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Chronique : Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain ldp jeunesseUn magnifique roman sur les choses de la vie, à la fois poignant et authentique.

Faïza Guène est une jeune écrivain de nationalité française, née à Bobigny en 1985. Son incroyable succès est dû à son premier roman : Kiffe kiffe demain, paru en 2004, qui raconte à la première personne la vie de Doria, une jeune fille d’origine maghrébine qui vit en banlieue parisienne, désabusée sur son avenir.

Vendu à plus de 400 000 exemplaires et traduit dans plus de 25 langues, cet ouvrage coup de poing criant de réalisme a connu un succès amplement mérité. Par la suite, Faïza Guène a écrit deux autres romans : Du rêve pour les oufs (2006), Les gens du balto (2008). Et non contente d’être un écrivain reconnu, elle est également réalisatrice de nombreux courts-métrages, dont certains ayant remportés des prix reconnus.

La « banlieue » revue et corrigée

Doria a quinze ans, elle vit avec sa mère dans la banlieue parisienne. Son père les a quittés il y a quelques années pour retourner « au pays » et se marier avec une femme beaucoup plus jeune que sa mère. Doria n’a pas de problèmes à proprement parler, c’est juste qu’elle n’est pas spécialement heureuse dans la vie.

Kiffe kiffe demain ldpLes amis d’enfance, la famille, tout cela se mélange pour donner un mélange détonnant d’une joyeuse tristesse. La vie de Doria suit son cours, et nous la découvrons dans toute son étonnante diversité. La culture de la banlieue est mise au jour sous un angle humoristique sans être moqueur, un véritable délice ! : « La responsable de la grève au Formule 1, c’est Fatouma Konaré, une collègue avec qui maman s’entend bien. Elle m’a raconté qu’au début, elle croyait que « Fatoumakonaré » c’était juste son prénom et qu’elle trouvait ça long pour un prénom… ».

Mais malgré l’humour constant du roman, Faïza Guène soulève également les nombreuses injustices qui font qu’être une fille dans une cité (mais aussi ailleurs, par extension) peut être un handicap si l’on ne naît pas avec des parents complaisants. Doria parle ainsi d’une de ses voisines, enfermée chez elle, sans aucune liberté : « Quand Samra était enfermée chez elle, dans sa cage en béton, personne n’en parlait, comme si les gens trouvaaient ça normal. Et maintenant qu’elle a réussi à se libérer de son dictateur de frère et de son tortionnaire de père, les gens l’accusent. J’y comprends rien. ».

Le point fort de Kiffe kiffe demain réside dans son écriture : très proche du parlé, remplie d’humour, de jeux de mots et de langage familier, impossible de ne pas sourire franchement aux tournures de phrases offertes.

Pour terminer je vous dirais qu’il faut lire Kiffe kiffe demain pour de nombreuses raisons. Tout d’abord sa langue piquante et drôle. Ensuite sa facilité d’accès, bien loin de la « littérature » comme certains aiment à l’appeler de façon élitiste, ce roman fait pour moi partie des indispensables. Enfin, culturellement parlant, ce récit ouvre les yeux sur un pan de notre quotidien actuel, que l’on vive en cité ou non, certaines problématiques sont universelles. Un magnifique récit positif et rempli de beaux élans d’enthousiasme. Dès 13 ans environ.

Chronique : La ligue des cœurs brisés – Tome 1

La ligue des coeurs brisés 01Un roman qui se savoure comme un bon bol de chocolat chaud !

Pamela Wells est une auteure d’origine américaine, son roman La ligue des cœurs brisés (Heartbreakers en V.O) est le tout premier traduit en France, il est sorti en mai dernier dans la collection Wiz. La série est prévue pour être une trilogie, le troisième tome n’étant pas encore paru pour le moment aux Etats-Unis.

Pamela Wells à grandi dans le Mississipi. Elle a obtenu une licence de journalisme avant de passer et d’avoir un master en éducation et psychologie. Elle a également travaillé comme reporter dans le Mariland et la Californie. Maintenant elle réside à Boston dans le Massachussetts, où elle continue ses études pour décrocher son diplôme en écriture dans le Simmons College.

Tout commence avec… une hécatombe sentimentale

Raven, Sydney, Kelly et Alexia sont les meilleures amies du monde. Mais depuis que trois d’entre elles ont des petits copains, elles ne se voient plus autant qu’avant… cependant, les choses ne vont pas tarder à changer…  En effet, les filles vont chacune se retrouver célibataire… le même soir !

Ces mauvaises nouvelles en cascade seront pour elles un moyen de se retrouver entre filles après des mois d’absence, mais ce sera aussi l’occasion de créer des règles pour ne plus jamais souffrir en amour. Vingt-cinq règles au total devront ainsi être suivies scrupuleusement si elles veulent être à nouveau épanouies… mais les règles ne sont-elles pas faites pour être brisées ?

Un roman doux et sentimental

Les fameuses vingt-cinq règles inventées par Alexia, la seule célibataire du groupe vont les aider à surmonter la terrible douleur de la séparation, enfin… presque ! Parmi les règles à respecter, vous trouverez notamment :

  • Oubliez la date d’anniversaire de l’Ex. Oubliez qu’il est né.
  • Avec l’aide de vos amies, procédez à un rituel pour vous débarrassez des photos de l’Ex et de tous les cadeaux qu’il a pu vous faire.
  • Toute conversation avec l’Ex, par email, SMS, ou autre, est formellement interdite. Supprimez son nom de votre carnet d’adresses mail.
  • Si vous croisez l’Ex d’une amie, ne le mentionnez jamais devant elle.

Vous trouverez ainsi une règle en début de chaque chapitre. Alors que dire de plus concernant ce roman ? Il est sympathique, drôle, frais et possède tous les atouts d’un bon livre de l’été.

Le seul reproche à en faire serait qu’il n’est pas assez marquant en soi. Les personnages des filles ont beau être bien pensés et plutôt réalistes, il leur manque un peu spontanéité, et surtout parfois, d’amour propre. Mais elles n’ont pas encore fini d’évoluer étant donné qu’il s’agit d’un premier opus sur trois au total.

Quoi qu’il en soit, on appréciera de retrouver la vie adolescente et ses tourments pour le temps d’un livre ! Secrets entre amies, chagrins d’amour, rumeurs au lycée et glaces pour se réconforter sont au programme.

En conclusion, La ligue des cœurs brisés est un roman sentimental bien girly qui ne prétend pas être plus que ce qu’il n’est : à savoir un roman de détente et un petit plaisir gourmand. Si vous avez un gros chagrin d’amour, La Ligue saura vous faire penser à autre chose. Et si ça n’est pas le cas, vous vous régalerez quand même !

Chronique : Deux filles + trois garçons – les parents = 10 choses que nous n’aurions pas dû faire

Deux filles + trois garçons - les parentsDernier roman en date de Sarah Mlynovski en France, 2 filles + 3 garçons – les parents = 10 choses que nous n’aurions pas dû faire est paru en fin de janvier dernier (le titre américain est bien plus court et commode : ten things we did, and probably shouldn’t have).

L’auteure américaine est déjà connue pour ses romans destinés aux adolescentes en particulier. Teintés d’humour mais aussi de réflexion, son univers reste résolument ancré dans les relations sociales à l’âge adolescent. Ses œuvres les plus connues sont celles de sa série Rachel W, ainsi que son roman Parle-moi !

Un mensonge en amenant un autre… 

April est une adolescente à la vie normal, mais cette dernière va être chamboulée quand son père lui apprend qu’elle va devoir déménager avec lui et sa belle-mère, pour laquelle elle n’éprouve ni amour ni haine. Comment échapper à la catastrophe qui s’annonce et rester auprès de ses amis, de son petit copain et de son lycée ?

Une seule solution viable sur le moment pour April : mentir à son père et loger chez sa meilleure amie Vi pour le reste de l’année scolaire. Une solution parfaite pour les deux parties en apparence… mais la mère de Vi n’est jamais là, elle est en tournée pour un spectacle à Chicago.

En somme, deux adolescentes sont livrées à elles-mêmes volontairement vont s’en donner à cœur joie pour faire les pires idioties de leur vie !

Deux filles + trois garçons - les parents usPeu réaliste, mais c’est pas grave !

Les aventures loufoques et trépidantes d’April et Vi sont loin d’être crédibles. Le fait que son père la laisse vivre chez sa meilleure amie ne tiens déjà guère la route, mais quand en plus elle reçoit une somme considérable comme argent de poche (environ 1000 dollars par mois), on peut s’insurger du peu de réalisme du roman.

Mais est-ce vraiment grave ? Je pense que non, car on s’éclate littéralement à suivre les pitreries de ces deux filles hautes en couleurs.

Le roman est découpé de façon très simple : un chapitre = une de ces fameuses choses qu’April et Vi n’auraient pas dû faire. Au programme, adoption d’un chat, charme de garçons et achat d’un jacuzzi ! On s’amuse, mais on se prend également à s’attacher à April, un personnage qui même s’il n’a pas les pieds sur terre est attirant.

Chose intéressante, April aborde pour la première fois sa sexualité au cours de ce roman. La partie « explicative » de comment se prépare une première fois est plutôt bien faite. Loin d’être une leçon de morale ou un cours de biologie, l’auteure y explique toutefois à travers ses personnages les bonnes actions à suivre (préservatifs, etc.).

Mais alors, où ces délires d’ados vont-ils vous conduire ? A vous de le découvrir ! Quoi qu’il en soit, pas une seconde d’ennui dans ce roman fun, un peu fou et surtout très drôle. A mille lieues de la première impression donnée par la couverture et son titre, on se retrouve avec un ouvrage qui nous fait passer un très bon moment, sans se prendre au sérieux. Parfait dès l’âge de 14 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : Queen Betsy – Tome 1 – Vampire et célibataire

Queen Betsy 01Un premier tome qui nous plonge dans le monde déjanté d’une héroïne malgré elle.

Premier roman de Mary Janice Davidson paru en France, Vampire et célibataire est le premier tome de la série Queen Betsy qui compte pour le moment neuf tomes, aux éditions de poche Milady.

D’origine américaine, elle est régulièrement dans les meilleures ventes du New York Times et ses livres sont déjà traduits dans plus de quinze langues. Elle a écrit de nombreuses séries, non encore traduites en France telles que The mermaid series, The royal series ou encore The Wyndham Werewolf series.

Une vampire folle de… chaussures

Betsy Taylor était une jeune femme tout à fait normale avant que sa vie ne bascule de façon tout à fait singulière, pour ne pas dire délirante.

En effet, le jour où tout mais absolument tout à basculé pour elle, Betsy venait à peine de se faire licencier de son poste de secrétaire. Et, pire que tout, elle est morte de façon tout à fait stupide… en voulant sauver la vie de son chat. Au final, c’est sa tête qui a tout pris, dans un horrible craquement d’os. Et à son « réveil », elle n’est plus du tout la même… et surtout, elle se trouve dans une morgue.

Un sex and the city version vampire

Mais que va donc faire Betsy dont la mort est désormais officielle et l’enterrement programmé ? Premièrement, reprendre les chaussures que sa belle-mère a osé lui voler dès qu’elle a appris la nouvelle de sa mort. Renouer avec ses amis désemparés, et assumer sa nouvelle condition de… vampire ! (En effet Betsy va tenter de remettre les choses dans l’ordre en essayant de nombreuses fois de se tuer, mais elle semble indestructible).

Une force surhumaine, une redécouverte de sa sexualité et de nombreuses surprises hautes en couleurs sont au programme pour Betsy.

Accompagnée de sa meilleure amie (richissime) et d’un jeune médecin gay qui emménage chez elle, Betsy va prendre en main (maladroitement) son destin.

Dialogues pimentés, répliques bien tournées, le plaisir de lire Queen Betsy réside en particulier dans les interactions verbales des personnages.

Qu’en est-il de l’intrigue alors ? Sympathique mais pas extraordinaire. Ce premier tome pose les bases d’un univers mélangeant chick-lit et bit-lit assez efficacement. Le genre est donc relativement original, mais la trame de fond, beaucoup moins.

On tombe assez rapidement sur un beau ténébreux dont on sait déjà qu’il fera des ravages sur le cœur de notre héroïne, mais l’histoire est heureusement très rythmée. Difficile de s’ennuyer donc, malgré les codes récurrents que l’on rencontre à chaque coin de page. En effet, Betsy collectionne bien entendu les chaussures de grands stylistes…

 Mais où sont l’originalité et le plaisir de la découverte alors ? Queen Betsy recèle tout de même de quelques bonnes idées : premièrement, ça ne se prend pas au sérieux ; ensuite, l’idée que cette fille un peu paumée soit la future reine des vampires est risible, d’autant plus qu’elle n’arrive pas à parler correctement quand ses canines poussent…

En somme, ce premier tome est sympathique, mais attention, le côté chick-lit y est vraiment très présent, certains pourraient donc ne pas aimer. Ce début de série donne au final une impression assez floue, on appréciera surtout les bons dialogues trouvés par M.J. Davidson, même si ils ne suffisent pas à créer un intérêt persistant autour de l’histoire. Affaire à suivre et à confirmer avec la lecture du second tome : Vampire et fauchée.

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Chronique Jeunesse : La malédiction des cornichons

La malédiction des cornichonsConserverie et secrets de famille ne font pas bon ménage…

Siobhan Rowden est une auteure de nationalité anglaise, mère de trois enfants elle vit avec son mari dans la ville de Hove, près de Brighton.

La malédiction des cornichons est son tout premier roman, il paraît en France dans la collection jeunesse Witty et nous conte l’histoire de famille du jeune Barnabé, dont le père a disparu dans d’étranges circonstances… Une suite est déjà sortie Outre-manche sous le titre The Revenge of the Ballybogd.

Les illustrations sont quand à elle signées de la main de Mark Beech, dont la patte n’est pas sans rappeler celle des plus grands illustrateurs pour la jeunesse. Il a notamment réalisé les illustrations des romans pour la jeunesse Drôles de trolls chez Folio Cadet.

Le royaume de la saumure à ses pieds…

Cornichons, oignons, bocaux, vinaigre, conserves… tout ce vocabulaire peu ragoutant est celui du monde de la conservation alimentaire. Et qui donc est à la tête du plus grand empire de spécialité vinaigrées en tout genre ? : Mamie Lebeurk, la grand-mère de notre héros Barnabé.

Le rêve de mamie Lebeurk ? Que son petit-fils reprenne l’entreprise familiale, sa fille ayant décidé de croire aux produits frais et vivant de la récolte des petits pois avec son mari, Barnabé est son dernier espoir de relève…

Mais le jeune homme a autre chose en tête que la conservation en saumure, en effet, son père a mystérieusement disparu. Barnabé soupçonne de plus en plus Mamie Lebeurk qui n’a pas l’air le moins du monde inquiète de cet état de fait, et semble même s’en réjouir… L’enquête commence, mais pour cela il falloir pénétrer dans les locaux de l’entreprise Lebeurk et en découvrir les sombres aspects…

Comment mélanger efficacement humour, fantastique et suspense

Un bon mélange de genres, c’est ce qu’est la malédiction des cornichons. On retrouve tous les ingrédients incontournables qui font un bon livre pour la jeunesse : un humour à toute épreuve, des dessins typiquement jeunesse (à la Quentin Blake ou à la Tony Ross) et surtout un mystère à élucider.

Typiquement anglo-saxon et surfant sur des valeurs sûres, ce roman arrive à sortir son épingle du jeu et ne tombe (presque) pas dans l’imitation. En effet, même si l’on pourrait penser à Charlie et le Chocolaterie pour le côté « grosse usine alimentaire mystérieuse », ce roman semble vouloir en être le parfait contraire.

Ici, point de nourriture aux fumets exaltants mais des aliments répugnants tels des oignons aux vinaigre, des cornichons en bocaux ou même… des mucosités en conserve ! Dégoutant… et fascinant ! Il y a donc de l’humour certes, mais avec un côté plus « sombre » que ce à quoi on peut être habitués, et c’est très bien comme ça.

En conclusion, ce premier roman de Siobhan Rowden est une sympathique découverte, parfaite dès l’âge de neuf ans. On appréciera l’univers décalé dans un style qui l’est déjà à la base. Les personnages hauts en couleurs (et un peu fous) dont regorge le livre participent à cette atmosphère si particulière et plaisante. On attend donc avec curiosité les nouvelles aventures de Barnabé et de son étrange famille.

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Chronique BD : Screenshot

ScreenshotQuand les films les plus connus sont détournés en quelques cases

Sorti en octobre dernier aux éditions belges Poivre et sel, Screenshot a été réalisé par Lapuss’. Illustrateur, graphiste et également scénariste, Lapuss’ est loin d’en être à ses débuts avec déjà plus d’une quinzaine d’ouvrages à son actif. On lui doit notamment : In vitro veritas, Le Piou ou encore La fin du monde.

Screenshot a pour vocation de revisiter de façon humoristique les films et les séries tv les plus connus, le tout en deux pages maximum.

Quand Desperate Housewives devient… Depressed Housewives

A chaque parodie, le titre du film (ou série) est légèrement modifié, ainsi retrouvons-nous Le cercle transformé en Le rond, Pirates des Caraïbes en Pirates des îles etc. Les dessins sont très sympathiques, parfaitement dans le ton recherché par l’auteur. A la fois ressemblant et caricatural, on se plait à reconnaître des personnages qui nous sont familiers.

Alors, l’humour de Screenshot fait-il mouche ? Personnellement, il me semble que non. En effet, la plupart des pastiches nous offrent des blagues qui tombent à plat avec des chutes pour le moins décevantes.

Lapuss’ arrive à nous amuser en majorité avec ses détournements de titres de film, ainsi qu’avec ses premières cases. Mais dès qu’il s’agit de conclure, on passe souvent à côté d’un final vraiment drôle.

Ainsi, malgré quelques idées vraiment bien trouvées : Boudelard (un vrai) à la place de Poudlard dans Harry Potter, un Spiderman obèse ayant du mal à ne pas casser ses toiles ou encore le retour d’un Supermec (comprendre Superman) ayant pris un peu d’âge, Screenshot reste d’un niveau général assez faible.

En conclusion, Screenshot est une bd humoristique convaincante graphiquement mais qui laisse à désirer sur le plan de l’écriture… dommage.

Cependant, l’humour reste une chose très subjective et cet ouvrage pourra certainement trouver son public.

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Chronique : Medieval Superheroes

Medieval superheroesUn roman mélangeant fantasy et anticipation avec efficacité et une bonne dose d’humour.

 Premier roman d’Olivier Boile, Medieval Superheroes nous offre un roman d’aventure à la fois déjanté et fort en nombreuses références culturelles (en particulier pour la génération X). Rempli d’humour et de dérision, on découvre que les super-héros existent réellement, certains sont issus de la période sombre du moyen-âge, d’autres de notre époque, dans la Nouvelle-Courbevoie, le tout donnant un mélange de fantasy et d’anticipation pour le moins original.

Quand la peste noire traverse les siècles…

Alors qu’au XIème siècle la peste sévi violemment à travers toute la France et même l’Europe, nous découvrons qu’il existait déjà des super-héros à cette époque… et même une école de super-héros. Mais que peuvent-ils bien faire pour lutter contre la maladie eux qui sont habitués à côtoyer des supers-vilains et autres personnages au fond mauvais et haut en couleur ? Ainsi Alban le Blanc ou encore Ronan le Destructeur et son épée parlante ne se sentent guère utiles….

En parallèle à cette époque, nous retrouvons le jeune Orlando, pizzaïolo de son état, et très bon dans son domaine. Vivant dans la Nouvelle-Courbevoie et quelques décennies après nous, ce dernier a une vie plutôt monotone qu’il partage avec le plus inutile des colocataires possible : Sammy.

Et même si il ne le sait pas encore, la vie d’Orlando va changer, car quelque chose de dangereux s’approche de la Nouvelle-Courbevoie… un mal que l’on ne pensait pas croiser à cette époque… Bataille de religion, de médicaments et de super-héros sont au rendez-vous pour un roman hors normes.

Déjanté, drôle et prenant une fois lancé

Ce premier roman d’Olivier Boile est très bien maîtrisé, aussi bien dans le ton humoristique que dans le contenu. L’auteur s’est documenté avant de se lancer et ça se voit, et même si parfois on s’éparpille dans des petits délires, on ne perd jamais le fil rouge.

L’intrigue de l’histoire aurait cependant pu être mieux amenée, car il est un peu difficile pour le lecteur de comprendre où veux en venir l’auteur et quels seront les enjeux du roman. Il faut attendre d’être à un bon tiers de l’histoire pour les comprendre pleinement, c’est un peu dommage, car on perd la bonne dynamique de départ.

Cependant, hormis cette remarque, le roman fut plaisant à lire. Plus on approche de la fin, plus il devient intéressant et urgent de le terminer.

Les caractéristiques des personnages sont bien présentées, bien amenées, et ces derniers deviennent facilement attachants, je pense notamment à Ronan le Destructeur inséparable de son épée bavarde et agaçante (et aux répliques fort drôles). De plus, les illustrations d’Alfonso Pardo Martinez en début de roman nous montrant les super-héros sont vraiment très réussies.

En conclusion, Medieval Super-Heroes est un bon premier roman, qui recèle des qualités certaines qui s’affineront pour l’auteur au fil du temps. Si vous aimez les jeux de mots bien tordus (dans le bon sens du terme) et les aventures complètement décalées, ce roman est fait pour vous.

Toutefois, ce roman est à conseiller aux personnes ayant environ la trentaine pour des raisons de générations. Je suis certaine d’être passée à côté de certaines références, n’étant pas dans le « cœur de cible » du roman. Mais cela n’empêche pas de passer un agréable moment en compagnie d’héros complètement barrés. En tout cas, cela laisse présager de bonnes choses pour la suite et donne envie de découvrir le futur nouveau roman de l’auteur à paraître le 13 avril prochain : Les feux de l’armure, toujours aux éditions Nestiveqnen.

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Chronique : Infiltrés

InfiltrésUn pur roman d’action comme on les aime : simple et efficace.

Publié aux éditions Rageot dans la collection Thriller, Infiltrés est un roman qui allie habillement action et espionnage avec un héros adolescent hacker à ses heures perdues…

Laurent Queyssi, auteur des Nombreuses vies de James Bond (Les Moutons électriques), ou encore de Comme un automate déprogrammé à la mi-temps (ActuSF) s’essaye pour la première fois à l’écriture d’un roman pour ados… et c’est réussi.

La collection Rageot Thriller fait appel à des auteurs français confirmés et lance sa collection en force depuis début 2012 avec déjà Philip Le Roy, Hervé Jubert ou encore Fabien Clavel à l’affiche.

Un adolescent pas comme les autres

Le début d’infiltrés commence comme un bon film d’agent secret… Tout débute lorsque Adam décide de s’introduire « en douce » sur le site de la CIA… et le pire, c’est que ça fonctionne ! En effet, Adam est un pur geek, fou de programmation et de défis toujours plus forts, la toile et ses programmes n’a aucun secret pour lui. Et puis, l’informatique est aussi un moyen pour Adam d’oublier son handicap… car il est dans un fauteuil roulant.

Mais le quotidien d’Adam va très vite être bouleversé, car son entrée dans les serveurs de la CIA n’est pas passé inaperçu pour tout le monde… Pourchassé par d’étranges individus, il va être sauvé in extremis par les services secrets français… pour lesquels il va devoir travailler afin de racheter son délit.

Incroyable mais vrai, Adam va devoir s’infiltrer dans un des événements les plus huppés et les plus prestigieux d’Europe : la Riviera Race. Accompagné par l’agent Clotilde, Adam va vivre comme jamais auparavant… et son handicap sera loin d’être un désavantage, bien au contraire !

De l’action, de l’humour… et encore de l’action !

Quand on se plonge dans cette nouvelle histoire, on s’y sent tellement bien que les chapitres défilent sans en avoir l’air.

A l’image de la série Alex Rider, Cherub nous retrouvons un héros adolescent qui doit mener de front sa vie d’adolescent et sa mission. Mais l’histoire d’infiltrés est presque réaliste, et on se laisse facilement aller à rêver d’avoir le même genre d’aventures.

Dialogues piquants, situations périlleuses, Adam fera face à beaucoup de moment crispants et épiques, y compris pour le lecteur. Et outre le personnage d’Adam, les autres sont également bien campés, simples, reconnaissables et surtout réalistes eux aussi.

On sait rapidement qui sont les « méchants », mais ça n’est absolument pas l’enjeu du livre, on s’éclate bien plus à apprécier l’écriture de Laurent Queyssi et ses délires informatiques.

L’un des autres points forts du roman réside dans la condition physique d’Adam, jamais diminué, son handicap est toujours traité de façon positive par l’auteur. Une belle façon d’illustrer la force de la volonté face aux obstacles de la vie.

Une seule envie après lecture de ce roman… lire une autre aventure d’Adam ! Le jeune hacker sait conquérir par son naturel à toute épreuve et son (agaçant) génie. Le mélange aventure/espionnage/hacking est diaboliquement efficace et la plume simple et efficace de Laurent Queyssi fait des merveilles. Alors…à quand un nouveau roman ? Chronique rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : L’étonnante disparition de mon cousin Salim

L'étonnante disparition de mon cousin SalimUn roman jeunesse à l’écriture simple et captivante… avec un mystère surprenant à élucider.

Paru en poche chez Folio Junior en avril dernier, L’étonnante disparition de mon cousin Salim a été écrit par l’anglaise Siobhan Dowd, disparue en 2007 des suites d’un cancer.

Le héros du roman, le jeune Ted, autiste de son état, décide d’enquêter sur la disparition incroyable de son cousin dans le fameux London Eye (la grande roue de Londres). Car chose étrange, Salim y est entré mais n’en est jamais ressorti…

Siobhan Dowd a inspiré l’histoire de Quelques minutes après minuit qu’a repris Patrick Ness après sa disparition soudaine des suites d’un cancer. Elle a en tout cinq romans à son actif, tous parus en France Chez Gallimard : Où vas-tu Sunshine ?, La parole de Fergus (elle a d’ailleurs reçu la Carnegie Medal à titre posthume pour cet ouvrage) et Sans un cri. Son œuvre prend souvent racine dans ses origines irlandaises.

Salim manque à l’appel…

Pour Ted et sa sœur Kat, quand Salim ne redescend pas au bout des trente minutes du tour de la roue, l’inquiétude commence à poindre… puis au fil des minutes qui s’écoulent c’est carrément la panique. Mais où a-t-il pu passer ? C’est ainsi que commence l’enquête de Ted, aidé de sa sœur Kat. Passionné de météorologie, de chiffres, de prévisions et de statistiques, Ted a élaboré neuf théories, et pour une fois son cerveau qui fonctionne différemment de celui des autres sera un atout de poids.

Une ambiance simple, vive et plaisante

L’écriture de ce roman est à l’image de la famille de Ted : chaleureuse, drôle, apaisante et franche. Dès les premières lignes, l’auteur réussi à instaurer une relation de confiance avec son lecteur. Siobhan Dowd a adapté son intrigue à des lecteurs âgés d’environ 10 ans, mais jamais elle ne les sous-estime.

Au fil des pages, on ne peut s’empêcher de penser à un autre roman d’enquête ayant pour personnage principal un jeune autiste ; il s’agit du Bizarre incident pendant la nuit de Mark Haddon. Cette façon d’utiliser une autre réflexion tout en nous faisant paraître le personnage tout à fait normal est menée avec talent par les deux auteurs. Mais la similitude s’arrête cependant là, le roman de Mark Haddon s’adressant à des lecteurs d’au moins treize-quatorze ans, ainsi qu’aux adultes.

Venons-en à l’enquête, cette dernière est simple mais ingénieuse. L’intrigue peu même sembler être un prétexte pour nous dépeindre une famille anglaise normale avec des problèmes très quotidiens (hormis la fameuse disparition), la rendant ainsi très attachante.

Les personnages que l’on pouvait penser superficiels s’étoffent au fur et à mesure (je pense notamment à la fameuse tante Glo), faisant d’eux des personnes à la psychologie bien pensée et loin d’être simplette. Enfin Ted et ses blocages sur certains aspects simples de la vie sont très vite attachants, car loin d’être bête, c’est en fait un excès de logique qui le perd…

Sa façon d’écrire également est très « vraie », Ted ne comprenant pas bien les expressions des visages et des corps, il a besoin d’aide pour savoir quelles sont les intentions de son interlocuteur… :

« Mon Dieu ! S’est-elle exclamée. Laissons-les se débrouiller et allons manger une pizza ! ». C’est ce que nous avons fait. Je ne voyais pas le rapport entre la pitié et la pizza, mais toujours est-il que nous en avons commandé quatre, énormes, à la pizzeria du quartier ».

En somme, ce roman de Siobhan Dowd est d’une belle simplicité et mérite d’être découvert pour sa façon d’aborder différemment (et positivement) des thématiques très courantes telles que la famille, la disparition d’un être cher, la maladie, mais aussi le courage et l’amour…

Chronique : Bordemarge

BordemargeEpique, déjanté, romanesque, un roman… ébouriffant !

Bordemarge a une histoire particulière digne d’un petit conte de fées pour son auteure. Lors d’un speed-dating entre éditeurs et auteurs en devenir durant les Imaginales, Emmanelle Nuncq présente Bordemarge à Bragelonne.

Tous les éléments entrant en scène dans ce roman se prêtaient à une publication chez Bragelonne, en particulier son titre, proche des noms de collections de l’éditeur, faisant honneur à une ligne axée sur l’aventure et l’évasion. De plus, il s’agit du premier roman français paru chez Castelmore. Férus d’aventures et de hauts faits, ce roman peut être pour vous à condition d’être prêt à lire entre les lignes et d’apprécier un humour noir et très mordant.

Bibliothécaire, un métier de passion…à l’ennui mortel

Violette a une vie insipide. Elle adorait son métier avant de découvrir que jamais on ne lui demanderait de conseils de lecture, mais plutôt la direction des toilettes… Vous l’aurez deviné, Violette fait plus que broyer du noir, elle est en pleine dépression. Ne sachant que faire de sa vie…

Mais les sombres perspectives de Violette vont se trouver bouleversées quand celle-ci va se trouvée projetée dans le monde de Bordemarge à la place de la princesse Roxanne. Violette va ainsi découvrir que la vie peut parfois être en couleurs. La princesse Roxanne quand à elle, ayant pris la place de la pauvre Violette, va se retrouver complètement démunie face à ce monde où tout est ordonné et règlementé…

Cet échange standard va faire bien plus que bouleverser uniquement deux vies… c’est l’avenir d’un royaume qui est en jeu.

Un humour décapant qui se joue des films et romans de cape et d’épée

La force de Bordemarge ne réside absolument pas dans son intrigue, mais plutôt sur sa forme. Diaboliquement moqueuse et délicieuse, la vie à Bordemarge est avant tout déconcertante pour les nouveaux arrivants.

En effet là-bas, point besoin de se laver ou d’aller aux cabinets, les habitants de Bordemarge sont toujours propres, soignés et n’ont jamais besoin d’aller aux toilettes. Les dames sont toujours élégamment coiffées et fraîches.

C’est logique, avez-vous jamais vu des héros de romans ou de films d’aventure s’absenter quelques minutes pour se rendre aux cabinets ? Les avez-vous vus ou imaginés sous la douche ? Non, est c’est normal, puisqu’ils n’y vont jamais ! Cet humour présent tout le long du roman a le mérite de changer des habituels romans d’aventure. Le seul bémol que l’on pourrait cependant souligner est plus au niveau de l’intrigue en elle-même : elle se veut simple, peut-être légèrement trop pour être bien.

A peine les personnages installés, on sait déjà à peu près qui va finir avec qui sans grande difficulté. Emmanuelle Nuncq explique toutefois ce dénouement simple par l’univers lui-même, où les héros arrivent toujours avant l’instant fatidique et où les méchants ne peuvent vraiment triompher. Alors, finalement pourquoi pas, même si un peu plus de surprise pour le lecteur pourrait être un vrai atout, car tout y est : l’univers riche, l’écriture acérée, le charisme des personnages…

En somme, Bordemarge est un bon roman, à conseiller dès l’âge de 13 ans, pour garçons ou filles. Pas prétentieux, il nous fait passer un très bon moment dans un univers nouveau et déluré dans lequel on retournera avec plaisir !