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Chronique ado : L’estrange malaventure de Mirella

Sombre, sublime et magnifique, cette réécriture du conte du Joueur de flûte de Hamelin vous restera en mémoire…

Flore Vesco est une autrice française que j’ai découverte il y a quelque temps avec De cape et de mots (Didier Jeunesse). Depuis, je veux découvrir TOUT ce qu’elle a fait. Elle écrit diablement bien, se joue des mots et de leurs sonorités et propose toujours des histoires aussi belles qu’originales.
Son tout dernier roman en date est De délicieux enfants, à L’école des Loisirs. On peux également citer dans ses précédents titres le roman D’or et d’oreillers, il est paru en 2021 à L’école des Loisirs. Quant à L’estrange malaventure de Mirella, également paru à L’école des Loisirs, l’ouvrage a raflé quantité de prix littéraires prestigieux. Notamment le fameux Prix Vendredi.

Une héroïne emplie de bonté à qui la vie ne sourit pas…

La jeune Mirella est une porteuse d’eau travailleuse, contrairement à quantité de ses camarades, elle court, s’essouffle et fait au mieux pour que chaque habitant de la ville d’Hamelin soit bien pourvu en eau. Même les mendiants. D’ailleurs, à bien y réfléchir, les mendiants sont encore mieux traités que les porteurs d’eau dans cette ville… Mais s’il n’y avait que cela…
Mirella est aussi gentille que très belle, ce qui n’a pas manqué de retenir l’attention de certains porteurs d’eau. Mais s’il n’y avait que la pauvreté et les difficultés inhérentes à sa condition, cela irait encore, mais le sort s’acharne sur Mirella… et la peste sur la ville d’Hamelin.

Une réécriture féministe du joueur de flute de Hamelin

Que ce soit au niveau de l’écriture, de l’intrigue ou des personnages et de leurs répliques, tout est bon à lire dans L’estrange malaventure de Mirella. Ce livre est incroyable en premier lieu car la plume de Flore Vesco est d’une fluidité et d’un style inouï. Rares sont les auteurs à lier avec efficacité qualité d’écriture et style limpide, Flore Vesco fait partie de ceux-là. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle pourrait écrire des pavés entiers, ils se liraient tout aussi biens !

Outre cette écriture si qualitative, l’intrigue en elle-même est parfaitement construite. Jusqu’au bout, vous ne savez pas jusqu’où osera aller l’autrice. Comment va-t-elle faire entrer la jeune Mirella dans la légende ? Car l’histoire de la jeune femme est la VERITABLE histoire du joueur de flûte de Hamelin, et pas la version édulcorée que les contes nous ont laissée depuis presque deux-cent ans…
Et surtout, Flore Vesco réussit le coup de maître d’insérer un humour mordant à des moments les plus inattendus, un régal !

« Soyez sages et pieux, et jamais vous ne poserez les pieds sur les pavés brûlants qui mènent aux portes du Diable. L’Enfer est réservé aux meurtriers, aux voleurs, aux assassins et aux femmes caractérielles.« 

Et sans avoir l’air d’y toucher, ce récit est résolument féministe. Mirella est un héroïne totalement hors des cadres, elle est libre dans sa façon d’aider les plus faibles, de puiser une énergie insoupçonnée pour combattre l’adversité et… se jouer de la mort.

Si l’on doit retenir un mot de cet ouvrage pour le définir, ce serait charmé : par l’atmosphère étrange et unique, l’écriture envoûtante… l’univers à la fois historique et surréaliste. Ce roman est un coup de maître que je relirais sûrement avec un immense plaisir dans quelques années. A découvrir dès l’âge de 14 ans, et à savourer sans limites.

Chronique Jeunesse : Journal d’une sorcière

Un ouvrage de fonds à découvrir absolument ! Entre roman historique et récit d’aventure, découvrez le cheminement risqué d’une jeune fille au 17ème siècle qui tente de s’émanciper alors que tout ce qui est différent est apparenté au diable.

Celia Rees est une autrice anglaise qui a connu un succès incroyable avec son roman Journal d’une sorcière, paru en 2002 en France. Cet ouvrage est d’ailleurs le seul d’elle qui soit encore disponible et commandable en librairie (nous sommes en juillet 2023 lorsque j’écris ces lignes). Elle a par ailleurs écrit d’autres romans historiques : La balade de Sovay, Vies de sorcières ou encore Illyria (tous parus au Seuil Jeunesse).

Fuir à tout prix un destin funeste

La jeune Mary vient de voir sa grand-mère exécutée presque sous ses yeux pour sorcellerie. Bien qu’elle ne soit pas en danger immédiats, il est clair que la vindicte populaire s’en prendra certainement à elle avec le temps… C’est ainsi que Mary, aidée d’amies de sa défunte grand-mère va trouver place à bord d’un bateau en partance pour le Nouveau-Monde. Mais là où l’on pourrait croire que tous les possibles s’ouvrent à Mary en quittant l’Angleterre puritaine, il n’en est rien. Dès qu’elle pose un pied à bord du navire, elle sait qu’elle devra rester méfiante durant toute la traversée… et au-delà.

Un magnifique portrait de jeune fille combative et libre

Malgré un titre très « magique », il n’est pas réellement question de sorcières et de formules étranges. Non, Journal d’une sorcière est un texte qui dénonce la bien-pensance religieuse ainsi que la persécution subie par de nombreuses femmes au 17ème siècle (mais pas seulement). En effet, toute femme qui était un peu trop libre, qui se baladait en forêt, ou encore qui n’avait pas de mari devait forcément folâtrer avec le Diable en personne. C’est ainsi que Mary, en ne se faisant pas les bonnes relations ou en montrant simplement son désaccord par moments risque sa vie. Cela peut sembler totalement disproportionné, mais c’est pourtant vrai, et d’autant plus à l’époque où évolue la jeune fille.

Ce roman est d’une intelligence rare, il décrit avec subtilité les conditions très coercitives dans lesquelles vivent les femmes jugées trop libres. Mais il dénonce également comment les Anglais qui arrivent dans le Nouveau Monde se sont peu à peu approprié les terres des natifs, les indiens. Refoulés de leurs propres terres, mis à la marge et jugés durement puis tués, voilà le destin de ceux qui ont aidés les colons à s’installer.

Tout cela, Celia Rees le décrit à la perfection dans son roman aux allures de journal intime. Le ton n’est jamais accusateur, Mary n’étant pas non plus dans une posture victimaire. La jeune fille tente de trouver sa voie au travers de tous les écueils que l’on dresse sur son chemin. Même si cela n’est jamais dit, c’est le statut de femme libre qui fait peur aux hommes, se servant de la religion comme prétexte pour les ostraciser et/ou les éliminer.

Journal d’une sorcière est si bien fait que l’on croirait réellement tenir entre les mains le témoignage d’une jeune fille tentant de survivre de ce monde pieux. Pour ajouter à la confusion, l’autrice a eu l’idée géniale de mentionner que ce journal a été trouvé, caché dans une couverture en patchwork datant de l’époque coloniale. Et à la fin de l’ouvrage, elle ajoute le doute en enjoignant les lecteurs à la contacter s’ils ont plus d’information sur la narratrice de ces feuillets : Mary Newburn. Il y a même une adresse mél !

Après lecture, je comprends pourquoi Journal d’une sorcière est devenu un livre de fonds en librairie (bien qu’oublié de nos jours). Il a toutes les qualités d’un grand classique : ingénieux, poussant à la réflexion ceux qui le lirons, et documenté, le tout avec une narration captivante !
A découvrir dès l’âge de 13 ans environ. Parfait pour celles et ceux qui aiment les romans historiques plus vrais que nature.

Chronique : L’ère des miracles – Tomes 1 & 2

Une saga futuriste qui mélange grands mythes et fantastique dans un univers sf avec réussite. Mais…

Richelle Mead est une autrice américaine à l’œuvre très prolifique : Vampire Academy, c’est elle ! Mais également la saga Succubus, ou encore Cygne Noir

Avec sa série L’ère des miracles, l’autrice nous propose une œuvre ambitieuse et originale qui joue avec les légendes, les mythes et autres croyances. Un curieux mélange très efficace. Seul bémol et pas des moindres : la trilogie n’a que deux tomes de parus que ce soit en France ou en langue originale. La raison ? Les ventes pas assez conséquentes de la saga pourtant très bien accueillie par les lecteurs…

Des meurtres rituels comme début de piste

Tout débute avec une série de meurtres liés à des castes religieuses très différentes. Nous suivons Justin March, un enquêteur de génie – dont la psychologie altérée lui fait entendre des voix bizarres – qui a été exilé pour de mystérieuses raisons… mais les crimes qui sévissent sont si atypiques que l’on fait de nouveau appel à lui.

Pour assurer sa protection, une soldate nommée Mae Koskinena est mandatée, ce qui est vécu comme une punition pour la jeune femme.

Ce duo improbable va se glisser dans le microcosme des sectes religieuses, mais cela ne va pas se faire sans heurts. Un univers passionnant s’ouvre à vous…

Un univers dense et fascinant

Richelle Mead a une maîtrise en religion comparée, et ça se voit. Bien que les religions dont elle parle soient créés de toutes pièces, elle s’inspire très fortement des mythes et légendes de notre histoire. Vous le découvrirez au fil des pages… c’est de plus en plus en plus flagrant quand on avance dans l’intrigue.

Et cela jusqu’aux derniers chapitres où une belle révélation vous attend si vous ne connaissez pas sur le bout des doigts la mythologie… (en tout cas, je fus étonnée !).

Pour ce qui est de l’univers créé par l’autrice, il est très intéressant, dense et extrêmement cohérent. On sent que tout a été réfléchi de bout en bout et qu’elle n’a pas tout développé et qu’elle a encore de quoi nous immerger dans ce monde futuriste mais pétri de croyances ancestrales… Un paradoxe intéressant traité avec originalité.

Et le tome deux poursuit dans cette voie…

Le second tome poursuit les enjeux du premier avec une tension qui monte… surtout que certaines révélations nous font revoir notre façon d’appréhender les personnages. Et cela de façon radicale.

Cependant, j’ai abandonné la lecture de La couronne de l’Elue une fois que j’ai appris que cette trilogie n’en serait jamais une… En effet l’éditeur de Richelle Mead aux Etats-Unis a décidé de ne pas donner suite aux deux tomes car les ventes ne sont pas au rendez-vous malgré la qualité de l’œuvre. C’est franchement dommage et même regrettable que les fans de la série qui s’y sont engagés et l’ont appréciés soient abandonnés, surtout qu’il ne manquait qu’un seul volume.

C’est donc contrariée que j’ai décidé de laisser les personnages passionnants de Richelle Mead, de même que son univers… la frustration est grande.

Ainsi, la saga de L’ère des Miracles méritait le détour, ne serait-ce que pour ses thématiques rarement abordées en sf, mais l’arrêt brutal du cycle et rédhibitoire. C’est tellement dommage…

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Chronique : Le petit terroriste

Omar Youssef Souleimane est un auteur d’origine syrienne. Son récit, Le petit terroriste, vient tout juste de paraître chez Flammarion, à l’occasion de la rentrée d’hiver 2018. Entre humour et drame, découvrez l’histoire d’une enfance très différente de la notre…

Une enfance normale dans une famille sunnite

Notre narrateur et auteur nous conte son enfance, comment il a été élevé dans l’idée que la religion primait par dessus tout et devait régir sa vie. Qu’il ne devait jamais avoir de pensée « impures », mais que le terrorisme était la meilleure arme pour vaincre ses ennemis… C’est paradoxal, mais c’est justement là qu’Omar Youssef Souleimane s’interroge, se cultive.

Il passera ainsi son adolescence à lire les grand poètes et auteurs français : Rimbaud, Eluard, Aragon… entre autres. A écouter les chansons de Jacques Brel et d’Édith Piaf (beaucoup écoutées en Orient pour apprendre le français). C’est d’ailleurs pour cela qu’il dit « Ne me quitte pas » au lieu de « ne quitte pas » quand il est au téléphone. Il a du mal avec le féminin et le masculin des mots français, et pour être tranquille il prend tout par paires : deux bananes, deux clémentines, deux… Car maintenant, il vit en France.

 De sa vie et de son adaptation en France, nous n’avons que quelques pages. Tout le reste nous retrace son enfance. Entre humour et récit de vie difficile, la vie de cet homme est très intéressante. Il a beaucoup de choses à dire, sur son enfance, sa vie, son parcours spirituel et comment il en est venu à ne plus croire à son qu’on lui enseignait de façon si insistante.

Un récit toutefois difficile à appréhender pour les non-initiés

J’ai trouvé l’enfance d’Omar Youssef Souleimane à Riyad (capitale de l’Arabie Saoudite) très intéressante, mais je dois reconnaître mon cruel manque de culture concernant l’Orient et ses enjeux. Quels conflits et pourquoi ? Quels préceptes de base régissent le salafisme dans lequel baigne l’auteur ? A un moment, il a peur du Moukhabarat, qu’est-ce donc ? Après une recherche, j’ai appris qu’il s’agissait des services de renseignement égyptiens. Une note de bas de page aurait été la bienvenue pour nous le dire.

Pour la plupart des Occidentaux (dont moi), tout cela est très flou, et le problème de ce livre, c’est qu’il n’éclaircit pas ces points. Si vous ne connaissez pas déjà un peu l’Islam, l’Arabie Saoudite et la Syrie, ça reste très nébuleux. J’ai donc pu apprendre des choses en creusant un peu : ce qu’est le sunnisme, par exemple. Ou le poids des traditions, par exemple, il est interdit de tendre la main gauche, elle n’est censée servir que pour les toilettes.

Cela ne retire en rien à la qualité d’écriture de l’auteur. Il n’est pas question de juger un récit de vie, d’autant que la sienne n’a pas été évidente sous bien des aspects.

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Le petit terroriste est donc un livre intéressant mais qui l’est encore plus si l’on possède une culture en lien avec l’Orient et ses nuances. On y rit, on est parfois triste ou en colère face à ce qu’il a vécu : les injustices, la dureté de son père, la cruauté de ses camarades d’école… Mais que cela nous réconforte, Omar Youssef Souleimane est maintenant en France où il profite (je l’espère !) de la vie parisienne et écrit. Car il n’est pas qu’auteur, mais également journaliste et poète.

EDITEUR :
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Chronique : Soul Breakers

Un road-trip mystique et captivant dans l’Amérique de la Grande Dépression !

Christophe Lambert est un auteur bien connu dans le paysage de la littérature fantastique, jeunesse et ado (à ne pas confondre avec l’acteur du même nom !). En janvier 2017, il est revenu avec un beau pavé de presque 600 pages paru chez Bayard Jeunesse : Soul Breakers. Le thème : une épopée formidable à travers les États-Unis des années 30 où nous suivons Teddy, prêt à tout pour sauver sa petite sœur… Original et dépaysant !

Pour ceux qui voudraient en savoir encore plus sour la génèse de l’ouvrage et les recherches de l’auteur pour l’écriture de son roman, vous pouvez découvrir ici l’interview de Christophe Lambert.

Un roman d’aventure aux allures de récit initiatique

Teddy est un jeune homme qui vit seul avec son père et sa sœur. Ils parcourent les routes poussiéreuses à la recherche de travail comme des milliers d’autres américains suite à une crise économique sans précédent qui s’appelle la Grande Dépression.

Alors, quand un soir un groupe de forains débarque pour distraire les pauvre ères, c’est avec joie que Teddy emmène sa petite sœur à leur spectacle. Mais il y a quelque chose d’inquiétant chez ces gens du voyage : une femme semble avoir des tatouages qui prennent vie, et leur chef a une allure très inquiétante.

Au lendemain du spectacle, le doute n’est plus permis : ces forains on fait quelque chose d’étrange à la sœur de Teddy durant le spectacle. Elle ne parle plus, ne bouge plus, c’est une coquille vie qu’il faut forcer à alimenter.

Dès lors, Teddy n’a qu’un objectif : sauver sa petite sœur des griffes des forains. Ou plutôt, l’âme de sa petite sœur… Abandonnant sa famille, il décide de partir en chasse de la troupe au travers des Etats-Unis. La route va être rude et longue pour le jeune homme qui va apprendre brutalement la vie… mais qui fera aussi de magnifiques rencontres.

Les années 30 comme si vous y étiez

C’est un magnifique portrait des États-Unis qui vous est offert dans ce roman ! Le tout servi par une intrigue qui captivera le lecteur. Entre historique et fantastique, c’est avec délices et parfois appréhension que l’on découvre l’épopée de Teddy.

Pour sauver sa petite sœur, il va trimer : dans les mines et leurs innombrables dangers, mais aussi dans l’un des plus grands abattoirs de Chicago (où les conditions de travail sont absolument insoutenables) pour gagner sa croute et continuer sa route…

L’univers de Soul Breakers est dur, parfois sale et brut, empli de misère. Certaines scènes apportent leurs lots de cruauté. Mais tout cela est contrebalancé par une douceur amenée avec des personnages aussi inattendus qu’attachants. Notamment celui qui deviendra son meilleur ami : Duca, l’écrivain en devenir, ou encore la douce et muette Mary Jane, mais aussi d’autres que vous découvrez au fil des pages. J’ai notamment adoré Chef, l’indien, un personnage immédiatement attachant que l’on apprécie avant le héros lui-même.

Les personnages sont une dizaine au total à être d’importance. Ils sont tous bien présentés et décrits avec précision, il vous sera impossible de les confondre !

L’histoire est captivante jusqu’à la fin. Soul Breakers nous pousse à découvrir un pays fascinant à une époque qui est très rarement exploitée en jeunesse (ou chez les ados). Et on a qu’une seule envie, approfondir nos connaissances sur cette époque qui fut si dure pour des milliers d’américains mais si riche d’un point de vue culturel.

De plus, la partie surnaturelle de l’intrigue est très bien menée et n’interfère jamais sur la réalité des faits historiques. Nous n’avons pas toutes les réponses sur cette « magie » qui habite certaines personnes, mais c’est si bien fait, que je préfère rester un peu sur ma faim que d’en savoir trop. Gardons une part de mystère à cette histoire…

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En somme, Soul Breakers est un véritable coup de cœur. Plaisir de découvrir une histoire mais également une époque bien précise, avec une intrigue qui cimente parfaitement le tout.

Que vous soyez ou non féru d’imaginaire, vous pourrez aimer ce roman d’aventure tant il est ancré à merveille dans l’Histoire, la vraie ! On y traite de très nombreux thèmes : exploitation de l’homme, religion, harcèlement, amitié… C’est à lire/découvrir sans modération à partir de 14 ans puis sans restriction aucune, d’autant que c’est un one-shot pour une fois, donc très appréciable !

PS : Bravo à l’illustrateur de couverture Raphaël Gauthey. Cette dernière est magnifique et correspond parfaitement à l’ambiance du roman avec cette grande ombre qui menace les deux héros. Elle est magnifique !

Chronique : Dieu roule pour moi

Un roman destiné aux ados qui ne réussit par à convaincre car traitant de tout… et de rien.

Paru en octobre 2015 aux éditions de L’école des Loisirs, Dieu roule pour moi est un roman de Dominique Souton. Elle a une foule de livres à son actif, et cela pour tous les âges (y compris les adultes) : Quand on raconte des histoires horribles, il arrive des histoires horribles, J’aime mon meilleur ami qui aime ma meilleure amie, Zélia change de look, Je hais le théâtre

Dieu roule pour moi nous permet de suivre la correspondance de Chrissie Jones, résidant aux Etats-Unis avec une jeune française de son âge.

La vie d’une fille de pasteur

Bienvenue à Sioux Falls, une ville du Dakota du Sud. Plus précisément, nous voici au sein de la famille de Chrissie Jones. Fille de pasteur, pas franchement intégrée dans le collège qu’elle fréquente, ni géniale ni impopulaire. Chrissie ne fait pas de vagues, mais le hasard de la vie va parfois dans son sens, comme en ce qui concerne certains événements décisifs dans sa vie.

Vous voici ainsi dans la correspondance de Christie qui envoie mails sur mails à une correspondante française. Mais que peut-elle bien lui raconter ?

Une correspondance à sens unique

Dieu roule pour moi est intéressant pour une chose en particulier : il nous fait découvrir certains éléments emblématiques de la culture évangélique américaine. En effet, notre jeune narratrice vit dans une famille dont la religion est le centre névralgique.

On découvre les enjeux et l’importance du métier de pasteur qu’exerce son père. Mais ce n’est pas tout : de nombreuses questions que se posent Chrissie nous sont également présentées, notamment celles traitant du bal de pureté. Ce phénomène du bal de pureté est très répandu dans les communautés chrétiennes évangélistes américaines (mais pas seulement).

Le seul problème, c’est que les questionnements de Chrissie n’en sont pas vraiment, elle ne semble pas avoir d’avis franc et laisse le hasard et le destin décider pour elle. On aurait aimé découvrir une narratrice plus curieuse et/ou plus engagée dans ses opinions. Ici, on ne fait qu’effleurer de nombreux thèmes : la religion, la virginité, les premiers amours et émois, la notion de bien et de mal, la famille…

L’auteure ne va pas assez loin dans ses explications au travers de sa narratrice. Pour des lecteurs qui n’y connaissent rien ou peu de choses sur ces questionnements, Dieu roule pour moi les laissera très interrogateurs. D’autant que les lecteurs de ce roman sont des français, et ces problématiques très américaines ne leur parleront pas nécessairement.

De plus, chose assez paradoxale, l’histoire ne nous raconte guère de choses. Il n’y a pas de réelle intrigue, ni d’enjeux, à peine quelques réflexions, mais c’est tout. Par exemple, Chrissie est en disgrâce au sein de son école pendant une bonne partie du roman, puis sans raisons, elle devient presque populaire en quelques chapitres ! C’est à n’y rien comprendre…

De ce roman épistolaire (uniquement par mail), vous ne lirez que les écrits de Chrissie. On comprend toutefois aisément ce que dit sa correspondante française car les mails de l’ado américaine sont rédigés avec la question d’origine.

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Pas assez explicatif, trop nébuleux, Dieu roule pour moi est un roman qui nous fait toutefois découvrir une autre Amérique : profonde, religieuse et ancrée dans de nombreuses traditions. Mais cela ne suffit pas à créer un récit passionnant, et il est facile de passer à côté… Dommage, l’idée de base était très intéressante. Pour les curieux, c’est à découvrir dès l’âge de 14 ans.

Pour aller plus loin sur le phénomène des bals de pureté :

http://www.barbieturix.com/2014/04/10/papa-protege-ma-virginite-lessor-inquietant-des-bals-de-purete-aux-etats-unis/

http://www.aufeminin.com/news-societe/bal-de-purete-le-phenomene-intriguant-de-ces-fillettes-qui-font-v-u-de-chastete-s385077.html

http://www.konbini.com/fr/tendances-2/images-etrange-phenomene-bals-de-purete/

Chronique : Sorcières Associées

Une fantasy orientale plaisante, originale et qui rend vite accro… on en veut encore !

Alex Evans est une auteure francophone qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Férue de fantasy et de merveilleux, elle a déjà une dizaine de titres à son actif, Sorcières Associées est son premier roman à paraître aux éditions ActuSF, il était auparavant auto-édité.

Dans un univers de fantasy aux influences orientales, on découvre un duo d’enquêtrices aussi acharnées que douées, où la magie est aussi dangereuse qu’omniprésente…

Pour aller plus loin, sachez que Sorcières Associées est paru dans la collection Bad Wolf. Une gamme de romans qui regroupe différents auteurs, différents styles et genres… Mais tous les ouvrages regroupés sous cette bannière ont un point commun mystérieux… Que nous lecteurs devons deviner ! Il est écrit ceci au début de chaque ouvrage : « Complices, tous leurs auteurs se sont adonnés à un même jeu littéraire… Trouverez-vous lequel ? ».  Je trouve l’idée géniale, car cela attise l’attractivité de la collection pour chaque ouvrage qui la compose.

Une intrigue simple en apparence

La ville de Jarta : tout commence avec une affaire de sabotage dans une usine. Comme le coût de la main-d’œuvre humaine est exorbitant pour tout entrepreneur, les zombies sont devenus une masse salariale attrayante. Pas de salaires, pas de réclamations ni de plaintes, bref, les zombies sont une véritable manne financière. Mais depuis quelque temps, des choses étranges se passent sur la chaine de montage… c’est ainsi que Tanit débute son enquête.

Tout cela sans oublier une obscure affaire de vampire piégé dans notre dimension, mais aussi un artefact d’une valeur inestimable qui aurait été dérobé, et une série de disparitions étranges… Padmé, l’associée de Tanit va elle aussi avoir du fil à retordre.

Bienvenue dans le monde de Sorcière Associées, où la magie fleure avec le danger, et où les succubes gèrent comme personne les maisons de passe… Bref, bienvenue dans un monde coloré, vivant et créatif qui baigne dans une magie… épicée !

Un univers plaisant et une histoire qui se densifie au fil des pages…

Sorcières Associées, c’est à la fois la découverte d’un roman captivant et d’une auteure. On n’a qu’une envie en refermant le livre, découvrir les autres univers d’Alex Evans !

Au fil de l’intrigue qui s’étoffe peu à peu, des liens se font, des pistes se créent… le tout avec fluidité et logique. Seul petit bémol, on n’est pas toujours très au fait de la mythologie très dense qu’a créée l’auteure autour de son roman, alors certains enjeux ne nous sautent pas aux yeux par moments. On sent que l’univers a été travaillé avec cœur et détails, mais un glossaire ou un autre support du même type aurait pu nous aider à mieux appréhender certains tenants et aboutissants.

En dehors de cela c’est un sans faute ! Les dialogues sont piquants et savoureux à souhait, les personnages de Padmé (que j’aime tout particulièrement) et Tanit sont délectables… Et que dire de leurs aventures sinon qu’elles sont captivantes de bout en bout ?

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Vous trouverez ainsi de tout dans Sorcières Associées : de la magie, un nœud d’intrigues à la hauteur, pas de temps-mort, des personnages charismatiques… et un véritable plaisir de lecture, tout simplement.

Espérons que ce roman ne soit qu’une introduction et qu’il y aura d’autres ouvrages dans le même univers ! J’ai passé un si bon moment que je n’ai qu’une envie : retrouver le duo de choc que forment Padmé et Tanit, ou au moins, l’univers dans lequel elles évoluent…

Chronique : Nos jours heureux

Un roman touchant ayant pour thème la peine de mort en Corée du Sud…

Gong Ji-young est une auteure sud-coréenne. En France, seulement deux de ses ouvrages sont parus pour le moment : Nos jours heureux et L’échelle de Jacob, tous deux aux éditions Picquier. Son roman Nos jours heureux a même été traduit en anglais.

Malgré un titre aux intonations positives, Nos jours heureux traite d’un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité car la peine de mort est toujours pratiquée en Corée du Sud… ou du moins toujours pas retirée de sa constitution, car la dernière peine de mort effective date de 1997 (source : peinedemort.org).

Histoire d’une jeunesse désabusée et en mal de sensations…

La jeune Yujeong a une vie plutôt tranquille et somme toute agréable… et pourtant. Rien ne la rend heureuse ni ne la fait vibrer. Tout passe sur elle sans la marquer : le temps, les rencontres… Elle-même se sait superficielle, mais ne fait rien pour lutter contre sa nature morose voir suicidaire… Mais sa tante, religieuse de son état, décide de prendre les choses en main et oblige Yujeong a faire le bien autour d’elle en allant visiter avec elle des condamnés à mort… Au début, la jeune femme fait cela malgré elle, mais peu à peu, elle va s’attacher à l’un de ces fameux condamnés à mort… Que pourra-t-il bien ressortir de ces singuliers rendez-vous ? Quelque chose d’aussi triste que magnifique…

Une magnifique ode littéraire contre la peine de mort

Beau, sublime, touchant, sensible… les adjectifs pour parler de ce roman sont nombreux, et très positifs. En effet, Nos jours heureux fait partie de ces romans à leur de peau qui savent parler aux lecteurs, les toucher, et les faire réfléchir.

Si vous souhaitez découvrir de la belle littérature, ce roman est fait pour vous. Si vous souhaitez découvrir la littérature coréenne avec un roman aisé à lire tout en étant touché, ce roman est pour vous. Si vous recherchez une belle histoire qui sort des sentiers battus, ce roman est également pour vous.

Vous y trouverez de nombreuses scènes dures et cruelles, mais aussi d’autres qui contrebalancent ce sentiment d’inexorabilité. Toutes sont marquantes pour différentes raisons. C’est ici un roman humain et simple que vous découvrirez, qui vous permettra de vous ouvrir à des questions autour de l’homme en général : sommes-nous déterminés par notre vécu et nos rencontres ? Peut-on changer le cours des choses ? Quelqu’un qui a tué est-il quelqu’un qu’il faut tuer ? Comment prouver l’innocence/la culpabilité de quelqu’un ? Comment avoir justice sans la faire soi-même ? Ces nombreuses questions flottent autour de nous au fil des pages… L’auteur ne vous en donnera pas les réponses, car chacun à la sienne, mais elle vous permettra au moins d’ouvrir votre esprit à la réflexion, tout simplement.

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Nos jours heureux est ainsi un très beau et très dur roman. Très actuel dans sa façon de camper son héroïne perdue et dépassée par son parcours de vie (et son passé). Si vous recherchez un roman à part, touchant et efficace, vous êtes au bon endroit. La littérature coréenne a encore frappé, et c’est toujours aussi plaisant de découvrir un nouvel auteur (nouveau à mes yeux en tout cas !).

Chronique : Conversion

ConversionUn étrange mal frappe les élèves de l’école très élitiste St Joan, à Danvers… où puise-t-il ses origines ?

Il est paru aux éditions Albin Michel en avril dernier, voici Conversion un roman écrit par l’américaine Katherine Howe. L’auteur a un parcours et une histoire très atypique qui fait de ce roman un récit à part. En effet, elle est une descendante d’Elizabeth Howe, une des plus célèbres accusées du fameux procès des sorcières de Salem.

Katherine Howe est devenue historienne et s’est spécialisée dans l’époque qui a vu naître ce procès incontournable de l’histoire américaine. Conversion est un roman qu’elle a mis deux ans à écrire et qui fait le parallèle entre l’Histoire du procès des Sorcières de Salem (et comment le village de Salem en est arrivé là) et l’histoire qui se déroule dans l’école très sélective St Joan, de nos jours. Au premier abord, nous ne trouverons aucune similitude… et pourtant…

St Joan, établissement pour jeunes filles très prisé et image même de la réussite

Le cadre privilégié dans lequel évolue Colleen (notre narratrice) est merveilleux. De très bons professeurs y dispensent leurs cours, le bâtiment en lui-même en impose quand on passe devant ses gargouilles et ses vitraux anciens. En substance, c’est le genre d’endroit où l’on rêverait d’étudier pour mettre les meilleures chances de son côté et prétendre par la suite aux meilleures universités du pays…

Mais St Joan va devenir très rapidement un lieu où certaines de ses élèves présentent d’étranges troubles d’ordre physique et/ou psychologique… que s’y passe-t-il réellement ?

En parallèle à l’histoire de Colleen se déroulant en 2012 à Danvers, nous découvrons l’histoire d’Ann Putnam en 1706. Personnage historique qui a réellement existé, Ann Putman a été un des témoins les plus importants du procès des sorcières de Salem.

Un sujet atypique et captivant

Les ambiances mettant en scène des établissements scolaires très ancrés dans une culture traditionnelle (port d’un uniforme, règles strictes, bâtiments superbes et austères…) me laissent rêveuse. Alors si en plus, l’Histoire, la vraie est également invitée dans l’intrigue, c’en est d’autant plus plaisant !

Katherine Howe nous dépeint ici une lente descente aux enfers pour les élèves et les professeurs de St Joan, ainsi que la tempête médiatique que tout cela implique. Le réalisme et l’efficacité de son roman sont d’autant plus appréciés quand on sait que Conversion s’inspire directement d’un fait divers réel.

En effet, au printemps 2012, seize lycéennes de la ville de Le Roy ont été victimes d’étranges symptômes physiques énigmatiques. Beaucoup d’hypothèses différentes ont été avancées pour expliquer cet étrange mal (ces mêmes hypothèses se retrouvant au fil du roman). Conversion est ancré dans ce fait divers qui a énormément fasciné aux États-Unis. Tout le monde aime les mystères, alors quand l’étrange et l’inexplicable s’invitent dans notre société, on est entraîné par cet effet de masse… et c’est ce que retranscrit méthodiquement Katherine Howe.

A lire pour (re)découvrir l’Histoire américaine

Avec Conversion, on découvre l’histoire du procès des sorcières de Salem du point de vue d’Ann Putnam, la seule femme de l’affaire a avoir présenté des excuses publiques pour ses actes, et surtout ses paroles… Si l’on connaît l’histoire des États-Unis et plus particulièrement celle du procès, la lecture est fluide. Par contre pour ceux qui auraient quelques lacunes sur cette période, situer les personnages peut s’avérer difficile au début. Une petite révision des faits avant de plonger corps et âme dans la lecture peut donc être nécessaire.

Autre fait culturel intéressant, Conversion fait très souvent référence à un classique de la littérature américaine au travers de l’œuvre d’Arthur Miller : Les sorcières de Salem. En France, il est beaucoup moins lu et étudié, mais les nombreuses mises en abîme entre le roman de Miller et celui de Katherine Howe sont bien trouvées et apportent une belle profondeur à l’intrigue générale.

….

La conclusion du roman est plutôt aboutie, mais on aurait pu aller encore un peu plus loin dans l’explication même si celle fournie par Katherine Howe est tangible, elle n’est pas assez développée selon moi.

Conversion est ainsi un bon roman à lire pour approfondir ses connaissances d’un point de vue historique, mais pas seulement. C’est aussi un bon récit à suspense qui retranscrit assez fidèlement un fait divers qui avait fait grand bruit… Enfin, il ne faut pas oublier que la narratrice est une adolescente avec des problématiques de son âge, ce roman peut ainsi être lu aussi bien par des adultes que par des jeunes adultes !

Articles de presse sur l’affaire Le Roy :

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : Le cycle d’Ender – Tome 2 – La voix des morts

Le cycle d'Ender 02Une suite excellente et très différente par rapport au premier opus du cycle d’Ender

Second tome du Cycle d’Ender, La voix des morts se déroule plus de trois mille ans après les événements du premier tome. Dans une approche plus sociologique et théologique, Orson Scott Card continue à nous montrer la complexité de la personnalité d’Ender…

Orson Scott Card est un auteur américain qui remporta de nombreux prix littéraires, notamment le Prix Nébula, le Prix Hugo, le Prix Locus ou encore le Prix Cosmos pour ne citer qu’eux !

Le cycle d’Ender est l’un de ses écrits les plus connus avec celui d’Alvin le Faiseur (encore inachevé à ce jour).

Ender, porteur de la voix des morts et d’un mode de pensée traversant les systèmes solaires

Lorsqu’Ender s’est exilé après l’annihilation des doryphores, lui-même qualifia son acte d’impardonnable. Il parcouru de nombreux système avec sa sœur Valentine, les voyages à la vitesse de la lumière ne les faisant pas vieillir. Ender traversa ainsi les millénaires, le monde pensant qu’il est mort depuis bien longtemps.

C’est ainsi qu’Ender est passé de stratège de la guerre à porte-parole des morts. Il reste le temps qu’il faut sur une planète afin de parler au nom de la défunte personne en étudiant ses anciennes relations, habitudes… Tout y est dit sur le défunt : le bon comme le mauvais, afin d’être le plus près possible de la réalité. Ses capacités d’empathie exceptionnelles rendent se travail parfait pour lui.

Mais plus que porte-parole des morts, Ender Wiggin cherche depuis des millénaires un endroit où pourra s’épanouir le dernier représentant vivant des doryphores : le cocon de la Reine. Aucune des planètes qu’il n’a visitée ne correspond à ses critères, ni à ceux de la Reine d’ailleurs (elle communique télépathiquement avec Ender).

Mais les choses vont être bousculées lorsqu’un appel est émis en provenance de la planète Lusitania : il faut là-bas au plus vite un porte-parole, et Ender est le plus proche. Seul bémol, le voyage dure trente ans, et… il n’y pas que des humains sur cette planète. La seconde espèce intelligente après les doryphores vient d’être découverte par l’humanité en la personne des Piggies… et ils viennent de tuer des scientifiques qui les étudiaient. Que faut-il faire d’eux ? Les éliminer ou essayer de comprendre leur acte ?

Le cycle d'Ender 02 old coverBeaucoup plus dense et axé sur les relations sociales humaines et extraterrestres

Ce second tome n’a rien à voir avec le premier. Alors que La stratégie Ender était axée sur l’évolution d’Ender et sa manipulation pour le bien commun, nous avons affaire avec La voix des morts à un roman beaucoup plus fouillé et philosophique.

Nous faisons la connaissance des Piggies, nommés ainsi à cause de leur ressemblance avec des cochons. Leur société est extrêmement hiérarchisée et mystérieuse. On n’y voit que les mâles, les femelles étant cachées aux yeux de tous.

Enfin, un autre personnage – immatériel celui-là – fait irruption dans l’histoire. Il s’agit de Jane, une Intelligence Artificielle qui maîtrise tout ce qui est informatisé à travers les systèmes solaires colonisés par l’homme. Elle est issue de la complexité des réseaux de communication humains, née de nulle part, elle n’a jamais osé se montrer, de peur que l’humanité ne veuille la détruire tant elle est puissante. Il n’y a qu’à Ender qu’elle s’est dévoilée… leur relation est aussi étrange que belle.

Alors de quoi parle ce second tome ? Tout d’abord de l’humanité qui se retrouve de nouveau confrontée à une race extraterrestre qui semble encore une fois hostile. Mais les hommes vont-ils refaire la même erreur et éliminer les Piggies ? Ou bien vont-ils essayer de comprendre leur geste ?

Certains disent déjà qu’il faut les éliminer, mais d’autres essayent par-dessus tout de comprendre cet acte, notamment les chercheurs et xhénobiologistes qui travaillent sur les Piggies depuis des années comme Miro ou encore Novinha.

Le cycle d'Ender 02 VOFascinant par sa différence

Ce second tome est très différent en de nombreux points. Tout d’abord, découvrir un Ender de 35 ans environ change la donne. Ses réflexions sont encore plus poussées qu’auparavant, son personnage a évolué avec une recherche perpétuelle du pardon, torturé par son état de Xénocide.

Le monde de Lusitania créé par Orson Scott Card est très intéressant et surtout original : une colonie de type hispanique y a été installée. Les dialogues sont ainsi parsemés de mots en espagnol, rendant le tout plus « vrai », plus authentique.

Mais le plus intéressant dans La voix des morts reste encore les étranges Piggies. On ne sait pas si l’on doit être terrifié par eux ou autre chose. Car ils n’ont pas fait que tuer des scientifiques, ils les ont tout d’abord torturé. Et le cheminement pour découvrir la vérité est semé d’embûches : mal-être en leur présence, peur, désir de certain de les tuer et d’en finir… Les Piggies, créés de toutes pièces par l’auteur sont des êtres mystérieux dont le langage est étrange, de même, les noms qu’ils se donnent sont bizarres. Toute cette culture extraterrestre est créée de main de maître et fascine.

Certains pourraient trouver ce second tome ennuyeux, mais je le trouve beaucoup plus aboutit que le premier tome, qui restait beaucoup plus dans l’action. Ici on parle de beaucoup de  théologie contre sciences, de survie des hommes contre droit de vie des Piggies.

Le tout est développé d’une telle façon que l’on se prend d’intérêt pour les Piggies et leur étrange mode de vie. Et une question réside : Ender sera-t-il uniquement porte-parole d’un mort ou jouera-t-il encore une fois un rôle qui le dépasse ?

En conclusion, La Voix des morts est un second opus efficace bien que dérangeant au début, car très différent de ce à quoi nous avions étés habitués. Il est toutefois très bon et réussit à nous intéresser à de nombreux sujets de réflexions, sous couvert de faire de la science-fiction. Beaucoup plus complexe et étrange, il ne pourra pas plaire à tout le monde, c’est certain. Affaire à suivre avec le troisième tome de la série, Xénocide, qui est la suite directe (sans sauts de milliers d’années) car nous laissons nos Lusitania dans une posture délicate…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :