Archives de l’auteur : Laura

Actualité éditoriale : Cassidy Blake, un kit de presse qui donne envie de soulever le voile…

Il est sorti il y a à peine un mois en librairie, mais j’avais reçu en amont un très beau kit de presse que je me dois de vous montrer, car il est parfaitement dans l’esprit de l’ouvrage ! Lumen a pensé à tout dans les moindres détails…

Avec l’ouvrage, il y avait une carte d’Edimbourg et tous les lieux emblématiques du roman où la jeune Cassidy va rencontrer nombre de fantômes et esprits plus ou moins dangereux.

De plus, une magnifique carte joliment imprimée nous présente la corneille écarlate, créature mystérieuse et dangereuse que l’on va découvrir au fil des pages…

Ci-dessous, le poème qui raconte la légende qui l’a vue naître… avouez que ça donne des frissons… On aimerait pas entendre sa douce voix, encore moins si on est un enfant.

Et cerise sur le gâteau, la carte que je vous ai montré au début n’avait pas révélé tous ses secrets ! En effet, il y a une carte sous la carte, avec des annotations de Cassidy elle-même sur les aventures qu’elle a vécues à Edimbourg… Bien joué, car c’est fait de façon discrète et on ne la voit pas au premier abord.

Difficile de prendre une photo correcte d’une carte fluorescente, mais c’est l’une des meilleures que j’ai pu prendre (temps d’exposition assez long, donc impossible de bouger ni même de respirer pour ce cliché) !

Il ne me reste plus qu’à vous promettre pour très bientôt la chronique de Cassidy Blake – tome 1 – chasseuse de fantômes !

Mini-chroniques #5 : Un japonais mystérieux, le premier roman d’un Prix Nobel, une enquête zoologique et… quand laver les vitres devient sexy.

Il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un monceau de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

Les 10 amours de Nishino – Kawakami Hiromi – Picquier Poche

Voici un roman nippon à la construction intéressante : dix femmes très différentes vont parler, chapitre après chapitre. Leur point commun ? Nishino. Cet homme semble avoir autant de facettes – si ce n’est plus – que d’amantes dans sa vie… Mais qui est donc au final cet intriguant Nishino ?

Impossible pour moi d’expliquer clairement pourquoi, mais j’ai passé un bon moment de lecture, sans pour autant me rappeler le contenu du roman. Je vais donc devoir rester floue, j’en ai peur. En fait, c’est le genre de roman qui nous fait dire qu’on a lu un bon livre, mais si on nous demande pourquoi, on est perdu. Je pense donc que sur le moment c’était sympathique, car chaque femme nous montre un côté méconnu du fameux Nishino. Mais là où je pensais qu’il y aurait peut-être une surprise, on en retire uniquement dix témoignages beaux, parfois touchants, mais guère mémorables… Sympathique, mais sans plus donc…

L’œil de plus bleu – Toni Morrison – 10/18

Ce livre… cela fait plus de 7 ans que je l’ai lu, mais je n’ai jamais réussi à trouver les mots pour en parler avec justesse. Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu Toni Morrison, il s’agit d’une autrice emblématique dans la littérature américaine, (plus particulièrement noire-américaine, car toute son œuvre traite de la condition des Noirs aux Etats-Unis), elle a d’ailleurs remporté un Prix Pulitzer pour Beloved en 1988, et surtout elle a eu le Prix Nobel de littérature.

L’œil le plus bleu (The bluest eye en VO) est considéré comme un grand classique dans son pays d’origine, il est même très régulièrement prescrit dans les établissements américains.

La scène d’ouverture y est terrible, une fois qu’on l’a comprise… elle donne immédiatement le ton général du roman. C’est à la fois beau, triste, et atroce, une chose est certaine, on oublie pas cette lecture…

Si vous aimez la littérature américaine, ne passez pas à côté de ce roman, qui m’a beaucoup fait pensé à Push de Sapphire dans le même esprit, même si l’époque diffère (et que j’avais adoré).

Enquêtes au muséum – En piste Punch ! – Laurence Talairach – Plume de carotte

En général, je suis partisane de tout ce qui concerne les sciences, et si c’est pour communiquer cette passion à de jeunes lecteurs, c’est encore mieux ! C’est ainsi que la série Enquêtes au muséum avait tout pour me plaire, mais cela n’a pas suffit.

L’intrigue est à peine construite car elle sert de prétexte pour développer de nombreux faits historiques et scientifiques mettant en scène un muséum d’histoire naturelle. L’idée est bonne, le reste est un peu plus maladroit… Les héros sortent des phrases sentencieuses et un peu trop éducatives, ce qui les rend peu naturels. Et donc, on retient moins bien l’information… C’est dommage… j’adore en général ce que font les éditions Plume de carotte, mais ça ne fonctionne pas ici.

Le potentiel érotique de ma femme – David Foenkinos – Folio

Si vous cherchez un roman amusant, rafraîchissant et qui sort des sentiers battus, je ne saurais que trop vous conseiller Le potentiel érotique de ma femme. On y suit l’histoire atypique d’un couple normal.

C’est une lecture tendre et inattendue qui vous fera peut-être sourire… Ce roman se veut drôle et anticonformiste à la fois, et grâce à lui j’ai passé un bon moment de lecture. Certes, il n’est pas inoubliable, mais ce n’est pas ce que l’on demande systématiquement à un livre. Ce que l’on veut avant tout, c’est être distrait, s’évader du quotidien. Et Foenkinos nous y invite parfaitement au travers de la vie en apparence normale de ce couple attachant…

Chronique album jeunesse : Petit Elliot et la grande famille

Le second album ayant pour héros Petit Elliot et son amie la souris. Toujours aussi mignon et empli de tendresse…

Second opus de la série d’albums jeunesse Petit Elliot… voici La graaaande famille !

Le premier album de Petit Elliot était un fabuleux coup de cœur ! Nous y découvrions un petit éléphanteau tout mignon perdu dans le Manhattan des années 30. Dessins détaillés, et un peu tristes, mais magnifiques ! Avec Petit Elliot – La grande famille, nous retrouvons l’éléphanteau et la petite souris qui nous avaient tant plu…

Une amitié indéfectible

Petit Elliot et la souris vivent ensemble depuis la fin du premier album. Leur amitié leur permet de constamment repousser les obstacles, les peines…

Mais aujourd’hui, c’est une journée un peu spéciale pour la petite souris : elle va voir sa famille. Ce qui implique, ses parents, ses grands-parents, ses 15 frères, ses 19 sœurs, ses 25 tantes, ses 27 oncles… et ses 147 cousins ! C’est ainsi que la petite souris s’en va d’un bon pas rejoindre sa famille… et que Petit Elliot se sent bien seul. Très seul. Tellement, qu’il commence même à déprimer… Alors, que va-t-il pouvoir bien faire pour aller mieux ?

« Les sœurs partagent des friandises (et des secrets) »

Toujours empli de tendresse et de beauté mêlés

Encore une fois, Mike Curato à fait des merveilles ! Impossible de ne pas tomber sous le charme magique qui lie Petit Elliot et la petite souris dans le New York des années 30 (environ, on imagine vu le graphisme que c’est vers cette époque).

Les dessins sont toujours aussi travaillés et détaillés, fidèles à la réalité de l’époque. C’est encore une fois un immense coup de cœur. L’histoire est quant à elle touchante, tendre, vraie. Absolument parfaite pour passer un bon moment de lecture.

Toujours un peu mélancolique, magnifique, de toute beauté… Comme toujours, c’est une franche réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 3 ans. Alors, on a qu’une hâte, découvrir le troisième opus de Petit Elliot – la fête foraine.

Comme toujours avec Petit Elliot, on retrouve la tendresse et la mélancolie… mais avec toujours une fin qui donne le sourire et met du baume au cœur !
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Chronique album jeunesse : Petit Elliot dans la grande ville

Une nouvelle série pour les enfants dès l’âge de trois ans autour de l’entraide et l’amitié… bienvenue à New York, et suivez le guide !

Les éditions Casterman ont acquis les droits d’une très belle série d’albums jeunesse d’origine américaine : Petit Elliot (Little Elliot en langue originale).

Son auteur, Mike Curato, a fait des études d’illustration et exercé le métier de graphiste-designer. Cet album est son tout premier, il vit à Brooklyn, d’où certainement le choix du lieu où se déroule l’histoire de Petit Elliot !

N’est-il pas trop trop choupi ?

Un éléphant trop mignon… mais également trop petit

Comme son nom l’indique, Petit Elliot est minuscule. Tout est compliqué pour lui : faire les courses (personne ne le remarque), prendre les transports (il craint qu’on le bouscule on qu’on l’écrase), faire le ménage (il doit empiler des tas de choses pour atteindre tous ses meubles).

Mais malgré tout, Petit Elliot savoure les moindres petits plaisirs de la vie, et il lui sourit à chaque instant… Et c’est ce trait de caractère très positif va aider petit Elliot à toujours positiver et continuer et surtout… aider encore plus petit que soi !

Au fil des pages, on suit le quotidien calme et adorable de Petit Elliot dans la belle ville de New York.

Une petite merveille de graphisme

D’une douceur incroyable, magnifiquement illustré, l’histoire de Mike Curato est extrêmement touchante… D’un charme à la fois désuet et merveilleux, on ne peut que tomber amoureux de Petit Elliot. 

Petit Elliot est trop petit pour qu’on le remarque à la boulangerie, une petite souris est affamée dans un parc de New York… Leur amitié pourrait-elle changer la donne ?

Si vous souhaitez découvrir (et faire découvrir) le New York des années 20 ou 30, cet album est parfait pour se faire.

Et surtout, il est parfait pour illustrer aux enfants qu’il y a toujours plus petit que soi, et que l’aider et bien… c’est bon pour le karma ! (et l’estomac).

A découvrir dès l’âge de 3 ans pour s’émerveiller, découvrir, aimer… Retenez bien le nom de ce nouveau petit personnage, il fera chavirer nombre de petits cœurs d’enfants…du moins je l’espère !

En très peu de coups de crayons, avec un certain minimalisme, Mike Curato nous attendrit avec une émotion à vif.
L’histoire de Petit Elliot est avant tout une très belle leçon de vie et d’amitié qui s’appréciera à tout âge.

Chronique : Le Faiseur de rêves – tome 1

Tout simplement une merveille d’imagination comme rarement on en lit !

Série en deux tomes parue aux éditions Lumen, Le faiseur de rêves est une saga d’une rare originalité.

Laini Taylor est américaine, et elle nous avait déjà fait voyager avec délices à Prague dans sa trilogie La marque des anges. Cette série m’a marquée durablement et m’a même donné l’envie d’aller à Prague (ce que j’ai fait), et je l’ai lue il y a de très nombreuses années, dommage que Gallimard n’ai jamais sorti le troisième tome… Mais rien ne vous empêche de la découvrir avec les deux premiers tomes en français et le troisième en anglais.

Cela faisait donc de nombreuses années que rien n’était sorti en France de cette autrice… et son retour fut une – nouvelle – claque littéraire pour moi.

Un univers unique et un personnage que l’on suivrait au bout du monde…

Lazlo Lestrange est un jeune homme insignifiant. Passionné, mais totalement insignifiant. Il a réussit à s’enfuir de la vie étriquée que lui offraient les moines en le recueillant bébé, et travaille désormais dans l’une des plus grandes bibliothèques du royaume. Rouleaux poussiéreux, codex antiques et rouleaux suffisent au bonheur de Lazlo.

Mais si il travaille dans cette bibliothèque, ce n’est pas seulement par amour des livres, mais pour retrouver les traces d’un souvenir indélébile dans son cerveau. Celui d’une ville disparue, aux légendes flamboyantes et aux mythes incroyables. Mais Lazlo semble être le seul à avoir un souvenir vivace de l’existence de cette cité de légende et il cherche depuis des années des preuves, si maigres soient-elles dans les ouvrages de la bibliothèque… Et puis un jour, tout va s’accélérer pour Lazlo et sa quête de toute une vie…

En parallèle, nous suivons également Saraï, une jeune femme mystérieuse à la peau bleue qui semble fort tourmentée par quantité de problèmes parasites. Quel lien a-t-elle avec notre histoire ?

Une citation de l’ouvrage souvent reprise par ses fans.

Un roman merveilleux où l’on plonge à corps perdu

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un tel roman, une telle richesse dans un univers créé de toutes pièces. Laini Taylor a réussi à créer quelque chose d’extrêmement cohérent et captivant, et cela dès les premières pages.

Tout est motif à s’émerveiller dans ce livre : les personnages (Lazlo et Saraï certes, mais pas seulement), l’atmosphère qui nous plonge dans une sorte de 1001 nuits version fantasy et alchimie mélangés, la mythologie foisonnante qui nous est offerte, la magie unique que l’on découvre au fil des chapitres. Dans cet univers, l’alchimie prend une part importante de l’intrigue. Comme dans notre monde par le passé, la transmutation du plomb en or est devenu une quête chronophage pour beaucoup d’alchimistes, une sorte de quadrature du cercle version alchimiste.

Magnifiques illustrations du graphiste français ayant travaillé sur de potentielles couvertures pour Le faiseur de rêves. Elles ont finalement été utilisées pour la promotion des ouvrages, mais pas en tant que couverture. Celles de la version originale ont été finalement conservées.
Son site : http://latetedanslalune.net/aidez-un-graphiste/

« L’alchimie reposait sur la croyance en l’azoth, l’essence secrète inhérente à toute matière. Les alchimistes pensaient que sa distillation leur permettrait de maîtriser les structures sous-jacentes au monde physique. De transformer le plomb en or, de distiller un solvant universel, voire même un élixir d’immortalité« .

Et dans l’intrigue magistrale qui se tisse peu à peu, un nouvel élément alchimique encore plus important que l’or va occuper tous les esprits : le mésarthium. « Impénétrable, inattaquable. On ne pouvait le couper ni le percer. Personne n’avait jamais réussit ne serait-ce qu’à l’érafler ».

Tout est un prétexte à continuer de lire. Si ce n’est pas la partie avec Lazlo, ce sera celle avec la mystérieuse Saraï qui semble enfermée et libre à la fois, comment une telle chose est-elle possible ? Si ce n’est pas Saraï, ce sera la quête impossible de Lazlo qui vous tiendra en haleine… ou sa relation extrêmement houleuse avec l’un des alchimistes les plus prisés du royaume.

Je ne puis développer plus sur les qualités intrinsèques du roman, mais sachez que les derniers chapitres sont terriblement réussis. Laini Taylor réussi à regrouper toutes les énigmes qui s’amoncelaient peu à peu depuis le début pour nous offrir une fresque finale magistrale. Et ce n’est que le premier tome… Et il est quasiment impossible de ne pas se précipiter sur le second tant le final est terrible.

Conclusion : Le faiseur de rêves est l’une de mes meilleures lectures de cette année 2019. Et le second tome est tout aussi génial bien que très différent, je vous parle donc très bientôt de La Muse des cauchemars !

Cela confirme le talent inouï de Laini Taylor pour créer des univers magistraux.

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Chronique : La dose

Un roman âpre et sombre dans une Angleterre qui se délite totalement…

Melvin Burgess est un écrivain Britannique dont la réputation n’est plus à faire. Acclamé par la critique et ses lecteurs pour le roman Junk (Folio) grâce auquel il a d’ailleurs eu la Médaille Carnegie, Burgess écrit très souvent des romans durs, qui pulsent et qu’on oublie pas. La dose est dans la droite lignée de son œuvre, et c’est son dernier ouvrage en date paru en France, et c’était il y a déjà un bon moment : en 2014.

Un adolescent pour lequel on a très peu d’empathie…

Bienvenue dans la vie d’Adam, un adolescent de Manchester qui se laisse un peu trop aller et qui pense que la vie lui sourira naturellement. Il fait du football en club et fait tout pour être repéré par un recruteur, mais pour le moment ça n’a pas pris.

Sa famille vit chichement depuis que son père a eu un accident du travail, sa mère travaillant comme une folle et son frère subvenant aux besoins de la famille. En somme, la vie est dure pour Adam et les siens. Mais il espère bien que le vent va tourner en la personne de Lizzie, sa petite amie. Elle est belle, et surtout, elle est riche. Et il se dit que si il arrive à la garder près de lui, il pourra profiter de la fortune familiale.

Oui, c’est moche, mais Adam ne s’encombre pas de scrupules et a même un plan… mais ça c’est avant la mort en direct d’une star de la chanson qui a pris du RAID, une drogue particulière et aux effets terribles. Cet événement va d’ailleurs bouleverser la société toute entière quand des milliers de fans décident de faire la même chose…

Qu’est-ce que le RAID ? La drogue la plus efficace et la plus planante qui existe. Un cachet = une semaine de plaisir. Mais à la fin, c’est la mort. Beaucoup sont malgré tout tentés d’en prendre pour finir en beauté une vie qui n’en vaut pas la peine selon eux…

Un roman ado qui se dévore comme un thriller

J’ai beaucoup aimé l’ambiance sociale tendue et désespérée décrite par Melvin Burgess. On sent que beaucoup n’ont plus rien à perdre et sont prêts à tout pour finir leur vie avec panache. C’est aussi une façon détournée de se suicider pour certains : sans douleur, une semaine entière de plaisirs, cela peut être un argument fort.

En parallèle à ces milliers de personnes ayant pris le RAID, il y a un groupuscule qui essaie par tous les moyens d’estomper les inégalités sociale du pays : Les Zélotes. On ne sait pas qui se cache derrière cette appellation, mais ce sont des soldats autoproclamés de la justice. Leurs action sont parfois violentes, mais elles ont pour but final d’améliorer l’avenir commun.

C’est dans ce contexte terriblement sombre que l’on suit Adam, qui a pris également du RAID. On va le suivre durant toute sa dernière semaine, et peu à peu, il va évoluer sous nos yeux. Là où l’on ne voyait qu’un petit arriviste fainéant, on va peu à peu découvrir un adolescent qui cache du courage et beaucoup d’amour. Mais il va falloir qu’Adam traverse de terribles épreuves avant que l’on aperçoive ces qualités chez lui.

Violence, sang, haine, amour viscéral, Melvin Burgess ne nous épargne rien, ce qui nous force à dévorer La dose en un laps de temps très court. Ma seule remarque serait la conclusion un peu trop hâtive qui détonne quelque peu avec le ton général du roman. Pour moi, la conclusion est un peu trop douce et facile, il y aurait dû avoir un peu plus de pots cassés pour qu’on y croie… en dehors de cela c’est un bon roman.

Pour ceux et celles qui aiment les romans durs et sans filtre, La dose pourrait fortement vous plaire !  A lire comme un thriller social sur fond de drogue et de mafia. Dès 15 ans.

Chronique : Falalalalaaalalalala

Ou comment tomber en amour pour l’Alsace, les bredele et les chants de noël en un seul roman !

Mise en situation falalalalesque avec un bon thé aux pignons de pin, et SURTOUT, des bredele !

Emilie Chazerand est l’autrice fantabuleuse de La fourmi rouge, qui était un giga-coup de cœur (une douce pensée pour le poudrier en or…). La barre était donc assez haute, car il est toujours difficile de faire bien voir mieux quand on fait autant plaisir à un nouveau lectorat. Mais c’était mal  la connaître puisque Falalalalaaalalalala est une pépite tragi-comique.

Les bredele, à traduire littéralement en « petits gâteaux de noël », sont un délice !

Pas facile de vivre normalement quand la norme est atteinte d’achondroplasie

Richard vit dans un paradis, enfin aux yeux des autres, c’est le nirvana. Il vit avec toute sa famille (que des filles) dans Tannenland, le lieu de vie de la famille Tannenbaum depuis trois générations… Sauf que les Tannenbaum sont tous des nains (enfin, des naines) excepté le fameux Richard ! Et c’est parfois dur à assumer d’être de le seul grand, et aussi le seul garçon de la famille…  

Et même si Tannenland est le paradis du bredele et de toutes sortes de sablés de noël, ça ne suffit pas toujours à se sentir bien pour Richard… D’autant que beaucoup de mauvaises nouvelles vont arriver sur la – petite – communauté.

Voilà comment j’imagine Tannenland quand je lis Falalalalaaalalalala : un lieu à la fois magique et onirique… très paisible. Bref, tout le contraire de ce qu’on va découvrir !

Entre rires et larmes, plongez de plain-pied dans la magie de noël et ses drames familiaux !

Du début à la fin, c’est un régal de lire Falalalalaaalalalala. On se marre presque à chaque page, on s’émerveille, on s’attendrit… On est touché par l’histoire de cette famille cabossée par les secrets qui vont exploser les uns après les autres.

Et puis, il faut avouer que Tannenland a l’air d’être un vrai petit coin de paradis avec ses décors de noël, sa ferme d’animaux nains, sa petite boutique de pâtisseries alsaciennes… C’est le tableau idéal pour s’imprégner à merveille de l’ambiance de noël ! Mais ce décor de rêve ne va pas suffire à résorber les non-dits passés et va au contraire les exacerber. Vous tomberez certainement sous le charme du Grand et maladroit Richard, où rien dans cette maison n’est à sa taille (et pour cause, elle a été construite expressément pour des nains !).

A Tannenland, TOUT est petit, y compris les animaux de la ferme du domaine !

Richard n’est pas le seul à pouvoir vous attendrir… il y a aussi Lulu, aussi touchante que très maladroite/drôle dans ses paroles, elle a le don de tout exagérer x1000 ! Et si ces deux-là ne vous ont pas convaincus, il y a encore la grand-mère acariâtre, le prêtre branché et plein d’autres personnages tout aussi hauts en couleurs…

Falalalalaaalalalala est ainsi un superbe roman à destination des ados (dès 14 ans) et des plus grands ! Et pas besoin d’attendre Noël pour le dévorer… juste un bon chocolat chaud, un plaid et des petits gâteaux et c’est parti !

Et voici les Sebright argentées, de magnifiques poules naines, deux œufs de poule ordinaires équivalent à trois de leurs œufs !

Chronique : Un écrivain, un vrai

Un roman passionnant sur la question épineuse : qu’est-ce qu’un écrivain ? Et quels sont les critères pour le définir ?

Pia Petersen est une autrice Danoise qui vit en France depuis presque toujours. Elle écrit tous ses ouvrages en français. L’un de ses plus connus est celui chroniqué ici, Un écrivain, un vrai (Actes Sud, Babel), mais on peut également citer Paradigma (paru il y a peu aux Arènes) ou encore Une livre de chair (Actes Sud).

Une téléréalité hors-norme pour un écrivain qui l’est tout autant

Gary Montaigu vient de recevoir un coup de massue en apprenant qu’il avait remporté le Man Booker Prize (équivalent du Goncourt aux USA), c’est ainsi qu’on lui propose de participer à l’émission Un écrivain, un vrai. Cette téléréalité a de quoi étourdir par son ambition ; en effet, Gary Montaigu va devenir une star parmi les stars avec l’émission.

Son concept ? Filmer quasiment tout du quotidien de l’auteur, mais surtout voir son processus créatif. Cependant, les téléspectateurs vont peu à peu donner leur avis sur l’ouvrage en cours d’écriture… est-ce nécessairement une bonne idée de s’immiscer dans l’intimité de création d’un auteur ? Est-ce stimulant ? Ou autre chose ?

Un roman aux allures de satyre de notre société

Très introspectif et réfléchi, Un écrivain, un vrai nous propose une belle façon de penser notre société au travers du prisme de l’écriture. L’intrigue est très prenante (bien que le déroulement assez lent), mais je pense qu’il faut voir au-delà et ne pas penser qu’à l’histoire. Il y a beaucoup de symboliques et de circonspection dans ce roman, différents niveaux de lecture également.

Rien qu’au niveau des symboles, ont peux réfléchir à l’étrange patronyme de notre écrivain star : Gary Montaigu. Est-ce un clin d’œil à Romain Gary et à l’une des pièces les plus connues de Shakespeare, Roméo et Juliette ? Une double référence littéraire ? Je pense que oui, et ça me fait sourire… surtout en découvrant la suite de l’histoire.

Par ailleurs, les personnages ont beau être peu nombreux, ils sont fort bien développés. Je pense notamment à la femme de Gary, la calculatrice Ruth. Difficile à cerner, facile à détester au travers des yeux de Gary… l’est-elle vraiment ? A vous de juger… Même réflexion sur la fameuse Alana censée être utilisée comme « ressort » dans l’émission pour créer une tension dramatique dans le couple Ruth/Gary. Son but ? Faire de l’audience en endossant le rôle de la « seconde femme ».

Pia Petersen invente au passage un terme intéressant bien qu’effrayant, celui de télé-lecteur. Comme le téléspectateur, il a une opinion bien arrêtée, jugera très vite de ce qu’il souhaite ou ne souhaite pas voire ou lire. C’est ainsi, que peu à peu, le processus de création de Gary Montaigu est freiné… tant il est ausculté dans les différentes facettes de sa vie.

C’est donc un très bon roman que Un écrivain, un vrai. Pas nécessairement aussi facile d’accès que les lectures que j’ai habituellement, mais tout aussi plaisant. Une ambiance particulière s’en dégage, et j’adore lire des romans qui parle d’auteurs, de processus de création, d’édition et d’écriture… et c’est l’apogée du plaisir de lecture pour moi.

Le décor dans lequel j’imagine parfaitement l’intrigue de ce roman, la pièce parfaite pour l’écrivain new-yorkais.
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Chronique : Salina

Le grand retour de Laurent Gaudé dans le roman initiatique. Dans une Afrique fantasmée qui ressemble à l’univers de La mort du Roi Tsongor

Laurent Gaudé est un auteur français à l’œuvre très prolifique. Il écrit aussi bien des romans, que de la poésie ou du théâtre. D’ailleurs, Salina était une pièce de théâtre écrite en 2003 avant de devenir un roman en 2018. Et il est magistral.

Par ailleurs, vous connaissez certainement un des ouvrages de Laurent Gaudé : Le soleil des Scorta, Eldorado, ou encore Ouragan et mon préféré par-dessus tout : La mort du roi Tsongor (qui pour moi se déroule dans le même univers que Saline, ou un très ressemblant).

Un fils en quête d’un lieu de sépulture pour sa défunte mère…

Salina est morte. Elle était exilée, oubliée de tous ou haïe, sauf d’une personne : son seul et unique fils. Elle lui a tout appris, à survivre dans le désert, à s’y repérer… Maintenant qu’elle n’est plus là, il est de son devoir de trouver un lieu de repos digne de celle qu’a été sa mère. Une femme rebelle et indépendante qui aura bravé les conventions par amour, et qui n’a rien eu en retour… ou presque.

Un texte court et mémorable

Salina a beau ne faire que cent-cinquante pages à peine, cela est bien suffisant pour s’imprégner de l’ambiance particulière de ce texte. A la fois mythe, roman d’amour, légende, quête initiatique, récit… Salina est extraordinaire. Dans beaucoup de moments, j’ai retrouvé la beauté de la tragédie chère à Laurent Gaudé, tout comme dans La mort du Roi Tsongor (un texte qui fut une révélation pour moi).

Le désert, comme je l’imagine dans le roman…

On est dans une sorte d’Afrique imaginaire, sans nom, sans époque, juste pleine de ses légendes qui traversent oralement les générations et les villages.

Le fils de Salina va-t-il trouver un lieu de sépulture à la hauteur de ce qu’à été cette femme pour lui ? Va-t-il avoir le courage de la transporter par-delà les territoires qu’il connaît ? Vous aurez toutes les réponses à ces questions… et la conclusion en est magnifique.

J’imagine parfaitement cette ville dont parle Laurent Gaudé. Avec ses barques qui suivent la légende orale de Salina contée par son fils, et qui au fil de l’histoire grossissent les rangs. Avec son étrange et mystérieuse île-cimetière, qui ne s’ouvre uniquement si on a conté l’histoire du défunt avec éloquence et sincérité…

……..

Si vous êtes à la recherche de beauté, de poésie et de magnificence tout en simplicité, Salina sera pour vous. On ressort grandit d’un conte onirique comme celui-là. Et on y repense souvent… Merci Laurent Gaudé pour ce texte, cela faisait des années que j’en attendais à nouveau un comme cela.

Chronique : Âpre cœur

Roman phénomène aux Etats-Unis, Âpre Cœur de Jenny Zhang a débarqué en France aux éditions Picquier. Plébiscité par la critique – française et étrangère – il est également optionné pour une adaptation cinématographique. A la découverte d’un roman atypique qui mêle humour noir, vécu romancé et vérité sociale sur les immigrés chinois installés au Etats-Unis.

Jenny Zhang est une essayiste, poétesse et autrice américaine d’origine chinoise. Elle est née à Shanghai et vit désormais à Brooklyn. Fille d’immigrés chinois, elle base l’essentiel de son oeuvre sur cette double appartenance à deux cultures très différentes. Âpre Cœur en est l’illustration parfaite.

Entre le roman et le recueil de nouvelles qui se recoupent pour former un ensemble cohérent, Âpre Coeur est un ouvrage qui nous fait découvrir une facette méconnue des Etats-Unis au travers d’une population qui ne s’exprime que rarement.

L’ouvrage va être adapté prochainement au cinéma.

Un recueil de nouvelles aux points communs diffus mais bien présents

Pas évident d’appréhender au début la lecture d’Âpre Coeur, à la fois roman et recueil de nouvelles assez longues. Mais ces dernières elles sont toutes liées entre elles, même si le lien qui les unit est extrêmement ténu parfois.

Personnellement, j’ai trouvé plus facile d’approcher l’ouvrage en me disant que je lisait un recueil d’histoires plutôt que comme un roman linéaire. Je ne me suis ainsi pas sentie obligée de toujours faire le point pour retrouver le contexte dans lequel on se trouve (quelle famille, que lien les unis, etc.).

Quoi qu’il en soit, chacune de ces histoire nous conte la difficulté et le bonheur croisés d’être enfant d’immigré chinois aux Etats-Unis. La misère que ça implique pour voir peut-être ses enfants réussir…

Jenny Zhang, la jeune autrice du percutant roman Âpre coeur.

Des tranches de vies prises sur le vif

Comme une photographie de l’instant, les nouvelles sont très vivantes, on y croit immédiatement. Et pour cause, Jenny Zhang s’est nécessairement inspirée de son vécu et de son histoire familiale pour créer Âpre Coeur.

Voici la liste des nouvelles contenues dans l’ouvrage : Crispina, on t’aime, La vide le vide le vide, Nos mères avant eux, Mes jours et mes nuits de terreur, Pourquoi jetaient-t-ils des briques ?, Tu es tombée de la rivière et je t’ai sauvée !.

Parmi les histoires qui m’ont le plus marquée, la toute première m’a particulièrement touchée. Tous les sacrifices innombrables qu’ont fait ces parents pour que leur fille ait un avenir meilleur. La misère, les déménagement de trous pourris et insalubres en appartements délabrés, les collocations avec d’autres immigrés chinois fraîchement débarqués… La décision difficile de leurs parents pour offrir le meilleur à Christina, une fille sensible, bizarre et attachante. Elle souffre de démangeaisons atroces qui la font se gratter jusqu’au sang la nuit. Ils sont si pauvres qu’ils volent la poudre aromatisée des nouilles dans les magasins pour accommoder leurs restes…

« Après ma pneumonie, j’avais beaucoup de mal à ne pas régurgiter mes aliments, et parfois, mon papa ramassait à la cuillère ce que j’avais vomi et le mettait dans sa bouche pour ne pas gaspiller la moindre parcelle de nourriture […]« .

Autre nouvelle touchante et triste à la fois : Mes jours et mes nuits de terreur. L’histoire d’une jeune fille, Mandee, dont les parents ont tout le temps peur pour elle. Systématiquement. Comme elle ne ferme plus les yeux très fort quand elle a un vaccin, ses parent sont persuadés qu’elle se drogue… C’est à la fois drôle et tragique… Et quand on découvre que le prénom de cette jeune fille a été inspiré aux parents par un magasin de vêtements quand ils venaient d’arriver aux U.S.A., on ne peux s’empêcher de sourire de tristesse… Leur histoire concentre pour moi toute l’abnégation et la force de caractère de ces familles qui ont tout fait pour rester aux Etats-Unis, mais également le cruel manque de connaissances qui les ont empêché de s’intégrer pleinement malgré leurs efforts maladroits…

 » Tu devrais être dans la classe des surdoués. Tu devrais être avec les meilleurs. Ne pas échouer, ce n’est pas un exploit.

– Je suis désolée

– Ne sois pas désolée, sois meilleure « 

Certaines nouvelles oscillent entre la Chine d’il y a 20 ans et celle d’aujourd’hui. On comprend un peu mieux les raisons pour lesquelles ils sont partis en Amérique (dénonciations, climat de suspicion), pourquoi d’autres repartent malgré tout…  

 

La couverture en version originale d’Âpre coeur.

On comprend également ce besoin viscéral de réussite pour leur enfants (on surnomme ces femmes qui poussent leur enfants à tout faire dans l’excellence jusqu’à l’excès des mères tigre, elles souhaitent les élever à la dure pour qu’ils aient le meilleur avenir possible. On peut citer comme référence aux Etats-Unis l’ouvrage de Amy Chua, elle même enfant d’immigrés chinois aux États-Unis  : L’hymne de bataille de la mère tigre, gros succès Outre-Atlantique à sa sortie).

Assez inclassable mais malgré tout poignant, Âpre Coeur est un roman que l’on oublie pas car il contient quelques scènes mémorables. Mais c’est surtout l’humanité de ses personnages ainsi que leur passé et leur vie difficile que l’on retient…

L’ouvrage est en cour d’adaptation au cinéma, je me demande bien ce que cela pourra donner sur grand écran, car c’est un ouvrage fort difficile à mettre en image, ne serait-ce que pour sa narration tranchée, vive et parfois décousue.

Je conclurais avec une belle punchline que l’on peut trouver dans la nouvelle Mes jours et mes nuits de terreur :

« En cours d’algèbre, j’avais entendu dire qu’elle « bouffait de la chatte comme si la fin du monde était pour demain » « 

ou encore dans Pourquoi jetaient-ils des briques ?

« Je prie pour que des colibris me crèvent les yeux et laissent leurs excréments dans mes orbites vides plutôt que de revivre ce crève-cœur« .