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Chronique : Les nuages de Magellan

Un roman de science-fiction qui nous mène aux confins de l’espace au travers d’une intrigue mêlant piraterie et amitié inattendue 

Estelle Faye est une auteure française qui commence à avoir pas mal d’ouvrages à son actif. Elle s’est fait une spécialité d’écrire dans le domaine de l’imaginaire, que ce soit pour les adultes (Un éclat de givre, La voix des oracles…) ou les adolescents et la jeunesse (L’île au Manoir, Les nuages de Magellan…). Son œuvre est aussi atypique que très variée car elle touche à tous les genres (science-fiction, anticipation, Histoire…), ce que j’aime beaucoup.

Un vent de rébellion souffle sur la galaxie…

Le futur. L’homme a depuis longtemps colonisé d’autres planètes, la Terre elle-même appartenant aux légendes qu’on se raconte quand il se fait tard, au coin du feu ou entre deux verres. Maintenant, les planètes habitées par l’homme sont sous la coupe des Compagnies, de tentaculaires entreprises qui ont remplacé toute forme de gouvernement… 

C’est dans ce monde difficile pour les petites gens que vit la jeune Dan, serveuse (et chanteuse de blues à ses heures perdues) dans un bouiboui qui est son seul paysage depuis des années… La vie n’a pas été facile pour la jeune femme qui a déjà l’impression d’être enfermée dans sa vie. Mais un soir, après qu’une énième révolution ait échoué, elle décide de chanter une chanson en hommage aux rebelles qui sont tombés… Elle ne le sait pas encore, mais sa vie ca changer à tout jamais à cause de cet événement. Et si l’une de ses plus fidèles clientes, Mary Reed, pouvait l’aider à ses sortir de ce mauvais pas ? C’est le début d’un voyage inattendu. 

Un roman d’aventure qui tient ses promesses  

Mêlant aventure et sf avec pas mal de piraterie, la sauce prend assez vite dans ce roman vif, contenant peu de temps morts. Une bonne dose d’humour, des personnages attachants en très peu de lignes, Estelle Faye sait y faire quand il s’agit de créer un nouvel univers et des personnages charismatiques. On est tout de suite embarqués ! 

L’ambiance de ce roman m’a fait d’ailleurs pensé à l’un des mes dessins-animés préféré : La planète au trésor (pour le côté quête à travers l’espace et la piraterie très présente dans les deux œuvres). Bien que la ressemblance s’arrête là, cela m’a vraiment plu de trouver ce mélange peu traité de science-fiction mâtiné de flibusterie. 

Pour les adolescents qui aiment l’action, la sf (avec cyborgs, technologies de pointe et rafistolage) et l’aventure, c’est l’ouvrage parfait. Le duo surprenant que forment Dan et Mary Reed fonctionne très bien, et on se surprend à vouloir en apprendre plus sur Mary… qui est très mystérieuse quant à son passé ! 

Il faut être malgré tout honnête, ce n’est pas un coup de cœur massif, mais je salue le roman, qui m’a fait passer un très agréable moment de lecture. Je m’attendais peut-être à une intrigue plus ambitieuse (en termes d’échelle, mais impossible à faire en un seul tome), mais en dehors de cela rien de négatif à en dire. 

Ainsi, Les nuages de Magellan est un bon roman YA. Il sera idéal pour ceux et celles qui souhaitent lire de la sf aux alentours de 14 ans. Efficace, bien écrit, captivant, que demander de plus ? 

Chronique : Le Prix

L’histoire romancée du Prix Nobel de Chimie de 1944, Otto Hahn, père de la découverte sur la fission nucléaire… mais était-il seul à faire cette avancée majeure ?

Paru lors de la Rentrée d’hiver 2019, Le Prix de Cyril Gely est aux éditions Albin Michel. Ecrit sous forme de dialogue en huis-clos qui dure quelques heures à peine, on découvre l’histoire qui se cache derrière la grande…

A quelques heures de la remise du plus prestigieux des prix…

Otto Hahn est au Grand Hôtel de Stockholm, il attend avec fébrilité d’aller chercher le Prix qui couronnera sa carrière. Celui pour lequel il a fait tous les sacrifices, où il ne comptait pas son temps… Et où la montée d’Hitler au pouvoir a eu une influence majeure sur sa façon de travailler avec sa collaboratrice pendant plus de trente ans, Lise Meitner.

Mais à quelques heures de la remise du Prix, Lise s’invite pour le confronter à la vérité des faits… La lumière va se faire sur le contexte dans lequel Otto Hahn a découvert la fission nucléaire…

Un huis-clos fascinant !

J’ai appris tellement de choses dans ce roman qu’il m’est impossible d’être exhaustive, mais sachez que Le Prix est hautement instructif. On y apprend l’Histoire et son influence sur les avancées scientifiques dans les années 1940 en Allemagne notamment.

On découvre comment Lise Meitner a été totalement occultée de l’Histoire… et après quelques recherches, j’ai découvert que cet effet avait un nom : L’effet Matilda (définition : désigne le déni ou la minimisation récurrente sinon systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins – lien ici).

Évidemment, on en apprend énormément sur la relation fusionnelle – jamais charnelle -qu’avaient Lise Meitner et Otto Hahn et qui laissait très peu de place aux autres… y compris à la femme de se dernier, qui a su rester en retrait à son détriment. Et comment Lise Meitner a dû quitter précipitamment l’Allemagne à cause de ses origines juives, son statut de chercheuse ne la protégeant pas.

Ils ont collaboré pendant trente ans ensemble, mais c’est uniquement Otto Hahn qui a reçu le Nobel de Chimie, pire, il ne l’a jamais citée dans son discours selon le roman de Cyril Gely (je n’ai pas réussit à vérifier si cette partie est romancée ou réelle…).

Et vous voulez une dernière blague ? J’ai découvert que Lise Meitner avait eu le Prix Otto Hahn en 1955… c’est vraiment indécent.

La seule bonne nouvelle, c’est qu’elle a eu un hommage sous la forme de l’élément chimique n°109, nommé en son honneur : le Meitnérium.

En somme, Le Prix est un roman atypique et fascinant. Il nous parle d’une avancée majeure qui a changé nos vies à tous, encore aujourd’hui, et de ses nombreux secrets… C’est un roman à découvrir d’urgence que l’on aime l’Histoire ou non, il transcende les genres et les styles !

Mini-chroniques #2 : Des fées urbaines, une étrange proposition, un terrible thriller psychologique et une autobiographie marrante.

Alors, il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un nid de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

Ambition – Yoann Dubos – Snag

Quel étrange ouvrage que ce roman ! A la fois versé dans le genre de la science-fiction, du meccha et de la fantasy urbaine, vous ne serez pas au bout de vos surprises avec cet univers à nul autre pareil.

Premier roman de Y. Dubos, Ambition imagine une avenir où l’humanité n’a plus seulement la Terre pour vivre, mais de nombreuses autres planètes qu’elle a colonisé au fil des siècles et technologies.

Nous sommes en 2312, et l’homme poussant l’exploration spatiale toujours plus loin, un duo de vaisseaux est envoyé vers Proxima du Centaure pour une mission unique… Sauf que l’un deux va littéralement exploser en vol, se fracassant contre un  mur invisible et insondable que rien ne permet de comprendre.

Cet événement étrange va malheureusement avoir des répercutions inattendues sur la Terre elle-même. En effet, d’étranges créatures sont apparue, et il semble que la collision du vaisseaux à des années lumières de la Terre y soit pour quelque chose…

Ces créatures ressemblent à des humains, mais possèdent des attributs uniques : moustaches de chats, queues de scorpions, pouvoirs hors du commun, longévité folle… L’humanité vient de découvrir que les fées existaient réellement !

C’est ainsi que nous découvrons un univers riche en surprises et en bonnes idées de tous bords. Premier tome d’une série prometteuse, Ambition à le mérite de sortir des sentiers battus.

PS : L’image ci-contre est un des projets de couverture d’Aurélien Police. Il n’a pas été retenu, mais je la trouve superbe !

La Transition – Luke Kennard – Anne Carrière éditions

Que feriez-vous si on vous laissait un choix étrange pour vous sortir d’une situation très délicate ? Après avoir été arrêté pour escroquerie pour avoir vécu au-dessus de leurs moyens durant des années, Karl et sa femme se voient proposer un choix des plus étranges : soit faire de la prison pour escroquerie, soit suivre un programme nommé La Transition ?

Qu’est-ce que la Transition ? Pour ceux qui la proposent, il faut voir cela comme une opportunité que comme une punition. En résumé, Karl et Genneviève voient toutes les poursuites abandonnés si ils acceptent d’être pris sous l’aile d’un couple qui va les remettre sur le droit chemin. Réapprendre à dépenser ce dont on a besoin uniquement, être toujours positif, être dans une démarche proactive… En somme, c’est une formation de savoir-vivre dans notre monde urbain et connecté à l’extrême pour ne plus jamais être endetté… Evidemment, l’opportunité de ne pas finir en prison est trop belle, et le couple accepte. Mais il y a beaucoup de mystère qui entourent le couple qui va les héberger, ainsi que la fameuse Transition. Leur veux-t-on vraiment que de bien ?

Ce roman est assez étrange, mais je l’ai trouvé absolument génial ! Il est une magnifique satyre de notre société et de ses pièges quotidiens. Il est très facile de se mettre dans la peau de Karl et Geneviève, car ils sont faillibles comme nous. A la fois fable actuelle et anticipation sociale qui frise l’étrange, La Transition est une pépite à découvrir. Il fait partie de ces romans aussi mémorables qu’inclassable que l’on prend un plaisir fou à dévorer…

Le malheur du bas – Inès Bayard – Albin Michel

Rarement j’ai lu un roman avec autant de violence dès les premières pages. En ouverture, on découvre une famille autour d’un petit déjeuner. Petit détail ? Ils sont tous morts… Comment en est-on arrivé là ? Qui a bien pu faire cela à cette famille sans histoires ? Et quelle est donc l’histoire qui se cache derrière cette introduction tragique ?

Pour faire court, Le malheur du bas est un roman sur le sujet du viol. Il est terrible, violent, tortueux, et magistral. Il ressemble énormément à Je me suis tue de Mathieu Ménégaux dans sa trame, mais en bien mieux réussit. Là où Je me suis tue m’avais énervée, agacée et où il manquait de crédibilité (jusque dans la scène de viol et la psychologie de son personnage). Le malheur du bas est chirurgical et explique à merveille les terribles mécanismes qui s’enclenchent dans la tête de cette femme qui découvre qu’elle est enceinte. Mais de qui ? De son mari avec qui elle cherche avoir un bébé depuis peu ? ou de son violeur et aussi chef qu’elle côtoie tous les jours ?

Un roman extraordinaire sur un sujet terrible qui se lit comme un thriller. En une journée, je l’ai lu, et je pense régulièrement à la façon dont la narration est bien pensée, magistrale et frise le génie. On veut savoir absolument, quel qu’en soit le prix.

La petite dernière – Susie Morgenstern – Nathan

Roman autobiographique totalement déjanté de l’enfance de Susie Morgenstern, on y passe un merveilleux moment de lecture. C’est drôle, vivant, et personnellement, même si ça ne devait pas être facile tous les jours, j’aurais adoré avoir une famille comme ça !

Entre le roman et le récit, on prend plaisir à (re)découvrir la plume magique de Suzie Morgenstern au travers de son enfance. On en apprend également plus sur l’Amérique des années 50 et le quotidien tel qu’il était à l’époque. Bref, c’est drôle ET instructif !

Chronique : Gare à Lou !

Un nouveau Jean Teulé fidèle à l’esprit de l’auteur : débridé, un peu fou et très étrange… parfois même dérangeant.

On ne présente plus Jean Teulé, auteur français à l’œuvre particulière et très intéressante. On lui doit des ouvrages phares tels que Darling (inspiré d’une terrible histoire vraie), Je, François Villon (inspiré de l’Histoire, la vraie), Le Montespan (de l’Histoire également), le fameux Le magasin des suicides (adapté au cinéma), Mangez-le si vous voulez (tiré d’un fait réel historique terrible) et bien d’autres encore.

Avec Gare à Lou ! paru en mars 2019, il revient dans un style incisif et très créatif tout à fait digne de lui.

Une gamine aux pouvoirs incommensurables

La quatrième de couverture est aussi brève qu’efficace : Lou s’est découvert un pouvoir. « Quand elle souhaite du mal à quelqu’un, ça se produit… « . Difficile de faire plus clair. Mais que peux bien donner une histoire pareille où une pré-ado aurait le pouvoir sur tout ? C’est flippant… et intéressant !

C’est ainsi que la jeune Lou va se voir kidnapper par l’armée française pour le bien de la nation tout entière.

Une arme de destruction massive qui porte un appareil dentaire…

Un periophthalmus barbarus, la seule illustration intérieure du roman.

… du jamais vu ! Pour les chefs des armées sous la mer, du sol et en l’air, c’est une première. Ils vont devoir garder la jeune Lou dans un bunker top secret et lui insuffler l’idée de faire du tort à tout ennemi du pays. Mais Lou est une pré adolescente, et rien n’est plus difficile que de l’amener à souhaiter du mal aux cibles choisies par le chef de l’Etat, Hannibal Zhan Shu ! 

Les pouvoirs qu’elle détient sont sans limites : elle peut mettre les pyramides de Gizeh à l’envers, faire diapraître une population entière, ou encore pousser au suicide un chef d’état dont le stylo ne fonctionne jamais.

Gare à Lou est un roman facile lire, mais assez stylisé, l’écriture fait d’ailleurs beaucoup penser à L’écume des jours de Boris Vian. Jean Teulé se joue de tout en toute circonstance, il nomme écorche-cieux les gratte-ciels (très beau n’est-ce pas ?), des vases en forme d’arbres (création de la mère de Lou) sont des vasarbres et une foule d’autres expressions uniques. Le Palais de l’Elysée comme nous le connaissons n’existe plus, il est entouré d’une immense boule à neige qui en fonction des caprices de sa météo interne laisse entrevoir quelques fenêtre du Palais à travers les flocons…

Les chapitres y sont extrêmement courts (trois/quatre pages tout au plus) ce qui rend la lecture très rapide. Le tout est très débridé, mais c’est fidèle à l’image que j’avais déjà de Jean Teulé. Cependant, c’est parfois un peu trop décousu, trop fou, même quand on aime l’originalité. Et surtout, l’histoire a beau être simple et efficace, elle est trop rapidement conclue à mon goût. En effet, on a l’impression que Teulé n’avait pas assez de pages pour terminer comme il se doit son histoire. Le dernier chapitre en particulier est un peu abrupt, même si on comprend l’idée générale. 

En somme, Gare à Lou ! est un roman cru et original. Il s’adresse avant tout aux fans de Teulé, les autres trouverons peut-être que ça manque de matière… et c’est le cas selon moi.

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Ces livres que je n’ai pas réussi à terminer #4

Parfois, pour de très diverses raisons, on n’arrive pas à terminer un livre… Trop dense, trop compliqué, écriture déplaisante, pas le bon moment aussi, cela arrive. On pose l’ouvrage et… parfois on ne le reprend jamais !

C’est ce qui m’est arrivé avec quelques rares ouvrages que je vais vous présenter, tout en essayant de vous dire pourquoi ça n’a pas fonctionné avec moi. Bien entendu, tout cela est extrêmement subjectif… Et si vous aussi vous n’avez pas réussit à accrocher sur certains ouvrages, n’hésitez pas à le dire en bas d’article !

Le soupir de l’immortel – Antoine Bueno – Pocket SF :

Présentation de l’éditeur : An 570 après Ford (2478 après J.C.). Une humanité pacifiée, uniformisée, des hommes/femmes bisexués et immortels, le monde est devenu une utopie réalisée. Si ce n’est qu’une humanité immortelle implique un contrôle drastique des naissances, la procréation naturelle n’est plus qu’une scorie du passé. Les enfants, un privilège rare et précieux. Donc cher. Un thème de campagne parfait pour Karl Carnap : la famille régénérée, offrir à tous la joie d’élever un enfant. Bientôt il sera PDG de la fédération mondiale. Mais une cellule familiale plus chaotique qu’elle ne s’en donne l’air, un complot politique machiavélique, une histoire d’amour impossible vont mettre à mal ses projets…

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

Le résumé était très accrocheur pour moi, et pourtant… Le roman commence dans une sorte de réalité augmentée ou créé de toutes pièces, mais on l’ignore avant plusieurs dizaines de pages. Cependant, cela n’enlève rien à l’horreur et à la saleté de ce que j’ai lu. Viol et inceste dès les premières pages, puis, viol collectif plusieurs pages après avec une scène à vomir tout particulièrement qui m’a fait me sentir très mal tant elle était immonde (et cela sur plusieurs pages !)…

Je me suis arrêtée très tôt dans le roman, au bout de 100 pages sur 670. Mais cette lecture était beaucoup trop difficile pour moi humainement parlant. Je n’ai même pas eu le temps de découvrir le côté politique et la partie science-fiction de l’ouvrage. La suite était peut-être moins violente, mais je ne le saurais jamais…

Pour avoir lu beaucoup de romans, je sais que je ne suis pas prude au point de ne pas pouvoir lire des scènes de sexe. Mais lire autant de violence et de gratuité en si peu de pages, c’en est trop.

Hobboes – Philippe Cavalier – J’ai Lu :

Présentation de l’éditeur : Ravagée par une supercrise, l’Amérique doute et vacille. Des millions d’exclus prient pour un avenir meilleur aux marges de ses villes. Des frontières du Canada à celles du Mexique, rumeurs et légendes s’échangent sur les routes. Parmi les hobboes, les vagabonds, on parle d’hommes doués de pouvoirs surnaturels et d’un guide promis à venger les humiliations des pauvres. On parle de révoltes et de NovAmerica, le monde d’après la prochaine révolution. On parle surtout d’un homme capable, à lui seul, de changer le destin de tout un peuple…

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

L’intrigue avait de quoi accrocher le lecteur potentiel, de même que la couverture réalisée par J’ai Lu, que j’ai trouvé très visuelle, très captivante. Mais l’attrait s’arrête là. L’écriture de Hobboes est pénible car remplie de lieux-communs, de personnages ultra-stéréotypés et peu crédibles…

J’aime les romans empli d’étrange et de surnaturel, mais Hobboes se repose tellement là-dessus qu’il en oublie de justifier certaines choses et de camper comme il se doit ses personnages. Peu d’affect pour les personnages, trop de mystères et de destins entremêlés… j’ai abandonné la lecture à la moitié du roman.

Écoutez nos défaites – Laurent Gaudé – Actes Sud :

Présentation de l’éditeur : Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste… Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

Moi qui adore Laurent Gaudé, cet homme qui a écrit le roman qui me marquera toute la vie (La mort du Roi Tsongor), j’ai été la première déçue en constatant que je peinais à lire son dernier livre…

Ce qui m’a le plus frappée et déstabilisée, c’est le fait que tout soit décousu, entremêlé, on ne sait pas toujours de qui et de quoi on parle et quand ça se passe. L’auteur a voulu juxtaposer plusieurs époques, plusieurs personnages, et l’effet est pour moi raté. On a du mal à suivre, on se perd, et à cause de cela, on n’apprécie plus l’écriture… Trop lourd et indigeste, impossible de suivre le fil de l’histoire.

Présenté comme l’un des romans de la rentrée littéraire 2016, je ne suis absolument pas d’accord. Laurent Gaudé nous a habitués à beaucoup mieux, et quand l’ouvrage coûte 20€, on est en droit d’en vouloir pour son argent… A ce prix là, quand on n’aime pas un roman, il y a de quoi se sentir floué…

L’affaire Sparsholt – Alan Hollinghurst – Albin Michel

Présentation de l’éditeur : En octobre 1940, David Sparsholt fait son entrée à Oxford. Athlète et rameur acharné, il semble d’abord ignorer la fascination qu’il exerce sur les autres – en particulier sur le solitaire et romantique Evert Dax, fils d’un célèbre romancier. Tandis que le Blitz fait rage à Londres, l’université d’Oxford apparaît comme un lieu hors du temps où les attirances secrètes s’expriment à la faveur de l’obscurité. Autour de David, des liens se tissent qui vont marquer les décennies à venir.

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

J’adore les romans historiques, tout particulièrement quand ils viennent d’Angleterre. Ils ont une atmosphère surannée bienvenue. On s’y sent bien, comme dans un cocon. C’est en tout cas ce que je recherche dans des roman historiques anglo-saxons, et si le tout est dans une ambiance universitaire c’est encore mieux ! Mais ici, ça n’a pas pris malgré tous les signaux qui étaient au vert… Pourquoi ? Très certainement à cause de la lenteur du déroulé des événements… après plus d’une centaine de pages je m’ennuyais déjà ferme… Et je ne me voyais pas continuer dans cette voie… Tout est décrit avec force descriptions, chaque sentiment de chaque personnage y est disséqué, analysé jusqu’à en devenir un enjeu primordial. Mais chez moi, ça n’a pas fonctionné, beaucoup trop lent, on ne voit pas où veux nous emmener Alan Hollinghurst, d’autant que le sujet et les époques ne semblent guère varier chez cet auteur. On parle toujours d’homosexualité dans une Angleterre du début du XXème siècle, sujet très intéressant, mais dont Alan Hollinghurst semble ne jamais réussir à s’émanciper.  

Articles antérieurs :

Chronique album jeunesse : Sisyphe – Le bousier qui en avait assez de rouler sa boule

Un très bel album documentaire pour découvrir l’intérêt primordial des bousiers pour nos campagnes !  

Lucca éditions est un tout petit éditeur qui voit les choses en grand. En effet, c’est ambitieux (et bienvenu) de parler d’écologie et de préservation de l’environnement aux enfants dès l’âge de 4/5 ans environ. Mais quand c’est fait avec talent, le tout accompagné d’illustrations graphiques de toute beauté, le message ne peut que passer ! L’histoire est écrite par Elisabeth Ludes, c’est son premier ouvrage destiné aux enfants. L’illustratrice, Mona Leu-Leu n’en est pas à son premier coup d’essai : elle a travaille régulièrement avec l’édition pour créer de nouvelles illustrations/designs.

Un bousier qui en a marre de que personne n’estime son travail à sa juste valeur…

Sisyphe est un bousier comme les autres : tous les jours, il forme des boules de bouse pour les transporter jusqu’à son terrier. Problème, personne ne se rend réellement compte à quel point son travail est indispensable pour le bien être de la communauté…

C’est ainsi que Sisyphe décide de faire grève, afin que chacun comprenne son importance au sein de la chaine… Il est petit, mais sa présence est vitale. Et à peine a-t-il cessé de travailler, que ça devient la catastrophe dans le pré…

Un album instructif et esthétique !

L’album possède des pages qui se déplie, ça donne une belle frise une fois déployé.

Parfait à lire aux enfants dès l’âge de 3/4 ans, Sisyphe est un album qui raconte une histoire intéressante, mais qui en plus fait office de documentaire. En effet, c’est l’utilité des bousiers que l’on découvre à travers cette histoire !

Moi-même, j’ignorais à quel point ce petit insecte était à ce point indispensable pour nos champs, nos récoltes, nos animaux. Sans le bousier, on marcherait littéralement dans les déjections.

Ils font un travail invisible mais vital pour la planète, et aucun autre animal ou insecte ne peux le faire à part eux… Dans cette histoire, des fourmis ou encore des taupes et des faucons s’y sont essayé, mais aucun n’a réussi à faire le travail de Sisyphe.

En somme, c’est l’album parfait pour initier de façon concrète les enfants aux sciences naturelles. Et pourquoi pas aller faire un tour dans un champ pour peut-être croiser ces insectes discrets et indispensables… ?

Chronique : Cherbourg

Une rade qui s’effondre suite une mystérieuse explosion et une flic un peu trop curieuse… que se passe-t-il dans le port de Cherbourg qui doive absolument être occulté par l’armée ?

Premier roman de l’auteur français Charles Daubas, Cherbourg est un ouvrage qui a du corps, et des personnages bien campés. Découverte d’un premier roman qui présage du meilleur pour la suite…

L’ effondrement brutal d’une construction symbolique…

La rade de Cherbourg est un monument qui a traversé les années, les guerres… mais qui n’a pas survécu à une explosion en juillet 2012. Avec pour seul témoin un adolescent de 15 ans, une flic va devoir faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé… Car il n’y a aucune trace d’explosif, ni disparition, contrairement à ce qu’affirme le jeune homme. Et quand on demande à l’enquêtrice de boucler son enquête pour laisser la place à l’armée, cette dernière décide de ne rien lâcher… quitte à sortir pas mal de choses enfouies…

Un bon premier roman

Rien ne me prédestinait à découvrir Cherbourg, mais j’ai eu envie – sur un coup de tête – de le découvrir. Il faut dire que l’ouvrage si lit rapidement avec ses presque 200 pages. Et le personnage principal qu’est l’enquêtrice Frédérique est pour le moins charismatique. Elle a beau être dans la merde jusqu’au cou, elle continue de persévérer. C’est une femme que l’on a envie de suivre et qui donne l’impression de réussir dans n’importe quelle situation d’adversité. Et pourtant… son enquête s’enlise et commence sérieusement à puer.

Car Cherbourg est une ville qui abrite un grand complexe militaire où l’on désosse notamment des sous-marins nucléaires. Autrement dit, dès que l’on touche de près ou de loin à l’Amirauté, on est certain de se griller. Et il semblerait bien que l’effondrement de la rade ait un lien avec l’armée…

Si vous aimez les bon romans mâtinés de suspense (à petite échelle, on est loin des machinations d’ordre mondial) où vous apprendrez des choses – notamment sur le nucléaire militaire – vous êtes au bon endroit. On y découvre les différents niveaux de secrets-défense, notamment le niveau Très Secret Diamant – fascinant. Ou encore comment sont faites les datation au Carbone 14, ou les dangers du tritium pour votre santé même si sa portée est très faible…

Ce mélange de policier entremêlé de vie quotidienne – car on suit en pointillés la vie de cette femme flic un peu indécise dans sa vie personnelle – est très bien mené. Mon seul regret, c’est la conclusion, qui m’a un peu déçue il faut l’avouer. Je m’attendais à quelque chose de plus retentissant, mais c’est plus dramatique et touchant.

Si vous êtes à la recherche d’un bon polar, Cherbourg ne vous sera pas nécessairement destiné. Cependant, si vous aimez les histoires qui vous tiennent et qui possèdent des personnages bien trempés, ce roman pourrait vous convaincre. Pour un premier ouvrage, je l’ai trouvé très bien. Je vous conseille donc de surveiller les prochaines parutions de Charles Daubas, il sait tenir son lecteur en mélangeant savamment les genres. Et surtout, on apprend beaucoup de choses diverses en le lisant, et c’est ce que je recherche dans une lecture !

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Chronique album jeunesse : Chouette !

Une toute nouvelle génération de livres animés arrive, et elle est fantastique !

Les éditions Albin Michel se lancent pleinement (et avec talent) dans le livre animé. Mais attention, on ne vous parle pas ici de flaps, de volets à soulever ou de matières à toucher diverses, mais d’un livre interactif qui nécessite l’ouvrage papier et… une tablette ! Il vous suffit de télécharger l’application Histoires Animées (gratuite, on la trouve sur Google Play ou l’App Store), et c’est parti ! Pour le moment, deux titres sont sortis en mai 2016 : Copain ? et Chouette ! Et à votre service, 150 animations visuelles et sonores, vous aurez donc de quoi faire !

Pour cet album magnifique, on découvre les illustrations de Léna Mazilu, elles sont belles, douces et colorées… ambiance magique assurée.

Une chouette… à lunettes !

Tout débute avec une toute petite, toute mignonne chouette. Elle se réveille et elle trouve près d’elle… une paire de lunettes ! A qui sont-elles donc ? Pour le découvrir, elle part à la rencontre des animaux de la forêt… Des chauves-souris, un hérisson, des lucioles, un ours… que de beau monde dans la forêt en pleine nuit !

Un livre magnifique et original sublimé par la réalité augmentée 

La collection des Histoires Animées signe un véritable renouveau dans le monde de la littérature jeunesse, et je pèse mes mots. Cette technologie existe depuis quelques années maintenant, mais jamais elle n’avait été aussi bien mise en application, il s’agit de la réalité augmentée. Les animations sont bien faites, parfaitement intégrées à l’histoire, de même, les bruitages sont également géniaux.

Présentation de la collection Histoires Animées par Les Mums.

On adorera passer ses doigts partout sur la tablette pour trouver toutes les animations et bruitages. Certaines sont évidentes, mais d’autres sont extrêmement bien camouflées, il faut donc avoir l’œil !

Enfin, pour ceux qui n’ont pas envie de lire l’ouvrage à haute voix, l’application peut également s’en charger ! Bref, tout est fait avec énergie. C’est bien pensé, joli, malin… on ne peut que tomber sous le charme de cet album dont les dessins sont magnifiques. Et voir les dessins prendre vie ne le rend que plus beau encore.

En bref, cet album est absolument magnifique. Ne passez pas à côté, je vous le conseille pour des enfants de 3 à 5 ans environ, mais en tant qu’adulte j’ai moi-même été émerveillée de découvrir une si belle alliance entre livre papier et technologie.

Espérons qu’Albin Michel développera cette collection, elle a tous les atouts pour fonctionner en librairie. Par ailleurs, je trouve le prix très correct pour le produit proposé, à savoir 15 euros. Alors, à quand de nouvelles histoires animées ?

Lecture de Chouette ! en réalité augmentée, c’est tout simplement magique…

Chronique : La fille de la supérette

Coup de cœur pour ce roman nippon charmant et atypique.

Premier roman de Sayaka Murata à paraître en France, La fille de la supérette est un roman court, mais charmant qui vient tout juste de paraitre aux éditions Folio. Il était auparavant sorti aux éditions Denoël sous le titre Konbini (nom des petits supermarchés ouverts 24h/24 et 7j/7 au Japon).

Une jeune femme en décalage profond avec la société

Keiko est employée dans le même konbini depuis 18 ans, et elle ne se voit changer de travail pour rien au monde. Mais sa famille et ses proches ne sont pas du tout du même avis… Là où tous ceux et celles de son âge ont trouvé mari ou femme et ont même des enfants, Keiko stagne dans l’univers rassurant et lumineux du konbini. La pression de son entourage peut-elle la faire changer pour qu’elle s’accomplisse enfin aux yeux des autres ?

Aussi beau que très mélancolique

J’ai beaucoup aimé ce roman atypique et pas nécessairement évident à proposer. Tout d’abord parce qu’il parle du Japon et des strates et codes complexes de cette société, mais pas seulement. En effet, Keiko est totalement inadaptée socialement, c’est peut-être pour cela d’ailleurs – paradoxalement – qu’elle est l’une des meilleures employée du magasin. Elle n’a jamais d’avis propre, mais agit constamment par mimétisme. Elle copie le ton de son patron ou de sa collègue, s’insurge quand ils le font, s’agace quand ils le sont… Mais jamais elle n’initie un comportement. De même, elle a apprit par cœur le manuel de l’employé du konbini et se considère comme un simple rouage plus que comme un individu à part entière… Elle a tellement peur que son « imposture » soit découverte qu’elle va jusqu’à regarder dans les casiers la marque des vêtements de ses collègues afin d’en acheter des similaires. Tout cela, encore une fois pour mieux rentrer dans le fameux moule.

« Mon organisme ainsi alimenté par les denrées de la supérette, il me semble faire partie des meubles, au même titre que les étagères de produits ou la machine à café ».

Couverture de la première version de La fille de la supérette paru sous le titre Konbini chez Denoël.

Keiko n’a jamais eu de petit ami, et cela pose problème à sa famille, qui craint de la voir finir vieille fille, sans descendance… Comme si c’était le pire scénario possible pour eux. Et c’est bien le cas, mais pour Keiko, cette situation est parfaite, elle ne demande rien à personne et veut continuer à être heureuse dans son petit konbini et son minuscule studio. Et c’est là que l’on découvre peu à peu jusqu’où Keiko est prête à aller pour qu’on la laisse tranquille…
C’est à la fois courageux et triste (vous découvrirez par vous-même), mais il faut se rendre compte de la pression qu’elle subit : tous les jours ou presque elle a des remarques sur son travail à temps partiel, son absence de mari ou d’enfants dans sa vie. Cela doit être pesant, surtout quand on s’aperçoit que cela rend sa famille très malheureuse… sa sœur va jusqu’à pleurer quand elle se rend compte que Keiko semble sans espoir à ce sujet.

Plus qu’un roman, La fille de la supérette est pour moi une critique de la société (et pas uniquement nippone) qui nous impose ses carcans. Quand une femme a passé la trentaine et qu’elle n’est pas en couple, c’est forcément qu’il y a un problème. Non. Cela peut être un souhait même si il n’est pas majoritaire dans notre société. Quelle que soit l’époque, cela a d’ailleurs toujours été mal vu…
Pour moi, c’est un roman sur la résilience, la différence et le fait de l’assumer, ou non.

A la fois tendre, touchant et très mélancolique (comme les japonais savent faire), ce roman atypique vous touchera en plein cœur. Je l’avoue, j’aurais moi aussi voulu rester plus longtemps dans l’ambiance chaleureuse et bruyante du petit konbini de Keiko… C’était un peu trop court, mais tout a été dit dedans, il ne servait à rien de rallonger l’histoire.
Je vous conseille donc avec plaisir cet ouvrage atypique et attachant, comme l’est le personnage décalé de Sayaka Murata (qui elle aussi a travaillé longtemps dans un konbini !).

Chronique jeunesse : Mimi et le dragon des montagnes

Une histoire d’amitié autour du thème des dragons pour les enfants dès l’âge de six ans environ.

Michael Morpurgo est un auteur britannique à l’œuvre très large. Nombre de ses romans sont prescrits dans les écoles anglaises et françaises. Parmi ses très nombreux romans, on peut citer : Le royaume de Kensuké, Le roi Arthur, Cheval de guerre (dont il y a eu une adaptation cinématographique)…

Avec Mimi et le dragon des montagnes (paru chez Gallimard Jeunesse), l’auteur nous offre un petit conte de son cru à lire aux enfants qui savent lire… ou non !

L’histoire d’une amitié inattendue

Mimi est une jeune fille qui vit dans un petit village tout ce qu’il y a de plus calme. Attention toutefois à la terrible dragonne qui vit en haut de la montagne ! Elle est aussi dangereuse que terrible, et il serait totalement suicidaire d’aller la déranger…

Mais quand Mimi découvre dans l’étable de sa ferme un bébé dragon endormi, elle décide immédiatement de le ramener à se maman, au risque d’encourir son terrible courroux !

Mignon, parfait pour les enfants qui souhaitent une petite histoire de dragons

L’histoire de Mimi et du dragonnent qu’elle découvre est très courte, elle peut se lire en une nuit ou deux pour les parents qui souhaiteraient en faire la lecture à haute voix. Sinon, des enfants de CE2 pourront s’y essayer sans aide.

Dans son traitement, l’histoire étant courte, il n’y a guère de développement. C’est aussi simple qu’efficace. Les illustrations d’Helen Stephens sont adorables, en particulier quand on voit le dragonnet recroquevillé en train de dormir !

En somme, c’est une histoire, mignonne. Pas certaine qu’elle soit mémorable, mais on passe un agréable moment de lecture. C’est un bon mélange entre fantastique et aventure !