Archives de l’auteur : Laura

Chronique jeunesse : Fear Street tome 1 & 2

Fear Street ou le grand retour de R.L. Stine sur la scène du roman horrifique jeunesse…

Dois-t-on vraiment présenter R.L. Stine, l’auteur des Chair de Poule et autres séries jeunesse à faire froid dans le dos ?

Avec Fear Street, c’est l’occasion de (re)découvrir un autre pan de son œuvre. La série date des années 90 et comprend plus d’une cinquantaine de tomes sans compter les hors-série. Certains ouvrages de Fear Street avaient été traduits de façon décousue à l’époque aux éditions J’ai Lu dans la collection jeunesse Peur Bleue sous d’autres titres.

Ainsi, par exemple La disparue (The New Girl en VO) est sorti il y a trente ans sous le titre Menaces de mort. Quant au second tome, The surprise party, il n’a jamais été traduit en France.  

Les éditions PKJ se proposent donc de dépoussiérer cette vieille série de romans et de la remettre graphiquement au goût du jour… tout en y ajoutant de la cohérence en les traduisant dans l’ordre d’origine. Il faut dire que la mode est au rétro depuis quelques années, et la série Stranger Things n’y est pas pour rien…

La traduction de ces deux premiers volumes est assurée par Guillaume Fournier, qui a déjà traduit parmi les plus gros best-sellers chez PKJ : Hunger Games, Le Labyrinthe, Uglies… Il s’agit d’une toute nouvelle traduction.

Cette remise au goût du jour des livres se fait en parallèle avec Netflix, qui va adapter la saga sous la forme de trois films inédits qui sortiront durant l’été 2021. Bande-annonce en fin d’article.

Bienvenue à Fear Street… la rue la plus étrange de tout Shadyside

Shadyside est une petite ville de banlieue américaine comme il y en a tant. Elle a son lycée, ses  habitants y vivent au calme… mais elle possède une facette bien sombre : Fear Street. Dans cette rue, certaines maisons sont abandonnées, d’autres sont tellement glauque qu’on passe très vite son chemin.

Fear Street, c’est la part de noirceur de cette petite ville en apparence tranquille… Dans ces deux premières histoires mettant en scène l’étrange rue, nous allons avoir à faire à une étrange disparition (ou apparition ?) ainsi qu’à un harcèlement de plus en plus terrifiant…

Parfait pour les jeunes amateurs de suspense !

Pour ceux qui ont été bercés par les Chair de Poule, Fear Street pourrait tout à fait convenir. Mais attention, ici point de fantastique, uniquement du suspense qui monte peu à peu. Fear Street est à classer dans le genre thriller pour préados.

L’âge idéal pour découvrir cette série est de 12 ans, pas avant car il y a quelques facettes très sombres dans la rue éponyme…

Le premier tome, La disparue, laisse planer un mystère tout du long concernant la nouvelle élève du lycée de Shadyside. Cory, le héros de cette histoire n’a d’yeux que pour elle. Il est tellement obsédé par la nouvelle qu’il en rate ses mouvement de gymnastique, essaye de trouver où elle habite… Car l’adolescente semble être en grand danger.

Dans le second intitulé Nuit Fatale, tout débute avec l’idée d’organiser une fête pour le retour d’une amie commune. On retrouve Cory ainsi que Lisa en bordure d’histoire. Mais l’histoire est contée du point de vue de Meg, une adolescente qui veut ressouder son groupe d’amis après un terrible drame. Mais des menaces sous toutes les formes commencent à pleuvoir sur elle depuis qu’elle a lancé l’idée de réunir tout le monde. Pourquoi ?

Ces deux romans se lisent de façon très fluide et plairont à tous ceux et celles qui aiment se faire un peu peur. Les histoires ne sont pas d’un suspense insoutenable, mais c’est plutôt pour baigner dans une certaine ambiance qu’elles pourront plaire aux lecteurs.

Ainsi, Fear Street sera la série de romans parfaite de cet été pour les gourmands de frissons et d’enquête où tout le monde est suspect jusqu’à la fin ! Sans prétention aucune sinon celle de distraire son lectorat sous le signe de l’angoisse…

Le sixième tome est d’ores et déjà prévu pour le mois d’avril, son titre ? La fugitive

Petite précision : il n’est pas nécessaire de respecter l’ordre de tomaison des ouvrages. Chaque histoire est indépendante même si on retrouve certains protagonistes d’un tome à l’autre. Allez vers celui qui vous tente le plus avant tout !

Chronique : Molly Souhtbourne tome 2 – La survie de Molly Soutbourne

On ne présente plus (si ?) Tade Thompson, auteur reconnu dans le monde de l’imaginaire notamment avec sa trilogie de Wormwood (J’ai Lu). Il est initialement psychologue, métier qu’il exerce en Angleterre, mais Tade Thompson a grandi au Nigéria. Il a remporté les prestigieux Prix Nommo en 2018 et Julia Verlanger en 2019.


La survie de Molly Southbourne fait directement suite aux Meurtres de Molly Southbourne, il est indispensable d’avoir lu le précédent pour profiter pleinement de l’intrigue.

De retour dans le monde des Molly

Nous laissons Molly où nous l’avions laissée à la fin de la précédente novella, un téléphone à la main devant une maison en flammes. Charge à elle de trouver un nouveau sens à sa vie qui semble constamment en danger, mais pas forcément à cause de ce que l’on croit…

Une suite en demi-teinte

Moi qui avait été subjuguée par le rythme, l’originalité et la douce violence des Meurtres de Molly Southbourne, cette seconde novella m’a quelque peu déçue.

Je n’ai pas retrouvé cette ambiance à la fois étrange et malaisante du premier tome. Les questions que l’on se posait sur l’origine des Molly vont trouver certaines de leur réponses, mais au final il est parfois préférable de conserver le mystère… Trop de révélations déflorent l’ambiance. On sait maintenant à quoi s’attendre, l’effet de surprise a disparu et il est plus difficile selon moi d’entretenir cette atmosphère qui était si plaisante…

Bien entendu, l’intrigue reste intéressante, mais je n’ai pas réussit à m’y intéresser autant que dans le premier ouvrage. Pour moi, Les meurtres de Molly Southbourne se suffit amplement à lui-même. J’ai d’ailleurs déjà commencé à oublier les tenants et aboutissants de ce second opus… c’est dire.

Malgré cette suite dispensable, on retrouve l’écriture simple et efficace de Tade Thompson et il faut avouer que ça fait plaisir. Cela n’est cependant pas suffisant pour en faire un texte percutant. Dommage !

Le premier tome, qui pour moi se suffit largement à lui-même.
AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Leur sang coule dans tes veines – The twisted tree – Tome 1

Le premier tome d’une série mêlant mythologie nordique, huis-clos aux allures de thriller fantastique, le tout avec un petit soupçon d’horreur loin d’être désagréable…

Paru tout début 2022, Leur sang coule dans tes veines (The twisted tree en VO) est le premier tome d’une duologie fantastique. En très peu de pages, vous serez plongé dans les nombreux mystères que cache la jeune Martha… pour certains malgré elle.

Il s’agit du premier roman de l’autrice anglaise Rachel Burge à paraître en France.

Un pouvoir étrange et malaisant…

Martha a un pouvoir aussi incroyable que très singulier. Elle peut ressentir les émotions vives ou lointaines d’une personne rien qu’en touchant ses vêtement. En fonction du tissu, de la matière, de la façon dont est conçu l’habit, elle pourra vous connaître de différentes manières. Certaines matières captent un aggloméra d’émotions, d’autres exsudent des sentiments à vif, d’autres infusent doucement au fil de la vie de leur propriétaire…

Vous l’aurez compris, le pouvoir de Martha est unique, incroyable et passionnant tout à la fois. A cause de ce dernier, elle est totalement perdue et a tenté à plusieurs reprises d’en parler à sa mère… Cette dernière à fait la sourde oreille. C’est ainsi que Martha décide d’en parler avec Mormor, sa grand-mère vivant sur une petite île très peu fréquentée de Norvège. Mais ses nombreuses lettres restent sans réponses…

C’est ainsi que Martha va elle-même en Norvège pour tirer les choses au clair. Elle est intimement persuadée que sa mère lui cache quelque chose et que sa grand-mère pourra répondre à ses très nombreuses questions…

Un huis-clos efficace à l’ambiance réussie

Plus que l’histoire, que j’ai trouvé assez classique dans son déroulement, c’est l’ambiance qui m’a fait le plus apprécier cet ouvrage. Rachel Burge réussit à créer sa propre version des contes et légendes nordiques pour les mettre au service de son histoire. C’est pour moi cela la vraie réussite.

Et surtout, l’autrice n’a pas peur d’abimer son héroïne, de la faire souffrir, la perdre par moments, et même la mutiler (vous en saurez très rapidement plus dès les premières pages). Martha ne manque ni de courage, ni de curiosité, et c’est pour cela que c’est une héroïne appréciable. Elle affronte l’adversité et ses nombreuses peurs au fur et à mesure que son histoire se complique, se densifie…

Leur sang coule dans tes veines est un thriller fantastique young-adult qui se déroule en huis-clos, réussit qui plus est. J’ai beaucoup aimé découvrir peu à peu la petite maison de Mormor, ses secrets enfouis, ses indices inquiétants… Les mystères qui s’épaississent à l’image de la neige qui s’entasse au fil des heures.

En plus de cette partie à suspense omniprésente, il y a également tout un pan de romance qui peu à peu prend place… mais jusqu’où ? A vous de le découvrir…

Et je ne vous ai pas non plus parlé des très nombreuses (et parfois cachées) références à la mythologie nordique. Un régal. Et encore, je suis sûre de ne pas avoir décelé tous les indices, même si j’étais assez fière d’en reconnaître quelques-uns.

C’est d’ailleurs pour cela que je trouve si dommage que l’éditeur ait mis cette phrase d’accroche en haut de la couverture : « Descendante d’Odin, fille d’aujourd’hui« . Je trouve qu’à cause de cette dernière, on nous gâche toute la partie découverte de l’histoire. Même la couverture a su garder sa part de mystère (ce qui n’était pas chose aisée), je trouve dommage de nous priver de cette découverte que nous, lecteur.ice nous aurions fait nous-mêmes au bout de quelques chapitres, voir plus car les indices sont extrêmement ténus au début…

Quoi qu’il en soit, cette lecture fut extrêmement agréable et sous tension tout à la fois. C’est réussit, assez prenant rapidement… bref, ça fonctionne parfaitement à mes yeux. Je vous conseille cette lecture dès l’âge de 13 ans, ce sera l’idéal ! Le plus : on fait une belle incursion dans la culture norvégienne, particulièrement dans sa mythologie et ses monstres.

Il y a une suite déjà parue en VO, mais vous pouvez tout à fait vous arrêter là si vous le souhaitez. Ce premier tome nous offre une vraie conclusion (même si quelques interrogations ne sont pas résolues) et ne vous oblige en rien à lire la suite si vous en avez assez des séries…

Chronique Jeunesse : Robules

De l’aventure, un robot chien qui miaule… et un mystérieux amas de… robules ?

Delphine Gosset est une autrice française qui commence tout doucement à se forger un nom. Robules est sont troisième ouvrage il est paru fin 2021 chez Alice Jeunesse. Ses deux précédents ouvrages sont parus aux éditions Lucca, un éditeur spécialisé dans la vulgarisation pour la jeunesse.

De l’aventure sur fond de technologie…

Hator et Phocus ont disparu dans des conditions très étranges, c’est ainsi que leur frère et leur sœur ainés partent à leur recherche sans prévenir le moindre adulte… Mais ce qui devait être une petite aventure sans conséquences va se révéler beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît… Et surtout étrange ! Vous aimez les jeux-vidéos ? La technologie ? Les chiens-robot ? Cet ouvrage est fait pour vous !

Une intrigue originale et bien écrite

Robules est un roman parfait pour les 9/11 ans qui ont soif d’originalité et d’aventure… Dans le paysage éditorial si fade parfois, Robules fait office de petit bonbon acidulé et original que l’on croque avec plaisir.

L’histoire en elle-même n’est pas révolutionnaire, mais c’est surtout sa mise en œuvre et son univers qui m’ont convaincue. En effet, Robules prend place dans un lieu inattendu, avec des personnages qui le sont tout autant… Et d’ailleurs, c’est quoi ces robules ? Je ne vous dirait RIEN. Lisez ce roman ou faites-le lire à de jeunes lecteur.ices, il a tout pour plaire…

Autre argument en sa faveur : l’écriture. Delphine Gosset écrit bien, avec style et en plus de tout cela : c’est extrêmement fluide à lire… Elle réussit en outre à parfaitement équilibrer la partie aventure/suspense et le ton humoristique et parfois décalé.

Pour ce qui est de la partie technologie, les enfants se plongeront avec curiosité dans cet univers coloré et étrange. On y parle Intelligence Artificielle (IA), robots aux programmes avancés, jeux-vidéos, nanotechnologie… le tout avec simplicité.

Ah, et si vous vous demandez quelle est cette créature bizarre que l’on voit en bas de couverture, c’est bien un chat. Mais il s’est fait manger les oreilles… donc il ressemble à une loutre ! Pourquoi ? Et bien, là aussi, je vous invite à lire l’ouvrage… c’est un petit régal ! (pas les oreilles de chat, le livre).

Que dire de plus sur Robules si ce n’est que ce fut pour moi un petit coup de cœur. Il y a pléthore de romans pour la tranche d’âge des 9/11 ans. Tant que je les regroupe souvent en mini-chronique, certains n’ayant pas assez de particularités pour en parler dans un article complet. Ici, Robules a su détonner quelque peu dans cette production très souvent linéaire et trop bien cadrée… Il mérite qu’on s’y attarde et c’est l’occasion au passage de découvrir une autrice à surveiller…

PS : Toutes les illustrations sont réalisées par Julie Staboszevski, et je les trouve absolument parfaites pour ce roman !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’antidote mortel Tomes 1 & 2

Une duologie de fantasy YA française ambitieuse

Cassandre Lambert est une autrice française, L’antidote mortel est son premier roman. La suite, Le casque maléfique est également sorti en librairie. Ces deux romans nous offrent donc une intrigue complète de fantasy aussi dense qu’originale qui saura plaire aux fans de young-adult et d’imaginaire… Les deux ouvrages sont parus chez Didier Jeunesse en 2021.

A la découverte d’un royaume au sommet de sa gloire… vraiment ?

Nous voici dans le royaume du Grand Nord, plus précisément à Sienne, dans le palais royal, où nous allons faire la connaissance de la princesse Whisper… Mais de princesse, elle n’a que le titre, elle qui sert de pantin et de monnaie d’échange à son père le cruel roi Salomon. Le royaume semble prospère, mais il est en réalité en pleine déliquescence à cause de la gestion douteuse qu’en fait le roi… Et c’est encore pire depuis que la reine, aimée de tous est extrêmement souffrante.

Ailleurs, nous découvrons un jeune homme prénommé Jadis, aux marques de naissances qui effraient tous ceux qui le croisent. Sa tante va lui donner une mission bien étrange, livrer un coffret contenant un antidote pour la reine malade alitée depuis des années. Comment sa tante peut-elle posséder un tel trésor et pourquoi le missionner seul pour cette dangereuse quête ?

Un autre lieu encore, nous y découvrons Eden, une jeune femme qui n’a plus rien à perdre et qui décide de se fixer un dernier objectif avant de mourir. Tuer le roi et sa famille, une vengeance à la hauteur de ce qu’elle a subit…

Trois personnages très différents, trois destins qui n’ont rien en commun en apparence, mais peu à peu, les fils de l’intrigue se tissent et nous donnent un tableau plus complexe qu’il n’y paraît…

Une lecture plaisante à l’univers dense et bien creusé

Pour un premier roman, j’ai été très agréablement surprise par la plume de Cassandre Lambert. L’autrice ouvre quantité de sujets et réussi à tout clôturer et traiter sur l’ensemble des deux tomes, ce qui n’était pas forcément chose aisée.

Les personnages sont nombreux, mais elle réussi à tous leur apporter un petit quelque chose qui les rend si particuliers… et surtout, l’univers est dense. D’un point de vue géographique premièrement : il y a une petite carte en début d’ouvrage, et elle va nous servir tout au long des deux tomes, elle n’est pas là pour faire joli comme dans certains ouvrages… Vous aller voyager dans toutes les contrées mentionnées sur cette petite carte, alors accrochez-vous !

Secondement, ces deux tomes sont également dense en termes géopolitiques. L’autrice a instauré toute une mécanique autour des quatre îles qui tiennent grâce à des arrangements que l’on découvre peu à peu…

Troisièmement, les deux tomes de cette saga sauront renouveler à petits traits doux la fantasy. Rien de très révolutionnaire, mais L’antidote mortel nous fait découvrir un univers fantasy qui a germé sur les cendres de ce que l’on peut imaginer être notre monde… ainsi que sa technologie qui a presque disparu. Il reste des bribes d’objets et de postulats scientifiques, mais ils sont fort mystérieux pour le commun des mortels… Et comme il y a également une forme de magie, on est bien dans une sorte de fantasy post-apo. Cet aspect-ci m’a beaucoup plu.

Mais surtout, ce que j’ai apprécié, c’est de voir comment les trois personnages principaux qui ne se connaissent pas et n’appartiennent pas à la même condition vont faire pour se rencontrer… Et même vivre une aventure commune. De cela, je ne vous dirais rien, mais trouve que l’autrice s’en est fort bien sortie !

Et puis… il y a quelques personnages que vous allez adorer détester, ou tout simplement haïr dès le début. Certains sont quelque peu manichéens ou trop lisses, mais pas au point que ça en soit gênant.

Si vous avez envie d’une belle histoire d’aventure et d’amitié, si vous voulez une dose d’humour légère, un peu de romance et surtout un univers entier à explorer, vous êtes au bon endroit.

L’antidote mortel ne se propose pas de révolutionner le genre mais de nous faire passer un bon moment de lecture, et pour moi c’est une réussite en ce sens. Il y a de belles petites surprises, d’autres choses assez attendues, c’est un peu le jeu du premier roman. Par certains aspects, c’est peut-être un peu trop « scolaire », mais ça n’empêche absolument pas d’apprécier cette duologie.

Seul vrai bémol, mais plutôt du côté éditorial, il y a un vrai problème de relecture avec de nombreuses coquilles et fautes de syntaxe. « contre toute attendre » au lieu de « contre toute attente« , « La petit bosse sur le côté de son jupon n’avait rien de naturelle » au lieu de « naturel » et autres orthographes de ce type. C’est assez dommage quand on prend la peine d’éditer aussi joliment une nouvelle saga…

De même, j’ai relevé une petit incohérence concernant des stalagmites (p.240) qui font leur apparition au-dessus de la tête des personnages. Chose impossible puisque les stalagmites sont au sol, il s’agit donc de stalactites.

Ainsi, malgré quelques petites maladresses, L’antidote mortel est une bonne saga en deux tomes à découvrir. Elle sera parfaite à dévorer dès l’âge de 14 ans. Et je gage que Cassandre Lambert nous réservera de belles surprises une fois que son œuvre et son travail d’autrice aura encore mûri…

Chronique : Frankly in love

L’adolescence d’un jeune homme tiraillé entre ses origines coréennes et la culture américaine dans laquelle il baigne depuis toujours… hilarant, et d’une finesse insoupçonnée.

Paru en 2019 aux éditions Albin Michel, Frankly in love est un roman détonnant qui conte les déboires amoureux d’un adolescent américain d’origine coréenne. David Yoon ayant les mêmes origines, il a parfaitement su camper son personnage !

Un Limbo comme les autres…

Frank est un adolescent ordinaire avec ses questionnements sur l’amour, le flirt et autres mystères… Sauf qu’il est américain d’origine coréenne, autrement dit un limbo comme il se décrit lui-même. En quoi est-ce un problème ? Tout simplement parce que les parents de Frank sont coréen et qu’ils ont déjà tout prévu pour lui en ce qui concerne l’amour : sa petite amie ne peut être que coréenne et RIEN d’autre ne pourra être accepté.
Alors quand le jeune homme tombe amoureux d’une américaine pur jus, les circonvolutions pour se voir vont être ardues. Les mensonges pour se voir vont être de plus en plus gros…

Lumineux, drôle et passionnant

J’ai rarement lu un roman aussi drôle qui parle avec autant de justesse de l’adolescence en général et cela avec humour. De même, le fait de se sentir coincé entre deux cultures est assez rarement traité en young-adult et c’est un sujet passionnant.
Le personnage de Frank Li est baigné depuis toujours entre deux cultures : de par sa naissances aux États-Unis, c’est un pur produit américain. De par ses origines coréennes dans lesquelles il baigne depuis toujours, il est également un enfant de la Corée bien qu’il n’en connaisse pas tous les codes.
Ce mélange entre les deux cultures est à la fois une force et une faiblesse pour lui qui essaye de se fondre dans deux moules différents : américain le jour et coréen le soir, quand il est avec sa famille.

Frankly in love est ainsi un roman bien plus profond qu’il n’y paraît même s’il est empli d’humour. Ce phénomène de l’apatride est ressenti par de nombreux enfants issus de l’immigration et cela quelle que soit la nationalité. Mais j’ai rarement lu un texte à la fois aussi juste et drôle.

Vous découvrirez un pan de la culture coréenne que l’on ignore car c’est une facette différente : celle de la communauté coréenne aux États-Unis. Ils ne sont guère nombreux, mais se serrent les coudes comme une vraie famille… cependant les apparences restent importantes. Ainsi, quand ça ne va pas, il ne faut surtout pas le dire à ses amis et se préserver absolument du qu’en dira-t-on. C’est ainsi que Frank et sa famille vont cacher de nombreuses choses à leurs proches pour préserver la « vitrine » parfaite.

Je souhaite souligner un aspect du roman qui m’a particulièrement plu : la difficulté pour les parents de Frank de bien parler américain. Leurs petites fautes de grammaire, leurs formulations bancales et attachantes à la fois, c’est très drôle et ça les rend très attachants. Même quand ils font vivre un véritable petit enfer personnel à leur fils avec leurs idées préconçues.

« C’est pas mal, Frankie. Tu vas à la fac ? Tu rencontres gentille fille ? Tu fais beau bébé ? C’est tout. Je meurs, oh, Frankie-ya, tu fais tout bien, je souris souris. Dernier souffle je fais avant abandonner cette dépouille mortelle.« 

Ils sont extrêmement touchants dans leur façon de vouloir protéger leur fils, ne souhaitant que le meilleur pour lui mais le faisant avec tellement de maladresse. Il se peut même que vous versiez votre petite larmes vers la fin de l’ouvrage, car certains passages sont très forts en émotion. Et tout cela sans misérabilisme !

Ainsi, bien loin d’être uniquement un roman humoristique contant les déboires amoureux d’un adolescent en perte d’identité, Frankly in love est une analyse fine de la société américaine et de ses immigrés coréens (mais je pense qu’on retrouve certaines similitudes quelle que soit la nationalité). C’est un régal entre analyse d’une société qui se cherche et beaucoup d’humour. A découvrir dès l’âge de 14 ans mais s’appréciera tout autant si on est un adulte.

Bonus : Vous ne parlez pas coréen ? C’est bien dommage ! Vous avez plus d’une page entière dédiée à une énorme dispute écrite entièrement… en hangeul. Mes notions de coréens sont tellement basiques que je ne sais dire que bonjour… Mais je trouve très drôle et malin d’insérer la langue d’origine dans certains passages du roman. En effet, Frank ne parle pas bien la langue coréenne – le hangeul – et ne comprend rien lui-même. Et comme le roman est écrit de son point de vue, il est logique que nous n’y comprenions rien en tant que lecteurs. En bref, une excellente idée de la part de David Yoon !

Chronique documentaire : Explorons les éléments

Une merveille pour découvrir les « briques » auxquelles on doit absolument TOUT ce qui nous entoure… Ludique et passionnant.

La fin d’année apporte toujours avec elle son lot de beaux-livres… et parmi eux, il y a Explorons les éléments, aux éditions Phaidon. Un ouvrage sublime pour mieux comprendre le monde qui nous entoure dans ses fondements même : les atomes. Très graphique, ultra ludique, apprendre devient un réel plaisir avec des ouvrages de cet ordre… Le texte est de Isabel Thomas, quant aux illustrations épurées et esthétiques elles sont signées Sara Gillingham.

Un ouvrage à destination de la jeunesse… officiellement

Comment seulement 92 éléments, ou 92 briques peuvent-elles suffire à construire le monde qui nous entoure dans sa totalité ? Car quand on y pense, c’est bien peu d’éléments quand on voit la diversité infinie qui nous entoure…

C’est pourtant bien la réalité, les autrices nous enjoignant à imaginer les éléments comme des Lego. Et cette métaphore est parfaite pour mieux comprendre les atomes, leur agencement et leurs nombreux « pouvoirs ».

Alors, oui, l’ouvrage est destiné à la jeunesse, mais je mets au défi n’importe quel adulte d’en savoir ne serait-ce que le quart de ce que contient ce livre.

Passionnant, il se feuillette plus qu’il ne se lit de façon suivie. Pour chaque double page, vous aurez une explication détaillée de l’élément en question : l’intérieur de l’atome (avec le nombre de protons, d’électrons et de neutrons), son origine, si on en trouve dans le corps humain (par exemple, 10% de notre corps contient de l’hydrogène), ses différentes formes et utilisations (certaines sont extrêmement communes, d’autres excessivement rares car l’élément est très peu répandu) enfin une partie graphique aide à repérer très rapidement les spécificités de chacun.

C’est ainsi que l’on découvre que l’élément n°87 se nomme le Francium car c’est une française qui l’a découvert (Marguerite Perey) et qu’elle a décidé de le baptiser en référence à la France. Et ce type d’anecdotes passionnantes, l’ouvrage en est rempli !

C’est donc un véritable coup de foudre pour cet ouvrage que je vous recommande chaudement. Pour ce qui est de l’âge, je pense qu’il sera adapté dès l’âge de 10 ans environ si l’enfant est lui-même demandeur. Si ce n’est pas le cas je pencherais plus sur du 12/13 ans.

Quoi qu’il en soit c’est la parfaite alliance entre la connaissance et l’esthétisme. Et il n’est clairement pas destiné uniquement à la jeunesse, je suis persuadée que tous les adultes curieux et passionnés de sciences pourrons trouver leur bonheur et étancher leur soif de connaissances grâce à cet ouvrage !

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Chronique jeunesse : Les mésaventures d’Émilien – Tome 1 – Baby-sitter blues

Marie-Aude Murail est une autrice de talent à la production absolument vertigineuse… et qui plus est de qualité, chose rare. Elle a écrit beaucoup d’ouvrages dont beaucoup sont devenus des classiques dans le paysage de la littérature jeunesse : Oh boy ! La série Sauveur & Fils, Simple, L’assassin est au collège, Miss Charity… et Baby-sitter blues !
Vous l’aurez compris, Marie-Aude Murail est une référence incontournable dès que l’on parle de littérature jeunesse et ado. Et parmi ces nombreuses références, il y a Baby-sitters blues… un classique paru en 1988 et qui a maintenant un charme désuet et une verve folle.

Tout commence par un magnétoscope…

Émilien veut ABSOLUMENT un magnétoscope, mais ce n’est pas sa mère qui pourra le lui payer (du moins pas entièrement). Une seule solution : faire du baby-sitting. Et c’est ainsi que commence l’histoire d’Émilien qui va devoir disséminer quelques petits mensonges pour commencer à garder des bébés. Et même si c’est très laborieux au début, le jeune homme va commencer à s’attacher à ces enfants qu’il va peu à peu connaître et aimer !

Une histoire touchante et génialement drôle

En très peu de pages, on est tout de suite transporté par l’histoire d’Émilien. Le jeune homme est extrêmement drôle et créatif quand il s’agit pour lui de parvenir à ses fins (garder plein d’enfants pour acheter le plus vite possible le fameux magnétoscope). Les petits mensonges qu’il sème derrière lui sont drôles et vont l’amener à certaines situations très drôles.
Mais surtout, on voit son évolution. Ce qui était au début un moyen relativement facile de se faire de l’argent de poche va devenir pour lui une véritable passion. Émilien va se mettre à dévorer les livres de puériculture, à se passionner pour chaque enfant qu’il garde et les aimer comme s’il était de leur famille. C’est extrêmement beau de voir l’évolution de cet ado qui faisait ce petit boulot pour avoir son magnétoscope évoluer et se découvrir un amour véritable pour les enfants.

Mais Baby-sitter blues, ce n’est pas que cette histoire. Il y a celle d’autres personnages qui entrent en collision avec celle d’Émilien, certaines pour donner de belles choses, d’autres dont il lui faudra se méfier… Tout est très abouti et malin dans ce roman qui saura faire sourire ses lecteurs. Il faut avouer qu’Émilien est très attachant, fort drôle et même son impertinence vous fera sourire. En tout cas, pour moi ce fut un coup de foudre littéraire pour ce personnage.

« A ce qu’il paraît (ma mémoire est très imprécise sur cette période, je suis obligé de faire confiance à des témoins), à ce qu’il paraît, je ne voulais jamais m’endormir le soir, quand j’avais deux mois. Je souffrais de coliques atroces. Personnellement, je ne me souviens de rien. Mais ma mère m’a certifié qu’elle me chantait pendant des heures cette poétique petite berceuse :

« Qui a vu dans la rue le petit ver de terre,
Qui a vu dans la nue le p’tit ver tout n
u ?

J’aime autant vous prévenir qu’il n’y a pas de réponse à cette question. »

Je ne saurais que trop vous conseiller ce roman destiné à la jeunesse, il est original, drôle et vous fera passer un excellent moment ! Et j’aime ce petit décalage dans le temps avec Émilien qui rêve d’un magnétoscope, le nec plus ultra de l’époque en somme. A découvrir dès l’âge de 11/12 ans environ.

Chronique jeunesse : A la découverte de la série jeunesse Liz et Grimm

Ils viennent de paraître chez PKJ, voici les romans d’une toute nouvelle collection qui se propose de réécrire les contes de fées pour les adapter à notre époque et ses problématiques.

Les deux premiers ouvrages sont parus en septembre et lancent la collection Liz et Grimm. Ils sont écrits par Nicolas Chandemerle, Christophe Guignement et Audrey Siourd. Chaque ouvrage propose un conte contemporain remanié et le conte original dont il est inspiré.

Les contes de fées comme vecteur de prudence ?

Réécrire Le vilain petit canard ou Le petit chaperon rouge pour encourager les enfants à la patience ou à la prudence, voilà ce que se propose de faire cette nouvelle collection. Liz est une petite fille qui comme tout le monde au quotidien vit certaine déconvenues… c’est là que Grimm entre en scène !

Dans Le petit Chaperon bleu, Grimm nous conte l’histoire d’une petite fille qui se fait beaucoup d’amis par le biais d’un jeu en ligne très populaire. Un jour, elle devient amie avec un joueur de son âge qui veut absolument TOUT savoir d’elle… C’est ainsi qu’elle place sa confiance dans une personne inconnue et peut-être dangereuse pour elle et sa famille.

Dans Stridouille, le Super Vilain Petit Canard, c’est l’histoire d’un petit caneton qui chante extrêmement fort et de façon insuportable que Grimm nous raconte. Jusqu’à ce que Stridouille trouve enfin sa voie…

Chaque conte a ainsi pour but de faire prendre du recul aux enfants sur certaines situations du quotidien. Dangers, réflexions désagréables, contrariétés… L’idée est bonne, mais sa mise en œuvre l’est moins. Les dialogues manquent franchement de naturel, ce qui donne des échanges très artificiels. Ainsi, les histoires de Liz et Grimm ont beau exister dans un but louable, la façon dont elles sont mises en avant ne passe guère. Bien sûr, je dis cela avec mes yeux d’adulte, mais je trouve que ces deux titres ont un gros défaut, c’est leur manque de fluidité, de sincérité. On sent trop le but derrière le texte et c’est fort dommage.

Autre idée sympathique à souligner cependant, dans chaque ouvrage on retrouve le conte original dont est inspirée chaque histoire.

C’est donc un avis en demi-teinte que je vous donne sur cette nouvelle collection. Une idée intéressante, mais pas réalisée de la meilleure des façons pour moi. Peut-être aurait-il fallut plus d’illustrations pour les ouvrages ? Une mise en page à la façon des petites poules ? Le texte s’adresse à de jeunes lecteurs vu la façon très didactique dont il est écrit, alors il aurait peut-être fallu étoffer cela avec quelques dessins.
Ces romans sans texte donnent l’illusion qu’ils s’adressent à des enfants d’environ 9 ans, mais dans les faits, ce sont des enfants de 7 ans qui sont ciblés… Il y a donc pour moi un petit décalage entre la présentation et l’âge visé par le texte.

Chronique jeunesse : John Keskessé – Tome 1 – Le secret des souterrains

Tout récemment paru chez Bayard Jeunesse, John Keskessé est un minuscule héros qui vit sous terre, avec taupes et vers… voici le premier tome de ses aventures !


Evelynne Brisou-Pellen est une autrice française incontournable dans le paysage de la littérature jeunesse, elle a écrit notamment les aventures de Garin Trousseboeuf (L’inconnu du donjon, Les pèlerins maudits…), Deux graines de cacao ou encore La vengeance de la momie. Ses romans sont très régulièrement prescrits dans les écoles.

Quant à Juliette Baily, elle a illustré quantité de romans pour la jeunesse chez différents éditeurs. Elle en a beaucoup fait pour L’école des Loisirs entre autres. Elle a également illustrés les précédents romans mettent en scène John Keskessé pour les plus jeunes.

Mais quelle est donc la différence entre ce volume de John Keskessé et les deux précédents sortis également chez Bayard sous le titre John et créé par le même duo ? Après avoir demandé à l’éditeur, il s’agit de l’âge du lectorat. Les deux premiers John parus étaient destinés aux enfants d’environ 8 ans, quant à ce nouvel ouvrage, il conte la même histoire mais pour les plus grands. Il y a moins d’images et le texte a été remanié par l’autrice et il s’adresse plus aux 9/10 ans, sa couverture est cartonnée et joliment dorée.

Une vie cachée sous nos pieds

John est le fils d’une taupe. Enfin… c’est ce qu’il croit, et c’est également ce que sa « maman » taupe pense… mais de cela, nous n’en saurons pas plus pour le moment. Ce que l’on va découvrir en revanche, c’est le mode de vie bien particulier et passionnant des taupes, mais également des vers de terre (qu’elles dévorent) ou encore des vipères et des chouettes effraie.
C’est donc sous nos pieds que John va peu à peu découvrir le monde, se questionner et partir à l’aventure. Il ne le sait pas encore, mais il va fortuitement partir en quête de ses troubles origines… Tout ça est le magnifique prétexte pour découvrir la vie qui se cache sous terre, et elle est foisonnante !

Un premier tome engageant

Pour un début de série, Le secret des souterrains est assez réussi. L’intrigue avance vite, le mystère est assez dosé pour donner envie aux jeunes lecteurs et lectrices de continuer… Et surtout, on en apprend énormément sur la vie souterraine, particulièrement celle des taupes. C’est ainsi que l’on apprend qu’elles meurent si elles ne mangent pas pendant plus de douze heures, qu’elles ont flair excellent pour sentir les vers et mille autres trucs les concernant.

Lire ce petit roman, c’est une bonne façon d’en apprendre plus sur la nature qui nous entoure et son fonctionnement. D’ailleurs, l’autrice nous propose en fin d’ouvrage un petit bestiaire de tous les animaux croisés dans l’ouvrage. Caractéristiques, mode de vie, infos amusantes, vous saurez tout sur les animaux qui peuplent l’entourage de John Keskessé.

A la fois roman de fantasy animalière et documentaire, ce premier tome des aventures de John Keskessé est parfait à découvrir pour les 9/10 ans. Il y a de l’humour et une intrigue qui tiens la route… et on a envie de découvrir la suite ! Patience cependant, elle est encore à paraître. Un roman qui plaira sans aucun doute aux fans de Tom Patate !