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Chronique : En attendant la neige

Un roman aux allures de polar psychologique qui joue sur les troubles de la mémoire de sa narratrice. Elle part s’isoler dans les montagnes pour se ressourcer, mais peut-être n’est-ce pas une bonne idée…

Nouveau roman de Christine Desrousseaux (elle avait déjà écrit Mer agitée chez Kero), En attendant la neige est paru début janvier 2019 chez Calmann-Levy, lors de la fameuse Rentrée littéraire d’hiver.

Un accident comme centre névralgique

Vera a eu un très grave accident de voiture. Sa sœur a été légèrement blessée, et sa mère est morte sur le coup, et comme c’est elle qui conduisait, un immense sentiment de culpabilité la dévore, jour après jour. Rien ne l’aide à aller mieux, et le temps qui passe exacerbe ses pensées morbides. Elle n’arrête pas de se refaire le film de ce départ en voiture en modifiant le scénario… Car Vera a perdu toute mémoire concernant l’accident et a même des absences qui durent de quelques secondes à une minute. Depuis, elle est surprotégée par sa sœur qui ne la lâche pas pour savoir à tout instant si elle va bien.

C’est ainsi que Vera décide de partir s’isoler un peu, de se ressourcer, et qui sait, de retrouver la mémoire ?

Une lecture fluide, mais peu mémorable

Il est vrai que d’entrée de jeu, on a envie de savoir ce qu’il va se passer pour Vera. On sent qu’il y a un problème, mais tout comme elle, on n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Son isolement dans la montagne est le bienvenu, quand on voit à quel point sa sœur l’infantilise depuis l’accident. C’est ainsi que presque toute l’intrigue se déroule dans les montagnes du Jura… et c’est assez plaisant et reposant ! Du moins, au début.

Peu à peu, les choses se corsent pour Véra. Une altercation avec des chasseurs qui va la terrifier, sa rencontre avec son mystérieux et séduisant voisin à la recherche de sa sœur disparue… et surtout, la remontée de ses propres souvenirs.

Le cadre et l’ambiance générale ont beaux être séduisants, c’est un peu trop cousu de fil blanc pour captiver/surprendre réellement. De plus, j’avoue avoir eu du mal avec la – seule – scène d’amour du roman, qui m’a fait rire, alors que c’est un moment sensé être sensible et intime. C’était un peu trop, justement. Ou alors, est-ce la narratrice elle-même qui m’a quelque peu agacée ? Difficile à dire. A la fois indépendante et terriblement fragile et têtue, ce mélange la rend plus insupportable que touchante. J’ai vraiment eu du mal à m’attacher à elle et à son histoire, car elle prend parfois des décisions assez stupides ou illogiques, donc peu crédibles. 

Cependant, j’ai été malgré tout plus convaincue par la fin et ses révélations. Pas entièrement, mais on trouve un rythme où les personnages et l’intrigue concordent enfin pour donner quelque chose d’intéressant. Dommage, car… c’est déjà fini. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les réactions des autres personnages une fois les révélations faites. Ici, la fin est peu trop ouverte pour qu’on puisse vraiment l’apprécier.

Entre le roman et le polar psychologique, En attendant la neige est un texte qui pourra plaire aux lecteurs férus d’intrigues qui vont vite et se lisent très rapidement. Cependant, aussitôt lu, aussitôt oublié, ou presque…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les garçons de l’été

Un roman happant qui ne vous lâche pas une seule seconde, tel un requin vorace. Plongez corps et âme dans une histoire sombre à souhait…

Paru initialement en grand format aux éditions P.O.L, Les garçons de l’été est un roman génial et assez inclassable. Il aurait très bien pu entrer dans la catégorie « romans noirs », mais c’est finalement en folio, dans la collection blanche qu’il paraît en poche au mois d’avril 2018.

Il s’agit officiellement du premier roman de l’auteure française Rebecca Lighieri… Mais en réalité, elle a écrit une dizaine d’ouvrages sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam (parmi lesquels Si tout n’a pas péri avec mon innocence, Je viens ou encore Une fille du feu).

Sous son pseudonyme, elle a également écrit un autre roman, toujours aux éditions P.O.L : Husbands. Il a l’air également assez sombre…

L’histoire de deux frères qui ne vivent que pour et par le surf

Voici l’histoire de Zachée et de Thadée. Deux frères très différents mais dont la passion commune les transcende, les lie de façon unique : le surf. Ils sont constamment emplis de ce besoin viscéral de se mesurer au plus belles vagues, aux plus beaux et plus difficiles spots…

Mais un jour, le drame va frapper sous la forme d’un requin. De la jambe de Thadée, il ne reste que quelques lambeaux de peau… Personne ne le sait encore mais ce terrible événement signera la fin du bonheur pour une famille entière. Et révèlera le pire chez certains membres de cette famille aisée à qui tout souriait jusque là…

Glaçant, captivant et absolument mémorable

Je dois l’avouer, j’ai d’abord pris ce roman à cause de son bandeau très accrocheur : « Du Stephen King à la française ! ». Même si j’y allais avec curiosité et envie, j’avais peur d’être déçue, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Les garçons de l’été est une merveille de noirceur… Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi poussif en termes de détails et de faits glauques, mais ça ne m’a pas dérangée tant c’est bien amené.

L’atout majeur de ce roman, c’est sans aucun doute ses nombreux personnages. Ils sont tous distinguables facilement, l’auteure réussissant à nous les faire aimer (ou détester) en quelques pages seulement.

Par exemple, la mère de Thadée et Zachée – Mylène – m’a horripilée au plus haut point (ce qui veux dire que l’auteure a réussi son coup !). Elle est tellement coincée, rigide et hautaine qu’on a qu’une envie, la gifler. Constamment en adoration devant ses fils, tout particulièrement son ainé Thadée qu’elle couve de façon étouffante, elle est un cliché ambulant. Mais on sent que c’est une volonté de l’auteure et qu’il ne s’agit pas là d’un écueil dans lequel elle serait tombée.

Mais tous les autres protagonistes du drame sont également magistraux. Nous avons le point de vue de chacun à tour de rôle, et au fil des chapitres le portrait d’ensemble devient de plus en plus sombre…

Ainsi découvrons-nous ce qu’il se passe dans la tête du frère de Thadée, de leur père Jérôme (plus complexe qu’il n’y paraît), de Cindy la petite amie de Thadée, ou encore de Ysée, la petite sœur étrange des frères surfeurs.

D’ailleurs, la partie narrative d’Ysée, qui arrive en toute fin de roman est très intéressante. Elle m’a beaucoup fait penser à des écrits tels que Le bizarre incident du chien pendant la nuit ou Les Autodafeurs avec le personnage de Césarine. Leur point commun ? Une narration extrêmement originale car leur héros est atteint d’autisme. Et même si ce n’est officiellement pas le cas d’Ysée, elle a certaines caractéristiques autistiques flagrantes qui la rendent singulière et attachante.

Outre la grande qualité du roman apportée par ses personnages, les nombreux changements de genres sont pour beaucoup dans le caractère unique de l’ouvrage. On passe d’un roman de littérature dite « blanche » au policier voir au thriller psychologique avant de basculer dans un flottement où le fantastique est également possible. Bref, le lecteur n’a aucun répit, et cela à aucun moment.

Petit détail sur le thème principal du roman, le surf. Il y a quantité de termes issus de ce sport, et que l’on soit passionné ou non, ce n’est pas un frein à la lecture. Je ne connais aucunement le surf, ni ses figures, ni ses lieux-phares ou son vocabulaire, mais ça n’a jamais bloqué ma compréhension du roman. On voyage avec Thadée, Zachée et Cindy sur l’océan comme si nous y étions, l’auteure a dû énormément se documenter pour arriver à ce niveau de précision.

Enfin, il y a une grande dimension symbolique dans ce roman, notamment au niveau biblique, entre autres choses… Et ces nombreux parallèles et références aux mythes sont très intéressants et ajoutent encore à la qualité de ce texte déjà prégnant. Sans parler de tout ce que vous trouverez en sachant lire entre les lignes.

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Ainsi, vous l’aurez compris au travers de cette longue chronique, Les garçons de l’été m’a porté un coup au cœur comme rarement j’en ai eu pour un livre. Ce roman-chorale d’une famille en plein éclatement est marquant, grandiose et saura surprendre ceux qui oseront le lire…

J’ai donc hâte de retomber dans l’univers de Rebecca Lighieri !

Chronique : A Good Girl

Un thriller psychologique mené efficacement qui vous réservera quelques belles surprises…

Premier roman de l’auteure américaine Amanda K. Morgan à paraître en France, A good girl vient de paraître aux éditions Lumen. Elle s’est taillé une réputation dans le monde du thriller young-adult.

Une gentille fille bien comme il faut…

« Riley Stone est la perfection incarnée (demandez autour de vous)». Ainsi commence A good girl. Et c’est au quart de tour que commence le roman, écrit du point de vue de la fameuse jeune femme à qui tout réussit : Riley Stone.

Entrecoupé de faits à son propos qui nous éclairent sur sa vie, son parcours, ses projets, voici l’histoire inattendue de Riley : parfaite en surface mais qui cache beaucoup au-dessous…

Un thriller qui réussit à surprendre !

Riley Stone est donc une jeune fille parfaite : bonne élève, douce, attentionnée, toujours prête à faire une collecte de fonds pour une cause perdue. Et elle excelle dans toutes les matières… dont une en particulier qui la passionne : le français. Ou plutôt devrait-on dire, Riley Stone est fascinée par son professeur de français… qui est marié, mais qui semble lui faire de nombreux signes très équivoques.

Quand on a lu pas mal de thrillers (qu’ils soient à destination des ados ou non), on voit venir pas mal de choses : l’intrigue, le comportement des potentiels suspects, etc.

Mais dans A good girl, je l’avoue, j’ai tout de même été surprise. La fin est diabolique et surprenante ! A tel point qu’une seconde lecture peut être effectuée pour voir tous les éléments s’imbriquer jusqu’au final…

J’ai beaucoup pensé aux romans de Cat Clarke (Confusion, Cruelles ou encore Revanche) en lisant A Good Girl. Même tension psychologique, même jeu de dupe, mêmes confusions et volonté de parfois perdre son lecteur jusqu’à l’ultime fin.

La tension monte peu à peu, on dévore au très rapidement les quelques 370 pages que constituent le roman. C’est si bien ficelé que peu à peu, on se laisse prendre au jeu de la séduction… tout comme Riley Stone !

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Impossible de développer plus cette chronique sous peine de spoiler (ou de divulgacher comme on est censé le dire en français). Ce je peux vous en dire, c’est que A good girl est un très bon thriller psychologique. Qu’il peut se lire dès l’âge de 14/15 ans environ, qu’il vaut le détour et qu’il vous réserve une belle surprise.