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Chronique : Cité 19 – Tomes 1 & 2

Cité 19, une série en deux tomes qui vous transportera dans un univers unique : entre Histoire pure et science-fiction… comment un tel mélange est-il possible ? Il va falloir les lire pour le découvrir…

Stéphane Michaka est un auteur complet : il écrit aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse et les adolescents.

Il a ainsi fait des polars chez Rivages, des versions abrégées de classiques de la littérature (en livre et aussi à la radio)… et il a écrit la duologie Cité 19, parue chez PKJ en 2015. Les deux tomes de cette courte saga viennent tout juste de sortir en format poche, toujours chez PKJ. C’est l’occasion de découvrir cette excellente œuvre pour ados, mais pas seulement.

Un fabuleux voyage dans le temps…

Faustine est une adolescente atypique. Passionnée d’Histoire, elle ne vit que et pour elle. Loin de s’entendre ou de s’intégrer avec ceux de son âge, elle ère entre une ou deux amitié et sa passion pour l’Histoire. Depuis que sa mère n’est plus, Faustine se plonge ainsi corps et âme dans le travail qu’elle exerçait, elle était spécialisée dans le Paris du 19ème siècle.

Mais un jour, tout va brutalement basculer pour Faustine. Un terrible drame va l’acculer dans ses derniers retranchements… Et quand elle se réveille, elle est dans le Paris du 19eme siècle ! La Tour Eiffel est en cours de construction, et elle se retrouve par la force des choses avec des jeunes filles qui vivent de leurs travaux de couture… voici « l’avenir » de Faustine.

Mais que s’est-il passé ? Comment a-t-elle fait pour voyager de 150 ans en arrière dans le temps ? Que va-t-elle devoir faire pour survivre dans ce Paris dont elle ignore tout en dehors des livres d’Histoire qu’elle a compulsé pendant des années ?

Une histoire immédiatement captivante et terriblement singulière

Cité 19 est une série en deux tomes, et c’est juste parfait. Ce n’est ni trop (tant de séries sont en trois, quatre, six ou dix tomes !), ni pas assez. En quelques chapitres à peine, on est plongés dans ce Paris du 19ème Siècle aussi étrange que fascinant.

On se prend à vouloir connaitre tous les secrets de ce Paris que l’on découvre sous un jour nouveau… Il y a temps de questions posées par le début de l’intrigue que ces deux tomes ne sont pas de trop pour élucider les nombreux mystères qui entourent le voyage de Faustine à travers le temps.

A la fois polar, roman historique, livre de science-fiction et de bien d’autres choses encore Cité 19 est un incontournable de la littérature ado à lire absolument. Faustine est une héroïne tout particulièrement intéressante qui vous réservera énormément de surprises. Loin d’être une petite chose sans défense, elle réussit à se créer elle-même sa chance et à tirer son épingle du jeu en de nombreuses situations…

Et encore, nous n’avons pas parlé de la mystérieuse Bête qui sévit dans les rues sombres de Paris et qui tue froidement les gens assez fous pour se balader tard…  Et il y a encore tant d’autres choses à découvrir autour de Cité 19 ! C’est un univers extrêmement dense et bien pensé (et écrit avec talent). Le tout ne manque pas de rythme ni de révélations en cascades.

Et surtout, le final est absolument génial, car il vous laissera réfléchir à la conclusion comme bon vous semble (j’adore les fins ouvertes qui laissent un énorme champ des possibles).

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En somme, c’est un coup de cœur pour ce duo de romans aussi inclassables que particulièrement marquants. A découvrir d’urgence pour cogiter, s’émerveiller et s’évader un peu… Dès 13/14 ans environ.

Chronique : Les enquêtes de Middleton & Grice – Tome 1 – Petits meurtres à Mangle Street

Le premier tome d’une saga policière aux délicieux accents british… en pleine ère victorienne !

Paru aux éditions City en 2015 sans faire trop de vagues, Petits meurtres à Mangle Street est un roman qui vous fera passer un délicieux moment. Le premier tome est disponible en poche octobre 2016 et gagnerait à être connu ! C’est donc l’occasion (si ce n’est déjà fait) de découvrir une série de romans aux personnages forts et attachants… même les plus détestables !

Le second tome de la série est d’ailleurs paru en mars 2017, toujours chez City. Mais il y a encore de nombreux opus à découvrir…

Des meurtres sanglants pour un détective aussi doué qu’odieux

Sydney Grice n’est pas en odeur de sainteté dans Londres, c’est le moins que l’on puisse dire à son sujet… Depuis qu’il a mené à la potence un innocent il fait partie des gens à éviter farouchement… Sauf que ce même homme est également l’un des détectives les plus doués de son époque, comme va nous le prouver ce roman policier.

Aidé par March Middleton qu’il tolère plus qu’il ne l’accepte (oui, il est aussi sexiste), Sydney va tenter de résoudre une affaire des plus étranges…

Une ambiance aux petits oignons et des personnages décapants !

On peut reprocher aux personnages d’être l’archétype du macho ou de la jeune femme intelligente et séduisante qui s’ignore, mais qu’importe. On se laisse prendre avec facilité dans l’histoire tant l’écriture – et surtout les dialogues – est drôle et piquante.

J’ai adoré découvrir et parfois détester ces deux personnages qui forment un duo à la fois intelligent et comique. L’enquête passe d’ailleurs parfois au second plan à cause (ou grâce ?) à cela !

L’intrigue policière en elle-même est intéressante, mais pas incroyable. On ne lit pas forcément ce livre pour découvrir une affaire diaboliquement bien ficelée, mais plus pour se divertir. En tout cas, ça a été mon cas. J’ai trouvé cette lecture fort distrayante (malgré force détails sanglants) et sa force réside dans ses personnages affirmés. Qu’il s’agisse du duo principal ou de la petite servante qui furète partout, tous ont un rôle à jouer, et ils le campent à merveille.

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En somme, c’est un petit coup de cœur non pas pour la partie policière, mais pour les magnifiques réparties imaginées par M.R.C Kasasian ! J’ai en tout cas hâte de découvrir la suite des aventures de Middleton & Grice… Le second tome s’intitule La malédiction de la Maison Foskett.

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Chronique : Agatha Raisin – Tome 1 – La quiche fatale

Le premier tome d’une série soooo British et craquante !

La quiche fatale est l’étrange titre du premier tome de la saga anglaise Agatha Raisin. Le premier d’une très longue série ! En France, nous avons pour le moment six tomes de parus chez Albin Michel, mais en VO, il y en a bien plus.

Pour les futurs moments de détente et de rires, vous pouvez ainsi remercier M.C. Beaton, l’auteure et créatrice de cette saga à l’héroïne curieuse et gaffeuse. Impossible de ne pas tomber sous le charme d’Agatha Raisin… je vais vous dire pourquoi !

Un besoin de calme et campagne après une vie active éreintante

C’est décidé pour Agatha Raisin : elle quitte Londres pour la campagne anglaise. Adieu l’agence de presse très cotée qu’elle a créé, les rendez-vous en chaîne, les coups de fils incessants, les dîners professionnels… Non, maintenant, c’est une vie calme et tranquille qui attend Agatha Raisin. C’est ainsi qu’elle prend une retraite anticipée et se trouve un adorable petit cottage dans un village reculé du pays, dans les Cotswolds.

Parfait… pour mourir d’ennui ! Ou mourir tout court… Comme va très vite le constater Agatha Raisin.

En effet, l’événement du village qu’est le concours de quiches va être le théâtre d’un drame. La quiche d’Agatha Raisin va tuer l’un de ses voisins ! Mais ce n’est pas elle qui a fait cela… mais alors qui donc a empoisonné la quiche de notre héroïne cinquantenaire ?

Elle qui a déjà du mal à s’intégrer au village à cause de son mode de vie trop citadin et son franc-parler, son meurtre par quiche interposée va rendre l’ambiance glaciale…

Fun, déjanté, improbable… et tellement génial !

Entre Agatha Raisin et moi, ce fut un coup de foudre immédiat. Premièrement, pour les couvertures à la fois drôles et décalées. Deuxièmement à cause du ton léger et drôle du roman… On se plonge avec délices dans l’ambiance d’une petite ville du fin fond de l’Angleterre. Merveilleux.

Dans ce premier tome, on fait la connaissance de la plupart des personnages qui seront récurrents par la suite : le couple de vieux insupportable qui n’a rien et qui veux tout (et qui fait aussi office de commère), la voisine acariâtre, l’homme à femmes, la riche propriétaire, la femme du pasteur, le policier… etc.

Tous ont leurs petits travers, défauts agaçants ou autre… mais Agatha est la pire de tous ! Commère, curieuse, insupportable par moments, exigeante… elle a tous les défauts et plus encore. Et je crois que c’est pour ça que je l’aime. Elle est juste normale, drôle, et surtout elle ose.

Elle veut absolument savoir comment sa quiche a pu tuer l’un de ses voisins, mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que ce n’est que sa première enquête ! En effet, elle est si curieuse que même quand ça ne la concerne pas, elle s’en mêle, parfois plus que la police…

D’ailleurs, en parler des forces de l’ordre, vous découvrirez le charmant Bill Wong, un personnage que j’ai trouvé très attachant. Il a un petit quelque chose qui donne envie de tout avouer (même si vous n’avez rien fait !).

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Alors, ce premier tome est-il un coup de cœur ? Oui ! J’ai adoré les frasques/bêtises/répliques d’Agatha. Cette femme a beau avoir la cinquantaine passée, elle est plus jeune dans sa tête que beaucoup de « jeune ». Elle s’autorise tout, est créative, drôle… on ne peut que tomber sous son charme étrange et pimpant.

Est-ce que j’y retournerais ? Oui, d’autant qu’il y a déjà six tomes de la série parus en France chez Albin Michel et que ça n’est pas près de s’arrêter vu le succès…

PS : Agatha Raisin a été adapté en série télévisée en Angleterre. En France, c’est France 3 qui a diffusé les épisodes. J’ai trouvé que c’était une excellente adaptation des ouvrages de M.C. Beaton. Les scénarios diffèrent légèrement sur le développement des personnages, mais l’ambiance est bien retranscrite, c’est à découvrir.

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Chronique Jeunesse : Mamie Polar – Ramdam au musée

Tenez-vous bien, Mamie Jo mène l’enquête… et elle est en super forme !

Mamie Polar est une toute nouvelle série de romans pour la jeunesse parue chez Scrinéo Jeunesse. Deux tomes sont parus simultanément en avril 2017.

L’auteur, Régis Delpeuch, a déjà quelques livres à son actif : Quand Marcel et ses amis découvrirent la grotte de Lascaux (Scrinéo), et toute une série de romans pédagogiques.

Un troisième tome de Mamie Polar est déjà à paraître en septembre prochain, et chose utile à savoir, il n’y aucun ordre à respecter ! Vous pouvez lire l’histoire qui vous tente le plus.

Momo a disparu !

Momo, le SDF du quartier, celui qui aide tout le monde, qui est gentil, adorable, serviable… a disparu ! Pour la police, ce n’est qu’un SDF, et la disparition de Momo n’en est pas vraiment une. Mais pour Camille et Lucas, c’est un véritable drame car Momo fait partie de l’âme du quartier. Comment résoudre le mystère de sa disparition ?

Les enfants décident d’en référer à une personne dynamique, intelligente, vive d’esprit et bourrée d’humour : leur super mamie ! Mamie Jo est une fraiche retraitée qui a été directrice d’école pendant plus de vingt ans. Elle adore ses petits enfants et les prend toujours sérieux. Alors, s’ils ont un problème, elle va tout faire pour les aider à le résoudre, même si la police ne veut pas agir.

Un petit roman policier prenant, malin et plaisant

Que ce soit au niveau de l’histoire, des personnages, des dialogues, Ramdam au musée est un très bon roman pour la jeunesse. On peux le proposer aux lecteurs de 9 ans environ. Pour tous ceux qui ont envie d’une histoire dynamique et drôle avec un peu suspense, c’est parfait.

Les chapitres sont extrêmement courts (quelques pages à peine), ce qui est motivant pour les jeunes lecteurs. Il y a parfois de petits logos à côté des noms de personnages pour savoir qui est qui (très bonne idée, je trouve !), certaines phrases sont en gras pour attirer l’attention. Tout est fait visuellement pour que le lecteur soit à l’aise dans sa lecture.

L’histoire de ce petit roman est quant à elle simple mais très efficace. On découvre le monde des œuvres d’art et des trafics qu’il peut y avoir autour ! Mais très brièvement, car l’intrigue tourne énormément autour de Mamie Jo et de sa personnalité extrêmement vive. Mamie Jo ose tout, même le plus improbable, et c’est certainement pour cela qu’on l’apprécie…

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Alors, cette nouvelle série jeunesse vaut-elle le coup ? Oui ! Pour tous ceux qui cherchent des romans  policiers à lire dès 9 ans, c’est absolument parfait ! Il n’y a rien a redire, et c’est d’ailleurs pour cela que je vais lire l’autre tome de la série : Fallait pas toucher à l’école de Mamie Jo.

Chronique : Cookie Monster

cookie-monsterUne nouvelle de sf immersive, où tout s’imbrique parfaitement avec art…

Vernor Vinge est un auteur de science-fiction d’origine américaine. Il est notamment connu pour ses romans Rainbows End ou encore Les enfants du ciel. Il est également célèbre pour son postulat (basé sur la loi de Moore) disant qu’en 2035 au plus tard, l’homme aura créé une machine à l’intelligence supérieure à la sienne. Cette future ère se nomme la post-humanité.

Avec Cookie Monster, les éditions du Bélial se proposent de nous faire découvrir des nouvelles (ou novella, car il s’agit ici d’une « longue » nouvelle d’une centaine de pages) issues des plus grands auteur de l’imaginaire. Au travers de leur collection Une heure lumière, c’est donc tout un pan d’imaginaire qui s’ouvre à nous. Un bien joli nom d’ailleurs pour une collection qui l’est tout autant : illustrations soignées par Aurélien Police, couverture dotée de rabats…

Un avenir lumineux s’ouvre…

Dixie Mae est une jeune femme pleine d’ambitions, et qui surtout voit un bel avenir se profiler… Si elle réussit à faire ses preuves dans la grande et prestigieuse firme informatique qu’est LotsaTech. Très sérieuse dans son travail, rien ne parviendra à la distraire… sauf un étrange mail lui balançant des secrets qu’elle seule est censée connaître. Farce d’un collègue concurrent ? Autre chose ? Dixie Mae ne laissera pas le mystérieux expéditeur s’en tirer facilement. Elle décide ainsi de partir en quête de son harceleur qui ne peux que se trouver au sein de l’entreprise au vu de la source même du message…

Cette enquête en interne qui ne devait durer que le temps d’une petite pause déjeuner risque d’être bien plus longue et éreintante que prévu pour Dixie Mae et les collègues qui décident de l’aider…

Une intrigue habillement menée qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page !

Fans de sf en tout genre, ne passez pas à côté de Cookie Monster (dont le titre étrange est parfaitement justifié). De simple chasse aux indices, on passe à d’autres niveaux de spéculation plus denses, plus incroyables. Pour ne rien dévoiler du plus savoureux de l’histoire, sachez juste que c’est malin… et diaboliquement bien pensé !

Ainsi, on est entre le roman de sf, le jeu de piste, et le roman policier. Ce beau mélange nous donne un rendu final extrêmement réussi. On appréciera également les quelques clin-d’œil culturels croisés dans le récit, je pense notamment à la fameuse « route de briques jaunes » du magicien d’Oz…

Par contre, je pense qu’il faut réserver cette excellente nouvelle aux lecteurs déjà férus de science-fiction car le vocabulaire utilisé ici risque d’en perdre certains voir même de les décourager, ce qui serait dommage, il y a tant à découvrir en sf ! Car nous avons ici affaire à un sous-genre passionnant de la sf : la hard-sf. Elle se caractérise en général par des descriptions scientifiques très précises et cohérentes.

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En somme, cette première incursion dans le monde de Vernor Vinge grâce à cette nouvelle fut une petite révélation. J’ai désormais très envie de découvrir plus avant l’œuvre de cet auteur aux idées simples et efficaces, mais mises en œuvre de façon merveilleusement réfléchie. On comprend pourquoi Cookie Monster a raflé le Prix Hugo de la meilleure nouvelle en 2004 !

Chronique : Un stagiaire presque parfait

Un stagiaire presque parfaitQui a dit que les récits policiers ne pouvaient pas être drôles ? Qui ?

Paru en grand format sous le titre Guide de survie en milieu hostile chez Sonatine, ce roman de Shane Kuhn a été réédité en poche aux éditions 10/18 sous le nouveau titre Un stagiaire presque parfait. Il s’agit actuellement du seul roman de l’auteur paru en France.

Quand l’âge de la retraite sonne pour John Lago

Il a été stagiaire de très nombreuses fois, mais curieusement, là où il passe certains trépassent… John Lago est tout sauf un stagiaire, et son nom n’est qu’un écran de fumée pour les plus curieux. John est un tueur à gage. Il a commencé aux alentour de douze ans, et maintenant qu’il approche doucement des vingt-cinq, se faire passer pour un gentil petit stagiaire devient de plus en plus compliqué.

La retraite est donc la prochaine étape pour John Lago, mais il lui reste à accomplir une toute dernière mission, un peu corsée, mais pas beaucoup plus que d’habitude. C’est à cette occasion qu’il va nous conter son parcours et sa mission actuelle en parallèle. Pour vous, les futurs stagiaires sous couvertures, voici un guide de survie qui pourrait bien pour sortir de situations fort compromettantes !

Hilarant et plein d’action, le tout avec une écriture complètement déjantée !

Il faut l’avouer, l’intérêt principal de cette lecture n’est pas (pour moi) son intrigue (bien ficelée par ailleurs), mais son écriture totalement mordante. C’est drôle, osé, parfois cru… en bref un vrai régal !

« Tu as déjà entendu parler des ninjas. Et si tu te bidonnes à la simple mention de ce nom, c’est parce que tu es un crétin d’Occidental persuadé que tout ce qui vient d’autres cultures peut être résumé en quelques blagues dans un talk-show de deuxième partie de soirée… »

Les délires de John Lago ainsi que ses nombreuses références cinématographiques (en particulier les films de gangsters, mais sans oublier Pretty Woman ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind) sont aussi pertinentes qu’amusantes.

« Ca va, moi aussi, j’ai vu Le Ninja de Beverly Hills avec Chris Farley. Le ninjutsu, ça fait marrer les gens, mais si tu n’es pas complètement demeuré, tu devrais savoir qu’il n’y a pas de quoi rigoler. »

Tout l’écriture est ainsi : très orale, emplie de références contemporaines et surtout, extrêmement vivante. Pour faire simple, c’est génial.

Et qu’en est-il de l’intrigue alors ? Si vous avez soif de quelques fusillades, beaucoup de surprises et un soupçon de trahisons, vous êtes au bon endroit. L’histoire est bien ficelée, tient bien la route et se lit avec curiosité. Le tout est vif, sans temps mort, et surtout rempli de bonnes répliques qui mériteraient toutes d’être dans un bon film.

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Vous l’aurez compris, être un « stagiaire », et être mandaté par une compagnie très spéciale pour éliminer certaines personnes, ça n’est pas de tout repos ! Un stagiaire presque parfait est ainsi un excellent roman qui fait un beau mélange de genres. Humoristique, suspense, un peu de romance (mais pas trop !), c’est juste parfait et indispensable.

Chronique : Paroles empoisonnées

Paroles empoisonnéesUn drame d’une puissance narrative inouïe

Paru en début d’année 2013 aux éditions J’ai Lu, Paroles empoisonnées et le dernier roman en date (en France) de l’espagnole Maïté Carranza. Elle est notamment connue pour sa trilogie fantastique le Clan de la Louve parue chez Pocket Jeunesse.

Dans ce roman loin du genre fantastique, l’auteur nous a concocté un thriller diaboliquement efficace basé sur un fait divers qui l’a inspirée, celui de Natascha Kampusch (jeune femme autrichienne qui fut enlevée et séquestrée pendant plus de huit ans avant de réussir à s’enfuir). L’ouvrage a d’ailleurs reçu le prestigieux Edebé de littérature pour la jeunesse (attention, le livre s’adresse bien à des adolescents, pas moins).

Paroles empoisonnées est avant tout l’histoire de Bárbara Molina, une jeune fille disparue il y a de cela quatre ans. L’affaire est restée irrésolue jusqu’au jour où… l’enquête bascule à cause d’un simple coup de fil, capturant le lecteur dans une toile psychologique dont il devient impossible de s’extraire…

Une affaire qui piétine et en passe d’être oubliée

Quand nous commençons ce roman, c’est l’ultime jour de travail du sous-inspecteur Salvador Lozano, un homme qui a pris l’affaire Bárbara Molina à cœur. Oubliant parfois jusqu’à sa vie privée, l’homme a montré un investissement sans faille sur cette affaire. Mais la retraite arrive, et il est tant de passer l’affaire et des dizaines d’autres à un nouveau et fringuant sous-inspecteur : Toni Sureda.

Ce dernier est jeune, fringuant et ne montre apparemment pas l’intérêt qu’il faudrait sur l’affaire Bárbara Molina. Comment lui en vouloir ? L’enquête piétine depuis des années sans aucun nouvel élément. Les deux principaux suspects vivent leur vie, la disparition de Bárbara n’est plus vraiment au cœur des préoccupations, hormis pour ses proches.

Sa mère, Nuría Solis est devenue un fantôme depuis le drame, elle ne vit que parce qu’il le faut, mais tout juste. Sans opinion, sans vie, sans âme, elle erre et est devenue un poids pour sa famille tout entière. Son mari Pepe quant à lui a tout fait pour faire retrouver leur fille, combatif, tenace, parfois même trop, il a largement contribué à ce que l’enquête reste ouverte.

Les jumeaux, frères de Bárbara, ont quant à eux appris à ne pas faire de l’ombre à la peine de leurs parents.

PREMI CUBIERTA PALABRAS ENVENENADAS + 148 p3.inddUne narration qui ne laisse pas de place à l’ennui

Paroles empoisonnées est un roman à quatre voix, celle de la mère de Bárbara (Nuría Solis), celle de Bárbara elle-même, celle du sous-inspecteur presque retraité et celle d’Eva, l’ancienne meilleure amie de Barbara.

Ainsi, quand ces voix très différentes s’expriment, ont découvre peu à peu tous les non-dits, les blessures cachées et les plaies de chacun. Le voile qui pèse sur l’affaire se soulève peu à peu, mais pas au point de nous faire deviner très rapidement qui est le coupable. Des indices aux accusations divergentes fusent, et le lecteur se fait lui aussi embarquer dans des suppositions toutes plus folles les unes que les autres.

Avec ces points de vue différents sur l’histoire, on se rend compte que même si il y a un véritable coupable, tous ont à un moment ou un autre on failli à leur manière : en fermant les yeux, en étant jalouse, en ayant trop la tête dans le guidon sur l’affaire… Terriblement humains, là a été leur seule faute.

Ainsi Maïté Carranza manie avec art une plume très sensible, qui fonctionne par évocations et sous-entendus. Elle a su tisser avec bien peu une histoire cohérente qui sait nous tenir en haleine.

« Elle rate parfois des occasions de se taire et lâche des paroles empoisonnées dont le venin court dans les veines et arrive jusqu’au cœur, et fini par tuer, telle une tumeur maligne. […] La coupe était amère et elle l’a avalée seule, comme toujours. »

Pas de dialogue ici, tout est écrit au style indirect : déstabilisant au début, on s’habitue très rapidement à ce mode d’écriture pour le moins inhabituel. Pas de tiret de dialogues  à aucun moment de l’ouvrage, ni même de guillemets. On se retrouve alors avec de grands pavés de texte, mais qui se dévorent.

Pour conclure, Paroles empoisonnées est un véritable roman coup de poing. Traitant de la violence faite aux femmes, qu’elle soit passive ou bien visible, Maïté Carranza met en avant un sujet qui lui tient à cœur, et elle y excelle. Attention, âmes un peu trop sensibles s’abstenir, bien qu’il n’y ait aucun passage explicite, ce roman reste très dur.

Quoi qu’il en soit, impossible de ne pas s’immerger dans un roman d’une telle force, alors allez-y si vous êtes amateur de thriller, ce roman est pour vous. Dès l’âge de quinze ans, minimum.

Chronique : The Agency – Tome 2 – Le crime de l’horloge

the agency 02Un retour dans l’Angleterre victorienne où les femmes luttent dans l’ombre…

Une année après le premier tome des aventures d’espionne de Mary Quinn en France, l’auteur Y.S. Lee récidive avec le second tome de l’Agency. Dans une ambiance mystérieuse d’Angleterre au XIXème siècle où les femmes ne peuvent guère être autre chose que servantes, femmes de chambre ou bonne épouse…

Une nouvelle mission pour Mary Quinn

Notre apprentie espionne du Pendentif de Jade a mûri depuis la dernière fois, elle a désormais plus de dix-huit ans. Sa formation ayant pris fin, ses maîtresses la juge apte pour une mission de haut vol : espionner le chantier du beffroi (le futur Big Ben) afin d’y élucider la série de morts inexpliquées qui y ont lieu depuis quelque temps. Certains pensent que c’est le fantôme du beffroi qui en est la cause, d’autres que ces disparitions servent de noirs desseins…

Une immersion dans un monde très masculin

Pour élucider le mystère du beffroi, Mary n’a d’autre choix que de se déguiser en garçon car l’univers dans lequel elle va tenter de s’introduire est exclusivement masculin.

Magouilles et pots-de-vin sont omniprésents sur le chantier, mais à peine suspecte-t-on un personnage qu’un autre apparaît et nous fait douter tout autant. L’histoire nous est contée du point de vue de Mary, ce qui est très intéressant. Sa vision des choses en tant que jeune femme dans se siècle met en lumière les inégalités de l’époque entre les sexes.

Toujours sous tension, le lecteur n’aura pas une minute à lui, d’idées en découvertes on suit la trace évanescente du « fantôme » avec plaisir et surprise. Mais en plus de la mission, Mary va se retrouver confrontée à des personnages du précédent tome qu’elle n’était censée ne jamais revoir…

En bref, The Agency, est fort plaisant à lire pour se plonger dans la Londres de l’époque, l’ambiance retranscrite est parfaite : entre le fog de la capitale et les rues pavées. L’enquête quand à elle est intéressante, mais la capitale (personnage à part entière) m’a beaucoup plus séduite. A lire dès 12 ans.

Cet article a été écrit pour le site ActuSF

Chronique Jeunesse : Apolline et le chat masqué

apolline et le chat masquéApolline et le chat masqué est le premier livre réalisé uniquement par Chris Riddell (illustration et histoire) que je lis, est il n’est pas mal du tout ! Il nous raconte avec humour et et tendresse les aventure d’Apolline, une petite fille qui vit seule chez elle avec une créature des marais de Norvège ; Mr Munroe, une boule de cheveux longs dont on n’aperçois à peine les yeux.

Pourquoi Apolline vit-elle seule me direz-vous ? Eh bien pour la simple et bonne raison que ses parents sont des explorateurs, qu’ils font des fouilles à travers le monde et ne peuvent pas consacrer leur temps à leur chère fille. Mais ça ne les empêche pas de prendre soin d’elle malgré la distance. Ainsi, tout les jours des entreprises de service sonnent à la porte d’Apolline : « Le Dragon Souriant (pliage des vêtements) », « Smith et Smith (techniciens et rapetasseurs d’oreillers et tireurs de rideaux) », « 1000 Watts (Changeur d’ampoules électriques) » sont autant d’entreprises qui prennent soin d’Apolline y compris la « Compagnie Un repas comme à la maison ».

Mais Apolline ne passe pas son temps à la maison, du moins pas tout le temps. Sa passion est de résoudre des énigmes, et elle est très forte pour ça Apolline. L’affaire qui l’occuperas ici est celle de mystérieux vols et de chiens disparus… quel est le lien ? Apolline vous le dira !

Sachez en tout cas que j’ai beaucoup apprécié ce livre pour sa beauté autant au niveau du toucher (papier épais, couverture cartonnée avec un de jolies dorures et un glaçage sélectif) qu’au niveau visuel (illustrations en noir et rouge clair) et textuel : Chris Riddell ne sait pas uniquement faire de beaux dessins, il peux aussi nous créer une histoire vraiment sympathique avec des personnages attachants.

Apolline est bien sur le personnage maître de la série (un autre livre est prévu Apolline et le fantôme de l’école, qui est déjà sorti en Angleterre sous le titre Ottoline goes to school), mais Monsieur Monroe, son inséparable compagnon, est pour moi encore plus attachant qu’Apolline. Il fait montre d’une grande affection pour Apolline et lui autorise même à lui brosser les cheveux (chose qu’il déteste le plus au monde). Il l’a connu toute sa vie, puisque c’est lui qui la gardait déjà quand elle était encore un bébé.

Ainsi Chris Riddel nous donne plusieurs choses précieuses dans un livre : l’humour, l’attachement, la notion d’amitié, et la confiance. Vivement la suite, et bonne lecture pour tous !

Note : 9.5/1