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Chronique : Un écrivain, un vrai

Un roman passionnant sur la question épineuse : qu’est-ce qu’un écrivain ? Et quels sont les critères pour le définir ?

Pia Petersen est une autrice Danoise qui vit en France depuis presque toujours. Elle écrit tous ses ouvrages en français. L’un de ses plus connus est celui chroniqué ici, Un écrivain, un vrai (Actes Sud, Babel), mais on peut également citer Paradigma (paru il y a peu aux Arènes) ou encore Une livre de chair (Actes Sud).

Une téléréalité hors-norme pour un écrivain qui l’est tout autant

Gary Montaigu vient de recevoir un coup de massue en apprenant qu’il avait remporté le Man Booker Prize (équivalent du Goncourt aux USA), c’est ainsi qu’on lui propose de participer à l’émission Un écrivain, un vrai. Cette téléréalité a de quoi étourdir par son ambition ; en effet, Gary Montaigu va devenir une star parmi les stars avec l’émission.

Son concept ? Filmer quasiment tout du quotidien de l’auteur, mais surtout voir son processus créatif. Cependant, les téléspectateurs vont peu à peu donner leur avis sur l’ouvrage en cours d’écriture… est-ce nécessairement une bonne idée de s’immiscer dans l’intimité de création d’un auteur ? Est-ce stimulant ? Ou autre chose ?

Un roman aux allures de satyre de notre société

Très introspectif et réfléchi, Un écrivain, un vrai nous propose une belle façon de penser notre société au travers du prisme de l’écriture. L’intrigue est très prenante (bien que le déroulement assez lent), mais je pense qu’il faut voir au-delà et ne pas penser qu’à l’histoire. Il y a beaucoup de symboliques et de circonspection dans ce roman, différents niveaux de lecture également.

Rien qu’au niveau des symboles, ont peux réfléchir à l’étrange patronyme de notre écrivain star : Gary Montaigu. Est-ce un clin d’œil à Romain Gary et à l’une des pièces les plus connues de Shakespeare, Roméo et Juliette ? Une double référence littéraire ? Je pense que oui, et ça me fait sourire… surtout en découvrant la suite de l’histoire.

Par ailleurs, les personnages ont beau être peu nombreux, ils sont fort bien développés. Je pense notamment à la femme de Gary, la calculatrice Ruth. Difficile à cerner, facile à détester au travers des yeux de Gary… l’est-elle vraiment ? A vous de juger… Même réflexion sur la fameuse Alana censée être utilisée comme « ressort » dans l’émission pour créer une tension dramatique dans le couple Ruth/Gary. Son but ? Faire de l’audience en endossant le rôle de la « seconde femme ».

Pia Petersen invente au passage un terme intéressant bien qu’effrayant, celui de télé-lecteur. Comme le téléspectateur, il a une opinion bien arrêtée, jugera très vite de ce qu’il souhaite ou ne souhaite pas voire ou lire. C’est ainsi, que peu à peu, le processus de création de Gary Montaigu est freiné… tant il est ausculté dans les différentes facettes de sa vie.

C’est donc un très bon roman que Un écrivain, un vrai. Pas nécessairement aussi facile d’accès que les lectures que j’ai habituellement, mais tout aussi plaisant. Une ambiance particulière s’en dégage, et j’adore lire des romans qui parle d’auteurs, de processus de création, d’édition et d’écriture… et c’est l’apogée du plaisir de lecture pour moi.

Le décor dans lequel j’imagine parfaitement l’intrigue de ce roman, la pièce parfaite pour l’écrivain new-yorkais.
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Mini-chroniques #4 : A la découverte de Shanghai et d’une Russie imaginaire, un roman noir soporifique et une terrible aventure en Alaska

Il y a la PAL (ou pile à lire), il y a la wish-list (qui regroupe tous les livres que vous voudriez lire un jour…) et puis il y a la PAC. Et bien oui, la pile à chroniquer ! Et parfois, il arrive que l’inspiration ne vienne pas, qu’elle tarde… ce qui fait que les livres s’accumulent jusqu’à former un nid de livres à chroniquer. Pour certains, la flamme n’est jamais venue, et les années se sont écoulées… Pour d’autres, ils sont récents et ont même été des coups de cœur… mais je ne me voyais pas faire une chronique entière. Et comme se sont tout de même des ouvrages que j’ai lu dans leur intégralité et apprécié, il est impossible pour moi de ne pas en parler !

Shanghai Baby – Weihui – Picquier Poche

Lors de sa parution en 1999 en Chine et en 2001 en France, Shanghai Baby a été immédiatement un phénomène éditorial. Pourquoi ? Car c’est l’un des romans/récits emblématiques de l’après Révolution Culturelle. Il est totalement libéré, parle de sexualité, qui plus est avec un étranger – un Allemand ! – c’est l’un des premiers ouvrages à être transgressif sur tous les plans. Dans le même genre, il y a eu Bonbons Chinois, de Mian Mian, lui aussi très médiatisé à l’époque pour les mêmes raisons…

Dans Shanghai Baby, on suit une femme libre, sans complexes, qui fait ce qu’elle désire réellement de sa vie. Dans ce contexte social fort, on comprend pourquoi l’ouvrage a été un phénomène. Car en ce qui concerne le roman lui-même, il est intéressant et nous fait découvrir un Shanghai nocturne inconnu, mais ne fait pas non plus rêver…

Là est peut-être la limite du livre-phénomène, il n’en est un que parce que le contexte passé le rendait exceptionnel. De nos jours, la lecture d’un Shanghai Baby, qui plus est en occident, n’a plus rien d’exceptionnel ni de transgressif.

C’est donc un ouvrage intéressant à lire si l’on se recontextualise dans la société chinoise des années 90/2000. Mais pour ses qualités intrinsèques de roman, Shanghai Baby est très dispensable…

La Rouille – Eric Richer – éditions de l’Ogre

Si vous cherchez un roman initiatique violent comme il faut, La Rouille sera parfait. Sorti relativement inaperçu à sa sortie lors de la Rentrée Littéraire 2018, l’ouvrage mérite pourtant le détour. Avec une plume qui percute, souvent abrupte, parfois lugubre mais toujours superbe, Eric Richer nous emmène dans un pays qui ressemble beaucoup à une Russie post-apocalyptique. Ou à une Russie d’aujourd’hui désœuvrée qui a besoin de ses traditions éculées pour survivre.

Nous sommes dans la petite ville d’Ilyviesk, que rien ne différencie des autres bleds paumés de la région. Il y a la violence, la pauvreté, la survie et… le Kännöst. Tradition purement masculine et totalement brutale à laquelle le jeune Nói ne pourra pas couper. Jeune, mais déjà terriblement lucide sur sa vie, son « avenir » et ce qu’il ne souhaite pas en faire.

Pour oublier, il se défonce avec ce qu’il trouve, souvent des solvants et détergents qui lui défoncent le cerveau et lui permettent de voir le requin. Forme magnifique qui flotte dans les méandres de sa conscience explosée… et qui l’aide à oublier la perte de son frère, la disparition de sa mère… Il n’y a d’ailleurs pas que sa mère qui a disparu, quasiment toutes les femmes ont déserté, elles sont devenues très rares. On parle même de no woman’s land pour désigner la région tant les traditions pèsent sur elles. Elles ont toutes fuit ou presque. Pour illustrer toute la violence poétique contenue dans ce roman, cette phrase me semble parfaite :

« Le soir venu les libellules copulent, et un pare-chocs les encule…« 

La rouille n’est pas un roman qui conviendra à tout le monde. Mais il est d’une beauté lourde, pesante. On ne peux pas oublier facilement ce genre de lecture. Et je ne le souhaite tout simplement pas.

L’insomnie – Tahar Ben Jelloun – Gallimard

J’ai rarement lu un livre aussi ennuyeux… pourtant l’argumentaire était extrêmement tentant. Un homme qui a besoin de tuer quelqu’un pour trouver le sommeil… Il commence par sa mère, et se rend compte qu’il peut à nouveau dormir paisiblement pendant plus d’un an… Avant que l’insomnie de reprenne le dessus. Il va donc devoir tuer à nouveau si il veut retrouver un sommeil paisible. Et c’est là que ça dérape. Pour dormir, il va donc devoir abattre beaucoup de gens et de travail si il veut retrouver des nuits paisibles… Il va d’ailleurs tellement en tuer pour dormir (plus il tue, moins il récupère de temps de sommeil) qu’il va commencer à créer une sorte de système de points. Il appelle cela des « crédits sommeil », chaque personne en fonction de son passé lui fournissant un montant différent quand il les tue…

Mais comment une telle histoire peut-elle se terminer ? Et bien de façon totalement hasardeuse et ratée… Bref, passez votre chemin, j’ai perdu mon temps pour ne pas que vous perdiez le votre.

Sukkwan island – David Vann – Gallmeister ou Folio

Je vais être concise sur cet excellent roman : un père divorcé décide d’emmener son fils sur un île sauvage en Alaska pour renouer avec lui. Le but est simple, ils emmènent du matériel de pêche, le strict minimum pour survivre là-bas et devront ensuite se débrouiller par eux-mêmes. Sauf que bien entendu, rien ne va se dérouler comme prévu…

Je ne peux RIEN vous dire d’autre sur ce roman hormis qu’il faut le lire pour en découvrir toute la teneur, l’atmosphère. Si vous aimez les intrigues se déroulant en milieu sauvage et faisant appel à une psychologie des personnages fouillée, ce roman est fait pour vous. Si vous aimez être surpris/scotché par un livre, il est fait pour vous. Si vous voulez une histoire mémorable, ce livre est fait pour vous.

On oublie pas Sukkwan island. Jamais.

Chronique : Rien qu’une vie

Bienvenue à Duneen, petit village irlandais où tout le monde se connaît et où rien ne reste secret… ce qui devient assez problématique quand on découvre des ossements dans une ferme alentour… Qui peux bien avoir été enterré secrètement ici ?

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Graham Norton est une figure emblématique du paysage audiovisuel britannique. Il est d’origine irlandaise, et c’est certainement pour cela que l’intrigue de son roman se déroule en Irlande, sa patrie. Il est à la fois acteur et présentateur télé, et maintenant auteur… et je dois avouer que j’ai trouvé cela plutôt réussi !

Flic dans une petite ville… le bonheur ? 

Pour le sergent Collins, être policier en milieu rural a ses avantages : on est au calme, les seuls problèmes à régler sont la circulation ou les mésententes de voisinage… Mais justement, ce sont aussi les gros inconvénients de ce poste quelque peu « planqué ». Il ne se passe jamais rien, et le temps passant, le sergent a laissé filé ses rêves, où il voulait devenir enquêteur – notamment pour la criminelle. Mais c’est une « chance » pour lui, un cadavre sans sépulture vient d’être exhumé lors de travaux dans une ferme. A qui peut-il bien appartenir ? Pourquoi a-t-il été ainsi caché ?

Le sergent Collins va tout faire pour élucider le mystère avant que les flics de Dublin ne soient sur le coup et n’aient résolu l’affaire… Surtout qu’il a un avantage non négligeable : il connait Duneen et ses habitants parc cœur depuis plus d’une décennie… 

La couverture V.O. de Rien qu’une vie. Super jolie, très colorée, elle représente parfaitement l’esprit du roman.

Un roman plein de charme qui a réussit à me séduire…

Il y a une chose à savoir à propos de moi avant toute chose : j’adore les ambiances du style cottage, petit village anglais bien propret, etc. Et ça fonctionne bien évidemment avec l’Irlande ! Alors, quand j’ai découvert que Rien qu’une vie se déroulait dans un cadre rural et typiquement anglo-saxon, ça m’a immédiatement tentée… J’insiste cependant sur le fait que Rien qu’une vie n’est pas un roman policier. Il y ressemble dans sa trame, mais c’est avant tout un roman social qui voit se jouer le théâtre de la vie d’un petit village irlandais. On s’attarde beaucoup plus sur la vie de chaque personnage, son passé, sa psychologie que sur le mystère du squelette retrouvé.

Dans cette intrigue, les personnages sont nombreux, mais jamais on ne les confonds avec d’autres. Pourquoi ? Car ils ont chacun une spécificité physique ou un trait de caractère qui fait qu’on les reconnaît immédiatement. Et comme ils sont une bonne dizaine, c’est assez réussit. J’y ai tout particulièrement aimé Brid Riordan, dont la vie fut difficile dès le début… même dans le bonheur.

Les scènes dramatiques y sont particulièrement bien décrites, on remonte parfois plus de quarante ans en arrière, le temps d’un chapitre. Cette coupure n’est jamais gênante, toujours bien amenée et nous aide à comprendre avec justesse les comportements de certains…

Évidemment, que serait cette histoire sans le fameux sergent Collins ? Il est très attachant, et m’a beaucoup fait penser au personnage de Danny Butterman, ce flic grassouillet qui s’enlise dans le quotidien de son village anglais plan-plan dans Hot Fuzz (qui est au passage le meilleur film de tous les temps après Starship Troopers). On prend plaisir à découvrir son quotidien être bouleversé et le voir s’accomplir dans cette première enquête qui va changer sa vie de bien des façons…

Ainsi, si vous aimez les intrigues et les secrets de villages, Rien qu’une vie est parfait pour vous ! On y découvre la petite ville type où tout le monde se connaît et où les ragots vont bon train. Souvent drôle, parfois décalé, on s’immerge avec plaisir dans cette histoire sans prétention mais qui fait merveilleusement son office : nous faire passer un bon moment de lecture. J’adorerais découvrir un autre roman de Graham Norton tant celui-ci m’a séduite…

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Chronique : On dirait que je suis morte

Un roman inclassable où l’on suit une anti-héroïne qui n’a pas de limites… ni de but.

Paru lors de la Rentrée d’hiver de 2019, On dirait que je suis morte est le premier ouvrage de Jen Beagin à paraître en France, il est aux éditions Buchet Chastel. Et on peut dire qu’il est assez… étrange et décousu, mais plaisant pas certains côtés. Explications.

Une jeune femme qui rencontre l’amour en la personne de « Monsieur Dégoûtant »

Mona a 24 ans, vit dans la ville de Lowell, elle est femme de ménage et ne se voit pas faire autre chose de sa vie. Quelques heures par semaines, elle fait du bénévolat dans un centre d’aide pour drogués. Elle donne des seringues stérilisées, quelques mots gentils… Mais quand elle rencontre Mr Dégoûtant – comme elle-même le surnomme dans sa tête – ils vont vivre une histoire d’amour… à leur échelle. Il fait les poubelles pour lui offrir de jolies choses, tente de se droguer moins… Mais est-ce qu’avoir trouvé l’amour est une fin en soi ? Ou y-a-t-il autre chose qui se profile pour Mona ?

Le roman d’un début de vie fait de bric et de broc

Ce roman est en fait le récit de vie d’une jeune femme avec qui la vie n’a jamais été douce. Parents à peine mentionnés, seulement une tante qui se préoccupe quelque peu d’elle. Toutes ses rencontrer sont hasardeuses, sinon désastreuses… Ce serait un bon résumé de la vie de Mona, que nous suivons durant pendant un temps assez court (environ 2/3 ans).

Mais quel est le but de cette histoire ? De ce roman atypique sans morale ni but ? Et bien justement… je cherche encore. Le personnage de Mona est pourtant intéressant, voir drôle par moments malgré l’adversité. Mais je ne comprends guère le pourquoi de cette histoire, qui se termine très abruptement et sans réelle finalité ou conclusion.

J’ai passé un bon moment avec Mona et ses frasques – elle se fait de nombreux films à propos des clients chez qui elle fait le ménage, et parfois ça va très loin ! – mais pas assez pour en parler avec enthousiasme. En fait, je n’ai rien ressenti du tout pour la vie de Mona et ses pérégrinations étranges et décousues de Lowell à Valdez…

En vérité, On dirait que je suis morte est un roman que l’on lit, et que l’on oublie presque immédiatement. Je n’ai rien retiré de cette lecture, ni en bien ou en mal. Je n’ai rien appris, je n’ai pas eu ni plaisir ni dégoût. C’est comme si tout était là, mais pas là… C’est peut-être cela que voulait dire le titre ? Que si Mona n’était pas là, on ne verrait pas la différence, et que son existence n’a rien d’exceptionnel, de notable…

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Chronique : Les nuages de Magellan

Un roman de science-fiction qui nous mène aux confins de l’espace au travers d’une intrigue mêlant piraterie et amitié inattendue 

Estelle Faye est une auteure française qui commence à avoir pas mal d’ouvrages à son actif. Elle s’est fait une spécialité d’écrire dans le domaine de l’imaginaire, que ce soit pour les adultes (Un éclat de givre, La voix des oracles…) ou les adolescents et la jeunesse (L’île au Manoir, Les nuages de Magellan…). Son œuvre est aussi atypique que très variée car elle touche à tous les genres (science-fiction, anticipation, Histoire…), ce que j’aime beaucoup.

Un vent de rébellion souffle sur la galaxie…

Le futur. L’homme a depuis longtemps colonisé d’autres planètes, la Terre elle-même appartenant aux légendes qu’on se raconte quand il se fait tard, au coin du feu ou entre deux verres. Maintenant, les planètes habitées par l’homme sont sous la coupe des Compagnies, de tentaculaires entreprises qui ont remplacé toute forme de gouvernement… 

C’est dans ce monde difficile pour les petites gens que vit la jeune Dan, serveuse (et chanteuse de blues à ses heures perdues) dans un bouiboui qui est son seul paysage depuis des années… La vie n’a pas été facile pour la jeune femme qui a déjà l’impression d’être enfermée dans sa vie. Mais un soir, après qu’une énième révolution ait échoué, elle décide de chanter une chanson en hommage aux rebelles qui sont tombés… Elle ne le sait pas encore, mais sa vie ca changer à tout jamais à cause de cet événement. Et si l’une de ses plus fidèles clientes, Mary Reed, pouvait l’aider à ses sortir de ce mauvais pas ? C’est le début d’un voyage inattendu. 

Un roman d’aventure qui tient ses promesses  

Mêlant aventure et sf avec pas mal de piraterie, la sauce prend assez vite dans ce roman vif, contenant peu de temps morts. Une bonne dose d’humour, des personnages attachants en très peu de lignes, Estelle Faye sait y faire quand il s’agit de créer un nouvel univers et des personnages charismatiques. On est tout de suite embarqués ! 

L’ambiance de ce roman m’a fait d’ailleurs pensé à l’un des mes dessins-animés préféré : La planète au trésor (pour le côté quête à travers l’espace et la piraterie très présente dans les deux œuvres). Bien que la ressemblance s’arrête là, cela m’a vraiment plu de trouver ce mélange peu traité de science-fiction mâtiné de flibusterie. 

Pour les adolescents qui aiment l’action, la sf (avec cyborgs, technologies de pointe et rafistolage) et l’aventure, c’est l’ouvrage parfait. Le duo surprenant que forment Dan et Mary Reed fonctionne très bien, et on se surprend à vouloir en apprendre plus sur Mary… qui est très mystérieuse quant à son passé ! 

Il faut être malgré tout honnête, ce n’est pas un coup de cœur massif, mais je salue le roman, qui m’a fait passer un très agréable moment de lecture. Je m’attendais peut-être à une intrigue plus ambitieuse (en termes d’échelle, mais impossible à faire en un seul tome), mais en dehors de cela rien de négatif à en dire. 

Ainsi, Les nuages de Magellan est un bon roman YA. Il sera idéal pour ceux et celles qui souhaitent lire de la sf aux alentours de 14 ans. Efficace, bien écrit, captivant, que demander de plus ? 

Chronique : La fraternité

Une société secrète dans l’université de Cambridge… que cache-t-elle ? Un roman dans l’ambiance des campus novel qui a tout pour plaire. Mais est-ce suffisant ?

Premier roman de l’allemand Takis Würger, La Fraternité est paru aux éditions Slatkine & Cie lors de la rentrée littéraire 2018. Présenté comme un roman fort dans la plus pure tradition du campus novel (vous savez, ces romans dans l’ambiance du Maître des illusions ou de Stoner), j’ai forcément été intriguée. Et quand j’ai vu qu’il y était également question de fraternités étudiantes (à la limite avec les sociétés secrètes pour certaines), j’ai immédiatement voulu en savoir plus…

Cambridge, l’un des plus beaux et prestigieux campus au monde

Bienvenue au campus de Cambridge, où l’élite des élèves fait ses études. Comme leurs parents avant eux, et leurs parents avant eux… Pour certains, être à Cambridge est un dû, un héritage. Pour d’autre, c’est leur travail ou le destin qui les fait y entrer. Comme pour Hans qui a perdu ses parents, et dont la tante l’a envoyé en pensionnat, loin d’elle suivre une éducation austère, sinon stricte où il apprit la boxe à ses heures perdues.

Alors, quand cette tante le contacte après des années de silence, Hans est inrigué. Elle lui propose l’opportunité d’étudier à Cambridge, là où elle-même travaille… mais en échange, il devra lui rendre un service : enquêter sur une fraternité secrète de Cambridge ; Le Pitt Club. Mais pour s’y faire admettre, il faut adopter les mêmes idées, les mêmes comportements que ses membres… et surtout boxer. Hans a donc une chance de se faire intégrer et d’enquêter si il tire les bonnes ficelles… Mais ce jeu de dupes est forcément dangereux, d’autant qu’il ne sait pas ce qu’il chercher exactement.

Tout est en place pour passer un excellent moment de lecture entre le polar et le campus novel.

Une ambiance unique très bien retranscrite, mais qui ne suffit pas…

J’ai adoré l’atmosphère select et secrète à la fois de Cambridge. C’est un lieu magnifique que l’on découvre émerveillé au fil des pages. Mais plus fascinant encore, le monde des fraternités étudiantes est ici percé à jour. Bien qu’il s’agisse de fiction, nombre de fraternités étudiantes (parfois très secrètes) existent. Et sans tomber dans le complotisme, beaucoup de personnages importants de la société (toutes nations confondues) en sont issus. Ce sentiment de puissance, de vie parallèle où tout est caché, occulté, c’est cela que dénonce la Fraternité. Car certains des membres ont un sentiment d’impunité et font absolument tout ce qu’ils veulent pour assouvir leurs désirs parfois malsains et terribles.

C’est ce que découvre peu à peu avec horreur Hans, qui va réussir à intégrer le fameux club ultra select qu’est le Pitt Club, et il y a encore une étape après être entré : « les papillons ».  Mais pour cela, il va devoir faire bonne figure, cacher son vrai visage et devenir un monstre parmi les monstres… si il tient jusqu’à la fin de sa mission.

Cependant, malgré ces gros points forts, je suis restée sur ma faim. Pourquoi ? Car on a beau comprendre entre les lignes les horreurs auxquelles est habitué le Pitt Club, rien n’est franchement dit, jamais. Même pour la conclusion, où l’on reste dans l’expectative. On se demande pourquoi l’histoire ne va pas un peu plus loin.

La Fraternité a donc un goût d’inachevé, et c’est bien dommage. Malgré une superbe ambiance et une intrigue qui tient la route, la final n’est pas la hauteur. Le dénouement n’est pas loin, mais il n’est pas complet, et ça laisse un sentiment de déception… J’y ai cru jusqu’au bout, mais la déception est à la hauteur de l’attente : grande.

Pour aller plus loin :

Article de Vanity Fair sur les 7 fraternités les plus secrètes du monde.

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Chronique : Ann Radcliffe contre les vampires

Un classique de la littérature gothique réédité !

Vous connaissez certainement l’auteur Paul Féval (1816-1887), dont l’œuvre la plus connue à ce jour est et restera certainement Le Bossu (d’ailleurs adapté plusieurs fois au cinéma). Les éditions des Moutons Electriques ont eu la bonne idée de rééditer l’un de ses textes dans leur collection originale, Les Saisons de l’ Étrange.

Avant de s’intituler Ann Radcliffe contre les vampires et de mettre en scène l’une des mères du roman gothique, l’ouvrage avait pour titre original La ville-vampire.

Une course contre la montre et un jeu de dupe

Au début du roman, nous découvrons une ancienne amie d’Ann Radcliffe. Cette dernière voudrait partager avec ses interlocuteurs l’une des histoires les plus incroyables qu’a vécu son amie à l’époque. Il y est question de mariage intriguant, de vampires et même d’une ville entièrement peuplée de ces derniers…

La jeune qu’était Ann Radcliffe n’avait pas froid aux yeux et décida de tout faire pour sauver son amie des griffes de ces monstres voulant faire main basse sur sa fortune, son statut, et sa santé mentale.

Un roman à l’ambiance inimitable, mais qui garde une petite couche de poussière…

Ce roman a beau avoir été écrit par un grand romancier, il reste assez lourd à digérer. Aucun découpage en chapitres (rendant le tout très dense), histoire remplie de rebondissements tels qu’il faut bien s’accrocher… C’est dommage, tous les ingrédients sont là, mais ça ne prend pas. Trop de longueurs, de personnages dont on ne comprend pas clairement le but ou les enjeux.

Il faut bien avouer cependant que l’écriture de Paul Féval est assez drôle, voir même grinçante par certains moments. Il se joue avec brio de la langue française et sait amuser son public, même dans le drame d’une course-poursuite mettant plusieurs vies en jeu.

Et l’idée de mettre en scène une auteure ayant réellement existé rend le tout plus prégnant, plus réel que si cela avait un personnage quelconque. Paul Féval base son intrigue sur le fait que l’imagination débordante d’Ann Radcliffe tient plus de son passif avec l’étrange que de son imagination pure, et ça c’est une idée de génie pour l’époque !

Autre chose intéressante, Paul Féval nous propose une toute autre mythologie du vampire que celle que l’on connait. Il change de forme, créé des entités jumelles, a les yeux qui brillent d’une étrange lueur, rend fou les gens dont il s’alimente pendant de très longs mois…

……

Mais au final, pourquoi ça ne prend pas totalement ? Peut-être parce que le texte est trop ancien, ou tout simplement qu’il ne s’agit pas du meilleur texte de Paul Féval ? C’est dommage car la collection des Saisons de L’Étrange sait toujours donner envie, et ne pas aimer un de leur titre est déjà une déception en soi…

Chronique : Je suis le genre de fille

Un roman aux allures de journal écrit à la première personne qui nous fait découvrir le quotidien d’une femme très indécise.

Nathalie Kuperman est une auteure française, elle écrit aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Son dernier roman en date, Je suis le genre de fille est paru chez Flammarion en mars 2018.

Si vous ne connaissez pas son œuvre, on peut citer : Nous étions des êtres vivants (Folio), J’ai renvoyé Marta (Folio), ou encore Petit déjeuner avec Mick Jagger (Points) chez les adultes. Du côté des enfants, on lui doit la série de premiers romans Zélie et Poison (déjà 6 tomes de parus), et elle a également écrit une dizaine de romans dans la collection Mouche de l’école des Loisirs.

Les réflexions pêle-mêle d’une femme à qui la vie ne sourit guère…

Voici l’histoire d’une femme, la quarantaine, divorcée, elle a une fille de 14 ans – Valentine – en garde alternée avec son père… Rien ne semble aller dans sa petite vie plate et morne. Pas d’amour à l’horizon, beaucoup de tracas, d’interrogations, de remarques qu’elle se fait à elle-même…

Je suis le genre de fille est entre le roman et le récit de vie, empli de ressentis, réflexions diverses que se fait la narratrice au fil de ses journées.

… selon elle

Mais pour être honnête, je n’ai pas trouvé cette narratrice attachante, loin de là. Et ce qu’elle avait à dire ne m’a pas paru pertinent non plus.

Au contraire, je l’ai trouvée agaçante au possible. A se plaindre pour la moindre petite chose que n’importe qui d’autre aurait laissé couler, à se lamenter sur sa vie qu’elle juge injuste envers elle.

Tous les chapitres commencent par « Je suis le genre de fille… ».

Ainsi on a « Je suis le genre de fille à tenir la porte », puis lire la plainte de la narratrice comme quoi personne ne la lui tient à elle la porte et qu’elle en a marre. Mais que si elle ne la tient pas à quelqu’un, elle s’en veux et s’excuse…

« Je suis le genre de fille qui, pour rien au monde, n’irait fouiner dans les affaires de sa fille », mais en fait, c’est ce qu’elle décide de faire. Uniquement pour savoir de quelle façon sa fille la perçoit… Mais en fait elle change d’avis quand sa fille vient lui parler. Elle n’a aucune parole, aucun avis propre et change systématiquement d’opinion sur tout et n’importe quoi.

« Je suis le genre de fille très hypocondriaque », car oui, notre narratrice fume, et beaucoup. Mais elle a peur d’avoir un cancer et fait une pléthore d’examens médicaux pour se rassurer. Parfois des tests de santé très poussifs où elle attend les résultats pendant des semaines avec anxiété jusqu’à être invivable.

C’est à cause de ses nombreux traits de caractère exaspérants, ses opinions très arrêtées mais en fait non, ses revirements, cette quarantenaire n’est pas attachante…

…….

J’ai trouvé ce roman très dispensable, non pas parce qu’il est ancré dans le quotidien (c’est justement cela qui m’intéressait), mais parce que sa protagoniste principale est absolument crispante et inintéressante. Dommage, car il avait tous les attributs pour plaire, en apparence…

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Ces livres que je n’ai pas réussi à terminer #2

Crédit – Larry Rostant

Panne d’inspiration ? Manque d’envie ? Cela arrive avec la lecture, même quand on adore lire… Il arrive que l’ouvrage et l’instant ne soient pas en corrélation, et il devient difficile voir impossible de terminer l’ouvrage dans lequel nous nous sommes lancés. Heureusement, ce sont des pannes assez brèves. Voici une petite liste de quatre ouvrages que je n’ai absolument pas réussi à terminer. Le temps étant trop précieux pour qu’on se torture à terminer un livre qui ne nous plait pas.

Hemlock Grove – Brian McGreevy – Super 8 éditions

Avant toute chose, je tiens à préciser que j’adore quasiment TOUT ce que font les éditions Super 8. Leur catalogue ainsi que leurs choix éditoriaux sont toujours originaux, et donc risqués. Cette maison d’édition est l’une de mes favorites, alors ne pas réussir à lire un de leurs ouvrages est pour moi une véritable (et rare) déception.

Mais avec Hemlock Grove, ça ne prend pas. L’ouvrage met beaucoup de temps à démarrer, on a beau comprendre les enjeux (un meurtre atroce et un homme-loup dans la nature), tout se mélange. Les personnages sont assez flous dans l’imaginaire du lecteur (en tout cas dans le mien), impossible de bien les distinguer et encore moins de les apprécier. On ne sait pas où l’auteur veut nous emmener, mais la lecture est assez pénible, je n’ai eu aucun plaisir de lecture dans ce roman trop occupée que j’étais à essayer de tout saisir…

On reste bien trop à la surface et pas assez dans le nerf même de l’histoire, j’ai donc abandonné cette lecture après un bon tiers d’efforts.

Les disparus du pont de pierre – Jeanne Faivre d’Arcier – Castelmore

Des disparitions étranges, un soupçon de fantastique mêlé à de l’Histoire… ce roman à destination des jeunes ados avait de quoi faire rêver, et pourtant. Impossible pour moi de m’attacher de près ou de loin au personnages et encore moins à l’intrigue. Je ne comprends pas ce qui cloche, mais ça n’a pas du tout fonctionné pour moi…

D’autant, que j’ai découvert plus tard que Les disparus du pont de pierre est le second tome des aventures de Cornélia et Niko, ce qui explique une partie de mon incompréhension. Il n’est mentionné nulle part que ce second tome est une suite, et il aurait été important de le savoir pour comprendre toute l’intrigue et surtout le passé des personnages !

En effet, l’auteur nous rapporte des faits brièvement comme si nous en connaissions toute la teneur… ce qui est le cas uniquement si vous avez lu le tome précédent : Le vampire de Bacalan. Et ce fameux vampire refait surface dans le second opus, mais nous ne sommes guère avancés quant à ses intentions…

En somme, je suis passée totalement à côté, et cela à juste raison… Il est à peu près possible de comprendre l’histoire malgré tout, mais ça fait trop de blancs à combler pour apprécier l’histoire… J’ai arrêté ma lecture à la moitié de l’ouvrage.

Zodiaque – Tome 3 – Lune Noire – Romina Russell – Michel Lafon

J’ai adoré les deux premiers tomes de la saga Zodiaque qui étaient une belle intro à la sf en young-adult (chronique du tome 1 et du tome 2 ici), mais la lecture de ce troisième opus a pour moi été très difficile. J’ai eu l’impression de tourner en rond et de lire les mêmes intrigues que dans le second livre. L’héroïne, Rhoma continue sa « tournée » des différentes planètes du Zodiaque afin de prévenir de l’arrivée d’Ophiuchus, le 13ème signe qui veut sa vengeance.

J’ai abandonné aux presque trois-quarts du roman, qui était trop répétitif selon moi… Dommage car le début de cette saga était très porteur, et certains personnages (notamment Hysan <3) étaient très charismatiques.

Le peigne de Cléopâtre – Maria Ernestam – Babel

Rien qu’à la couverture, j’avais été séduite par Le peigne de cléopâtre, de plus son titre était assez intriguant pour attirer l’attention… C’est donc avec curiosité et joie mêlés qui je me lançait dans ce roman de la suédoise Maria Ernestam.

L’histoire est celle d’amis qui décident de créer une entreprise de services un peu spéciale où ils résolvent les problèmes des gens. Petits tracas, décoration, jardinage… l’offre est large. Jusqu’à ce qu’une dame demande à l’entreprise d’éliminer son mari.

Dis comme ça, je trouve que ça donne envie ! Sauf que. On s’empêtre dans la psychologie des trois personnages principaux. Parfois on les confond même… et surtout, on perd tout intérêt pour l’intrigue elle-même tant il y a d’informations (pas toujours utiles) à assimiler.

C’est donc un roman qui avait tout pour me plaire, mais qui au final n’a pas réussi à m’accrocher. J’ai arrêté à la moitié du roman…

Pour aller plus loin : J’avais également chroniqué un autre roman de Maria Ernestam que j’avais réussi à terminer cette fois-ci : Patte de velours, oeil de lynx. La fin se terminait en queue de poisson, laissant le lecteur sur sa faim…

Ma rentrée littéraire 2018 – Partie 1/2

Tous les ans, les libraires reçoivent des palettes de romans qui sortent tous à la même date, c’est la fameuse rentrée littéraire. Un phénomène bien français aussi fascinant que… très frustrant ! Impossible de lire les 567 romans de la rentrée, voici donc mon avis sur les 1,76% de romans de la rentrée que j’ai pu lire…

La femme de Dieu – Judith Sibony – Stock

La présentation faite pour La femme de Dieu était engageante. L’histoire d’un homme qui a une – énième – amante, sa femme a l’air de tout ignorer, tout comme leur fille unique… mais cette amante risque de briser l’équilibre fragile de la famille. Lui est un auteur de pièces de théâtre de renom, son amante elle, sort de nulle part… Et elle veut une seule chose de son amant : un enfant qu’elle chérira. Pourquoi ? Nul ne le sait, pas même elle, dont le besoin d’enfant issu des gènes de son amant est le but ultime… Et tous les moyens sont bons pour elle afin de parvenir à ses fins… y compris les plus tordus.

Pour être honnête je m’attendais à un roman original, mais pas retors. Et pourtant, La femme de Dieu est un livre qui m’a dérangée. Il n’a pas de véritable but selon moi, ne nous raconte rien, et il est rempli de lieux communs et de stéréotypes… Et surtout, je l’ai trouvé assez malsain. Quand on découvre jusqu’à quelles extrémités est prête cette femme pour avoir un enfant, c’est perturbant… Et puis, les ficelles tirées par l’auteure sont parfois un peu grosses…

En somme, la femme de Dieu fut un roman sur lequel je misais quelques espoirs, mais qui ont rapidement été soufflés.

Vivre ensemble – Émilie Frèche – Stock

Avant de vous faire lire la chronique de l’ouvrage, je tiens à préciser que j’ai lu et apprécié ce roman AVANT de connaître toute la polémique qu’il y a autour. D’ailleurs, suite au scandale suscité par la parution du roman, les éditions Stock ont du insérer un encart dans l’ouvrage afin de calmer les esprits. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’affaire en question, je vous laisse lire ces quelques liens :

Je vais donc uniquement parler du livre et de son intrigue, et pas du scandale qui s’y rapporte.

Vivre ensemble, c’est l’histoire d’un couple qui s’aime passionnément, et qui décide d’emménager ensemble suite aux attentats du 13 novembre. Cette attaque en plein Paris a pour eux été une véritable claque qui leur a fait prendre conscience qu’il fallait profiter de l’instant présent. Déborah a eu un fils d’un précédent mariage, Léo. Pierre a également eu un fils d’une union précédente : Salomon. C’est donc à quatre qu’ils vivent, dans un appartement de Paris. Et très vite, on sent venir des tensions au sein de la famille recomposée…

D’ailleurs, la scène d’ouverture donne tout de suite le ton : on y découvre Salomon tenant un couteau de cuisine et menaçant tout le monde car il a été contrarié par une petite phrase…

Mais là où Emilie Frèche surprend, c’est dans le déroulement de son roman, on sent qu’un drame se prépare, mais impossible de deviner sous quelle forme… Ainsi, Vivre ensemble est un roman sous tension, que l’on pourrait presque assimiler à un thriller domestique.

Efficace, redoutable. C’est assurément une des belles surprises de cette rentrée, mais il faut mettre de côté la polémique qui l’entoure pour l’apprécier.

La papeterie Tsubaki – Ito Ogawa – Editions Picquier

Ce roman fabuleux de tendresse signe le grand retour d’Ito Ogawa. A placer au même niveau que Le restaurant de l’amour retrouvé (qui était une merveille), ce roman nous fait découvrir le métier désuet et passionnant d’écrivain public au Japon.

On y suit Poppo, une jeune femme d’à peine 25 ans qui vient de perdre « l’Ainée » comme elle l’appelle tendrement. C’était sa grand-mère, et maintenant qu’elle est partie, Poppo décide de reprendre la papeterie familiale. Elle y vend quantité d’articles, mais exerce également le métier plus confidentiel d’écrivain public. Si vous cherchez quelqu’un qui pourra vous rédiger une lettre pour écrire à une ancienne amante, ou que vous souhaitez refuser une demande d’emprunt tout en restant poli, ou encore imiter l’écriture d’un parent décédé pour réconforter celui qui vit encore, vous êtes à la bonne porte.

Tout y est décrit avec précision, chaque geste, chaque encre, chaque type de stylo/plume/crayon utilisé est décrit, de même pour le papier. Il y a une énorme charge symbolique dans chaque choix fait pour écrire une lettre, même le timbre a son importance… Tout cela sans oublier la quantité de formules rituelles différentes pour chaque situation.

L’esprit du Japon transparaît à merveille dans ce roman, c’est tout simplement un roman-doudou. On se sent bien entre ses pages, on savoure chaque histoire humaine qui va nous faire un nouveau talent de Poppo… C’est un petit bijou de délicatesse, et il ne faut donc pas vous en priver ! Un des plus beaux/doux romans de la rentrée….

« Le timbre devait être humecté avec des larmes de chagrin pour une lettre triste, et avec des larmes de joies pour une lettre gaie« .

PS : Pour ceux qui savent lire le japonais, vous trouverez chaque lettre écrite par Poppo à l’intérieur du roman.

PS** : Un second tome avec la même narratrice est prévu pour la rentrée littéraire de 2020, le titre sera La république du bonheur.

Les voyages de sable – Jean-Paul Delfino – Le Passage

Si je vous dit que ce roman raconte l’histoire d’un homme dont la vie commence à Marseille il y a 250 ans… jusqu’à maintenant ? Me croirez-vous ? Voici le récit de Jaume, un homme qui est dans l’incapacité totale de mourir… lui-même ignore comment une telle chose est possible, mais cela fait plus de deux siècle qu’il vit malgré lui. Il a tout vécu, tout connu, baroudé par delà le monde, rencontré l’amour, été trahi, assassiné, battu, exclu… il a également eu ses moments de gloire.

Tout cela, Jaume décide de le raconter au tenancier d’un petit bar, situé Rue Saint-André des Arts, un homme nommé Virgile. Depuis des années que Jaume fréquente le bistrot, il n’a jamais lâché qu’un ou deux mots. Mais ce soir, dans l’hiver froid de Paris, il décide de raconter son incroyable histoire…

Si vous rêvez de voyage, d’aventure et de passion, vous êtes au bon endroit. Les voyages de sable est une histoire à la Highlander (pour le côté narrateur immortel) qui nous transporte. C’est empli de poésie, d’amour, de beauté… On passe de l’Afrique à l’Amérique du Sud sans oublier l’Europe… c’est un merveilleux tour du monde et une fresque historique qui a tout pour transporter.

Anatomie de l’amant de ma femme – Raphaël Rupert – L’Arbre Vengeur

Si il y a bien un roman de la rentrée auquel je n’ai pas compris grand chose (notamment la fin !), c’est bien celui-là ! Le début était pourtant aussi drôle qu’attrayant : un homme découvre dans l’un des nombreux journaux intimes de sa femme qu’elle a un amant.

Dans tous ses carnets, il n’est mentionné qu’une seule fois ! Mais qui est-il ? Et qu’à-t-il de plus que lui exactement ? Est-la la longueur de ses attributs ? La largeur ? Autre chose ? Cet homme essaye de comprendre ce qui attire sa femme chez cet amant et en fait une véritable fixation. Tantôt drôle, tantôt tragique, c’est un roman assez inclassable… Au final, malgré un début très drôle, je n’ai pas réussi à m’approprier ce roman. Et surtout, les dernières pages sont tellement barrées que je n’ai pas bien compris si le narrateur était dans un rêve ou dans la réalité…