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Chronique YA : Ma réputation

Gaël Aymon est un auteur français qui écrit majoritairement pour la jeunesse et les ados. On lui doit l’un de mes romans favoris : Et ta vie m’appartiendra (Nathan) qui est une réécriture contemporaine de La peau de chagrin de Balzac. Il également écrit Grim, fils du marais (Nathan), Contes d’un autre genre (Talents Hauts) et plus récemment Ma réputation (Actes Sud Junior, puis Pôle Fiction).

Dans Ma réputation, on parle amitié, confiance et… forcément réseaux sociaux, pour le meilleur, mais aussi et surtout le pire…

Laura, 15 ans, s’entend mieux avec les mecs qu’avec les filles

Pour Laura, ça a toujours été une évidence, ce n’est pas qu’elle se sente supérieure aux autres, mais elle n’aime pas la compagnie des autres filles, trop d’histoires. Celle des garçons est simple, ils ne se prennent pas la tête, ont les mêmes délires et il n’y a jamais eu d’ambiguïté. Enfin, jamais jusqu’à ce Sofiane, l’un de ses potes de toujours tente de l’embrasser. Laura le repousse, Sofiane fait la tronche, et leur groupe d’amis va en être bouleverser.
Avoir repoussé les avances de Sofiane l’exclu, ils ne veulent plus avoir à faire à elle, Laura est seule. Elle qui n’a toujours eu que ce groupe de garçons comme amis se retrouve du jour au lendemain sans personne à qui parler. C’est dur, la chute est brutale, et surtout, elle ne fait que commencer… Elle ne penser pas que repousser les avances d’un ami l’exposerait à autant de violence dans la vie et sur les réseaux.

Un roman en forme de leçon

J’ai dévoré ce roman, fébrile à l’idée de savoir ce qui allait arriver à Laura, que j’ai trouvé très courageuse pour affronter tous les problèmes qui lui tombent dessus peu à peu. Mais, le petit repproche que je pourrais faire à ce roman, c’est qu’il est un peu trop moralisateur. Je m’explique.
Ce roman ressemble un peu à un cas de figure type du harcèlement en ligne et au lycée, avec les « bonnes pratiques » à adopter et « les mauvaises praitques » à éviter. Ce n’est pas dit comme cela dans l’ouvrage bien entendu, mais ça donne une impression didactique trop forte. J’avais parfois plus l’impression de lire un ouvrage commandé par l’éductation Nationale qu’un roman. Il manque une flamme vive à cet ouvrage pour qu’il soit vraiment bien.

J’ai trouvé toutefois le développement de l’histoire passionnant car très réaliste. L’auteur sait entrer dans la tête des jeunes, connaît leurs fonctionnements et les dynamiques de groupe amitié/mésamour etc. En cela, c’est extrêmement réussit. C’est surtout quand on passe à la phase des « résolutions de problèmes » que j’ai trouvé l’ouvrage un peu donneur de leçon. Bien sur, il est important de montrer les différentes portes de sorties qui permettent de quitter le cercle vicieux du harcèlement, mais la façon de les montrer n’était selon moi pas la bonne.

En dehors de cela, Ma réputation est un ouvrage qui se dévore. L’auteur comprend les jeunes et leurs nombreuses problématiques (bien plus nombreuses à l’ère des réseaux qu’il y a quinze ans où c’était encore les balbutiements), sait les décrire et créer des personnages crédibles. Il n’y a que la fin qui est un peu trop « scolaire » dans sa façon d’être exposée dirons nous.
Si vous cherchez un livre au sujet du harcèlement en ligne ou sur les groupes d’amis qui se font et se défont au détriment de certains ados, c’est l’ouvrage parfait. Il illustre avec justesse ce que vivent des milliers de jeunes : le mal-être, le stress d’avoir une mauvaise réputation, le moindre bégayement ou la moindre hésitation moquée immédiatement, le fait d’être constamment scruté en attente de la prochaine « erreur »…
Un ouvrage qui pourrait servir d’outil de prévention. A découvrir dès l’âge de 14/15 ans.

Chronique YA : Les soeurs Hollow

Un one-shot young-adult détonnant, terrible, et inclassable qui saura vous surprendre !

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de Krystal Sutherland, c’est l’occasion de faire sa connaissance avec Les soeurs Hollow. Elle a déjà deux romans de parus précédemment en France, mais qui ont fait moins de battage sur les réseaux que Les soeurs Hollow chez Rageot. Ses précédents ouvrages se nomment Nos coeurs en désaccord et Un jour plus que parfait, tous deux parus chez PKJ.

La disparition d’une figure mythique du monde du luxe et de la mode

La jeune Grey Hollow est devenue en très peu d’année une véritable star, à tel point qu’elle est même sa propre égérie. Elle est à la fois créatrice de mode, artiste, élevée au rang de déesse par ses fans. Elle ne peux pas dire ou faire la moindre chose sans que ce soit immédiatement relayé, copié, adulé. Alors, quand Grey Hollow disparaît, c’est un drame à l’échelle mondiale. Et cette histoire terrible et angoissante nous est contée par l’une de ses soeurs, la plus jeune : Iris Hollow.

Qu’est devenue Grey ? Que cache son incroyable charisme ? Pourquoi tout est altéré dans son sillage ? Les réponses que va trouver peu à peu Iris ne vont pas lui plaire, mais vont lui permettre de peut-être retrouver sa trace…

Dérangeant, étrange et fascinant !

Quand j’ai lu les premiers chapitres de ce roman, j’avoue ne pas avoir compris immédiatement à quoi j’avais à faire. Roman fantastique ? Horrifique même ? Autre chose ? Les soeurs Hollow est une sorte d’hybride de tout cela, entre le roman creepy et l’intrigue policière, le tout parsemé de légendes écossaises et croyances anciennes.

Le tout est savamment dosé, on bascule doucement du suspense vers l’étrange avec toutes ces fleurs et boutures qui poussent sur le corps d’Iris (un nom parfaitement trouvé). Et de l’étrange, on tombe d’une traite dans l’horreur et une course-poursuite angoissante.

Je ne dirais rien de plus sur le contenu de l’intrigue, je ne veux pas que vous perdiez une miette de cette histoire aussi bizarre que fascinante. Tout y est malaisant et fascinant à la fois, à l’image de Grey Hollow. Et si vous arrivez à deviner la conclusion de cette histoire, je vous tire mon chapeau. Personnellement, je n’ai rien vu venir et et j’ai adoré. Pour une fois, on a affaire à une histoire qui n’est pas trop classique ou cousue de fil blanc, et ça fait plaisir.

Mon seul reproche sera au niveau de la rythmique du roman, vers la seconde partie, il y a quelques longueurs et incohérences qui auraient pu être évitées. Cela alourdi le texte inutilement et fait perdre en dynamique, ce qui est dommage. Mais en dehors de cela, l’ambiance est réussie, et l’intrigue saura vous surprendre !

Alors si vous aimez les histoires glauques et les légendes écossaises, foncez sur ce roman inclassable et génial. Il a été longtemps plébiscité sur les réseaux américains, et je comprends pourquoi il a rencontré un tel succès ! C’est du jamais lu, et ça propose quelque chose de très différent de la (sur)production d’œuvres YA qui parfois se ressemblent un peu toutes. A découvrir dès l’âge de 14/15 ans. Et n’oubliez pas d’accrocher bien fermement votre petit cœur pour ne pas qu’il tombe en cours de lecture.

Chronique ado : Ni prince ni charmant

Un roman percutant sur le consentement et comment faire tomber ses biais, même quand cela concerne son meilleur ami…

Nouveauté parue dans la percutante et efficace collection La brève chez Magnard, Ni prince ni charmant est le dernier roman en date de Florence Medina. On y parle sexualité, consentement et réseaux sociaux… Et ce n’est pas joli à voir, forcément quand on mélange tout ça. L’ouvrage est paru en mars 2022 en librairie.

Des messages d’alerte sur les réseaux

Tout commence par une jeune femme qui en prévient une autre en MP qu’un de ses contact a un « comportement problématique » avec les filles. C’est ainsi que la soeur de Tristan lui apprend que c’est l’un de ses meilleurs amis qui est mis en cause… Le jeune homme refuse cet état des choses, et il demande des preuves.

Mais il n’y a que des ont-dit… du moins au début. Peu à peu Tristan se pose des questions et va interroger son entourage, puis son ami lui-même… Ce qui amène Tristan à se poser également des questions sur ses propres comportements.

Prévenir avant que le pire n’arrive

Ce roman court et ultra percutant a un côté très dérangeant, sciemment, mais c’est flippant. La perception des choses que Tristan a entre le début du roman et sa fin est très bien menée. Comment passe-t-on d’un point de vue passif sur ses propres actes à une réflexion active ? En s’interrogeant sur notre entourage, nos motivations, notre confort…

La démarche de vérité de Tristan est difficile à mener, mais il va réussir à braver de nombreux obstacles, en premier lieu celui de l’image idéalisée qu’il a de son ami. Puis, arrivent les questions.

Je pense que c’est le genre d’ouvrage absolument nécessaire à faire lire aux ados, filles comme garçons. Afin de désamorcer l’idée que quand quelqu’un dit non, c’est juste qu’il faut insister un peu. Non en fait. Non c’est toujours non, quelle que soit la question. A faire découvrir dès 14 ans et même après !

Chronique Jeunesse : Allô sorcières – Tome 1 – Viser la lune

Le premier tome d’une série jeunesse extrêmement engagée et tout en subtilité !

Premier tome de la série Allo Sorcières, Viser la lune est un roman jeunesse féministe comme il y en a peu pour les enfants de 9 ans. Intelligent, vif, résolument engagé mais tout en douceur… c’est une alliance difficile mais qui est ici pleinement réussie !  

Un concours de construction de fusée…

Aliénor vit à Kourou, en Guyane, là où on lance quantité de fusées. Et la jeune fille est passionnée de sciences… alors quand elle a vent d’un concours de fabrication de fusées, elle fonce !

Et Aliénor n’est pas la seule passionnée de cette histoire, parmi ses amies, il y a Itaï, à fond sur League of Legends et reine des tutos beauté ; Maria, grande connaisseuse de séries très introvertie mais emplie de bonnes idées ; et Azza, super joueuse de handball et super douée pour dévorer des cookies !

Et chose absolument géniale grâce à internet et aux réseaux sociaux, elles sont sur quatre continents différents ! Aliénor est en Guyane, Itaï vit en Nouvelle-Calédonie, Maria habite au Canada et Azza est en France.

Et grâce à leur amitié, elles vont tenter à leur échelle, de tordre le cou aux idées reçues et au sexisme… C’est d’ailleurs ce qui les a cellé leur amitié, un commentaire gratuit et sexiste. C’est ainsi que tout en nuances et avec intelligence les quatre comparses vont lutter pour leurs droits !

Résolument positif et malin

Il n’est pas toujours facile de parler d’un livre que l’on a beaucoup aimé… Et c’est pour moi le cas ici. J’ai tellement apprécié la façon qu’a Anne-Fleur Multon de présenter les choses, d’amener tout en subtilité des idées qui devraient être normales mais qui ne le sont pas encore la plupart du temps…

Je pense notamment à l’exemple du jeu-vidéo League of Legends, un jeu sur PC que je connais extrêmement bien puisque j’y joue depuis presque 10 ans maintenant. Et c’est dans ce roman que j’ai découvert qu’il y avait un mondial… féminin. Dans le roman, Itaï est une excellente joueuse de Lol, mais elle va se casser les dents sur le sexisme dans les jeux-vidéos…

Alors que le mondial (masculin donc) est promu à grand renfort de teasing, de chansons spécialement créés pour l’événement et autres festivités, le mondial féminin n’a lui le droit à rien. A peine existe-t-il aux yeux des fans… La preuve, moi qui suis une joueuse de LoL depuis si longtemps, je n’en avais JAMAIS entendu parler. Et est-il normal que pour un jeu-vidéo il y ait une équipe féminine et une autre équipe masculine ? Je ne le pense pas.

Le monde du jeu-vidéo a encore beaucoup à apprendre et rien ne saurait justifier une quelconque différence de traitement de ses joueurs et joueuses… Et quand on regarde les classements ou la communication, ce sont uniquement des joueurs masculins qui sont cités et plébiscités… dommage pour un jeu que j’aime tant… Mais il y a encore beaucoup de travail !

Et je rappelle au passage qu’être féministe c’est vouloir l’égalité entre les femmes et les hommes et non pas un déséquilibre à l’avantage des femmes.

Alors, à quand une équipe mixte de LoL ? (lire l’article du monde Une coupe du monde féminine de « League of Legends » pour quoi faire ?) Il y a quantité de joueuses qui ont un aussi bon niveau que les joueurs, alors qu’est-ce qui bloque ? Les habitudes ont la vie très dure…

Et ceci n’est qu’un exemple des nombreux autres préjugés que les quatre jeunes filles vont rencontrer au cours de ce roman. Et c’est pour cela que j’ai adoré, car il est ancré dans la réalité des faits, sans aucun misérabilisme. Uniquement de la combativité, de l’amour et une belle amitié…

Le message est clair, il faut rester positive contre l’adversité, et l’amitié est l’une des solutions à beaucoup de problèmes. De plus, on ne parle uniquement du statut des femmes dans la société, mais plus largement de quête d’identité, de racisme, d’acceptation. Ce roman a mille facettes toutes plus intéressantes les unes que les autres. Et il réussit à merveille le difficile exercice du roman jeunesse : nous offrir des portrait d’enfants réalistes et non artificiels.

Ainsi, je vous conseille sans réserve ce premier tome de la série Allo Sorcières ! Le second est déjà paru, et j’espère de tout cœur qu’il y en aura d’autres encore…

Le tome deux de la série. Le troisième s’intitulera Un peu plus près des étoiles.

Chronique : Fraternidad

Une ode à la liberté, et à tous ces nobles sentiments des temps anciens : l’honnêteté, l’honneur, la loyauté et le courage face à l’adversité… En somme, un sublime roman de cape et d’épée qui se déroule… à notre époque !

Paru en librairie à la fin du mois d’août, Fraternidad est le dernier roman en date de Thibault Vermot. Il avait auparavant déjà été remarqué pour son roman Colorado Train, également chez Sarbacane dans la collection Exprim’.

Outre sa magnifique couverture à la fois graphique et ancrée entre deux esprits et époques : des silhouettes encapuchonnées à la Anonymous qui font penser à notre ère et d’autres, armées de rapières tolédanes qui font penser aux temps où un combat à l’épée était la norme face à tout affront, Fraternidad est un pavé. Un bon gros pavé de presque 700 pages. Et ça se lit tout seul. C’est même trop court…

Une adolescence difficile, où le bonheur est presque toujours absent

Ed Perry est un adolescent introverti, et pour cause, dès qu’il se fait légèrement remarquer par ses camarades, ces derniers le molestent. En particulier le trio mené par Cliff, qui ne rate jamais une occasion de lui casser la tronche, ou de le balancer dans les poubelles du lycée pour faire bonne mesure. Ed Perry est un looser. Du moins selon ses semblables. Mais il cache un secret, quelque chose de si génial qu’il tient bon toute la semaine pour ces deux heures de bonheur le vendredi. Il oublie tout : sa famille merdique, son lycée pourri, ses crétins de « camarades » et part deux courtes heures s’habiller de collants, d’une cape et d’une épée et va par monts et par vaux avec Fenton De La Mare, un cheval.

Oui, Ed Perry fait du cheval deux heures par semaines pour tenir le coup. Et il est persuadé que c’est le début de grandes choses. Que la noblesse d’esprit et la justice ne sont pas mortes, et qu’à son échelle il peut changer le monde… il ne le sait pas encore, mais c’est encore loin d’être le cas. Pour devenir un héros, il faut traverser quantité d’adversités et de dangers… et c’est ce qu’il va faire.

Mais regardez cette beauté !

Noblesse d’esprit, réseaux sociaux, amitié et humour noir mêlés

Ce bouquin est une véritable claque littéraire ! A peine débuté, impossible de s’arrêter tant on a jamais rien lu de pareil (je vous met au défi d’avoir déjà eu un livre comme ça entre les mains). C’est drôle et tragique à la fois, plein d’esprit, parfois fort cru (Ed est un adolescent, et rien de plus normal, il a aussi des fantasmes sexuels que l’on découvre au fil des pages…).

L’argument phare de ce livre, c’est que c’est un roman de cape et d’épées qui se déroule à notre époque. Le paysage suranné de l’Angleterre, dans le Devon du Sud, mélangé aux dangers des réseaux sociaux et de ses terribles travers fait mouche. Au début, on se demande forcément comment l’auteur va nous emmener dans son univers sans faire un embrouillamini peu digeste… mais c’est tout le contraire !

L’art du détail… au dos du livre.

Véritable réussite et tour de force, Fraternidad est un roman qui donne de l’espoir, qui fait rire même dans les heures les plus sombres… C’est une ode à tous ces romans tels que Les trois mousquetaires, ou encore Le bossu pour ne citer qu’eux. C’est écrit avec fougue, verve et… je ne vous ai pas encore parlé des chapitres entiers narrés en vers libre !

Je veux vous raconter une mésaventure

Qui m’advint tout à l’heure.

Trois faquins imbéciles

M’ayant cherché des poux comme j’étais en ville

Tracèrent leur chemin à ma suite en voiture.

Moi, j’allais chevauchant parmi landes et ruines,

L’épée au vent, l’étrier gaillard, et le nez

Taquiné doucement par la brise marine.

Mais de retour au camp, je restai bouche bée : […]

On aimerait une seule chose : rejoindre Ed pour partager ses rêves d’un monde meilleur dans la petite pièce secrète qu’il s’est aménagée et sentir les effluves d’un bon repas nourrissant flotter dans l’air…

Personnellement, j’ai donc adoré ce roman contemporain qui se joue des codes et en créé de nouveaux. A la fois terriblement actuel et résolument nostalgique d’une époque que l’on croit révolue… c’est sublime. Et l’atmosphère de fin du monde qui transpire parfois entre les pages de ce roman atypique ajoute à sa beauté… A lire dès 15 ans, pour le reste, il n’y a pas de limites !

Chronique : Like Me – Chaque clic compte

Mensonges et trahisons sous le signe des réseaux sociaux… jusqu’où peut-on aller ?

Thomas Feibel est un auteur et journaliste allemand. Like Me est son premier roman paru en France, aux éditions Bayard en mai 2015.

Imaginez le plus grand réseau social qui organise un grand concours. C’est à celui qui collectera le plus de « likes » et de réactions. Mais jusqu’où le jeu peut-il aller ?

Bienvenue sur ON

Ainsi se nomme le réseau social le plus développé du pays. Alors quand un concours de popularité à l’échelle nationale est lancé, c’est un combat sans merci qui est lancé. Mais certains prennent les enjeux plus à cœur que d’autres, et certains participants sont absolument prêt à tout pour gagner… y compris à influer et à altérer la vie réelle des personnes de leur entourage. C’est ainsi que Jana va peu à peu plonger dans les méandres d’un jeu qui la dépasse… Mais quelles sont les limites de la décence sur ON ?

Un roman bien ficelé qui se lit vite

Like Me fait partie de ces romans qui se lisent très vite, et pour cause : des chapitres courts, peu de personnages, une histoire simple et parlante. Tout concoure pour donner un sentiment d’effervescence, de rapidité, comme sur les réseaux sociaux où tout peu évoluer, être partagé, diffusé très vite. Le réseau ON ressemble d’ailleurs énormément à notre Facebook.

Après cette lecture cependant, en garde-t-on un souvenir impérissable ? Peut-être pas non, mais le plaisir de lire est indéniable. Et la leçon derrière l’histoire mérite que l’on s’y intéresse… Les réseaux sociaux et leur influence sont indéniablement très importants, parfois trop d’ailleurs dans la vie de certains. Like me tire sa force de cette problématique tout en nous tenant avec une intrigue d’une efficacité simple et diabolique.

On peut également retenir d’autres thèmes très intéressants tels que l’amitié et ce jusqu’où on est prêt à aller pour aider ceux qu’on aime… Et aussi jusqu’où on est prêts également pour réussir en écrasant ses amis…

Like me est un roman young-adult qui peut se découvrir dès l’âge de 14/15 ans. Agréable, mais pas mémorable. On retiendra notamment un défaut majeur dans les personnages qui sont parfois extrêmement stéréotypés dans leur méchanceté. Sans nuances, tout en cruauté, le personnage de Jana est particulièrement détestable… et sans surprises.

….

En conclusion, le sujet de Like Me a beau être intéressant, le roman ne va pas assez au fond des choses pour être vraiment marquant. On passe un moment sympathique, mais sans plus. Cependant, ce roman a le mérite de traiter d’un sujet épineux car certains ne se rendent pas compte du jeu dangereux auquel ils jouent quand ils postent certaines choses. En cela, Like Me est bien construit et amène à un début de réflexion qui mérite d’être creusé.

Chronique Jeunesse : Zarf le troll – Tome 1 – Barouf chez les fouines

Zarf le troll 1Imaginez le Journal d’un dégonflé version fantasy avec un troll pour héros… le tout dans un monde doté  tout de même des réseaux sociaux et du téléphone portable !

Ecrit et illustré par l’américain Rob Harrell, Zarf le Troll est le premier tome d’une nouvelle série de romans jeunesse très illustrés. A classer entre le Journal d’un dégonflé ou encore Tom Gates, ou encore Big Nate. On est pile entre le roman et la bd, c’est rempli d’une foule d’illustrations, mais il y a tout de même du texte… Bref les enfants adorent ce format de livre, et c’est dès l’âge de 9 ans environ !

Le Troll, une espèce honnie et dénigrée

Zarf est donc un troll, comme vous l’indique assez explicitement le titre du livre. Mais ce que l’on ne sait pas immédiatement, c’est que les trolls sont une espèce peu appréciée… Les mots « troll » et « populaire » ne riment pas franchement ensemble, et ça risque de s’aggraver encore… Zarf est donc peu apprécié, complètement mis à l’écart ou presque, et surtout, le fils du roi se moque constamment de lui (ils sont dans le même établissement). Vous l’aurez compris, la vie de Zarf n’est pas top, et pas franchement de tout repos, mais il prend plutôt bien le tout… jusqu’à un certain point ! Mais les choses vont brutalement changer suite à la disparition du roi, mais pas nécessairement pour le mieux…

Zarf le troll dragonFranchement fun et un brin barré

L’histoire de Zarf, affublé pour seuls amis d’un cochon anthropomorphe nommé Kevin (un brin trouillard) et le fils du bouffon du roi, Chester (qui n’a pas les talents de son père en matière d’humour) est très vite entrainante.

Pas encore très connu, ce roman rassemble tout ce qui plait quand on a une petite dizaine d’années : de l’humour (en barre), des dialogues très actuels et dynamiques, un lieu d’intrigue merveilleux (un royaume entier rien que pour vous, jeunes lecteurs !), et malgré tout, les technologies de notre mondes y sont très ancrées. Ce mélange de genres est aussi original qu’efficace et on se retrouve ainsi avec un premier roman plutôt bien mené.

Plus que l’intrigue (aussi prévisible que sympathique), c’est avant tout l’esprit du livre que l’on va retenir. C’est joyeux, très drôle (parfois aux dépends de notre héros), et bien mené. Et surtout, les dessins de Rob Harrell sont très réussis. A la fois épais et précis, on apprécie qu’il y ait au moins une illustration par page au minimum, c’est parfait pour les enfants qui ont encore besoin de se rassurer avec un texte très illustré.

A titre personnel, c’est avant tout Kevin le cochon que j’ai trouvé le plus attachant parmi le trio casse-cou. Sa façon de parler et sa terreur persistante envers tout et tout le monde a de quoi étonner… et amuser.

 ……

Pour tous les parents qui ne savent plus quoi faire lire à leurs enfants après le Journal d’un dégonflé, prenez Zarf le troll, c’est juste parfait ! L’histoire a beau se dérouler dans un royaume typé fantasy, tout y est très actuel (à part les dragons et les farfouines).

Cette nouvelle série a donc de quoi séduire… Le second tome est à paraître dans quelques semaines sous le titre Le troll qui criait au loup. Et aux États-Unis, la saga verra le troisième tome paraître dans le courant de l’automne 2016… Donc, tout roule pour Zarf !

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’année solitaire

L'année solitaireLe premier roman d’une auteur de seulement 18 ans avec un ton étonnant pour son âge… mais qui n’échappe pas à de nombreux écueils…

Il est paru aux éditions Nathan en mai 2015, voici L’année Solitaire d’Alice Oseman, une jeune anglaise qui avait 18 ans quand elle a écrit ce roman.

Depuis, elle a sorti une nouvelle faisant office de préquelle à L’année Solitaire : This winter. Par ailleurs, Alice Oseman a un tout nouveau roman à paraître en Angleterre en février 2016 : Radio Silence.

Une adolescente blasée de tout que rien n’anime…

Tori n’aime rien ni personne à part peut-être sa famille, et encore. Tout l’ennuie et rien ne la motive. Évidemment l’adolescence est la période de nombreuses questions, mais Tori elle n’en a pas vraiment, au contraire, elle les élude.

Elle a peu d’amis et même ceux qu’elle arrive à garder commencent à en avoir assez d’elle et vice-versa.

Mais la donne va changer en la personne de Michael Holden, un nouvel élève qui se prend d’affection pour Tori et qui veut tout faire pour lui donner le goût des choses, au grand dam de cette dernière… Mais une personne aussi sombre et taciturne que Tori peut-elle réellement changer ? Va-t-elle voir un soupçon de positivité dans ce qui l’entoure ou le combat de Michael est-il perd d’avance ?

Ajoutez à ce nouvel élève un jeu de piste étrange qui se forme au fil des semaines au sein de l’établissement et vous aurez un tableau assez fidèle de ce début de roman.

Portrait d’une adolescence continuellement sceptique (mais est-ce vraiment réaliste ?)

Le portrait que dresse Alice Oseman de son héroïne est le stéréotype même de l’ado taciturne et continuellement contre tout. Heureusement, tous les ados ne sont pas comme cela ! On dirait que Tori ne vit que pour détester tout ce qui l’entoure : de sa meilleure amie, aux musiques qui passent à la radio et plus largement au monde entier. Son quotidien n’est certes pas facile d’un point de vue familial, mais il ne peut tout justifier… Et le comportement de Tori est parfois difficile à suivre tant elle fait peu appel à la logique et ne pense qu’à elle.

L’année Solitaire n’est pas franchement de ces récits qui redonnent le moral ou qui dépriment pour la simple et bonne raison que le message transmis n’est pas clair. On suit les journées de Tori qui se suivent et se ressemble, la seule chose évoluant étant le mystère autour de Solitaire, et encore ce secret ne se suffit pas à lui-même pour maintenir un semblant d’intrigue.

Qu’est-ce donc que Solitaire ? Direz-vous. Il s’agit d’un blog géré par une personne anonyme qui sème des indices et soulève de plus en plus de questionnements aussi bien chez Tori que tous ses camarades. Le lycée étant le lieu où sévit principalement le blog en se jouant de certaines personnes y étudiant ou y travaillant… Quel est le but de Solitaire ? Il n’est pas clair, ni avant… ni après malheureusement.

 ….

C’est dommage, mais cette lecture n’éveille ni grand élan, ni bons sentiments comme certains récits pour adolescents savent si bien le faire. Ici, il reste une déception après la lecture. L’impression de ne pas avoir eu tous les tenants et aboutissants de ce roman, de ne pas être en corrélation une seule fois avec son héroïne, et c’est fort dommage.

Cela ne retire rien au fait qu’Alice Oseman ai du mérite d’avoir écrit et fait publié un roman aussi jeune, et il faut bien commencer un jour.

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EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Quiz Show

Quiz ShowLa littérature coréenne regorge de petites pépites qui ne demandent qu’à être découvertes ! Voici l’une d’entre elles…

Paru en France pour la première fois en 2012, Quiz Show de Kim Young-ha vient de paraître en poche aux éditions Picquier, l’occasion de découvrir un récit inclassable et captivant issu de la littérature coréenne contemporaine !
Kim Young-ha il a déjà six romans à son actif en France, et plus encore en Corée. Son dernier roman paru est Ma mémoire assassine, toujours chez Picquier.
Dans Quiz Show, vous allez être plongé dans le frisson de la compétition du quiz… mais pas seulement !

La vie ordinaire d’un jeune Coréen

Notre narrateur et « héros » se nomme Min-Su, sa vie est une succession de navigations sur Internet et d’échanges virtuels… Mais le jour à sa chère grand-mère décède, le quotidien va vite le rattraper : traites de la maison, factures, dépenses quotidiennes… le train de vie de Min-Su de concorde pas avec ses revenus, qui frisent le zéro.
C’est ainsi que commence la lente descente de Min-Su dans l’échelle de la société. En effet, que peux bien devenir un jeune homme sans famille, peu sociable et sans travail ? Pas grand chose pensez-vous ? Et bien peut-être que si, mais pas comme vous pourriez l’imaginer… il sera question de fée dans un mur, de quiz et d’étranges sociétés…

Une narration envoûtante et une intrigue insaisissable

L’écriture de Kim Young-ha est envoûtante. Il ballade son héros et nous avec sans jamais nous laisser deviner le fil de ses pensées ou ses intentions. On suit Min-Su aveuglément, surpris de ses rebondissements de vie. Sa recherche d’emploi, ses tribulations amoureuses, son amour pour la lecture, sa passion animée pour les quiz sur le Net, ses relations avec ses semblables… où tout cela va-t-il le mener ?
Si vous arriver à deviner ne serait-ce que les prémices des intentions de l’auteur, vous êtes presque devin !
Se laisser surprendre par une histoire, en suivre le fil sans rien en attendre de spécial, c’est là toute la force de Quiz Show. On se prend au jeu de la vie de Min-Su, totalement ancrée dans notre époque. Et pourtant, certaines choses font que le récit n’est pas totalement réaliste dans le plus pur sens du terme.

Inclassable, mais génial

Difficile de développer plus cette chronique de l’ouvrage sous peine de se perdre dans ses nombreuses facettes. Tout ce que je puis dire de Quiz Show c’est que j’ai adoré ce récit. Il s’agit d’un roman totalement réaliste mais non dénué de mystères.
J’aurais aimé en apprendre plus sur la fameuse Société… et en même temps, le fait de garder une part d’obscurité est plaisante…

C’est une des particularités des romans asiatiques que l’on retrouve souvent : on reste dans le flou, parfois même dans une expectative… et c’est à nous de nous faire notre propre idée sur la question. Quiz Show est un récit mystérieux, qui ne révèle pas toutes ses facettes, et c’est parfait comme cela. On peux ainsi prendre le temps d’y repenser et se faire ses propres histoire dans l’histoire…

En somme, ce roman est une petite merveille qui mélange allègrement de nombreux genres : chronique sociale, histoire d’amour, technologies, sociétés secrètes… Et quitter son indicible ambiance a été un crève-cœur. Vous entendrez donc très bientôt parler à nouveau de Kim Young-ha sur le site !

Chronique BD : Mots rumeurs, mots cutter

Mots rumeurs mots cutterDans la jungle sociale qu’est le milieu scolaire…

Parue en septembre 2014, Mots rumeurs mots cutter est la seconde bd des éditions Gulf Stream. Elle est parue dans la collection Les Graphiques, tout comme Rouge Tagada et se lit de façon totalement indépendante. Cette fois encore, l’ouvrage est signé par Charlotte Bousquet à l’écriture et Stéphanie Rubini au dessin.

La thématique générale est toujours la même : des tranches de vie d’adolescents qui ont des questionnements quant à leur personnalité, leurs sentiments. C’est aussi une façon d’illustrer tous les complexes et problèmes que l’on peut développer à cause de non-dits. Questionnements, harcèlement, relations ambigües, fausse amitié… le monde du collège est bien cruel.

Premiers émois, premiers amours

Tout commence à la rentre scolaire, quand notre jeune narratrice est placée par hasard à côté du beau Mattéo. Toutes les filles du collège ont très rapidement eu des vues sur lui. Charmeur, mignon, il a tout pour lui. Alors quand une complicité s’installe doucement entre elle est Mattéo, notre adolescente ne peut s’empêcher de rêver à une possible histoire d’amour…

Mais c’est sans compter sur les nombreuses jalousies qu’implique cette potentielle relation. Les amies ne sont peut-être pas aussi sympas que ça quand on se retrouve plus chanceuses qu’elles en amour. Et les technologies peuvent aider certains qui n’ont pas de scrupules à parvenir à leurs fin…

Mots rumeurs mots cutter insidePremières jalousies, premières tensions

Très bien fait en termes de narration, on ne peut s’empêcher d’appréhender les événements qui se déroulent autour de la jeune fille au fur et à mesure que l’étau social se resserre. Les dessins sont en parfaite corrélation avec le texte, c’est simple et très bien fait. On passe par toute une palette de sentiments (surprise, déception, révolte, indignation…), à l’image de notre jeune narratrice qui va de désillusion en désillusion.

Le trait coloré et vivant de Stéphanie Rubini fonctionne très bien avec l’esprit général du livre. Ses crayonnés travaillés avec simplicité sont simples et efficaces, sans regorger de détails.

L’histoire de Mots rumeurs, mots cutter est sur le harcèlement moral (et parfois physique) à l’école. Cette thématique difficile mérite que l’on en parle car ce n’est pas en cachant les choses que l’on peut les résoudre. Par ailleurs, il s’avère que la passivité et parfois pire que l’acte malveillant lui-même… mais heureusement, tout le monde ne se comporte de la même manière, quitte à sortir des standards imposés par la vie scolaire…

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Cette courte bande-dessinée est encore une fois une petite réussite. Je la trouve meilleure que la première réalisée par les deux auteurs. Plus impliquant, plus frontal aussi, ce titre mérite que l’on s’y attarde. A faire lire pour informer, ou pourquoi pas déculpabiliser certains adolescents qui pourraient s’identifier à la narratrice de ce récit qui entre dans le vif. Dès 14 ans environ.

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