Chronique : Mexican Gothic

Ou comment faire monter la sauce à son apogée pour au final se retrouver avec une immense déception…

Si il y a bien un roman dont le marketing et le bouche à oreille fut réussi et développé, c’est bien Mexican Gothic. J’en ai énormément entendu parler sur les réseaux sociaux (bookstagram) et sur Goodreads, avec plus de 300.000 notes. Et pourtant, je devrais le savoir, ce n’est point gage de qualité… C’est donc avec enthousiasme et curiosité que j’ai tout laissé tomber pour découvrir Mexican Gothic.

Une incursion en terrain hostile

La jeune Noemí quitte le domaine familial, les bals et les flirts pour venir en aide à sa cousine. Cette dernière a récemment épousé un riche noble, mais semble avoir changé radicalement d’attitude. Les derniers courriers que la jeune femme et son père ont reçu étaient inquiétants. Tellement inquiétants que Noemí se précipite dans la nouvelle demeure de sa cousine, un bâtiment isolé aux allures sombres et terriblement hostile. A l’image de ses habitants…

Une pâle imitation Lovecraftienne…

Pour celleux qui aiment l’œuvre sombre et malsaine de Lovecraft, Mexican Gothic joue clairement sur ce tableau. On y retrouve la noirceur du maître de l’horreur ainsi qu’un chant lexical inhérent à son atmosphère… Cependant, Mexican Gothic est et restera selon moi une pâle imitation de ce qu’à fait Lovecraft. Ce roman aurait pu être un hommage, mais il n’a pas assez d’envergure ni d’originalité pour se détacher de l’univers Lovecraftien tout en s’en inspirant… Dans le même style, je vous conseille plutôt de lire l’excellent roman Lovecraft Country une ode extraordinaire à Lovecraft en pleine période ségrégationniste aux États-Unis.

Il est dommage que Mexican Gothic n’ait pas su jouer de ses atouts à la fois féministes et « exotiques ». En effet, l’autrice est d’origine mexicaine et se sert de sa culture pour développer des personnages originaux. Mais malheureusement, ils n’ont qu’un seul mérite, celui d’être rarement visibles dans le domaine de l’imaginaire, mais nous n’apprenons rien sur la culture mexicaine ni sur ses croyances. La narratrice et héroïne est donc bien mexicaine, mais cela n’apporte strictement rien à l’intrigue. Aucune spécificité, aucune connaissance particulière ne nous est offerte… elle aurait aussi bien pu être groenlandaise ou coréenne…

Et surtout, le dénouement de l’intrigue est franchement décevant. On voit venir de très loin les fils grossiers qui tissent cette histoire… elle aurait pu faire une bonne novella, mais de là à en faire un roman… Ce n’était pas nécessaire.

En somme, Mexican Gothic est une amère déception. On ne peux que saluer l’excellent travail marketing des éditeurs VO et VF autour de cet ouvrage. En effet, tout est fait pour donner envie, et ça fonctionne ! Malheureusement, tout ce battage n’est pas à la hauteur du contenu, qui ne contentera pas les gros lecteurs de SFFF.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

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