PLAIDOYER POUR LA FAUCHEUSE. POURQUOI LIRE CETTE TRILOGIE ?
Je vous ai déjà fait l’article du premier tome de La Faucheuse de Neal Shusterman il y a quelques années. Depuis, les tomes 2 et 3 sont parus, cela ait même un bon moment. J’ai tellement aimé le premier tome, mais également les deux suivants que je ne voyais pas l’intérêt de me répéter en disant que c’était génial dans deux autres grosses chroniques.
Je préfère simplement vous dire que la trilogie La Faucheuse fut pour moi une énorme claque. Littéraire, mais également philosophique car cette saga nous interroge sur quantité de choses de l’existence. Elle n’est pas qu’un enchaînement très réussi d’actions et de révélations. C’est aussi une série de livres que pousse ses lecteurs à réfléchir, parfois très loin, sur le bien le mal, le bénéfice et les pertes qu’engendrent l’IA pour l’humanité… Nous n’avons pas de Thunderhead ni de Faucheurs, mais Neal Shusterman a déjà pensé à tout. Est-ce que vous voudriez de ce monde ?
Véritable trilogie à la portée philosophique, La Faucheuse est et restera pour moi l’une de mes lectures favorites de tous temps. J’ai rarement dévoré à ce point des romans ni été subjuguée avec une telle force.
Lisez La Faucheuse si vous cherchez une lecture avec du corps et une réflexion profonde, c’est ici que ça se passe.
Et en bonus, un autre opus qui retourne dans l’univers tant aimé de La Faucheuse, avec de nouvelles histoires au format court.
De la cosy fantasy urbaine à lire comme on savoure un bonbon… Une lecture, douce, rassurante et emplie de belles surprises !
Premier roman de l’autrice britannique Sangu Mandanna à paraître en France, l’ouvrage La société très secrète des sorcières extraordinaire fut un véritable phénomène éditorial. Outre-Manche, l’ouvrage a bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille… alors autant dire qu’il était extrêmement attendu en France ! Alors, quand Lumen a annoncé avoir acquis les droits de l’ouvrage, l’engouement était déjà là. Le roman vient de paraître en librairie le 24 août 2023. Alors, est-ce le régal littéraire promis ? Pour moi, oui.
Une fiche de poste intrigante…
Quand Mika Moon reçoit en MP sur les réseaux sociaux une offre de poste étrange, elle se dit qu’elle a affaire à quelqu’un d’un peu frappé. En effet, son interlocuteur lui fait savoir qu’il recherche désespérément une sorcière pour quelques mois, sans en dire beaucoup plus… Le souci, c’est que Mika est en effet une sorcière, mais que cela n’est pas censé se savoir.
Depuis des centaines d’années, les sorcières vivent isolées les unes des autres, leur concentration physique rendant la magie instable et dangereuse. Ainsi, Mika n’a aucun contact avec les autres sorcières en dehors d’un rendez-vous trimestriel très formel. Mais l’existence des sorcières est un secret bien gardé… Alors comment la jeune femme va-t-elle réagir à l’étrange proposition de travail aux conditions mystérieuses ?
Un livre doudou à savourer
Vous avez le cafard ? Vous avez envie de magie mais pas de grandes intrigues où les machinations vont bon train et où il faut dresser l’arbre généalogique de chaque personnage ? Ce roman est fait pour vous. Il mélange à la perfection univers réaliste teinté de magie, le tout dans une ambiance extrêmement rassurante.
Vous verrez, le lieu où va se rendre Mika se nomme la Maison de Nulle-part. Et vous voudrez vous-même vous trouver un cocon à l’image de cette demeure aux allures de chalet caché par la végétation et la magie. Tout n’est que douceur dans cette lecture, même quand on parle menace de mort et accueil glacial. Même quand l’héroïne ne sait plus où elle en est, ni quoi faire de sa vie. Même quand on la sent au bord du désespoir tant sa solitude a toujours été grande… Il y a toujours un petit quelque chose qui la fait tenir, et nous, l’aimer encore plus.
Les personnages sont une petite dizaine, et tous, sans exception ont un trait de caractère attachant si ce n’est plus. J’avoue avoir un faible pour Ian et son exubérance vestimentaire (entre autres) et évidement une énorme prédilection pour le personnage le plus torturé et le plus charmant de la Maison de Nulle-part : Jamie.
Mais outre les personnages, l’autrice a réussi à créer un univers paradoxal car à la fois étrange et rassurant. Vous découvrirez l’art de recueillir de la poussière d’étoile pour faire un thé réconfortant ou encore comment maîtriser l’art du voyage par raccourci magique ! Dans cette intrigue douce, tout fonctionne : on s’y sent bien, dorloté, comme Mika qui commence peu à peu à trouver ses marques. Les quatre-cent pages que constituent le roman défilent à une vitesse folle, et c’est bien là le seul défaut du roman !
Quitter les personnages et cet univers si doux et rassurant est un crève-cœur. D’autant que certaines relations entre plusieurs personnages sont magnifiquement dépeintes, notamment ce que va peu à peu ressentir Mika pour ses trois petites protégées. Dire que l’une d’elle élaborait des projets de meurtres au début du roman !
Ainsi, ce roman est dans la plus pure essence d’un genre qui se développe depuis quelque temps dans le monde de l’imaginaire anglo-saxon : la cosy fantasy. On y retrouve des liens sociaux forts, loin des grandes intrigues qui bouleversent le monde. Nous sommes dans un microcosme rassurant, avec ses problématiques à échelle humaine, ce qui le rend doux et malléable. Si vous avez envie de douceur, c’est donc le roman parfait pour l’automne à venir… Belle et douce lecture à vous… Dès 16 ans (juste à cause d’une seule scène spicy, pas le choix !).
Un magnifique roman aux allures de conte initiatique aux accents slaves. Et si le bonheur était au bout de notre nez plutôt qu’au fin fond de la forêt ?
Paru en début d’année 2022, ce roman initiatique est le second de l’autrice anglaise Sophie Anderson à paraître en France. Le premier, La maison qui parcourait le monde s’inspirait déjà des mythes et légendes slaves pour servir son intrigue. Ici encore, on retrouve un mélange de contes et traditions des pays de l’Est, de même qu’une magie étrange et belle tout à la fois…
Comment vivre avec des pattes d’ours ?
La jeune Yanka s’est toujours questionnée sur ses origines. Elle n’a ni père ni mère, mais une femme qui a décidé de la recueillir quand elle était encore tout bébé. Mais malgré tout cet amour prodigué au fil des années, Yanka sent comme un trou dans sa poitrine.
Où sont ses parents ? Pourquoi l’ont-ils abandonnée ? D’où vient-elle ? Et où est son véritable foyer ?
Elle s’est toujours sentie à part à cause de son passé inconnu. Même au village, elle a peu d’amis et subit parfois moqueries et remarques sur sa différence. En effet Yanka est grande et forte, c’est d’ailleurs de là qu’elle tient son surnom : Yanka l’ourse.
Mais le jour où elle se réveille avec des pattes d’ours à la place des pieds, elle décide de partir en quête de ses origines véritables. Peu importe la réponse, tout sera mieux que l’ignorance…
Magnifique et onirique
Ce roman fait partie des textes que l’on lit lentement. Non pas parce qu’il est complexe (ce n’est d’ailleurs pas le cas) mais parce que chaque page apporte son lot de messages et de beauté. Tout y est une de à la nature et ses merveilles, au partage, à l’amour… Et quantité d’autres choses qui rendent la vie plus belle. Résumer cet ouvrage est impossible, mais je peux vous parler de la sensation qu’il m’a laissée une fois terminé.
J’ai trouvé qu’une fois cette lecture achevée, j’étais complète. Qu’un message important était passé entre mes mains, mais qu’il me fallait un temps considérable pour l’intégrer. C’est un sentiment diffus mais prégnant, un roman marquant au message fort, mais qui infuse lentement dans celui qui le lit…
Je pense que tout le monde pourrait lire ce roman destiné à la jeunesse et y trouverait son compte. Toutes les épreuves que traverse Yanka peuvent s’adapter à celles de la vie quotidienne. Mais chaque problème ayant sa solution, Yanka trouve la force de lutter contre l’adversité. Et je pense que lire cet ouvrage peut donner quelques clés à ceux qui pourraient se sentir bloqués dans leur vie.
Tout est extrêmement métaphorique dans ce roman, j’y ait souvent perçu différents degrés de compréhension, et c’est ce qui le rend si beau…
Lire ce roman, c’est se plonger dans une aventure onirique d’une poésie infinie. Chaque légende créé par Sophie Anderson apporte son lot de réflexion et d’introspection, mais également d’aventure. On y découvre par ailleurs des personnages joyeux au charisme indéniable… Mention spéciale au furet Moustache et à la maison, deux des personnalités les plus fortes de l’œuvre selon moi. La maison ne parle pas, mais elle a un merveilleux caractère qui la rend extrêmement attachante. Et Moustache… c’est le coup de foudre absolu !
Pour moi, les meilleurs romans sont ceux aux messages ancrés dans la trame de fond, et clairement La fille qui parlait ours en fait partie. Et si en plus il y a une maison à pattes de poule dans l’histoire, c’est le coup de cœur garanti ! Je n’ai pas lu le précédent roman de l’autrice, mais clairement j’ai très envie de m’y plonger.
Alors, si vous avez envie de rêve et d’aventure, de légendes et de regrets mêlés, vous êtes au bon endroit. C’est beau et sublime et ça se découvre dès l’âge de 11 ans. Mais le message de ce roman peu se découvrir à tout âge…
Vibrant, sublime, incontournable quand on est adolescent et que tout brûle autour de nous…
Premier roman d’Élodie Chan, contorsionniste de métier, Et dans nos cœurs, un incendie a déjà tout des grands. Écriture incisive, dialogues comme un uppercut… Retenez le nom d’Élodie Chan, elle va continuer à faire des étincelles !
Une histoire peut-elle commencer dans les toilettes ?
AU premier abord on serait tenté de dire que non. Mais c’est bien ce qu’Elodie Chan nous offre ici : deux ados déjà bien abimés par la vie qui se rencontrent aux toilettes. Elle tente d’allumer des petits feux avec son briquet à défaut d’avoir une passion qui l’embrase. Lui tente de son côté de se suicider… avec il faut le dire bien peu de succès pour le moment. Voici donc Isadora et Tristan, ils n’ont rien en commun si ce n’est un certain dégoût du monde qui les entoure… Mais peut-être que cet unique point commun va les unir durablement ?
Un roman écorché et magnifique
Oui, vous avez déjà lu ce type d’histoire, oui, vous savez comment l’intrigue va se dérouler, s’emmêler et peut-être se résoudre. MAIS… vous n’avez jamais lu cela avec une telle plume, une telle vivacité dans l’écriture qu’elle en devient brutale, incisive, drôle et sombre à la fois. Elodie Chan réussit à souffler un vent de nouveauté sur une histoire vieille comme le monde. Comment fait-elle ? Tout simplement grâce à la magie des mots. Je vous promets que vous serez transportés par cette histoire brûlante qui est le roman parfait quand on est ado. Et dans nos cœurs, un incendie est le roman que j’aurais voulu lire quand j’étais une adolescente. Il est un tel concentré d’émotions à vif qu’il se dévore sans même y penser. Et surtout, on se met avec aisance dans la peau des personnages, on comprend leur mal-être et leur défiance.
L’autrice a le pouvoir rare de rendre ses personnages réalistes, leur donnant une belle présence, une densité… et rien que pour ça, c’est réussit. Tout le reste, l’écriture, l’histoire… c’est du bonus. 90% du travail – réussit – de ce roman est basé sur la qualité exceptionnelle de ses personnages et de leurs dialogues.
En somme, Et dans nos coeurs, un incendie est un roman vibrant d’intensité. Brûlant (forcément) d’une beauté destructrice, il sera parfait à lire quand on est un.e adolescent.e, c’est LE genre d’ouvrage que l’on ne peut qu’aimer. Et surtout, l’autrice ne tombe pas dans l’erreur de faire ce que j’appelle du « faux jeune », avec des adolescents complètement à côté de la réalité et des dialogues faisant faussement ado. Non, ici Elodie Chan a fait du beau avec de vrai, et ça se voit. Dès 14/15 ans.
MON PETIT BEST OF DES CITATIONS DANS CE ROMAN
« Mademoiselle Ponthier souffle dans son sifflet avec une détermination qui aurait permis de sauver Jack dans Titanic ».
—***—
« – Hey Fatou, tes aisselles, c’est la serre du Jardin des Plantes ou quoi ? Faut une tronçonneuse pour débrousailler tout ça !
L’interpellée se fige, s’imagine riposter : « Laisse mes aisselles tranquilles, occupes-toi des tiennes ; je suis libre de faire ce que je veux de mon corps ; j’ai pas à suivre le diktat esthétique ; j’ai pas besoin de correspondre aux normes de beauté qu’une société patriarcale et des médias misogynes imposent aux femmes pour que, pendant qu’elles sont occupées à se raser à se maquiller et à faire le régime, elles oublient qu’elles sont moins payées ou qu’il n’y a encore jamais eu une Présidente de la République. Elle voudrait le dire, vraiment, mais l’overdose de pubs, de clips, de magazines et de télévision qu’elle ingurgite depuis gamine a placardé quelque part en elle : « les poils, c’est moche, c’est dégueu ». Alors, malgré elle, elle sent négligée, honteuse et se tait.«
L’adolescence d’un jeune homme tiraillé entre ses origines coréennes et la culture américaine dans laquelle il baigne depuis toujours… hilarant, et d’une finesse insoupçonnée.
Paru en 2019 aux éditions Albin Michel, Frankly in love est un roman détonnant qui conte les déboires amoureux d’un adolescent américain d’origine coréenne. David Yoon ayant les mêmes origines, il a parfaitement su camper son personnage !
Un Limbo comme les autres…
Frank est un adolescent ordinaire avec ses questionnements sur l’amour, le flirt et autres mystères… Sauf qu’il est américain d’origine coréenne, autrement dit un limbo comme il se décrit lui-même. En quoi est-ce un problème ? Tout simplement parce que les parents de Frank sont coréen et qu’ils ont déjà tout prévu pour lui en ce qui concerne l’amour : sa petite amie ne peut être que coréenne et RIEN d’autre ne pourra être accepté. Alors quand le jeune homme tombe amoureux d’une américaine pur jus, les circonvolutions pour se voir vont être ardues. Les mensonges pour se voir vont être de plus en plus gros…
Lumineux, drôle et passionnant
J’ai rarement lu un roman aussi drôle qui parle avec autant de justesse de l’adolescence en général et cela avec humour. De même, le fait de se sentir coincé entre deux cultures est assez rarement traité en young-adult et c’est un sujet passionnant. Le personnage de Frank Li est baigné depuis toujours entre deux cultures : de par sa naissances aux États-Unis, c’est un pur produit américain. De par ses origines coréennes dans lesquelles il baigne depuis toujours, il est également un enfant de la Corée bien qu’il n’en connaisse pas tous les codes. Ce mélange entre les deux cultures est à la fois une force et une faiblesse pour lui qui essaye de se fondre dans deux moules différents : américain le jour et coréen le soir, quand il est avec sa famille.
Frankly in love est ainsi un roman bien plus profond qu’il n’y paraît même s’il est empli d’humour. Ce phénomène de l’apatride est ressenti par de nombreux enfants issus de l’immigration et cela quelle que soit la nationalité. Mais j’ai rarement lu un texte à la fois aussi juste et drôle.
Vous découvrirez un pan de la culture coréenne que l’on ignore car c’est une facette différente : celle de la communauté coréenne aux États-Unis. Ils ne sont guère nombreux, mais se serrent les coudes comme une vraie famille… cependant les apparences restent importantes. Ainsi, quand ça ne va pas, il ne faut surtout pas le dire à ses amis et se préserver absolument du qu’en dira-t-on. C’est ainsi que Frank et sa famille vont cacher de nombreuses choses à leurs proches pour préserver la « vitrine » parfaite.
Je souhaite souligner un aspect du roman qui m’a particulièrement plu : la difficulté pour les parents de Frank de bien parler américain. Leurs petites fautes de grammaire, leurs formulations bancales et attachantes à la fois, c’est très drôle et ça les rend très attachants. Même quand ils font vivre un véritable petit enfer personnel à leur fils avec leurs idées préconçues.
« C’est pas mal, Frankie. Tu vas à la fac ? Tu rencontres gentille fille ? Tu fais beau bébé ? C’est tout. Je meurs, oh, Frankie-ya, tu fais tout bien, je souris souris. Dernier souffle je fais avant abandonner cette dépouille mortelle.«
Ils sont extrêmement touchants dans leur façon de vouloir protéger leur fils, ne souhaitant que le meilleur pour lui mais le faisant avec tellement de maladresse. Il se peut même que vous versiez votre petite larmes vers la fin de l’ouvrage, car certains passages sont très forts en émotion. Et tout cela sans misérabilisme !
Ainsi, bien loin d’être uniquement un roman humoristique contant les déboires amoureux d’un adolescent en perte d’identité, Frankly in love est une analyse fine de la société américaine et de ses immigrés coréens (mais je pense qu’on retrouve certaines similitudes quelle que soit la nationalité). C’est un régal entre analyse d’une société qui se cherche et beaucoup d’humour. A découvrir dès l’âge de 14 ans mais s’appréciera tout autant si on est un adulte.
Bonus : Vous ne parlez pas coréen ? C’est bien dommage ! Vous avez plus d’une page entière dédiée à une énorme dispute écrite entièrement… en hangeul. Mes notions de coréens sont tellement basiques que je ne sais dire que bonjour… Mais je trouve très drôle et malin d’insérer la langue d’origine dans certains passages du roman. En effet, Frank ne parle pas bien la langue coréenne – le hangeul – et ne comprend rien lui-même. Et comme le roman est écrit de son point de vue, il est logique que nous n’y comprenions rien en tant que lecteurs. En bref, une excellente idée de la part de David Yoon !
Connaissez-vous William Steig ? Je pense que vous seriez tenté de dire non, et pourtant… je pense que oui !
Pourquoi ? Car cet auteur jeunesse n’est rien d’autre que le créateur du monstre et de l’album jeunesse nommés Shrek ! (paru lui aussi aux éditions Gallimard Jeunesse, cf image en fin d’article ).
Ici, je vais vous présenter trois de ses romans dans la collection Folio Junior. Parfaits pour découvrir la fantasy animalière quand on a environ 10 ans.
L’île d’Abel
Voici l’histoire d’une petite souris prénommée Abel. Il est marié, très amoureux et part pique-niquer avec sa chère et tendre épouse Amanda.
Sauf que… une tempête arrive violemment et oblige le couple à se cacher dans une grotte avec d’autres animaux. Mais à cause d’un coup de vent qui va emporter l’écharpe de sa femme, Abel va prendre tous les risques et tenter de la récupérer. Il ne va malheureusement jamais retrouver le chemin de la grotte et se retrouver isolé sur une île, seul au monde. Une sorte de Castaway ou de Robinson Crusoé version enfants !
Petit roman attendrissant rempli de bon sens et d’humour, l’histoire d’Abel vous fera parfois sourire, d’autres fois attendrir…
C’est un véritable roman de survie pour les enfants. Abel va faire preuve d’ingéniosité et de persévérance pour s’en sortir, surtout qu’il va rester de très longs mois sur l’île…
Ce n’est pas mon préféré des trois romans, mais il m’a malgré tout fait passer un moment agréable.
Dominic
Ici nous avons affaire à un conte philosophique qui nous narre le voyage de Dominic, un chien qui décide de quitter sa maison du jour au lendemain pour partir découvrir le monde.
C’est curieux, attendrissant et assez original. Dominic, c’est en fait une réécriture de Candide pour les enfants selon moi. De nombreux messages et symboliques parsèment ce court roman philosophique.
Chaque rencontre que Dominic va faire est pour lui l’occasion de réfléchir au mieux à comment faire le bien autour de lui. Cela peut sembler un peu niais de présenter les choses comme ça, mais c’est un personnage profondément bon qui semble au-dessus de toute corruption.
Que ce soit la richesse, l’oisiveté ou tout autre chose, Dominic n’est jamais atteint et trouve toujours une parade.
L’éditeur suggère cette lecture à partir de 9 ans, mais je pense qu’il n’est pas aussi aisé à lire qu’il n’y paraît. Alors 9 ans, pourquoi pas, mais il pourra se savourer jusque 11 ans environ.
Le vrai voleur
Voici mon préféré des trois petits romans de William Steig ! Pourquoi ? Parce que le personnage principal est une oie, et qu’il y a une enquête policière à la clé !
L’histoire est celle d’un des membre les plus fiables du royaume : Gauvain l’oie est Gardien en chef du Trésor Royal, et c’est le seul à détenir les clés de la chambre forte du palais. Un poste prestigieux mais qui est également lourd de responsabilités…
Sauf que : depuis peu, il semblerait que de petites choses aient disparu du trésor royal. Au début, c’était une pièce, puis un autre, puis de la joaillerie… Jusqu’à ce que les disparitions deviennent très visibles.
Et comme Gauvain l’oie est le seul à avoir accès au trésor fermé à double-tour, c’est forcément elle qui est accusée ! Seul problème, elle est totalement innocente, mais n’a aucune preuve pour appuyer ses dires…
Cette histoire est ma favorite des trois romans de William Steig, déjà car le personnage est une oie, et ensuite car l’histoire est maline, touchante. De plus, les illustrations de l’auteur sont magnifiques. Rien que le dessin de couverture avec cette petite oie toute fière de son travail, sa posture confiante… c’est adorable !
Mais surtout, l’histoire d’une bataille contre l’injustice est lancée pour que Gauvain sauve ses plumes, mais ce n’est pas une affaire évidente… Cette histoire courte d’à peine soixante-dix pages plaira aux enfants qui aiment les mystères et les enquêtes.
Alors, qui est le vrai voleur de cette histoire ?
Et voici le fameux Shrek original, bien plus terrifiant que celui que l’on connait tous !
Une belle et tendre histoire d’amour, certes, mais également bien plus que cela ! Un roman ado qui a le mérite d’être assez original pour surprendre…
Marie Vareille est une autrice française à l’œuvre prolifique, elle écrit aussi bien pour les ados que pour les adultes. Chacun de ses livres est un succès de librairie, on peut citer Je peux très bien me passer de toi (Charleston en 2015) ou encore sa trilogieEllia la passeuse d’âmes parue chez PKJ (Prix Pierre Bottero en 2017). Le syndrome du spaghetti est une romance contemporaine qui s’inspire en partie du vécu de l’autrice sur certains aspects.
Une vie et un avenir entièrement au dédiés basket
Léa à 16 ans et déjà un plan de carrière sportive tout tracé. Son père est coach de l’équipe de basket de la ville, et elle compte intégrer l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance) afin de pouvoir toucher du doigt son rêve jouer dans l’équipe féminine de la NBA, l’une des plus sélectives au monde.
Alors, certes les objectifs sont écrits, Léa a le mental et les capacités pour les atteindre mais, c’était sans compter sur un drame qui va toucher sa famille…
En parallèle, nous allons suivre le jeune Anthony, 17 ans, qui vit dans une cité un peu plus loin de chez Léa. Ils ne se connaissent pas, mais leur passion commune pour le basket va les réunir de la plus belle des façons.
Une histoire qui fonctionne à merveille… et pour cause, il y a du vécu !
Je dois confesser que j’avais quelques à priori quant à ce roman. Je craignais qu’il soit trop « facile », trop prévisible et quelque peu fleur bleue. J’ai été vite détrompée en quelques pages à peine, j’étais dedans.
L’histoire de Léa et du drame qui va toucher sa famille est violent, va tout remettre en question et soulever des points vitaux dans sa vie.
Elle va devoir revoir totalement son plan de carrière à cause d’un syndrome dont elle n’a jamais entendu parler : le syndrome de Marfan.
Et c’est là que la partie très personnelle de ce roman rejaillit : Marie Vareille connaît très bien le syndrome de Marfan, elle en est elle-même atteinte.
Et c’est ainsi que Léa et toute sa famille vont devoir vivre avec ce syndrome dont ils ne connaissaient même pas le nom il y a quelques semaines. Les examens médicaux, les recommandations, les interdictions sportives… c’est un parcours du combattant qui s’annonce. L’histoire prend un tournant aussi magnifique que terrible avec cette nouvelle information. Je ne vous dévoile pas plus d’éléments d’intrigue, mais sachez que le personnage de Léa est magnifique, poignant, combatif, désespéré… Et on l’aime pour ça. De même qu’Antony l’est à sa façon, bien que très différente.
Ces deux personnages sont fulgurants de beauté, beaux dans leur douleur et les épreuves qu’ils vont traverser côte à côte. Impossible de lâcher ce roman présenté pour ado, mais qui pourra plaire à toute personne qui aime les belles histoires et les personnages qui ont du corps, de la présence.
Il faut dire que ce roman m’a également beaucoup touchée pour une raison simple : je connais relativement bien le syndrome de Marfan. J’avais été diagnostiquée potentiellement porteuse de ce syndrome, à la suite d’examens très nombreux, il s’est avéré que je ne l’avais pas malgré un faisceau de symptômes. Bien heureusement. Mais je me souviens des spécialistes, de leurs explications, des risques liés à ce syndrome. C’est donc en connaissance de cause que je peux dire que tout ce qui est dans ce roman est crédible et totalement réaliste. Le bon comme le mauvais. Voilà pour la petite parenthèse personnelle.
Léa et Anthony crèvent la page (à défaut de l’écran), et ont les suivrait au bout du monde… Vous l’aurez saisi, c’est un énorme coup de cœur. A découvrir dès l’âge de 14 ans puis sans aucune limite d’âge !
PS : Autre sujet très intéressant et méconnu creusé dans ce roman : les joueurs de baskets de la NBA dont la carrière a été fauchée en plein vol suite à un diagnostic de Marfan. Les risques pour leur santé sont trop grands et la NBA refuse de recruter des joueurs qui ont ce syndrome… Il faut dire que Marfan regroupe quelques caractéristiques qui prédisposent au basket : hyperlaxité ligamentaire, grande taille… pour les points positifs. Mais les gros problèmes sont une paroi du cœur très fine qui peut conduire à une rupture et donc à la mort. Dans ces conditions, on comprends que la fédération de américaine de Basket refuse de prendre le risque… Mais certains joueurs on pris leur responsabilités et refusent d’abandonner leur carrière et leur passion. Ainsi, ceux que la NBA a refoulés ont été recrutés par des fédérations d’autres pays : Danemark, Chine… etc.
Un extraordinaire roman de fantasy francophone ambitieux, merveilleux et captivant ! Attention, lecture addictive…
Paru dans la collection dédiée à l’imaginaire du Rouergue nommée Epik, Le
royaume de Pierre d’Angle est la nouvelle série YA – mais pas seulement
– à suivre.
Écrite par l’autrice québécoise Pascale Quiviger, la saga a débuté en avril 2019. Elle comportera quatre tomes au total.
In ne s’agit du premier roman de cette autrice qui en a plusieurs à son
actif, mais ceux-ci étaient avant tout destinés à un lectorat adulte.
Un début de saga qui sort des sentiers battus…
Après plus de deux ans à naviguer sur des flots étrangers, le prince
Thibault est sur la route du retour. Il est attendu par le roi, son père, car
destiné à prendre la relève. Très populaire également auprès de son peuple, son
retour sera une véritable fête pour tous…
Mais le voyage pour rentrer n’en est à peine à la moitié et les embûches
vont être encore nombreuses. Obligations royales pour ne vexer aucun monarque
au risque de déclencher un incident diplomatique ; dangers inhérents à la
navigation ; rencontres inattendues parfois dangereuses, parfois
merveilleuses… Préparez-vous à découvrir un univers et une intrigue
extraordinaire !
Une histoire riche, puissante et sombre…
L’art du naufrage, quel magnifique titre pour un roman, d’autant plus qu’il est parfaitement
trouvé ! Chose assez surprenante, quasiment la moitié du livre se déroule
sur le bateau princier. Et si vous craignez de vous ennuyer avec ces plus de
250 pages en huis-clos, détrompez-vous. L’histoire à bord est étoffée de tant
de péripéties et surprises qu’à aucun moment vous ne serez lassé.
D’autant que les personnages sont d’une densité étonnante. On tombe très
rapidement sous leur charme, ils ont tous un petit quelque chose qui les rend
uniques, attachants. Et ce n’est pas nécessairement le parfait et bon Prince
Thibaut qui emporte mon cœur personnellement…
Outre la moitié de l’intrigue se déroulant sur les flots et parsemé de
quelques haltes en terre ferme, le retour au Royaume de Pierre d’Angle signe le
début d’une course effrénée. A partir du moment où l’équipage pose le pied sur
le terre, il n’y a plus aucun temps mort. Et cela pour notre plus grand
plaisir !
Mais ce qui frappe dans ce premier tome, c’est que l’autrice n’hésite pas à
faire souffrir son lecteur. Certaines scènes sont difficiles (une amputation
sur plusieurs pages, il fallait oser !), d’autres fois il ne s’agit que de
légendes, mais on n’a guère envie de vérifier leur véracité…
C’est ce mélange étrange entre aventure lumineuse et noirceur dangereuse
qui m’a plu. L’association peu paraître antinomique, pourtant c’est l’effet que
donne cette lecture. Tout à la fois sombre et merveilleuse par de très nombreux
aspects…
Et pour celles et ceux qui aiment la fantasy, l’aventure et la romance,
c’est le roman parfait. Entre intrigues de cour, diplomatie, légendes, dangers
et jeux de pouvoirs…
C’est une très belle introduction à un univers riche qui sait se démarquer
de la majorité des ouvrages du même genre.
Alors ne boudez pas votre plaisir en découvrant ce premier tome d’une série
de quatre. Trois sont déjà sortis, et je gage qu’ils sont tout aussi
merveilleux (en tout cas le bouche à oreille entre libraires le dit !).
Un roman jeunesse qui nous vient d’Inde pour découvrir le quotidien
difficile de certains enfants et leur combativité pour s’en sortir. Un ouvrage
issu de la collecte de nombreux témoignages d’enfants par l’autrice.
Padma Venkatraman est une écrivaine indienne, De l’autre côté du pont est
son premier roman paru en France. L’ouvrage est paru en 2020 à l’école des
Loisirs, et la magnifique couverture est réalisée par Jennifer Bricking. Quant
à la traduction française, elle est assurée par Amandine Chambaron-Maillard.
Une fuite en avant pour éviter les coups
Viji et sa petite sœur Rukku vivent en Inde, dans un petit appartement avec
leurs deux parents. Problème, leur père est une personne très violente, tout
particulièrement sur leur mère. Cette dernière le laisse revenir à chaque fois
et se laisse avoir par son charme… et les coups pleuvent à nouveau quelque
temps plus tard.
C’est ainsi que Viji vit dans la peur que la violence de leur père ne s’abatte
bientôt sur elles et décide donc de prendre les devants. Elle fait une valise
pour elle et sa petite sœur Rukku et fuient le domicile familial. Et leur
village de toujours.
Voici donc les deux jeunes filles à la merci du destin et de ses dangers… Viji
devra être prudente et s’adresser aux bonnes personnes pour survivre. En effet,
beaucoup de personnes malintentionnées sont attirées par la solitude des deux
fillettes…
Un récit prenant et original qui nous ancre dans une réalité méconnue
Rares sont les romans jeunesse à nous faire plonger dans une histoire
contemporaine réaliste sans fard. En effet, De l’autre côté du pont conte et
raconte, mais il dénonce également.
Il dénonce le travail des enfants qui font office de chiffonniers pour à
peine pouvoir se payer à manger. Il parle des nombreux enfants enlevés pour
être réduits en esclavage moderne dans des usines. Il parle d’adultes prêts à
tout pour capturer des enfants pour des buts certainement encore moins
avouables… L’histoire ne le dit pas explicitement, mais avec un œil adulte on
comprend malheureusement de quoi il retourne.
J’ai beaucoup aimé cette histoire, notamment pour deux choses importantes à
mes yeux : la belle amitié entre les quatre enfants de ce roman. Une
amitié si forte qu’elle les transforme en frères et sœurs de sang quand
l’adversité voudra les séparer.
Le second socle du roman, c’est le personnage emblématique de Rukku, la
petite sœur que Viji veut protéger quel qu’en soit le prix. Car ce n’est jamais
dit explicitement, mais Rukku a un handicap. On ne sait pas lequel, mais ce
n’est pas le plus important. Ce qui l’est en revanche, c’est la transformation
de la petite fille face à ses nouvelles amitiés. Le gommage de son handicap
face un tout nouveau quotidien fait d’aventures, de dangers et de colliers de
perles à vendre.
Et chose vraiment intéressante, l’autrice s’est servi de très nombreux
témoignages et récits d’enfants pour son roman. Rien n’a été déformé, tout lui
a été inspiré directement de leurs vies, c’est à la fois bluffant et terrible.
Je ne sais pas si ce livre fera date dans le monde de l’édition jeunesse,
mais il a éveillé quelque chose en moi. J’ai eu envie de découvrir plus
amplement la littérature jeunesse indienne (peu fournie chez nous, mais à
creuser). Et si elle est ancrée dans l’actualité, même difficile, c’est encore
mieux.
Ainsi, De l’autre côté du pont est un beau (parfois terrible) roman à
découvrir dès l’âge de 12 ans environ.
Un livre qui nous transporte dans une bulle de douceur et de beauté ou
l’amour et le partage sont essentiels. Mémorable et touchant comme savent
l’être de façon unique les romans de Ito Ogawa.
La république du bonheur fait partie d’ores et déjà des futurs succès de la
rentrée littéraire 2020. L’ouvrage est la suite directe de La papeterie Tsubaki,
paru il y a deux ans en France.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Ito Ogawa, elle est l’autrice du Restaurant de l’amour retrouvé(son plus grand succès, adapté au cinéma au Japon), Le Jardin arc-en-ciel ou encore Le ruban. Tous sont édités chez Picquier.
Retour à la simplicité merveilleuse de Kamakura
L’histoire reprend presque où nous l’avions laissée, et nous retrouvons
avec un plaisir sans bornes Hatoko et sa petite papeterie. Mais surtout, on
découvre de nouvelles tranches de vie grâce à son passionnant et délicat métier
d’écrivain public…
Et d’un point de vue personnel, Hatoko vient tout juste de convoler en
noces avec Mitsurô, elle est désormais la belle-mère de la jeune PQ.
En somme, le quotidien est doux, et Hatoko va tout faire pour que
développer ce bonheur naissant par de nombreux actes d’amour envers ceux qui
lui sont chers.
De l’amour et beaucoup de nourriture
C’est un peu comme cela que l’on peu résumer La république du bonheur.
Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas, ou qu’il y a un événement à fêter,
la nourriture fait office de réconfort. Et rien qu’à le lire, ça fonctionne.
Thé vert, bento, pain-qui-sourit, prunes sèches, curry, gâteaux Kurumikko
aux noix, sablés-pigeons, crabe tsugani,
anguille, pulpe de soja sautée, haricots écarlates mijotés au miel, confit
d’algue kombu… C’est sans fin ! Mais
c’est un régal pour l’imagination que de lire tous ces plats mangés ou rêvés
par notre narratrice Hatoko.
Je dois avouer avoir encore plus aimé ce second tome que le premier. Plus
beau, plus doux, placé résolument sous le signe de la félicité, ce roman est un
véritable cadeau. Autant La Papeterie Tsubaki était assez
nouveau dans son genre, autant ici il n’y a pas de surprise… Mais justement,
cet univers si calme et doux m’avait énormément manqué. Et le retrouver avec
encore plus de puissance évocatrice m’a fait très plaisir.
Quand on lit l’un de deux romans de ce cycle, c’est une véritable
parenthèse de bonheur qui s’ouvre à nous.
Et comme toujours, on en apprend plus sur la symbolique de chaque type de
papier, stylo (bic ou plume), encre en fonction de l’événement… etc. Le détail
va jusqu’au choix du timbre qui peut également apporter sa part de
signification entre les lignes…
Ce second roman est aussi l’occasion de découvrir une Hatoko plus intime.
Maintenant qu’elle a une famille, sa vie en est toute chamboulée. Mais tous ces
changements sont pour le mieux, et on la voit devenir peu à peu une véritable
mère pour PQ, sa belle-fille adorable et vive. Cet amour filial qui se
développe au fil des pages est beau à voir. De même que les nombreuses
interrogations qu’elle se pose sur sa légitimité en tant que mère pour PQ.
Enfin, c’est un réel plaisir que de retrouver les lettres écrites par
Hatoko pour ses clients en langue originale. Les calligraphies sont superbes,
même si comme moi on ne comprend pas un mot de japonais. Elles sont réalisées
avec talent par Mitsui Tadahiro et ajoutent un charme magique indéniable au
roman.
C’est donc une nouvelle pépite littéraire que nous offre Ito Ogawa. Merci à
elle pour ces quelques heures de plénitude qui rend cette lecture inoubliable. Magique,
tendre, unique… c’est le retour du livre-doudou !