Archives du mot-clé clan

Chronique : Salina

Le grand retour de Laurent Gaudé dans le roman initiatique. Dans une Afrique fantasmée qui ressemble à l’univers de La mort du Roi Tsongor

Laurent Gaudé est un auteur français à l’œuvre très prolifique. Il écrit aussi bien des romans, que de la poésie ou du théâtre. D’ailleurs, Salina était une pièce de théâtre écrite en 2003 avant de devenir un roman en 2018. Et il est magistral.

Par ailleurs, vous connaissez certainement un des ouvrages de Laurent Gaudé : Le soleil des Scorta, Eldorado, ou encore Ouragan et mon préféré par-dessus tout : La mort du roi Tsongor (qui pour moi se déroule dans le même univers que Saline, ou un très ressemblant).

Un fils en quête d’un lieu de sépulture pour sa défunte mère…

Salina est morte. Elle était exilée, oubliée de tous ou haïe, sauf d’une personne : son seul et unique fils. Elle lui a tout appris, à survivre dans le désert, à s’y repérer… Maintenant qu’elle n’est plus là, il est de son devoir de trouver un lieu de repos digne de celle qu’a été sa mère. Une femme rebelle et indépendante qui aura bravé les conventions par amour, et qui n’a rien eu en retour… ou presque.

Un texte court et mémorable

Salina a beau ne faire que cent-cinquante pages à peine, cela est bien suffisant pour s’imprégner de l’ambiance particulière de ce texte. A la fois mythe, roman d’amour, légende, quête initiatique, récit… Salina est extraordinaire. Dans beaucoup de moments, j’ai retrouvé la beauté de la tragédie chère à Laurent Gaudé, tout comme dans La mort du Roi Tsongor (un texte qui fut une révélation pour moi).

Le désert, comme je l’imagine dans le roman…

On est dans une sorte d’Afrique imaginaire, sans nom, sans époque, juste pleine de ses légendes qui traversent oralement les générations et les villages.

Le fils de Salina va-t-il trouver un lieu de sépulture à la hauteur de ce qu’à été cette femme pour lui ? Va-t-il avoir le courage de la transporter par-delà les territoires qu’il connaît ? Vous aurez toutes les réponses à ces questions… et la conclusion en est magnifique.

J’imagine parfaitement cette ville dont parle Laurent Gaudé. Avec ses barques qui suivent la légende orale de Salina contée par son fils, et qui au fil de l’histoire grossissent les rangs. Avec son étrange et mystérieuse île-cimetière, qui ne s’ouvre uniquement si on a conté l’histoire du défunt avec éloquence et sincérité…

……..

Si vous êtes à la recherche de beauté, de poésie et de magnificence tout en simplicité, Salina sera pour vous. On ressort grandit d’un conte onirique comme celui-là. Et on y repense souvent… Merci Laurent Gaudé pour ce texte, cela faisait des années que j’en attendais à nouveau un comme cela.

Chronique Jeunesse : L’anti-magicien – Tome 2 – L’Ombre au Noir

La suite des aventures que vivent les exilés Kelen, Rakis et Furia… pour le meilleur et pour le pire !

Sorti en France il y a maintenant plus d’un an, le second tome de l’Anti-magicien est paru aux éditions Gallimard Jeunesse sous le titre L’ombre au noir. Depuis, les tomes trois et quatre sont parus en librairie, et la saga n’est pas encore terminée…

Le moment de faire le point ?

Kelen a fuit sa patrie à la fin du premier tome, chose que nous n’aurions pas pu imaginer… Et maintenant que c’est chose faite, il faut à Kellen trouver un but à son existence tout en restant pour toujours un paria. Recherché par les plus puissants mages Jan’Tep, le jeune homme n’a pas fini de fuir les problèmes… et il en arrive de nouveaux durant son exil sous la forme d’une charmante jeune femme… 

Une saga aux personnages toujours aussi truculents

La qualité première de cette saga de fantasy atypique – outre son univers – ce sont ses personnages hauts en couleurs que l’on suivrait au bout du monde. En particulier Furia l’indépendante Argosi et Rakis le terrible chacureuil. Ce sont eux qui font l’âme de cette saga, plus encore que son héros, Kellen qui parfois suit simplement le mouvement.

La couverture française est très belle, mais celle en version originale n’a rien à lui envier…

Grâce à ce trio détonnant, on passe un merveilleux moment de lecture entre action, suspense et magie, sans oublier l’humour, pierre angulaire des romans de la saga. C’est ainsi que l’on découvre le nom véritable de Furia : Chemin de la Pâquerette Sauvage, ça en jette carrément… non ? Rakis n’a pas fini d’en rire en tout cas… 

L’intrigue est encore une fois parfaitement menée, nous entraînant sur des chemins insoupçonnés et intéressants pour la suite de l’histoire… dans une ville ou sévit une épidémie d’Ombre au noir (impossible d’en dire plus !). Sébastien De Castell semble savoir où il va et comment y aller, ce qui nous donne une intrigue de grande ampleur parfaitement cohérente. 

On en apprend un peu plus également sur ce que c’est qu’être un Argosi, sans pouvoir en dévoiler plus, leur rôle m’a fait penser à celui d’un personnage important dans l’Assassin Royal, une phrase en particulier notamment. 

De plus, il y a un soupçon de romance parfaitement dosé qui correspond parfaitement aux premiers émois amoureux… 

Mais ce que j’aime le plus dans cette saga, c’est que tous les codes sont cassés. Rarement un héros ado est autant malmené par son auteur, et c’est d’autant plus appréciable car on ne peux prédire la suite. Et c’est ce que l’on demande à un roman, non ? Nous transporter et nous surprendre…

Affaire à suivre de très près donc avec le troisième tome de la saga : L’ensorceleuse.

Chronique : Nightshade – Tome 1 – Lune de sang

nightshade tome 1  Et si tout ce que vous connaissiez devait être remis en question ?

Premier roman de l’auteur américaine Andréa Cremer, Nightshade est une nouvelle série fantastique (et dystopique) qui a toutes les chances de fonctionner auprès des adolescentes fans de bit-lit. On pourrait le comparer un peu trop aisément à Twilight car on y trouve beaucoup de similitudes : histoire d’amour impossible, monde des humains et du paranormal ne devant se mélanger sous aucun prétexte, ambiance tournant autour du monde du lycée…etc. Mais Nightshade est plus creusé, en particulier sur la dynamique entre les personnages et leurs attributs.

Une adolescente comme les autres…ou presque.

Aux yeux de tous, Calla semble être une jeune fille des plus normale, très jolie, mais rien d’extraordinaire mais elle a une petite particularité : elle peut se transformer en louve, et c’est l’Alpha (la femelle dominante) de sa meute. Et surtout, elle est promise à l’Alpha d’une autre meute.
Mais, vous vous en doutez, ça ne peux pas être aussi simple : Calla va faire la rencontre inopinée d’un jeune humain prénommé Shay qui va découvrir son secret…et troubler Calla bien plus qu’il ne faudrait, surtout qu’elle est déjà promise à un autre.

La remise en question d’un formatage créé depuis la naissance

Il faut avouer que l’histoire en elle-même n’a rien de spécialement original, mais la façon dont elle est traitée est intéressante.
Calla vit donc en tant qu’humaine, mais avec les systèmes instaurés par le mode de vie des loups. Elle vit avec sa « meute » (sa famille) et est promise au mâle le plus fort d’un autre groupe de loups, Ren, pour préserver la lignée pure et forte. Elle n’a donc aucun choix, pas de libre arbitre.
C’est en ça que son personnage est intéressant, petit à petit Calla va se poser des questions sur sa nature, son but dans la vie, la pression faite sur cette union, ses désirs, etc… et bien qu’un peu trop fleur bleue par bien des côtés, on se laisse prendre par l’histoire, qui ne tourne pas uniquement autour de ce triangle amoureux.

Un univers régi par une foule de règles injustes

Les règles sont édictées par les Gardiens, ce sont eux qui décident des unions, des lignées à créer et de bien d’autres choses encore. Ils sont supérieurs en tous points aux hommes-loups, dont ils sont les maîtres : ce sont eux qui leur offrent protection, mais aussi le confort d’une belle maison, d’une éducation élitiste en échange de quelques « menus » services.
Certains Gardiens profitent d’ailleurs un peu trop de leur statut d’intouchable, ce que Calla commence d’ailleurs à remettre en question trop ouvertement…

En somme, Nightshade est un roman agréable, mais pas marquant. Il plaira aux lectrices aimant les histoires d’amour impossibles sur fond de fantastique. Sa force réside surtout dans le système des castes créées et tous les engrenages « politiques » et sociaux qu’elles impliquent. Je suis tout de même curieuse de lire la suite qui sortira certainement en fin d’année, le titre de ce second opus : Wolfsbane.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Imago

imagoUn roman post-apocalyptique sur fond de civilisations disparues…

Nathalie Le Gendre est une auteure française d’anticipation, assez prolifique, son œuvre la plus connue est certainement Dans les larmes de Gaia qui a récolté pas moins de sept prix littéraires, dont le prix des Incorruptibles. Voici son dernier roman en date : Imago.

Au cœur d’une peuplade aux allures de tribu préhistorique

Notre histoire se situe dans un lieu et une date inconnus : sur Terre. Tout ce que l’on sait, c’est que le peuple K’awil a su se préserver d’un cataclysme qui a transformé le reste du monde.

Le monde des K’awil ressemble beaucoup à celui des tribus préhistoriques telles qu’elles sont décrites dans les enfants de la terre par exemple : ils ont une grande prêtresse, un chef de clan, des traditions et croyances inflexibles… ce sont des descendants des mayas, et c’est dans ce monde que vit Neï.

Vous l’aurez compris Neï est « l’héroïne » de ce roman : adolescente, elle va bientôt devoir subir le rite de passage qui fera d’elle une adulte : l’Imago.

Un monde cruel où l’enfance n’a plus sa place

Neï, en plus de son Imago, va être confrontée à de nombreuses épreuves de la vie qui surviennent d’habitude à l’âge adulte. Ce qui fait d’Imago un livre pour adolescents et jeunes adultes, c’est la dureté à laquelle le lecteur fait lui aussi face.

Dans une sorte de huis-clos à l’échelle d’une tribu : l’intrigue du roman est très bien menée, la deuxième partie du livre en particulier nous force à l’interrogation quand à notre avenir et la façon dont on peut le concevoir. C’est d’ailleurs l’une des spécificités de l’anticipation que Nathalie Le Gendre ne manque pas d’exploiter.

Une fin surprenante pour une histoire qui l’est tout autant

La conclusion d’Imago est comme son histoire, inattendue et douce-amère. Mais loin d’être dérangeante, cette fin est parfaite. En somme, c’est bon très bon roman à faire lire à tous ceux qui veulent s’initier à l’anticipation, ou tout simplement à la littérature pour adolescents un tant soit peu originale.

Chronique : Le Peuple des Rennes – Tome 1

Le peuple des rennes 01Nouvelles « saga » en deux tomes de Megan Lindholm (alias Robin Hobb), le peuple des rennes en étonnera plus d’un par son style. Attention aux initiés ou fans de l’auteure, rien à voir avec l’Assassin Royal ou les Aventuriers de la Mer, lire ce Hobb peut s’avérer être une très bonne comme une très mauvaise surprise. Personnellement, ayant lu ces sagas, je trouve que c’est une très bonne surprise, montrant qu’elle sait se renouveler. L’action se passe dans une toundra dont on ignore le nom (sur Terre ou dans un monde imaginaire ?) et fait beaucoup penser par certains côtés aux Enfants de la Terre de J. M. Auel pour ceux qui sont intéressés, rendez-vous à la fin de l’article 😉

Durant ce premier tome, nous allons suivre une femme et son fils fuyant leur ancienne tribu, mettant leur vie en danger, car en ces temps reculés, il était quasiment mortel de se retrouver seul pour subvenir à ses besoins pendant l’hiver qui s’annonçait souvent très rigoureux. L’histoire met un peu de temps à démarrer il faut l’avouer, mais c’est pour mieux nous happer et faire de nous des lecteurs assidus. En effet, beaucoup de questions sont soulevées au cours de l’intrigue… Qu’est-ce que Tilou fuit vraiment ? Quels sont les vrais pouvoirs des chamans pour qu’ils soient autant craints ? Qu’à donc de si particulier le fils de Tilou aux yeux du chaman alors qu’il est considéré par tout les autres comme arriéré ?

En conclusion, l’univers de la préhistoire mélangé à celui de la magie et de la fantasy est très osé, original et surtout réussi ; peut d’œuvres peuvent se targuer de ressembler à celle-ci.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Les enfants de la Terre – Tome 1 – Le Clan de l’Ours des Cavernes

Les enfants de la terre 1 Clan ours cavernesVoici le premier tome de la saga des Enfants de la Terre de Jean M. Auel, et croyez moi quand je vous dit qu’il est SUBLIME.

L’histoire est tout de suite captivante, on se laisse prendre à suivre la petite Ayla venant d’échapper de près à la mort par un tremblement de terre qui a décimé toute sa famille, ainsi que son clan.

Certains passages sont vraiment magnifiques par leur force, et par les sentiments qu’ils peuvent vous faire ressentir (surtout à la fin, où je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer), il y a de tout dans ce livre. La beauté du moment, l’horreur et la torture, le doute… tous les éléments sont là, et sublimés par J.M. Auel… merveilleux.

De plus, on y apprend les vertus médicinales de beaucoup de plantes, c’est toujours intéressant en terme de culture… Auel a dû se documenter pendant un certain temps pour réunir autant d’informations…

Car sachez-le, même si c’est un roman, elle a essayé de se baser sur des faits scientifiques réels et sérieux, même les spécialistes du milieu tels que les anthropologues et les paléontologues s’accodrent à dire qu’elle est crédible et qu’il n’y a pas d’élément saugrenus dans ce qu’elle a écrit. Tout cela aurait très bien pu se passer…

Bonne lecture à vous, ressortez grandi de cette lecture, et que l’esprit du Grand Ursus, l’Ours des Caverne vous accompagne.