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Chronique roman jeunesse : Violette Hurlevent – Tome 1 – Violette Hurlevent et le jardin sauvage

Paru en 2019 aux éditions Sarbacane, Violette Hurlevent est un beau petit pavé de plus de quatre-cent pages qui nous plonge dans un univers onirique. Pas toujours facile d’accès, mais très beau, Violette Hurlevent s’adresse aussi bien aux adultes qu’à un public plus « jeunesse ».
Il s’agit du premier ouvrage créé conjointement par Paul Martin et J-B Bourgois, et il est de toute beauté.

Si vous souhaitez voir l’article de la soirée de lancement de l’ouvrage, c’est par ici ! Vous pourrez y découvrir les magnifiques travaux préparatoires des auteurs, ainsi que leurs magnifiques carnets de croquis !

Dans un jardin aux propriétés magiques pour fuir la dureté du quotidien

La jeune Violette Hurlevent vit dans une maison dotée d’un grand jardin. Un immense jardin. Tellement grand qu’il est un monde à lui tout seul… Et une fois qu’elle va y plonger, c’est une quête gigantesque qui va tomber sur ses frêles épaules…

Une quête aux allures de légende.

Un roman dense et beau qui est cependant difficile à classer

J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce roman atypique tant par son fond que par sa forme. Les auteurs puisent dans quantité d’œuvres de tous types et de tous genres, c’est un plaisir de repérer les nombreux clin-d’oeil. Princesse Mononoké, Alice au pays des merveilles, Max et les Maximonstres, Les Hauts de… Hurlevent pour les plus évidents. Mais il y a encore quantité d’autres références faites tout au long de l’ouvrage…

L’histoire de Juliette et de son récit initiatique (pour fuir une dure réalité) est très belle. On plonge entre onirisme et fantastique en découvrant une mythologie créée de toutes pièces par les auteurs. Les créatures, les légendes, les lieux… tout est inventé par le duo d’auteurs, et c’est extrêmement dense.

Malgré cet univers riche et une histoire très belle, j’ai parfois eu du mal avec les aventure de la jeune Violette car on se perd parfois dans un trop-plein. Trop d’histoires gigognes (des histoires dans une histoire), trop de possibilités explorées mais pas toutes traitées à fond (et c’est normal, il y en a tant !), trop d’enchaînement d’aventures que ça en devient peu digeste… Le dernier tiers fut pour moi assez long à lire et je pense que l’histoire aurait gagné à être légèrement plus concentrée. Mais l’onirisme ne va pas sans une partie contemplative, c’est un difficile équilibre.

De plus, je me pose sincèrement la question du lectorat. C’est en effet lisible par de jeunes lecteurs, mais pas aussi jeunes que ce que souhaiterais l’éditeur. En effet, l’ouvrage est très hybride et il est difficile d’en déterminer vraiment la cible selon moi. En tant que libraire et lectrice, je le positionne pour les 12/13 ans minimum. Mais dans son aspect, il fait plus « jeunesse » et je pense qu’il peut y avoir confusion quant au lectorat qui pourrait faire penser que ce texte est accessible dès 10 ans par exemple.

C’est pourquoi je suis assez dubitative sur l’ouvrage en tant que libraire (pas en tant que lectrice !) : l’ouvrage fait trop jeunesse pour les lecteurs de 12/13 ans et il est trop complexe pour ceux qui auraient un intérêt pour le lire… Donc pour moi, il y a paradoxe.

Ainsi Violette Hurlevent est un très bel ouvrage à tous points de vue (fabrication, mise en page, texte, message…), mais il est parfois un peu difficile à appréhender. Et surtout, il n’est pas évident de cerner à qui il saura plaire car il y a un réel écart entre son esthétique et le public potentiel de l’ouvrage…


Pour moi, c’est l’ouvrage idéal à découvrir quand on est un adulte passionné par la culture jeunesse sous toutes ses formes.

Le second tome des aventures de Violette Hurlevent

Chronique : La société très secrète des sorcières extraordinaires

De la cosy fantasy urbaine à lire comme on savoure un bonbon… Une lecture, douce, rassurante et emplie de belles surprises !

Premier roman de l’autrice britannique Sangu Mandanna à paraître en France, l’ouvrage La société très secrète des sorcières extraordinaire fut un véritable phénomène éditorial. Outre-Manche, l’ouvrage a bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille… alors autant dire qu’il était extrêmement attendu en France ! Alors, quand Lumen a annoncé avoir acquis les droits de l’ouvrage, l’engouement était déjà là. Le roman vient de paraître en librairie le 24 août 2023. Alors, est-ce le régal littéraire promis ? Pour moi, oui.

Une fiche de poste intrigante…

Quand Mika Moon reçoit en MP sur les réseaux sociaux une offre de poste étrange, elle se dit qu’elle a affaire à quelqu’un d’un peu frappé. En effet, son interlocuteur lui fait savoir qu’il recherche désespérément une sorcière pour quelques mois, sans en dire beaucoup plus… Le souci, c’est que Mika est en effet une sorcière, mais que cela n’est pas censé se savoir.

Depuis des centaines d’années, les sorcières vivent isolées les unes des autres, leur concentration physique rendant la magie instable et dangereuse. Ainsi, Mika n’a aucun contact avec les autres sorcières en dehors d’un rendez-vous trimestriel très formel. Mais l’existence des sorcières est un secret bien gardé… Alors comment la jeune femme va-t-elle réagir à l’étrange proposition de travail aux conditions mystérieuses ?

Un livre doudou à savourer

Vous avez le cafard ? Vous avez envie de magie mais pas de grandes intrigues où les machinations vont bon train et où il faut dresser l’arbre généalogique de chaque personnage ? Ce roman est fait pour vous. Il mélange à la perfection univers réaliste teinté de magie, le tout dans une ambiance extrêmement rassurante.

Vous verrez, le lieu où va se rendre Mika se nomme la Maison de Nulle-part. Et vous voudrez vous-même vous trouver un cocon à l’image de cette demeure aux allures de chalet caché par la végétation et la magie. Tout n’est que douceur dans cette lecture, même quand on parle menace de mort et accueil glacial. Même quand l’héroïne ne sait plus où elle en est, ni quoi faire de sa vie. Même quand on la sent au bord du désespoir tant sa solitude a toujours été grande… Il y a toujours un petit quelque chose qui la fait tenir, et nous, l’aimer encore plus.

Les personnages sont une petite dizaine, et tous, sans exception ont un trait de caractère attachant si ce n’est plus. J’avoue avoir un faible pour Ian et son exubérance vestimentaire (entre autres) et évidement une énorme prédilection pour le personnage le plus torturé et le plus charmant de la Maison de Nulle-part : Jamie.

Mais outre les personnages, l’autrice a réussi à créer un univers paradoxal car à la fois étrange et rassurant. Vous découvrirez l’art de recueillir de la poussière d’étoile pour faire un thé réconfortant ou encore comment maîtriser l’art du voyage par raccourci magique ! Dans cette intrigue douce, tout fonctionne : on s’y sent bien, dorloté, comme Mika qui commence peu à peu à trouver ses marques. Les quatre-cent pages que constituent le roman défilent à une vitesse folle, et c’est bien là le seul défaut du roman !

Quitter les personnages et cet univers si doux et rassurant est un crève-cœur. D’autant que certaines relations entre plusieurs personnages sont magnifiquement dépeintes, notamment ce que va peu à peu ressentir Mika pour ses trois petites protégées. Dire que l’une d’elle élaborait des projets de meurtres au début du roman !

Ainsi, ce roman est dans la plus pure essence d’un genre qui se développe depuis quelque temps dans le monde de l’imaginaire anglo-saxon : la cosy fantasy. On y retrouve des liens sociaux forts, loin des grandes intrigues qui bouleversent le monde. Nous sommes dans un microcosme rassurant, avec ses problématiques à échelle humaine, ce qui le rend doux et malléable. Si vous avez envie de douceur, c’est donc le roman parfait pour l’automne à venir… Belle et douce lecture à vous… Dès 16 ans (juste à cause d’une seule scène spicy, pas le choix !).

Chronique : Karasu Kids – Tomes 1, 2, 3

Une série de romans pour la jeunesse qui se propose de faire découvrir le Japon autrement

La série des Karasu Kids est parue chez Larousse en juin 2022. Son but ? Faire découvrir la culture nippone aux plus jeunes au travers des aventures d’un groupe d’enfants. Cela commence comme une enquête et se transforme en quête pour empêcher l’éveil de monstres mythiques et millénaires…

Aymeric Jeanson est l’auteur de cette petite série de romans. Il également éditeur et se passionne également pour la bd, ce qui explique les quelques planches de type manga que l’on retrouve dans les romans Karasu Kids.

Auren, l’illustrateur, est nourri depuis toujours par la pop culture japonaise, et cela se voit dans son œuvre. C’est lui qui a créé tout l’univers graphique des Karasu Kids.

Tout commence à Hokkaido

Bienvenue sur l’île d’Hokkaido, où vont se dérouler d’étranges événements qui vont bouleverser la vie de quatre enfants. Mais au début de cette histoire, ils ne se connaissent pas vraiment, et pour d’autres ne s’apprécient guère. Mais par la force des choses, la petite équipe va devenir Les Karasu Kids, un quatuor d’enfants qui vont tenter de sauver la vie qu’ils connaissent. En effet, des esprits ancestraux sont à l’œuvre, et ils sont fort mécontents. Ce que l’on pense être une catastrophe écologique est en réalité la manifestation de ces créatures millénaires. C’est là qu’interviennent les Karasu Kids !

Une lecture qui m’a peu emballée

J’ai lu premier tome de la saga avec une légère curiosité, mais je demandais clairement à être convaincue. Moi qui adore le Japon et sa culture et qui suis libraire jeunesse, cette série avait tout sur le papier pour m’emballer. Et pourtant, ça n’a pas pris. J’ai insisté en lisant entièrement le second tome, qui ne m’a pas plus séduite. J’ai alors entamé le troisième opus, et me suis arrêtée au premier tiers du roman : à quoi bon acharner si l’on n’aime pas ?

Mais alors, qu’est-ce qui pour moi a pêché dans cette nouvelle série de romans ? J’ai du mal à le définir précisément. Il y a de l’aventure, on en apprend (un peu) sur le Japon et sa culture, en particulier sur ses mythes et créatures issues de l’imaginaire. Les chapitres sont courts, il y a quelques illustrations, ce qui est parfait pour les 9/10 ans.

J’ai eu un mal fou à m’attacher aux personnages et à les apprécier, d’ailleurs je n’ai jamais vraiment réussit, sinon je n’aurais pas abandonné ce troisième tome. J’ai trouvé leurs dialogues parfois trop « scolaires », répondants à une problématique, mais sans qu’on croie en l’existence de ces personnages. En un mot, pour moi, ils manquaient d’âme. C’est d’autant plus dommage quand on voit que le duo qui a créé la série et passionnée par le Japon. Mais pour moi, il manque un liant, un élément qui aurait fait basculer l’histoire vers quelque chose de plus vivant, plus entrainant.

L’idée d’insérer quelques pages de type manga dans les romans est très sympathique, à tel point que je trouve dommage qu’il n’y ait pas eu plus de planches. On en retrouve entre six et sept par roman alors que ça aurait pu être un vrai argument si il y en avait eu plus.

L’une des choses qui m’a plus cependant, c’est ce mélange entre fantastique et écologie. Je m’explique, les créatures ancestrales qui sont réveillées le sont par des perturbations d’ordre écologique. Ainsi, Les Karasu Kids deviennent des protecteurs de l’environnement en luttant contre les méfaits de ces créatures (qui ne sont pas nécessairement mauvaises et qui subissent l’activité humaine). Cet aspect de la série et bien amené et m’a bien plu.

Ainsi, je ne saurais pas dire exactement ce qui m’a déplu personnellement dans cette saga, mais elle est pour moi totalement dispensable. Cela ne remet pas en question le travail et la passion des auteurs pour le Japon, bien entendu. C’est simplement que je n’y ait pas trouvé mon compte et que je trouve qu’il y a mieux pour cette tranche d’âge. sur la même thématique : Yôkai de Thibault Vermot chez Sarbacane, par exemple. Ou encore Le jeu d’Hiroki d’Eric Senabre chez Didier Jeunesse sont des romans parfaits pour découvrir de façon distrayante le Japon et sa culture incroyablement dense.

Chronique ado : La fiancée du dieu de la mer

La réécriture contemporaine d’un grand conte classique coréen !

Axie Oh est une autrice américaine d’origine coréenne, son roman La fiancée du dieu de la mer est le premier à paraître en France. Outre-Atlantique, son travail est très suivi, et d’autres de ses nouveautés arrivent très bientôt en France.

Un sacrifice à la place d’un autre…

Le dieu de la mer est courroucé, et cela dure depuis un siècle. Pour l’apaiser, chaque année les hommes livrent à la mer une fiancée pour le dieu, en espérant que l’une d’elle sera l’élue et saura calmer sa colère. Mais rien n’y fait… les inondations continuent, les récoltes sont gâchées, le peuple souffre…

Cette année, c’est la jeune, belle et talentueuse Cheong Shim qui a été choisie pour être offert au dieu de la mer. En échange de son sacrifice, les villageois prendrons soin de sa famille. Sauf que Cheong Shim en aime déjà un autre : Joon. C’est ainsi que Mina, la sœur de Joon se sacrifie de son plein gré à la place de sa future belle-sœur. Elle n’a pas d’autre choix selon elle de faire ce sacrifice pour sauver sa famille, son peuple, tout ce qu’elle aime.

Voici que Mina est transportée dans le monde des esprits, un univers proche du notre où dieux et esprits de côtoient. Mais son sacrifice ne semble pas avoir l’effet escompté… A elle de trouver comment prendre son destin en main et atteindre le dieu de la mer pour que les drames cessent dans le monde des hommes.

Magnifiquement onirique et doux, mais également rempli d’aventures !

Ce roman est le parfait équilibre entre la réécriture de contes et la lecture emplie d’action. Et quand l’éditeur Lumen dit qu’il rappelle Le Voyage de Chihiro, je suis parfaitement d’accord. Il y a des symboliques similaires, des éléments qui y font penser comme une évidence… mais non, ce n’est pas une copie du célèbre film Ghibli !

En effet, Axie Oh nous offre un conte à la chevauchée des genres : il y a de la poésie dans ses lignes, de l’action, de nombreuses révélations et une belle romance… Il y a tous les ingrédients d’un bon livre pour adolescent.es.

Une des choses que j’ai préféré dans ce livre, c’est l’hommage constant qui est fait aux anciens. Mina ne cesse de penser à ses ancêtres pour prendre des décisions, aider son entourage. Dans la réalité parallèle du dieu de la mer, elle découvre une chose aussi belle que touchante : les offrandes que les hommes font à leur ancêtres (souvent de l’encens et de la nourriture) arrivent dans le monde des esprit pour les nourrir. J’ai trouvé cela tellement beau de penser que nos ancêtres pouvaient être révérés de cette façon !

De même, autre élément primordial dans ce monde d’esprits, ce sont les dieux. Et certains sont bien loin de l’image idéalisée que les humains se font d’eux. Certains sont terriblement cruels, d’autres totalement égoïstes… Mina va découvrir que tout ce qu’elle pensait solide dans sa vie se délite peu à peu. C’est le second point fort de ce roman, outre son univers, il y a la crédibilité des personnages. La résilience de Mina est inspirante, mais elle n’est pas la seule à être très intéressante (Mask, un de mes personnages favoris !). Vous verrez !

Ainsi donc, ce texte, c’est une foule de détails entre tradition, symboliques fortes et romance moderne. Axie Oh a réussit à transformer un conte classique en roman ado parfaitement bien dosé qui fonctionne à merveille. Il plaira à celleux qui aiment les romances, la culture coréenne, les belles histoires aux images fortes. Vous verrez certaines scènes sont extrêmement touchantes, mais je ne puis en dire plus ici.
Espérons simplement qu’Axie Oh se lancera dans d’autres réécritures de contes !

AUTEUR :
GENRE : Corée, Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique ado : D’or et d’oreillers

Flore Vesco a encore frappé ! Après L’estrange Malaventure de Mirella, De cape et de mots et encore plein d’autres, la voici de retour pour un roman encore une fois génial. Plus mûr, plus réfléchis et tout simplement magnifique à découvrir, il nous parle de liberté, de recherche de soi, des premiers émois, d’exploration sensuelle et d’emprise. Et d’amour, sous quantité de formes… dont certaines terrifiantes.

Un mystérieux beau et riche parti cherche à l’amour…

Voici commence l’intrigue de ce roman, quand on découvre que le plus richissime des partis de la région cherche à prendre femme. Et immédiatement, c’est l’effervescence dans la maison Watkins. C’est dans cette demeure que vivent trois sœurs à marier avec leur mère… et donc trois chances de faire véritablement fortune !
Mais le lord qui cherche à se marier a une demande plutôt étrange… chaque postulante doit rester dormir une nuit, une seule dans son château. Pourquoi donc ? En voudrait-il à la vertu des demoiselles qui cherchent à le conquérir ? Ou est-ce autre chose ?

Mystérieux, gothique et passionnant

Dès les premières pages, j’ai adoré l’ambiance à la fois sombre et étrange de ce roman. On sent qu’il se passe des choses bizarres au domaine du beau et jeune Lord Handerson, mais impossible de savoir quoi ni d’en deviner la teneur… C’est ainsi qu’à travers les yeux de Sadima, une simple servante, on va peu à peu s’immiscer dans les quelques failles qui sévissent.

D’or et d’oreiller est un roman pour les adolescents atypique et fort plaisant qui saura charmer par différents aspects. Tout d’abord, comme toujours avec Flore Vesco, l’écriture est travaillée à l’extrême et pourtant d’une fluidité confondante. De plus, comme d’habitude elle s’amuse des mots avec quantité de palindromes, anagrammes et autres formules lettrées.

Autre trait particulier du roman, bien qu’il y ait uniquement des métaphores sur le sujet on parle par moment de plaisir. Sensuel, méconnu et presque interdit (pour l’époque où se déroule le roman) traite de masturbation féminine, de découverte du corps mais cela avec un « doigté » recherché et très imagé. Je trouve ça bien que le sujet soit évoqué car il est extrêmement rare de lire quoi que ce soit là-dessus dans la littérature ado. Encore une fois, quand c’est masculin en général c’est normal, mais la même chose au féminin n’est jamais mentionné ou même imaginable. Flores Vesco s’affranchit totalement de ce qu’on peut lire et ouvre sa propre voix/e et elle a bien raison.

Mais le plus plaisant selon moi, c’est la façon qu’on a de glisser du roman historique au gothique puis au fantastique qui est extrêmement réussie. Si vous arrivez à deviner ne serait-ce qu’un quart de l’intrigue, je vous tire mon chapeau. C’est tellement déstabilisant et inattendu que je ne vois pas comment vous pourriez trouver le pot aux roses !
Pour ce qui est de l’ambiance et du style, D’or et d’oreillers est à classer pile entre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brönte et Frankenstein de Mary Shelley. Il n’y a pas de monstre ni de fantôme, mais tout réside dans l’atmosphère et l’époque…

Ainsi, c’est encore une texte de très bonne facture que nous offre ce roman de l’autrice française. Pour le moment, je n’ai eu que des coups de cœur concernant ses écrits… C’est rare, aussi je vous conseille vivement de vous pencher aussi bien sur D’or et d’oreillers que sur le reste de ce qu’elle a écrit ! Belle découverte à vous. Dès 15 ans environ.

Chronique : Mexican Gothic

Ou comment faire monter la sauce à son apogée pour au final se retrouver avec une immense déception…

Si il y a bien un roman dont le marketing et le bouche à oreille fut réussi et développé, c’est bien Mexican Gothic. J’en ai énormément entendu parler sur les réseaux sociaux (bookstagram) et sur Goodreads, avec plus de 300.000 notes. Et pourtant, je devrais le savoir, ce n’est point gage de qualité… C’est donc avec enthousiasme et curiosité que j’ai tout laissé tomber pour découvrir Mexican Gothic.

Une incursion en terrain hostile

La jeune Noemí quitte le domaine familial, les bals et les flirts pour venir en aide à sa cousine. Cette dernière a récemment épousé un riche noble, mais semble avoir changé radicalement d’attitude. Les derniers courriers que la jeune femme et son père ont reçu étaient inquiétants. Tellement inquiétants que Noemí se précipite dans la nouvelle demeure de sa cousine, un bâtiment isolé aux allures sombres et terriblement hostile. A l’image de ses habitants…

Une pâle imitation Lovecraftienne…

Pour celleux qui aiment l’œuvre sombre et malsaine de Lovecraft, Mexican Gothic joue clairement sur ce tableau. On y retrouve la noirceur du maître de l’horreur ainsi qu’un chant lexical inhérent à son atmosphère… Cependant, Mexican Gothic est et restera selon moi une pâle imitation de ce qu’à fait Lovecraft. Ce roman aurait pu être un hommage, mais il n’a pas assez d’envergure ni d’originalité pour se détacher de l’univers Lovecraftien tout en s’en inspirant… Dans le même style, je vous conseille plutôt de lire l’excellent roman Lovecraft Country une ode extraordinaire à Lovecraft en pleine période ségrégationniste aux États-Unis.

Il est dommage que Mexican Gothic n’ait pas su jouer de ses atouts à la fois féministes et « exotiques ». En effet, l’autrice est d’origine mexicaine et se sert de sa culture pour développer des personnages originaux. Mais malheureusement, ils n’ont qu’un seul mérite, celui d’être rarement visibles dans le domaine de l’imaginaire, mais nous n’apprenons rien sur la culture mexicaine ni sur ses croyances. La narratrice et héroïne est donc bien mexicaine, mais cela n’apporte strictement rien à l’intrigue. Aucune spécificité, aucune connaissance particulière ne nous est offerte… elle aurait aussi bien pu être groenlandaise ou coréenne…

Et surtout, le dénouement de l’intrigue est franchement décevant. On voit venir de très loin les fils grossiers qui tissent cette histoire… elle aurait pu faire une bonne novella, mais de là à en faire un roman… Ce n’était pas nécessaire.

En somme, Mexican Gothic est une amère déception. On ne peux que saluer l’excellent travail marketing des éditeurs VO et VF autour de cet ouvrage. En effet, tout est fait pour donner envie, et ça fonctionne ! Malheureusement, tout ce battage n’est pas à la hauteur du contenu, qui ne contentera pas les gros lecteurs de SFFF.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La série Les vilains Disney par Serena Valentino

Une série de romans qui propose de découvrir l’histoire des méchants Disney. Car au début, ils n’étaient ceux que l’on connaît et avaient même de la bonté en eux… du moins pour certains…

Vous connaissez tous Maléfique, La Bête ou encore Ursula ? La série des Vilains se propose de découvrir le passé de chacun de ces méchants emblématiques des dessins animés Disney. La saga des Vilains est composée de six tomes distincts qui se concentrent chacun que un personnage. Mais il y a en plus un trio de sorcières qui lie le tout et dont vous ferez la connaissance…

La novellisation est assurée par l’autrice américaine Serena Valentino, qui a connu un succès fulgurant grâce à cette série.

Miroir Miroir : Tout débute avec l’histoire d’une fille de miroitier. Elle est belle mais semble l’ignorer, tant son père lui fait des réflexions acerbes et terribles sur son physique. Il la trouve laide, mais surtout, il lui en veut d’être née, sa femme étant morte en lui donnant naissance. Mais un jour, un roi envoûté par sa beauté va se marier avec elle. Ce roi a déjà une fille, d’une précédente union. Son prénom : Blanche. Elle est douce, belle et d’une gentillesse incroyable. La nouvelle reine l’aime instantanément et a enfin trouvé une famille aimante.
Mais alors qu’a-t-il bien pu se passer pour que tout se transforme en cauchemar ?

L’histoire de la Bête : Le prince qu’était avant la bête n’était pas une personne recommandable. Avec son meilleur ami Gaston, ils séduisent les belles jeunes femmes, adorent chasser et plient le monde à leur volonté. Alors, quand le prince décide qu’il est temps pour lui de se marier, il recherche une femme belle et sans répartie. En fait, il recherche une personne qu’il peut facilement maîtriser et qui a le moins de cervelle possible, un joli faire-valoir en somme. Il pense avoir trouvé l’amour, mais il n’est en réalité pas capable d’un tel sentiment tant il est égoïste. S’ensuit la malédiction que l’on connaît tous…

Maîtresse de tous maux : Maléfique est une sorcière, certes nous le savons tous. Mais ce que l’on sait moins c’est qu’elle est à l’origine une fée qui n’a jamais acceptée à cause de son apparence. Ses longues cornes ont toujours fait peur à ses semblables, de même que ses talents pour la magie dans tous les domaines. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas et, Maléfique est en effet totalement incomprise. Une seule personne avait confiance en sa capacité à faire le bien… mais ce n’était pas suffisant.

Des romans intrinsèquement liés

Même si chaque conte est indépendant, il y a un fil rouge dans ces six tomes en la personne des étranges sœurs. C’est à cause d’elles que les choses deviennent biscornues, malsaines, étranges… Elles poussent parfois seulement une pichenette pour faire basculer vers le mal nos vilains. Mais pour d’autres, elles se sont acharnées afin de les transformer en individus mauvais…

Ce fameux fil rouge n’empêche pas de lire le livre que l’on souhaite si l’on a pas envie de lire toute la saga. Personnellement j’ai commencé par L’histoire de la Bête (qui est le tome 2) car il n’est marqué nul part sur la couverture qu’il y a une tomaison. C’est sur l’un des rabats intérieurs que je m’en suis rendu compte. Ce n’est point grave, j’ai enchainé avec Miroir, Miroir, qui est le premier tome de la saga. Puis, n’ayant pas le tome trois, j’ai lu le quatrième volume, centré quant à lui sur Maléfice.

Et à chaque fois, on retrouve les étranges sœurs et leurs obscurs plans qui semblent remonter à des siècles. Je n’ai donc pas lu le troisième tome, qui se concentre sur le personnage d’Ursula, avide de pouvoir. Mais Serena Valentino a pensé à tout et fait une sorte de résumé de ce qu’il s’est passé dans le tome consacré à Maléfique. Car plus on avance, et plus les histoires se mêlent et les personnages se croisent. Ainsi le premier amour de la Bête, Circé, est également dans le troisième tome et citée régulièrement dans le quatrième.
Les passifs imaginés par l’autrice pour chacun des personnages fonctionnent assez bien. Elle se réapproprie les histoires Disney tout en conservant l’essence des histoires que l’on connaît. L’exercice ne doit pas être évident, mais elle y parvient assez bien je trouve.

Cependant, cela n’est pas suffisant, loin de là. J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser vraiment au destin de chaque personnage car même si l’autrice modifie les trames, ce sont des univers très (trop ?) familiers. Cela n’a pas été assez créatif pour moi, et j’avoue que les descriptions m’ont quelque peu lassée par moment, à tel point que je les sautait pour ne lire que les dialogues.

L’idée d’ajouter des personnages malfaisants récurrents qui tirent toutes les ficèles est excellente, mais peut-être n’aurait-il pas fallu faire un tome par personnage. Cela dilue beaucoup trop l’intrigue et donne un sentiment d’ennui assez vite présent. J’ai surtout au ça pour L’histoire de la Bête, qui est pour moi le moins bien réussit des trois que j’ai lu dans la série. Le meilleur étant pour moi l’histoire de Maléfique, car elle commence a regrouper tout ce qu’il s’est passé avant et faire des ponts intéressants avec les précédents tomes. Mais cela arrive trop tard…

Je comprends que d’un point de vue marketing on ait voulu faire un tome pour chaque conte, mais d’un point de vue narratif, c’est beaucoup trop long. Quel dommage, l’essence même de la série des Vilains est intéressante. Mais c’est beaucoup trop long à lire, il y a trop de descriptions inintéressantes et de passages totalement dispensables. C’est donc une saga qu’il faut réserver je pense aux fans absolus de l’univers Disney, ils seront peut-être moins déçus que ceux qui aiment de façon raisonnable l’univers.

Aparté : Mais pourquoi donc refaire la traduction ?

Je souhaitais revenir sur un point important, la traduction. Au début de la sortie de la série des Vilains, Hachette Romans avait fait le choix plutôt logique de reprendre les couvertures américaines (qui sont d’ailleurs les même dans presque tous les pays où ils ont été traduits). Elles sont très sombres, sobres, et on sait immédiatement de quoi ça parle. Mais au bout de quelques titres parus avec cet charte graphique sombre et minimaliste, Hachette Romans a décidé de changer la charte visuelle de la collection avec un graphisme beaucoup plus coloré, et je pense beaucoup plus adapté au public français. D’ailleurs, le succès fut au rendez-vous !

Mais pourquoi donc avoir au passage changé la traduction ? Les lecteurs français n’ont-ils pas le niveau pour comprendre certains mots de vocabulaire ? Faut-il que les choses soient faciles pour vendre mieux ?
La traduction initiale de L’histoire de la Bête est assurée par Caroline Minic, mais la nouvelle est Alice Gallori. Et l’on constate très rapidement la différence de vocabulaire. J’ai eu les deux versions dans ma bibliothèque, j’ai donc pu comparer.

Traduction de Caroline Minic : Chapitre II : La rebuffade.

« La Bête soupira lourdement et se laissa choir sur le banc en pierre, sous l’aile persécutrice des statue.« 
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« Alors que le carrosse de la princesse Tulipe Morningstar se rapprochait du château de son fiancé, la jeune femme fut éblouie par le paysage. Il n’y avait pas peinture plus belle au monde que celle de la demeure du Prince en en saison des frimas, cette grande bâtisse revêtue d’un épais manteau blanc et illuminée pour les lumières du solstice d’hiver. »

Traduction d’Alice Gallori : Chapitre II : Le refus.

« La Bête poussa un soupir et se laissa lourdement tomber sur un banc de pierre. »
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« Lorsque son carrosse s’engagea sur le pont menant au château, Tulipe Morningstar se dit que le palais de son fiancé était tout simplement exceptionnel. Le royaume de son père était remarquable, certes, mais il ne soutenait pas la comparaison avec celui du prince, surtout lorsqu’il était recouvert d’un manteau de neige étincelant et richement décoré pour le solstice. Les murs étaient inondés de lumière dans la sombre nuit d’hiver. »

Voilà qui donne déjà matière à constater la différence. Le mot rebuffade est-il trop complexe ? Cela fera-t-il fuir les lecteurs.ices potentiels ? De même que le verbe choir… trop difficile à comprendre ? Alors mettons tomber à la place. De même que le mot frimas a disparu dans la seconde traduction.

J’avoue ne comprendre cette simplification à l’extrême avec des mots basiques, et une absence de style. On voit même que certaines phrases sont tout bonnement supprimées pour simplifier le tout ! Pourquoi cette volonté de simplifier par l’éditeur ? Car il y a là une volonté éditoriale, ce n’est pas uniquement le fait de la traductrice. Je sais que je n’aurais pas la réponse à cette question, de même que je n’ai pas accès aux textes en langue originale pour comparer, mais je trouve décevant de niveler par le bas le vocabulaire… Et comme il s’agit de la même maison d’édition qui a simplifié le vocabulaire de la série Le Club des Cinq, je me dis qu’il y a ici un lien entre appauvrissement du niveau de vocabulaire et choix éditorial/mercantile. Après tout, le passé simple a quasiment disparu des romans jeunesse pour la même raison !

Si un texte est difficile à lire, on aura peut-être moins envie de lire la suite… alors pour vendre, il faut que ce soit facile, immédiat, quitte à dénaturer le texte original ? Question ouverte, mais vous connaissez déjà mon point de vue sur la question.

Chronique YA : Young blood

Une prestigieuse école d’élite pour vampires bien nés qui cache bien des secrets…

Young Blood est un roman YA fraichement sorti en librairie le 4 mai 2023 aux éditions Nathan. L’ouvrage est écrit par Sasha Laurens, dont c’est le premier ouvrage à paraître en France.

Bienvenue à Harcote School, où la crème de la crème vampirique se forme

Dans le monde imaginé par Sasha Lauren, il y a une chose importante et intéressante à savoir : il y a deux sortes de vampires. Ceux qui ont été transformés en vampire de façon « traditionnelle » telle qu’on la connaît dans la culture populaire, avec une bonne morsure. Et il y a les Youngblood, une nouvelle génération de vampires qui eux sont nés par voie naturelle, comme les humains. Ils sont rares, mais assez nombreux pour intégrer une école regroupant des centaines d’élèves.

Les Youngblood sont ce qu’ont de plus précieux les vampires, la nouvelle génération vampirique, car il est presque impossible de boire du sang humain sans prendre de risque désormais. Depuis l’arrivée d’un virus mortel pour les vampires, le DFC (Dysfonctionnement des facteurs de la coagulation) qui tue les vampires sans possibilité d’y réchapper. C’est ainsi que le sang synthétique nommé Héma est arrivé sur le marché, créé par une grande entreprise vampirique, CasTech.

La grande différence entre les Youngblood et les vampires d’avant, c’est qu’ils grandissent, passent par l’enfance puis l’adolescence avant de devenir adultes et de ne plus vieillir. Ils sont immortels, tout comme les autres vampires.

C’est dans ce monde difficile que vit la jeune Kat, une Youngblood qui est très loin de faire partie de l’élite. Elle est certes une vampire, mais elle travaille pour se payer à elle et à sa mère des doses d’héma (sang synthétique garanti sang DFC). Mais l’héma est de plus en plus cher et elle a de plus en plus de mal à s’en sortir. Sa seule échappatoire, obtenir une bourse dans la prestigieuse école vampirique Harcote School. Et chose incroyable, elle va la décrocher, et y aller, même si ça mère refuse catégoriquement qu’elle se mélange avec l’élite vampirique pour d’obscures raisons.

C’est ainsi que Kat va découvrir le monde des riches vampires, la démesure, la haine, les préjugés… et son ex-meilleure amie à qui elle n’a plus reparlé depuis des années.

Un univers bien pensé et intéressant, mais…

Le plus réussit dans ce roman pour les 14/15 ans, c’est la réflexion économique et sociétale que l’autrice a su créer au travers de son univers. Même si cela reste assez facile et manichéen, elle a au moins le mérite de s’attaquer à des sujets de fonds qui font ce que sont les États-Unis aujourd’hui. Il vous suffit de remplacer l’héma de son roman vampirique par n’importe quel produit pharmaceutique pour comprendre qu’elle dénonce l’accès inégalitaire à tous aux soins.

Pour ce qui est de l’intrigue en elle-même, j’étais assez emballée au début, mais plus l’histoire avance et plus on sait déjà ce qu’il va se passer. Ce n’est pas cousu de fil blanc, mais pas loin. Comme il y a assez peu de personnages, on sait assez vite qui rempli tel rôle et qui se cache derrière certains mystères. C’est dommage, cela dessert le propos intelligent du roman derrière une couche de vernis assez manichéenne.

Autre point intéressant mais pas assez bien exploité pour moi : il y a des personnages LGBTQIA+, mais ils donnent l’impression d’être là pour mettre en avant un mouvement qui a le vent en poupe dans les romans plus que par envie de normaliser les couples lesbiens ou gays. C’est dommage car il y avait de quoi faire quelque chose de bien plus percutant sans tomber dans cet écueil.

En somme, l’univers de Young Blood est intéressant, mais sa construction, son intrigue et ses personnages n’arrivent pas à sortir d’un schéma narratif déjà vu et revu. Cela n’est pas gênant quand les personnages ont de la profondeur, mais ici, ce n’est pas le cas. L’essai n’est donc pas transformé, c’est du déjà lu…

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Chronique ado : Mon beau grimoire

Il ne fait pas bon harceler une jeune fille qui n’a rien à perdre… surtout quand elle décide de se lancer dans la magie noire pour se venger…

Chrysostome Gourio est un auteur français qui écrit pour la jeunesse et les ados mais aussi les adultes. On lui doit notamment Rufus le fantôme (Sarbacane, Pépix), Wilma la vampire (Sarbacane, Pépix) ou encore La brigade des chasseurs d’ombres (Sarbacane, Exprim’). Mon beau grimoire est paru en 2021 dans la très bonne collection d’horreur pour les 14 ans et plus chez Casterman : Hanté.

Les trois K, ou l’horreur du harcèlement personnifiée

La jeune Perséphone a un lieu d’habitation peu commun, sa maison est au beau milieu d’un cimetierre. A cause de cela seulement, elle est harcelée. Certains de ses camarades la prénomment « la sorcière », lui jettent des mots atroces à la figure. Perséphone n’en peut plus d’être une victime. Alors quand on lui propose de devenir actrice de son destin et de se venger par le biais de la magie noire, elle n’hésite pas. Quel qu’en soit le prix. Et il est terriblement lourd…

Parfait pour qui aime les histoires qui finissent mal

Vous aimez les fins pas toutes roses ? Les héros et antihéros qui en bavent ? Les contes de la crypte font partie de vos pulps préférés ? Mon beau grimoire est fait pour vous. Il y a une telle violence latente dans ce roman que ça en fait peur… ça tombe plutôt bien puisque qu’on est dans une collection horrifique !

Le format très court de la collection Hanté fait encore une fois preuve d’efficacité. C’est rapide, terrible et conclu avec une efficacité redoutable. D’autant que l’auteur adore tout ce qui touche à la mort et à ses archétypes. Il a déjà mis en scène (pour des lecteurs beaucoup plus jeunes) quantité de personnages qui vont de pair avec les ténèbres… Mais ici, on s’adresse à des 14 ans et plus et ça se voit !

C’est sombre, glauque et il est difficile de définir une frontière nette entre le bien et le mal. Perséphone souffre, c’est indiscutable, mais cela lui donne-t-il le droit de faire souffrir ? Là est toute la question ! A réserver aux fans d’histoires horribles dignes des meilleurs Chair de poule, le contenu sensible en plus.

Chronique jeunesse : David Eliot – intégrale des deux tomes

Écrit neuf ans avant Harry Potter, cette duologie recèle tous les ingrédients qui ont très certainement inspiré J.K. Rowling pour les aventures de son célèbre jeune sorcier ! Un classique moins connu que Harry Potter à découvrir, plus sombre, plus osé et très créatif… découvrez les aventures de David Eliot !

Anthony Horrowitz est un auteur anglais à l’œuvre très importante. Ses ouvrages sont très régulièrement prescrits dans les écoles : L’île du crâne, La photo qui tue ou encore Le faucon malté étant devenus des classiques.

Pour ce qui est de L’île du crâne, il s’agit du premier tome de la série des David Eliot, qui en comprend deux au total. Cette courte série mélange magie noire, école aux moeurs étranges et professeurs qui le sont tout autant…

Encore renvoyé !

Le jeune David Eliot n’est pas dans une bonne situation quand nous faisons sa connaissance dans le premier tome. Il vient tout juste d’être renvoyé de sa dernière école en date, ses parents ne savent plus quoi faire de lui… Mais ils viennent de recevoir une mystérieuse lettre provenant d’une école dont ils n’ont jamais entendu l’existence : Groosham Grange. L’établissement se propose de prendre David comme élève, le tout avec des cours adaptés à un élève aussi indomptable et difficile que lui. Ainsi commence l’étrange aventure de David Eliot, septième fils d’un septième fils…

Entre similitudes et originalité

Quand j’ai lu les deux tomes de la série David Eliot, je n’ai pas pu m’empêcher de relever les très nombreuses similitudes entre ces romans et l’univers de Harry Potter. On ne peux pas parler de copie, ni d’hommage mais il est certain que J.K. Rowling a lu les romans d’Anthony Horrowitz.

Comment expliquer sinon cette école étrange et isolée qui donne des cours très mystérieux ? Voici une petite liste non exhaustive de tout ce que j’ai vu de similaire entre les deux univers, tout en sachant que les David Heliot sont paru neuf ans avant le premier tome de Harry Potter

  • Une lettre mystérieuse qui arrive de l’école
  • Un établissement étrange et isolé de tout et invisible de tous
  • Des parents atroces (oncle Vernon et tante Pétunia pour Potter)
  • Une tante qui se met à gonfler et grossir
  • Un professeur lycanthrope
  • Un membre du corps enseignant qui possède deux têtes pour un seul corps
  • Une plume pour écrire qui n’a pas besoin d’encre mais plutôt de sang
  • Un trio d’amis qui se serrent les coudes (une fille deux garçons)
  • Un système de point distingue les élèves pour leurs actions, comme avec les maisons chez Poudlard, mais à l’échelle individuelle.

Voilà pour les plus gros points communs entre les deux sagas. Lire David Eliot, c’est découvrir un univers bien plus sombre que celui de Harry Potter, mais aussi des personnages plus ambivalents et étranges. J’ai beaucoup aimé ce mystère qui plane autour de l’école tout au long du roman. Même si l’on se doute de quoi il est question, ce n’est que dans les vingt dernières pages que le héros découvre ce qu’est exactement Groosham Grange et ce qu’on y apprend réellement.

Dans le second tome, David est pleinement intégré et fait même partie des meilleurs élèves de l’établissement. Bientôt, nous saurons qui remportera le Graal Maudit, la plus haute distinction de l’école. Mais quelque chose se trame et tente de faire saboter la remise du prix….

J’ai énormément aimé l’esprit de cette série fantastique. Elle est vraiment sombre et ose des choses que je n’aurais pas cru lire en jeunesse que ce soit dans l’intrigue ou les dialogues. C’est savoureux d’humour noir, l’intrigue est bien construite et surtout l’ambiance est parfaite ! Très inquiétante dans le premier tome, elle réussit à changer peu à peu, se réchauffe tout en gardant une part menaçante… Impossible à décrire, mais c’est savoureux !

Je ne puis que vous conseiller de découvrir cette courte série pour quantité de raisons. Vous aurez à découvrir un imaginaire atypique et bien dosé qui sait appuyer sur la fibre effrayante quand il le faut. Les dialogues sont excellents, la dynamique de l’histoire parfaite pour que ça se dévore… Et surtout, ça étoffe la culture générale et fait réfléchir aux sources (nombreuses) de l’inspiration de J.K. Rowling : Poudlard et Grossham Grange sont très certainement des établissements magiques cousins, l’un étant beaucoup plus tordu et étrange que l’autre, mais cousins tout de même. Dès 10 ans.