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Chronique album Jeunesse : Le petit gâteau qui ne disait pas merci

Le petit gâteau qui ne disait pas merciUn album aussi drôle qu’efficace à mettre entre toutes les petites mains !

Paru en février 2015 aux éditions du Seuil, Le petit gâteau qui ne disait pas merci est le premier ouvrage de Rowboat Watkins à paraître en France. Pour le moment, l’auteur n’en a pas encore sorti d’autre dans son pays d’origine. Mais, pour un premier album… c’est extrêmement prometteur !

Être un petit gâteau malpoli, ça peut être super pas cool

Les petits gâteaux peuvent être mignons mais détestables. Certains sont méchants, ne disent jamais merci, doublent tout le monde dans les files pour le toboggan et ne veulent jamais prendre leur bain.

Mais, si des cyclopes géants venaient à sortir un petit gâteau de son lit pour le déposer sur leur tête pour en faire un chapeau, est-ce que ça le rendrait plus poli ?

Le petit gâteau qui ne disait pas merci (7)Génialissime d’un bout à l’autre !

A peine la première page s’ouvre-t-elle à nous que déjà on tombe sous le charme du trait simple et tendre de Rowboat Watkins. Ses dessins sont doux, avec très peu de détails et pourtant ça suffit pour tomber immédiatement sous le charme.

L’histoire de ce petit gâteau a beau être avant tout une explication de ce qu’est l’impolitesse, on se prend à vouloir le lire en dehors de son but premier. Il use de l’absurde pour faire passer un message qui pourrait être perçu comme trop explicite par certains enfants. Et c’est parfait ainsi car on en oublie même le message principal !

Le petit gâteau qui ne disait pas merci (5)En plus d’illustrer les bonnes manières, c’est surtout un album jeunesse extrêmement drôle, plein de bonnes idées. Tout y est mignon : de l’enfant shamalo absolument chou avec son ballon en passant par le petit cupcake et sa peluche de cyclope (les mêmes cyclopes qui prennent les gâteaux pour des chapeaux). Et j’ai adoré le petit jeu de mot « Eye see you » (cf dernière image en bas d’article) qui trône en poster dans la chambre du gâteau…

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Vous l’aurez compris, cet album est un énorme coup de cœur. Cela faisait très longtemps que je n’étais pas tombée sous le charme d’un livre pour les petits à ce point. Alors, n’hésitez plus, c’est drôle, frais et c’est à partir de 3 ans !

Le petit gâteau qui ne disait pas merci (4)

Chronique album jeunesse : Poulpo et Poulpette

Poulpo et PoulpetteLa plus belle de toutes les histoires d’amour… à découvrir dès 3 ans !

Écrit et dessiné par l’illustratrice française Soledad Bravi, Poulpo et Poulpette est un album tout-carton de petit format paru en 2005 à L’école des Loisirs dans la collection Loulou et Cie et reste indémodable. Pour moi, c’est tout simplement l’un de ses meilleurs ouvrages pour les petits avec Le livre des bruits et la mythologie grecque pour les petits ! Le cyclope, La ruse d’Ulysse, Éole, Circé et les sirènes

Poulpo, masseur de métier

Poulpo est un poulpe absolument génial, il remet les écailles des poissons dans le bon sens, prend soin d’eux…ils sont toujours ravis de ses prestations de masseur. Mais pendant ce temps, une poulpe ne vit pas aussi bien son état : avec huit bras et des centaines de ventouses, qui pourrait donc l’aimer ?
Mais c’est sans compter sur Poulpo, qui cherchant par hasard de la nourriture dans le coin, va tomber sur Poulpette.
Et là, c’est le coup de foudre. Une incroyable idylle va ainsi se dérouler sous nos yeux… drôle et pleine de poésie, cette histoire ne laissera personne indifférent !

Poulpo et Poulpette inside2

Les dessins de Soledad Bravi y sont aussi simples que forts. Elle arrive a faire passer tant de douceur et d’humour en si peu de traits que s’en est incroyable. C’est là ce qui fait la grande force de son œuvre.

Ce petit album pour la jeunesse est parfait à lire aux enfants dès l’âge de 3 ans. Bien qu’humoristique, il est également fort ludique. En effet, les enfants découvrirons une foule de mots et d’animaux peuplant l’océan. Ils feront ainsi la connaissance du requin, de la murène, du dauphin, de l’étoile de mer… Le tout dans la plus grande bonne humeur !
A lire et à re(re)lire avec plaisir.

Poulpo et Poulpette inside

Chronique Jeunesse : Victor Tombe-Dedans chez les Trois Mousquetaires

Victor Tombe-Dedans chez les trois mousquetairesEt si vous aviez le pouvoir de rentrer dans les histoires que vous lisez… que feriez-vous ?

 Paru en novembre 2014 chez Sarbacane dans la très sympathique collection Pépix, Victor Tombe-Dedans chez les Trois Mousquetaires est le tout dernier titre en date de Benoît Minville.

Non content d’écrire des romans, Benoît Minville en vend également à travers l’un des plus beaux métiers du monde : libraire. On lui doit également un roman pour ados paru dans la collection Exprim’ : Les géants.

Les illustrations sont quant à elles signées de la main de Terkel Risbjerg, un artiste d’origine danoise qui travaille aussi bien dans les dessins animés que dans l’illustration pour enfants. Il a une petite dizaine de titres à son actif.

Un jeune héros téméraire à l’imagination débordante

Victor est comme tous les enfants de son âge : curieux, vif, intrépide et débordant d’imagination. Sauf que dans le cas de Victor, ses inventions de l’esprit peuvent être dangereuses… il suffit qu’il rêve devant son chocolat au lait pour risquer de se noyer dedans et de croiser un galion sorti de nulle part !

Alors imaginez un peu ce qu’il se passe quand le jeune garçon lit un livre. Et oui, il plonge littéralement dedans ! C’est ainsi que Victor débarque dans l’histoire des Trois Mousquetaires… pour le meilleur et pour le pire, l’aventure est lancée.

Un roman jeunesse léger et agréable

L’idée de pousser l’imagination d’un jeune héros jusqu’à ce que ses élucubrations mentales deviennent réalité est sympathique. Le roman fait même penser au récit La bibliothécaire de Gudule avec son héros qui voyage à travers les récits.

On découvre ainsi les fameux Trois Mousquetaires (qui sont quatre, attention !) à travers un œil neuf et drôle. C’est une bonne idée que de prendre un classique et de le présenter sous une forme originale et intelligente qui pourra peut-être leur donner envie de lire justement ces fameux incontournables de la littérature. Cependant, je ne trouve pas assez d’entrain ou de magie pour entrer totalement dans cette courte histoire.

Bien que l’histoire soit tout à fait construite, l’écriture assurée par le jeune Victor lui-même est parfois trop décousue, partant dans tous les sens. On sent que l’idée de l’auteur est de bien retranscrire l’enthousiasme du petit narrateur, mais malgré tout, c’est un peu trop désordonné.

Le côté positif de ce roman est certainement ses très nombreux clins d’œil fait à notre culture connectée. On y parle des grands yeux larmoyants du Chat Potté de Shrek, des Trois brigands de Tomi Ungerer… Ces références ne sont peut-être pas toutes comprises par les jeunes lecteurs, mais ça n’est absolument pas gênant.

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En somme, cet ouvrage pour la jeunesse est plaisant, mais pas non plus inoubliable. A lire dès l’âge de huit ou neuf ans environ pour tout fan d’aventure et de récit de cape et d’épée !

Chronique album jeunesse : Le Chevalier de Ventre-à-terre

Chevalier Ventre-à-terreLe Chevalier de Ventre-à-terre, docteur ès en procrastination

Je suis très heureuse de vous présentez en ce jour Le Chevalier de Ventre-à-terre, dernier-né des ouvrages écrits et dessinés par Gilles Bachelet. Cet album est paru en novembre 2014 aux éditions du Seuil Jeunesse.

Comme à son habitude, l’auteur nous offre une histoire complètement décalée aux dessins qui le sont tout autant… sans oublier les nombreux clins d’œil qui parsèment l’ouvrage.

Si vous ne connaissez pas encore Gilles Bachelet, c’est l’occasion de faire sa connaissance. Toute son œuvre est culte : Mon chat le plus bête du monde, Il n’y a pas d’autruches dans les contes de fées, ou Madame le lapin blanc (pépite de Montreuil en 2012), tout ça c’est lui ! Et c’est génial.

Outre son travail pour la jeunesse, l’auteur travaille également pour la presse et la publicité. Il enseigne aussi l’illustration et les techniques d’éditions à l’école supérieure d’art de Cambrai.

Chevalier Ventre-à-terre inside 2Journée-type d’un chevalier gastéropode

Le jour se lève chez le Chevalier de Ventre-à-terre, il s’éveille doucement avec sa femme à ses côtés et une de ses chenilles dormant tranquillement sur le lit. Une nouvelle journée commence, et le Chevalier à une chose très très importante à faire… mais avant, il a quelques petites tâches à effectuer.

Et oui ! Entre le petit-déjeuner (pas si petit que cela), le sport, la lecture du Figargo, le bain, les au-revoir… le Chevalier de Ventre-à-terre n’est pas parti avant très longtemps. Et pourtant, il ferait mieux de se dépêcher, car il a un rendez-vous de la plus extrême importance à honorer !

Un album en tous points réussi

C’est ici le premier album de Gilles Bachelet chroniqué, mais loin d’être le premier que je lis, et encore une fois c’est une réussite.

On reconnaît toujours autant le trait si typique de Gilles Bachelet ainsi que son humour détonnant. Les clins d’œil et références y sont permanents et c’est certainement ce qu’il y a de plus génial dans ses dessins. Ces rappels constants à différents niveaux de lecture sont toujours aussi efficaces : porte-goûter Hello Kitty à l’effigie d’un escargot, fil d’actualité Facebook sur parchemin, un jouet Elmer en forme d’escargot qui traîne… Tout n’est que références, et on se régale à les découvrir au fil de la lecture (certaines passes inaperçues, il faut plusieurs lectures !).

L’histoire est comme à l’habitude de l’auteur très peu textuelle, mais ne manque pas de sens. Bien au contraire, c’est drôle et en un minimum de mots.

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En conclusion, ce nouvel album jeunesse de Gilles Bachelet est encore et toujours une franche réussite. Tout y est formidable : du dessin en passant par les milles détails concoctés pour l’occasion… l’auteur s’est encore une fois fait plaisir et nous fait énormément plaisir aussi. C’est foisonnant, coloré, drôle…. Dès l’âge de 5 ans environ.

Chevalier Ventre-à-terre inside

Chronique : Les Autodafeurs – Tome 2 – Ma soeur est une artiste de guerre

Les autodafeurs 02Un second tome sanglant et explosif !

Marine Carteron est l’heureuse auteur d’une série détonante : Les Autodafeurs. Le premier tome est paru en mai dernier, et le second tome vient tout juste de paraître en octobre 2014. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa série a su séduire très rapidement aussi bien les libraires que les blogueurs…

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce second tome est très largement à la hauteur de l’attente !

Un complot 2.0 d’ordre mondial

Suite logique et immédiate du premier tome, on retourne sans difficulté dans l’intrigue. Les problèmes de Gus et Césarine ne font que commencer : leurs grands-parents sont morts en essayant de protéger des éléments clés de la Confrérie. Leur mère est dans le coma, et Gus est sous surveillance policière par le biais d’un bracelet électronique.

Dire que contrecarrer les plans des Autodafeurs va être compliqué relève de l’euphémisme…

Le complot visant la maîtrise des connaissances au niveau mondial a débuté, et même si la lutte semble inégale, elle nous réserve quelques surprises. Il se pourrait bien que la Confrérie possède quelques armes secrètes qu’elle ignore elle-même, notamment en la personne de Césarine ou encore de Néné…

Les Autodafeurs CésarineVous pensez-être prêts ? Rien n’est moins sûr !

Une fois le tableau de la situation dressée, place à l’action et aux révélations. Espionnage, biologie de pointe, piratage informatique, chantage, tous les moyens sont bons pour Gus, Césarine et Néné. Si vous pensez avoir tout lu, vous êtes bien loin du compte car de belles surprises nous sont concoctées dans ce second tome. Impossible de s’ennuyer une seule seconde, chaque phrase est soit drôle, soit terriblement efficace, l’écriture étant l’énorme point fort de Marine Carteron.

Si vous vous demandez d’où sort le titre original de ce second tome : Ma sœur est une artiste de guerre, il vous faudra chercher du côté du grand stratège Chinois de la guerre Sun Tzu. En effet, Césarine ne jure plus que par L’art de la guerre, dans lequel elle retrouve toute sa logique, y allant continuellement d’une citation chaque fois parfaite pour la situation.

Et cet art de la guerre va être fort nécessaire dans cet opus car tout s’accélère : fini les entraînements au dojo et place aux vrais combats. De même, vous êtes prévenus, mais cette fois-ci, le sang va couler…

Encore et toujours, les parties écrites par Césarine sont selon moi les meilleures. D’une logique implacable et d’une sensibilité inattendue, la jeune fille va faire montre de sentiments inconnus d’elle auparavant. Encore une fois, elle réussi à nous surprendre et à nous faire sourire grâce à sa façon de voir les choses. Son monde est d’une beauté simple, et elle fera tout pour le préserver. Et c’est celle qui fait le moins l’exposition de ses sentiments qui justement va nous en communiquer perpétuellement.

« Sara faisait une grande maison qui souriant avec deux bonhommes très moches sous un énorme soleil qui souriait. […] Comme ce n’était pas très logique, je lui ai expliqué que ce n’était pas possible parce que le soleil était une étoile […] et donc qu’ils ne pouvaient pas sourire. »

Ceci n’est qu’un petit extrait, mais voici la teneur des pensées qui traversent quotidiennement Césarine. C’est beau et touchant.

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Mais ce second opus, c’est également des scènes plus intenses, plus violentes aussi bien physiquement que verbalement (Gus accuse le trop-plein d’émotions et d’injustices). En bref, cette suite est une petite perle explosive à ne manquer sous aucun prétexte ! Courage et patience pour le troisième tome prévu au printemps 2015.

Chronique : Les remèdes du Docteur Irabu

Les remèdes du docteur IrabuPremier roman d’Hideo Okuda à paraître en France, Les remèdes du docteur Irabu est initialement paru aux éditions Wombat puis en poche chez Points en septembre dernier. Par ailleurs, un second volume tournant autour des hauts faits du docteur Irabu vient de paraître en grand format aux éditions Wombat sous le titre Un yakuza chez le psy et autre patients du Docteur Irabu.

Au Japon, l’ouvrage a été un véritable succès avec plus d’un million d’exemplaires vendus. Il a également été adapté sous forme d’anime au pays du Soleil Levant sous le nom Trapèze (cf vidéo en fin d’article). Enfin, l’ouvrage a également été adapté en film sous le titre In the pool, il s’agit d’un drama.

Un docteur en psychiatrie pas comme les autres

Vous souffrez d’un trouble dont l’origine est d’ordre psychologique ? Stress ? Phobie irrationnelle ? Troubles de vérification compulsive ? Vous frappez à la bonne porte en allant à la clinique Irabu. Dans le sous-sol du bâtiment vous trouverez le petit cabinet de ce praticien hors-norme : le docteur Irabu. Aidé de son infirmière sexy et soupe au lait, vos troubles disparaîtrons comme par magie… ou presque.

Mais par quel moyen Irabu vous soigne-t-il ? C’est simple : en se fichant éperdument de la cause de votre trouble, quel qu’il soit. Il va encourager votre addiction ou phobie jusqu’à l’écœurement. Et le meilleur, c’est qu’il fait ça sans même être professionnel, bien au contraire… vous ne trouverez pas pire meilleur médecin à des kilomètres à la ronde.

Les remèdes du docteur Irabu gfUn portrait de la culture nippone dans tout ce qu’elle a de plus irrationnel

On connaît beaucoup le Japon pour sa culture toute en retenue, mais moins pour son côté complètement désinhibé et fou. Ici, c’est la facette totalement déjantée du pays que l’on découvre avec autant de surprise que de plaisir.

Le docteur Irabu est, il faut le savoir, beaucoup plus fou que ses patients déjà bien entamés : entre l’homme atteint de priapisme, l’adolescent compulsif envoyant plus de 200 mails par jours ou encore l’hôtesse égocentrique, vous n’avez qu’à choisir. Et ça, c’est sans vous parler du fétichiste de la natation qui ne vit plus que pour la nage, quitte à y laisser son couple.

En somme, ces différents portraits présentés avant tout comme des « cas » ne sont que le reflet d’une société nippone complètement actuelle et désorientée. Dans un pays où performance continue et beauté aseptisée sont le minimum requis pour réussir et s’intégrer, il n’est pas évident de rentrer dans l’étroit moule nippon.

Et justement, ce fameux docteur Irabu en est le contrepied parfait et grotesque : obèse, capricieux, étrange, malpoli, absolument pas professionnel… il n’a rien pour lui. Pourtant, il en devient attachant, et c’est avec impatience que l’on attend son prochain acte « médical » irrationnel. Cela peut aller du sabotage de la voiture du propriétaire de la clinique concurrente à l’entrée par effraction dans une piscine en plein milieu de la nuit…

Irabu comme remède à la morosité

Si vous recherchez un roman aussi fascinant que complètement inclassable, vous êtes au bon endroit. On se délecte des troubles de chaque patient avec curiosité, et surtout, on a hâte de voir ce que va en faire le fameux médecin !

A lire pour rire de l’absurde dans ce qu’il a de plus terre à terre. Cette lecture est une parfaite dose d’humour contre la monotonie.

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En somme, ce roman est un petit coup de cœur qu’il serait vraiment dommage de rater. Drôle sur des sujets actuels et sérieux, vous en ressortirez positif et plein d’entrain. Ça ne donne qu’une envie… décrocher de la pression que nous impose la société (nippone ou autre) et devenir aussi simple et heureux que le fameux docteur Irabu, c’est le seul a avoir réellement tout compris !

Chronique Jeunesse : Sacrées Souris !

Sacrées souris !A la découverte de la vie quotidienne des souris d’église… !

Lois Lowry est une auteur américaine qui a de très nombreux ouvrages pour la jeunesse à son actif. Mais on la connait surtout pour sa série Le Quatuor qui comprend le roman Le Passeur (tout juste adapté au cinéma d’ailleurs) ou encore L’élue. Elle a également écrit Passeuse de rêves, Compte les étoiles ainsi que la série de romans Anastasia.

Sacrées Souris est paru en avril 2014 dans la collection Neuf de l’école des Loisirs et se destine à des lecteurs de 8-9 ans environ.

Hildegarde, Maîtresse Souris de son état

Dans le monde des souris, il existe une petite communauté bien spéciale… les souris d’église. Ces dernières ne vivent que dans les dessous de la nef, de la sacristie et du garde-manger ! Tout va donc pour le mieux chez les souris, mais il ne faut pas oublier que le jour de la Bénédiction des Animaux approche, et avec lui les ennuis.

Ça, sans oublier la menace du Grand X qui pèse sur les souris depuis toujours et qui se fait plus précise depuis quelque temps… et oui, quand une dizaine de souriceaux devient visible en plein milieu de l’église, ça éveille l’inquiétude des humains ! Et c’est à Hildegarde de gérer tout cela, avec la pression qu’induit le fait d’avoir le statut de Maîtresse Souris.

Sympathique, drôle et plein de bonnes idées

Ecrire des romans avec des souris pour personnages, c’est la mode du moment en jeunesse (Catacomb City, Sacrée Souris…) et je dois avouer que c’est un sous-genre de la fantasy animalière qui me plaît beaucoup. Ce court roman est écrit du point de vue d’Hildegarde, la grande chef souris. Son rôle est constamment remis en question par Lucretia, qui convoite sa place depuis longtemps.

Le Grand X dont il est question n’est autre qu’un exterminateur, alors les attachantes petites souris n’ont qu’à bien se tenir ! C’est ainsi que l’on suit les nombreuses péripéties que doit traverser Hildegarde pour préserver tout le monde : porté de souriceaux cavalant partout à travers la nef, pièges à souris cachés partout à travers la nef…

« C’était terrible d’être appelé « nuisible » ! […] Mais les souris ? Et en particulier les mignonnes souris d’église, qui connaissaient les paroles de tous les hymnes et de toutes les prières ? Qui chantaient de leurs petites voix aiguës, pieuses et gonflées par la foi, les yeux vers le ciel et les queues courbées avec respect ? Si Père Urphy savait seulement quels trésors demeuraient dans ses murs ! »

Ce récit est donc fort sympathique, et c’est presque à regret que l’on quitte ces souris sacrées… De plus, c’est un réel plaisir que de parcourir l’église de leur point de vue. On découvre tout le vocabulaire associé à l’architecture des églises : nef, narthex, déambulatoire, travées… elles n’auront plus de secrets pour vous et les jeunes lecteurs !

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Sacrées Souris est donc joliment écrit et charmant en tous points. Il a beau se passer dans une église et traiter de religion, le but n’est pas de convertir, mais de découvrir le monde feutré des églises… d’un tout petit point de vue.

A lire dès le CE1 environ. Malicieux, plein de tendresse avec un soupçon d’action : voilà le mélange simple et efficace de ce roman. Et si Lois Lowry nous lit un jour : une suite, une suite !

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Humains

HumainsA peine arrivé en librairie, Humains fait déjà beaucoup parler de lui. Gros succès aux Royaume-Unis et en Allemagne, c’est au tour de la France de découvrir le talent narratif de Matt Haig.

Le nom de l’auteur vous dit peut-être quelque chose ? C’est normal. Matt Haig a précédemment écrit le roman Les Radley (Le livre de Poche) ou encore l’ouvrage jeunesse La forêt interdite (Bayard Jeunesse). Il a également écrit pour des journaux tels que The Guardian, The Face, ou encore The Sidney Morning.

Il s’agit de son tout premier roman à destination des adolescents à paraître en France, mais Humains ne se cantonne pas uniquement à ce lectorat…

Un mathématicien d’Oxford remplacé par un mystérieux extraterrestre

Le professeur Andrew Martin est sans conteste le mathématicien le plus brillant du monde, mais personne ne le saura jamais. En effet, à peine a-t-il résolu la plus grande énigme mathématique du siècle qu’il a été supprimé et remplacé par un extraterrestre.

Humains formule zêta Riemann

Ce Graal des mathématiques, c’est l’Hypothèse de Riemann, une conjecture qui permettrait de trouver une suite logique aux nombres premiers. Et alors me direz-vous ? Et alors cela changerai le monde pour toujours, et l’extraterrestre le sait. Supers-ordinateurs, voyages dans l’espace… l’humanité possèderait alors un pouvoir qui la dépasse.

Aussi a-t-il pour mission d’éliminer toutes les personnes qui savent ou soupçonnent ce qu’à découvert Andrew Martin… L’humanité ne doit pas savoir, elle n’est pas prête et elle dangereuse pour elle-même.

Humains VOLes humains sont étranges, illogiques, déconcertants… mais attachants

Notre extraterrestre narrateur conte ainsi ses nombreux déboires en tant qu’apprenti humain. Il commence fort en se passant de vêtements, la pudeur étant pour lui un concept complètement étranger. Son incompréhension de notre monde est d’une logique implacable quand on se met de son point de vue… mais il passe surtout pour un fou aux yeux des autres.

La tâche d’éliminer les humains au courant de la prouesse mathématique d’Andrew Martin va être plus dure à accomplir que prévu. Entre son mariage avec une humaine qui voit sa vie de couple s’effondrer depuis des années et un fils complètement étranger… la mission s’avère corsée. Et d’autant plus que depuis qu’il a couru nu sur le gazon, il est presque prêt pour entrer dans une maison de fous…

Maladresses, incompréhension, bourdes, échanges sociaux ratés, notre hôte lointain est loin de faire illusion auprès des humains, mais ses pouvoirs de persuasion vont lui permettre de mener à bien sa mission. Et pourtant, malgré l’absurdité de notre existence, ce dernier commence peu à peu à trouver les humains moins laids, et même à apprécier certaines de leurs créations telles que la musique ou les poèmes d’Emily Dickinson. Par contre, il est consterné de découvrir notre journal du 20h00 qu’il appelle « Le journal de la guerre et de l’argent »… en même temps, il n’a pas tort.

Humains couverture allemande« Léonard de Vinci n’était pas des vôtres. Il était des nôtres. »

Le gros point fort de ce roman pour le moins atypique, c’est son écriture, et surtout le point de vue à partir duquel c’est écrit. Matt Haig a réussi le joli tour de force de décrire la nature humaine sans artifices et avec une énorme dose d’humour. C’est de l’humour en barre face au sérieux déconcertant de notre narrateur. Il est drôle malgré lui, et pour notre bonheur de lecteur, il ne s’améliore guère dans la compréhension de notre espèce mortelle et ennuyeuse.

« Space Oddity, de David Bowie, ne t’apprend rien sur l’espace, mais ses motifs musicaux sont très plaisants pour l’oreille. »

« Ton espèce compte beaucoup d’idiots. Beaucoup, beaucoup. Tu n’en fais pas partie. Ne lâche pas le terrain. »

Des citations du même genre, vous en trouverez des centaines, toutes plus drôles les une que les autres ! On appréciera particulièrement le moment de terreur absolue que ressent notre extraterrestre face à la fameuse formule mathématique résolue.

Le passage où il donne un cours magistral (et magistral) sur l’équation de Drake (elle permet de calculer les probabilités que l’humanité a de rencontrer un jour une forme de vie extraterrestre intelligente avec laquelle elle pourra entrer en contact). Cette scène est excellente et permet de nous initier aux sciences actuelles avec passion !

En somme, que vous aimiez les sciences ou non, Humains saura vous intéresser par son intrigue efficace. Les situations grotesques et/ou cocasses s’enchaînent et ne se ressemblent pas ! A lire pour rire de nous, de nos problèmes d’humains, mais également pour s’émerveiller de ce que nous sommes et de e qu’il nous reste encore à découvrir… Alors levons la tête vers les étoiles et rêvons…

Humains équation de Drake artist view

Chronique : Zombie Ball

Zombie BallUn roman pour devenir vegan… à vie !

Dernier roman en date de l’auteur prodige Paolo Bacigalupi, Zombie Ball est un petit inclassable qui se positionne entre humour et morts-vivants. L’auteur est déjà connu pour ses précédents ouvrages, dont une bonne partie est  déjà dans les classiques de la sf et du fantastique. On doit notamment à l’auteur américain La fille automate  et la série en deux tomes Ferrailleurs des mers (Prix Locus du meilleur roman pour jeunes adultes en 2011).

Paru aux États-Unis sous le nom Zombie Baseball Beatdown, cette nouveauté n’est pas clairement estampillée ado ou adulte ; et pour cause… il n’est pas si évident que cela à cataloguer !

Tu aimes le baseball ? Tu aimes Left 4 dead ? Ce livre est pour toi.

Tout débute dans une petite ville des États-Unis où est implantée l’immense usine agro-alimentaire Milrow. Elle fait vivre un nombre conséquent de personne aux alentours, mais a l’énorme désavantage de puer à des centaines de mètres à la ronde… Et pour cause, l’usine possède des milliers de vaches entassées dans des corrals : engraissées, mal traitées et vite dépecées, les bêtes vivent dans des conditions épouvantables avant de tomber dans les assiettes des citoyens américains.

C’est dans la ville où se trouve l’usine Milrow que vit Rabi, un jeune américain d’origine indienne : c’est lui qui nous conte son histoire. Ce dernier est fou de statistiques : il peut vous sortir le pourcentage de chances qu’a un joueur de faire un home run. Malheureusement, Rabi a beau être bon en statistiques prévisionnelles concernant n’importe quel match, il est loin d’être excellent en tant que joueur de baseball. C’est ainsi qu’il va contribuer à une énième défaite de son équipe… l’ambiance est électrique à la fin du match, et leur entraineur tyrannique Mr Cocoran ne va rien faire pour arranger le tout.

Mais Rabi est loin de ce douter que quelques heures plus tard il sera en train d’user de sa batte sur la face de son cher entraineur…

Zombie Baseball BeatdownLeçon n°1 : Les vaches zombies ne sont pas comestibles

Une odeur épouvantable ayant pour épicentre l’usine Milrow s’étend autour de la ville. Personne ne sait ce qu’il se passe, mais d’étranges voitures circulent dans la ville. En parallèle à cet événement, Miguel – le meilleur ami de Rabi – vient de vivre un drame : son oncle et sa tante viennent d’être arrêtés par le service d’immigration des États-Unis. Ils vont être raccompagnés à la frontière mexicaine. Miguel ne peut s’empêcher de penser que l’usine est pour quelque chose dans le délitement de sa famille : tous travaillaient chez Milgrow avant que l’Immigration ne vienne les chercher. Qu’a donc à cacher l’usine pour dénoncer ainsi ses travailleurs en situation illégale ? Quelque chose d’encore plus illégal ?

La piste se précise quand les deux adolescents tombent sur Mr Cocoran se précipitant sur Rabi pour lui manger la cervelle… Leur entraîneur travaillait chez Milrow avant d’être un zombi : une chose est sûre, ça vient de ce qu’ils donnent aux vaches pour les faires grossir encore plus vite… L’oncle de Miguel leur en avait parlé la veille avant d’être arrêté :

« Ils inventent de nouveaux médicaments pour que la viande ait meilleur goût, pour que les vaches soient plus grasses, et ces médicaments… ces trucs qu’ils leur refilent… ça rend les vaches bizarres. Les animaux ne se comportent pas normalement, leur viande ne sent pas bon et, quand on les découpe, ils ne saignent pas et ne meurent pas comme ils devraient… »

Du baseball et des zombis à foison

Une chose est certaine, Paolo Bacigalupi a du s’amuser comme un fou à écrire ce livre. Complètement barré, à la fois drôle et très sérieux sur le fond (l’élevage de masse et ses nombreuses dérives) ce roman revêt une couche de saleté urbaine bien particulière. On se complaît dans les descriptions glauques de l’usine Milrow, de ses combines pour vendre plus et rentabiliser encore mieux ses produits écœurants vendus comme étant naturels.

On adorera les nombreuses confrontations avec les zombis auxquelles ont droit Rabi, Joe et Miguel. Les dernières pages du roman nous faisant d’ailleurs assister à un magnifique match de baseball humain vs zombies. Bref, c’est un festival de zombies dans tous les sens !

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Si vous aimez les romans où l’on rit de voir des passages gores et des scènes totalement improbables, vous êtes au bon endroit. Le but n’est pas d’être absolument crédible en tout, mais de divertir avec des vaches zombies, des steaks zombies et… des têtes de vaches zombies ! Sans oublier les nombreux humains transformés en non-morts…

A lire pour s’éclater au moins autant que les personnages de ce roman à l’ambiance si particulière. Dès 14-15 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Si vous avez aimé, alors essayez :

un blog trop mortel

Chronique Jeunesse : Super Louis et l’île aux 40 crânes

Super Louis et l'île aux 40 crânesPour ceux qui aiment les histoires de bandits, de piratesses et d’îles étranges truffées de têtes de morts !

Nouveau roman dans la collection créative Pépix de Sarbacane, Super Louis et l’île aux 40 crânes est écrit par Florence Hinckel.

L’auteur est connue en littérature jeunesse pour nombre de ses ouvrages : Le Chat Pitre (Nathan), Théa pour l’éternité (Syros), Mémoire en mi (Mini Syros Soon), Quatre fille et quatre garçons (Talents Hauts)… L’année 2014 est très prolifique pour elle avec quatre romans à son actif !

Les illustrations sont réalisées par Anne Montel, elle travaille régulièrement pour la presse. Sa dernière parution est la bande-dessinée jeunesse réalisée avec Loïc Clément : Le temps des mitaines (Didier Jeunesse). On reconnaît aisément son trait doux aux couleurs pastels.

Jeune homme le jour, super-héros la nuit… voici Super Louis !

Louis est un garçon quasiment comme les autres, hormis le fait qu’il a une imagination débordante qui lui permet « d’écrabouiller les méchants » durant la nuit.

Le jeune homme vit donc son quotidien le plus normalement possible, ainsi y a-t-il dans sa classe la jeune demoiselle un peu rebelle prénommée Vanessa, la brute surnommée Brutus par Louis (au bon fond, mais on ne le sait qu’un peu plus tard) ainsi que ses sbires… Mais les préjugés de chacun vont avoir le cou tordu lorsqu’un bandit va interrompre un crucial combat de toupies et enlever les enfants pour les emmener sur l’île aux 40 crânes… il va leur falloir se serrer les coudes !

Moins mémorable que les précédents ouvrages de la collection

Comme habituellement dans la collection Pépix, le récit est entrecoupé de chapitres bonus tels que : « comment survivre quand ta grande sœur t’enferme dans les toilettes pas allumées » ou « comment confectionner un radeau quand on n’a pas de hache pour couper du bois et qu’on est pas en Amazonie et que donc y a pas de liane ».

Mais ce récit pour la jeunesse a beau réunir des codes qui fonctionnent auprès d’un jeune lectorat, j’ai trouvé ce roman beaucoup moins original et prenant que ceux qui composent la collection Pépix.

Il y a effectivement de l’aventure, mais le piquant et l’originalité n’y sont pas présents comme on aurait pu s’y attendre. En effet, hormis l’enlèvement et la brève rencontre avec la piratesse (dont on aurait aimé connaître plus amplement l’histoire), le récit manque d’un je-ne-sais-quoi qui l’aurait rendu plus fun, plus captivant.

L’histoire est certes là, mais pas assez développée pour devenir réellement séduisante, comme si elle avait été tronquée, on a l’impression que le récit ne nous est pas entièrement narré. C’est dommage car la lecture donne ainsi une impression de manque jusqu’à la fin. On ne rentre pas franchement dedans, et une fois terminé,  on commençait à peine à entrer dans le vif du sujet…

Il y a cependant un réel travail d’écriture : Florence Hinckel joue sur les expressions françaises en les écrivant comme un enfant pourrait les comprendre : un « préambule » devient un « pré en bulle », une « précaution » se transforme en « prêt de caution » ou encore « illico presto » en « Hélico pesto » ! Cette facette du roman le rend agréable à lire.

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Sympathique donc, mais pas indispensable : Super Louis et l’île aux 40 crânes est un roman adapté aux enfants dès l’âge de 9 ans. Quoi qu’il en soit, les illustrations d’Anne Montel sont très belles et donnent vie au récit de façon charmante.

Ceux aimant les histoires courtes, les bandits et l’héroïsme devraient toutefois trouver de quoi se divertir. Affaire à suivre avec une possible suite, le roman se concluant de façon très surprenante !

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TRANCHE d´ÂGE :