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Chronique : Le cycle d’Ender – Tome 2 – La voix des morts

Le cycle d'Ender 02Une suite excellente et très différente par rapport au premier opus du cycle d’Ender

Second tome du Cycle d’Ender, La voix des morts se déroule plus de trois mille ans après les événements du premier tome. Dans une approche plus sociologique et théologique, Orson Scott Card continue à nous montrer la complexité de la personnalité d’Ender…

Orson Scott Card est un auteur américain qui remporta de nombreux prix littéraires, notamment le Prix Nébula, le Prix Hugo, le Prix Locus ou encore le Prix Cosmos pour ne citer qu’eux !

Le cycle d’Ender est l’un de ses écrits les plus connus avec celui d’Alvin le Faiseur (encore inachevé à ce jour).

Ender, porteur de la voix des morts et d’un mode de pensée traversant les systèmes solaires

Lorsqu’Ender s’est exilé après l’annihilation des doryphores, lui-même qualifia son acte d’impardonnable. Il parcouru de nombreux système avec sa sœur Valentine, les voyages à la vitesse de la lumière ne les faisant pas vieillir. Ender traversa ainsi les millénaires, le monde pensant qu’il est mort depuis bien longtemps.

C’est ainsi qu’Ender est passé de stratège de la guerre à porte-parole des morts. Il reste le temps qu’il faut sur une planète afin de parler au nom de la défunte personne en étudiant ses anciennes relations, habitudes… Tout y est dit sur le défunt : le bon comme le mauvais, afin d’être le plus près possible de la réalité. Ses capacités d’empathie exceptionnelles rendent se travail parfait pour lui.

Mais plus que porte-parole des morts, Ender Wiggin cherche depuis des millénaires un endroit où pourra s’épanouir le dernier représentant vivant des doryphores : le cocon de la Reine. Aucune des planètes qu’il n’a visitée ne correspond à ses critères, ni à ceux de la Reine d’ailleurs (elle communique télépathiquement avec Ender).

Mais les choses vont être bousculées lorsqu’un appel est émis en provenance de la planète Lusitania : il faut là-bas au plus vite un porte-parole, et Ender est le plus proche. Seul bémol, le voyage dure trente ans, et… il n’y pas que des humains sur cette planète. La seconde espèce intelligente après les doryphores vient d’être découverte par l’humanité en la personne des Piggies… et ils viennent de tuer des scientifiques qui les étudiaient. Que faut-il faire d’eux ? Les éliminer ou essayer de comprendre leur acte ?

Le cycle d'Ender 02 old coverBeaucoup plus dense et axé sur les relations sociales humaines et extraterrestres

Ce second tome n’a rien à voir avec le premier. Alors que La stratégie Ender était axée sur l’évolution d’Ender et sa manipulation pour le bien commun, nous avons affaire avec La voix des morts à un roman beaucoup plus fouillé et philosophique.

Nous faisons la connaissance des Piggies, nommés ainsi à cause de leur ressemblance avec des cochons. Leur société est extrêmement hiérarchisée et mystérieuse. On n’y voit que les mâles, les femelles étant cachées aux yeux de tous.

Enfin, un autre personnage – immatériel celui-là – fait irruption dans l’histoire. Il s’agit de Jane, une Intelligence Artificielle qui maîtrise tout ce qui est informatisé à travers les systèmes solaires colonisés par l’homme. Elle est issue de la complexité des réseaux de communication humains, née de nulle part, elle n’a jamais osé se montrer, de peur que l’humanité ne veuille la détruire tant elle est puissante. Il n’y a qu’à Ender qu’elle s’est dévoilée… leur relation est aussi étrange que belle.

Alors de quoi parle ce second tome ? Tout d’abord de l’humanité qui se retrouve de nouveau confrontée à une race extraterrestre qui semble encore une fois hostile. Mais les hommes vont-ils refaire la même erreur et éliminer les Piggies ? Ou bien vont-ils essayer de comprendre leur geste ?

Certains disent déjà qu’il faut les éliminer, mais d’autres essayent par-dessus tout de comprendre cet acte, notamment les chercheurs et xhénobiologistes qui travaillent sur les Piggies depuis des années comme Miro ou encore Novinha.

Le cycle d'Ender 02 VOFascinant par sa différence

Ce second tome est très différent en de nombreux points. Tout d’abord, découvrir un Ender de 35 ans environ change la donne. Ses réflexions sont encore plus poussées qu’auparavant, son personnage a évolué avec une recherche perpétuelle du pardon, torturé par son état de Xénocide.

Le monde de Lusitania créé par Orson Scott Card est très intéressant et surtout original : une colonie de type hispanique y a été installée. Les dialogues sont ainsi parsemés de mots en espagnol, rendant le tout plus « vrai », plus authentique.

Mais le plus intéressant dans La voix des morts reste encore les étranges Piggies. On ne sait pas si l’on doit être terrifié par eux ou autre chose. Car ils n’ont pas fait que tuer des scientifiques, ils les ont tout d’abord torturé. Et le cheminement pour découvrir la vérité est semé d’embûches : mal-être en leur présence, peur, désir de certain de les tuer et d’en finir… Les Piggies, créés de toutes pièces par l’auteur sont des êtres mystérieux dont le langage est étrange, de même, les noms qu’ils se donnent sont bizarres. Toute cette culture extraterrestre est créée de main de maître et fascine.

Certains pourraient trouver ce second tome ennuyeux, mais je le trouve beaucoup plus aboutit que le premier tome, qui restait beaucoup plus dans l’action. Ici on parle de beaucoup de  théologie contre sciences, de survie des hommes contre droit de vie des Piggies.

Le tout est développé d’une telle façon que l’on se prend d’intérêt pour les Piggies et leur étrange mode de vie. Et une question réside : Ender sera-t-il uniquement porte-parole d’un mort ou jouera-t-il encore une fois un rôle qui le dépasse ?

En conclusion, La Voix des morts est un second opus efficace bien que dérangeant au début, car très différent de ce à quoi nous avions étés habitués. Il est toutefois très bon et réussit à nous intéresser à de nombreux sujets de réflexions, sous couvert de faire de la science-fiction. Beaucoup plus complexe et étrange, il ne pourra pas plaire à tout le monde, c’est certain. Affaire à suivre avec le troisième tome de la série, Xénocide, qui est la suite directe (sans sauts de milliers d’années) car nous laissons nos Lusitania dans une posture délicate…

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Chronique : La religieuse

La religieuseLa religieuse, certainement un des textes les plus controversés écrit par Diderot. Il met en scène la jeune Suzanne Simonin, promise depuis sa naissance à passer sa vie à servir Dieu dans un couvent pour expier les fautes de sa mère.

Il faut le savoir, ce roman était tout d’abord une farce de Diderot envers l’un de ses amis, le marquis de Croismare. Diderot envoya ces lettres soi-disant écrites par Suzanne Simonin qui lui demande son aide, la plus infime soit-elle. Mais il s’agit en réalité d’une plaisanterie de l’écrivain afin de faire revenir son ami à Paris, afin qu’il quitte sa campagne. Les correspondances entre la fausse religieuse et le marquis furent ainsi nombreuses, ce dernier s’étant attaché à elle.

Par le biais de cet ouvrage, Diderot prône la liberté et la socialisation, lui qui pense que l’homme ne peux s’épanouir qu’avec ses semblables et non pas dans l’isolement, qu’il soit volontaire ou non. La religieuse est également une « Effrayante satire des couvents », comme le dit l’auteur lui-même. L’ouvrage fut publié à titre posthume.

Ce roman a été adapté de nombreuses fois au cinéma, le dernier film en date qui s’en inspire est celui réalisé par Guillaume Nicloux, en 2012, qui reprend mot pour mot des passages entiers du texte original.

Parmi les œuvres notables de Denis Diderot, nous pouvons citer : Jacques le Fataliste, Supplément au voyage de Bougainville, le Neveu de Rameau ou encore l’Encyclopédie – ou Dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers (la première en France).

Une succession de misères

Suzanne Simonin est promise à Dieu depuis sa naissance. Elle n’aura pas le droit au jolies choses que possèdent ses sœurs, pas même à leur amour. Alors quand arrive pour elle le  temps de prononcer ses vœux, c’est avec une fausse résignation qu’elle s’y engage, avant de tout faire pour les résilier.

Mais il est plus difficile de sortir d’un couvent que d’y entrer… ainsi débutent les successions de malheurs de Suzanne, une bonne religieuse, mais sans passion aucune pour Dieu.

De son parcours, nous sauront tout. Le roman est écrit à la première personne et Suzanne n’épargne rien des sévices qu’elle subira lorsqu’elle refusera de se soumettre aux ordres (il fut prouvé que les sévices cités par Diderot ne relèvent malheureusement pas tous de la création littéraire).

Cet enfermement, nous ne pouvons que le vivre avec force au travers des lignes écrites par Suzanne. Poignante, jamais misérabiliste, cette dernière nous happe par sa force de caractère, sa volonté de lutter contre tous et surtout contre sa condition. Diderot a ici créé un héroïne forte, qui s’aura s’entourer d’alliés efficaces même s’ils sont peu nombreux.

En conclusion, sans vous faire une analyse du roman, ce dont je ne serait tout simplement pas capable, la religieuse est un magnifique texte. Son écriture est fluide, extrêmement accessible, et surtout très intéressante. Le nombreuses péripéties qui marqueront la vie de Suzanne ne cessent de nous happer, pour nous amener à une conclusion qu’on a à la fois peur et très envie de connaître. On y parle de souffrance, de quête de soi et de liberté, mais aussi de relations controversées entre femmes au sein même d’un établissement religieux.

Il s’agit également d’un beau portrait historique qui nous montre qu’à l’époque, le libre-arbitre était encore un luxe dans certaines situations. En effet, on promettait souvent l’un de ses enfants à l’Eglise… et cela sans que ce soit une véritable vocation de la part du futur religieux. A lire pour découvrir un incontournable du XVIIIème siècle, mais aussi pour s’émerveiller de la richesse des textes classiques…

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Chronique : La fille de braises et de ronces – tome 1

La fille de braises et de ronces 01Une fantasy aux accents orientaux à la fois classique et captivante…

 Rae Carson est une jeune auteure d’origine américaine, et sa série La fille de braises et de ronces (The girl of fire and thorns) est sa toute première parue.

Avant d’être une auteure accomplie, Rae Carson a travaillé dans de nombreux domaines : de la vente à un cabinet d’architecte, la route vers l’écriture ne fut pas directe. Maintenant, elle se consacre pleinement à sa passion première : l’écriture. Elle a même écrit de nombreuses fan-fictions de la série Harry Potter. En France, le premier tome de la trilogie est paru en février 2012 dans la collection pour jeunes adultes R, de Robert Laffont.

Un mariage express pour une princesse très différente de celles des contes de fées…

A peine le roman commencé, nous débarquons en plein dans les préparatifs du mariage de la princesse Elisa du royaume d’Orovalle. La cérémonie est à la limite du bâclage, la robe n’est pas à la bonne taille, d’autant que notre princesse est loin de correspondre aux canons de beautés traditionnels… en effet, Elisa est obèse.

Mais elle possède un atout qui la rend unique aux yeux de tous : Elisa est l’Elue. Elle porte au niveau du nombril la Pierre Sacrée, la désignant comme celle qui accomplira un Acte de Bravoure qui sera bénéfique pour tous dans l’avenir.

Sitôt mariée, sitôt expédiée dans son nouveau royaume… Elisa quitte le palais où elle vivait depuis toujours pour aller vivre dans on nouveau foyer, au milieu des dunes avec un mari de vingt ans son aîné… Accompagnée de ses deux plus fidèles servantes, Elisa va apprendre rapidement qu’il est impossible de ne pas faire partie des intrigues de la cour si l’on veut survivre…

En parallèle à cet événement, la guerre approche à grand pas de son nouveau royaume… est-ce là l’occasion d’accomplir l’Acte de Bravoure pour laquelle on la destine ?

Une histoire où s’entremêlent intrigues, amour, destin et religion

Là où l’on pense avoir affaire à un roman de fantasy assez typique, on se rend rapidement conte qu’il n’en est rien, et que nous ne resterons pas cloisonnés dans le palais et dans les cuisines qu’affectionnent tant Elisa. En effet, découpé en trois parties distinctes, le roman de Rae Carson nous surprend en prenant des virages aussi inopinés que réussis.

La religion a une place très importante au sein de la série, déterminant notamment le destin de certains personnages comme Elisa. Mais loin de donner un postulat religieux et d’y rester cantonnées, Rae Carson nous pousse à la réflexion en mettant en scène la même religion d’un point de vue très différent dans le camp adverse, nous poussant à nous interroger sur le bien fondé de l’une et de l’autre.

Loin d’avoir un point de vue totalement niais sur les relations amoureuses, le personnage d’Elisa, au physique pour le moins inhabituel (et c’est plaisant de voir les codes bousculés) n’en est pas pour autant diminué ou passif, bien au contraire. Notre héroïne fait preuve d’une froide intelligence (presque trop pour être réaliste parfois) et manie les arts de la manipulation à la perfection. Et même si elle ne peut s’empêcher de tomber sous le charme de son mari, Elisa sait rester réaliste.

Mais le plus plaisant dans ce roman, c’est surtout l’atmosphère et l’univers créé par l’auteure… on peut presque se sentir partir pour de lointains pays chauds ayant l’allure des contes des milles et une nuits. Entre la chaleur étouffante du jour sur les dunes, et le froid glacial et venteux du soir…

On sent également une envie de bousculer les codes établis par un genre un général, mais aussi par notre propre vision des choses, et c’est très plaisant.

Une chose est sûre, vous ne serez pas au bout de vos surprises en lisant La fille de braises et de ronces. Ce premier tome est un très bon début de saga qui promet de belles choses encore pour la suite. Affaire à suivre courant 2013 pour le second tome… L’auteure a également écrit une préquelle : The Shadows Cats, qui fait une petite soixantaine de pages, peut-être que l’éditeur nos fera le plaisir de la traduire pour les fans français ?

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