Chronique ado : D’or et d’oreillers

Flore Vesco a encore frappé ! Après L’estrange Malaventure de Mirella, De cape et de mots et encore plein d’autres, la voici de retour pour un roman encore une fois génial. Plus mûr, plus réfléchis et tout simplement magnifique à découvrir, il nous parle de liberté, de recherche de soi, des premiers émois, d’exploration sensuelle et d’emprise. Et d’amour, sous quantité de formes… dont certaines terrifiantes.

Un mystérieux beau et riche parti cherche à l’amour…

Voici commence l’intrigue de ce roman, quand on découvre que le plus richissime des partis de la région cherche à prendre femme. Et immédiatement, c’est l’effervescence dans la maison Watkins. C’est dans cette demeure que vivent trois sœurs à marier avec leur mère… et donc trois chances de faire véritablement fortune !
Mais le lord qui cherche à se marier a une demande plutôt étrange… chaque postulante doit rester dormir une nuit, une seule dans son château. Pourquoi donc ? En voudrait-il à la vertu des demoiselles qui cherchent à le conquérir ? Ou est-ce autre chose ?

Mystérieux, gothique et passionnant

Dès les premières pages, j’ai adoré l’ambiance à la fois sombre et étrange de ce roman. On sent qu’il se passe des choses bizarres au domaine du beau et jeune Lord Handerson, mais impossible de savoir quoi ni d’en deviner la teneur… C’est ainsi qu’à travers les yeux de Sadima, une simple servante, on va peu à peu s’immiscer dans les quelques failles qui sévissent.

D’or et d’oreiller est un roman pour les adolescents atypique et fort plaisant qui saura charmer par différents aspects. Tout d’abord, comme toujours avec Flore Vesco, l’écriture est travaillée à l’extrême et pourtant d’une fluidité confondante. De plus, comme d’habitude elle s’amuse des mots avec quantité de palindromes, anagrammes et autres formules lettrées.

Autre trait particulier du roman, bien qu’il y ait uniquement des métaphores sur le sujet on parle par moment de plaisir. Sensuel, méconnu et presque interdit (pour l’époque où se déroule le roman) traite de masturbation féminine, de découverte du corps mais cela avec un « doigté » recherché et très imagé. Je trouve ça bien que le sujet soit évoqué car il est extrêmement rare de lire quoi que ce soit là-dessus dans la littérature ado. Encore une fois, quand c’est masculin en général c’est normal, mais la même chose au féminin n’est jamais mentionné ou même imaginable. Flores Vesco s’affranchit totalement de ce qu’on peut lire et ouvre sa propre voix/e et elle a bien raison.

Mais le plus plaisant selon moi, c’est la façon qu’on a de glisser du roman historique au gothique puis au fantastique qui est extrêmement réussie. Si vous arrivez à deviner ne serait-ce qu’un quart de l’intrigue, je vous tire mon chapeau. C’est tellement déstabilisant et inattendu que je ne vois pas comment vous pourriez trouver le pot aux roses !
Pour ce qui est de l’ambiance et du style, D’or et d’oreillers est à classer pile entre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brönte et Frankenstein de Mary Shelley. Il n’y a pas de monstre ni de fantôme, mais tout réside dans l’atmosphère et l’époque…

Ainsi, c’est encore une texte de très bonne facture que nous offre ce roman de l’autrice française. Pour le moment, je n’ai eu que des coups de cœur concernant ses écrits… C’est rare, aussi je vous conseille vivement de vous pencher aussi bien sur D’or et d’oreillers que sur le reste de ce qu’elle a écrit ! Belle découverte à vous. Dès 15 ans environ.

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