurs tout en leur ouvrant les yeux

Fini l’insouciance pour le couple d’amoureux qui va devoir prendre de nombreuses décisions sur leur avenir proche. Et même si nos deux adolescents sont loin d’être niais, ils n’étaient pas préparés à être parents si tôt.

La notion de bien et de mal s’efface au fur et à mesure que l’on découvre Helen et Chris. L’une est bonne élève et souhaite entrer au Conservatoire, l’un est un garçon tout ce qu’il y a de plus normal hormis le fait que sa mère ait quitté très tôt le domicile familial pour ne jamais revenir… ils sont insouciants, mais pas irresponsables (on peut toutefois se demander comment ils n’ont pas déjà entendu parler de grossesse et de contraception, chacun ayant seize ans…).

Il faut saluer ici la performance de Berlie Doherty qui expose dans son roman tous les points de vues possibles sur cette grossesse inattendue : celui des parents et des autres membres de la famille, des amis, des élèves du lycée… sans jamais prendre parti pour l’un des camps.

Un exercice d’écriture difficile qui ne peut empêcher le lecteur de prendre parti pour l’un ou l’autre des points de vue, ce qui est d’ailleurs un bien car il pousse ce dernier à fournir une réflexion qui lui est propre sur la question.

Alors pour ou contre, la question n’est pas là mais plutôt dans ce que vous penserez vous après la lecture de cet ouvrage sensible et merveilleux. A lire dès l’âge de quinze ans pour tous ceux qui veulent découvrir un très bon ouvrage sur thème décidément fort délicat.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :