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Chronique : Et ta vie m’appartiendra

Une réécriture diaboliquement efficace de La peau de chagrin de Balzac version contemporaine. Un véritable coup de cœur qui donne envie de (re)lire l’oeuvre d’origine..

Dernier roman en date de l’auteur français Gaël Aymon, Et ta vie m’appartiendra vient tout juste de paraître en librairie le 19 mars dernier. Enfin, vous pourrez le trouver en librairie après le confinement !

Gaël Aymon a déjà écrit quantité de romans pour la jeunesse et les ados, parmi eux : Contes d’un autre genre (Talents Hauts), La planète des dormants (Nathan), ou encore Mon âme frère (Actes Sud Junior).

Je dois avouer que c’est la première fois que je lis un de ses romans, et que j’ai été assez séduite pour vouloir découvrir plus amplement son univers… explications.

Un héritage comme tombé du ciel… bénédiction ou infortune ?

Irina est une adolescente à qui la vit n’a jamais sourit. Elle a une mère extrêmement difficile à gérer qui se plonge dans de nombreux trafics louches et ne fait rien de sa vie… Pire, elle entraîne sa fille dans la dépression en maintenant un foyer anxiogène… C’est dans ces difficiles conditions que l’adolescente tente le concours qui pourrait l’amener à intégrer la prestigieuse école Sciences Po. Elle n’en a rien dit à sa mère, elle sait que cette dernière la découragerait…

Elle envie souvent sa meilleure amie Halima à qui tout semble réussir : une famille stable, aimante, qui donne les moyens d’avancer à leur fille…

C’est ainsi que Halima réussit le concours de Sciences Po et que Irina échoue, forcément. Mais la roue du destin va tourner pour Irina quand sa grand-mère, qu’elle a à peine connue, lui offre en héritage une mystérieuse peau dure et sèche. Le dernier vœu de sa grand-mère est qu’elle conserve l’étrange relique au coffre de la banque. Et que surtout, elle ne s’en serve JAMAIS. Car la peau a le pouvoir d’exaucer tous les souhaits… Irina n’ayant connu que le manque d’amour et la misère va bien sûr être tentée… et son premier souhait d’une longue série sera d’être riche. Riche à un point tel qu’il est impossible de dépenser autant en une seule vie… à moins qu’elle soit courte.

Un roman diaboliquement bien ficelé, mélangeant culture classique et époque contemporaine avec efficacité

Magistral. Addictif. Marquant. Philosophique aussi… Voici les quelques adjectifs dont ont peut affubler sans équivoque ce roman. Certes, il est destiné aux adolescents, mais il pourrait sans problème être lu avec plaisir par des adultes tant il est parfaitement pensé jusqu’à sa conclusion.

On est rapidement plongés dans une ambiance de polar où tout est soupçon. Car plus on possède, plus on a peur de perdre quelque chose… c’est ce que va découvrir Irina. Elle qui n’avait rien, elle a maintenant tout et plus encore… Tantôt très psychologique, parfois glissant sur le polar et même l’espionnage, chaque facette de ce roman fonctionne. Les personnages sont peu nombreux, mais travaillés avec efficacité, on s’y croit en très peu de pages…

Il est très malin de s’inspirer directement d’un classique de la littérature pour le transformer en un conte philosophique de notre époque. Et ça fonctionne diablement bien…

Très bonne idée, pourquoi cela ? Car c’est un beau prétexte pour s’intéresser à l’histoire de La peau de chagrin. Et c’est belle occasion pour découvrir un classique de façon ludique et détournée… car une fois commencé Et ta vie m’appartiendra, impossible de s’arrêter. Comme si la fameuse « peau » prenait également possession de vous… ça fait peur ? Attendez de voir les bonnes idées qu’a trouvé Gaël Aymon pour donner vie à son roman et à sa « peau ».

Extrait du texte de La peau de chagrin de Balzac.

Grâce à cette phrase emblématique du roman original, vous comprendrez mieux le titre de cette réécriture contemporaine. Alors, faut-il avoir lu La peau de chagrin pour en profiter pleinement ? Non. Justement, ce génial thriller philosophique et psychologique est un prétexte pour le découvrir.

Gageons qu’il fera des émules qui voudrons découvrir la « vraie » histoire de la peau de chagrin. Ce classique qui a tant marqué les esprit qu’une expression en a été tirée.

Ainsi, ce roman ado a tout pour lui : un suspense efficace, une histoire qui tient la route sur tous les aspects, une mise au goût du jour qui fonctionne à souhait (c’est le cas de le dire)…

Il ne vous reste plus qu’à découvrir cette merveille, elle vaut le détour !

Chronique : Se taire ou mourir ?

Un thriller efficace à destination des ados… ceux qui aiment les ambiances de petites villes glauques à la Riverdale devraient être servis !

Il vient tout juste de sortir aux éditions Nathan, c’est le grand retour de l’autrice américaine Karen M. McManus ! Elle a avait précédemment écrit Qui ment ? (Nathan, 2018) qui avait plutôt bien rencontré son public en France. Ainsi la voilà qui récidive dans la veine du polar young-adult, alors est-ce aussi addictif qu’annoncé ?

Une vie à refaire, un passé à oublier

Les faux-jumeaux Ellery et Ezra viennent de débarquer dans la petite ville de Echo Ridge. Mignonne, proprette, calme… les superlatifs ne manquent pas pour décrire cette petite bourgade typiquement américaine. Mais son passé est lourd : plusieurs meurtres et disparitions ont eu lieu il y a de cela des années, et il semblerait que ça recommence.

Messages menaçants, bal de promo pouvant devenir un théâtre sanglant… le danger rôde rapidement autour des jumeaux, qui n’ont rien demandé. Mais leur mère semble en savoir plus que ce qu’elle prétend sur le passé trouble de la ville… alors, est-ce lié ? Ou y-a-t-il autre chose qui menace Ellery et son frère ?

En férue de drames en tous genre et de fais divers sordides, Ellery décide de mener elle-même l’enquête… peu importe les dangers, la vérité doit éclater. Il ne reste plus qu’à la découvrir…

Un thriller qui fonctionne du début à la fin

J’adore les romans américains se déroulant dans des bourgades à taille humaine… Tout le monde ou presque se connaît, tous les habitants ont un passé commun, un vécu qui les rend plus vrais. Et l’ambiance y est à la fois feutrée et mystérieuse… D’où mon analogie à la série Riverdale qui est pour moi la quintessence d’une ambiance résidentielle à l’américaine avec ses lots de secrets, sa soi-disant tranquilité avant de basculer dans le polar ou le thriller.

C’est cette bascule entre le quotidien tranquille et le côté haché et violent du thriller qui me plaît, et Se taire ou mourir ? réussit parfaitement l’exercice !

On se fait balader de A à Z tout au long du livre malgré les indices, on essaye de trouver nous même (sans grande réussite) le/la coupable de tous ces odieux crimes. Et plus l’étau se resserre plus les idées folles surgissent !

C’est donc ici à la fois un bon thriller, mais aussi un roman à l’ambiance réussie, même si l’accent n’est peut-être pas assez mis dessus. Le terreau qui sert d’intrigue prend bien et fonctionne à merveille. Se taire ou mourir ? Se lit d’une traite ou presque car il possède la qualité de ne pas être trop classique dans son développement, contrairement à d’autres ouvrages où l’on a l’impression que l’auteur suit un schéma de base.

Ici, c’est réfléchi, le passé de chaque personnage est important, creusé et compte pour la suite de l’intrigue. Le tout s’entremêle pour moi avec assez d’efficacité et d’effet de surprise pour que l’on y croie sans avoir trouvé la réponse. C’est donc l’idéal !

Et surtout… mais cette dernière phrase dans le bouquin, elle est juste énorme. Alors, elle n’est pas cruciale pour l’intrigue, mais elle apporte tellement plus d’éléments. C’est tout simplement une excellente idée d’avoir tenu cet indice jusqu’à l’ultime mot de l’ultime page.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce thriller YA. Il est efficace, use de stéréotypes sans en abuser, ce qui rend le tout extrêmement agréable sans pour autant lasser le lecteur. La psychologie de chaque personnage est creusée à souhait. Et l’intrigue policière se tient parfaitement ! Donc si vous souhaitez passer un excellent moment de lecture, c’est le roman parfait. A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

Chronique jeunesse : Rascal

Un roman naturaliste et merveilleux à découvrir !

Connaissez-vous Sterling North ? Personnellement, j’ai découvert cet auteur américain emblématique grâce à la réédition de Rascal par l’Ecole des Loisirs parue en février 2020. Et grand bien leur a pris de ressortir ce chef-d’œuvre de la littérature jeunesse !

L’ouvrage était paru initialement en France en 1986, mais je n’ai pas eu la chance de le découvrir avant… heureusement c’est réparé, et il ne tient qu’à vous de faire de même.

Pourquoi c’est si beau, si flamboyant ? Simplement car c’est l’une des plus belles déclarations d’amour faites à la nature sous toutes ses formes… en particulier celle d’un raton laveur.

Cette histoire est à ce point un classique aux Etats-Unis qu’il y a même eu une adaptation cinématographique de Rascal en 1969 par Disney !

Sterling North avec des ratons laveurs, une amitié indestructible.

Une amitié improbable voit le jour…

Sterling North est encore un enfant en 1918 quand il découvre avec Wowser (son chien et ami fidèle) une portée de petits ratons laveurs. Rascal est l’un d’eux. Il décide de l’adopter, le nourrir, en prendre soin pour que le jeune raton s’épanouisse dans sa nouvelle vie avec les humains.

Mais bien entendu, cela ne va pas se faire sans (de joyeux) heurts… A la fois roman, témoignage et récit éthologique, Rascal est une pépite qu’il ne faut pas se limiter à lire enfant.

Une photo de Sterling North.

Une aventure humaine et animale incroyable

Quand j’ai lu Rascal, ce n’est qu’au bout d’un grand nombre de pages que j’ai compris que ce n’était pas uniquement un roman, mais bel et bien un témoignage. Incroyable ? Oui, surtout quand on voit tout ce que Sterling North et Rascal ont pu faire tous les deux (le concours de tartes est incroyable à lire !). Leur histoire commune, leur amitié hors normes force l’admiration…

Et le jeune Sterling North était d’une débrouillardise rare : il construisait son propre canoë (qui a trôné des années dans le salon de la maison sans que son père y trouve à redire) tout seul et s’achetait ses propres matériaux payés par des menus travaux qu’il effectuait.

Toujours à l’affut d’un bon plan ou prêt à aider son prochain, le jeune Sterling est un enfant bercé au rythme de la nature. Il aime tous les animaux sans aucune distinction, mais c’est avec Rascal qu’il a noué les liens les plus indéfectibles.

La maison où Sterling North a vécu toute son enfance, maintenant devenue un musée à sa mémoire.

Une complicité telle s’est créée entre eux qu’elle a permis à son auteur de nous décrire avec précisions les lubies des ratons laveurs – ils adorent chiper des trucs, ce sont de vraies pies ! – et celles de Rascal plus particulièrement. Même les terribles défauts du raton sont attachants. Cependant ce n’est pas l’avis de tous les voisins de Sterling North, qui aimeraient bien faire enfermer Rascal, surtout depuis qu’il est devenu fou de maïs (scène hilarante et mémorable).

A la fois drôle et extrêmement touchant, ce récit nous parle également de la perception qu’avait un enfant de la Grande Guerre. En effet, Sterling North était jeune à l’époque, mais pas assez pour avoir oublié les méfaits de 14/18, d’autant que son grand frère était au front. Cela aussi nous est conté, toujours avec talent et franchise par son auteur : sa peur de ne pas revoir son frère, l’échappatoire que lui offre son amitié avec Rascal pour oublier de nombreux tracas…

Rascal, c’est le portait figé d’une certaine idée de ce qu’étaient les Etats-Unis. Une sorte de version fantasmée de l’Amérique du début du XXème siècle où personne ne fermait sa maison à clé et où le contact était laissé sur la voiture… C’est un texte à la fois apaisant et nostalgique où il fait bon se détendre. C’est le genre de livre qui donne foi en l’humanité car Sterling North semblait être d’une sincérité touchante dans le moindre de ses actes… Comme le prouve d’ailleurs la fin du roman qui m’a émue aux larmes.

On comprend pourquoi cet ouvrage est devenu un véritable classique de la littérature jeunesse américaine.

Ainsi, je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir ce texte rare et merveilleux qui nous plonge avec humour et réalisme dans une Amérique désuète et envoûtante… A LIRE SANS RESTRICTION D’ÂGE ! (mais dès 9 ans).

Illustration intérieure d’une ancienne édition de Rascal.

Mini-chroniques #8 : Un village autarcique, un repas qui tourne mal, une vie qui vaut la peine d’être vécue et des évaporés au Japon

Y a-t-il un lien entre ces différents ouvrages ? Oui, même si il est ténu. Il s’agit avant tout des spécificité d’un pays, ou d’une communauté. Qu’est-ce qui fait que le Japon est ce qu’il est ? Pourquoi un repas familial dans une famille occidentale tournerait mal ? Qu’elle position la femme peut espérer avoir dans certains lieux isolés de tout ? J’ai aimé tous ces livres et j’espère qu’il vous tenterons… Belle découverte.

Le courage qu’il faut aux rivières – Emmanuelle Favier – Le livre de poche

Le moins que l’on puisse dire sur ce livre, c’est qu’il est très atypique. Le sujet l’est tout autant puisqu’il est question des vierges sous serment, ou vierges jurées. L’autrice a fait beaucoup de recherches avant d’écrire son roman. Et son autre spécificité qui ajoute à l’intérêt et au mystère, c’est qu’il n’est jamais daté ou géographiquement situé. Le mystère reste entier…

L’histoire est celle de Manushe, un femme qui vit dans une petite communauté basée sur le patriarcat. Elle a dû renoncer à être une femme pour pouvoir « s’élever » au rang d’homme, elle a dû jurer de rester vierge et de ne jamais avoir d’enfants…  Pourquoi une telle décision ? Le déclencheur pour Manushe a été la demande en mariage d’un homme beaucoup plus vieux qu’elle, la seule forme de refus possible en ce cas est une transition vers un statu d’homme. Rien d’autre n’est toléré.

Ce roman est très intéressant bien que contenant parfois des longueurs. L’ambiance y est pesante, mystérieuse à souhait, c’est une de ses grandes qualités. Au final, c’est une belle histoire d’amour doublement atypique qui nous est ici offerte, j’ai beaucoup aimé. La fin quant à elle mérite d’être mentionnée car elle est parfaite bien que très mélancolique… Un ouvrage curieux à lire pour se dépayser à tous points de vue.

Le discours – Fabrice Caro (ou Fabcaro pour les intimes) – Folio

Paru il y a peu au format poche, Le discours était à sa parution en grand format un grand succès de librairie. Succès dû autant au nom que s’est taillé l’auteur qu’à la qualité de son travail original et grinçant (son plus connu Zaï Zaï Zaï Zaï ou encore l’excellent Et si l’amour c’était aimer ? toutes deux des bd).

Le discours reprend l’univers toujours un peu à côté de la plaque mais plaisant de l’auteur. C’est avant tout dans la narration qu’est la grande force de Fabcaro (tout comme c’est le cas pour ses bd, le texte prime largement sur le dessin). Alors forcément, un roman semblait être la suite logique de cet auteur atypique.

Pour moi, Le discours fut un moment plaisant de lecture, pas mémorable, mais tellement grinçant qu’il fait sourire. On y retrouve toutes les caractéristiques narratives et stylistiques de Fabcaro. Donc si vous aimez ses bd, vous aimerez son roman, même si il a parfois quelques longueurs et joue un peu trop sur les mêmes ressorts. C’est le défaut du format roman, qui oblige à diluer parfois l’humour si percutant à l’origine.

Quoi qu’il en soit, on passe un bon moment de lecture même si ce ne sera pas le coup de cœur de l’année de mon côté. Parfait pour ceux qui aiment l’humour noir ou rire, tout simplement !

Dieu me déteste – Hollis Seamon – 10/18

Ce bouquin… je l’ai lu il y a tellement longtemps que je serais incapable de vous faire un résumé correct. MAIS. J’avais passé un super bon moment entre tragédie contemporaine et humour adolescent qui veut se bruler les ailes.

Tout essayer de ce que la vie a à offrir avant qu’elle se termine. Une sorte de Nos étoiles contraires un peu moins dans les clous, moins lisse, plus rock. Enfin, c’est comme ça que je le vois car je n’ai jamais lu/vu Nos étoiles contraires.

Bref, impossible à présenter, mais c’était super à lire. J’espère vous avoir donné envie avec cette mini-chronique qui ne mérite même pas le nom.

Les évaporés – Thomas B. Reverdy – J’ai Lu

Si vous vous intéressez au Japon et à ses différents phénomènes de société que l’on ne retrouve que là-bas (les hikkikomori – voir le roman éponyme sur ce sujet inhérent au Japon – ou encore les fameux évaporés), ce roman vous intéressera.

Qui sont ces fameux évaporés ? Des personnes qui ont décidé pour des motifs très différents de quitter les leurs : famille, amis, à jamais perdus. Certains parce qu’ils avaient des créances auprès d’usuriers, d’autres pour fuir une réalité difficile…

C’est ainsi que le roman débute avec Yukiko qui fait appel à Richard pour retrouver son père disparu. La police nippone ne s’intéresse pas à son cas, et il n’y aura pas d’enquête de leur part pour le retrouver… les évaporés sont monnaie courante au Japon.

Entre le roman et le document, nous voici plongé dans l’histoire sociétale d’un pays au milles fractures et mystères. J’ai adoré Les évaporés pour son atmosphère, et également pour cette facette méconnue qu’il dépeint. Un beau roman à découvrir pour toute personne désireuse de s’ouvrir à d’autres cultures et façons de penser le monde.

A la découverte des Chroniques de Zi

Une saga de fantasy pour la jeunesse ambitieuse et qui fonctionne de façon originale

Débutées en 2017, Les chroniques de Zi viennent de voir paraître en février 2020 le cinquième et dernier tome de la saga. Jean-François Chabas signe ici une intrigue menée de main de maitre, se jouant de références de l’imaginaire mélangée à sa propre créativité.

Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur, sachez qu’il a écrit quantité de textes pour la jeunesse, et cela pour tous les âges : Aurélien Malte (Le livre de poche), Les lionnes (L’école des Loisirs) ou encore La colère de Banshee (Casterman).

Le début d’une épopée épique

Tout commence avec un terrible enlèvement. Celui d’un prince qu’une sorcière décide de s’approprier. De lui, nous ignoreront tout pendant une quinzaine d’années au moins…

Dans le temps présent, nous suivons le jeune Phelan, un garçon brave bien que peu doué pour l’art du combat. Il s’est mis en tête de quitter père et mère pour sauver une princesse disparue depuis quelques jours dans les terribles Monts Jaunes. Terribles pourquoi ? Car les Monts Jaunes sont habités depuis des millénaires par un terrible Ogre. Rien ni personne n’a réussit à le faire disparaître… mais ce n’est pas ça qui arrêtera Phelan, tombé amoureux de cette fameuse princesse en un seul échange de regards.

C’est ainsi que débutent les étranges Chroniques de Zi… Qui est Zi ? Mystère absolu… pour le moment !

Une intrigue qui prend son temps pour se développer…

Au premier abord, on pourrait croire que cette saga est une énième série de fantasy pour les 12/14 ans à sortir régulièrement dans le paysage éditorial. Et bien oui… et non !

Les chroniques de Zi sont bien plus qu’elles ne le paraissent au premier abord. En effet, il y a tant d’indices semés sur la route, tant de références (petites ou géantes) aux contes de fées que très rapidement, on est pris dans les aventures de Phelan et de son ami Turi.

En effet, le premier tome met un peu de temps à démarrer, mais une fois qu’on est ferré, c’est un véritable régal de lecture ! La première partie est d’ailleurs géniale à lire, et le changement de ton dans la seconde fait perdre un peu le rythme, mais on s’y retrouve vite.

Chaque tome se concentre plus particulièrement sur un des personnages de la saga et nous permet d’en apprendre plus sur chacun d’entre eux… Et peu à peu, les mystères s’éclaircissent, mais pas toujours. Quoi qu’il en soit, on sent que l’auteur a beaucoup travaillé l’histoire de ses personnages en amont. Rien n’est laissé au hasard, et c’est plaisant.

On n’échappe pas à certains stéréotypes tels que ceux d’une princesse forcément sublime et désirable – bien que celle-ci soit débrouillarde – mais on lui pardonne ces quelques maladresses. Pourquoi ? Car tout ça fonctionne, et diablement bien qui plus est !

Dans les deux premiers tomes, c’est assez linéaire, vous aurez droit à une suite de péripéties certes intéressantes mais assez classiques. Dans le troisième opus cependant, on passe à un autre niveau. Que ce soit en termes d’intrigues ou de développement d’univers, on sent que l’auteur s’approprie vraiment son univers à partir de ce volume… Il se fait plaisir avec quantité de bonnes idées et nous transporte avec lui.

Ainsi, vous avez d’un côté le pays des Mille Lacs, qui ressemble à notre Moyen-Âge occidental tel que nous le connaissons. De l’autre, vous avez le Royaume des Trois Vagues qui semble s’inspirer de la culture Maori (l’auteur a créé tout un vocabulaire très dense pour épaissir le réalisme de ce peuple créé de toutes pièces). C’est original et très réussit, notamment lorsque l’on découvre enfin le Royaume des Trois Vagues de façon concrète et non plus par les on-dit…

C’est ainsi que peu à peu, la trame se tisse et nous offre une épopée de fantasy qui a su s’émanciper des classiques du genre. A la fois familier mais original, Les chroniques de Zi est une bonne saga à découvrir. En tout cas, ses trois premiers tomes sont un vrai régal de lecture… et gageons que la suite le soit aussi !  

Chronique : La Reine sous la neige

Un roman poétique, sensible et délicat qui nous plonge dans une Angleterre où la Reine n’est plus… mais où son esprit perdure.

Si vous aimez la littérature de jeunesse, le nom de François Place vous parle nécessairement. Il est l’un des auteurs phare de la maison Gallimard même si tous ses ouvrages ne sont pas exclusivement chez eux. On peut citer Le vieux fou de dessin (souvent prescrit dans les écoles primaires) ou encore La douane volante.

Mais la particularité de ce grand monsieur de la littérature de jeunesse, c’est qu’il est également illustrateur. C’est lui qui a fait les couvertures de la plupart des romans de Michael Morpurgo (Le royaume de Kensuke, Le roi de la forêt des brumes, etc.).

Il est également l’auteur et illustrateur d’une série de premières lectures chez Folio Cadet : Lou Pilouface.

La reine sous la neige est son dernier roman en date, il est à destination des préados.

Une atmosphère étrange plane sur l’Angleterre

Une violente tempête s’abat sur Londres, et c’est une quantité de vies qui s’en trouvent bouleversées. Et en premier lieu, celle de Samantha qui devait faire escale à Londres avant de retrouver sa famille… mais elle devra rester plusieurs jours et se débrouiller par elle-même. Et ce n’est que le début des ennuis, l’adolescente est seule car personne ne l’a accompagnée dans ce voyage et pire encore, elle se fait rapidement voler son téléphone portable…

En parallèle, on suit une enquête menée par deux policiers anglais censés résoudre le mystère d’un tigre enfuit d’un zoo… et ils ont intérêt à le retrouver rapidement sous peine de fâcheuses conséquences !

Mais ce n’est pas la seule histoire à s’enrouler autour de la présence fortuite de Samantha, et comme vous allez le découvrir, tout n’est peut-être pas hasard, mais destin ?

Un roman atypique extrêmement plaisant à lire…

Impossible de cataloguer ce roman, mais est-ce vraiment nécessaire ? Bien sûr que non. Ce qu’on peut en dire, c’est qu’il s’agit d’une belle histoire où tout s’entremêle savamment au fil des pages… le tout teinté de réalisme magique à peine saupoudré.

Il ne s’agit pas d’un roman policier, ni d’un roman d’aventures à proprement parler, même si il y a bien du suspense et un mystère à résoudre.

Avant tout cela, La reine sous la neige, c’est d’abord un style, une ambiance, une atmosphère. L’univers de François Place est aussi beau que rassurant pour celui/celle qui le lit. On se régale de voir découler un hasard, puis un autre, puis un autre… jusqu’au portrait d’ensemble réussit d’une histoire originale qui fonctionne bien.

Plus qu’une histoire, c’est donc une écriture et un univers particuliers que vous découvrirez. J’ai beaucoup aimé cet ouvrage même si au final j’en garde un souvenir diffus. Il faisait partie des belles surprises que j’ai pu découvrir en fin d’année 2019 (mais que je ne chronique que maintenant).

Alors si vous aimez vous faire surprendre, si la particularité ne vous fait pas peur, ce roman est pour vous. Il est touchant, très poétique et laisse planer un doute sur le fait – ou non ? – qu’il y a toujours un peu de merveilleux dans le quotidien.

Her Majesty the Queen inspects 1st Battalion the Welsh Guards at Windsor. The Queen, Colonel-in-Chief, accompanied by The Duke of Edinburgh, and The Prince of Wales, accompanied by The Duchess of Cornwall, presented New Colours to the 1st Battalion Welsh Guards at Windsor Castle today, before joining the regiment and their guests at a Regimental Garden Party in the castle grounds.

Pour en savoir plus :

C’est dans ce roman que j’ai découvert que la Reine avait des avantages parfois étranges ! Elle possède ainsi tous les cygnes sauvages qui vivent au bord de la Tamise (il faut qu’ils ne soient pas marqués). Et en creusant un peu le sujet j’ai aussi découvert qu’elle n’avait pas besoin de passeport pour voyager et qu’elle n’a pas de permis de conduire !

Pour en revenir aux animaux, suite à un texte datant de 1324 qui nous vient d’Edouard II, « le monarque possède de fait les baleines et esturgeons pris en mer ou n’importe où dans le royaume« .

Ce texte n’ayant jamais été supprimé, si il prenait l’envie un jour à la Reine de demander le fruit de la pêche de certains bateaux, elle le pourrait ! Tout cela dans un périmètre limité à 5 km des côtes du Royaume-Unis, mais tout de même, c’est déjà bien assez. Voilà pour les étranges avantages octroyés quand on est monarque du Royaume-Uni.

Chronique : Killing November – Tome 1

Un premier tome addictif qui nous donne le meilleur de la littérature ado !

Paru en janvier 2020 chez Pocket Jeunesse, Killing November est le premier tome d’une série young-adult. Il s’agit du premier ouvrage d’Adriana Mather a paraître en France. Le second opus de la saga est déjà programmé en langue originale pour le mois de mai 2020 sous le titre Hunting November, mais il faudra patienter un moment avant de le voir arriver chez nous.

Une entrée en matière immédiate

November se réveille, elle est dans un établissement scolaire privé qui semble sortir tout droit du moyen-âge. A peine accueillie par la chef d’établissement, la jeune fille a plein de questions : quel est cet endroit ? Pourquoi ne se souvient-elle pas de son voyage vers l’école ? Pourquoi n’a-t-elle pas le droit de parler de sa vie personnelle sous peine de renvoi ? Et où se trouve cette école ?

Ce n’est que le début des questionnement pour l’adolescente, qui risque de ne pas se remettre des cours inculqués par cette école, et encore moins de la façon dont les autres élèves vont « l’intégrer ».

Attention, roman sous haute tension…

Dès les premières pages, on est déjà dans le vif. Et ça ne s’arrête jamais vraiment. Il y a très peu de temps morts dans Killing November : toujours beaucoup d’action, des révélations (même si certaines restent attendues), des personnages nombreux et tous particuliers dans leur genre…

Tout prend vie facilement, et Killing November se lit avec aisance. Ainsi, les presque 450 pages de ce roman passent à une vitesse insoupçonnée…

Le plus intéressant dans cet ouvrage est certainement le mystère entier que représente l’Académie Absconditi ainsi que la totalité de ceux qui y séjournent. Tous semble penser que November sait ce qu’il y a à savoir, donc elle ne peut poser aucune question sous peine de paraître faible… Et comme tout l’établissement semble baser les relations entre les élèves sur celui ou celle qui dupera mieux l’autre, elle ne peut se fier à personne. La connaissance, c’est le pouvoir et l’Académie en a fait son fer de lance, de même qu’elle invite ses élèves à en jouer…

Alors dans ce cas, à qui faire confiance ? A qui confier ses secrètes interrogations ? Et pourquoi ses aptitudes à la survie ou au lancer de couteau sont-elles si appréciées ? Pourquoi avoir des cours de poisons ? Et en quoi l’extrême connaissance en étymologie de November pourrait l’aider ?

Non, nous ne sommes pas dans une énième version de Harry Potter… ou alors, à la croisée entre l’ambiance scolaire et mystérieuse de la saga à succès et une autre série de roman : Night School. Si vous ne connaissez pas cette série de roman ados, sachez qu’elle se base sur les mêmes ressorts (avec moins d’éclat que Killing November selon moi) : beaucoup de secrets, des sociétés obscures, des retournements de situation…

Ainsi ce premier tome est à la croisée entre le roman policier et le roman ado classique avec son lot de romance (assez réussie !) et de rebondissements. Malgré quelques « révélations » qui ne tromperons personnes, l’ambiance est très  travaillée et fonctionne à merveille.

Une chose est sûre, on a très envie de connaître la suite des dangereuses (voir mortelles) aventures de November… Alors à quand la suite en France ? On en peut déjà plus !

Ces livres que je n’ai pas réussi à terminer #6

Parfois, pour de très diverses raisons, on n’arrive pas à terminer un livre… Trop dense, trop compliqué, écriture déplaisante, pas le bon moment aussi, cela arrive. On pose l’ouvrage et… parfois on ne le reprend jamais ! C’est ce qui m’est arrivé avec quelques rares ouvrages que je vais vous présenter, tout en essayant de vous dire pourquoi ça n’a pas fonctionné avec moi. Bien entendu, tout cela est extrêmement subjectif…

La vie volée de Jun Do – Adam Johnson – Points

Prix Pulitzer 2013, rien de moins pour cet ouvrage. Il traite de la Corée du Nord et de sa « politique » cruelle voir inhumaine envers tout ennemi du parti (qu’il soit Nord Coréen ou autre d’ailleurs). C’est un livre extrêmement intéressant car il dissèque la façon de faire en Corée du Nord, la réalité du pays et sa violence… On y suit Jun Do (jeu de mot avec John Doe ? qui aux Etats-Unis est le nom que l’on donne aux cadavres non identifiés. Jun Do n’étant qu’un petit pion dans le grand rouage d’un pays aux mécanisme écrasants, je pense que c’est en tout cas l’effet recherché).

Cette mini-chronique n’est pas là pour dire que ce livre n’est pas bien, au contraire… Seulement, je n’ai pas réussit à le continuer, j’ai laissé tomber au bout de 200 pages. Pourquoi ? Trop dense pour moi, beaucoup trop d’informations, difficulté à entrer dans l’histoire bien qu’elle soit simple.

Cela ne retire en rien le fait que ce roman soit très intéressant ! Seulement, je n’avais pas le niveau ou la concentration nécessaire pour l’apprécier dans son entièreté…

Difficile pour moi d’en dire plus car j’ai abandonné cette lecture il y a des années maintenant, et ce n’est que maintenant que j’en rédige un petit à-propos…

Quoi qu’il en soit, si vous cherchez des ouvrages plus accessibles sur la Corée du Nord, son histoire et sa façon de faire, vous avez l’excellent recueil de nouvelles de Bandi chez Picquier : La dénonciation. Un tout autre style, certes, mais extrêmement facile d’accès pour mettre un premier pied dans l’histoire de ce pays à nul autre pareil.

Ce que savait Maisie – Henry James – 10/18

Considéré comme un très grand classique de la littérature américaine, ce roman ne m’a absolument pas atteinte. Malheureusement.

La traduction est assurée par Margueritte Yourcenar, et beaucoup semblent en dire qu’elle n’est pas bonne. De mon point de vue et sans aller jusque là, on peux clairement en dire qu’elle est très datée (1980, plus de 81 ans !) et le texte parfois tarabiscoté, superfétatoire. Peut-être l’ouvrage serait-il plus attrayant avec une nouvelle traduction, ce qui ne serait pas du luxe !

On voit régulièrement de nouvelles traductions paraître (et des textes plus récents tels que Légendes d’Automne de Jim Harrison, paru initialement en 1981, alors pourquoi pas pour ce texte afin de le rendre plus accessible ?

Je pense que je suis passée à côté en partie à cause de cela, car l’histoire en elle-même est très intéressante – et triste aussi – des parents égoïstes, qui ne soucient que bien peu de leur fille qu’ils considèrent comme une charge, rien d’autre. Ils vont tout faire pour la passer pousser dans les bras de l’autre afin de vivre leur vie… Et cette pauvre petite Maisie assiste à ce combat où tous les coups sont permis pour ne plus assumer son rôle de parent déjà inexistant…

Je retenterais peut-être la lecture de cet ouvrage le jour où il sera de nouveau traduit, j’espère que cela arrivera un jour, espérons.

Yaak Valley, Montana – Smith Henderson – Belfond

Ce qu’il y a d’étrange avec ce livre, c’est qu’il avait tout pour me plaire : l’Amérique profonde et rurale, sa pauvreté, ses laissés pour compte…

L’atmosphère y est prégnante, d’un réalisme fort. On y suit un assistant social qui voit de tout et tente tant bien que mal de recoller les morceaux de ces familles en lambeaux pour diverses raisons. Alcool, pauvreté, drogue, maltraitance…

Et malgré la puissance de ce texte, j’ai abandonné à presque la moitié du roman. Pourquoi ? J’ai été quelque peu lassée, je ne voyais pas où l’auteur m’emmenais, et ça m’a gênée.

Je regrette de ne pas avoir su apprécier ce livre à sa juste valeur, mais il n’est peut-être pas fait pour moi. Dommage…

Aliens – Ce que la science sait de la vie dans l’univers – Sous la direction de Jim Al-Khalif

Voici un livre de vulgarisation scientifique qui traite des probabilités qu’il y ait une vie ailleurs que sur Terre dans notre vaste univers. Sujet aussi vaste qu’intéressante. L’ouvrage se propose ainsi de recueillir le sentiment, l’expérience et l’analyse de scientifiques aux spécialités fort différentes : chimiste, physicien théoricien, cosmologiste, généticien… quantité de métiers scientifiques sont ici représentés.

Ainsi, chacun présente du point de vue de sa spécialité quelles pourraient être les formes de vies extraterrestre possibles. Ou leur probabilité, ou comment elles fonctionneraient d’un point de vue physiologique.

Tout cela est très intéressant, mais… les différentes parties (écrites chacune par un auteur différent) sont extrêmement inégales. Certaines sont très intéressantes, et d’autres aucunement mises en valeur… Certains des contributeurs ne savent tout simplement pas vulgariser, ce qui donne un texte très indigeste à lire par moments. Et c’est fort dommage car ça a gâché l’enthousiasme que j’avais pour ce livre…

J’ai tenu jusqu’au trois quarts avant de jeter l’éponge. Pourtant, j’adore les ouvrages de vulgarisation scientifique : Michaël Launey, Stephen Hawking, James Gleick… Mais là, il y a trop d’inégalité dans les différentes parties traitées. Certaines sont passionnantes car l’auteur réussit à se mettre au niveau du lecteur lambda (ce que je suis), et d’autres partent trop vite et trop loin… tellement qu’il est impossible de les suivre sans de solides bases, notamment en chimie… (personnellement je ne comprends déjà pas le schéma de Lewis, alors le reste…).

Dommage, mais ce n’est pas ce que j’appellerais un ouvrage de vulgarisation. Et je pense que ceux qui en savent déjà beaucoup sur le sujet ne trouverons pas leur compte non plus… J’ai comme l’impression que cet ouvrage va avoir de la difficulté à trouver son public, mais peut-être me trompe-je.

Un tardigrade, l’une des stars de la famille des extrémophiles.

Chronique : A la découverte de Kitaro le Repoussant

Il est étrange, bizarre, entouré de créatures fantasmagoriques, affublé d’un pull magique qu’il n’enlève jamais et accompagné d’un œil sur pattes qu’il dit être son père… et un rire oppressant l’accompagne partout où il va : « ge ge ge… » Voici Kitaro le repoussant !

Pour ceux qui aiment le folklore japonais, Kitaro le repoussant est un classique parmi les classiques à découvrir d’urgence. Écrit et dessiné par Shigeru Mizuki dans les années 60, la saga comporte 11 tomes, tous disponibles en France aux éditions Cornélius. Elle n’est pas complète comparé à la version originale, mais rien ne nous permet d’espérer. Et elle n’a pas pris une seule ride malgré les soixante ans passés depuis les premières publications.

Si l’œuvre de Shigeru Mizuki vous passionne – et il y a de quoi – il a également écrit La trilogie du Kappa, ainsi que 3 rue des mystères tous très représentatifs de son œuvre. Il y a également un magnifique Dictionnaire des Yôkai paru aux éditions Pika qui vaut le détour… c’est un bijou d’édition et d’illustration. Un indispensable pour tout fan de Japon qui se respecte.  

Une histoire pour en conter des centaines d’autres devenues légendes

Du point de vue de l’époque, les aventures de Kitaro étaient révolutionnaires. Un auteur qui s’approprie tout le folklore de son pays pour le retranscrire sous forme d’un mange d’aventure, c’est original. Et extrêmement audacieux ! C’est en partie grâce à lui que toutes les légendes autour des yôkai ont été remises au goût du jour. Alors qu’elles étaient en sommeil et quelque peu perdues, Shigeru Mizuki les a remises au goût du jour.

Et encore aujourd’hui, son héros Kitaro bénéficie d’une excellente popularité : figurines, jeux, adaptation en animé (plusieurs fois : une dans les années 70, une dans les années 2000 et encore une plus récemment), jeux… Kitaro est partout. Un bel espace lui était même dédié dans la superbe exposition Enfers et fantômes d’Asie en 2018 au Quai Branly.

A l’image des nombreux yokai qu’il a permis de (re)découvrir, Kitaro est lui aussi devenu une légende à part entière !

Des aventures mettant en avant les légendes nippones…

Chaque tome de la série (inutile de chroniquer les ouvrages un par un) est ainsi un recueil de plusieurs petites aventures. Souvent, un yokai interfère avec une communauté humaine – village ou famille – et piège certains de ses membres. C’est ainsi qu’arrive le jeune Kitaro… et il réussit à prendre les malins esprits à leur propre pièges ! Mais cela n’est pas sans dangers, et de nombreuses aventures auraient pu lui être fatales s’il n’était pas épaulé par son père (le petit œil souvent posé sur son épaule) et très malicieux de nature…

Ainsi une batte de base-ball ensorcelée va mettre en péril des dizaines de vies, une enfant kidnappée par des yokai va servir un noir dessein… et quantité d’autres obscures aventures vous attendent.

Outre ce folklore méconnu venu du Japon, les aventures de Kitaro sont un délice avant tout pour le merveilleux dessin que nous offre Shigeru Mizuki. A la fois dense, fouillé, bizarre… sombre et beau !

C’est la quintessence même de l’esprit nippon : entre vieilles légendes ancrées dans la culture et un esprit plus contemporain. C’est l’une des raisons du succès de cette saga : son intemporalité, mais également son aisance à glisser entre les veilles croyances d’hier et d’aujourd’hui.

Alors pour tous ceux et celles qui aiment les histoires retorses, sombres, parfois glauques, la série des Kitaro est à avoir absolument dans sa bibliothèque. Les avoir chez soi est du plus bel effet (magnifiques dos colorés, et papier à l’odeur extrêmement plaisante…).

La chanson thème de Kitaro (qui est reprise quelle que soit l’époque de l’anime).
Immédiatement dans l’ambiance avec cette tour aux inquiétants occupants…
Un luxe de détails incroyable à chaque pages !

Chronique jeunesse : Lewis Barnavelt – Tome 1 – La prophétie de l’horloge

Un roman qui peine à convaincre, même quand on adore l’imaginaire et les romans jeunesse !

Paru pour la première fois en France en 2001 aux éditions du Rocher, La prophétie de l’Horloge était resté assez méconnu. Il est même paru en Folio Junior sous le titre La pendule d’Halloween. Mais ça, c’était avant de se voir adapté au cinéma avec Jack Black en 2018. C’est ainsi que les éditions Castelmore ont pris le relais et publient la série Les aventures de Lewis Barnavelt, dont le premier tome est La prophétie de l’Horloge. Le second opus est paru en février 2019 sous le titre Le médaillon ensorcelé. Et pour ceux qui aiment, il y a encore de nombreux tomes qui vous attendent.

Son auteur John Bellairs (1938 – 1991) était un grand féru d’imaginaire. Il a écrit quantité de romans fantastiques pour la jeunesse, dont beaucoup sont parus en France : La malédiction de la statuette bleue, La momie dans la crypte

La série mettant en scène Lewis Barnavelt a beau être remise sur le devant de la scène, l’ouvrage date en réalité de 1973 !

Un oncle aux mœurs étranges et une maison qui l’est tout autant

Le jeune Lewis Barnavelt vient de perdre ses parents, il est alors recueilli par un oncle éloigné dont il ignore tout. Et ce qu’il va peu à peu découvrir sur lui est à la fois effrayant et… fascinant. Magie ? Sorcellerie ? ou imagination fertile du jeune Lewis ?

Une chose est sûre, il se passe des choses étranges au sein de la belle maison de son oncle ! En particulier, ce bruit de pendule que l’on entend dans la maison sans jamais la trouver…

Bien trop classique pour être surprenant

Comme dit plus haut, La prophétie de l’Horloge est un texte qui a plus de 45 ans d’existence… et c’est peut-être pour cela qu’on est pas plus entrainé/surpris que cela par l’histoire et son déroulement. Le texte est devenu trop daté, plus assez actuel dans le style narratif (assez lent) ou dans le déroulement de l’intrigue (parfois trop touffue, on s’y perd un peu). On a bien un mélange de magie et d’étrange qui frise l’inquiétant, mais rien de bien méchant. Il y a de bonnes idées, mais c’est le genre d’ouvrage qui vieillit mal car depuis il y a eu les Chair de Poule (qui avaient le parfait équilibre entre frissons et suspense pour la même tranche d’âge ou presque) beaucoup plus captivants et moins embrouillés que ce roman-ci.

Alors, certes on passe un bon moment, mais jamais on ne se retrouve pris dans l’action et les découvertes magiques du jeune Lewis Barnavelt. Le passage avec un peu de nécromancie est très sympathique, il faut l’avouer, mais pas de là à être transporté. Tout deviens un peu confus entre l’histoire des anciens propriétaires de la maison, l’horloge cachée dans les murs, une voisine étrange et la possible fin du monde. Difficile ainsi de s’y retrouver et d’apprécier pleinement le roman.

Ainsi, La prophétie de l’Horloge est un roman assez dispensable. Trop ancien ? Peut-être. Mais il est des classiques jeunesse dans le domaine du fantastique qui perdurent dans le temps, ce n’est donc pas uniquement le problème. Difficile d’aimer réellement les personnages, de les capter et de s’approprier leur histoire également. La magie n’a pas réussit à nous atteindre cette fois-ci…