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Chronique : Idaho

Un roman captivant, aux personnages tellement humains et réalistes qu’on les suivrait jusqu’au bout du monde… 

Initialement paru aux éditions Kero en 2016, Idaho est sorti chez Le livre de poche en mai 2017. Il n’a pas fait grand bruit à sa sortie, et c’est bien dommage. Je vais donc essayer de réparer cela, car Idaho est un roman qui a réussit à me captiver de bout en bout, ce qui est assez rare pour être souligné.

Il s’agit du seul roman d’Andria Williams écrit à ce jour, mais j’espère en découvrir d’autres de sa plume…

Inspiré d’une histoire vraie, dans les États-Unis des années 60

Saviez-vous que les Etats-Unis avaient eux aussi eu leur incident nucléaire ? Les toute premières pages du roman en parlent : un réacteur nucléaire militaire a explosé le 3 janvier 1961, près d’Idaho Falls. Idaho nous conte cette histoire, de façon romancée tout est étant axé principalement sur l’histoire du couple que forment Paul et Natalie. Comment en sommes-nous arrivé à l’incident du 3 janvier ? Ce roman vous l’explique.

Paul est militaire de profession, il emmène femme (Nathalie) et enfants (deux) à Idaho Falls pour travailler dans un centre militaire. Il ne le sait pas encore, mais Paul va travailler sur les débuts de ce qui sera un réacteur nucléaire…

Idaho, c’est l’histoire d’un incident, certes, mais également celle d’un couple extrêmement humain, attachant que l’on a envie de suivre jusqu’au bout. J’espère pouvoir vous donner envie de découvrir ce roman qui m’a tant plu et même marquée grâce à ses personnages forts.

Un roman merveilleux, une histoire captivante entre réalisme et amour

Lire Idaho, c’est découvrir un pan de l’Histoire américaine très méconnu, mais c’est également la découverte d’une auteure. En effet, Andria Williams m’a sidérée par sa maîtrise de l’intrigue où elle noue réalisme et romance à la perfection.

Le couple formé par Nathalie et Paul est cirant de précision. Les relations complexes que vit Nathalie au quotidien, notamment son intégration au sein des autres femmes de militaires, les jeux de pouvoirs sous-jacents, etc.,  tout est y est mené de main de maître.

Comme si nous y étions, nous découvrons les ressentis, les pensées de chacun. C’est si bien mis en scène que l’on se croirait là-bas avec à eux à réfléchir à ce qui les torture chacun. Nathalie est peu à peu tourmentée par sa vie de femme de militaire isolée, avec ses enfants. Paul quant à lui commence à voir les problèmes s’accumuler à la base où il travaille… personne n’écoute ses nombreux avertissements sur la sécurité défaillante du système…

Les derniers chapitres sont les plus effrénés, (mais aussi les plus fous et les plus incroyables) on ne peut résister à l’envie de savoir quelle sera l’issue d’Idaho.

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Quelle sera l’issue de cette histoire pour Nathalie et Paul ? A vous de le découvrir au travers de ce MERVEILLEUX roman. Je suis rarement subjuguée par un roman, mais Idaho m’a vraiment fait cet effet. Impossible de décrocher tant au niveau de l’intrigue qu’à celui des personnages à la psychologie finement traitée. C’est un roman qu’il ne faut louper sous aucun prétexte car ses quelques 570 pages se dévorent au final très rapidement !

Ci-dessous, découvrez la playlist idéale à écouter durant la lecture d’Idaho.

Chronique : Envole-moi

Le genre d’histoire d’amour qui reste longtemps en mémoire tant elle est touchante, pure, et belle.

Peut-être connaissez-vous Annelise Heurtier ? Elle a déjà écrit nombres d’ouvrages pour la jeunesse et les ados, tous étant à chaque fois remarqués et appréciés. On lui doit déjà : Sweet Sixteen, Là où naissent les nuages, Le complexe du papillon, Le carnet rouge, Charly Tempête… tous chez Casterman.

Avec Envole-moi, elle signe une histoire d’amour pure et magnifique. Elle parle de tout ce que l’on est capable de faire, de sacrifier pour donne le meilleur de soi à l’autre.

Histoire d’un coup de foudre…

« C’est elle qui a fait le premier pas. Enfin, façon de parler ».

Quand Swann fait la rencontre de Joanna dans un vide grenier où ils sont tous deux exposants, rien ne le préparait à tomber amoureux. Littéralement. Fou. Amoureux.

La première chose que Swann voit en Joanna, c’est qu’elle est belle. Sauf que Joanna a une petite particularité : elle est en fauteuil roulant. Peut-on passer outre le handicap quand on aime ? Est-il nécessairement un obstacle ?

La passion qui habite Swann, par exemple, c’est la musique. Il l’a dans la peau, c’est même pour s’acheter une Gibson qu’il a fait cette brocante…

La passion non assumée de Joanna, c’est la danse. Est-ce que c’est interdit quand on est en fauteuil roulant ? La société semble avoir décidé que oui, alors Joanna s’est résignée. Mais c’est sans compter sur l’amour inconditionnel de Swann. Il n’y a pas d’âge pour savoir qu’on a trouvé l’amour de sa vie, la preuve avec cette magnifique histoire…

Un texte rare, drôle, savoureux et touchant

Je manque d’adjectifs et de superlatifs pour qualifier ce roman que j’ai trouvé magnifique de justesse et de beauté. Avant même de parler de handicap, c’est une pure histoire d’amour (de la vie, de la musique, de l’autre). Ce qui lie Joanna et Swann est composé de la même matière qui fait les couples mythiques de la littérature ado.

Ce sont des personnages drôles, forts, que l’on a envie de suivre au bout du monde, dont les paroles sont justes et mémorables.

Bien entendu, le handicap est également un thème très important dans Envole-moi, mais il en propose une autre vision. Non, nous ne sommes pas dans le misérabilisme une seule seconde, impossible avec une jeune femme comme Joanna. Elle est comme tout le monde en réalité, elle a ses phases de hauts, de bas, de colère, etc.

On parle également du regard des autres sur le handicap, de leurs remarques maladroites, désagréables pour certains. De l’incrédulité que d’autres ont face à ce type de relation qui semble si évidente à ceux qui la vivent. On découvre ainsi ce que peut-être une histoire d’amour avec une personne en fauteuil roulant.

Les mots trouvés par Annelise Heurtier sont d’une telle justesse, d’une telle beauté que je vous promets une lecture aussi drôle que mémorable sur le sujet. Tout le roman est écrit du point de vue de Swann, ce qui est train intéressant.

Car ce qui est génial avec Swann, c’est que c’est un ado tout à fait normal avec des questions tout fait normales… qui met aussi régulièrement les pieds dans le plat ! Il est enthousiaste, curieux, et rit de tout. C’est ça qui est génial, il n’y a pas de tabou, ni pour lui, ni pour nous. Ses questionnements, nous les vivons. Comme : est-ce que les gens en fauteuil font l’amour ? Est-ce qu’ils ressentent physiquement quelque chose ? Nous nous sommes tous posé ce genre de questions, et avec un personnage comme Swann, on les assume. Le handicap de Joanna devient son quotidien et notre normalité, à nous lecteurs.

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Envole-moi est donc, vous l’aurez deviné, une lecture coup de cœur. C’est superbement écrit, léger et parfois beaucoup moins. C’est beau, et surtout, la façon dont s’exprime Swann est absolument géniale : il est drôle, inventif, passionné de musique et de Joanna, et ça le rend extraordinaire.

Et même si elle aurait détesté, je valide le fait de dire que Joanna est une véritable héroïne du quotidien.

Si vous cherchez une belle histoire d’amour à vous faire vibrer (comme les cordes d’une pure Gibson de 1968), Envole-moi sera à n’en pas douter votre future lecture ! Dès 13 ans environ, puis sans limite d’âge tant c’est superbe.

Chronique : Mon futur en replay

Et si un merveilleux logiciel nous permettait de visualiser tous les possibles de notre vie ? Prendrions-nous les bonnes décisions ? Y en a-t-il seulement ?

Louise Revoyre est une auteure française qui peu à peu fait son chemin dans le monde de la littérature jeunesse. Elle a déjà écrit trois tomes de la série Les avatars de Gaspard (co-écrite avec Sylvain Lignac).

Mon futur en replay est son premier roman à destination des adolescents, et il est très réussit. Tous ses romans sont publiés chez Scrinéo.

Un logiciel pour régler les soucis d’indécision

Découvrez Aléas, un logiciel encore à l’état de prototype absolument révolutionnaire ! Pour Salomé, éternelle indécise, c’est l’outil parfait pour ne plus jamais hésiter quand il s’agit de prendre une décision. En effet, Aléas permet de voir ses futurs alternatifs selon le chemin de vie que l’on prend… Et en ce moment, il est certain que Salomé a besoin d’aide pour choisir ce qu’elle va faire de son avenir !

Ses parents son en « bonne » voie de séparation, et sa vie est à un tournant concernant son orientation scolaire… Et, elle a très certainement rencontré LE grand amour. Ou pas. En fait, rien n’est moins sûr, mais quand même…

Et seule Cham, sa meilleure amie peut la connecter à Aléas. Mais le logiciel va vite de venir une véritable addiction quand elle va découvrir son avenir potentiel.

Une super romance qui nous baigne dans l’imaginaire

Il n’est pas facile de trouver un roman ado qui utilise de façon équilibrée romance, humour, fantastique, personnages crédibles/attachants… Et Mon futur en replay a tous ces atouts !

Entre le roman d’aventure et la quête perpétuelle de l’amour, on se plonge avec facilité dans l’histoire de Salomé. On meurt littéralement d’envie de savoir si oui ou non elle va prendre la bonne décision. Si elle peut sauver ceux qu’elle aime, si Aléas peut être une référence pour tout un chacun…

J’ai trouvé Salomé tendre, géniale et complètement incontrôlable à la fois. C’est d’ailleurs ce tempérament imprévisible qui la rend réellement présente entre les lignes. On est comme elle : plus le roman avance, plus on veut savoir. Plus on veut que tout se passe bien pour elle et ses proches. Ça fait du bien de lire un roman qui implique réellement le lecteur, on ne fait pas que lire, on vit l’histoire de Salomé. Et rien que cela, c’est génial.

Autre fait plaisant : l’histoire d’amour potentielle entre Salomé et son bel inconnu est belle, simple, et loin d’être niaise. On se retrouve parfaitement dans les sentiments que décrit Louise Revoyre.

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Alors, faut-il découvrir Mon futur en replay ? Oui ! Pourquoi ? Parce que c’est un beau jeu de piste, une romance douce et accessible dès 12 ans. Vivement d’autres romans de Louise Revoyre avec d’aussi bonnes idées !

Chronique : Marquise

Un roman bien mystérieux qui aurait pu être génial, mais dont la conclusion n’a pas su être pleinement à la hauteur des attentes que j’ai placées en lui…

Joanne Richoux vient de débarquer dans la collection Exprim’ (Sarbacane) en mars 2017 avec Marquise. Il ne s’agit pas de son premier roman, mais je la découvre à travers cette nouveauté. Marquise, c’est l’histoire de deux jeunes paumés à qui la vie n’a pas décidé de sourire et qui décident de rebattre les cartes… mais est-ce pour un mieux ?

Une session de recrutement très étrange

Entre Charlotte et Billy, ça a toujours été une évidence. Ils ont toujours voulu s’évader de leur petite ville étriquée, de leur vie tristoune et déprimante… Non, ce qu’ils veulent, c’est vivre vraiment. Et c’est ainsi qu’ils s’en vont un jour, sans demander leur reste, abandonnant leurs familles respectives.

Le but ? Rejoindre Paris pour y passer un casting très spécial réservé uniquement à ceux qui en ont entendu parler par le bouche à oreille… Et manque de pot, ils réussissent toutes les étapes, jusqu’à être parmi les 8 gagnants qui ont le droit d’aller vivre avec Le Marquis, sur son île personnelle en Écosse.

Qu’est-ce donc que cet étrange mode de vie où tout le monde vit comme à l’époque du Roi Soleil ? Une secte ? Quel est le but réel du Marquis ? D’où lui vient une telle fortune pour faire vivre autant de gens à sa charge ?

Tout cela a beau être fort étrange, Charlotte et Billy plongent à corps perdu dans cette affaire un peu bizarre et carrément louche. Mais jusqu’où iront-ils pour plaire au fameux Marquis ?

Une accroche géniale mais dont le développement final n’a pas su me séduire

L’idée de départ de Marquise est génial : une société secrète qui recrute des gens selon des critères connus d’eux seuls. Cela à tout pour plaire : une bonne dose de mystère, une ambiance désuète due à l’époque chérie par Le Marquis… C’est tout de suite captivant.

Jusqu’à la conclusion. En effet, c’est la fin du roman qui m’a déplu et qui fait que je n’ai que moyennement apprécié l’ensemble. Tout est très bien décrit et campé dans ce roman, mais quand on découvre le pot aux roses, je m’attendais à quelque chose de beaucoup surprenant. La fin du roman a malheureusement un gout de déjà vu… Sans en dire plus (impossible, ce serait tout vous gâcher !), j’ai trouvé la fin trop rapide et quelque peu bâclée.

En effet, malgré l’écriture vive et accrocheuse, certains personnages sont trop stéréotypés, et même si l’issue n’est pas évidente au premier abord, elle n’en est pas pour autant surprenante.

J’ai particulièrement eu du mal avec l’héroïne, Charlotte. Beaucoup trop tête brulée à mon goût, toujours de mauvais poil, rebelle (même quand ce n’est pas nécessaire), elle manque beaucoup trop de sang froid. A tel point qu’elle en devient agaçante. Là où elle pourrait choisir le dialogue, elle choisi la confrontation ou un mur de silence. Systématiquement. Elle est trop indépendante pour moi, même si cela est également a force pour affronter ce qui l’attend.

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En somme, Marquise est un roman ado qui faisait de très belles promesses. Elles sont en partie tenues, mais la conclusion ne reste pas au niveau de l’histoire dans son ensemble ! C’est donc une réussite partielle, gageons que l’auteure nous fera découvrir son univers au travers d’autres romans puisque Marquise est son tout premier. Il faut bien débuter quelque part !

Dédicace : Susan Kaye Quinn en signature exceptionnelle à la Librairie Royaumes

L’auteure américaine de la saga fantastique Mindjack publiée chez MxM Bookmark sera présente pour deux heures de signature à la librairie Royaumes (42 rue de Tolbiac, Paris 13ème – toues les infos en bas d’article).

Quand ? : Le vendredi 3 juin, de 17h00 à 19h00

Où ? : A la librairie Royaumes – 42 rue de Tolbiac, dans le 13ème arrondissement de Paris.

Qu’est-ce que ça raconte ? : Mindjack, c’est une saga d’anticipation qui imagine que l’humanité évoluera. Dans un avenir proche, tout le monde lit dans les pensées de tout le monde… les codes sociaux ont radicalement changés. Même la manière d’enseigner à évolué et fait appel aux capacités mentales de chacun… Et ceux qui n’aurons pas réussit à évoluer se nomment les zéros. Leurs perspectives d’avenir sont quasi nulles et ils ne s’intègrent pas à la société car mis immédiatement à l’écart… c’est le cas de l’héroïne de ce livre, Kira.

Pourquoi j’ai aimé et que je vous le conseille ? : Parce que Mindjack est une série d’anticipation bien pensée (sans jeux de mots !). C’est original, enlevé, le rythme est soutenu. En bref, on est captivés par l’histoire de Kira qui nous emmène bien loin des sentiers battus. C’est une héroïne normale à qui il arrive des choses extraordinaires. J’ai hâte de livre la suite !

Présentation de l’éditeur :

A seize ans, Kira Moore n’est qu’une Zéro, quelqu’un qui ne peut lire dans les pensées des autres, et dont les autres ne peuvent pas lire les pensées non plus. Les gens comme elle sont des parias à qui on ne peut faire confiance, ce qui ne lui laisse aucune chance d’avenir avec Raf, le meilleur ami télépathe dont elle est amoureuse en secret.

Mais lorsqu’elle prend le contrôle de l’esprit de Raf par accident et manque de le tuer, Kira tente de cacher ce nouveau pouvoir qui l’effraie à sa famille, ainsi qu’à Raf lui-même, dont la méfiance grandit chaque jour un peu plus.

Mais les mensonges ne font que se resserrer autour d’elle, l’entraînant au plus profond du monde caché des mindjackers, où prendre le contrôle des gens qu’elle aime n’est que le début de la longue liste des choix mortels qui l’attendent.

Chronique : Hikikomori

Un roman américain beau et triste à la fois, sur un phénomène typiquement japonais : Hikikomori. Ce terme désigne des individus ayant décidé de s’isoler du monde pendant des mois, voir des années.

Jeff Backhauss est un auteur d’origine américaine. Avant d’écrire, il a été directeur artistique et pilote professionnel. Il a également vécu et travaillé en Corée. Hikikomori est sont tout premier roman. Il est paru en poche chez Milady en septembre 2016.

Un homme isolé volontairement depuis trois ans…

Suite à un drame, Thomas Tessler s’est isolé quelques heures dans une pièce, puis les heures se sont transformées en jours, en mois, puis en années… Sa femme ne l’a plus vu depuis 3 ans, une simple porte les sépare, et pourtant, impossible d’en franchir le seuil. Thomas est un hikikomori, un individu qui s’est volontairement coupé du monde. Ce phénomène est typiquement japonais et concerne un million de personne là-bas.

Mais Thomas est américain, et personne ici ne semble savoir comment le faire sortir de sa terrible léthargie… alors, peut-être qu’une personne japonaise saurait, elle ? C’est ce que se dit Silke, sa femme, qui voit en Megumi le dernier recours pour sauver Thomas et leur couple… D’autant que la jeune japonaise a un passé qui pourrait l’aider à « guérir » Thomas, car elle a déjà l’expérience des hikikomori…

Un roman touchant, beau et extrêmement original

De par son thème et la façon dont il est traité, Hikikomori est un roman social difficile à classer, mais délectable à découvrir ! Pour les curieux qui souhaitent approfondir leurs connaissances de la culture nippone, pour ceux également qui aiment les belles histoires au goût doux-amer, c’est un roman parfait.

Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais Hikikomori est un roman qui a réussit à me toucher. L’histoire de cet homme qui s’est isolé à l’extrême pour s’éloigner de la douleur,  quitte à mettre en péril son couple a su me parler. Le fait également que chaque page est un écho au Japon et à ses codes a également aidé à m’attacher encore plus à cette histoire.

Le relationnel qui se créée entre Thomas et Megumi dans les silences, entre cette porte close, tout est magnifiquement retranscrit. Ce rapport si étrange et difficile à expliquer qui pourrait paraître malsain en toute autre situation passe ici à cause de cette situation exceptionnelle. Ce paradoxe entre culture nippone et culture américaine également est fascinant, l’auteur a su traiter cela avec art, le tout restant intimiste et captivant.

Ainsi, le thème principal de ce roman a beau être la perte de l’être cher, le deuil, on a un sentiment qui devient de plus en plus lumineux et positif au fil des pages. On arrive tout comme Thomas à s’extraire de ce sentiment d’enfermement… Mais la route est longue, et nous n’assistons qu’aux prémisses d’un changement qui sera assez long au final.

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Mais quelle beauté, pour ce roman ! Lisez Hikikomori si vous rechercher une histoire autre, différente. Délicat, beau, fragile et mémorable, voici les adjectifs à retenir pour cet ouvrage si particulier. Et un nom également est à retenir, celui de Jeff Backhaus, dont c’est pour le moment le seul ouvrage paru en France, mais qu’il faudra surveiller de près…

Chronique : Dieu roule pour moi

Un roman destiné aux ados qui ne réussit par à convaincre car traitant de tout… et de rien.

Paru en octobre 2015 aux éditions de L’école des Loisirs, Dieu roule pour moi est un roman de Dominique Souton. Elle a une foule de livres à son actif, et cela pour tous les âges (y compris les adultes) : Quand on raconte des histoires horribles, il arrive des histoires horribles, J’aime mon meilleur ami qui aime ma meilleure amie, Zélia change de look, Je hais le théâtre

Dieu roule pour moi nous permet de suivre la correspondance de Chrissie Jones, résidant aux Etats-Unis avec une jeune française de son âge.

La vie d’une fille de pasteur

Bienvenue à Sioux Falls, une ville du Dakota du Sud. Plus précisément, nous voici au sein de la famille de Chrissie Jones. Fille de pasteur, pas franchement intégrée dans le collège qu’elle fréquente, ni géniale ni impopulaire. Chrissie ne fait pas de vagues, mais le hasard de la vie va parfois dans son sens, comme en ce qui concerne certains événements décisifs dans sa vie.

Vous voici ainsi dans la correspondance de Christie qui envoie mails sur mails à une correspondante française. Mais que peut-elle bien lui raconter ?

Une correspondance à sens unique

Dieu roule pour moi est intéressant pour une chose en particulier : il nous fait découvrir certains éléments emblématiques de la culture évangélique américaine. En effet, notre jeune narratrice vit dans une famille dont la religion est le centre névralgique.

On découvre les enjeux et l’importance du métier de pasteur qu’exerce son père. Mais ce n’est pas tout : de nombreuses questions que se posent Chrissie nous sont également présentées, notamment celles traitant du bal de pureté. Ce phénomène du bal de pureté est très répandu dans les communautés chrétiennes évangélistes américaines (mais pas seulement).

Le seul problème, c’est que les questionnements de Chrissie n’en sont pas vraiment, elle ne semble pas avoir d’avis franc et laisse le hasard et le destin décider pour elle. On aurait aimé découvrir une narratrice plus curieuse et/ou plus engagée dans ses opinions. Ici, on ne fait qu’effleurer de nombreux thèmes : la religion, la virginité, les premiers amours et émois, la notion de bien et de mal, la famille…

L’auteure ne va pas assez loin dans ses explications au travers de sa narratrice. Pour des lecteurs qui n’y connaissent rien ou peu de choses sur ces questionnements, Dieu roule pour moi les laissera très interrogateurs. D’autant que les lecteurs de ce roman sont des français, et ces problématiques très américaines ne leur parleront pas nécessairement.

De plus, chose assez paradoxale, l’histoire ne nous raconte guère de choses. Il n’y a pas de réelle intrigue, ni d’enjeux, à peine quelques réflexions, mais c’est tout. Par exemple, Chrissie est en disgrâce au sein de son école pendant une bonne partie du roman, puis sans raisons, elle devient presque populaire en quelques chapitres ! C’est à n’y rien comprendre…

De ce roman épistolaire (uniquement par mail), vous ne lirez que les écrits de Chrissie. On comprend toutefois aisément ce que dit sa correspondante française car les mails de l’ado américaine sont rédigés avec la question d’origine.

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Pas assez explicatif, trop nébuleux, Dieu roule pour moi est un roman qui nous fait toutefois découvrir une autre Amérique : profonde, religieuse et ancrée dans de nombreuses traditions. Mais cela ne suffit pas à créer un récit passionnant, et il est facile de passer à côté… Dommage, l’idée de base était très intéressante. Pour les curieux, c’est à découvrir dès l’âge de 14 ans.

Pour aller plus loin sur le phénomène des bals de pureté :

http://www.barbieturix.com/2014/04/10/papa-protege-ma-virginite-lessor-inquietant-des-bals-de-purete-aux-etats-unis/

http://www.aufeminin.com/news-societe/bal-de-purete-le-phenomene-intriguant-de-ces-fillettes-qui-font-v-u-de-chastete-s385077.html

http://www.konbini.com/fr/tendances-2/images-etrange-phenomene-bals-de-purete/

Chronique : Geek Girl – Tome 2

Suite des aventures d’Harriet Manners, mannequin bien malgré elle…

Geek Girl est une série de romans pour ados adaptée dès l’âge de 12 ans environ. Son auteure, Holly Smale, s’est inspirée de sa propre expérience dans le mannequinat pour écrire ses romans. Drôle, frais, efficace, cette série de livres est parfaite pour ceux et celles qui souhaitent s’évader, rire, et découvrir une héroïne on ne peut plus normale. Geek Girl 2 est paru en août 2014 chez Nathan.

Direction…. Tokyo !

Dans ce second opus, Harriet Manners fait ses premiers vrais pas dans le monde de la mode en allant au Pays du Soleil Levant ! En effet, elle est devenue l’égérie de Baylee grâce à sa fashion designer, Yuka Ito. Mais la femme d’affaires a décidé de lancer son propre label, et elle souhaite débaucher Harriet pour se faire… la pression est juste monstrueuse.

La jeune fille va devoir assurer sur tous les plans, d’autant qu’elle est dans un pays qu’elle ne connaît pas et qu’elle loge avec d’autres mannequins… va-t-elle réussir à se sociabiliser cette fois-ci ? Et à être l’icône de la mode qui fera rêver tous les autres ? Et surtout… comment va-t-elle pouvoir « gérer » Bounty, sa grand-mère totalement extravagante et irresponsable qui est censée la chaperonner ?

Le monde de la mode révèle ses facettes les plus coupantes…

Elle qui pensait s’en tirer sans trop de difficultés, Harriet a encore beaucoup à apprendre du monde de la mode et de ses codes. De plus, son côté tête en l’air et inconscient risque également de lui jouer des tours…

Et c’est sans compter sur la présence de l’Homme-Lion, comme elle appelle Nick, le garçon qu’elle aime et qui est un mannequin de renom. Tous ces facteurs risquent de jouer en sa défaveur ; car des sentiments forts plus de la maladresse, cela fait rarement bon ménage !

Ce second opus des (més)aventures d’Harriet est un vrai moment de plaisir. On découvre le Japon à travers ses yeux émerveillés, et on en apprend un peu plus sur l’univers de la mode et sa cruauté… Et comme toujours, vous aurez droit aux très nombreuses digressions d’Harriet sur les étoiles, les dinosaures ou encore les statistiques ! Sans oublier le génial personnage de Willbur (son agent) avec ses mille surnoms, tels que bébé-bébé panda ou ouistiti chéri…

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On rit toujours autant voir plus, on découvre également les drames à l’échelle d’une adolescentes, et on voyage à travers ses yeux en tout temps émerveillé… On en apprend un peu sur le Japon et ses traditions si spéciales, mais on aurait aimé en découvrir encore plus ! En tout cas, ça fonctionne, car nous le sommes tout aussi émerveillés qu’Harriet.

En bref, si vous voulez continuer à passer un bon moment avec une héroïne aussi normale que drôle malgré elle, Geek Girl est une saga faite pour vous ! A lire dès l’âge de 11 ans sans restrictions !

Chronique : Nil – Tome 1

nil-1Un roman young-adult dans l’esprit du Labyrinthe. Mais cette fois-ci, vous êtes sur une île absolument paradisiaque… où la mort rôde…

Lynne Matson est une auteur d’origine américaine. Mais avant de se vouer à l’écriture et à la création de mondes imaginaires, elle était une très sérieuse avocate ! Elle adore les romans tels que Hunger Games, Harry Potter, La balade de Pern, ou encore La marque des anges (dont on est très fan ici sur le blog). Dorénavant, elle se consacre uniquement à l’écriture. Nil est le premier tome d’une trilogie nous transportant sur une île aussi létale que magnifique…

Midi, une chaleur étouffante, et une étrange « porte »…

Charley était sur le parking d’un centre commercial, en plein soleil, lorsqu’une étrange ondulation l’a aspirée. Elle perd connaissance et se réveille sur une plage aux allures de paradis. Charley l’ignore encore, mais elle vient d’arriver sur Nil. Si elle ne trouve pas une porte de sortie (la fameuse ondulation qui l’a amenée ici) avant 365 jours, elle périra dans ce paradis mortel… Et elle est loin d’être la seule, une vingtaine d’adolescents vivent actuellement sur Nil, s’organisant pour survivre et trouver des portes.
Pourquoi sont-ils ici ? Comment trouver les portes ? Quel est le but de Nil ? Où sont-ils réellement ? Beaucoup de questions et peu de réponses dans ce premier tome… mais on est immédiatement accrochés par le charme enjôleur de l’île…

Haletant, bien construit, on en redemande !

Ambiance à huis-clos à l’échelle d’une île paradisiaque, tensions, haines, mais également de beaux moments d’entraide, c’est ça Nil.
Les chapitres sont découpés par journées passées sur l’île. Nous alternons entre les point de vues de Charley (fraîchement débarquée sur l’île) et de Thad (présent depuis 267 jours au début du roman). Très rapidement on découvre tous les principes qui régissent l’île…

Il y a les portes, bien sûr, mais aussi des animaux dangereux qui sévissent sur l’île, ainsi que  d’étranges symboles semés sur Nil. Ces gravures sont-elles des énigmes pour s’en sortir ? Ou une simple décoration ésotérique pour perdre les adolescents prisonniers ? ou autre chose ?
Le décompte est donc lancé pour Charley : il lui reste 365 jours pour réchapper au piège tendu par Nil… Mais certains, comme Thad n’ont plus qu’une centaine de jours au compteur… Ce sont donc des chapitres cours et haletants qui s’enchaînent, où le moindre indice est vital. Trouver une porte sortante est extrêmement compliqué puisqu’elles n’apparaissent qu’à une heure précise et une seule fois par jour !

Seul défaut selon moi, la romance franchement trop évidente (dès les premières pages) entre Charley et Thad. Cette rapidité rend leur histoire beaucoup trop fleur bleue et même par certains côtés mièvre.
On appréciera cependant le développement des liens sociaux qui se tissent peu à peu entre les survivants. Qu’ils soient des « anciens » ou des nouveaux venus, le système fonctionne à peu près… Sauf quand on a affaire à des lâches et des égoïstes, et il y en a ! L’auteur aurait encore pu plus creuser la psychologie de certains, cela aurait apporté encore plus en densité à l’intrigue.

nil-2Enfin, pour ceux qui n’aimeraient pas les séries de livres, vous pouvez rester sur la fin du premier tome comme note finale, car Nil offre ici une histoire complète.

Par contre, vous aurez encore beaucoup de questions sur l’île, le pourquoi de son existence, et son but… si elle en a bien un ? Et personnellement, j’ai très envie de savoir et meurt d’impatience à l’idée de lire le prochain tome !

Chronique : Songe à la douceur

songe-a-la-douceurUn roman doux comme une friandise, plein d’innocence et de beauté, non dénué d’un côté fleur bleue tout à fait charmant.

Pour présenter Clémentine Beauvais, on peut citer ses romans, les nombreux prix littéraires qu’elle a reçu, mais il faut avant tout mettre l’accent sur la chose qu’elle maîtrise avant tout : l’art de l’écriture.

Depuis quelques années maintenant, ses écrits ont le vent en poupe, et une fois qu’on les a lus, on comprend tout à fait pourquoi ! Clémentine Beauvais est créative, et extrêmement drôle à travers une plume aussi mordante qu’agile.

Parmi les nombreux titres qu’elle a écrits, on peut citer : Les petites reines (énorme coup de cœur ici sur le site), Comme des images (l’un de ses premiers écrits coup de poing, également gros coup de cœur), Carambol’Ange (roman pour la jeunesse, dès 9 ans), Les Royales Baby-sitters (un roman jeunesse totalement barré, dès 9 ans).

Avec Songe à la douceur (paru chez Sarbacane, dans la collection Exprim’), Clémentine Beauvais fait un nouveau pas dans la créativité avec une idée de base extrêmement pointue : proposer un roman en vers libres s’inspirant librement d’Eugène Onéguine, d’Alexandre Pouchkine. Dit comme cela, ça peut déstabiliser ou effrayer le lecteur potentiel… mais c’est absolument génial !

Un amour de jeunesse perdu, puis retrouvé… sur la ligne 14 (violet clair)

Une romance contrariée, terminée avant même d’avoir pu commencer, voici à quoi se résume l’histoire de Tatiana et Eugène. Ils avaient 14 ans, mais la vie, le destin et un drame les a séparés. Cette rencontre fortuite dans le métro est-elle l’occasion pour eux de reprendre leur histoire où ils l’avaient laissée ? Elle, est obsédée par le peintre Caillebotte, et lui est obsédé par Tatiana, qu’il ne pensait pas revoir un jour…  Alors, quel avenir pourrait se profiler pour eux ? L’avenir nous le dira…

Une ode à la beauté des choses simples et essentielles qui font aimer la vie

Intemporel ou presque, beau et cru à la fois, Songe à la douceur est un ouvrage à nul autre pareil. Moi qui craignait que le côté vers libres ne créée un blocage à la lecture, c’est en fait tout le contraire.

L’écriture est fluide, aisée, on navigue entre les vers avec aisance, le tout aidé par la plume légère de Clémentine Beauvais… Jugez plutôt des premiers vers :

« Parce que leur histoire ne s’était pas achevée au bon endroit, au bon moment,

                Parce qu’ils avaient contrarié leurs sentiments,

Il était écrit , me semble-t-il, qu’Eugène et Tatiana se retrouvent

Dix ans plus tard,

                Sous terre,

Dans le Meteor, ligne 14 (violet clair), un matin d’hiver. »

 

Voilà pour la beauté des vers proposé en début de roman. Mais vous y trouverez également une facette plus drôle, mais également plus crue, comme l’illustre ce passage :

« Eugène essaya de se raisonner :

                               Il est assez normal de ne pas trouver,

                               Sur Internet,

                               De détails spécifiques quant aux relations

Intimes des gens. Qu’est-ce qu’il aurait pu espérer ?

« JE NE SUIS PAS CONTRE LA SODOMIE, déclare

Tatiana Reinal ». <Cliquez pour ouvrir>

                Ce n’était pas une attente réaliste. »

Ceci n’est qu’un des nombreux exemples que l’on peut trouver de l’humour sans bornes de l’auteure.

On appréciera également le style narratif et les jeux de flash-back et de cliffhanger utilisés tout au long du roman. Cela est fait de telle sorte que l’on se sent immédiatement happé par l’intrigue  que forment Tatiana et Eugène malgré eux… Ils sont beaux et extrêmement humains, avec leurs blessures, leurs traumas cachés sous des simples échanges de textos. Mais nous lecteurs avons accès à quelque chose de génial et de triste à la fois… leurs pensées inavouables (je pense notamment à la fameuse scène du Musée d’Orsay, mais pas seulement).

…..

Songe à la douceur est le genre d’ouvrage aussi beau qu’inclassable, magnifiquement écrit. Doux, sucré, merveilleux, mais également avec un côté acide et mordant… Il est à découvrir dès l’âge de 15 ans environ, puis sans aucune limite d’âge, car il n’y a aucune restriction pour découvrir une si jolie plume…