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Chronique : Velvet

VelvetUne nouvelle fois, Mary Hooper nous montre tout son talent pour le dramatique et le roman historique

 Paru en août 2012 chez Les Grandes Personnes, Velvet est le troisième roman de Mary Hooper à paraître chez l’éditeur. Elle y avait précédemment sorti Waterloo Necropolis et La messagère de l’au-delà. Aux éditions Gallimard Jeunesse, elle a sorti une trilogie intitulée La maison du magicien, toujours dans une ambiance et un univers historique.

Retrouver Mary Hooper fut un vrai plaisir, que je vais tenter de vous communiquer au mieux par cette chronique.

 Dans l’enfer des blanchisseries

A l’époque dans laquelle vit Velvet, au début des années 1900, la vie est toujours aussi dure et cruelle avec les gens pauvres. Il faut travailler dur (quand on a la chance de travailler), et il faut se battre tous les jours pour garder sa place et ses maigres revenus.

C’est ce que fait la jeune Velvet, qui travaille comme blanchisseuse à Londres : un travail ingrat, difficile, et qui rend propice les évanouissements à cause de l’intense chaleur qui y règne constamment.

Après de nombreux malaises, Velvet va devoir perdre sa place, c’est inéluctable. Mais un revirement de situation va bouleverser sa vie et son destin : l’une des clientes dont elle nettoie la toilette la fait mander par le directeur de la blanchisserie. Et loin d’être une mauvaise nouvelle, cette convocation est une véritable manne pour Velvet qui se voit recrutée par Madame Savoya, une des médiums les plus en vogue de Londres. Elle voit en elle une jeune fille débrouillarde à qui elle veut donner sa chance dans le monde.

Ainsi commence la lente progression de Velvet dans le monde nébuleux et étrange du spiritisme…

Velvet ukUn art en vogue à l’époque victorienne

Mary Hooper a décidé de planter son décor dans une thématique mystérieuse à laquelle notre héroïne (et nous par extension) commençons à croire au fil des pages. Discussion avec les morts, matérialisation d’êtres chers et disparus, tables tournantes… Toutes les ficelles du spiritismes sont ici tirées pour nous emmener dans un univers où l’on est aussi perdu que fasciné.

La jeune Velvet, émerveillée est en totale adulation face à sa maîtresse et fait tout ce qu’il faut pour être la mieux vue possible auprès d’elle. Elle a d’autant plus de raisons de s’attacher à elle qu’elle s’amourache assez vite de son assistant, George.

Impossible de décrocher de l’histoire de notre attachante Velvet, que l’on pressent glisser doucement dans un monde dont elle ne connaît rien. Mary Hooper aime à créer des héroïnes à la fois fortes et facilement flouées par un changement brutal d’univers, le plus souvent somptueux. Le passage d’un monde de pauvreté à l’opulence baisse la garde de ses héroïnes au point qu’elle deviennent des victimes faciles.

La lecture de Velvet est également l’occasion de découvrir d’autres éléments de l’Histoire, ainsi, saviez-vous que Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes était un féru de spiritisme ? C’est aussi pour cette culture apportée au gré de ses phrases que les romans de Mary Hooper font mouche. Elle réussi à nous parler de côtés sombres et méconnus de l’Histoire qui sont le plus souvent fascinants.

Vous trouverez en fin d’ouvrage toute une explication du contexte historique du roman et de la réalité sociologique de l’époque, notamment concernant le travail des femmes et la naissance du spiritisme.

Encore une fois, Mary Hooper réussit l’exploit de nous brosser un magnifique portrait de l’époque victorienne et de ses usages. On se plonge dans ce roman pour n’en sortir qu’une fois terminé, tant l’écriture est parfaite, l’intrigue habillement tournée. Cette incursion dans le monde du spiritisme est intéressante et donne d’ailleurs envie de se pencher de plus près sur le thème, qui est déjà bien creusé par l’auteure. Velvet est un très bon roman historique que je ne saurais que trop vous recommander. A lire dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique : L’épreuve de l’ange

L'épreuve de l'angeUn Anne Rice peu convaincant…

Anne Rice est une auteur que l’on ne présente plus, grâce a ses écrits vampiriques contemporains. Elle a remit la légende des monstres aux dents longues d’actualité avec ses Chroniques des vampires comprenant notamment Entretien avec un vampire ou encore La reine des damnés. Elle a également écrit La saga des sorcières.

Avec la série en deux tomes Les Chansons du Séraphin, Anne Rice explore l’univers des anges… L’épreuve de l’ange est le second ouvrage. Son dernier roman en date sorti en France est Le Don du Loup, sorti aux éditions Michel Lafon en septembre dernier.

Voyage dans le Rome du XVIème siècle

A peine débarqué dans le monde de la Renaissance au bout de quelques dizaines de pages, il est difficile de s’immerger dans les problématiques du héros, Toby O’Dare (qui est un ancien tueur à gages). Ce dernier doit remplir la mission de Malchiah (son ange gardien) qui est d’innocenter un jeune homme soupçonné d’un des pires maux de l’époque : la sorcellerie.

Soupçons faussement orientés, histoires d’esprits… Toby va devoir élucider cette affaire sans se brûler les ailes…

Une aventure peu convaincante

L’immersion dans la belle ville de Rome à l’époque de la Renaissance a beau être bien faite, il est difficile d’accrocher à l’intrigue proposée. Simple et tirant sur des ficelles bien grosses, la surprise n’est pas au rendez-vous.

Les personnages manquent d’attraits et de charisme, le fil du roman se perd trop facilement… bref, ce second volume n’est pas convaincant.

En conclusion, cet ouvrage est une déception quand on sait de quoi est capable Anne Rice en terme de personnages crédibles et captivants. Les deux tomes constituant Les Chansons du Séraphin paraissent bien légers comparé à ses écrits précédents. Dommage, l’idée de traiter la thématique des anges était plaisante…

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EDITEUR : ,
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Chronique : Calpurnia

CalpurniaCalpurnia est un roman à part dans la littérature jeunesse, avec une approche naturaliste et un amour de la vie débordant, Jacqueline Kelly nous offre une vision à la fois très belle des années 1900, en plein Texas.  Considéré aux Etats-Unis comme un ouvrage de référence en littérature Young-Adult, il a remporté de prestigieux prix, dont le fameux Newbery Honor Award, qui est plus haute marque de distinction dans la littérature jeunesse aux Etats-Unis. Notons qu’en anglais l’ouvrage s’intitule The Evolution of Calpurnia Tate, un clin d’œil fort à la thématique du livre : La théorie de l’évolution de Darwin.

Malheureusement, peu des ouvrages lauréats se sont vus traduire en France et sont encore disponibles : Le secret de Térabithia de Katherine Paterson, L’histoire de Sarah la pas belle de Patricia MacLachlan, Compte les étoiles de Lois Lowry ou encore le Passage de Louis Sachar sont de ceux-là.

Alors quand il y en a un qui arrive dans notre pays, il n’y a aucune raison pour ne pas voir de quel bois il est fait… et on est rarement déçu !

Calpurnia Tate, onze ans de son état.

La jeune Calpurnia est curieuse de tout, et surtout de tout ce qui n’est pas dans la maison. Elle préfère courir par monts et par vaux afin d’observer ce qui l’entoure que de rester sagement à la maison, comme le feraient toutes les filles de son âge. Petits animaux, lucioles, chenilles, la jeune fille est curieuse de tout… elle ne le sait pas encore, mais ce sont bien les sciences qui la passionne.

Alors qu’elle vit avec ses très nombreux frères et ses parents ainsi que son grand-père, elle n’a jamais osé parler avec ce dernier. Elle le voit comme un géant peu loquace un peu effrayant. Mais quand elle va découvrir qu’il est un féru de sciences, leur relation va s’améliorer, et une véritable confiance va s’instaurer entre eux…

Observations dans le lac d’à côté, croquis fidèles pour compléter le carnet déjà bien fourni de Calpurnia, première utilisation d’un microscope, et surtout découverte de Darwin, et de son Origine des espèces, qui va bouleverser notre jeune héroïne (après de nombreuses difficultés pour l’obtenir).

Calpurnia usUn roman touchant qui nous parle de la condition féminine de l’époque…

Calpurnia ne se voit plus autre chose que scientifique ou chercheuse. Elle rêve de ces grands chercheurs et pionniers qui ont contribué à la science et à ce qu’elle est devenue en 1900, à l’aube des premiers téléphones et des premières automobiles. Mais soyons sérieux une minute… une jeune fille peut-elle décemment espérer faire des études ? Qui plus est dans la science, un domaine largement (si ce n’est exclusivement) réservé aux hommes ?

En tout cas, ce sont ce que ses parents essayent à tout prix de lui faire comprendre en lui faisant faire de la cuisine et de nombreux travaux de couture et de tricot. Il vaut mieux une déception maintenant que dans quelques années…

Calpurnia est ainsi un roman qui ne parle pas uniquement des merveilles dont regorge la nature. Il traite également de la pression sociale exercée sur la moindre jeune fille qui ne serait pas rêveuse à l’idée d’entretenir une belle maison en s’occupant uniquement de sa famille. Est-ce nécessairement cela le bonheur ? Calpurnia n’a pas la réponse à cette question, mais par ses actes, elle va tout faire pour savoir ce qui elle pourra la rendre heureuse…

Ces questionnements sont très largement teintés du quotidien de la famille nombreuse dans laquelle vit Calpurnia, qui est d’ailleurs la seule fille. Jacqueline Kelly possède le merveilleux don de nous intéresser à des événements somme toute très banals et quotidiens, tels que le choix d’un dindon pour noël ou encore l’amoureuse que certains frères ont choisie. Les malheurs des petits frères et les aventures d’une ferme sont loin d’être de tout repos, mais ils sont fascinants !

Cet ouvrage est une petite perle, où l’on se retrouve perdus dans la campagne aride du Texas et où la moindre petite chose est une source incommensurable de bonheur. On se retrouve à suivre le quotidien d’une fratrie très nombreuse où le quotidien est rarement simple, mais bien plus savoureux.  Calpurnia est un roman magnifique, car il fait l’apologie des choses simples de la vie… à nous de les savourer. Un magnifique combat d’idéaux est en marche, et il dure encore de nos jours !

Chronique : Les Orphelines d’Abbey Road – Tome 2 – Le monde d’Alvénir

Les orphelines d'Abbey Road 02Une suite déstabilisante faisant échos aux grands classiques du registre fantastique

Nous retrouvons Joy, Ginger, Margarita et les autres jeunes filles pour une nouvelle aventure beaucoup plus fantastique que la précédente…

Audren, l’auteure de la série, continue à écrire la suite des aventures des Orphelines. Le tome trois de la série est déjà programmé pour septembre prochain.

Incursion en territoire 100% imaginaire

Joy avait déjà pu voir les bribes du monde d’Alvénir en allant chercher un remède pour son amie dans une source magique, mais il s’agit maintenant d’un tout autre voyage.

En effet, la sœur de Lady Bartropp part à sa recherche, cette dernière ayant disparu dans ce monde parallèle et brumeux. Mais les choses vont très vite se compliquer.

A peine arrivée, Lady Bartropp est frappée d’amnésie et Joy se retrouve séparée d’elle. Leur aventure commence mal, et ça n’est pas près de s’arranger quand on lui demande de passer tour à tour les trois épreuves aux intitulés mystérieux…La première d’entre elle consistant à… calambrer.

Mystérieux, illogique et déconcertant

Ce second tome est très différent du premier, où il y avait une progression dans l’arrivée de l’imaginaire. Ici, point de transition, on plonge dans la marmite du surréaliste tout de suite, et cela pendant tout le roman. Déstabilisant, ça l’est en effet, de même que pour nos héros, aussi perdus que nous dans cet univers aux lois aussi étranges qu’incompréhensibles.

On sent les échos d’un univers imaginaire aux références riches, notamment concernant l’œuvre de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles ou encore la mythologie grecque.

Ce passage abrupt d’un univers à un autre l’est un peu trop à mon goût. On suit les pérégrinations de nos personnages, mais sans rentrer à fond dans une intrigue aussi prenante que le premier tome.

Mystères, mots inconnus, personnages au comportement étrange, tout cela est voulu et assumé par l’auteur, mais ne permet pas de s’immerger parfaitement dans l’intrigue…

Ce second opus était donc très étrange par rapport au premier, qui avait su doser les genres. On fait une overdose d’imaginaire avec le monde d’Alvénir, trop évanescent, trop étrange, nous laissant sur notre faim. On attend toutefois avec curiosité de voir comment la suite pourra bien être traitée par l’auteur, en espérant que l’équilibre historique/imaginaire sera plus efficace.

4/10

Chronique : Les Orphelines d’Abbey Road – Tome 1 – Le Diable Vert

Les orphelines d'Abbey Road 01Une nouvelle série envoûtante aux héroïnes charismatiques et mémorables dans une Angleterre victorienne.

Audren est une auteure, mais pas seulement de romans. Elle écrit également des pièces de théâtre, des chansons, des scénarios… Elle fait également de la musique et a déjà enregistré plusieurs albums de Pop et Soul Music, elle a aussi créé des musiques pour des jeux vidéos, la télé ou encore le cinéma. Autant dire qu’Audren est une artiste ultra-prolifique.

Dans le domaine de la littérature, elle a notamment écrit : Le paradis d’en bas, Ma grand-mère m’a mordu, et  une foule d’autres encore, tous aux éditions l’Ecole des Loisirs.

Pour sa saga Les Orphelines d’Abbey Road, Audren nous lance dans un univers à la fois historique, baroque mais aussi fantastique. Pour le moment, elle prévoit six tomes au total pour cette série, mais cela peut encore changer.

Dans un orphelinat pas comme les autres…

Bienvenue dans l’orphelinat d’Abbey Road. Ici, la vie n’est pas toujours rose, la discipline y est stricte, parfois même injuste selon les sœurs qui s’occupent des jeunes filles. C’est dans cet établissement partagé entre rigueur et discipline que vit Joy, une des orphelines, avec d’autres jeunes filles aux âges très disparates.

Un peu rêveuse, un peu aventurière, mais surtout curieuse, Joy va découvrir grâce Margarita – une autre des orphelines – qu’il existe un passage secret sous l’abbatiale (l’église d’une abbaye). Où mène-t-il ? Et pourquoi une autre des orphelines, Prudence, n’émet plus un son depuis qu’elle y est descendue ?

Roman historique avec un imaginaire qui prend peu à peu sa place dans l’intrigue, plongez dans le monde des orphelines d’Abbey Road, vous en sortirez différent… et exalté.

Une atmosphère à l’allure gothique et particulière

On pourrait penser que les bonnes sœurs de l’orphelinat remplacent les mères que les jeunes filles n’ont jamais pu avoir… bien au contraire. Dans l’établissement, moins on montre ses sentiments, mieux c’est… Entre secrets d’orphelines et bonnes sœurs qui veillent au grain, les jeunes filles qui vont participer à l’aventure ont intérêt à être prudentes, sous peine de lourdes représailles si elles viennent à être découvertes. D’autant que les mystères autour de l’Abbey s’épaississent au fil des indices…

A la fois roman historique et fantastique, ce premier tome glisse en douceur dans l’imaginaire. On se laisse entraîner avec plaisir dans l’inconnu, sans arrières pensées.

Les personnages sont biens campés, leur répliques réalistes et souvent bien tournées, on se prend à savourer tous les dialogues. Audren a un véritable don pour intéresser son lecteur avec des choses simples à la base, en les transformant et les teintant de merveilleux.

En somme, ce premier opus des Orphelines d’Abbey Road est une franche réussite. L’ambiance qui caractérise ce premier tome mérite une attention toute particulière. On se prend même a vouloir faire partie de l’équipée composée par les jeunes demoiselles du roman ! Si vous avez envie d’un bon roman à l’atmosphère unique, foncez sur cet ouvrage, qui mérite à être connu. On a hâte de découvrir la suite avec le tome deux : Le monde d’Alvénir.

Chronique : Nina Volkovitch – tome 1 – La lignée

Nina Volkovitch 01Le souffle froid et vivifiant de la Russie souffle sur la littérature pour ados !

La lignée est le premier tome de la trilogie Nina Volkovitch, paru aux éditions Gulf Stream en septembre dernier. On y découvre la Russie du milieu de XXème  siècle (du temps de Staline) à travers une héroïne à l’histoire difficile et au caractère fort : Nina Volkovitch.

Pour poser le décor, l’auteure, Carole Trébor est la mieux placée, en effet, historienne de métier, elle a réalisé sa thèse de doctorat autour des échanges artistiques entre la France et l’URSS (1945-1985), dont son roman est très fortement inspiré. Mais en plus d’une forte influence historique et artistique, la série voit peu à peu le fantastique s’insinuer dans l’intrigue…

Une chose est certaine, la Russie est un pays peu exploité dans la littérature jeunesse et ado, et c’est avec émerveillement et délice que l’on découvre une nouvelle culture…Nina nous voilà !

Moscou, 1948

Les deux parents sont des ennemis de la Patrie : d’oabord son père, qui a disparu depuis de nombreuses années vers la France mais dont elle n’a plus de nouvelles ; puis sa mère, accusée de propagande antisoviétique pour avoir défendu des artistes occidentaux.

C’est ainsi que Nina est envoyée dans un orphelinat avec d’autres enfants dans le même cas qu’elle, issus d’ennemis du Parti. Elle va y apprendre à apprécier son pays à sa juste valeur et à porter les convictions du Parti… on du moins faire semblant.

En effet, peu avant son envoi dans l’orphelinat, la mère de Nina lui a laissé certains indices la poussant à se rebeller discrètement contre ce que l’on lui inculque de force : la bravoure de Staline, surnommé le Petit père peuples, des pans d’histoire entiers effacés car ils ne conviennent pas au Parti, etc.…

Le but de Nina devient vite clair : s’échapper au plus vite de l’orphelinat pour retrouver la trace de sa famille éparpillée, et enfin découvrir ses mystérieuses origines la rendant si particulière…

Une histoire rapidement captivante à l’univers culturel riche

L’histoire de Nina Volkovitch, commence de façon assez « traditionnelle », avec un orphelinat, une héroïne quelque peu rebelle cherchant à retrouver la trace de ses parents, etc. Mais le roman possède deux points forts : premièrement le lieu où il se déroule et son époque : la culture que l’on découvre ici est extrêmement peu traitée pour le lectorat jeunesse et adolescent. Ainsi découvrons-nous des traditions, mais surtout la politique terriblement oppressive du pays : une partie de l’Histoire qui mérite que l’on s’y attarde.

Second point fort, l’ambiance qui imprègne l’orphelinat, oppressante pour Nina (qui a quinze ans, mais qui parait toujours cinq de moins) qui a un grand mal à s’intégrer, le fait pour elle de toujours avoir sa poupée à son âge n’aidant en rien…

Le jeu de piste qui se dessine au fil des chapitres dans la première partie du livre est tout simplement très bien écrite et surtout prenante, donnant envie de sauter d’indices en clins d’œil (la plupart faisant référence à des œuvres, décryptées par l’auteure).

Mais quelle place au fantastique dans tout ça ? Vous ne le rencontrerez qu’à la seconde partie du roman, et cela de façon très ténue, mais suffisante pour un roman introductif.

En effet, il se passe tant de choses dans ce premier tome qu’il aurait été dommage d’y incorporer du fantastique en masse dès le début. Son installation est donc lente mais bien présente et nous amène vers le second tome, que l’on pressent initiatique, et beaucoup plus imprégné d’imaginaire.

En conclusion, Nina Volkovitch est une très belle découverte littéraire, à conseiller dès 14 ans. Bien écrit, sans fioritures, Carole Trébor mène son lecteur de main de maître. A découvrir pour s’émerveiller et découvrir un nouvel univers : celui de la Russie ainsi que la passion de la peinture le tout avec un soupçon de magie…

La suite des aventures de Nina vient d’ailleurs de paraître le 10 janvier dernier sous le titre : Le Souffle. Le troisième tome est quand à lui prévu pour mai 2013.

Nina intégrale trilogie

Chronique : Venenum

Venenum

Plongez dans le mystère de la mort de Descartes…

Les circonstances de la mort de Descartes est un mystère non élucidé à ce jour. En effet, il ne serait pas mort d’une maladie, mais d’un empoisonnement, c’est du moins la théorie de l’allemand Theodor Ebert, dont les travaux n’ont pas étés traduits en France mais qui ont fait beaucoup de bruit Outre-Rhin.

Charlotte Bousquet une auteure très prolifique, elle a notamment écrit La peau des rêves (quatre tomes, série en cours, éditions Galapagos), Le dernier ours (Rageot Thriller), Cytheriae (Mnémos) ou encore Noire Lagune (Gulf Stream).

Charlotte Bousquet, philosophe de formation se propose ici de romancer cette théorie avec Venenum, paru aux éditions Gulf Stream, en nous emmenant sur les traces du philosophe… et de son apprentie Jana.

Un mort suspecte pour Jana

Recueillie et éduquée comme une demoiselle de bonne naissance, la jeune Jana doit beaucoup à son protecteur, René Descartes. Ce dernier venant de passer de l’autre côté, elle se décide à faire la lumière sur ce qu’elle considère comme une mort peu naturelle.

Mais ce dont Jana ne se doute pas, c’est de l’existence d’ennemis qui grandissent en nombre au fil de ses découvertes…

Une intrigue un peu trop brouillonne

L’intrigue a beau être simple, le lecteur se perd assez rapidement dans les méandres de liens pas toujours très clairs. On passe de ville en ville et d’indices en pistes parfois floues.

C’est dommage, car l’histoire est intéressante. Et surtout le personnage de Jana, franc, volontaire et téméraire, donne un beau portrait de jeune femme, comme sait si bien les faire Charlotte Bousquet.

On croise au fil de l’intrigue de nombreux clins d’œil, un à Vermeer, un autre à Cyrano de Bergerac (œuvre que l’auteure utilise comme référence dans son œuvre)…

Ainsi voyageons-nous à travers Amsterdam, Leyde, puis quelques tripots mal famés avant d’arriver à Paris.

Cette enquête, nous faisant découvrir en même temps que Jana les dangers inhérents à l’aventure nous permet également de voir la capitale française sous une autre perspective : glauque, sombre, la ville est loin de l’image de rêve… cette partie du roman est plaisante, bien que pas assez exploitée à mon goût.

En somme, on retient finalement peu de choses de la lecture de ce roman qui est pour moi un rendez-vous manqué. Plaisant, mais malheureusement pas assez marquant, moi qui adore la plume de Charlotte Bousquet, je ne m’y suis pas retrouvée. Manque d’autres personnages forts peut-être ? Une succession d’événements et d’indices parfois trop rapide et pas assez développée ?

Au moins l’ouvrage a le mérite de nous faire découvrir un pan méconnu de notre histoire, et de découvrir la controverse qu’il y a autour de la disparition du père des Méditations Métaphysiques.

4/10

Chronique : Les poisons de Versailles

Les poisons de Versailles

Un roman historique qui nous fait découvrir une facette méconnue de l’histoire de France et de l’Espagne : La révolte des Angelets.

Ecrit par Guillemette Resplandy-Taï, les poisons de Versailles est un roman paru dans la collection Courants Noirs aux éditions Gulf Stream. Cette collection bien spécifique est dédiée aux romans policiers historiques.
Passionnée par la botanique et docteur en pharmacie, Guillemette Resplandy-Taï nous fait découvrir la cour du Roi-Soleil à travers la science des plantes et les relations qu’entretenaient la Catalogne et la France à cette époque… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles étaient tendues : explications.

Quand intrigue policière se noue avec délice à réalité historique et art botanique

Agnès Sola-Massuch est une jeune femme qui a une situation enviable en apparence ; guérisseuse officielle de la reine, elle est devenue indispensable à cette dernière grâce à son érudition. Mais la mort s’invite à la cour du Roi Soleil, et Agnès est très rapidement dans la liste des suspects potentiels, sa connaissance des simples (plantes) et son origine catalane composant un dangereux portrait…
Les relations Catalogne-France à cette époque se sont envenimées lors de l’instauration de la gabelle (impôt sur le sel) en pays Catalan. Cet impôt a mené à la Révolte des Angelets, un épisode sanglant de l’histoire franco-espagnole. Agnès fait partie des victimes indirectes de cet impôt, et mystérieusement, des hommes liés à son terrible passé refont surface dans sa vie… alors quel est le lien avec la jeune catalane ? Son arrivée à la cour du roi est-elle un simple hasard ?

Un portrait immersif du Roi et de sa cour

Les poisons de Versailles est un roman historique à la qualité certaine et dont l’intrigue n’est pas prémâchée. Une fois les quelques faits historiques assimilés, on se familiarise très rapidement avec la trame du roman qui se déroule sur deux échelle ; une à sur le plan de deux pays en lutte, une autre à taille humaine qui se joue à la cour.
Ainsi se retrouve-t-on rapidement plongés dans la terrible histoire d’Agnès et de sa famille sur fond de conflits politiques.

Guillemette Resplandy-Taï nous fait profiter de sa science des plantes au gré de quelques occasions, chacune des interventions concernant les plantes est bienvenue est bien amenée, tellement que l’on aurait aimé en apprendre plus.

L’écriture est assurée tout le long du récit par Agnès. Son point de vue, tantôt innocent, tantôt incisif nous apporte un bel éclairage sur comment était la cour du Roi-Soleil, avec ses subtilités mais aussi ses vulgarités et ses excès. Les dialogues bien menés ajoutent également au réalisme du roman, tout comme les descriptions simples et précises des personnages. Alors qu’est-ce qui fait de ce livre un bon livre ? Son ambiance ? Son écriture ? Ses personnages ? Son intrigue ? Je ne saurais dire, mais le fait est que c’est un roman qui marche sur tous les plans.

Captivant, bien écrit et surtout bien construit, les poisons de Versailles est un livre où l’on ne ressent pas de temps mort. Les informations nouvelles s’enchaînant toujours très rapidement pour nous dresser un tableau encore plus large de l’intrigue… Alors à quand un autre roman ? A conseiller aux passionnés de l’époque de Louis XIV et aux amateurs de belles descriptions historiques, le tout avec une bonne intrigue bien construite. Dès l’âge de quatorze ans.

Le petit plus : A la fin de l’ouvrage, vous trouverez quelques pages destinées à approfondir vos connaissances historiques. Ainsi vous trouverez une explication de ce qu’étais la révolte des Angelets ainsi que la fête de l’Ours.

8/10

Chronique : La septième fille du diable – Tome 1 – La prophétie

La septième fille du diable 01Une lecture qui laisse mitigé.

Roman pour adolescents qui se déroule au quatorzième siècle, La septième fille du diable – Prophétie est le premier tome d’une trilogie publiée aux éditions Flammarion et écrite par l’auteur français Alain Surget. Très connu pour ses œuvres destinées à jeunesse, il a notamment écrit le renard de Morlange, la série Pavillon Noir ou encore Les disparus de Fort Boyard.

Au commencement était la nuit de feu.

Tout débute lors d’une chasse aux sorcières où Lésia est entraînée de force par le mouvement massif de la foule. Elle assiste impuissante à l’incendie de la maison d’un druide soupçonné de sorcellerie par l’église et fera la rencontre d’un des commanditaires de cette injustice : Nigel ; un jeune homme aux idées bien arrêtées et parfois dangereuses… et malheureusement pour elle, Lésia va devenir l’une de ses fixations premières.

Parallèlement à cette malheureuse rencontre, Lésia va croiser le chemin du beau et gentil Pierre dont elle va vite tomber amoureuse… mais beaucoup d’obstacles vont se dresser sur leur route, surtout sur celle de la famille de Lésia. En effet, le Bailly lorgne depuis des années la seule terre que sa famille possède, et il est prêt à tout pour se l’approprier.

Une histoire intéressante mais une écriture rébarbative

L’intrigue du livre est assez bien faite, et on a réellement envie de savoir de qui va se passer pour Lésia et sa famille, mais ce qui pèche ici c’est le vocabulaire employé. En effet, pour aider le lecteur à se plonger dans la lecture Alain Surget a décidé d’utiliser un vocabulaire et des termes de léploque, et donc complètement passés ; mais ils mettent plus un frein à la compréhension de l’histoire qu’autre chose. On se retrouve ainsi avec des phrases telles que : « il risque fort de me chanter pouilles des jours durant pour m’être absentée nuitamment » ou encore « où niche ta choe ? » on comprend en général le sens général mais pas toujours, alors pour des lecteurs âgés entre 13 et 14 ans, ça devient encore plus compliqué.

Le second côté que j’ai trouvé déplaisant dans ce roman est la façon dont est exploitée l’intrigue, pas toujours très claire, on se mélange avec le nom des personnages et les différentes manières de les nommer.

De plus, certains personnages, comme Nigel, ont une personnalité si malsaine et ambiguë qu’on ne peu que les haïr et même les craindre, ce qui pose la question de l’âge du lectorat, que je ne trouverais pas adapté avant quatorze ans environ, on s’adresse donc à un public adolescent, et non pas jeunesse comme on pourrait le croire. La quatrième de couverture correspond quand elle à une des dernières phrases du livre, dommage d’en parler.

En conclusion, la Septième fille du diable est une lecture que j’ai trouvée décevante, m’attendant à autre chose. Le second tome sera tout de même chroniqué sur le blog, pour infirmer ou confirmer ce sentiment.

Note : L’illustration de couverture est signée Rebecca Dautremer.

4/10

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Chronique Jeunesse : L’homme qui a séduit le soleil

l'homme qui a séduit le soleilA la découverte de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière

C’est par des chemins détournées que nous allons rencontrer Molière, car notre  personnage principal est en fait un jeune garçon prénommé Gabriel qui ne rêve que d’une chose : travailler dans le monde du théâtre, être comédien.

Une rencontre inattendue

Tous les jours, Gabriel se rend au Pont-Neuf où il joue de courtes pièces improvisées afin de gagner son pain du jour. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Molière l’observe, intéressé par son jeu de scène, sa façon d’être. Il va ainsi se présenter à un Gabriel complètement abasourdi qui ne croit pas à sa chance.

Mais le métier auquel aspire Gabriel cache de nombreuses difficultés sous les paillettes et les rires mondains.

Du dur apprentissage de la vie

C’est ainsi que commence l’aventure de Gabriel qui va être pris dans la troupe de Molière en tant que… moucheur de chandelles. Sa mission peut paraître simple, mais il est de son devoir qu’aucune bougie qui éclaire la scène ne s’éteigne et à la fin d’un acte il doit couper la mèche de chacune d’entre elles.

Une fois encore, Jean-Côme Noguès se sert d’une histoire simple mais efficace comme prétexte pour découvrir une période phare de l’histoire. Le monde du théâtre est ici décrypté, et montré sous un nouvel angle parfois très cruel.

Une des particularités des romans de Noguès sont ses fins, très douces-amères qui savent toucher juste : L’homme qui a séduit le soleil n’y fait pas exception. Une histoire agréable pour lire l’histoire, dès 11 ans.

Petit plus, un bon dossier assez important est consacré au contexte historique du livre. Le règne de Louis XIV, le bannissement puis l’emprisonnement à perpétuité de Nicolas Fouquet y sont expliqués. Vous y trouverez aussi une explication de ce qu’est la commedia dell’arte et quelles sont les différentes formes prises par le théâtre, le métier d’amuseur, les parades du Pont-Neuf etc…