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Chronique : La série Les vilains Disney par Serena Valentino

Une série de romans qui propose de découvrir l’histoire des méchants Disney. Car au début, ils n’étaient ceux que l’on connaît et avaient même de la bonté en eux… du moins pour certains…

Vous connaissez tous Maléfique, La Bête ou encore Ursula ? La série des Vilains se propose de découvrir le passé de chacun de ces méchants emblématiques des dessins animés Disney. La saga des Vilains est composée de six tomes distincts qui se concentrent chacun que un personnage. Mais il y a en plus un trio de sorcières qui lie le tout et dont vous ferez la connaissance…

La novellisation est assurée par l’autrice américaine Serena Valentino, qui a connu un succès fulgurant grâce à cette série.

Miroir Miroir : Tout débute avec l’histoire d’une fille de miroitier. Elle est belle mais semble l’ignorer, tant son père lui fait des réflexions acerbes et terribles sur son physique. Il la trouve laide, mais surtout, il lui en veut d’être née, sa femme étant morte en lui donnant naissance. Mais un jour, un roi envoûté par sa beauté va se marier avec elle. Ce roi a déjà une fille, d’une précédente union. Son prénom : Blanche. Elle est douce, belle et d’une gentillesse incroyable. La nouvelle reine l’aime instantanément et a enfin trouvé une famille aimante.
Mais alors qu’a-t-il bien pu se passer pour que tout se transforme en cauchemar ?

L’histoire de la Bête : Le prince qu’était avant la bête n’était pas une personne recommandable. Avec son meilleur ami Gaston, ils séduisent les belles jeunes femmes, adorent chasser et plient le monde à leur volonté. Alors, quand le prince décide qu’il est temps pour lui de se marier, il recherche une femme belle et sans répartie. En fait, il recherche une personne qu’il peut facilement maîtriser et qui a le moins de cervelle possible, un joli faire-valoir en somme. Il pense avoir trouvé l’amour, mais il n’est en réalité pas capable d’un tel sentiment tant il est égoïste. S’ensuit la malédiction que l’on connaît tous…

Maîtresse de tous maux : Maléfique est une sorcière, certes nous le savons tous. Mais ce que l’on sait moins c’est qu’elle est à l’origine une fée qui n’a jamais acceptée à cause de son apparence. Ses longues cornes ont toujours fait peur à ses semblables, de même que ses talents pour la magie dans tous les domaines. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas et, Maléfique est en effet totalement incomprise. Une seule personne avait confiance en sa capacité à faire le bien… mais ce n’était pas suffisant.

Des romans intrinsèquement liés

Même si chaque conte est indépendant, il y a un fil rouge dans ces six tomes en la personne des étranges sœurs. C’est à cause d’elles que les choses deviennent biscornues, malsaines, étranges… Elles poussent parfois seulement une pichenette pour faire basculer vers le mal nos vilains. Mais pour d’autres, elles se sont acharnées afin de les transformer en individus mauvais…

Ce fameux fil rouge n’empêche pas de lire le livre que l’on souhaite si l’on a pas envie de lire toute la saga. Personnellement j’ai commencé par L’histoire de la Bête (qui est le tome 2) car il n’est marqué nul part sur la couverture qu’il y a une tomaison. C’est sur l’un des rabats intérieurs que je m’en suis rendu compte. Ce n’est point grave, j’ai enchainé avec Miroir, Miroir, qui est le premier tome de la saga. Puis, n’ayant pas le tome trois, j’ai lu le quatrième volume, centré quant à lui sur Maléfice.

Et à chaque fois, on retrouve les étranges sœurs et leurs obscurs plans qui semblent remonter à des siècles. Je n’ai donc pas lu le troisième tome, qui se concentre sur le personnage d’Ursula, avide de pouvoir. Mais Serena Valentino a pensé à tout et fait une sorte de résumé de ce qu’il s’est passé dans le tome consacré à Maléfique. Car plus on avance, et plus les histoires se mêlent et les personnages se croisent. Ainsi le premier amour de la Bête, Circé, est également dans le troisième tome et citée régulièrement dans le quatrième.
Les passifs imaginés par l’autrice pour chacun des personnages fonctionnent assez bien. Elle se réapproprie les histoires Disney tout en conservant l’essence des histoires que l’on connaît. L’exercice ne doit pas être évident, mais elle y parvient assez bien je trouve.

Cependant, cela n’est pas suffisant, loin de là. J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser vraiment au destin de chaque personnage car même si l’autrice modifie les trames, ce sont des univers très (trop ?) familiers. Cela n’a pas été assez créatif pour moi, et j’avoue que les descriptions m’ont quelque peu lassée par moment, à tel point que je les sautait pour ne lire que les dialogues.

L’idée d’ajouter des personnages malfaisants récurrents qui tirent toutes les ficèles est excellente, mais peut-être n’aurait-il pas fallu faire un tome par personnage. Cela dilue beaucoup trop l’intrigue et donne un sentiment d’ennui assez vite présent. J’ai surtout au ça pour L’histoire de la Bête, qui est pour moi le moins bien réussit des trois que j’ai lu dans la série. Le meilleur étant pour moi l’histoire de Maléfique, car elle commence a regrouper tout ce qu’il s’est passé avant et faire des ponts intéressants avec les précédents tomes. Mais cela arrive trop tard…

Je comprends que d’un point de vue marketing on ait voulu faire un tome pour chaque conte, mais d’un point de vue narratif, c’est beaucoup trop long. Quel dommage, l’essence même de la série des Vilains est intéressante. Mais c’est beaucoup trop long à lire, il y a trop de descriptions inintéressantes et de passages totalement dispensables. C’est donc une saga qu’il faut réserver je pense aux fans absolus de l’univers Disney, ils seront peut-être moins déçus que ceux qui aiment de façon raisonnable l’univers.

Aparté : Mais pourquoi donc refaire la traduction ?

Je souhaitais revenir sur un point important, la traduction. Au début de la sortie de la série des Vilains, Hachette Romans avait fait le choix plutôt logique de reprendre les couvertures américaines (qui sont d’ailleurs les même dans presque tous les pays où ils ont été traduits). Elles sont très sombres, sobres, et on sait immédiatement de quoi ça parle. Mais au bout de quelques titres parus avec cet charte graphique sombre et minimaliste, Hachette Romans a décidé de changer la charte visuelle de la collection avec un graphisme beaucoup plus coloré, et je pense beaucoup plus adapté au public français. D’ailleurs, le succès fut au rendez-vous !

Mais pourquoi donc avoir au passage changé la traduction ? Les lecteurs français n’ont-ils pas le niveau pour comprendre certains mots de vocabulaire ? Faut-il que les choses soient faciles pour vendre mieux ?
La traduction initiale de L’histoire de la Bête est assurée par Caroline Minic, mais la nouvelle est Alice Gallori. Et l’on constate très rapidement la différence de vocabulaire. J’ai eu les deux versions dans ma bibliothèque, j’ai donc pu comparer.

Traduction de Caroline Minic : Chapitre II : La rebuffade.

« La Bête soupira lourdement et se laissa choir sur le banc en pierre, sous l’aile persécutrice des statue.« 
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« Alors que le carrosse de la princesse Tulipe Morningstar se rapprochait du château de son fiancé, la jeune femme fut éblouie par le paysage. Il n’y avait pas peinture plus belle au monde que celle de la demeure du Prince en en saison des frimas, cette grande bâtisse revêtue d’un épais manteau blanc et illuminée pour les lumières du solstice d’hiver. »

Traduction d’Alice Gallori : Chapitre II : Le refus.

« La Bête poussa un soupir et se laissa lourdement tomber sur un banc de pierre. »
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« Lorsque son carrosse s’engagea sur le pont menant au château, Tulipe Morningstar se dit que le palais de son fiancé était tout simplement exceptionnel. Le royaume de son père était remarquable, certes, mais il ne soutenait pas la comparaison avec celui du prince, surtout lorsqu’il était recouvert d’un manteau de neige étincelant et richement décoré pour le solstice. Les murs étaient inondés de lumière dans la sombre nuit d’hiver. »

Voilà qui donne déjà matière à constater la différence. Le mot rebuffade est-il trop complexe ? Cela fera-t-il fuir les lecteurs.ices potentiels ? De même que le verbe choir… trop difficile à comprendre ? Alors mettons tomber à la place. De même que le mot frimas a disparu dans la seconde traduction.

J’avoue ne comprendre cette simplification à l’extrême avec des mots basiques, et une absence de style. On voit même que certaines phrases sont tout bonnement supprimées pour simplifier le tout ! Pourquoi cette volonté de simplifier par l’éditeur ? Car il y a là une volonté éditoriale, ce n’est pas uniquement le fait de la traductrice. Je sais que je n’aurais pas la réponse à cette question, de même que je n’ai pas accès aux textes en langue originale pour comparer, mais je trouve décevant de niveler par le bas le vocabulaire… Et comme il s’agit de la même maison d’édition qui a simplifié le vocabulaire de la série Le Club des Cinq, je me dis qu’il y a ici un lien entre appauvrissement du niveau de vocabulaire et choix éditorial/mercantile. Après tout, le passé simple a quasiment disparu des romans jeunesse pour la même raison !

Si un texte est difficile à lire, on aura peut-être moins envie de lire la suite… alors pour vendre, il faut que ce soit facile, immédiat, quitte à dénaturer le texte original ? Question ouverte, mais vous connaissez déjà mon point de vue sur la question.

Chronique jeunesse : Les saisons de Peter Pan

Une revisite de l’histoire de Peter Pan, personnage emblématique de l’enfance perdue et de l’imaginaire…

Christophe Mauri est un auteur de littérature jeunesse français. On lui doit la série des Mathieu Hildalf, qui a rencontré un beau succès à sa sortie. Avec Les saisons de Peter Pan, il propose un hommage intéressant au roman de l’Ecossais James Matthew Barrie.

Une réécriture qui se propose de remettre…

Nous connaissons tous l’histoire de Peter Pan, ou du moins son univers. Grâce au roman en premier lieu, mais également à toutes les œuvres cinématographiques inspirées directement du roman de J.M. Barrie. Que ce soit grâce à la version de Disney ou au magnifique film de Steven Spielberg, Hook, Peter Pan est un personnage qui continue de fasciner malgré le temps qui passe…

C’est ainsi que Christophe Mauri décide de s’approprier ce personnage fantasque, haut en couleurs et symbole de liberté.

…. les pendules à l’heure !

Pour ceux qui aiment l’histoire d’origine, Les sept saisons de Peter Pan devrait les ravir. Christophe Mauri reprend en effet certaines emblématiques du roman, entre autres. Cependant, malgré un univers et une ambiance assez fidèle à l’esprit, je n’ai pris guère de plaisir à lire ce roman jeunesse. J’ai trouvé qu’il avait quelques longueurs et même quelques passages très dispensables… Impossible pour moi de m’immerger dans l’histoire de ce Peter Pan.

Cependant, il y a également des moments de pure beauté. Avec quelques passages très bien écrits et très touchants. Mais cela ne suffit pas à rehausser la qualité générale du roman à mon humble avis…

De plus, j’ai vraiment eu du mal avec les illustration de Gwendal Le Bec, que je trouve parfois inesthétiques. Encore une fois, cela est une question de point de vue, mais c’est en particulier sur les visages et la morphologie générale des corps que j’ai eu un sentiment de déséquilibre, d’inaccompli… Mais parfois, elles sont très belles. En fait, le roman et les illustrations sont parfois très déséquilibrés. On y trouve aussi bien des moments de grâce que des moments d’ennui…

En somme, je pense que cet ouvrage est très dispensable si vous n’êtes pas spécialement fan de Peter Pan ou de l’œuvre de Christophe Mauri. Quoi qu’il en soir l’ouvrage est à destination des 9/10 ans.

Chronique : Songe à la douceur

songe-a-la-douceurUn roman doux comme une friandise, plein d’innocence et de beauté, non dénué d’un côté fleur bleue tout à fait charmant.

Pour présenter Clémentine Beauvais, on peut citer ses romans, les nombreux prix littéraires qu’elle a reçu, mais il faut avant tout mettre l’accent sur la chose qu’elle maîtrise avant tout : l’art de l’écriture.

Depuis quelques années maintenant, ses écrits ont le vent en poupe, et une fois qu’on les a lus, on comprend tout à fait pourquoi ! Clémentine Beauvais est créative, et extrêmement drôle à travers une plume aussi mordante qu’agile.

Parmi les nombreux titres qu’elle a écrits, on peut citer : Les petites reines (énorme coup de cœur ici sur le site), Comme des images (l’un de ses premiers écrits coup de poing, également gros coup de cœur), Carambol’Ange (roman pour la jeunesse, dès 9 ans), Les Royales Baby-sitters (un roman jeunesse totalement barré, dès 9 ans).

Avec Songe à la douceur (paru chez Sarbacane, dans la collection Exprim’), Clémentine Beauvais fait un nouveau pas dans la créativité avec une idée de base extrêmement pointue : proposer un roman en vers libres s’inspirant librement d’Eugène Onéguine, d’Alexandre Pouchkine. Dit comme cela, ça peut déstabiliser ou effrayer le lecteur potentiel… mais c’est absolument génial !

Un amour de jeunesse perdu, puis retrouvé… sur la ligne 14 (violet clair)

Une romance contrariée, terminée avant même d’avoir pu commencer, voici à quoi se résume l’histoire de Tatiana et Eugène. Ils avaient 14 ans, mais la vie, le destin et un drame les a séparés. Cette rencontre fortuite dans le métro est-elle l’occasion pour eux de reprendre leur histoire où ils l’avaient laissée ? Elle, est obsédée par le peintre Caillebotte, et lui est obsédé par Tatiana, qu’il ne pensait pas revoir un jour…  Alors, quel avenir pourrait se profiler pour eux ? L’avenir nous le dira…

Une ode à la beauté des choses simples et essentielles qui font aimer la vie

Intemporel ou presque, beau et cru à la fois, Songe à la douceur est un ouvrage à nul autre pareil. Moi qui craignait que le côté vers libres ne créée un blocage à la lecture, c’est en fait tout le contraire.

L’écriture est fluide, aisée, on navigue entre les vers avec aisance, le tout aidé par la plume légère de Clémentine Beauvais… Jugez plutôt des premiers vers :

« Parce que leur histoire ne s’était pas achevée au bon endroit, au bon moment,

                Parce qu’ils avaient contrarié leurs sentiments,

Il était écrit , me semble-t-il, qu’Eugène et Tatiana se retrouvent

Dix ans plus tard,

                Sous terre,

Dans le Meteor, ligne 14 (violet clair), un matin d’hiver. »

 

Voilà pour la beauté des vers proposé en début de roman. Mais vous y trouverez également une facette plus drôle, mais également plus crue, comme l’illustre ce passage :

« Eugène essaya de se raisonner :

                               Il est assez normal de ne pas trouver,

                               Sur Internet,

                               De détails spécifiques quant aux relations

Intimes des gens. Qu’est-ce qu’il aurait pu espérer ?

« JE NE SUIS PAS CONTRE LA SODOMIE, déclare

Tatiana Reinal ». <Cliquez pour ouvrir>

                Ce n’était pas une attente réaliste. »

Ceci n’est qu’un des nombreux exemples que l’on peut trouver de l’humour sans bornes de l’auteure.

On appréciera également le style narratif et les jeux de flash-back et de cliffhanger utilisés tout au long du roman. Cela est fait de telle sorte que l’on se sent immédiatement happé par l’intrigue  que forment Tatiana et Eugène malgré eux… Ils sont beaux et extrêmement humains, avec leurs blessures, leurs traumas cachés sous des simples échanges de textos. Mais nous lecteurs avons accès à quelque chose de génial et de triste à la fois… leurs pensées inavouables (je pense notamment à la fameuse scène du Musée d’Orsay, mais pas seulement).

…..

Songe à la douceur est le genre d’ouvrage aussi beau qu’inclassable, magnifiquement écrit. Doux, sucré, merveilleux, mais également avec un côté acide et mordant… Il est à découvrir dès l’âge de 15 ans environ, puis sans aucune limite d’âge, car il n’y a aucune restriction pour découvrir une si jolie plume…

Chronique Jeunesse : Contes Kirghiz – La bague du khan

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Ce livre a été publié dans la collection des contes du monde de l’école des loisirs. Elle a pour but de faire découvrir aux plus jeunes (dès 8 ans) la culture des autres pays à travers les contes.

Tout d’abord, avant de donner un avis sur le livre : où est le Kirghistan ? Eh bien il se trouve juste à côté de la Chine, sur sa gauche. Maintenant que la source des contes est localisée, voila ce que l’on peut dire du livre :

Des contes fort intéressants, en particulier Akyldjan, la fille du veneur qui nous raconte comment un prince quitte sa femme pour une plus riche, mais qui finalement sera bien obligé de se repentir. Ou encore l’histoire du puits magique : un khan (mot turc équivalent à « empereur », « roi ») qui promet de donner la main de sa fille si quelqu’un arrive à remplir le puits de bijoux, d’or et d’autres objets précieux…mais personne n’y arrive, car seul un amour vrai pour la princesse peux remplir le puits avec ne serait-ce qu’une seule pièce. En conclusion, j’ai aimé m’initier à la culture de ce pays lointain où beaucoup d’histoires d’amour sont mises en danger par des khans malveillants ou des magiciens sans scrupules…