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Chronique : La contre-nature des choses

Un roman post-apocalyptique fortement déstabilisant qui m’a laissée sur ma faim…

Paru dans la collection Exofictions (la collection dédiée à l’imaginaire d’Actes Sud), La contre-nature des choses est un roman écrit par Tony Burgess, un auteur canadien. Il s’agit du troisième roman de l’auteur à paraître en France, précédemment il y a eu Idaho Winter et Cashtown, tous deux chez Les Allusifs.

Le monde est mort, vive le monde !

Mourir à l’ancienne, sans bouger, sans rien faire d’autre qu’être un cadavre semble être devenu impossible dans ce futur. En effet, les morts sont morts, mais ils sont tous atteints de soubresauts incontrôlables qui les font bouger, et les déplacent même sur le long terme. On a bien essayé de les noyer, de les bruler, de les enterrer, mais les corps sont restés un problème longtemps insoluble… Jusqu’à ce qu’une société privée, Déchets & Co, propose une idée : les mettre en orbite autour de la Terre. Et si vous payez assez cher, vous pouvez même connaître la position exacte de vos proche dans l’Orbite des cadavres qui tourne à l’infini…

C’est dans ce monde que vit un homme à la mission simple mais difficile : traquer un certain Dixon. Un gourou qui passe de ville et ville et qui tue tout le monde et mutile les corps ensuite pour son bon plaisir…

Un roman difficilement compréhensible et même difficile à apprécier

Passée la première moitié du roman, je n’ai quasiment rien compris de ce que j’ai lu. C’est fort regrettable, j’en conviens… et j’ai pourtant fait l’effort de lire intégralement l’ouvrage. J’ai pourtant été fortement tentée d’abandonner.

Il avait cependant tout pour plaire : la quête mystérieuse d’un homme qui en chasse un autre dans un monde devenu sale et aux mains d’une énorme entreprise se faisant un pactole avec des cadavre de morts-vivants orbitant autour de la terre, c’était le résumé parfait pour m’attirer.

Sauf que non. La première partie est étrange mais se tient. On découvre peu à peu l’univers post-apocalyptique, les corps qui tressautent, l’apparition du Syndrome qui déforme et dénature les gens encore en vie pour toutes sortes de raisons. Il y a du sang, des œdèmes, des tumeurs et autres grosseurs qui parsèment les pages et les personnages.

La première moitié de l’ouvrage aurait d’ailleurs pu s’arrêter là et laisser le roman au stade de novella. L’auteur aurait tenu un superbe twist de fin…

Mais non, l’histoire continue et elle est à partir de ce stade très laborieuse… On assiste à des scènes de sexe totalement gratuites et inutiles, de la violence, de l’infantilisation dégueulasse à propos de la tête (uniquement) de notre narrateur, des suicides/meurtres collectifs. C’est aussi sale qu’inutile. Et plus on s’approche de la fin, plus j’ai eu le sentiment que le texte était précipité, bâclé.

C’est fort dommage, mais cette lecture fut pour moi une intense déception. Je n’avais pas placé des attentes folles dessus, mais découvrir que le texte a aussi peu d’intérêt m’a contrariée car le résumé était attrayant. La couverture choisie par Actes Sud, de même que le titre sont une réussite (titre en VO The n-body problem, mais le texte n’en valait pas la peine selon moi…

Très belle couverture également pour la version originale… dommage que le texte ne soit pas à la hauteur !

Chronique : U4 – Stéphane

Voici l’aventure de Stéphane, une adolescente courageuse qui va tout faire pour survivre dans une France post-apocalyptique.

La série U4 a été un énorme succès de librairie à sa sortie en août 2015. Pour rappel, il s’agit d’une série pour ados écrite par quatre auteurs français différents. Chacun d’entre eux devait donc faire évoluer son héros ou son héroïne dans une France post-apo… Les quatre histoires sont toutes indépendantes mais se recoupent (voir dans cet article dédié pour les explications plus approfondies).

Vous n’avez pas d’ordre à respecter pour lire U4. Vous pouvez lire un seul livre, ou deux ou tous, peu importe vous aurez une histoire complète. Si vous voulez en savoir plus sur le fonctionnement de la saga, n’hésitez pas à consulter cet article spécialement rédigé pour l’occasion.

Comment survivre dans cette nouvelle version de notre monde ?

Stéphane est une adolescente qui vit à Lyon. Enfin… depuis le mystérieux et terrible virus qui a tué 90% de la population, on peut plutôt parler de survie. Fille d’un grand épidémiologiste, elle a un peu plus de connaissances sur le virus U4 que les autres, mais pas assez pour savoir ce qu’il s’est passé.

Ce qu’elle espère de tout cœur, c’est que son père va revenir la chercher. En attendant, la jeune femme est livrée à elle-même, se rationne, et sort le moins possible de leur appartement… Mais le danger rôde partout, même dans des visages amis. Que va bien pouvoir faire Stéphane si son père ne vient pas la chercher ? Et que cache cette mystérieuse réunion dont elle a eu vent, à Paris ? Et n’est-ce pas un voyage qui pourrait s’avérer mortel ?

Un roman post-apo terriblement efficace !

Vincent Villeminot est un auteur à la plume dynamique, acérée, et avec cet opus de la saga U4 on sent qu’il est parfaitement à l’aise. Toujours sous tension, le danger rôdant en permanence, on évolue avec précaution dans cet univers dont on ne connaît pas les codes. Tout ce que l’on sait, c’est que Stéphane va être amenée à rencontrer Jules, Yannis et Koridwen et qu’à eux quatre, ils peuvent changer les choses.

Mais comment ? Quelle fin peut être possible pour Stéphane ? Car il y a une chose essentielle à retenir : chaque fin est différente dans U4, et c’est justement ce qui en fait toute la saveur. Les quatre personnages principaux sont liés, mais pas dépendants les uns des autres au point de vivre la même fin ! (Pour ceux qui auraient lu la fin de Koridwen, que je trouve la meilleure de toutes, ils comprendront).

Ainsi, entre road-trip et roman post-apo 100% survivaliste, on se plonge sans réserve dans l’univers âpre et cruel de U4. Stéphane y est un personnage intéressant car très indépendant mais fragile, sans jamais le montrer à quiconque.

Enfin, le fait qu’elle ai une vision différente des autres sur le virus nous fait découvrir des pistes de réflexions intéressantes !

………

En somme, l’histoire de Stéphane est très intéressante. Pleine d’action, de moments parfois durs (j’ai vraiment eu peur pour elle à certains passages…) et cruels, on découvre une héroïne simple mais forte, crédible. Même si j’avoue avoir préféré l’histoire de Koridwen, j’ai beaucoup aimé la partie de Stéphane. Il est certain que je lirais les autres aventures de la saga U4, il me reste Jules et Yannis.

Chronique : Douze ans sept mois et onze jours

Un très bon roman à destination de la jeunesse qui mélange nature writing, et aventure mâtiné de suspense… 

Vous qui aimez la jeunesse et la littérature ado, vous devez déjà connaître le très prolifique auteur français Lorris Murail. On lui doit une quantité impressionnante de romans, tous particuliers et mémorables, chacun à sa façon. On peut ainsi citer : GOLEM (PKJ), Les cornes d’ivoire (PKJ), Shanoé (Scrinéo), L’horloge de l’apocalypse (PKJ), L’expérienceur (École des Loisirs).

Dans ce roman paru il y a maintenant 4 ans, Lorris Murail nous offre un mélange surprenant d’action, de suspense tout en nous proposant de (re)découvrir la nature d’un autre œil…

Abandonné au fin fond d’une forêt, dans le Maine…

Une cabane spartiate, une carabine, un livre de Thoreau, quelques conserves… C’est tout ce que possède maintenant Walden, dont le père l’a abandonné ici sans autre forme de procès. C’est un violent apprentissage de la vie auquel est confronté le jeune homme…

Que va-t-il faire pour s’en sortir ? Pourquoi son père lui fait-il traverser une épreuve aussi terrible ?

Entre le récit d’apprentissage et le thriller psychologique, Lorris Murail nous ballade de fausse-piste en traquenard…

Un roman qui détonne dans son style unique

Si vous souhaitez découvrir ou faire découvrir dès l’âge de 13 ans un livre qui sort vraiment des sentiers battus, celui-ci sera parfait !

Plusieurs genres littéraires sont mélangés avec talent par Lorris Murail : le fameux nature writing (faisant l’éloge de la beauté de la nature à chaque instant), le thriller avec le jeune Walden se démenant corps et âme pour survivre et peut-être un jour comprendre le geste cruel de son père… Tout cela étant mis au service d’un roman dit « pour ados » très efficace. Mais, personnellement je le conseille également aux adultes.

De plus, si vous êtes friands de twists et autres apparences trompeuses, vous en aurez tout votre content. Tout cela sans oublier les personnages : ils sont peu nombreux, mais très intéressants. Il y a le père de Walden, bien sûr, mais également cette mystérieuse femme… dont je ne dirais rien de plus, mais qui m’a fascinée.

……..

Le style incisif, sans artifices de Lorris Murail s’adresse ainsi à tous, sans exceptions. Pour ceux qui aiment les histoires qui ont du sens, de la profondeur, un message derrière la lecture-plaisir, c’est l’ouvrage parfait. Et ce retour aux sources bien que violent pour le héros de cette histoire n’est pas sans nous procurer un dépaysement plaisant…